Beauty For Good : Une communication plus responsable
Le 18 juin, Marie Claire et la FEBEA, ont lancé la première session de Beauty For Good.
Découvrez le Regards croisés : "L’encadrement de la communication et la nouvelle réglementation des allégations environnementales" avec Magali Jalade, Directrice des Affaires Juridiques et Publiques, ARPP et Stephanie Lumbers, Sustainable Development Director, FEBEA.
Ainsi que l'Interview "L’approche One Health" avec Richard Daniellou, Directeur de la Chaire de Cosmétologie chez AgroParisTech.
Découvrez le Regards croisés : "L’encadrement de la communication et la nouvelle réglementation des allégations environnementales" avec Magali Jalade, Directrice des Affaires Juridiques et Publiques, ARPP et Stephanie Lumbers, Sustainable Development Director, FEBEA.
Ainsi que l'Interview "L’approche One Health" avec Richard Daniellou, Directeur de la Chaire de Cosmétologie chez AgroParisTech.
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00:00Que ce soit dans les publicités, les médias et sur leur packaging, les marques redoublent
00:10d'effort pour être les plus transparentes possible concernant les ingrédients qu'elles
00:15utilisent. Que dit la loi en matière de réglementation et de communication des marques ? Réponse
00:21avec Magali Jalat, directrice des affaires juridiques et publiques de l'ARPP, qui est
00:26l'autorité de régulation professionnelle de la publicité, et Stéphanie Lembers, directrice
00:33du développement durable à la FEDEA, Fédération des entreprises de la beauté. Comment la
00:38publicité des produits cosmétiques est-elle encadrée aujourd'hui ?
00:43Comment sont encadrées aujourd'hui les publicités des produits cosmétiques ? Comme vous l'avez
00:49entendu, et comme c'est le cas pour les produits et également sur les produits, la publicité
00:56des produits cosmétiques est très encadrée en France. Il y a à la fois des réglementations
01:07en France et en Europe qui prévoient des règles très strictes, qui sont fondées
01:12sur des critères de preuve de véracité, de sincérité, de loyauté aussi et d'équité,
01:20et pour permettre justement aux consommateurs de faire un choix, à la fois en connaissance
01:27de cause et puis en toute sécurité. Et en France, au sein de l'ARPP, qui est l'autorité
01:33de régulation professionnelle de la publicité, qui a été créée en 1935, les professionnels
01:39du secteur se sont dotés de règles sur la publicité des produits cosmétiques très
01:45tôt, puisque la première recommandation produits cosmétiques date de 1974. Et donc, c'était
01:51pour avoir un encadrement permettant justement d'assurer cette sécurité et cette transparence
01:58dans la communication. Et bien sûr, cette recommandation a évolué, donc pour avoir
02:03toujours un niveau d'exigence qui soit à la hauteur. Elle a évolué. Il y a eu plusieurs
02:11versions. C'est quand même un cadre de référence pour le secteur. C'est une recommandation
02:17qui, à l'époque, a été moteur et précurseuse par rapport à l'Europe, par exemple. Et puis,
02:25c'est une recommandation qui, comme toutes les recommandations du Code de l'ARP, est
02:30co-construite avec la société civile, donc avec les associations de consommateurs environnementales
02:37et sociétales qui, statutairement, siègent au sein du Conseil paritaire de la publicité,
02:41qui est une instance associée au dispositif qui a été mis en place par l'ARP ou la
02:46RPP, comme vous voulez, et qui est concertée avec la société civile. Et ce conseil est
02:52composé à la fois de représentants des associations et de représentants des professionnels, donc
02:57des marques, des agences et des médias. Et il va émettre un avis public avant l'élaboration
03:03d'une nouvelle recommandation ou sa mise à jour, après audition des parties prenantes,
03:08donc des experts au sujet, mais également les ministères, les administrations, les
03:14autorités, les associations de nos membres, les professionnels, pour faire remonter toutes
03:20les attentes. Et c'est un moyen qui est donné, justement, aux associations de pouvoir exercer
03:26un contrôle sur le contenu des règles, des recommandations, dont la recommandation
03:34sur les produits cosmétiques de l'ARP. Alors, cette recommandation, elle est applicable
03:38à tous les médias. Donc, quel que soit le média de diffusion de la publicité, elle
03:42est applicable. Elle rappelle, dans un premier temps, la définition des produits cosmétiques.
