• il y a 4 mois
La montée dans les sondages du Nouveau Front populaire dominé par LFI et du Rassemblement National électrise le débat des élections législatives.
Est-on au bord de la rupture en France sous l’effet de la radicalité d’extrême gauche ou d’extrême droite ? Ou bien cette dramatisation est-elle exagérée, l’une et l’autre de ces forces appartenant à l’arc républicain ?
Pour en débattre, Denis Olivennes reçoit Alain Finkielkraut dans « Élémentaires ». Les inquiétudes qu’il a exprimées sont-elles bien légitimes ?
Année de Production : 2023

Category

📺
TV
Transcription
00:00Générique
00:14Bienvenue dans Élémentaire, l'émission de Public Sénat qui essaie de donner de la profondeur de champ aux éléments de l'actualité.
00:21Un coup de dé jamais n'abolira le hasard, avait écrit Mallarmé, mais il peut plonger tout un pays dans l'inquiétude ou dans l'incertitude.
00:30C'est en tout cas l'effet de la dissolution surprise décidée par le président Macron et nous avons voulu débattre de ces événements,
00:38de leur signification, de leur prolongation ultérieure. Et nous avons invité pour cela Alain Finkielkraut.
00:45Bonsoir Alain, qui a publié un remarquable livre chez Gallimard qui s'appelle Pêcheur de perles dans lequel il commente une série de citations qui l'ont marqué.
00:54Alain Finkielkraut, vous êtes considéré par les uns comme un néo-réac, par d'autres comme quelqu'un qui conserve les valeurs qu'une gauche universaliste a abandonnées
01:05et qui a une valeur qui ont animé votre jeunesse. Et on s'est dit que c'était une bonne idée de débattre avec vous de cette situation.
01:13Je voudrais d'abord qu'on commence en vous interrogeant sur le geste inattendu du président de la République.
01:19Quelle est, vous, votre analyse de ce passage à l'âte que personne n'avait envisagé ?
01:25Je dois dire que je ne comprends pas très bien. Le président de la République veut consulter le peuple alors même qu'il vient de le faire.
01:38Le peuple a parlé. Son verdict des Européennes risque d'être amplifié aux législatives.
01:48Et peut-être, le président de la République a-t-il prononcé la dissolution du macronisme ?
01:56C'est la question que l'on est amené à se poser. Et beaucoup de politistes pensent qu'il aurait dû au moins attendre le mois de septembre
02:08un blocage de l'Assemblée nationale face au budget, par exemple. Et à ce moment-là, il aurait pu se tourner vers les électeurs en disant
02:18« Cette Assemblée ne me permet pas de travailler. Alors prononcez-vous ». Il a choisi une autre voie pour des raisons sincèrement que je ne m'explique pas.
02:29Mais est-ce qu'on ne peut pas dire aussi, lui, qu'on a accusé d'être bonapartiste, de ne pas écouter le peuple, d'être dictatorial ?
02:38Est-ce qu'on ne peut pas simplement reconnaître qu'il a voulu s'en remettre au peuple souverain ? Il avait une chambre ingouvernable.
02:45Le peuple s'était exprimé à l'occasion des Européennes et manifestement contre lui. Et il a voulu donner au peuple l'occasion de recréer au Parlement
02:54la majorité qui permettrait de gouverner. C'est après tout une lecture des institutions.
02:58Oui, c'est vrai. Mais dire qu'il faut donner la parole au peuple au moment où on vient de le faire est assez étonnant.
03:07La France semble se fracturer en deux blocs, l'un et l'autre voulant l'hégémonie. Et la Macronie risque d'être spectatrice de ce déplorable spectacle.
03:25Et comment vous expliquez précisément cette radicalisation du débat public ? On voit en effet que, pour reprendre une expression que vous avez écrite autrefois,
03:38la défaite de la pensée, on pourrait parler de la défaite de la raison en politique. Comment vous expliquez que les gouvernements modérés soient à la peine
03:46et que ce soit les ailes radicales qui l'emportent de part et d'autre ?
