Coup d'envoi de la campagne pour la présidentielle en Tunisie. Outre l'invalidation de nombreuses candidatures, la période de pré-campagne a été marquée par un nombre important d'arrestations d'opposants et de voix critiques. Malgré ce climat tendu, ils étaient plusieurs milliers à se rassembler à Tunis pour dénoncer la "dérive autoritaire" du Président Kaïs Saïed. Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne et militante pour les Droits de l'Homme, était l'Invitée d'"Au Cœur de l'Info".
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00:00Place maintenant à l'invité d'Au coeur de l'info week-end, coup d'envoi aujourd'hui de la campagne pour la présidentielle du 6 octobre en Tunisie.
00:08Sur les 17 prétendants initiaux, seules trois candidatures ont finalement été validées.
00:13Celle du président sortant Kay Sayed, celle de Zouher Marzaoui, ex-député et leader du mouvement du peuple,
00:19et celle d'Ayachi Zamel, autre ex-député peu connu du grand public, placé en détention pour des soupçons, je cite, de falsification de parrainage.
00:29Libérée le 5 septembre, puis arrêtée à nouveau. Outre l'exclusion de nombre de candidats, la période de pré-campagne a été marquée par un nombre important d'arrestations.
00:39Malgré ce climat tendu, ils étaient plus d'un millier, opposants politiques et militants des droits de l'homme,
00:44notamment à se rassembler hier soir à Tunis en faveur des droits et libertés dans le pays,
00:49et pour dénoncer ce qu'ils appellent une dérive autoritaire du président sortant Kay Sayed.
00:54On en parle ce soir avec notre invitée, donc Sophie Bessis.
00:58Bonsoir, historienne franco-tunisienne, militante féministe, militante pour les droits de l'homme,
01:04autrice de nombreux ouvrages parmi lesquels Histoire de la Tunisie de Carthage à nos jours.
01:10Merci beaucoup Sophie Bessis d'avoir accepté ce soir notre invitation sur France 24.
01:15Tout d'abord, comment décrieriez-vous ce climat pré-électoral en Tunisie,
01:20avec donc ces multiples rejets de candidatures pour la présidentielle et puis ces multiples arrestations ?
01:26Écoutez, aujourd'hui c'est le premier jour de ce qui est supposé être une campagne électorale.
01:31Mais pour le moment, il est difficile de parler de climat pré-électoral, puisqu'il n'y aura pratiquement pas de campagne.
01:38Dans la mesure où il y a donc, comme vous l'avez dit, trois candidats qui ont été retenus par l'ISIS,
01:43c'est-à-dire l'instance électorale, qui a cessé depuis longtemps d'être indépendante.
01:48Et parmi ces trois candidats, il y en a un qui est incarcéré, comme vous venez de le dire,
01:53et l'autre qui était un fervent partisan, le leader du parti Chambres, le parti du peuple,
02:00qui était un fervent partisan du chef de l'État, donc qui se représente pour un second mandat.
02:07Donc on ne peut pas savoir à l'heure actuelle en quoi va consister cette campagne électorale.
02:14Pratiquement 100 opposants à l'actuel chef de l'État, et le chef de l'État occupe la scène tout seul, pour l'instant.
02:24Donc le terme de campagne me paraît...
02:27En tout cas, ce climat qu'on a décrit, ça témoigne d'une certaine fébrilité de ce pouvoir ?
02:34Disons que le chef de l'État a été élu tout à fait démocratiquement en 2019,
02:42et donc il est évident qu'il était populaire, et qu'il a joué d'une popularité certaine,
02:48y compris au moment de son coup de force du 25 juillet 2021,
02:53lorsqu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs,
02:57qui après n'a cessé de conforter ce premier geste, disons, vers l'acquisition des pleins pouvoirs,
03:06il avait encore une popularité certaine.
03:09Il est évident qu'aujourd'hui cette popularité est en train de s'effriter.
03:12Je ne veux pas dire par là qu'il n'en a plus aucune.
03:15Les choses sont plus compliquées que cela, mais cette popularité s'effrite,
03:20et la manifestation d'hier est une des preuves, si je puis dire, de l'effritement de cette popularité.
03:27Justement, vous avez pensé quoi de cette manifestation, d'un millier de personnes dans ce contexte ?
03:33Il y a des choses intéressantes dans cette manifestation.
03:37Elle avait réuni un peu plus d'un millier de personnes.