03:47C'est du règlement de 2009. Et puis, ensuite, elle va fixer des règles. Alors, des règles
03:53de preuve, puisque toutes les allégations contenues dans les publicités doivent être
03:59fondées sur des éléments de preuve. Donc, par exemple, j'allais dire, lorsqu'il y
04:05a, dans une communication publicitaire, les propriétés d'un ingrédient qui sont mises
04:10en avant, eh bien, l'efficacité dans le produit fini doit être démontrée. Il y a également
04:17des règles en ce qui concerne les performances. Donc, la présentation de ces performances,
04:22qui est très exigeante, puisque l'on distingue, évidemment, les tests. Donc, on indique la
04:28nature des tests. C'est un test de satisfaction, un test clinique ou autre. Et ensuite, le
04:36nombre de sujets testés. Donc, ça, c'est un point très important sur la présentation.
04:43Et puis, lorsqu'on a des revendications chiffrées, on communique sur un résultat moyen. Voilà.
04:48Il y a également la possibilité de recourir à des professionnels de santé. Donc, ça
04:52aussi, c'est encadré par la recommandation. Qui doivent, s'ils ont un lien avec l'entreprise,
04:58le préciser. Donc, ça doit être précisé dans la publicité. Donc, c'est la transparence
05:02aussi. Et puis, si, évidemment, ils émettent une recommandation, elle doit être fondée
05:07sur des données scientifiques et pas des recommandations. Donc, fondée sur des opinions
05:14personnelles et toujours répondre aux obligations de leur ordre professionnel, bien sûr.
05:20Ensuite, il y a toute une partie sur les allégations. Alors, bien sûr, je ne reprendrai pas tout
05:26ce qui a été dit de manière très pertinente par la toxicologue ce matin. Puisque, effectivement,
05:32toutes ces allégations qui sont encadrées aussi dans la publicité. Donc, il y a des
05:40règles sur l'utilisation de ces allégations. Alors, l'air génique, bien sûr, mais aussi
05:45peau sensible, tout ce qui est protection solaire. Les allégations sans qui répondent
05:51à des critères communs définis par un règlement européen et par de bonnes pratiques aussi
05:57qui sont déterminées par un document technique. Et donc, il y a évidemment aussi des règles
06:04sur les allégations environnementales. Et sur les allégations environnementales, il
06:08y a des grands principes qui sont rappelés dans la recommandation produits cosmétiques.
06:13Et un renvoi vers la recommandation en développement durable de l'ARP qui, elle aussi, s'applique
06:19quel que soit le média de diffusion utilisé et qui prévoit des règles au-delà même
06:25des allégations environnementales. Puisque, encadrent aussi tout ce qui est éléments
06:31qui seraient non compatibles avec les objectifs de développement durable, sans y faire référence.
06:37Également, les modes de consommation excessifs au contraire au principe de l'économie circulaire.
06:42Et puis, bien sûr, encadrent les allégations, que ce soit des allégations visuelles, écrites,
06:49sonores, avec des éléments de preuve, avec des règles de proportionnalité, ce qui signifie
06:56que ça doit être évidemment conforme à l'impact et proportionné à l'impact environnemental
07:02du produit ou des actions de l'annonceur. Des règles aussi sur l'expression publicitaire
07:07qui doit être nuancée et précise. Et puis, le renvoi dans la publicité vers les éléments
07:13justificatifs à l'aide d'un QR code ou du lien Internet vers la page dédiée.
07:20Et cette recommandation, elle est en cohérence avec le guide des allégations environnementales
07:27du Conseil national de la consommation de 2023. Donc, Stéphanie vous parlera sans doute.
