• il y a 4 mois
La guerre n’est jamais finie, semble-t-il : en tout cas, elle continue à nous hanter à travers de bons livres, et parfois même des best-sellers.

L’illustration en est donnée sur le plateau de « Au bonheur des livres » cette semaine, où Guillaume Durand reçoit deux écrivains-journalistes remarquables : Annick Cojean, grande plume du Monde qui publie « Nous y étions » (Ed. Grasset), où elle a recueilli 18 témoignages de participants au débarquement de Juin 1944 en France, et Philippe Collin, figure emblématique de France Inter, qui bat des records de vente en librairie avec son premier roman historique, « Le barman du Ritz » (Ed. Albin Michel), véritable « page-turner » restituant l’itinéraire du barman juif du célèbre établissement de la place Vendôme pendant l’occupation.

On s’en rendra compte en écoutant ces deux invités passionnants : la vérité historique dépasse souvent la fiction romanesque, surtout quand elle est présentée par des conteurs d’une telle qualité… Et on rêverait d’avoir eu des professeurs d’histoire qui sachent être comme eux des « passeurs » nous faisant revivre les ambiguïtés de l’occupation à travers le microcosme du bar du Ritz, ou le souffle partagé de ce moment crucial que fut le D-Day (dont on vient de commémorer les 80 ans) à travers les voix de quelques acteurs du débarquement en Normandie.

On peut compter sur Guillaume Durand, lui-même particulièrement sensible aux enjeux de l’Histoire, pour nous faire participer à une réflexion spécialement stimulante sur les enseignements des conflits du passé, à commencer par la Seconde guerre mondiale, qui continuent d’éclairer notre présent. Ainsi, le « bonheur des livres » est-il aussi de nous (ré)apprendre, sans ennui, les leçons de la mémoire.

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Transcription
00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre National du Livre.
00:05Générique
00:23Bonjour, « Au bonheur des livres », nous sortons des commémorations du 6 juin, vous le savez,
00:29et nous sommes avec Philippe Collin, le barman du rite.
00:32Ce roman publié aux éditions Albin Michel qui raconte le Paris de l'occupation,
00:36donc où les grands palaces ont été maintenus pour, c'était en tout cas la volonté des Allemands, maintenir à Paris,
00:43j'emploie deux fois ce verbe, une sorte de vie mondaine qui permettait d'assumer ce qui quand même était effrayant,
00:50c'est-à-dire la collaboration. Avec Annick Cojeon, nous sommes dans un autre registre, nous y étions.
00:54Donc bonjour à tous les deux, bonjour Annick, bonjour Philippe, c'est chez Grasset.
00:58Après Albin Michel, Annick, vous avez recueilli au cours des années le témoignage de 18 vétérans,
01:05pas simplement des Américains, mais des Américains, des Anglais, des Canadiens et des Allemands
01:10qui ont participé, bien évidemment, enfin « participé », c'est un mot qui est quand même assez particulier,
01:14à ce fameux dîner dont nous avons commémoré il y a quelques jours les cérémonies sur les plages de ce fameux débarquement.
01:22Nous allons commencer avec Philippe et nous allons partir vers ce barman du Ritz.
01:29Nous sommes, Philippe, dans une sorte de, le Ritz, une sorte de microcosme de l'insensé,
01:35c'est-à-dire pourquoi d'abord les Allemands, les autorités allemandes ont décidé,
01:41en dehors du fait qu'ils ont occupé les grands palaces partout, sans s'officier au Ritz,
01:47pourquoi ont-ils décidé de laisser les palaces ouverts alors que tout était pratiquement fermé ?
01:52Alors il faut savoir que quand les Allemands entrent dans Paris le 14 juin 1940,
01:56ils ont la surprise de trouver le Ritz ouvert, parce que Marie-Louise Ritz, qui est la propriétaire, est suisse,
02:02et Georges Mandel, qui était le ministre de l'intérieur du gouvernement Paul Reynaud,
02:06lui a dit, au mois de mai 1940, ne fermez pas, parce que si vous fermez, on va vous confisquer le palace.