03:51Alors, je ne pense pas que ce soit la défaite de la raison. Il y a une rationalité dans cette double radicalisation.
04:01D'abord, parlons de ce qu'on appelle l'extrême droite. Les Français vivent dans un État grandissant d'insécurité physique et culturelle.
04:17La population change avec une immigration massive. Beaucoup de Français ne reconnaissent pas leur propre pays et sont amenés à constater
04:33que leur angoisse existentielle n'est véritablement prise en compte que par le Rassemblement national, à la différence d'autres pays européens.
04:44Je pense au Danemark, où c'est un gouvernement social-démocrate qui rétablit drastiquement le contrôle des frontières.
04:56L'autre pôle, c'est la gauche, et donc maintenant le nouveau fonds populaire. Eh bien, la France insoumise, disons, regarde les choses,
05:12voit en effet le peuple changer et s'aligne sur les positions, les postures les plus dangereuses du nouveau peuple.
05:25Mais c'est un calcul, ce n'est pas un délire. Et d'ailleurs, ça fonctionne, ça fonctionne.
05:32C'est-à-dire, moi, j'aurais espéré dans ma grande naïveté que le choix, si vous voulez, presque antisémite des élections européennes,
05:45avec Rima Hassan disant partout qu'Israël est une monstruosité sans nom, pas le gouvernement israélien,
05:56j'aurais espéré que ce choix serait sanctionné par les urnes, pas du tout. Près de 10% de votes favorables à la France insoumise.
06:06Et il y a une réserve de voix dans les quartiers dits populaires parce qu'il y a eu beaucoup d'abstentionnistes.
06:14Donc c'est aussi une forme cynique de rationalité.
06:19– Je vais revenir sur ces deux points. Je commence par le premier, le Rassemblement national dont vous dites
06:24qu'il exprime la colère des Français s'agissant de l'immigration, de ce que vous avez appelé l'insécurité matérielle et culturelle.
06:33Est-ce que, quand on regarde ce pays, Sylvain Tesson, qu'on ne peut pas suspecter d'être un gauchiste, avait dit
06:45les Français vivent dans un paradis dont ils pensent qu'il est un enfer ?
06:50Quand on regarde objectivement la situation de ce pays, y compris sur la question que vous évoquez,
06:55celle de l'immigration, pour laquelle il y a eu, depuis une vingtaine d'années,
06:59une transformation assez importante des politiques des partis gouvernementaux.
07:04On l'a vu encore avec la loi sur l'immigration votée par la majorité actuelle et qui lui a valu la défaveur de l'opinion de gauche.
07:13Quand on regarde objectivement ce pays, la situation de sa sécurité sociale, de son école, de ses routes,
07:19le niveau de pouvoir d'achat des habitants, objectivement, et qu'on le compare à la situation des autres pays,
07:24et même sur la question de l'immigration, on se dit qu'on peut être mécontent,
07:30mais au point d'être en colère et de voter pour des partis dont on sait que, quand on regarde leur programme,
07:37que le danger qu'ils constituent est conséquent, il y a une disproportion…
07:41Entre le mécontentement et la réaction. Et je reviendrai après sur l'antisémitisme.
07:46Il n'y a aucune disproportion. L'angoisse existentielle des Français est tout à fait légitime.
07:53La France pourra-t-elle persévérer dans son être ? A quoi ressemblera-t-elle dans 50 ans ?
08:00Deux millions de titres de séjour ont été donnés, accordés depuis 2017.
08:07C'est l'équivalent de la population de Paris ou de la population des Bouches-du-Rhône.
08:13Certains immigrés rentrent chez eux, mais un sur quatre, les autres restent.
08:18C'est un bouleversement considérable, énorme.
08:22Et puis, il y a une insécurité physique, des agressions au couteau, tous les jours.