07:34Ce guide qui fait référence explicitement à la recommandation de l'ARP, développement
07:40durable, puisqu'il reprend in extenso les règles qu'elle contient pour apprécier et
07:45vérifier que la communication est loyale. Donc, ce guide rappelle aussi le système
07:52et le dispositif d'autorégulation tel qu'il a été mis en place par l'ARP. Et à ce titre
08:00d'ailleurs, si les allégations dans les publicités pour les produits cosmétiques sont très
08:06encadrées, l'ARP veille aussi, bien sûr, dans le cadre de son activité quotidienne
08:11en délivrant des conseils avant diffusion des publicités sur tous les médias, que
08:17ce soit à la fois aux marques, aux agences et aussi aux médias de diffusion, au regard
08:24de l'application de cette recommandation et également au regard de l'encadrement juridique
08:30qui est très strict pour la publicité. Et puis, il y a aussi pour l'après-diffusion,
08:37donc sur les publicités diffusées, des bilans qui sont réalisés d'application de la recommandation
08:43de son produit cosmétique à la demande de l'AFBA, justement pour apprécier la bonne
08:48application de ses règles, où les marques acceptent d'être citées d'ailleurs en cas
08:53de manquement à la règle. Et enfin, il y a la possibilité pour les consommateurs
08:59de se plaindre auprès du jury de l'Ontologie Publicitaire qui est composé de personnalités
09:04totalement indépendantes de la profession, vice-présidée et présidée par des magistrats
09:09et qui traite de toutes les plaintes qui le sont adressées, mais bien sûr qu'au
09:13regard des recommandations du Code de l'Art, la recommandation produit cosmétique et
09:19la recommandation développement durable.
09:21Merci Magali pour ce point très complet. Stéphanie, est-ce que vous pouvez nous en
09:25dire plus sur cette nouvelle réglementation dont on vient de parler concernant les allégations
09:31environnementales ? Ça a bougé ?
09:32Peut-être en préambule, on peut dire que les consommatrices se soucient de l'environnement.
09:37On a bien vu en introduction que ça fait partie des choses sur lesquelles elles sont
09:41attentives et donc un argument, une allégation environnementale, c'est quelque chose qui
09:45potentiellement peut aider à mieux vendre un produit. Et donc le législateur, depuis
09:51quelques années, surveille de manière beaucoup plus attentive la nature de ces allégations
09:56pour être sûr que les industriels, les metteurs en marché, ne induisent pas en erreur le
10:00consommateur. Donc on peut évoquer la loi AJEC, anti-gaspillage pour une économie circulaire
10:05de 2020, qui encadre et interdit certaines allégations, par exemple respectueuses de
10:11l'environnement. La loi Climat et Résilience, une loi de 2021 issue de la Convention citoyenne
10:16pour le climat, qui là aussi pose un peu en préambule générale une interdiction du
10:22greenwashing. Le guide du Conseil national de la consommation, en 2023, dresse un panorama
10:29très très large de ce cadre et puis des allégations qui sont interdites ou autorisées,
10:35dans quel cadre elles peuvent être autorisées. Et puis il y a deux textes européens qui
10:40sont en cours de finalisation, un déjà publié et l'autre en cours de finalisation, donc
10:44un sur les pratiques commerciales déloyales, l'autre sur les green claims, donc vraiment
10:48les allégations environnementales. Et il faut dire que ces textes européens sont extrêmement
10:53cohérents avec le cadre français qu'on connaît bien, donc on va dire que les entreprises
10:58françaises qui ont commencé à se mettre en conformité, on peut être un peu en avance.
11:03Une allégation, dans tous les cas, doit être claire, proportionnée, non-ambiguë et justifiée.
11:08Et donc on considère qu'on fait face à du greenwashing dès lors que l'allégation
11:15est un peu ambiguë, pas proportionnée, mal justifiée et puis pas très claire. Donc
11:24quelques petits exemples. Madame Moiseau du CGDD a précisé, et merci, qu'aucun produit
11:30n'a pas d'impact. Donc ça c'est une activité humaine a forcément un impact. Donc une allégation
11:35qui laisse entendre que vous protégez l'environnement, respectueux de l'environnement, toutes ces
11:42allégations très générales, forcément par essence, induisent le consommateur en
11:46erreur. Il faut aussi faire très attention, est-ce que l'allégation elle concerne l'emballage,
11:51est-ce qu'elle concerne le produit, est-ce qu'elle fait référence à l'entreprise,
11:55ça c'est des choses qui doivent être très très spécifiques. Un autre point, c'est
11:59qu'il faut faire attention à ce que l'allégation concerne un aspect très spécifique, voire
12:04même un petit peu mineur d'un produit, ou est-ce qu'on est sur quelque chose de représentatif.
12:10Et c'est en ça, par exemple, l'éco-conception, c'est assez bien encadré. L'éco-conception
12:14c'est pas une intention, c'est pas un chemin pour le coup, l'éco-conception c'est un résultat.
12:19Donc concrètement, sur quel aspect est-ce que vous avez fait une démarche d'éco-conception,
12:25enfin l'industriel, j'ai l'habitude de parler à des interlocuteurs d'entreprises, la marque,
12:32sur quoi est-ce qu'elle a agi, et très concrètement, à quel résultat elle est-elle arrivée.