02:13Donc elle ne ferme pas et elle attend.
02:15– Le palace qui est celui de Scott Fitzgerald, de Chanel qui habitait…
02:20– Le grand palace de l'entre-deux-guerres.
02:22Et donc les Allemands entrent Place Vendôme et ils découvrent un Ritz…
02:25– Il y a la famille qui est déjà intriguée.
02:27– Oui, et ils découvrent un Ritz qui est ouvert avec un personnel,
02:29c'est-à-dire des serveurs, des femmes de chambre, des gouvernantes, des groumes.
02:33– Des directeurs.
02:34– Des directeurs, bien sûr. Ils sont perturbés et on prévient Berlin.
02:39Et Goebbels, sans l'opportunité, sans l'aubaine, de se dire, très bien,
02:44on garde le Ritz ouvert, on prend la moitié pour nous, côté Vendôme,
02:47et on laisse le Ritz ouvert au public côté Cambon, rue Cambon.
02:50– Voilà, d'où la phrase d'ailleurs du barman, le fameux Franck, 14 juin 1940.
02:56Alors le livre de Philippe est structuré de plusieurs manières.
02:59Un, il y a à la fois le récit et le journal du barman,
03:02puisqu'il s'appelle le barman du Ritz.
03:04Et deux, on passe de période en période.
03:07C'est-à-dire, un, les Allemands arrivent.
03:09Deux, la collaboration s'installe.
03:11Trois, ça devient quand même totalement tragique,
03:14puisqu'il y a effectivement les lois anti-juives.
03:16Et puis finalement, retour d'Emile Mouet à la fin,
03:19puisque c'est le dernier personnage qui pénètre dans le bar.
03:22Donc voici la structure du livre, c'est pour ça qu'il est passionnant.
03:25Alors on va commencer par dire quelques mots de ce personnage,
03:29le barman du Ritz, qui est donc un émigré, juif,
03:34d'ailleurs comme la plupart des gens qui travaillaient au Ritz à l'époque,
03:38et qui vient des États-Unis.
03:40Enfin, il a fait un passage par les États-Unis dans un établissement
03:43que je ne connaissais pas du tout, je pensais qu'il existe.
03:45Il s'appelle Hoffman sur Broadway, où il apprend son métier.
03:48D'ailleurs, vous-même avez consulté celui qui fut longtemps le barman du Ritz,
03:52qui s'appelle Colin Field, qui est encore en vie,
03:55qui n'était pas là à l'époque.
03:56Qui est-il ce Frank ?
03:57Alors ce Frank Meyer, il est né en 1884 dans le Tyrol autrichien,
04:01c'est un gamin de prolétaire,
04:02et vers l'âge de 14 ans à peu près, il décide de quitter l'Europe
04:06pour tenter sa chance aux États-Unis, à New York,
04:09sans trop savoir ce qu'il va devenir d'ailleurs.
04:11Et de petit boulot en petit boulot, il va en effet intégrer le Hoffman House,
04:15qui est le grand palace de luxe du début du XXe siècle aux États-Unis,
04:19et il va être sous l'égide, la coupe de Charles Mahony,
04:23qui est un des grands barmen américains de la fin du XIXe siècle.
04:27Et il va apprendre son métier, y compris les astuces des barmen de luxe,
04:32et en 1907, l'hôtel ferme, pardon, pour des raisons économiques,
04:37et donc Frank décide de rentrer en Europe.
04:39Là, il fait la guerre ?
04:40Alors, pas tout à fait.
04:41Il va ouvrir un petit bar en 1907 à Paris.
04:45Alors si vous nous faites la minute par minute, on n'est pas arrivés,
04:47parce qu'il y a tellement de choses dans votre vie.
04:48C'est important.
04:49Et après, il va faire la guerre en effet en 1914,
04:50où il s'engage du côté français, ce qui n'est pas rien.
04:52Sous les ordres de Pétain.
04:53Exactement, à la crête de Vimy en 1915.