03:45Ces militants de la société civile montrent que la peur ne s'est pas totalement installée.
03:54C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui des gens qui osent encore descendre dans la rue
04:00pour manifester leur opposition à la dérive autoritaire du régime tunisien actuel.
04:05Il y a deux choses sur lesquelles je voudrais insister qui me semblent importantes.
04:08La première, c'est qu'il y avait beaucoup de jeunes.
04:11Il faut comprendre pourquoi, à mon sens.
04:13C'est que des gens qui ont 20 ans, 25 ans aujourd'hui, avaient 10 ans en 2011.
04:19Cela veut dire que toute leur adolescence s'est passée dans un climat de liberté d'expression,
04:25quels que puissent être les problèmes par ailleurs.
04:27Il y en a eu beaucoup, évidemment.
04:29Mais ils ont été élevés dans ce climat de liberté d'expression à peu près total, il faut bien le dire.
04:35Et donc, ils n'ont pas l'intention de s'en voir privés aujourd'hui
04:41par cette dérive autocratique du chef de l'État et du régime qu'il a mis en place.
04:46Deuxième chose qui m'apparaît importante, la répression policière n'a pas été brutale.
04:55Disons que ça s'est passé relativement calmement, ce qui n'est pas le cas d'ordinaire
05:00où il y a souvent des répressions brutales de ce type de manifestation.
05:05Cela veut-il dire qu'il commence à y avoir, je ne dirais pas des dissensions, le mot est peut-être un peu fort,
05:14mais en tout cas des problèmes à l'intérieur du régime actuel devant des réserves,
05:24des réserves vis-à-vis de cette dérive autoritaire que l'actuelle campagne électorale
05:31et le refus des candidatures d'un certain nombre d'opposants,
05:36ce refus de candidature et ce verrouillage de la campagne montrent bien que la dérive autocratique est là, bien sûr.
05:44Vous évoquiez tout à l'heure l'ISI, cette instance supérieure indépendante pour les élections.
05:49Elle a refusé l'accréditation d'associations tunisiennes chargées de l'observation du processus électoral.
05:55Est-ce que dans ces conditions on peut s'attendre à un scrutin transparent ?
05:59On verra. Ce que l'on peut dire, il est évident que depuis, disons qu'après 2011,
06:04les premières élections après la révolution ont été en octobre 2011
06:09et qu'à partir de ce moment-là se sont créées des associations de surveillance des processus électoraux.
06:15Il y en a eu une série entre 2011 et aujourd'hui, il y a eu plusieurs processus électoraux.
06:21Et à chaque fois, effectivement, des associations comme Morakibon, comme Iwatch,
06:26ont surveillé de façon totalement transparente les élections.
06:30Et donc là, c'est la première fois où ce sera passé ?
06:31Et c'est la première fois que ces associations citoyennes, on peut les appeler comme ça,
06:36sont interdites d'observation des élections.
06:38C'est une première depuis 2011, incontestablement.
06:43Et cela montre, bien entendu, la volonté de verrouillage.
06:46Je ne veux pas dire par avance que ces élections seront truquées, bien sûr.
06:54Ce que l'on peut prévoir, en revanche, c'est un faible taux de participation.
06:59Alors, sera-t-il gonflé, ne sera-t-il pas gonflé ?
07:02Mais les dernières élections ont montré des taux de participation très très très faibles,
07:09c'est-à-dire qui étaient autour de 11% du corps électoral.
07:13Ça, c'est la première chose.
07:14Et évidemment, la seconde chose, c'est qu'il n'y aura pas de deuxième tour des élections, bien sûr,
07:21vu la façon dont se présente le paysage électoral, le paysage du scrutin.
07:25Kayser, donc, on le rappelle, a été élu confortablement en 2019.
07:29Il s'est donc arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.
07:32Et lors de l'annonce de sa récente candidature,
07:35il a redit qu'il était en train de fonder, je le cite, « une nouvelle république ».
07:40Quelle est sa conception de l'avenir et de son propre pouvoir ?
07:45Écoutez, c'est très flou, si je puis dire.
07:49De son propre pouvoir, c'est très clair, en revanche.
07:52C'est-à-dire que la constitution adoptée par l'Assemblée constituante en janvier 2014
07:58était une constitution où le parlementarisme était à l'honneur.