12:35Et alors dernière chose, c'est qu'une allégation c'est à la fois sur le produit, mais aussi
12:41sur la publicité, sur le site web, c'est tout support. Donc en fait, on ne distingue
12:47pas le support sur lequel on trouve une allégation environnementale.
12:50Merci pour ces précisions. Alors Magali, est-ce que vous pouvez nous dire qu'est-ce
12:53qu'une bonne publicité qui met en avant un produit cosmétique, peut-être vos recommandations.
12:58Alors les recommandations à la matière, alors peut-être que par rapport à ce qu'on a entendu
13:03ce matin, je me disais déjà une allégation, ça témoigne aussi des actions et des recherches
13:10qui sont déployées par les marques. Et j'allais dire, dans le but quand même de proposer
13:17des produits toujours plus efficaces, mais également le confort, et aussi de nouveaux
13:23usages. Donc je pense que c'est une démarche qui doit être encouragée, et en même temps
13:29la publicité, c'est bien qu'elle porte aussi ce type de message. Il y a également dans
13:37les publicités, les allégations qui sont utilisées, qui sont évidemment très encadrées,
13:43donc on doit répondre, comme l'a dit très justement Stéphanie, aux exigences de preuves,
13:51et donc avoir à disposition les éléments de preuves, et les mettre à la disposition
13:56aussi de tout public. Alors j'allais dire, comme les produits et les emballages des produits,
14:05la place n'est pas non plus très grande, donc nous à LARP en tout cas, on encourage
14:10quand même à mettre le site internet, ou la page dédiée du site internet, plutôt
14:16que d'avoir de très très nombreuses mentions dans les publicités, qui ne sont pas toujours
14:21faciles à lire pour les consommateurs, ou des QR codes, puisque c'est quand même l'avenir
14:27aussi pour le consommateur, de pouvoir voir l'ensemble des informations qui peuvent être
14:34mis à la disposition des marques avec un QR code, et donc se reporter à l'information
14:41de son choix. Ce qui doit être encouragé aussi, c'est évidemment les démarches de
14:46transparence des marques, mais qui ressortent en fait de la recommandation produits cosmétiques
14:54de LARP, et les engagements qui ont été pris par les professionnels de longue date,
14:59pour justement toujours être à un très haut niveau d'exigence. Donc voilà mes petites
15:05recommandations. Merci beaucoup, alors Stéphanie, pourquoi
15:08est-ce que les marques de cosmétiques ont intérêt à rappeler qu'elles ne sont pas
15:11parfaites, et pourquoi les consommatrices ont-elles intérêt à les écouter ?
15:16C'est vrai que sur ces sujets-là, comme en général, sur les sujets de développement
15:20durable, il y a un vrai travail, il y a un binôme qui se fait entre les marques et les
15:25consommateurs. Et le rôle des marques c'est aussi de proposer des choses nouvelles, d'accompagner
15:31les envies des consommateurs, et à l'inverse, les consommateurs doivent aussi percevoir
15:37un peu ces évolutions, et voir comment ça s'intègre peut-être dans un schéma un petit
15:42peu plus global. Donc cette envie aussi de transparence, de vérité aussi qu'on a autour
15:49des produits cosmétiques, produits en général, il est vraiment nécessaire de repenser la
15:54manière dont les marques communiquent. Et c'est vrai que le développement durable,
16:00c'est un processus d'amélioration continue. On n'est jamais arrivé, parce qu'il y a toujours
16:04moyen de faire mieux. Ce qu'on peut faire, le rôle de chacun, c'est déjà de réduire
16:09l'impact, d'améliorer les choses, et voilà, un produit il a toujours un impact, donc quelles
16:17sont les améliorations qu'on peut mettre en avant ? Et donc il y a un peu un risque,
16:21il y a eu une fuite en avant en tout cas, je pense, avec des consommatrices, des consommateurs
16:24qui en demandaient toujours un peu plus, qui comparent les marques entre elles, et donc
16:29si un dit, moi j'ai ça, l'autre marque elle a encore mieux, et puis plus, plus mieux,
16:36et encore plus meilleure, et au bout d'un moment, en fait, on finit par être un peu
16:40déconnecté d'une réalité. Donc on est dans une phase où peut-être on doit, d'atterrissage
