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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 17 juin 2024 : le journaliste et écrivain, Robert Namias. Il vient de publier un nouveau roman, "L'affaire Chanteclerc", paru aux éditions de l'Observatoire.

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Transcription
00:00Bonjour Robert Namias. Bonjour Hélodie.
00:02Journaliste et écrivain, c'est d'abord en enseignant la philosophie que vous avez démarré dans la vie, avant de devenir rédacteur reporter dans une grande radio,
00:09puis après, évidemment, vous êtes tombé amoureux du micro et de l'information.
00:12Vous avez dirigé notamment la rédaction de TF1 pendant 16 années,
00:16présenté les soirées électorales, évidemment toutes les émissions spéciales,
00:20avant d'être renommé directeur général adjoint chargé de l'information sur TF1 de 2005 à 2008,
00:26et président du directoire et directeur des rédactions du groupe Nice Matins de 2014 à 2015.
00:31Depuis 2019, vous avez un peu mis tout ça de côté, même si vous gardez cet âme de journaliste,
00:37pour vous consacrer à l'écriture de romans.
00:39Aujourd'hui, vous mêlez vos deux passions, l'écriture et l'information, avec l'affaire Chantecler, parue aux éditions de l'Observatoire.
00:45Une histoire racontée par Rodolphe, qui est un écrivain à succès, connu et publié, mais finalement tardivement.
00:52Cette histoire s'étale sur cinq décennies, on démarre dans les années 50, avec au cœur de ce polar quatre amis d'enfance,
00:58je précise vraiment, quatre amis d'enfance, c'est très important,
01:01qui se sont rencontrés à La Rochelle et qui vont devenir chacun des hommes très importants qui comptent dans leur métier.
01:07Alors on a d'un côté le journalisme pour Olivier, les Français l'aiment et le suivent,
01:10le cinéma pour Charles, un acteur adulé, la politique avec Benoît devenu ministre et donc Rodolphe.
01:15Rodolphe, il avance doucement mais sûrement, jusqu'au jour où effectivement l'un d'entre eux,
01:20donc Olivier, va être découvert mort et surtout, on va décréter qu'il a été assassiné.
01:26En toile de fond, il y a des viols qui sont dénoncés par des femmes, qui abîment évidemment ce qu'était Olivier.
01:33J'ai l'impression, Robert Namias, qu'à travers cet ouvrage, vous mêlez votre plume de journaliste
01:39et effectivement celle de l'écrivain que vous êtes devenu au fil du temps.
01:42Oui, d'ailleurs les quatre romans que j'ai écrits, celui-ci en effet est le quatrième, fonctionnent un peu tous de la même manière,
01:49mais je pense qu'on écrit d'abord sur ce que l'on a vécu soi-même, ce que l'on connaît.
01:55En ce qui concerne le roman, l'avantage par rapport à l'information et à ses codes, c'est qu'on a une liberté totale.
02:03C'est vrai que l'affaire Poivre d'Arvor, qui date maintenant de trois ans, est un peu à l'origine,
02:09même assez franchement à l'origine de ce roman, mais ça va très au-delà.
02:13Moi j'avais deux projets, c'est à la fois la réflexion sur les amitiés d'enfance, en effet,
02:17qui sont très différentes des autres, qui sont très différentes des amitiés professionnelles bien évidemment,
02:23mais même des amitiés plus tardives, d'adultes, de parents qui se rencontrent par exemple en attendant leurs enfants à l'école.
02:29Ce ne sont pas du tout les mêmes amitiés.
02:31Les amitiés d'enfance, je ne sais pas si vous en avez, mais les amitiés d'enfance c'est ce qu'il y a de plus beau,
02:35mais c'est aussi ce qu'il y a sans doute de plus pervers.
02:38C'est-à-dire qu'à force de ne pas vouloir voir les mensonges, les manipulations, ce qui est le cas dans ce roman,
02:44entre les quatre amis, on finit par involontairement couvrir éventuellement ce qui n'est pas pardonnable.
02:53Et donc l'histoire de ce roman, c'est cette amitié d'enfance très particulière,
02:58et puis en même temps, et surtout, ce que je tenais comme le propos principal,
03:03c'est-à-dire une réflexion et un roman sur l'imposture de manière générale,
03:08et surtout les imposteurs, que sont bien souvent ceux que l'on rencontre dans les mondes que vous connaissez,
03:15que je connais très très bien, le monde de la politique, le monde médiatique, le monde des affaires aussi.