04:55Donc c'est important, parce que Pétain va rester pour lui
04:57un personnage à la fois emblématique et protecteur.
05:00Oui, parce qu'il se dit au fond, il y a les lois antijuives,
05:03je suis juif, mais comme j'ai fait la guerre avec Pétain, il ne va pas nous en...
05:06Bien sûr, et surtout, je suis français avant d'être juif,
05:09parce qu'en 1921, la République reconnaissante lui donne la citoyenneté.
05:13Donc il se dit, j'ai combattu pour la France, je vais être protégé, en fait.
05:16Alors, nous avons dérivé avec des cours en sombre.
05:19C'est une des phrases, il y a de nombreuses phrases magnifiques,
05:22mais je voudrais qu'on voit maintenant un certain nombre de personnages,
05:25parce qu'ils sont très importants.
05:27Il y a donc Franck, il y a donc Blanche, qui est l'épouse du directeur,
05:30qui est une morphinomane mélancolique, sublime,
05:34dont le barman est amoureux, tout le monde est amoureux.
05:36Il y a un collabo qui s'appelle Bedot, qui fait les affaires avec les Allemands.
05:40Il y a les marchands de tableaux qui vendent des tableaux à Guring.
05:43Il y a les cocktails, car Philippe ne mélange évidemment la collaboration
05:46et en même temps la gastronomie,
05:48donc le Bijou, le Royal Eyeball, etc.
05:51Vous avez des shakers, vous avez effectivement le Colonel Spiedel,
05:55qui arrive, les Allemands.
05:56Vous avez cette aristocratie de la Wehrmacht,
05:58qui sont des gens qui, à la fois, ont accompagné l'arrivée d'Hitler au pouvoir,
06:02mais qui, en même temps, ne supportent pas la vulgarité,
06:05et du personnage, et d'un certain nombre de collaborateurs français
06:08qui vont dans le bar, c'est-à-dire Bonnie Laffont.
06:11Donc ça devient ce bar, ce que je disais tout à l'heure,
06:14ce microcosme de l'insensé.
06:16Vous avez Arletty, Chanel, Guitry, les collabos,
06:19les types qui torturent, les intellectuels,
06:22et tout ça au Royal Eyeball.
06:24– Oui, c'est un lieu complètement inédit.
06:26Et en fait, on peut presque aller un peu plus loin, Guillaume,
06:28et dire que c'est une sorte de modèle réduit de la France occupée.
06:32Parce qu'à la fois, il y a tout ce que vous avez dit,
06:34mais il faut aussi ajouter…
06:35– Ce que j'ai lu.
06:36– Ce que vous avez lu, bravo.
06:37– Grâce à vous.
06:38– Et il faut aussi ajouter toutes les couches de la société.
06:41Et ça qui est intéressant, c'est qu'il y a à la fois des employés…
06:44– Théâtre de masques.
06:45– Exactement, c'est un théâtre de masques,
06:47et c'est une sorte de théâtre d'ombre,
06:50où le premier spectateur s'appelle Frank Meyer,
06:53et qui va d'ailleurs devenir acteur,
06:54puisque la marche de l'histoire va entrer dans le Ritz.
06:57Le Ritz n'échappe pas à la guerre, malgré tout,
06:59et il va devoir agir, malgré lui, quasiment au départ,
07:03au nom de valeurs auxquelles il croit, finalement,
07:05qui est son bar de l'entrée de guerre.
07:07C'est évidemment le problème de la situation des Juifs.
07:10Lui, il est directement concerné.
07:12Blanche et son époux, qui dirige le Ritz, sont directement concernés.
07:17Elle a des crises de panique, parce qu'elle se dit, au fond,
07:20je le dis, au milieu d'une centaine d'officiers allemands,
07:23et je suis juif, en même temps, tout le monde me désire.
07:26Donc c'est une situation compliquée.
07:28Il y a un personnage inouï, qui est cette femme brune
07:30qui se promène dans le bar et qui disparaît,
07:33pour laquelle, semble-t-il, elle a une certaine attirance.
07:37Tout ça crée le monde.