08:03C'était une constitution parlementaire même si le chef de l'État était élu au suffrage universel.
08:08Enfin, il y a beaucoup de pays qui ont des régimes parlementaires
08:11et dont le chef de l'État est élu au suffrage universel.
08:14Je pense à la France, je pense au Portugal, des pays comme ça.
08:18Le chef de l'État a rédigé lui-même une nouvelle constitution en 2022
08:23qui inaugure, qui est exactement l'inverse de la constitution de 2014,
08:28c'est-à-dire que cette constitution met en place un régime hyper-présidentialiste
08:34où le chef de l'État s'arroge des pouvoirs que je peux qualifier d'exorbitants.
08:40Et d'ailleurs, dans sa rhétorique, le chef de l'État a estimé à plusieurs reprises
08:45que la séparation des pouvoirs n'a pas de sens et qu'il n'y a qu'une séparation des fonctions.
08:51Et donc, on sait depuis Montesquieu tout de même que la séparation des pouvoirs
08:56est une des conditions de la démocratie.
08:59S'il n'y a plus de séparation des pouvoirs, la démocratie est en danger.
09:02Alors s'agit-il encore d'une démocratie pendant le GB6, aujourd'hui, en Tunisie ?
09:05Aujourd'hui, il n'y a pas de séparation des pouvoirs en Tunisie.
09:07Et donc plus de démocratie ?
09:09Eh bien, pour l'instant, non. Il n'y a pas de démocratie.
09:13Il n'y a pas de démocratie pour l'instant en Tunisie, c'est-à-dire que le pouvoir législatif,
09:18les deux assemblées, puisque la constitution de 2022 a instauré une représentation bicamérale,
09:25mais, disons, les conditions de l'élection, les conditions de la représentation
09:31font qu'il y a des entorses à la démocratie extrêmement importantes.
09:36Et comme vous le voyez, comme vous l'avez dit vous-même dans votre présentation,
09:40les élections d'aujourd'hui, donc pour un second mandat du chef de l'État,
09:47ne sont pas, ne réunissent pas les conditions d'une élection démocratique.
09:52C'est la chose que l'on peut dire aujourd'hui.
09:55Alors, vous avez commencé à l'évoquer, mais Kayserde reste toutefois populaire
10:01auprès d'une partie de la population, notamment en région.
10:05Quels sont les ressorts de cette popularité ?
10:08Écoutez, aujourd'hui, dans la mesure où il n'y a plus de sondage réellement en Tunisie,
10:13ce que l'on peut dire, c'est que dans une partie de la population,
10:18disons que le chef de l'État actuel a un discours très conspirationniste, très complotiste.
10:24Et ça, c'est un secret pour personne, il suffit d'écouter ses discours, tout simplement.
10:30Et donc, quand le chef de l'État incrimine des comploteurs intérieurs,
10:36des comploteurs étrangers, la mauvaise gestion des grands commis de l'État,
10:43ça marche auprès d'une partie de la population.
10:46En disant, voilà, il nous dit qui est coupable de notre mal-être.
10:50Et c'est ça le cœur d'un discours populiste, c'est de dire, voilà, il y a des coupables de votre mal-être.
10:56Et moi, je suis là pour vous défendre.
10:58Mais ce que l'on peut remarquer également, c'est que le chef de l'État va inaugurer un second mandat.
11:05Donc, il a eu le pouvoir pendant cinq ans.
11:08Et pendant cinq ans, il n'y a eu aucune réforme d'importance pour améliorer le quotidien des Tunisiens.
11:15Vous pensez notamment à l'économie ?
11:17Je pense à l'économie.
11:18Et ce que l'on peut dire aujourd'hui, au fond, je ne sais pas s'il est populaire ou...
11:24Sa popularité, comme je vous le disais, c'était frité.
11:26Mais il y a aussi le fait que les Tunisiens ont une priorité aujourd'hui,
11:30avec un taux d'inflation qui est extrêmement important depuis quelques années,
11:34c'est de remplir leur couffin.
11:36Un chômage de 16% ?
11:38Voilà, un chômage, évidemment, qui est très important, parce que le chômage n'a pas diminué.
11:42Donc, du coup, il y a des vagues migratoires.
11:45L'espoir des jeunes Tunisiens et des jeunes Tunisiennes, c'est beaucoup de partir.
11:52Il y a un désir, un souhait des migrations pour aller chercher mieux ailleurs,
11:59qui est extrêmement important aujourd'hui.