08:28Et vous avez un site qui s'appelle Médias Citoyens, qui dit que les journalistes ont une responsabilité
08:34dans la montée du Rassemblement national parce qu'ils montent en épingle des faits divers.
08:40Ce ne sont pas des faits divers.
08:42Si vous voulez, quand, par exemple, on apprend que l'incendiaire de la synagogue de Rouen
08:51est un jeune Algérien qui faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français,
08:57qu'est-ce qu'on pense ? On se dit, mais...
09:00On se dit, mon Dieu, mais tout change, tout change.
09:04Et vous dites, sécurité, tranquillité.
09:07Vous voyez comment on vit à Paris ?
09:09Moi, je vivais à Paris dans les années 70.
09:11Si vous voulez, les maisons, les immeubles n'étaient pas des coffre-forts.
09:18Maintenant, il y a combien de digicodes ? Et ça, c'est dans les centres-villes.
09:21Alors, imaginez-vous ce qui se passe dans la France périphérique.
09:26Non, cette angoisse est tout à fait légitime, elle est subjective
09:31et elle correspond à l'objectivité des faits.
09:35– Je pense que je ne peux pas vous contredire sur l'impression perçue
09:41par notamment les milieux populaires, mais ce n'est pas parce que cette impression existe
09:46qu'elle retrace une réalité objective.
09:49On pourrait, ce n'est pas le débat d'aujourd'hui,
09:52mais on pourrait prendre toute une série d'éléments statistiques
09:55sur la criminalité, la délinquance, et démontrer ce qui est nouveau,
09:58ce qui est nouveau, c'est l'exposition de ces faits.
10:01– Ce qui est nouveau, c'est l'explosion.
10:03L'explosion des actes antisémites, l'explosion des actes de délinquance.
10:07On en vient à dire, si vous voulez, qu'il faut construire toujours plus de prisons.
10:11C'est un peu bizarre.
10:13Si la civilisation était encore de mise, si la France restait un pays civilisé,
10:19on ne serait pas obligé de construire toujours, d'ouvrir toujours plus de places de prison.
10:25Et les agressions aux couteaux, je les ai inventées.
10:27– La population augmente.
10:28Mais revenons un instant à LFI, parce qu'on a parlé du Rassemblement national,
10:32je vais y revenir, mais quand vous dites la campagne antisémite d'LFI,
10:39beaucoup disent, il y a en effet des expressions antisémites,
10:43elles sont indiscutables au cours de la campagne,
10:46mais globalement, on ne peut pas confondre la condamnation,
10:51même parfois violente, de la politique de l'État d'Israël, et l'antisémitisme.
10:57On ne peut pas interdire l'expression d'une critique de la politique de Netanyahou,
11:02du gouvernement israélien, mais même d'un gouvernement qui ne serait pas celui de Netanyahou,
11:05tout en étant antisémite pour autant.
11:07– Écoutez, j'ai dit moi-même, j'ai écrit,
11:10que Netanyahou était le pire Premier ministre de l'histoire d'Israël.
11:14Donc évidemment, je pense que la critique d'Israël a toute sa place,
11:18du gouvernement d'Israël, et je suis solidaire des manifestants israéliens
11:24qui descendent dans la rue tous les jours pour exiger la démission de Netanyahou
11:29et la tenue d'une nouvelle élection.
11:32Mais il ne s'agit pas de cela, génocide, génocide, ce mot est absurde,
11:37il est employé pourquoi ?
11:39Pour déloger les Juifs de leur piédestal victimaire,
11:44et pour retourner le devoir de mémoire contre eux, la Shoah contre eux.
11:48La Shoah, c'est vous qu'il a pratiqué aujourd'hui,
11:52vous les Israéliens, vous les Sionistes, vous les Juifs solidaires d'Israël,
11:56donc vous les Juifs, vous êtes des génocidaires,
12:00vous menez une politique d'apartheid, vous êtes épouvantables.