07:39Les Allemands demandent, justement, à Marie-Louise Ritz,
07:43à un moment, ils leur disent,
07:45maintenant, il va falloir me réanimer de tout ça,
07:47parce que comme la situation dans Paris est atroce,
07:49il faut nous faire une fête au Ritz.
07:51Une fête allemande.
07:52– Exactement.
07:53Et d'ailleurs, c'est même plus qu'une fête allemande,
07:55c'est que Goebbels, qui est le patron de la propagande nazie,
07:59veut réinitier des fêtes et des mondanités au Ritz
08:02pour montrer au monde entier que les nazis sont à Paris,
08:05mais la vie continue.
08:06Donc il demande à Marie-Louise, en effet, des dîners, des fêtes,
08:09des galas, des défilés de mode.
08:11– Et au bar !
08:12Et elle se retourne vers le barman et lui, il lui dit,
08:14faites revenir Guitry, faites revenir Harlechy.
08:16– Exactement.
08:17Faites revenir la vie culturelle de Paris,
08:18puisque les Allemands nous le demandent.
08:20Donc Frank doit « dealer » avec ses anciens clients,
08:23qu'ils reviennent au bar, malgré la présence des Allemands.
08:25– Voilà.
08:26Frank, qui est un personnage, on lui demande même,
08:28dans le livre de Philippe, de réaliser des cocktails,
08:30qui sont des cocktails dédiés à certains officiers.
08:32– Oui.
08:33– Il faut rappeler que le QG général est au Meurice,
08:35donc on dirait qu'il n'est pas très loin.
08:37Et que là, il y a évidemment les officiers de la Wehrmacht.
08:40Et alors il y a des portraits absolument inouïs de Sacha Guitry,
08:44qui finira, Philippe le raconte, quand même arrêté chez lui,
08:48en pyjama, avec un pistolet sur la tête, 60 jours de prison.
08:51Il échappera de peu au pire.
08:53Et puis il y a alors un portrait de Göring,
08:56fait par Philippe, qui est absolument inouï,
08:59parce qu'on dirait un peu Michel Serrault dans la cage aux feuilles.
09:02– C'est tout à fait vrai.
09:03– Il avait des pantalons bleus électriques.
09:06– Le lavande.
09:07– Des espèces de vestes en mousseline, il était maquillé.
09:10– Il se maquillait beaucoup.
09:11Il disait, je suis un homme de la Renaissance.
09:13Et les hommes à la Renaissance se maquillaient, donc je me maquille.
09:15Donc il y a tout un…
09:16Et en fait, j'ai passé beaucoup de temps avec Göring, en vérité,
09:18à lire beaucoup de documentations sur Göring,
09:20pour m'approcher au plus près de l'ogre, entre guillemets.
09:22Et la littérature permet d'entrer dans la salle de bain, d'ailleurs,
09:24notamment, ou la chambre à coucher.
09:29– On s'accorde avec sa réputation de grand veneur,
09:31donc évidemment de grand chasseur.
09:33Du reich, on dirait plutôt un vieux muscadin
09:35vêtu d'un kimono en mousseline de soie.
09:37– Oui, oui.
09:38Et d'ailleurs, il est morphinomane au dernier degré,
09:40donc opiummane, vraiment totalement addict.
09:42Donc il y a des situations de vie au Ritz inouïes.
09:45– Il a qu'à prendre des bains pour se guérir de ça.
09:47– Exactement.
09:48– Donc il assèche le Ritz de l'eau.
09:49– Exactement.
09:50Et d'eau chaude, notamment.
09:51Parce que l'eau chaude, en temps de guerre, c'est important.
09:52Mais surtout, il peut arriver, Guillaume,
09:54on croise Göring la nuit, dans le Ritz,
09:56avec son bâton de maréchal, et il fait la majorette.
09:58C'est-à-dire qu'on n'imagine pas ça,
10:00mais c'est un grand drogué, c'est un grand drogué.
10:02– Comme les dailleurs blanches.
10:04– Oui.
10:05– Alors, nous allons raconter, évidemment, toute la suite.
