• il y a 4 mois
La ville des Hauts-de-Seine, où La France insoumise a tutoyé les 53 % lors des européennes, vote historiquement à gauche. Grâce aux réseaux d’entraide, à une histoire engagée et à des discours politiques proches des habitants, estiment élus et militants de terrain.

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Transcription
00:00Bonjour !
00:01Les quartiers populaires tentent de résister à la percée du rassemblement national.
00:05Parce que là vous avez été voté aux européennes ?
00:06Oui mais je l'ai dit au monsieur, je m'excuse de vous dire ça, j'ai voté pour l'EU.
00:10Je suis allé en reportage en région parisienne,
00:12dans une zone qui reste majoritairement de gauche.
00:14Parce que je pars du principe que la dignité humaine,
00:16c'est ce qui permet de sourire aux autres.
00:18Ok, me voilà tout juste arrivé à Gennevilliers.
00:26Là où la France Insoumise a fait un score électoral
00:28de plus de 50% lors des élections européennes.
00:31C'est d'ailleurs justement pour ça qu'on est venu ici,
00:33pour essayer de comprendre quelle est la recette de cette gauche
00:36pour faire un score électoral aussi important.
00:38Parce que ça dure depuis plusieurs années déjà.
00:40D'autant plus que le rassemblement national est arrivé très très loin derrière
00:44lors des élections européennes, avec un score d'un peu plus 10%.
00:47Et donc pour comprendre tout ça,
00:48on va aller rencontrer plein d'acteurs de terrain.
00:50Et pour commencer, on va aller voir monsieur le maire Patrice Leclerc.
00:53Donc là nous sommes dans le quartier des Agnètes,
00:58qui est un quartier avec 98% de logements sociaux.
01:03Donc il y a ici une des populations les plus pauvres de Gennevilliers.
01:06Et c'est un quartier où le RN fait un score un peu plus élevé que les autres quartiers,
01:12mais beaucoup moins qu'au niveau national puisqu'il doit être à 16%.
01:15Et pourtant, dans les années 80,
01:16le Front National faisait des scores de plus de 20% ici.
01:20Il y a eu de notre part des modifications de nos activités politiques.
01:24En compte de cela, non pas pour aller dans le sens du RN,
01:26mais justement pour aller dans le sens de se dire
01:29qu'il faut que toute la population soit fière de sa ville.
01:32Alors concrètement, ça s'est illustré par un renforcement des services publics.
01:36Par exemple, à Gennevilliers, il y a trois espaces socioculturels,
01:39des endroits d'échanges et de rencontres.
01:40Résultat, on voit que c'est assez agréable.
01:43Il y a aussi neuf écoles élémentaires, dont une reconstruite tout récemment.
01:47On est une ville aussi qui fait la démonstration
01:49que quand on met des moyens là où il y a besoin,
01:52le plus de besoins, ça marche.
01:54Et c'est mieux que de disperser la pauvreté pour pas qu'on la voit,
01:57mais faire en sorte que les gens souffrent en silence dans leur coin.
02:00Est-ce que l'on a des politiques publiques qui rendent les gens fiers d'eux-mêmes ?
02:04Parce que je pars du principe que la dignité humaine,
02:07c'est ce qui permet de sauver vos autres.
02:08Et plus on tape sur des gens, plus on les humilie,
02:11plus il y a du ressentiment, plus on se replie,
02:12plus il y a de la haine de soi et de la haine de l'autre.
02:14Patrice Leclerc sait que tout n'est pas tout rouge pour autant à Gennevilliers.
02:17Par exemple, la ville connaît encore des épisodes de délinquance
02:20et de rixes entre bandes rivales.
02:22Tué de plusieurs coups de couteau lors d'une bagarre entre adolescents
02:26de la cité du Lutte à Gennevilliers et celle des Courtilles à Agnières.
02:30Allez, tranquille, on va pas s'en premier.
02:33Très bien.
02:34Voilà, donc tout va bien.
02:36Faut le meilleur des mondes.
02:38Allez, bon courage.
02:39Pendant ma visite du quartier des Agniettes,
02:41le maire m'a aussi parlé de la tradition de lutte très présente à Gennevilliers.
02:45Comme lorsque des habitants se sont mobilisés et ont manifesté
02:47pour faire venir des enseignants supplémentaires.
