00:00Europe 1 soir, week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:06Il est 19h18 sur Europe 1, merci d'être avec nous.
00:10Nous sommes en direct évidemment avec Catherine qui est dans ce studio
00:14et Olivier Dartigold, chroniqueur politique également dans ce studio.
00:18Nous allons revenir sur le profil de Michel Barnier.
00:21Nous allons nous interroger qui pour former son gouvernement.
00:26Il est en train de mener des consultations avec les macronistes, avec les républicains.
00:32Michel Barnier, d'abord je voudrais juste avoir votre sentiment,
00:36d'abord sur la forme, peut-être Catherine Né en premier.
00:39Est-ce que Michel Barnier avait le bon profil ?
00:43Une chose est sûre, il connaît toutes les arcanes de la République.
00:47C'est-à-dire qu'on ne changeait pas à lui.
00:50Alors que le président l'avait sollicité, le secrétaire général lui avait parlé en juillet.
00:58Ils avaient eu un long échange, je crois même qu'ils se sont vus.
01:01Et puis après plus rien, plus de propositions.
01:04Mais je crois que lui s'est mis peut-être dans la peau d'un futur président.
01:10En disant, je verrai bien s'il ne fait pas.
01:12Il a réfléchi, il y a réfléchi.
01:15Si bien que quand il a été nommé là, parce que les autres solutions avaient échoué,
01:20on avait l'impression qu'il s'était déjà préparé.
01:22Parce que le speech qu'il a fait hier soir, ça ne sortait pas comme ça du matin au soir.
01:26On lui avait peut-être écrit un petit peu, non ?
01:29Catherine Né, on lui avait peut-être un peu écrit son speech, non ?
01:31Pourquoi on lui avait écrit ?
01:32Non, je pose la question, peut-être que les auditeurs se la posent aussi.
01:34Non, on ne lui avait pas écrit, c'est quelqu'un qui réfléchit, il faut quand même oublier.
01:36Non, non, mais on le prend, là vous vous souliez que c'était un crétin, comme souvent.
01:39Ah mais pas du tout !
01:40Alors c'est pas du tout, mais souvent les hommes politiques ont des plumes derrière.
01:44Non, mais qui lui a écrit ? Il était seul pendant l'été, il a peut-être consulté.
01:48Il y a longtemps qu'il critique le gouvernement, il avait fait des propositions déjà
01:53quand il était candidat à la primaire où il est arrivé troisième sur quatre.
01:57Mais là, il a réfléchi, il a vu aussi à l'épreuve du Macronisme ce qu'il y allait, ce qu'il n'allait pas.
02:04Et lui, il dit aujourd'hui qu'il l'a dit, il faut une rupture, il faut penser à autre chose et il faut reprendre.
02:11Il a parlé de respect, d'abord du Parlement, aussi avec des mots assez forts comme l'attention aux autres.
02:19En tout cas, ça va sûrement être un autre style.
02:23Et le président lui aurait donné toute l'attitude pour composer son équipe.
02:30Peut-on y croire ?
02:31Alors, comment dit rassemblement ?
02:34Moi, je pose la question, juste, le LR qui a 47 députés a quand même gagné au loto puisqu'ils ont Matignon.
02:40Bon, si c'est le rassemblement, ça ne peut pas être un gouvernement tout RPR.
02:44Donc, il va falloir choisir des gens ailleurs.
02:47Donc, sûrement qu'il y aura des RPR vexés parce qu'ils s'imaginent un peu que toutes les places vont leur être données.
02:52Mais dans les autres partis, lui va vouloir des compétences, des gens qui ne font pas seulement de la communication.
02:59Parce que lui, il connait beaucoup de dossiers.
03:02Il a eu quatre ministères.
03:04Et c'est quelqu'un qui aime la discipline, qui aime le travail.
03:08Et ses collaborateurs disent que c'est quelqu'un qui est anxieux, perfectionniste.
03:14Et quand vous travaillez avec lui, on travaille.
03:19Donc, ce n'est pas si facile que ça de former une équipe.
03:23C'est un homme de compromis, Olivier d'Artigolle, Michel Barnier.
03:26Un homme de compromis. Va-t-il pouvoir ouvrir ? Et jusqu'où peut-il ouvrir son gouvernement ?
03:31C'est en tout cas un homme de dialogue et de médiation.