16:46un peu en douceur autant que possible, et que les consommatrices, là dans les mois
16:52qui viennent, elles vont voir que les allégations vont évoluer, parce qu'il y a la mise en
16:55place de tout ce nouveau cadre, il ne faut pas qu'elles partent du principe que c'est
17:00qu'en fait les marques font moins bien, en fait c'est juste que leur communication reflète
17:05probablement un peu plus, un peu mieux la réalité. A l'inverse, les consommateurs
17:10doivent aussi avoir un regard critique sur ces allégations, comme je disais, sur quoi
17:15est-ce que ça porte précisément, quelles sont les preuves, est-ce que ça paraît crédible,
17:18quelles sont peut-être des informations complémentaires que les marques peuvent mettre sur leur site,
17:23ce qui est des fois effectivement très compliqué d'expliquer des processus qui peuvent prendre
17:27des mois à des équipes de R&D ou des équipes RSE, et qui sont résumées en juste quelques
17:33mots, donc on va voir l'explication additionnelle. Et je pense aussi qu'il faut faire attention
17:38à quelque chose, c'est un nouveau phénomène qu'on voit apparaître, c'est celui du green
17:42rushing, c'est-à-dire le fait que les marques préfèrent taire finalement le travail qu'elles
17:48font d'un point de vue environnemental, un peu par peur peut-être de mal faire, parce
17:52que les produits sont développés par des gens qui font de leur mieux, mais qui potentiellement
17:58peuvent se sentir un peu en risque, notamment face au fait qu'elles sont de plus en plus
18:03scrutées sur leurs allégations, et donc elles se disent, écoutez, moi je préfère,
18:07je vais continuer mes actions, mais je préfère pas en parler, comme ça au moins personne
18:11me fera de reproche. L'inconvénient de ça, c'est que quelque part, je pense que ça
18:15brouille un peu le référentiel que le consommateur peut avoir de ce qui est normal d'attente
18:20de ces marques. Si plus personne ne parle de rien, du coup, finalement, comment est-ce
18:25que je distingue des marques plus vertueuses de celles qui, pour le coup, ne font aucun
18:29effort ? Donc voilà, c'est un peu un travail collectif pour être plus raisonnable dans
18:33ses attentes, être plus raisonnable dans ses allégations, et progresser ensemble pour
18:39réduire l'impact de ces produits.
18:41Oui, restaurer la confiance collective des deux côtés, j'allais dire, sachant qu'on
18:46parle de responsabilité, mais les consommateurs, consommatrices, ont aussi leur part de responsabilité
18:51en termes de consommation des produits, également.
18:53Absolument, absolument. L'idée, c'est pas du tout de reporter une responsabilité sur
18:57les consommateurs. Moi, je suis convaincue que c'est quand même les entreprises qui
19:00ont le plus d'informations et qui ont le plus de pouvoir, mais c'est vrai qu'il faut que
19:05tout le monde fasse sa part quand même. Sur certains produits, notamment des produits
19:09rincés, la phase d'usage, c'est ce qui pèse le plus. C'est la température de votre douche,
19:14c'est la durée, si vous prenez des bains, donc sur un gel douche, en fait, quels que
19:19soient les efforts faits par les industriels, c'est cette étape-là qui sera la plus impactante.
19:24Effectivement, et on l'a dit, et on le répète, la recherche en termes de développement durable
19:28sur les produits cosmétiques, comme sur le reste d'ailleurs, et on apprend en faisant.
19:33Il n'y a pas de recette magique et chaque marque doit faire ses propres recherches pour
19:38s'améliorer sur ses critères. C'est pour ça que ça prend du temps et qu'il faut l'avoir
19:42en tête aussi. Merci beaucoup.
19:44Il y a aussi, pardon si je peux me dire, chacun doit faire son propre chemin, mais il y a
19:47aussi le poids du collectif qui avait été évoqué en introduction, que je pense est
19:51vraiment essentiel sur toutes ces questions.
19:53Que les marques soient solidaires sur ces questions environnementales, absolument, notamment
19:58à travers la Fébéar, puisque vous organisez de nombreux groupes de travail sur ces sujets.
20:03Est-ce que vous avez dans la salle des questions ?
