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Marie-Paule Belle fête ses 50 ans de carrière en chanson et en concert : "Quand je me livre, c'est le plus difficile"
franceinfo
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il y a 11 mois
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 30 octobre 2024 : la chanteuse et pianiste Marie-Paule Belle, à l’occasion de ses 50 ans de carrière.
Catégorie
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Musique
Transcription
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En 1988, Jean-Claude Brialy vous avait convaincu de monter sur scène pour jouer « Si jamais
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je te pince » de Jeanne Labiche avant d'interpréter plus tard en 2006 les monologues du Vagin
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avec Micheline Dax et Sarah Girodo.
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Mais votre principale passion reste la musique, une passion qui vous anime depuis vos 9 ans
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avec comme complice Michel Grisoglia.
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Ensemble, vous composiez, vous montiez des spectacles pour vos parents et grands-parents
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autour du piano familial.
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C'est la disparition de votre mère qui vous a poussé à vivre votre rêve, celui
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de chanter.
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En 1973, vous receviez le prix de l'Académie Charles-Lecraux pour votre album « Volgang
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et moi » avant d'entamer une tournée avec Serge Lama qui vous a appris le métier.
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De marginale, vous êtes passée populaire, tantôt marrante avec La Parisienne, tantôt
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émouvante avec Quand nous serons amis.
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Entre votre première scène en tout cas et vos récentes montées sur scène avec un concert
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le 2 novembre au Folies-Bergère, 50 ans se sont écoulés.
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Tout est raconté d'ailleurs dans votre dernier album « Un soir entre mille ».
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Vous chantez, vous courez après le temps et votre piano ne chante plus comme avant.
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Pourtant, ce qui n'a pas changé, c'est votre amour pour la musique, j'ai l'impression.
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Oui, je suis presque née avec, puisque j'ai commencé le piano à trois ans et demi.
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C'est maman qui m'avait appris, qui m'avait donné les premières leçons.
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Et pour moi, une maison où il n'y a pas de piano, c'est une maison morte parce que
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même si je ne m'en sers pas, j'ai besoin qu'il soit là.
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Cette mère, elle a été au cœur de cet amour de la musique, Marie-Paul Belle.
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Comment elle vous a transmis ce flambeau familial ?
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Déjà, elle jouait très, très bien du piano.
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Donc, je l'admirais dès qu'elle se mettait au piano, j'écoutais.
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Et après, quand je répétais ou que je jouais moi-même, elle était dans la cuisine qui
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était séparée d'un couloir de la chambre où j'avais mon piano et de la cuisine.
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Elle criait non, non, pas comme si quelquefois elle quittait la cuisine pour venir dans ma
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chambre.
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Et elle me montrait, elle me disait, regarde comme ça, donc c'est vraiment un accompagnement
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permanent.
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Ce qui est rigolo, c'est que votre père était médecin et que normalement, la tradition
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familiale était qu'on devient médecin de père en fille ou en fils de fils et ainsi
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de suite.
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Et que ça traversait les générations comme ça.
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Et un beau jour, vous vous êtes dit non, non, moi, je ne sais pas ça que je veux faire.
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C'est surtout une patiente de votre père qui a entendu votre voix, qui a réussi à
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le convaincre que vous veniez chanter lors de la fête des mères.
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C'est vrai, je ne me souvenais pas que j'avais raconté ça, mais ça me fait drôle que
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vous parliez de ça.
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Parce que c'est la vérité.
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Oui, oui.
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Et moi, je n'y pensais pas vraiment, mais à partir de ce moment-là, je me suis dit
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c'est possible.
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Donc, et à plus forte raison, après, quand j'ai gagné un concours de chant télévisé,
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mais quand vous aviez 18 ans, c'était magique, quoi.
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En fait, je pense, quand on prend du recul et qu'on voit comme ça son chemin, je pense
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qu'il n'y a pas de hasard.
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J'en ai fait une chanson.
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Il n'y a jamais de hasard.
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Et je pense que quelque part, on suit ce qui est écrit.
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Quand vous avez voulu sortir cet album, les maisons de disques ne vous ont pas ouvert
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les portes du tout.
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Bien au contraire, elles vous ont refermé les portes.
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Vous avez décidé de le produire toute seule et vous êtes à cœur ouvert à l'intérieur
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de cet album.
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Il représente quoi pour vous cet album, alors, pour marquer ses 50 ans de carrière ?
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C'est le plus personnel parce que c'est l'album où j'ai peut-être le plus écrit
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de textes.
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Je me livre beaucoup plus que dans les autres.
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Oui, quelquefois, à chaque fois, et surtout là, on a beaucoup plus d'appréhension
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parce qu'on se livre beaucoup plus intimement.
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Donc, j'avais assez peur.
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C'est très, très autobiographique.
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C'est ma rencontre avec Françoise Mallet-Joris, qui a été ma compagne et l'amour de ma
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vie.
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Je me suis livrée complètement.
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C'est dur de lâcher prise ? Vous qui avez toujours eu une armure, qui vous êtes toujours
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protégée ?
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Oui, c'est très dur.
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Pour moi, c'est très dur parce que même quand j'étais petite, je cachais mes émotions.
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J'ai toujours fait le clown, même quand à l'intérieur, ça n'allait pas.
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Je faisais rire les copines.
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Je me suis toujours sauvée par le rire.
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Donc, quand je me livre et que je suis transparente, pour moi, c'est plus difficile.
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C'est quoi le bonheur selon vous, Marie-Paul Belle ?
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On se pose la question en écoutant cet album.
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L'absence de malheur.
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Je ne pense pas que le bonheur existe comme ça en continu.
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La vie joue au yo-yo et donc, les moments de joie et de bonheur prennent beaucoup plus
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d'importance quand on remonte la pente et quand la route tourne.
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Ma mère me disait toujours, et j'y pense toujours, quand tu es en haut de la roue,
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comme elle tourne toujours, n'oublie pas que tu vas redescendre en bas et quand tu
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es en bas, tu ne peux pas être plus en bas.
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Donc, tu vas remonter toujours.
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Il y a un compagnon de route qui vous a jamais quitté et qui ne vous quittera jamais.
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C'est le piano.
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Ah bah oui.
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Là, c'est Pianovoix.
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On est vraiment dans un écran avec un côté épuré, nécessaire de simplicité aussi,
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comme si vous vouliez conserver quelque chose d'assez pur.
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Il y a effectivement toujours ce clin d'œil et cet hommage à Barbara que vous admirez
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beaucoup, que vous avez eu l'occasion de rencontrer.
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C'est important, ça aussi, pour vous, de vous recentrer sur l'essentiel.
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Oui, absolument.
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Et puis, j'ai toujours vécu avec le piano.
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J'ai commencé le piano à trois ans et demi, donc c'est ma respiration.
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Le piano était dans ma chambre, pas dans une autre pièce.
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Je veux dire, je vis avec le piano.
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C'est un compagnon.
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Et d'ailleurs, quand j'arrive dans une maison et qu'il y a un piano, je ne peux
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pas faire autrement que de le toucher pour voir comment il parle, comment il répond.
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C'est comme une personne.
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J'en avais parlé avec Barbara au téléphone une fois.
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Je n'avais pas d'inspiration et j'avais du mal à trouver quelque chose qui m'intéresse.
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Je lui ai dit, oh là là, le piano ne me parle pas.
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Et elle m'avait dit, mais si tu boudes, attends qu'il ait fini de bouder.
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Il va te reparler comme une personne.
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