10:07Le barman, pour terminer cette première partie,
10:11avant que la guerre ne démarre,
10:14parce que Philippe, évidemment, a un sens de la hiérarchie
10:16et de la chronologie.
10:18Le barman, il est le meilleur ami de Scott Federa,
10:20il est le meilleur ami d'Emmingway.
10:22Du coup, il se retrouve avec une période allemande écolabo,
10:25avec les atrocités du Paris.
10:27Au début, c'est la stupéfaction.
10:29Et puis après, c'est la misère dans la ville.
10:31Et on continue à vivre somptueusement au Ritz.
10:33Chanel, elle, vit dans la partie qui donne,
10:36non pas sur la place Vendôme, mais de l'autre côté.
10:38Avec Arletty, elles ont des relations avec des Allemands,
10:42tout le monde le sait.
10:44Et puis, la fin du livre, c'est pas la dévoiler
10:47que de dire que le barman revoit arriver Emmingway, évidemment.
10:52Mais ce qui est aussi passionnant dans le livre,
10:54à la fin, on en parlera tout à l'heure,
10:56c'est qu'il y a les photos des principaux personnages
10:58et on a leur destin.
11:00Que sont-ils devenus après ?
11:02Suspense, on va vous raconter ça dans la troisième partie.
11:05Annick, vous étiez, comme moi,
11:07tout le monde sait que vous êtes journaliste au Monde,
11:10donc à ces cérémonies du D-Day, particulièrement émouvantes.
11:14Et donc, vous avez réuni 18 vétérans
11:17qui racontent leur parole le D-Day.
11:19Vous avez été les rechercher,
11:21vous y avez été pour le Monde.
11:23Et donc, ils témoignent,
11:25ils ont à peu près, à l'époque, 70-75 ans.
11:27Oui, à peu près, entre 67 et 75 ans.
11:30Et combien en avez-vous retrouvé il y a quelques jours,
11:32donc, à Omaha ?
11:34Alors, hélas, pas les miens.
11:36Ceux que j'ai rencontrés, donc, il y a 30 ans,
11:38parce que j'avais beaucoup travaillé pour le 50e anniversaire,
11:41effectivement, ils avaient entre 67,
11:43donc c'est ce qu'on disait, et 75 ans.
11:45Ils étaient vifs,
11:47mais alors, dès qu'ils parlaient du D-Day,
11:49ils avaient énormément de force,
11:51de souvenirs, d'une précision incroyable.
11:53Ils se plongaient complètement
11:55dans l'ambiance de ce jour inouï.
11:57Et j'en ai revu d'autres.
11:59Alors, j'ai passé ces fêtes d'anniversaire
12:01avec des centenaires,
12:0397 et 103 ans, voilà.
12:05Ah, qui ont remis la Légion d'honneur ?
12:07Oui, il y en a plusieurs.
12:09Macron a remis la Légion d'honneur,
12:11en effet, certains l'avaient déjà eue
12:13les années précédentes,
12:15ils sont revenus pour la première fois,
12:17donc c'était effectivement bouleversant.
12:19Tout le monde s'est levé.
12:21Ils étaient les héros,
12:23les vrais VIP de ces commémorations,
12:25c'était vraiment les vétérans.
12:27C'est le dernier grand anniversaire,
12:29on sait, où ils seront.
12:31Là, il y en avait entre 200 et 250,
12:33anglais, il y avait canadiens aussi,
12:35mais j'étais du côté des Américains.
12:37Certains avaient débarqué sur Omaha,
12:39d'autres avaient débarqué en Provence,
12:41d'autres étaient arrivés un petit peu plus tard,
12:43d'idées et d'idées plus 1 ou plus 5.
12:47Il faut rentrer dans le livre.
12:49Alors, il y a Jeff Weiss,
12:51qui est donc à Omaha.
12:55Il y a René Denon-Roy,
12:57qui est donc un personnage inouï
12:59qui est avec le commando Kieffer.
13:01L'aumônier Denon-Roy.