20:06Pour ma part, je suis attachée de presse et je rebondis sur ce que vous disiez tout
20:10à l'heure. Vous vous adressez à tout type de support, des marques, des médias, mais
20:15aujourd'hui les marques deviennent un peu des médias et les médias deviennent un peu
20:18des marques aussi. Moi, je voulais vous demander comment vous gérez aussi la communication
20:22des nouveaux porte-parole, à savoir les créateurs de contenu, tout le monde de l'influence,
20:26qui prennent beaucoup de place dans le paysage médiatique aujourd'hui ?
20:29Merci pour cette question.
20:31On le gère, puisqu'en fait, au sein de l'ARP, toutes les règles s'appliquent, quel que
20:35soit le média utilisé pour la diffusion. Et bien sûr, ça s'applique aux créateurs
20:41de contenu qui ont une collaboration avec une marque. Pour ces raisons-là, on a mis
20:45en place des règles, donc au sein du Code de l'ARP, des règles, bien sûr, qui viennent
20:53de compléter les règles juridiques sur la transparence de la collaboration commerciale,
20:58et ça, ça date de 2017. Ensuite, on a créé un observatoire dédié pour suivre la bonne
21:03application de ces règles. Et au regard du résultat de cet observatoire, on s'est rendu
21:09compte qu'il y avait une difficulté pour les créateurs de contenu d'appréhender les
21:15règles qu'ils devaient respecter. Donc, on a mis en place le certificat de l'influence
21:19responsable de l'ARP. D'ailleurs, certaines marques de produits cosmétiques rendent obligatoire
21:27ce certificat pour les créateurs de contenu avec lesquels elles travaillent. Et dans ce
21:32certificat, il y a toutes les règles qui doivent être appliquées par les créateurs
21:36de contenu lorsqu'ils ont une collaboration commerciale, y compris les recommandations
21:41du Code de l'ARP et la recommandation produits cosmétiques, et l'encadrement juridique
21:46également, qui en fait partie. Et ensuite, on suit ces créateurs de contenu qui ont
21:50obtenu le certificat. Donc, c'est un suivi régulier puisque c'est chaque semaine, et
21:55de manière à pouvoir les interpeller s'ils ne respectent pas les règles qu'ils ont pu
21:59apprendre dans le cadre du certificat, voire suspendre ou retirer le certificat en cas
22:04de manquement grave. Merci beaucoup à toutes les deux pour vos témoignages. Et pour conclure
22:10cette matinée, j'invite Richard Danielou qui est directeur de la chaire de cosmétologie
22:14de l'école Agro-ParisTech. Il est là. Bonjour Richard. Alors, Agro-ParisTech fait figure
22:20de référence en matière de One Health. Est-ce que vous pouvez peut-être effectivement
22:26nous rappeler à tous qu'est-ce que c'est que ce One Health ? Peut-être que je peux
22:29vous rappeler avant ce que c'est qu'Agro-ParisTech parce que je suis dans un cadre un petit peu
22:33particulier. Nous, on est une école d'ingénieurs, une école d'ingénieurs en agronomie, une
22:37école d'ingénieurs public, et on forme des ingénieurs en cosmétique. Alors ça peut
22:42paraître bizarre, mais vous allez très vite comprendre pourquoi. Nous, on ne fait
22:45pas de marketing, on ne fait pas de business, on ne vend pas de produits, mais par contre
22:49on fait aussi de la recherche et on fait de la recherche sur toutes les thématiques que
22:51j'ai entendues depuis ce matin, notamment sur des actifs, sur des produits naturels,
22:56sur des nouvelles techniques de formulation et des nouveaux procédés co-responsables
23:00par exemple. One Health, une santé, une santé pour toutes, une santé pour tous et une santé
23:07pour les êtres humains, une santé pour les animaux et une seule santé pour l'environnement
23:12avec des connexions et une interdépendance totale entre ces trois santé. Donc vous voyez
23:19tout de suite le lien, école d'ingénieurs en agronomie, école d'ingénieurs pour former
23:23des élèves en cosmétique ou des futurs professionnels de la cosmétique. On va du champ en passant
23:29par les animaux jusqu'à l'application de tous ces champs disciplinaires.
23:33C'est une vision à 360 degrés de l'impact que peut produire un produit cosmétique ?
23:40Exactement, mais ça concerne aussi toutes sortes d'applications. Si je peux prendre
23:45un exemple en dehors de la cosmétique pour que ça parle bien aux gens, qu'est-ce que
23:48c'est le concept One Health ? Prenez par exemple les antibiotiques dans les élevages
23:53d'animaux. On s'est très vite rendu compte que nos poules ou nos poulets ou nos animaux
23:57mangeaient ces antibiotiques et que ces antibiotiques se retrouvaient en fin de chaîne dans notre
24:02consommation humaine. Et donc supprimer ces antibiotiques de nos élevages permet
24:09d'améliorer la santé humaine en considérant l'ensemble de la chaîne de valeur.
