00:00En compagnie toujours de mes chroniqueurs Raphaël Stainville et Alexandre Malafa et l'Assemblée Nationale
00:09a rejeté largement la motion de censure du gouvernement de Michel Barnier déposée par la gauche.
00:15Le texte du Nouveau Front Populaire n'a recueilli que 197 votes favorables.
00:19On est bien loin des 289 voix nécessaires.
00:23Et puis il y avait cette proposition également de destitution du président de la République
00:27qui a également été définitivement enterrée aujourd'hui.
00:31Raphaël Stainville, pourquoi est-ce que la gauche continue de proposer des textes qui n'ont aucune chance d'aller au bout ?
00:36Je pense que si la gauche persévère dans ce scénario et propose qui la destitution, qui une motion de censure,
00:45c'est d'abord pour alimenter et nourrir le récit originel de ce Nouveau Front Populaire
00:52qui au soir du second tour expliquait qu'ils avaient gagné et que de manière très légitime il était naturel qu'ils puissent accéder à Matignon.
01:03Ce procès en illégitimité finalement du gouvernement Barnier, il est instruit depuis le premier jour
01:13et il le sera jusqu'à temps que ce gouvernement soit défait.
01:17Le problème pour ce Nouveau Front Populaire, c'est qu'il leur faut, et c'est bien paradoxal pour eux,
01:23le soutien du Rassemblement National pour pouvoir faire passer cette motion de censure
01:28alors même qu'il dénonce finalement les connivences entre ce gouvernement et Marine Le Pen
01:34qui effectivement ne peut tenir dans la durée qu'avec l'onction du Rassemblement National.
01:41Alexandre Malafaille ?
01:43Moi je suis d'abord, sur un plan pratique, gêné que François Hollande ait voté cette motion de censure
01:50et je suis effectivement gêné qu'il continue à s'allier avec l'LFI.
01:57Hier soir Michel Barnier disait qu'effectivement il ne comprenait pas qu'on persiste à gauche de constituer un arc républicain avec l'LFI.
02:06Et effectivement je pense que là-dessus il a raison.
02:08Maintenant cela dit, si on parle de destitution, les grandes manœuvres à gauche ont commencé.
02:12François Hollande est sorti du bois, il a demandé non pas la destitution du Président mais la destitution de M. Ford.
02:17Olivier Ford, les grandes manœuvres ont commencé parce qu'on commence à préparer vraisemblablement les grandes échéances de 2027
02:24ou d'avant sur un plan présidentiel.
02:26Le nouveau Front Populaire va devoir à un moment ou à un autre exploser.
02:29On ne peut pas imaginer qu'il reste uni et qu'il arrive à rester uni derrière un seul chef de file.
02:33Aujourd'hui il y a chez lfi un leader, Massimo ou Minimo selon l'analyse qu'on veut en faire,
02:39qui vise 2027, c'est Jean-Luc Mélenchon.
02:42Il va tout faire pour garder cette espèce de leadership sur la gauche pour être celui qui a toutes les chances de représenter la gauche en 2027.
02:49Et vous avez en face de ça des hommes politiques qui veulent prendre leur responsabilité sur une ligne beaucoup plus social-démocrate.
02:55C'est sans doute le cas de François Hollande et forcément il va falloir faire exploser cette formation.
02:59C'est très compliqué à faire parce qu'évidemment ils ont leur problème d'accord électoral circonscription par circonscription
03:04mais il y a l'échéance présidentielle qui les emmène là-dessus et le vrai combat va se jouer là-dessus.
03:09Et le fait qu'aujourd'hui François Hollande ait lancé les hostilités contre Olivier Faure à mon avis déclenche le bal.
03:13On a l'impression qu'aujourd'hui la gauche ne s'entend que sur un seul sujet, celui de faire tomber ce gouvernement.
03:20Sur tous les autres thèmes, sur tous les autres sujets, ils semblent de plus en plus divisés.
03:25Et notamment sur la question de la France insoumise en ce qui concerne le nouveau front populaire.
03:32Raphaël Glucksmann qui faisait sa rentrée politique en Gironde s'est expliqué justement à ce sujet
03:38et pourquoi est-ce qu'il souhaite que la gauche se sépare de la France insoumise ?
03:42C'était chez nos confrères de TF1. Écoutez.
03:44Quand nous saurons qui nous sommes, ce que nous voulons, nous aurons le courage, la force de refuser les oucas et les dictates.
03:51Moi ce que je pense c'est qu'il faut qu'on s'émancipe de cette logique maximaliste, de cette logique du tout ou rien qui a produit en l'occurrence le rien.
03:58Alors voilà pour les mots de Raphaël Glucksmann, c'était sur TF1.
04:03On va écouter si on a la réponse de Manuel Bompard juste avant de vous donner la parole.
04:09Manuel Bompard qui s'exprimait lui sur BFM TV, il a réagi donc aux déclarations de Raphaël Glucksmann.
04:15Raphaël Glucksmann il a dit que c'est la dernière fois qu'il y avait un accord global de la gauche aux élections législatives.