12:04Et ça donne, à la rue d'Ulm ou à Sciences Po,
12:09Sionistes hors de nos facs, Sionistes, ça veut dire Juifs hors de nos facs.
12:14Dans les années 70, nous disions, nous disions quoi ?
12:18Nous sommes tous des Juifs allemands.
12:20Maintenant, mai et juin 2024, qu'est-ce qu'ils disent les étudiants d'avant-garde ?
12:26Nous sommes tous des antisémites enragés.
12:30Voilà où nous en sommes aujourd'hui, et c'est extrêmement inquiétant.
12:34– Est-ce que le Front populaire ne se résume pas à quelques-uns de ceux
12:41qui, en effet, ont eu des propos pour le moins déplacés
12:45et sulfureux sur cette question ?
12:47Le Front populaire, ce sont, c'est François Hollande désormais,
12:51c'est le soutien de Lionel Jospin, c'est Glucksmann,
12:55et il y a donc toute une frange de cet électorat,
12:57et même une très large frange des militants du Front populaire,
13:02de ceux qui sont élus, qui ne partagent en rien ces vues,
13:05et qui considèrent que la solution palestinienne,
13:08c'est une solution à deux États et qui protège les Juifs.
13:12– D'accord, mais c'est des gens, des gens,
13:15et j'inclue tous ceux que vous avez nommés,
13:19qui acceptent de pactiser avec l'antisémitisme
13:23pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir.
13:25On en est là, on vit ce paradoxe infernal, si vous voulez.
13:30Et Raphaël Glucksmann, Raphaël Glucksmann a obtenu
13:35un score très confortable, 14% des voix.
13:38Il a axé sa campagne, notamment sur l'Ukraine.
13:42Le Front populaire, avec un LFI dominant,
13:45je veux dire, fera bon marché de l'Ukraine.
13:48La dignité lui aurait commandé, lui, après les élections européennes,
13:53d'appeler à voter pour la majorité,
13:57parce qu'il aurait été sûr que sur l'Ukraine,
14:00la France aurait tenu bon.
14:02Il ne l'a pas fait, alors même qu'il a été qualifié
14:10par Ami Duara, un candidat investi par le nouveau Front populaire,
14:17il a été qualifié donc de candidat sioniste,
14:21investi par une droite libérale prétendument de gauche.
14:26Candidat sioniste, il n'est pas sioniste Raphaël Glucksmann,
14:29ça veut dire candidat juif.
14:31Et il a accepté de faire alliance avec ces gens-là,
14:36tout ça au nom d'un antifascisme totalement imaginaire.
14:40– D'accord, mais le Rassemblement national,
14:43parce que vous avez l'air de réserver vos flèches,
14:47principalement à LFI.
14:50Le Rassemblement national, c'est certes civilisé
14:55sur la question du racisme ou de l'antisémitisme,
14:58mais par ailleurs, quand vous regardez la position
15:02du Rassemblement national sur l'Ukraine et la Russie,
15:07ses amitiés, ses complaisances avec Poutine,
15:09quand vous regardez surtout le risque que représente ce parti
15:14pour l'État de droit, c'est-à-dire la menace potentielle
15:18de transformation de nos règles qui garantissent
15:21que quel que soit le vote des électeurs,
15:23le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État,
15:26une série de points de rééquilibrage
15:31évitent les mesures contraires aux principes généraux de la République.
15:37Est-ce que ça, ça n'est pas un enjeu ?
15:39Parce qu'il y a la parole du Front national
15:40et il y a ce qu'il fera quand il sera doté des pouvoirs
15:44que la Constitution lui donnera.
15:46– Alors, plusieurs choses.
15:48Le Conseil constitutionnel, saisi par Emmanuel Macron,
15:52a censuré l'essentiel de la loi immigration.
15:56Censément voulue par la majorité.
15:58Et là, je dois dire que Jordan Bardella
16:01doit une fière chandelle à Laurent Fabius.