03:35On ne fait pas le Brexit comme il a mené sans avoir cette capacité.
03:41Bon, on a eu une longue séquence Cazeneuve-Xavier Bertrand.
03:46Ça a été interminable. Il faut quand même se dire les choses.
03:49Olivier Faure a décidé que ça ne serait pas M. Cazeneuve.
03:55Marine Le Pen a décidé que ça ne serait pas Xavier Bertrand.
03:58Et au final, il sort du chapeau.
04:01La fumée blanche, après beaucoup d'enfumage, avec M. Barnier.
04:08On le connaît, quoique la jeune génération ne doit pas le connaître.
04:12C'est en effet un homme politique très expérimenté.
04:16Avec en effet, Catherine l'a rappelé, un certain nombre d'expériences de responsabilité éminentes.
04:24Sur des sujets qui seront intéressants dans l'agenda politique à venir.
04:28Par exemple, nous sommes sous une procédure de budget excessif.
04:32Avec la Commission européenne qui attend notre trajectoire budgétaire pour la fin septembre.
04:37Et en effet, Pascal, le calendrier concernant la formation d'un nouveau gouvernement.
04:44On devine, Catherine, que ce sera très certainement une colonne vertébrale LR.
04:49Sinon, je ne comprends pas, puisque le nouveau Front populaire ne peut pas y aller.
04:53Le Rassemblement national n'ira pas.
04:55Ce sera donc une colonne vertébrale LR.
04:57Avec certainement des LR macronistes, des gens en responsabilité, des missionnaires.
05:02Oui, mais des gens d'Horizon, par exemple.
05:04Alors, des gens d'Horizon.
05:05D'Horizon, du Modem.
05:06Il faut voir comment le Modem, qui a réagi plutôt fraîchement, pour certains, à l'annonciation de M. Barnier.
05:13Donc, tout ça est en train, en effet, d'être discuté.
05:16Ça va prendre un peu de temps.
05:18Oui, mais Michel Barnier, peut-il ou veut-il gouverner avec tout le monde ?
05:23Écoutez ce qu'en pense Olivier Faure.
05:25Mais Grenoble, tout le monde, je pense qu'aucune personnalité du PS ne rentrera dans son gouvernement.
05:30Quand il dit ça, à qui s'adresse-t-il en réalité ?
05:33À la gauche ? Non, à l'extrême droite.
05:35Donc, il a très bien compris que sa survie dépendait d'elle.
05:39Et donc, les clins d'œil, ils sont pour Marine Le Pen,
05:41qui est celle qui, au fond, a décidé de qui serait Premier ministre.
05:45Puisqu'elle a dit que celui-là, elle ne censurerait pas forcément.
05:48Donc, Michel Barnier va ouvrir, effectivement, son gouvernement.
05:52Vous le disiez, Catherine Né, il y a un instant, aux éditeurs d'Europe 1.
05:56Il va ouvrir, donc, aux Républicains.
05:57Et c'est bien logique, c'est sa famille politique.
05:59Peut-il ouvrir un peu plus loin ? Tendre la main ?
06:02Il va être obligé de tendre la main à la gauche, non ?
06:04Il va essayer, mais là, quand j'entends Olivier Faure, moi, il me fait un peu rire.
06:09Parce qu'il y avait quand même en lice Bernard Cazeneuve,
06:12qui cochait des cases, lui aussi, avec des compétences réelles, un caractère.
06:17Vraiment, c'est un homme aimable qui, ayant été secrétaire d'État au budget,
06:21il savait qu'il ne pouvait pas faire jouer les Pères Noël.
06:24Mais moi, je crois qu'il a été victime des siens.
06:27Parce qu'Olivier Faure, c'est vrai, ne voulait pas qu'il soit d'abord poussé par la pression de Mélenchon,
06:34qui a dit, si jamais vous soutenez Cazeneuve,
06:37eh bien, attention, à la prochaine dissolution, on ne vous soutient pas.
06:40Alors, vite, tous au bercail.
06:41D'ailleurs, ils étaient tous planqués.
06:43Ils avaient mis Lucie Castex, qui était inacceptable, vous voyez.
06:46C'est de l'anthropophagie, on mange les siens.
06:48Et moi, je dirais que c'est la même chose du côté des LR.
06:51C'est-à-dire que Xavier Bertrand, dans le fond, personne ne voulait de lui.
06:55Non, mais je veux dire, c'est ça.