04:21Donc là je trouve que Raphaël Glucksmann devrait préciser ses propos.
04:24Est-ce que ça veut dire qu'il renonce et que les candidats investis par sa formation politique dans le cadre du nouveau front populaire renoncent à cette investiture ?
04:32Raphaël Glucksmann comme François Hollande et Mme Delga qui disent maintenant qu'il ne faut plus jamais rien faire avec les insoumis.
04:37Il y a deux mois ils étaient plutôt contents d'avoir des candidats soutenus par la France insoumise.
04:42J'aimerais avoir une réponse à cette question, savoir si c'est une rupture avec le nouveau front populaire.
04:46Après j'observe le deuxième point qu'ils m'interrogent.
04:48J'ai compris que Raphaël Glucksmann ne voulait pas du programme dans la France insoumise.
04:52Je n'ai pas compris qu'elle était son propre programme à lui.
04:54Donc ce serait peut-être bien qu'il puisse le dire pour qu'on puisse éventuellement en débattre.
04:58Voilà le député de la France insoumise qui répond donc à Raphaël Glucksmann.
05:02Raphaël Stainville, on a l'impression que plus rien ne va plus au sein du nouveau front populaire.
05:07Mais d'une certaine manière, et c'est là où c'est intéressant me semble-t-il,
05:11les prises d'opposition de François Hollande, de Raphaël Glucksmann à l'encontre de LFI, de Jean-Luc Mélenchon et des différents députés de LFI.
05:21C'est précisément le rêve de Jean-Luc Mélenchon.
05:24Jean-Luc Mélenchon rêve que finalement un certain nombre de ceux qui ont participé,
05:29qui pour des raisons électoralistes ont souscrit au programme qu'il avait conçu et écrit avec ses lieutenants,
05:39qu'ils quittent le navire pour rester finalement les seuls, les puristes.
05:44C'est le programme, rien que le programme, tel qu'il l'avait annoncé au soir du premier tour.
05:50Et je pense que pour lui ce serait une très bonne nouvelle qu'un certain nombre de ces acteurs qui composent encore aujourd'hui ce nouveau front populaire
05:58quittent le navire parce qu'ils pourraient leur instruire, leur procès en trahison, en compromission.
06:04Et d'une certaine manière, avec une certaine raison, parce que pourquoi n'ont-ils pas finalement accepté la main tendue
06:12que certains dans la majorité présidentielle tendaient pour essayer de former une coalition plus large
06:17qui irait au-delà du simple nouveau front populaire et qui ne permettait pas une existence à un hypothétique gouvernement ?
06:25Ils ont refusé la perspective d'un gouvernement dirigé par Bernard Cazeneuve et ils le payent aujourd'hui.
06:35Alexandre Malafaille, la gauche sans la France insoumise, c'est possible encore aujourd'hui ?
06:40En fait, ce qui est très intéressant à observer, c'est que l'éclatement probable, presque quasi certain de ce nouveau front populaire
06:48pour les raisons qui sont liées en particulier à 2027 et surtout sur un point idéologique,
06:53il y a vraiment deux mondes qui sont très différents entre une ligne sociale démocrate avec laquelle on ne peut pas être d'accord et une ligne insoumise.
06:59C'est vraiment deux projets de société qui sont complètement opposés. Il y a même un problème de conflit de valeurs qui est majeur pour certains parlementaires.
07:06On a du mal à comprendre comment cette alliance a pu exister.
07:09Elle s'est faite dans un contexte qu'il faut resituer, c'est-à-dire qu'ils n'ont jamais voulu gouverner ensemble,
07:13ils ont simplement passé un accord électoral pour éviter de faire qu'ils perpèrent.
07:16Ils ont réussi grâce à ça à avoir cet accord et qui leur a permis de faire 193 parlementaires.
07:21Ils ont réussi contre toute attente à maintenir leur alliance jusque-là.
07:26Ça finira par voler en éclats, c'est à peu près certain.
07:28Mais ce qui est très intéressant, c'est que le jour où ça vole en éclats,
07:32compte tenu des lignes ou des vaisseaux qui sont en train d'être brûlés,
07:34notamment par des gens comme Glucksmann et autres, en disant qu'on ne fera plus rien avec eux,
07:37ils n'appuieront peut-être plus sur le bouton de la dissolution de l'Assemblée nationale,
07:41qui serait effectivement celui du renversement du gouvernement.
07:43Parce que dans ces cas-là, comment est-ce qu'ils se refabriquent un accord de coalition ?
07:47Comment est-ce qu'ils sont sûrs de ne pas se retrouver dans une dynamique simplement d'élection législative,
07:51à ne pas se retrouver en confrontation sur plein de circonscriptions avec les insoumis et à ne pas perdre plus de sièges ?
07:55Parce que là, pour le coup, ça ferait un vrai avantage stratégique pour le Rassemblement national,
07:59qui lui, pour le coup, s'il n'y a pas cette alliance à gauche qui fait bloc et qui fait front,
08:03c'est un boulevard pour le RN pour avoir plus de parlementaires, même avec le système électoral actuel.