16:04Ça, franchement, c'est son meilleur allié, premièrement.
16:08Deuxièmement, je suis un adversaire résolu du Rassemblement national.
16:13Pour les raisons que vous dites, l'antifascisme,
16:19l'antifascisme, je pense aujourd'hui, est une sorte de rêve.
16:25Il y a un certain nombre de gens qui disent
16:27que le fascisme ne passera pas,
16:29mais leur idée, c'est que le fascisme ne trépassera pas.
16:32Sans cet ennemi suprême, ils seraient complètement perdus.
16:37Ils erraient désemparés dans un monde devenu indéchiffrable.
16:42Mais il y a d'autres raisons de se mobiliser
16:45contre le Rassemblement national.
16:46Un programme économique délirant, et surtout,
16:50vous avez raison, l'Ukraine.
16:52Alors, ils ont un peu ripolliné leur discours.
16:55Il n'empêche, c'est un parti qui a un très fort tropisme pro-russe,
17:01pour des raisons, d'ailleurs, liées à son idéologie.
17:04L'idée que Poutine incarnerait, face à la décadence LGBT, etc.,
17:11les vraies valeurs de la civilisation.
17:13Philippe Reynaud l'a dit, citant Michelet,
17:15la Russie vous dit, je suis l'orthodoxie,
17:19elle dira bientôt, je suis le socialisme,
17:21et maintenant, elle est en train de dire,
17:23je suis le conservatisme, et Philippe Reynaud ajoute,
17:26les conservateurs feraient mieux de ne pas s'y laisser prendre.
17:28Donc, je suis tout à fait d'accord avec vous là-dessus.
17:33Simplement, il ne faut pas se tromper d'époque.
17:36Il faut combattre le Rassemblement national,
17:38non parce qu'on voudrait qu'il dise,
17:41mais exactement pour ce qu'il dit et pour son programme.
17:44– Heureux de vous entendre dire, parce que,
17:46sans avoir besoin de recourir à l'idée du fascisme,
17:49qui paraît en effet inadaptée à la question du Front national,
17:55on observe tout de même, en Europe,
17:58depuis une vingtaine d'années, peut-être même un peu plus,
18:01la résurgence moderne de l'idée contre-révolutionnaire,
18:05hostile à l'idée des Lumières.
18:07Ça a commencé avec Victor Orban qui l'a dit lui-même,
18:10il s'est lui-même désigné dans une discussion à l'époque
18:13qu'il avait avec Angela Merkel en disant,
18:15nous sommes les partisans d'un régime illibéral,
18:19qui n'aime pas la liberté.
18:20Donc sans qu'on ait besoin de recourir à l'idée du fascisme,
18:25on peut combattre le Rassemblement national
18:27parce qu'il est une force contre-révolutionnaire.
18:29Vous dites que LFI est une force, en quelque sorte, révolutionnaire,
18:34mais révolutionnaire au sens plutôt des bolcheviks
18:37que de la Révolution 89.
18:38Mais on a en face une force contre-révolutionnaire
18:40qui est également inquiétante pour les libertés,
18:43pour l'état de civilisation que nous avons construit.
18:45D'abord, oui, mais il ne faut pas leur faire dire non plus
18:48ce qu'ils ne disent pas.
18:49Je ne suis pas absolument sûr, je ne vois pas de filiation
18:53entre Joseph De Maetre et le Rassemblement national.
18:55Et c'est une candidate investie aussi par la France Insoumise,
19:01en Seine-et-Marne, Amal Bentoussi, qui dit
19:04qu'on ne peut pas reprocher à un croyant d'être homophobe
19:08si sa religion le lui commande.
19:10Voilà, on a ça aussi.
19:12Donc, il faut évidemment se battre sur les deux fronts,
19:16mais je vais vous énerver.
19:18Je vais vous énerver, Olivier.
19:20On a entendu Serge Klarsfeld, et il passe un mauvais quart d'heure
19:24à cause de ce qu'il a dit.
