Bertrand Roche : « La descente en parapente est plus sécuritaire » - Alpinisme - K2

  • le mois dernier
L'alpiniste Liv Sansoz et le parapentiste Zeb Roche ont réussi fin juillet dans l'Himalaya l'ascension du K2 avant de descendre le 2e plus haut du monde (8 611 m) en parapente biplace. Ils nous racontent leur exploit en vidéo.

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Transcription
00:00La genèse du projet, elle est assez simple en fait, depuis 2020 on avait envie de partager
00:08un beau projet ensemble avec Zébulon, faire quelque chose d'un peu exceptionnel, un peu
00:14plus dur que ce qu'on avait l'habitude de faire ici dans les Alpes et Zeb avait déjà
00:19gravi l'Everest en décollant du sommet de l'Everest et lui il avait très envie de faire
00:23le K2.
00:24Moi j'étais un petit peu intimidée par un 8000, j'en avais jamais fait mais je me suis
00:27dit s'il y a un 8000 à faire, c'est le K2 parce que c'est une montagne qui est vraiment
00:32très très belle et c'est un des 8000 les plus durs par la voie normale.
00:36C'est un 8611 mètres, nous notre projet c'était d'y aller sans oxygène, ça rajoute quand
00:41même de la difficulté, c'est vraiment dur, au-dessus de 8000, 2000, 8300 sans oxygène,
00:47le corps est vraiment en hypoxie, au ralenti, le cerveau est au ralenti, on a des grosses
00:52distorsions temporelles, quand on s'arrête et qu'on pense s'arrêter 5 minutes, on s'est
00:55arrêté en réalité 40 minutes et on ne s'en rend pas toujours compte, donc sur des
00:59gros sommets comme ça, très haut en altitude, il faut rester très lucide, c'est une des
01:04difficultés, il faut arriver à garder un certain rythme de montée pour ne pas être
01:07trop tard au sommet et puis surtout le K2 c'est une montagne qui est raide et qui est
01:10un peu plus technique.
01:11Alors quand je dis raide, on va être tout le temps dans des pentes à 40-45 minimum,
01:18parfois il y a des passages verticaux qui sont équipés maintenant avec des échelles,
01:23des échelles souples et une petite corde sur les parties rocheuses, mais c'est une
01:27montagne qui est technique, qui est aussi dangereuse parce que très avalancheuse, qui
01:31est exposée sous un gros serac qu'on appelle le bottleneck, il y a une traversée à faire
01:35sous ce serac qui est très exposée et tout ça fait que ça fait une montagne qui est
01:42difficile à atteindre et qu'on appelle la montagne sauvage.
01:46Moi j'ai toujours fait du parapente depuis toujours et quand j'en ai parlé à Liv,
01:52bien sûr c'était une évidence, c'était une évidence d'une part parce que si jamais
01:57les conditions sont bonnes là-haut, la descente en parapente quelque part c'est beaucoup
02:00plus sécuritaire que de redescendre, on évite les chutes de serac, on évite les chutes
02:06de pierre, de tomber dans une crevasse, de s'emmêler les pinceaux et de tomber dans
02:11le vide, je veux dire il y a beaucoup d'éléments qui sont hormis le fait que ce soit juste
02:18dingue d'arriver là-haut et puis d'un coup s'envoler et se retrouver en 30 minutes
02:23au camp de base, ça c'est juste merveilleux et donc c'est vrai que l'option du parapente
02:28a été folle et on a réussi à mettre ça en place aussi grâce à la technologie parce
02:33que quand j'ai fait l'Everest en 2001, le parapente, le bi-place que j'avais, il pesait
02:406 kg alors que là on est sur une voile qui fait 2,4 kg donc ça nous permet d'envisager
02:47de monter sans oxygène alors qu'à l'époque ce n'était pas la peine, je veux dire porter
02:516 kg en plus de tout son matériel sur un sommet de plus de 8000 m, c'est juste impossible
02:57à imaginer.
02:58Et après l'idée aussi de faire ça en couple et en cordée, c'est cet esprit de cordée
03:04justement d'être tout le temps ensemble, tous les deux et de se caler l'un sur l'autre
03:09au niveau du rythme, le challenge était là aussi d'arriver à aligner toutes les planètes
03:13pour que la montagne soit en condition, que Liv soit bien, que moi je sois bien à ce
03:18moment là, ça fait beaucoup d'éléments qui étaient compliqués à mettre en place
03:23mais qu'on a su avoir, tous les deux on est très complémentaires, Liv elle est vraiment
03:28dans l'analyse alors que moi je suis vraiment dans le feeling donc effectivement ça va
03:40nous permettre d'être plus efficace en montagne parce que de temps en temps Liv elle
03:45va dire ah bah non là il faut vraiment faire gaffe, il y a tel et tel élément, il fait
03:50froid, il fait ci et c'est là et il y a certaines choses qui vont faire qu'on ne peut pas aller
03:54plus haut et moi d'un autre côté je vais sentir les choses et je vais dire ah bah
03:58non mais ça par exemple pour le parapente je sais que là ça va marcher donc fais moi
04:01confiance et puis comme ça ça marche super bien.
04:04Zeb et moi on est quand même tous les deux guides de haute montagne, on a l'habitude
04:08d'évaluer la dangerosité du terrain, de prendre les bonnes décisions, après on a
04:14vraiment senti de la part de notre famille une grosse inquiétude parce que le K2 c'est
04:18un nom qui fait peur, tout le monde sait que c'est une montagne qui est meurtrière mais
04:23on est partis vraiment avec l'esprit de, on y va pour entre guillemets pour faire quelque
04:29chose de beau, pour vivre une expérience incroyable mais on y va pas pour s'exposer
04:34plus que ça au danger, si ça devient trop dangereux on saura faire demi-tour.
04:37Sous-titres par Juanfrance

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