12:00Donc, il n'y a pas eu d'amélioration de la situation économique et sociale.
12:05Et partant de la situation sociale.
12:07Ce qui fait que je ne saurais pas vous dire s'il est réellement populaire,
12:14ou si les Tunisiens ont d'autres chats à fouetter,
12:17que de savoir s'il y a une démocratie ou pas aujourd'hui dans le pays.
12:20En tout cas, beaucoup de journalistes, de membres d'ONG, d'avocats aussi,
12:24sont menacés ou victimes de dénigrement sur les réseaux sociaux.
12:27Plus que menacés, vous avez plusieurs journalistes.
12:29Voire arrêtés, j'allais y venir, en vertu de ce décret présidentiel 54
12:34sur la diffusion de fausses nouvelles.
12:36Je pense notamment à l'avocat de Sonia Damani, condamné à 8 mois de prison.
12:40En appel, c'était il y a 3 jours.
12:42Malgré tout, vous l'affirmez, l'esprit de la révolution est toujours là.
12:48J'ai d'ailleurs voulu revisionner des archives de 2011.
12:52Qu'est-ce que ces images vous évoquent aujourd'hui ?
12:59Je pense que là où le chef de l'État a un discours
13:04qui est tout à fait à l'encontre de la réalité,
13:07c'est que lui et ses partisans les plus fervents,
13:11appellent la décennie 2011 jusqu'en 2019,
13:15l'appellent la décennie noire.
13:17Pour eux, c'est une décennie de chaos.
13:19Ce n'est pas vrai.
13:21Il y a eu des problèmes.
13:23La classe politique n'a pas été à la hauteur des défis
13:25qui s'imposaient à la Tunisie post-Benalli.
13:28Incontestablement, il y a eu des erreurs.
13:30Un processus de démocratisation n'est jamais linéaire.
13:34C'est un processus dialectique.
13:36Il y a des avancées, il y a des reculs.
13:38Cette décennie a été problématique.
13:41Mais elle a connu des avancées majeures pour la Tunisie.
13:45Et elle a connu des avancées majeures
13:47dont je crois que les Tunisiens se souviendront.
13:50On ne peut pas revenir en arrière.
13:53Pour l'instant, on revient en arrière.
13:55Mais dans l'esprit des gens.
13:57Je pense qu'il y a une mémoire.
13:59Jamais les choses ne se reproduisent de façon identique en histoire.
14:03On ne refera pas 2011 en Tunisie.
14:07Cela prendra des formes différentes.
14:10Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment.
14:12Mais ce type de mémoire ne s'efface pas.
14:16Même s'il peut y avoir des parenthèses,
14:19s'il peut y avoir des régressions.
14:21Mais 2011 a existé.
14:23Et ce qui s'est passé par la suite a existé également.
14:26Que dire de la position de l'armée dans ce contexte ?
14:30Jusqu'à présent, l'armée a toujours été la grande muette en Tunisie.
14:35Même si elle a joué un rôle.
14:37Au moment de la Révolution, elle était très populaire.
14:40Elle avait refusé de tirer sur les manifestants
14:45contre le régime de Zine El Abidine Ben Ali.
14:49Mais il y a une tradition de grande muette.
14:52Il n'empêche que l'armée a soutenu et soutient,
14:55pour l'instant est un soutien du chef de l'État.
14:58Incontestablement.
15:00Maintenant, beaucoup d'observateurs de la vie politique tunisienne
15:04estiment que les choses sont moins évidentes qu'il y a quelques mois.
15:10C'est-à-dire qu'il n'est pas impossible qu'il y ait au sein de l'armée
15:16des dissensions qui feraient que le soutien au président Kays Saïd
15:21serait moins évident.
15:23Il y a eu, dans les derniers remaniements,
15:25l'imogeage de certains militaires qui avaient obtenu des positions éminentes
15:32et qui ont été rétrogradés, y compris un des principaux gradés
15:38qui avait un poste tout à fait éminent à la présidence de la République
15:43et qui est maintenant ministre de la Santé, entre autres.
15:46Un mot, Sophie Bessis, des migrants subsahariens
15:49qui transitent, pour beaucoup, on le sait, par la Tunisie.
15:52Ils sont stigmatisés par le président Kays Saïd.