19:25Simplement, on n'a pas entendu sa phrase principale.
19:29Il a dit, pour moi, pour les Juifs,
19:33c'est LFI qui représente le plus grand enjeu.
19:36Et l'antisémitisme est presque intégralement passé
19:38de ce côté-là.
19:39Mais il a ajouté, la France Insoumise est un ennemi,
19:43le Rassemblement national est un adversaire.
19:46Et malheureusement, c'est en train de devenir le cas.
19:50Réfléchissez, réfléchissez.
19:53Tout le monde fait ce jeu de société.
19:552025, vous avez un deuxième tour, Mélenchon-Marine Le Pen.
20:00Vous faites quoi ?
20:01Vous dites, je m'abstiens éventuellement.
20:03D'autres diront, non, Front populaire.
20:05Mais ceux qui s'abstiennent peuvent faire le jeu de Mélenchon.
20:07C'est quoi l'avenir pour les Juifs de France
20:10si Mélenchon arrive au pouvoir ?
20:12Ils vont être amenés à faire leur bagage.
20:14C'est ça, la réalité.
20:17Elle est terrible.
20:18Je pense que nous vivons une sorte de cauchemar
20:20et que, de toute façon, la situation actuelle
20:23est un crève-cœur pour les Juifs français.
20:25La question des Juifs est importante.
20:27Je ne dis pas qu'elle est négligeable.
20:28En plus, elle est un symptôme.
20:30En général, elle est le symptôme de quelque chose d'autre.
20:34Elle est le symptôme d'une hostilité profonde
20:36au modèle républicain et aux libertés.
20:38On n'a pas vu de pays ou de forces politiques antisémites
20:42qui aient été respectueuses des libertés des autres.
20:44Mais il n'y a pas que la question des Juifs dans la République.
20:48Il y a aussi du côté des gens qui votent pour le Front populaire
20:53d'autres aspirations que l'aspiration à la question des Palestiniens.
20:58Vous avez tout à fait raison.
20:59Mais à ce moment-là, on fait subir au Front populaire
21:07le même examen qu'au Rassemblement national.
21:09On regarde les propositions économiques du Rassemblement national,
21:11on s'arrache le feu et les cheveux.
21:13Et celles du Front populaire, n'importe quelle économie,
21:16c'est chiffre à 300 milliards.
21:18Elles n'ont aucun sens.
21:20L'abolition du principe de réalité ne peut pas être une politique.
21:25Et c'est malheureusement vers cela.
21:27En plus, on le fait au nom du peuple pour regagner les classes populaires,
21:33perdues par la gauche, il faut bien le reconnaître.
21:35Mais qui va payer les pots cassés ?
21:37Vous le savez mieux que moi.
21:39Vous êtes plus férue en économie.
21:41Ce sera augmentation d'impôts.
21:43Donc le peuple lui-même.
21:45Voilà pourquoi ce nouveau Front populaire est très dangereux.
21:50Et là, je rejoins Emmanuel Macron.
21:52Léon Blum doit se retourner dans sa tombe.
21:55Je vous repose la question.
21:57Si vous aviez à choisir, dans un second tour,
21:59entre un candidat RN et par exemple Mme Rousseau,
22:05qui a été absolument impeccable sur la question du Hamas ou d'Israël,
22:11et qui a été intraitable sur la question de l'antisémitisme,
22:14et qui a même condamné les purges,
22:16mais dont vous êtes séparés partout.
22:21Qu'est-ce que vous feriez ?
22:24Ce serait un peu compliqué,
22:26parce que je vous signale aussi que Sandrine Rousseau
22:28a demandé d'instaurer un délit de non-partage des tâches ménagères.
22:35Alors comme je ne suis pas très bon en charge mentale,
22:37j'aurais un peu les chocottes.