02:50La lutte aide à ne pas renvoyer le problème sur les autres
02:55et à développer de la haine de soi parce qu'on se replie
02:57et de la haine de l'autre ensuite.
02:59Les luttes permettent plutôt de développer de la solidarité,
03:01de l'interconnaissance et d'avancer.
03:03Mais lors des élections, l'abstention reste très importante à Gennevilliers.
03:06Elle a atteint 56% lors des européennes,
03:09nettement au-dessus de la moyenne nationale.
03:12L'abstention avait même empêché la députée Elsa Faucillon
03:16d'être élue dès le premier tour lors des législatives de 2022.
03:19Elle avait largement remporté le second tour face à la candidate macroniste.
03:24Il y aura une réélection au niveau européen ?
03:26Non, en France, pour l'Assemblée nationale.
03:29À Gennevilliers et ses alentours, les équipes militantes de gauche
03:32sont très présentes sur le terrain pour informer sur ces législatives anticipées
03:36et pour convaincre.
03:36Parce que là, vous avez été votée aux européennes ?
03:38Oui, mais je l'ai dit au monsieur, je m'excuse de vous dire ça,
03:41j'ai voté pour le palais.
03:42Vous avez voté pour Bardella ?
03:43Oui.
03:44Pourquoi vous l'avez fait, vous ?
03:46Je l'ai fait parce que j'estime que je me dis,
03:49peut-être qu'on aura quelque chose, je ne sais pas.
03:51Moi, ce que je peux vous dire,
03:52parce que j'en ai vu des députés RN en face de moi,
03:55sur la question sociale, ils sont à la ramasse, d'accord ?
03:58Quand on a proposé d'augmenter le SMIC, ils ont voté contre.
04:02Quand il y a des lois qui, justement, veulent favoriser le pouvoir d'achat,
04:06en fait, à chaque fois, la seule chose qu'ils ont à dire,
04:10c'est de pouvoir parler des étrangers.
04:11En fait, ils font semblant de s'intéresser aux travailleurs français
04:14juste pour pouvoir parler des travailleurs étrangers.
04:16Moi, j'applique à l'étranger.
04:18Mais je vais vous dire que c'est vrai qu'ils ont laissé rentrer, rentrer.
04:21Alors, on leur paye les loyers.
04:24Madame, on ne leur paye rien, on ne leur paye rien.
04:27Je ne sais pas si elle va le faire, si elle va voter pour toi.
04:30Elle a dit, elle a dit, je vais voter pour vous.
04:32Je pense qu'elle a été convaincue parce que ce qui l'a préoccupé,
04:36c'était ma retraite, ma retraite à moins de 800 euros.
04:39Et que nous, on réclame, bien entendu, le minimum.
04:43Bon, non, non, c'est très bien qu'elle t'ait parlé.
04:45La grosse mobilisation sur le terrain des militants de gauche
04:47explique aussi que leurs idées infusent particulièrement bien ici.
04:50Je vous laisse.
04:53Lors de mon reportage à Gennevilliers,
04:55je n'ai pas vu les affiches des autres partis politiques, ni leurs équipes.
04:58On finit là-bas le pâté de maison ?
05:02Oui.
05:03Le bout de vos marchés ?
05:04Oui, le bout de mon marché.
05:05C'est parti du Front populaire.
05:14Il faut être sur place, bien sûr, les réseaux sociaux existent,
05:17mais il faut être sur place et puis, comme vous l'avez vu,
05:19discuter avec les personnes à partir de leurs préoccupations.
05:22Les Français, comme nous autres,
05:26ça ne veut rien dire, par exemple,
05:28moi, je suis d'origine immigrée, d'origine italienne.
05:31Oui, toi, ça se voit un peu.
05:33Oh, excuse-moi, vous avez vu comment elle est avec moi.
05:38Bonjour.
05:39Salut, maison.
05:39Pour les élections législatives.
05:41Les gens, ils ont une vue aussi de la politique
05:44et de ceux qui font la politique très éloignés.
05:47Parce que c'est vous que ça regarde aussi.
05:50Qu'ils fassent le lien entre les politiques, la politique
05:55et des gens qui vivent comme eux dans les mêmes quartiers, etc.
06:00C'est fondamental.
06:01Parce que les gens ne se désintéressent pas du tout de la politique.
06:05C'est la politique qui se désintéresse.

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