La lettre de Pierre Gwiazdzinski, ouvrier
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00:00Pierre a 27 ans, il est ouvrier depuis 10 ans en Lorraine.
00:03Après des problèmes de santé, il décède en juillet.
00:05Il avait écrit ce texte.
00:07Qu'est-ce qui est le pire ?
00:08Le mal de dos ?
00:10Les insomnies liées au travail posté de l'industrie ?
00:12Non, le pire c'est la résignation,
00:15se contenter de ce qu'on a,
00:16alors qu'on en a des talents, souvent insoupçonnés.
00:18Voilà ce qui est le pire,
00:19c'est une frustration indescriptible
00:22de faire un travail répétitif, dénué de sens,
00:24quand on a des idées plein la tête mais le cerveau embué.
00:28Zola, Hugo ont déjà écrit à ce sujet,
00:30il y a des décennies, mais rien n'a changé.
00:32Bien sûr, il y a eu les 35 heures, les congés payés
00:34et autre poudre aux yeux,
00:36mais si on compte 10 heures au bas mot
00:38entre la préparation, la route aller-retour,
00:40les heures de travail et 8 heures de sommeil,
00:42si toutefois on y parvient, que nous reste-t-il ?
00:446 heures de vie pour nous,
00:46heures qu'on consacre à la vie de famille,
00:47si les horaires sont compatibles,
00:49aux tâches ménagères et autres corvées.
00:51Et pour finir, il nous reste 45 minutes
00:53pour s'abriturer devant Netflix,
00:55avant de recommencer ce cycle infernal.
00:57Si on a la chance de travailler dans les hautes sphères,
01:00on travaille pour un capital et une reconnaissance certaine,
01:02mais pour ces ouvriers, qu'en est-il ?
01:05Des invisibles de la société pour les plus chanceux
01:07et des oubliés méprisés pour les autres ?
01:09Loin de moi de propager des idées gauchistes,
01:12je ne suis pas politisée,
01:13je suis simplement submergée.