22:40Mais sérieusement, entre un candidat du Front populaire
22:43qui ne serait pas suspect
22:45ni d'avoir voulu la disparition de l'État d'Israël,
22:49ni d'avoir proféré des propos antisémites,
22:55et qui serait par ailleurs appartenant à une gauche sociale démocrate ou modérée,
22:59face à un RN, votre choix me paraît évident, non ?
23:01Mon choix vous paraît évident.
23:05Cependant, moi, je peux vous dire les choses autrement.
23:09Vous avez Aymeric Caron, David Guiraud, Louis Boyard,
23:17ou Rima Hassan d'un côté, et de l'autre côté, Louis Alliot.
23:23Et je vous demande, qui est communautariste ?
23:27Qui est antisémite ? Qui est antilaïque ? Qui est antirépublicain ?
23:31La réponse saute aux yeux.
23:33Mais de toute façon, je vous répète, nous vivons un véritable cauchemar.
23:39Je ne voudrais pas être placé dans cette situation,
23:43mais je ne veux pas non plus qu'on me demande de pactiser avec l'antisémitisme
23:49pour faire barrage à l'extrême droite.
23:51Donc au fond, tout en contestant ou en ne comprenant pas la décision du Président de la République,
23:55vous êtes macroniste.
23:57Vous êtes macroniste à la fin.
23:59N'ayant à choisir ni les uns ni les autres, vous allez voter pour une force centrale.
24:03Aujourd'hui, oui, je ne le suis pas du tout.
24:07Je reproche beaucoup de choses à Emmanuel Macron.
24:11Je reproche surtout son zigzag.
24:13C'est-à-dire, vous avez Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale,
24:17parce que l'éducation nationale est en ruine.
24:19On ne peut pas dire que la France ne va pas bien
24:21quand on voit la situation de son système scolaire.
24:25Et puis après Pape MDI, et puis après Gabriel Attal, et puis après Nicole Bellouguet.
24:29C'est de l'ivronnerie. Ce n'est pas une politique.
24:33Donc j'ai des reproches à lui faire.
24:35Mais dans la situation où nous nous trouvons,
24:37oui, il me semble que je voterai, en effet, peut-être pas pour Emmanuel Macron,
24:43mais pour que Gabriel Attal, que j'aime bien, reste Premier ministre.
24:49– Une dernière question Alain Finkielkraut.
24:51De quoi, qu'est-ce que nous pouvons redouter ?
24:53Quelle est la peur principale que nous pouvons avoir pour l'après-élection, selon vous ?
24:59– Je pense que tous les scénarios sont inquiétants.
25:05Le Front populaire, majorité absolue, ce serait terrible, ce serait délirant.
25:13Le Rassemblement national aussi, et une assemblée ingouvernable
25:21pour les trois ans à venir, ce sera une très mauvaise nouvelle pour la France.
25:25– Bon ben nous voilà munis d'un optimisme de bonne allure.
25:29– Oui, vous n'en attendiez pas moins de moi.
25:33– Absolument. Merci Alain Finkielkraut, merci à vous qui nous avez suivis.
25:39Vous pouvez revoir cette émission sur le site,
25:43sur la plateforme de Public Sénat, publicsenat.fr.
25:47En attendant maintenant, pour les uns inquiets et pour les autres confiants,
25:54le résultat du peuple souverain qui va se prononcer dans quelques semaines,
26:01dans quelques jours, on peut peut-être retenir,
26:05inquiets que nous sommes de l'avenir, l'une des citations d'Alain Finkielkraut,
26:11des Beatles, dans le livre qu'il commente,
26:14« I believe in yesterday », « Je crois dans le passé », voilà.
26:18– « I believe in yesterday », hier.
26:20– « Je crois dans hier ».
26:22– Paul McCartney, c'est pas seulement les Beatles, c'est Paul McCartney.
26:25Je tiens beaucoup à cette précision.
26:27– Merci de cette précision, merci Alain, merci à vous tous.
26:30À bientôt et bonsoir.
26:32– Sous-titrage ST' 501

Recommandations