24:14C'est un peu ce qui se passe en ce moment chez les marques, les industriels cosmétiques.
24:18Il y a cette prise de conscience à 360 degrés de vraiment être cohérent à la fois sur
24:23l'efficacité, la transparence, l'innocuité, on l'a vu, mais également l'impact positif,
24:29en tout cas moins négatif, sur l'environnement, sur les humains, sur globalement la planète.
24:36Exactement. Et je pense que la première prise de conscience a été de limiter notre impact
24:41et maintenant on est même dans une deuxième phase, c'est-à-dire qu'on va essayer d'améliorer
24:45l'impact de la planète en utilisant des produits beaucoup plus sains, beaucoup plus
24:50respectueux, beaucoup plus vertueux et même bénéfiques pour la planète.
24:54Oui, on a entendu beaucoup ce matin ce concept d'agriculture régénératrice, donc pour
25:00rendre un petit peu ce qu'on a pris à la planète pour faire nos produits, on va essayer
25:03de replanter des arbres, on va essayer de régénérer les sols, on va essayer de restaurer
25:08un petit peu à la nature ce qu'on a emprunté. Donc il y a une prise de conscience, une vraie
25:11révolution et notamment des industriels professionnels de la cosmétique.
25:16Je vous entendais parler il y a quelques minutes de l'eau et de l'impact de la consommation
25:18d'eau. On se rend compte que les industriels sont de plus en plus vertueux sur cette consommation
25:23d'eau. Je pense qu'on a parlé tout à l'heure de l'impact du consommateur, c'est-à-dire
25:27un consommateur c'est 80% de la consommation d'eau d'un produit, mais les 20% qui restent
25:31sont chez les industriels et ne sont pas forcément dans le produit, ils sont majoritairement
25:36dans les eaux de lavage, dans l'usine et les industriels sont maintenant très vertueux
25:40et recyclent énormément ces eaux de lavage, les réutilisent pour relaver et ainsi de
25:44suite.
25:45Alors, vous aimez, Richard, comparer les produits cosmétiques, vous allez voir, ça me fait
25:49sourire, avec les automobiles. Vous voulez comparer, mais j'aime beaucoup cette comparaison
25:53et c'est pour ça que j'ai tenu quand même à vous poser cette question parce qu'en préparant
25:56cet entretien, j'ai trouvé que cette métaphore était très juste. Est-ce que vous pouvez
26:01nous expliquer pourquoi vous comparez produits cosmétiques et automobiles ?
26:05Je ne suis pas sûr que ce soit une métaphore, mais bon, merci du compliment. En tant que
26:09j'allais dire professionnel, mais non industriel de la thématique, j'ai souvent la question
26:13dans mon entourage ou dans ma famille ou dans les gens que je rencontre, c'est finalement
26:16quel produit cosmétique acheter ? Quel produit cosmétique me conseillez-vous ? Lequel est
26:20le plus performant ? Lequel est le plus respectueux de l'environnement ? Lequel ceci, lequel
26:25cela ? Je ne sais pas répondre à cette question. Je ne sais pas répondre à cette question
26:29pour plein de raisons. Et j'ai même la question, est-ce que je dois acheter un produit de marque
26:33commerciale en supermarché ? Est-ce que je dois acheter un produit de très grande marque
26:38? Et la réponse que je donne toujours, c'est maintenant on a un cadre réglementaire qui
26:44est très contraint, principalement depuis le début des années 2000, 2003, où on a
26:48parlé juste avant, on parlait d'allégations cosmétiques. Maintenant, un produit cosmétique,
26:51c'est forcément efficace. Cela doit avoir démontré son efficacité. Donc je prends
26:55toujours la comparaison entre deux automobiles. Je compare toujours une voiture grand public,
27:00assez petite, marque française, avec des voitures un peu plus grosses, de marque allemande,
27:05voiture de sport. Et je compare toujours ces deux voitures-là et ces deux véhicules en
27:08disant que les deux véhicules vont vous permettre d'aller un point A à un point B. De toute
27:11façon, vous avez une réglementation qui limite la vitesse, mais vous ne prenez pas
27:14le même plaisir. Et donc je pense que ce côté plaisir, on ne doit pas l'oublier.