15:54On se rappelle qu'en février 2023, il avait parlé, je le cite,
15:57d'un complot pour changer la composition démographique de la Tunisie.
16:01Ce discours avait déclenché une vague d'exactions de campagnes
16:07anti-migrants dans le pays.
16:09Tout cela dans le silence assourdissant des Européens.
16:12Vous avez le sentiment que l'Union Européenne ferme les yeux
16:16parce que ça l'arrange, en gros, que la Tunisie gère ce problème ?
16:19Bien sûr. L'Union Européenne ferme les yeux.
16:22Pour l'instant, le président Kays Saïd a d'excellents rapports
16:26avec l'Italie de madame Mélanie.
16:28Qui est allée sur place plusieurs fois.
16:30Qui est allée sur place à plusieurs reprises, avec madame Van der Leyen, d'ailleurs,
16:33qui est allée également à plusieurs reprises en Tunisie.
16:36Et il y a un pacte, de fait, sur la question migratoire.
16:39C'est-à-dire que le régime tunisien actuel bloque les migrants, évidemment.
16:45Et donc, malheureusement, la question migratoire est une obsession de l'Europe.
16:50Vous le savez.
16:51Et de plus en plus, d'ailleurs.
16:53De plus en plus, dans la mesure où les partis de droite et d'extrême-droite
16:56ont obtenu, lors des élections dans les pays européens,
16:59des positions centrales dans le jeu politique européen.
17:04Et donc, la question migratoire est extrêmement importante.
17:07Pour l'Europe, c'est même une obsession.
17:09Et donc, de ce côté-là, le chef de l'État tunisien ne couvre aucun danger du côté européen.
17:14Aucun.
17:15Et disons que l'Europe est aujourd'hui...
17:20Les Européens sont ennuyés, si vous voulez, d'une certaine façon,
17:23dans la mesure où il n'y a aucune déclaration officielle,
17:26il n'y a aucune dénonciation officielle de la dérive autocratique de la Tunisie.
17:29Et donc, l'Europe, une fois de plus, comme dans d'autres dossiers,
17:33perd le peu qu'il lui reste de crédibilité démocratique.
17:37Elle n'en a plus beaucoup, mais elle perd le peu qu'il lui reste.
17:41Mais, je crois que pour elle, ce qu'il y a de plus important,
17:44c'est le blocage des migrants subsahariens.
17:46Et elle sera prête à soutenir le chef de l'État tunisien
17:50tant qu'il bloquera ces migrants.
17:51Peut-être une dernière question rapidement.
17:53Sophie Bessis, vous êtes issue d'une famille juive tunisienne.
17:56Vous suivez de près, on le sait, la situation au Proche-Orient.
17:59Vous avez fait partie des premiers signataires d'une tribune
18:02dans le journal Le Monde, en janvier dernier,
18:04qui appelait à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
18:07Votre regard sur cette guerre, quasiment un an après les massacres du 7 octobre
18:12et le déclenchement de ces coups.
18:13Ecoutez, deux choses très rapidement.
18:15D'une part, mes positions politiques ne sont pas dépendantes
18:19de ma confession d'origine.
18:22Ça, c'est la première chose.
18:24Et je crois qu'il est très important de le souligner
18:26parce que très souvent, les positions des gens sont des positions
18:29de type tribal, de type identitaire, de type communautaire.
18:31Ce n'est pas mon cas.
18:33Cette guerre qui est menée contre Gaza est un pur scandale quotidien.
18:38C'est un pur scandale quotidien.
18:41Il y a des dizaines de morts tous les jours.
18:43Il y a la destruction programmée d'une région qui est rasée à tous les niveaux,
18:49y compris avec les gens qui y vivent.
18:52Et donc, on ne peut que s'élever de façon déterminée,
18:57de façon énergique contre ce qui se passe aujourd'hui à Gaza et en Cisjordanie.
19:02Malheureusement, là encore, les Européens et les Occidentaux
19:07sont au-dessous de tout car leur silence,
19:10leur acceptation de fait de ce qui se passe
19:12les rend complices des crimes qui sont commis quotidiennement par l'armée israélienne.
19:17Merci beaucoup Sophie Bessis d'avoir répondu à nos questions.
19:20Ce soir sur France 24, c'est la fin de cet entretien
19:23à retrouver sur notre site internet et nos réseaux sociaux.
19:25Restez avec nous, prochain point complet sur l'actualité dans quelques minutes.