06:57Pas Wauquiez, parce que c'est son ennemi, mais au fond, pas Larcher non plus,
07:00pas Retailleau, parce que voilà.
07:02Et puis, évidemment, on le dit, le Président a traîné.
07:07C'est vrai, mais c'est les autres aussi qui ne donnaient pas les réponses.
07:10Et puis, il y avait cette arithmétique.
07:12Vous censurez ou pas ?
07:13Donc, c'était un calendrier extraordinaire.
07:16Donc, du coup, on se retrouve aujourd'hui avec quatre anciens premiers ministres.
07:19Enfin, ça a duré des reines d'un jour, vous voyez.
07:21Et donc, c'est vrai que je crois que ce soir, on soupire à l'Élysée,
07:25parce qu'enfin, Michel Barnier a accepté.
07:28Mais vous vous rendez compte de ce qui lui tombe sur la tête ?
07:32Du poids ?
07:33Mais il faut remercier le ciel, il faut lui embrasser les genoux
07:36pour le remercier d'avoir accepté.
07:37Parce que qu'est-ce qui se passait ?
07:40Tout ça, c'est des oiseaux à côté.
07:42C'est des petits, vous voyez.
07:44Olivier d'Artigolle.
07:45Catherine est très enfant.
07:46Oui, Catherine est très, très enfant.
07:48Mais c'est vrai qu'ils se mangent entre eux.
07:51Mais oui, ils se mangent entre eux.
07:52Vous avez raison, la gauche est-elle responsable effectivement de son échec ?
07:55Vous dites oui.
07:56On parlera à Manon Aubry, eurodéputée de la France insoumise,
07:58qui sera avec nous en direct à 19h30.
08:01Olivier d'Artigolle, l'Élysée a promis de laisser les coups des francs
08:04chez Michel Barnier.
08:05Est-ce une réalité ?
08:06Est-ce que vous y croyez ?
08:08Emmanuel Macron peut-il changer ?
08:11C'est-à-dire que la vérité du matin n'est pas toujours la vérité de l'après-midi, le concernant.
08:17Je prends un exemple.
08:19Emmanuel Macron s'était engagé,
08:23en tout cas son entourage a parlé de cette manière,
08:27pour laisser les coups des francs au nouveau Premier ministre.
08:32Le nouveau Premier ministre ayant y compris dit,
08:35la journée qui suit, c'est-à-dire cette journée qu'on vient de vivre,
08:38je ne vois pas le Président.
08:39Je consulte, je passe mes coups de téléphone.
08:41Or, il y a eu un rendez-vous aujourd'hui avec Emmanuel Macron.
08:46Il va être très intéressant de regarder,
08:48et là nous aurons des enseignements très rapidement,
08:51concernant des ministères importants.
08:53C'est-à-dire que le domaine réservé,
08:55qui serait l'armée, normalement le corps nu devrait rester,
08:58et les affaires étrangères,
09:00où peut-être il pourrait y avoir Darmanin, nous verrons bien,
09:05soit vraiment se construire en bonne intelligence avec le Président,
09:10c'est normal, c'est de tradition.
09:12Il faudra voir la nomination à Bercy.
09:14Il faudra voir la nomination à Beauvau.
09:17Il faudra voir la nomination Place Vendôme,
09:19pour véritablement, plus le directeur de cabinet du nouveau Premier ministre,
09:22pour véritablement voir si M. Barnier a les coups des francs.
09:28Nous verrons ça.
09:29Est-ce que vous me disiez tout à l'heure,
09:31je dis aux auditeurs d'Europe 1,
09:32ce qui se passe aussi hors antenne quand on s'installe en studio,
09:34il y en a pour une semaine à peu près, avant d'avoir la...
09:37Il y a un calendrier budgétaire qui commence à s'accélérer,
09:39puisqu'il y a quand même un budget 2025 à travailler,
09:42avec des étapes qu'il faut respecter.
09:46On va devoir être patient.
09:47On se retrouve évidemment dans un tout petit instant.
09:49Catherine, Olivier d'Artigolle, vous restez dans ce studio.
09:52Manon Aubry va répondre aussi à nos questions.
09:56Manon Aubry qui sera mon invitée dans quelques instants.
09:58Eurodéputée La France Insoumise à suivre également sur Europe 1.
10:02Le journal permanent, il est 19h28.