• il y a 4 mois
Toute l’équipe a été brutalement licenciée, alors qu’elle pensait avoir réussi son passage au 100% numérique en octobre dernier. Le journal a jusqu’au 4 juillet pour trouver un repreneur.

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00:00Votre invité média, Céline Baydarkour, est en quête d'un repreneur pour son journal
00:04Cosette, le magazine féministe, le premier lancé en France, a cessé sa publication
00:08papier à l'automne pour devenir 100% numérique et il vient d'être placé en liquidation
00:12judiciaire.
00:13Bonjour Christine Turc.
00:14Bonjour Céline.
00:15Merci d'être avec nous ce matin.
00:16Vous êtes venue ici même il y a quelques mois, c'était en octobre, au moment où
00:19Cosette avait décidé d'abandonner le papier, c'était devenu trop cher de publier chaque
00:23mois ce magazine, vous étiez pleine d'espoir de passer uniquement en numérique et finalement
00:28la semaine dernière on a appris que Cosette était en liquidation judiciaire, que s'est-il
00:32passé en seulement 8 mois ? On a travaillé dur, on a fait cette transition
00:37qui s'est pourtant très bien passée, c'est-à-dire que la transition digitale a été hyper
00:42favorable, c'est-à-dire qu'on a perdu quelques abonnés papiers qui étaient amoureux
00:47du papier et qui n'ont pas voulu continuer avec nous, la majorité a continué et surtout
00:50on a gagné des nouveaux lecteurs, lectrices qui se sont abonnés, donc en payant, et on
00:56a gagné, juste pour vous donner des ordres d'idées, en 2 mois on a gagné l'équivalent
01:01de ce qu'on avait mis 2 ans à gagner en presse papier, donc plutôt des chiffres très
01:04rassurants, par contre en 8 mois redresser une entreprise qui a perdu de l'argent à
01:10cause du Covid ou à cause des hausses papiers, qui comme je vous le disais la dernière fois
01:13c'était plus de 150 000 euros pour Cosette qui est un média à taille réduite, c'est
01:20beaucoup d'argent, et en fait écouler et rembourser cette dette en 8 mois c'est très
01:24compliqué, donc les chiffres sont très prometteurs, c'est-à-dire qu'on a prouvé que de faire
01:27une formule 100% digitale, les lecteurs et les lectrices nous suivaient, mais inverser
01:33la tendance, rembourser les dettes, c'était devenu trop compliqué et on risquait gros
01:38et c'est la raison pour laquelle on a décidé, au départ on pensait passer en redressement
01:42judiciaire, voilà normalement la case habituelle c'est redressement judiciaire et éventuellement
01:45après liquidation, vous c'est directement liquidation, voilà, ce qui est assez incompréhensible
01:49alors je ne peux pas vraiment expliquer les raisons parce qu'encore maintenant on se
01:52demande pourquoi on est passé directement sur cette case, ce qui a comme effet de licencier
01:56directement tous les collaborateurs, il n'y a plus personne chez Cosette ? Non, tout le
01:59monde a été licencié, d'ailleurs je crois que ça a été fait hier de manière juridique,
02:04mais c'est surtout la brutalité, c'est que ça intervient une heure après l'audience
02:07en fait. Mais comment vous expliquez ça ? C'est très compliqué, il y a des choses
02:11qui sont des secrets des tribunaux, c'est le tribunal qui fait son travail, mais c'est
02:15quand même assez surprenant pour un titre d'information IPG comme Cosette, qui justement
02:21on le sait, ce n'est pas la première fois que ça arrive à Cosette, le modèle économique
02:25de la presse est complexe, c'est pour ça que le 100% digital était un espoir, qu'on
02:30avait des abonnés payants, ce qui est aussi très rare dans le digital, c'est le modèle
02:35pour citer un de nos confrères Mediapart qui aujourd'hui fonctionne très bien, mais
02:39il lui a fallu 10 ans pour espérer une rentabilité. Donc votre éditeur ne vous a pas laissé
02:43assez de temps ? Ce n'est pas qu'il ne nous a pas laissé, c'est que c'est complexe
02:46en fait, quand vous avez beaucoup de dettes, il faut renflouer, il faut un plan d'investissement
02:50et parfois, vous savez qu'aujourd'hui, on peut manquer un peu d'argent, et en fait
02:55c'est la raison pour laquelle on voulait être en redressement judiciaire, le temps
02:58de pouvoir redresser la situation. Mais là, je suis allée dire, c'est peut-être un peu
03:02trop tard, puisque justement la liquidation judiciaire a été prononcée, vous avez licencié
03:05tout le monde, donc il n'est plus question de repreneurs. Si, si, en fait, moi-même
03:09j'ai appris, c'était la première fois que je suis dans une entreprise où se passe ce
03:13genre de situation, en fait le 3 ou 4 juillet, il va y avoir une audience avec toutes les
03:18personnes qui sont en train de regarder le dossier, pour une reprise en liquidation,
03:23c'est des choses qui sont assez habituelles. La reprise est possible malgré la liquidation ?
