Sonia Voss, commissaire invitée par la Biennale de la Photo de Mulhouse et Mulhouse Art Contemporain, évoque l'exposition "Monuments et immortelles", présentée du 14 septembre au 13 octobre 2024 à la Chapelle Saint-Jean de Mulhouse avec les oeuvres de deux artistes : le Lituanien Andrej Polukord et la Française Léa Habourdin.
00:00Alors pourquoi ces sujets se répondent ? André Blucord est un artiste lituanien qui vit beaucoup dans les forêts.
00:12La forêt constitue le terrain principal de recherche, d'exploration, de réflexion et de création.
00:23Et c'est un peu une chose dans un registre très différent pour les abourdants qui s'intéressent depuis longtemps aux arbres, au devenir des arbres et des forêts.
00:37Et donc naturellement, ce sont des environnements qui sont menacés pour différentes raisons, qui sont à protéger.
00:49Et donc voilà, ça a été assez naturel finalement ce lien avec la thématique des mondes impossibles, qui sont évidemment dans l'esprit d'animer des mondes à réinventer.
01:02Parce que l'idée c'est pas de faire simplement des constats négatifs d'une impossibilité, mais plutôt d'en faire un point de départ pour des stratégies, des idées, des imaginaires nouveaux.
01:17Et Anida, qui est un endroit sur lequel je vais peut-être revenir, qui est un endroit assez exceptionnel en Lituanie,
01:26en fait c'est un endroit qui est situé sur ce qu'on appelle l'isme de Courlande, un territoire sur le bord de la mer Baltique, très connu pour ses dunes notamment.
01:43Et justement, là a lieu chaque année un symposium très important qui dure toute une semaine, un symposium de photographie.
01:51Ça fait 47 ans qu'il existe et il a lieu précisément en ce moment, cette semaine.
01:56Et c'est là que j'ai rencontré le travail d'Andrej Poulokord qui était venu le présenter dans le cadre de ces journées de rencontres.
02:03Et donc Andrej qui a fait ses études au Beaux-Arts de Vienne et qui partage son temps entre Vienne et Vilnius.
02:12Son travail a croisé de la photographie, de la performance, de l'installation, de la vidéo.
02:21C'est quelqu'un qui est vraiment très inclassable, qui lui-même en tant que personne brouille un peu les pistes entre l'artiste et l'homme,
02:35entre le manager de sa propre carrière d'artiste.
02:41Il joue avec beaucoup d'humour entre toutes ces figures qui s'imposent à l'artiste de nos jours.
02:49Et le travail qu'il a présenté, qui est un Anida, ce que j'ai rencontré est un travail qu'il a commencé en 2020 et qui continue régulièrement d'enrichir.
03:02C'est une série qui s'appelle Wood Statues.
03:06C'est un travail dans lequel il évoque ce phénomène assez dramatique de déforestation massive qui a lieu dans différents pays d'Europe, du Nord et de l'Est.
03:17Et donc il a choisi de se mettre en scène en se juchant sur le sommet d'arbres qui ont été ététés.
03:28Ils sont souvent coupés à une certaine hauteur pour des raisons propres à cette industrie.
03:34Et la législation qui l'encadre un tout petit peu quand même.
03:38Et comme c'est quelqu'un de très agile, qui depuis son enfance ne peut pas s'empêcher de grimper un arbre dès qu'il en voit un, il est vraiment très impressionnant.
03:47Il se juge comme ça au sommet de ces arbres coupés, qui sont franchement parfois d'un diamètre pas très grand.
03:55Il met en place le dispositif photographique, il y a une chambre photographique avec un opérateur qui déclenche la photographie qu'il a prévue à l'avance.
04:04Et c'est une façon finalement de se moquer de cet homme, d'être humain qui tend à s'héroïser, à s'ériger, à ériger des sculptures à sa gloire.
04:19Et tout ça sur l'autel finalement d'une nature sacrifiée.