00:00À quelques jours du début des Jeux Olympiques de Paris,
00:02Voiles et Voiliers et la Fédération Française de Voiles
00:04vous emmènent à la rencontre des 14 athlètes sélectionnés pour représenter la France.
00:08Des femmes et des hommes, tous tournés vers le même objectif,
00:12rafler des médailles et tous unis autour d'une même passion, la mer.
00:27Bonjour Charline.
00:28Bonjour.
00:29Bonjour Sarah. Bonjour.
00:31Donc tu vas représenter la France cet été aux Jeux Olympiques
00:34parmi les 14 athlètes qui sont sélectionnés pour la voile.
00:38Toi, ce sera tes quatrièmes Jeux.
00:41Qu'est-ce qu'ils représentent pour toi ces Jeux-là ?
00:44Et ceux-là, après, chaque Jeux ont été différents.
00:46Alors ceux-là, ils sont en France,
00:48ils sont après une pause maternité de 5 ans,
00:51arrêt de sport total.
00:52Donc c'est avec un challenge que Charline m'a mis au sommet.
00:57Donc c'est vraiment un soulagement d'y être.
01:01Ça y est, c'est concret et voilà que la fête commence.
01:06C'est sûr que c'est un projet.
01:07On est toutes les deux mamans,
01:08donc on a derrière nous nos conjoints, nos familles
01:12qui se donnent à fond pour qu'on vive notre rêve.
01:16Et oui, c'est un certain soulagement de se dire
01:18c'est une partie du pari qui réussit.
01:21Maintenant, on est là pour plus.
01:23Donc on a 3-4 mois pour travailler dur,
01:28pour aller atteindre l'objectif le plus haut possible.
01:30Tu repars pour une toute autre préparation,
01:33enfin pour des tout autres Jeux olympiques
01:36parce que tu es sur un support complètement différent
01:38par rapport à tes autres collègues de l'équipe de France.
01:42Tu t'es mis un peu des bâtons dans les roues
01:44pour cette préparation.
01:46Oui, c'est sûr que quand on signe avec Sarah pour ce projet,
01:50on se dit que c'est un projet un peu fou, clairement.
01:52Sarah, il fallait qu'elle revienne de 5 ans de pause,
01:55une maternité, pas de sport pendant 5 ans.
01:57Moi, je ne connais rien au support,
01:59même si ça reste faire le tour d'un parcours.
02:03Malgré tout, la technique de ce bateau est très complexe.
02:07C'est un bateau qui ne pardonne pas beaucoup.
02:11Donc voilà, un challenge assez fou.
02:15Je me suis amusée à dire impossible à mon préparateur mental.
02:19Il m'a dit non, tu ne serais pas là si c'était impossible.
02:22OK, donc en fait, c'est pour montrer même que c'est possible.
02:26Challenge très élevé.
02:29Pour moi, Sarah, c'est la barreuse talentueuse
02:34avec qui le projet était possible.
02:37C'est sûr que je suis sortie de ma zone de confort.
02:39Si on peut dire que préparer les Jeux en RSX,
02:42c'était une zone de confort.
02:44Je ne suis pas sûre en fait, mais voilà.
02:46En tout cas, je me challenge pour grandir.
02:51Il faut sortir un peu de ses limites,
02:54repousser les limites toujours plus.
02:56Et ça, ça m'intéresse.
02:58Tu as justement un parcours un peu atypique.
03:00Tu as arrêté complètement la voile au niveau.
03:03Et puis finalement, tu repars là pour une Olympiade sur un coup de téléphone.
03:10Oui, c'est ça, sur un coup de téléphone qui avait commencé quand même en 2019.
03:15Après, en réalité, après Rio, j'avais plutôt dit que peut-être,
03:19on ne sait jamais, pour Paris 2024, pourquoi pas.
03:24Maintenant, j'avoue que j'ai tellement coupé pendant les cinq ans,
03:27tellement donné à ma première fille.
03:29Et puis, il y a eu l'arrivée de la deuxième,
03:31mais Shahid m'avait prévenue entre les deux.
03:32Donc finalement, ça a laissé un peu mûrir l'idée de reparticiper à des Jeux olympiques.
03:38Et puis, c'est vrai qu'à l'arrivée de ma deuxième fille,
03:42qui est particulière, qui est très koala,
03:45j'ai eu un besoin de me retrouver moi,
03:47de retrouver finalement la femme qui existait un peu avant les maternités.
03:52Et je me suis un peu oubliée dans ce parcours-là.
03:55Et donc, Shahid m'a préparée en 2019 à ça.
03:58Et quand j'ai vécu les Jeux olympiques de Tokyo derrière mon écran,
04:04c'était dur, j'avais plein d'émotions.
04:06Et je me suis dit maintenant, en fait, j'ai encore une chance de pouvoir y aller,
04:09d'aller chercher le médaille.
04:12Et avec Shahid, c'était évident ?
04:14Oui, avec Shahid, c'était évident.
04:16L'idée de repartir, elle était géniale,
04:17parce que finalement, pour moi, c'était un partage avec ma famille.
04:20D'ailleurs, je n'ai pas réussi vraiment à dire oui.
04:22Il a fallu que mon conjoint me dise oui,
04:26que lui, il était OK pour prendre la décision.
04:28Et puis, finalement, ce partage famille et ce partage avec Shahid,
04:31qui aussi avait une fille,
04:34qui avait connu l'expérience d'une préparation olympique avec sa fille.