03:26Oui, tout à fait, ce qui est des termes très juridiques, et effectivement, moi-même je
03:30les ai comprises là. Mais il vous reste deux semaines pour trouver un repreneur.
03:33Voilà, c'est la complexité, c'est qu'on est dans un espèce de timing très short,
03:37en plus les élections qui n'étaient pas prévues, fait que tout le monde est très
03:41chamboulé, mais aujourd'hui, on a des contacts avec différentes personnes qui seraient prêtes
03:47à reprendre COSET, qui sont en train d'analyser le dossier.
03:50Ce sont qui, des groupes de médias, des investisseurs ?
03:54Il y a des groupes de médias, des individuels qui justement, compte tenu de la situation
03:57politique dans laquelle on est, ne veulent pas voir disparaître un média féministe
04:02comme COSET, qui est un média avec une équipe journalistique à carte de presse, ce qui
04:07veut dire un travail journalistique sur le digital, qui est documenté avec des enquêtes,
04:12avec un travail journalistique, et qui aujourd'hui nous semble être essentiel pour informer les
04:17Français.
04:18Aujourd'hui plus qu'hier ?
04:20Mais bien sûr, quand on voit le marasme dans lequel on est aujourd'hui, on se rend bien
04:24compte que l'information n'est plus simplement dans les médias traditionnels, elle se passe
04:29sur TikTok, elle se passe sur Instagram, et c'est le chemin que COSET avait pris, c'est-à-dire
04:33qu'on avait transformé toute la rédaction pour qu'elle soit capable d'appréhender
04:38ces nouvelles plateformes.
04:39Elles écrivaient toujours les mêmes articles qu'elles faisaient précédemment, mais adaptés
04:43au digital, avec de la vidéo, avec des posts Instagram, et on avait un succès incroyable.
04:47On a fait grossir nos communautés réseaux sociaux de plus de 300%, et avec des publics
04:52qui nous encourageaient.
04:53Le dernier post qu'on a fait pour dire que COSET s'arrête, on a énormément de messages
04:58de soutien, c'est un message qui a été diffusé plus de 300 000 fois, et avec énormément
05:02de gens qui nous soutiennent et qui nous disent « quand vous recommencez, on sera prêts
05:05à vous aider, à vous faire des dons ».
05:06Je crois que vous avez déjà reçu des dons, d'électeurs, sauf que ça ne sert à rien.
05:10À quoi va servir cet argent ?
05:11Oui, mais ça coûte cher en fait.
05:13Tout coûte cher.
05:14En fait, on a en plus une éthique assez forte, c'est-à-dire qu'on n'accepte pas n'importe
05:18quelle publicité.
05:19Donc, on était en train de… encore une fois, huit mois, c'est trop court pour redresser
05:23une société qui a subi le Covid, la hausse du papier.
05:27On est dans une économie qui doit être transformée, mais huit mois, c'est court.
05:31Moi, j'ai l'espoir qu'il y ait quelqu'un qui reprenne ce titre, qui reprenne l'équipe,
05:36et qui effectivement réinvestisse, qui a les moyens d'investir.
05:38On a cherché des repreneurs pendant ces huit mois aussi, des gens qui pouvaient nous aider
05:42à financer le titre, mais la situation actuelle, elle est complexe.
05:46Et c'est vrai que là, il y a une échéance et il y a des gens qui se présentent et qui,
05:51je pense, seront prêts à reprendre et ont l'air solides pour déployer Cosette.
05:56L'éditeur de Cosette, c'est le groupe Ile de Garde, ou C'était, on peut dire ça,
06:01qui est aussi propriétaire du magazine Première, dont vous êtes également, Christine Turc,
06:04la directrice éditoriale.
06:05Pour ce titre-là, j'imagine que la situation est la même ?
06:08Non, c'est un modèle qui est différent.
06:10En fait, c'est les modèles de titres de presse.
06:13Vous avez les abonnés payants des lecteurs et puis la publicité.
06:19À un endroit comme Première, la publicité est beaucoup plus présente et c'est surtout
06:23qu'on accède vraiment tout le monde, parce que par rapport à la ligne éditoriale,
06:26il n'y a aucun problème.
06:27Alors que sur un titre très engagé, où on va essayer de défendre, justement,
06:35d'empêcher les injonctions faites aux femmes sur les rides, sur le poids, sur comment on se situe,
06:40on ne peut pas accepter toutes les campagnes, en fait.
06:43C'est compliqué.
06:44En tout cas, si on le fait, il faut qu'on ait aussi des annonceurs qui ne montrent pas
06:48de blanches et qui soient alignés avec votre ligne éditoriale.
06:53C'est là où c'est plus complexe.
06:54On souhaite bonne chance à toute votre équipe, même si elle est extrêmement régulière.
06:58Elle est toujours mobilisée.
06:59On se téléphone régulièrement.
07:01Bonne chance à tous et merci d'être venus, Christine Turc.
07:05Directrice éditoriale du Média Féministe Causette, donc, qui cherche un repreneur.
07:09Ou une repreneuse.
07:10Ou une repreneuse.
07:11Encore mieux.
07:12Merci à toutes les deux.
07:13Merci.
07:14Merci beaucoup.

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