27:18On parle de biodiversité, on parle d'efficacité, mais on ne doit pas oublier la performance
27:23sensorielle et on ne doit pas oublier qu'un produit cosmétique, le premier acte d'achat,
27:29c'est un acte plaisir. Et c'est ce qui fait que vous revenez sur ce produit cosmétique.
27:34Merci pour cette comparaison. On avait une question dans l'assemblée tout à l'heure
27:39concernant les tests sur les animaux. Et vous rappelez que l'industrie cosmétique
27:44est en avance sur les autres industries, notamment médicales, concernant les tests et la recherche
27:51à impact limité sur l'environnement, sur tous ces impacts-là, ces sujets-là.
27:56Oui, oui, oui. Je vous ai parlé de Concept.NL, son introduction. Le Concept.NL, c'est quelque
28:00chose qui... Enfin, c'est un concept. C'est un concept qui a une vingtaine d'années,
28:03avec une vraie application, je dirais, dans les cinq dernières années. Un impact très
28:08fort dans les cinq dernières années. Maintenant, l'industrie cosmétique et la réglementation
28:12cosmétique a interdit les tests sur animaux en Europe depuis 2007. Donc, vous voyez, on
28:18a dans l'industrie cosmétique 20 ans d'avance. Dans l'industrie cosmétique, on a entendu
28:23parler ce matin de produits naturels, d'agriculture raisonnée, de produits bio. On y viendra
28:28peut-être un peu plus tard. Mais donc, on voit que finalement, ce Concept.NL qui commence
28:33à s'impliquer et qui commence à se révéler dans d'autres thématiques, il est déjà
28:39en place dans la thématique cosmétique depuis plus d'une vingtaine d'années, à la volonté
28:42à la fois des consommateurs et des industriels.
28:44Effectivement, on va en parler, puisque vous tenez, pour finir, à rappeler qu'il ne faut
28:50plus opposer les agricultures, car toutes, dites-vous, ont des vertus positives concernant
28:57l'efficacité, la sécurité et la qualité des ingrédients, qu'ils soient naturels,
29:02bio ou issus de la pétrochimie. Expliquez-nous.
29:06On peut l'aborder de plusieurs manières, mais peut-être que je vais l'aborder d'une
29:08manière différente. Je vais juste vous prendre un exemple. On a parlé de produits biologiquement
29:14performants. On a parlé de produits sains pour l'environnement. Et puis, il y a quelques
29:19minutes, j'évoquais le côté sensoriel. Et ce côté sensoriel, prenons par exemple
29:25une crème de soin, une crème pour la peau. Ce qui plaît beaucoup aux consommateurs,
29:30c'est ce côté soyeux. Ce côté soyeux, aujourd'hui, c'est de la pétrochimie, c'est des silicones.
29:35Alors, ce n'est peut-être pas très vertueux pour la planète, mais vous n'êtes pas prêts
29:38à abandonner ce côté performance, en tout cas pour l'instant, tant qu'on n'a pas trouvé
29:43un substitut. On est obligé d'avancer avec ces deux vitesses, avec ces trois vitesses.
29:48On est obligé d'avancer, de progresser très rapidement dans le bio, dans le naturel et
29:51ainsi de suite. Mais on est aussi obligé de faire en sorte que nos produits soient toujours
29:55plus performants ou au moins aussi performants qu'avant. Et tant qu'on n'aura pas de substitut
30:00à ces produits d'origine pétrochimique, on sera obligé de faire avec et on sera obligé
30:04de les utiliser. Il faudrait faire aussi très attention au discours du bio et du tout naturel.
30:09Je pense qu'on a beaucoup insisté ces 5, 10, 20 dernières années sur le tout naturel,
30:15le tout bio et ainsi de suite, à tel point que maintenant, on a du mal à faire comprendre
30:19aux consommateurs et aux consommatrices que quand c'est bio, ce n'est pas forcément mieux,
30:22ce n'est pas forcément plus performant et ce n'est pas forcément plus sain pour la planète.
30:25Donc voilà, on aura un discours scientifique à recadrer de ce côté-là et remettre en
30:31perspective l'innocuité d'un ingrédient, la performance d'un ingrédient et son origine.
30:37Merci beaucoup Richard, on peut l'applaudir.
30:39Merci.