04:38Ouais, je ne sais pas, je me sentais bien avec elle.
04:40Donc, let's go, quoi.
04:42Si tu te remémores,
04:45dans le corps de la petite Charline que tu étais,
04:49est-ce que tu pensais être là aujourd'hui ?
04:52Non, non, c'est sûr que la petite Charline,
04:56c'était une enfant très introvertie,
04:58pas forcément très bien dans ses pompes.
05:00Je suis très fière du parcours accompli.
05:03Maintenant, non, non, jamais.
05:05Enfin, je n'avais pas forcément plus de rêve.
05:07Je pense que quand j'ai découvert la voile, c'était vraiment un sport passion,
05:11où j'ai beaucoup de liberté sur ma planche à voile
05:15et où je peux m'exprimer,
05:17parce que c'est quelque chose qui était compliqué
05:21de le faire différemment, en fait, juste par la parole.
05:24Donc, ouais, je ne l'aurais pas cru, en fait, tout simplement.
05:31Là, ce sera donc des Jeux à Marseille, en France.
05:34Tu as toujours été habituée à partir loin de ta famille pour faire les Jeux.
05:38Ça va être très différent pour toi aussi en cela ?
05:42Ouais, les Jeux en France,
05:43clairement, c'est ce qui nous a aussi poussé avec Sarah à repartir dans cette Olympiade.
05:47Ça a évité des déplacements trop longs, trop loin,
05:51que j'avais déjà vécu pour Tokyo.
05:53Et effectivement, ça peut être parfois un peu lourd
05:56pour une maman de se séparer de son enfant en bas âge.
05:59Et puis, oui, vivre les Jeux dans son pays,
06:04la dernière fois, c'était il y a 100 ans.
06:06Donc, on imagine bien la chance que c'est de pouvoir le vivre.
06:10Effectivement, moi, j'ai vécu Rio avec mes proches sur la plage
06:13et c'était exceptionnel.
06:16J'ai vécu Tokyo sans public.
06:18Donc là, Paris, c'est l'apothéose, quoi.
06:23Ouais, franchement, j'espère qu'on va vivre des belles émotions.
06:27Vous avez l'air de beaucoup fonctionner au feeling, Charline et toi.
06:31Malgré tout, vous êtes comme de très grandes compétitrices, j'imagine.
06:35Quelle est la part des deux ?
06:38Vous mettez un peu plus en avant, justement, le côté feeling sur le bateau ?
06:42Les deux.
06:43Alors, Charline est une compétitrice qui a vraiment besoin de cet objectif pour la motiver.
06:47Moi, je ne suis pas vraiment une compétitrice.
06:49Je suis une compétitrice avec moi-même.
06:51Donc, on se challenge comme ça.
06:54Il y a beaucoup de feeling, à la fois chez Charline comme chez moi,
06:58mais de manière différente.
06:59Moi, je vais vraiment être feeling vent, instinct.
07:03Je le sens par là, c'est parti.
07:05Et elle, elle a un autre feeling lié aux adversaires,
07:08lié à ce qu'elle ressent, à cette énergie qu'elle a en elle.
07:11Donc, franchement, l'association nous deux depuis le début est assez intéressante.
07:16On est très complémentaires.
07:17Et Charline a rattrapé le retard qu'elle avait
07:20parce qu'elle ne savait pas ce que c'était un boot avant sur un bateau
07:24et ce qu'était vraiment un bateau.
07:26Franchement, c'est incroyable son parcours sur ce 49er.
07:30Charline, elle a appris de fou.
07:32Enfin, il faut se rendre compte.
07:34Plus on avance dans le projet, plus on arrive à des points.
07:37Et des fois, je me dis, mais waouh, c'est vrai que moi,
07:40j'ai tout ce bagage quand même sur un bateau d'expérience avant.
07:44Il faut se dire que sur les départs,
07:46les fonctionnements de départ sur des bateaux,
07:48de jouer le petit trou, etc.,
07:50c'est des choses que moi, je connais depuis 20 ans.
07:53Elle, sur sa planche à voile, ça n'avait rien à voir.
07:56Donc, on développe des automatismes aussi.
07:58Donc, elle, elle ne les a pas.
07:59Donc, il faut qu'elle apprenne ce que c'est que son foc,
08:01qu'est-ce qu'elle doit faire, à quel moment,
08:03techniquement, par rapport au bateau
08:04et puis par rapport à tout l'environnement qu'il y a autour.
08:07Franchement, elle s'est mis une montagne, là.
08:10Et tu as été sa première coach, finalement.
08:11Oui, oui, c'est vrai.
08:12Voilà, ça, il faut déconstruire.
08:14Alors, il ne faut pas oublier que je suis un peu instite dans l'âme
08:16et que j'aime bien faire apprendre.
08:18Donc, j'avais un peu ce rendeur-là sur le bateau,
08:20mais on n'a plus le droit de l'avoir le jour du jeu.
08:22Sur une compétition, ce n'est plus l'instite derrière
08:25et puis l'apprenante devant, tu vois.
08:27Donc, ça, il faut un peu déconstruire.
08:28Ce qui s'est fait un peu au début.
08:30Parce que Sharyn, c'est une guerrière,
08:32c'est un petit monstre intérieur
08:33et ça, il faut qu'elle le sorte, quoi.
08:35Merci !
08:48Rendez-vous à Marseille du 28 juillet au 8 août
08:50pour suivre l'équipe de France.
08:58Sous-titrage Société Radio-Canada