03:21Il y a de plus en plus, à mon avis, d'imposteurs.
03:25C'est quelque chose qui m'a beaucoup frappé, beaucoup fait réfléchir depuis une quinzaine d'années,
03:30et qui m'a fait complètement abandonner, d'ailleurs, la première partie de ma vie,
03:35qui consistait en 50 ans quand même de vie professionnelle, pour retrouver cette liberté de l'écriture.
03:41Je ne supportais plus ces impostures.
03:43L'amitié, c'est souvent les amis, ce sont souvent la famille qu'on choisit, Robert Namias.
03:48Quelle place occupe l'amitié dans votre vie ?
03:51Ça a toujours occupé une place très importante.
03:55Malheureusement, certains de ses amis ont disparu, vous l'imaginez bien, beaucoup même.
04:01Et je peux vous dire que, bien évidemment, après avoir connu et eu les fonctions que j'ai eues,
04:08moi je n'ai jamais pensé avoir un vrai pouvoir.
04:12Et quand on me disait « mais tu ne te rends pas compte du pouvoir que tu as »,
04:15non, je ne me rends pas compte.
04:16Et heureusement pour moi, d'ailleurs, c'est la seule chose qui m'a protégé,
04:19c'est que je ne m'en suis jamais réellement vraiment rendu compte.
04:24Mais ce pouvoir était réel, et donc j'ai eu énormément de faux amis,
04:31et qui depuis se sont révélés comme tels.
04:33Et donc, c'est une banalité de le dire, mais c'est une réalité qui est toujours difficile à vivre au moment où on la vit.
04:40C'est-à-dire que même encore aujourd'hui, à mon âge, après avoir quitté mes fonctions il y a bien des années,
04:46être passé à tout à fait autre chose avec l'écriture et la liberté que ça me donne.
04:52Mais l'écriture, c'est aussi une forme de solitude.
04:55Et maintenant, je suis très heureux d'assumer cette solitude.
04:58Il y a un autre fil rouge à l'intérieur de cet ouvrage qui est très important, c'est la liberté.
05:05Et au début, Rodolphe, qui est donc celui qui narre cette histoire, qui la raconte, il parle de la liberté.
05:12Il dit je suis emprunté d'une liberté que je n'attendais pas, finalement.
05:17Est-ce que la liberté, c'est quelque chose finalement qui n'est que positif ?
05:22Comment on peut vivre cette liberté ? Est-ce qu'elle est nécessaire, la liberté ?
05:25Je pense réellement, moi j'en ai fait vraiment, à la fois sans doute par intuition personnelle, par éducation, par mes études aussi,
05:37puisque moi j'ai fait quelques études de philo.
05:41Des études de philosophie, avec un amour immodéré pour Yankelevitch, on ne va pas se mentir.
05:45Absolument, et pour Sartre.
05:47Précisément, j'ai toujours cherché à m'affirmer libre dans des contextes où la liberté est nécessairement circonscrite, tenue en laisse en quelque sorte.
05:58Contrainte.
05:59Contrainte, effectivement.
06:01Et je pense qu'on peut malgré tout affirmer sa liberté, parce que c'est la seule façon finalement d'assumer sa part d'humanité.
06:16L'humanité, si c'est simplement agir en meute avec les autres, où est l'humanité ?
06:22Bon, et puis surtout, elle risque de dévier très rapidement.
06:25La liberté, c'est ce qu'il y a vraiment de propre à l'homme, parce que ça doit être conscient, ça doit être réfléchi, ça doit être pesé, et ça doit être construit en permanence.
06:37Pour terminer, ça fait six ans que vous avez mis effectivement le journalisme de côté définitivement, enfin l'information en général, pour vous consacrer à l'écriture.
06:45Est-ce que l'écriture vous permet finalement de vous alléger, d'aller bien ?
06:49Oui, oui, non, parce que quand on écrit, on se pose ce genre de questions sur ce qu'on a écrit.
06:57On se dit d'abord toujours que ça pourrait être mieux, qu'on aurait pu dire les choses différemment, mieux encore.
07:03Moi, ce doute, je l'aurai toujours, mais ça me permet d'avancer en tous les cas, et ça me permet surtout de m'assurer que ma liberté sert à quelque chose.

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