13:03Il y a Yves Gosselin, du régiment canadien,
13:05qui est d'une reculence absolument extraordinaire.
13:07Il y a Franz Gockel,
13:09qui est donc un mitrailleur allemand
13:11qui vit dans les bunkers.
13:13– 17 ans à l'époque, pété de trouille.
13:15– Vous leur racontez tout ça.
13:17Je voudrais simplement vous donner l'image
13:19qu'on a dans le film de Spielberg,
13:21qui était présent d'ailleurs,
13:23avec le soldat Ryan au moment où il débarque.
13:25Je lis à Nick,
13:27qui donc raconte par le biais de Jeff,
13:29qui lui est à Omaha,
13:31excités, de jeunes recrues se sont levés
13:33pour mieux jouer du spectacle.
13:35C'est-à-dire qu'ils partent à l'aube,
13:37et puis les péniches arrivent.
13:39Mais sûrement, tous les 4 juillet,
13:41la fête américaine, leurs uniformes ne portaient pas l'insigne
13:43de la première division.
13:45Je savais que c'était leur premier combat.
13:47Deux hommes se sont mâmissés sur l'une des jeeps
13:49alignées dans le centre du salon.
13:51J'aurais crié de descendre sur le pont,
13:53vite trop tard, un tir d'artillerie allemand.
13:55Donc celui qui est de l'autre côté,
13:57qu'a rencontré aussi évidemment Annick,
13:59décapita tous les deux,
14:01et blesse agréablement plusieurs autres.
14:03Jérôme P est assez soulagé, certain.
14:05Donc là, avec le témoignage de Jeff Weiss,
14:07la première ligne, avant que les Allemands soient submergés,
14:09s'est fait complètement laminer.
14:11Complètement.
14:13Ils ont été massacrés.
14:15Et quand Jeff Weiss arrive,
14:17lui, pourtant,
14:19il est très très tôt le matin,
14:21mais il n'est quand même pas dans la première,
14:23il est dans la deuxième, troisième barge.
14:25Et il a peur.
14:27Il voudrait tellement la blessure
14:29à un million de dollars, dit-il.
14:31La blessure, c'est celle qui aurait pu l'emporter
14:33à une jambe peut-être,
14:35un papier, une oreille, dit-il,
14:37mais n'importe quoi pour qu'on le fasse repartir à Londres.
14:39Parce que là, vraiment...
14:41On le voit d'ailleurs dans le film,
14:43mais quand on voit Tom Hanks trembler dans le film...
14:45Il sort de la barge et il y a déjà plein de cadavres.
14:47Tous ses potes des barges précédentes
14:49sont embrochés sur les asperges de Rommel,
14:51les obstacles sur la plage,
14:53ou sont pris dans les barbelés,
14:55ou sont éventrés,
14:57enfin, démembrés.
14:59Ce qu'il voit est un spectacle absolument apocalyptique.
15:01Et d'ailleurs,
15:03il va devoir se réfugier,
15:05s'abriter contre le corps
15:07d'un de ses copains
15:09avant d'avoir le courage
15:11d'aller au-dessus,
15:13d'aller au haut de la plage, d'essayer en tout cas.
15:15Et c'est une scène qui va tellement le marquer
15:17pendant 50 ans,
15:19il y pensera comme une...
15:21Avec une sorte d'obsession.
15:23Il va vivre très vieux, bizarrement.
15:25Parce qu'il y en a beaucoup qui meurent vers 80 ans,
15:27ce qui est déjà un âge respectable,
15:29mais lui, il est mort à 100 ans.
15:31Et malgré...
15:33J'essaie de faire pénétrer les personnages,
15:35car ce sont aussi des personnages,
15:37et donc ce Canadien qui est inouï.
15:39Il y a aussi le speaker de la BBC,
15:41c'est un personnage inouï.
15:43Oui, il est enfermé depuis quelques jours à la BBC,
15:45parce qu'il sait qu'il va y avoir...
15:47Il est resté neuf jours enfermé.
15:49Tu vas lire, c'est le 11th round de l'époque,
15:51tu vas lire le communiqué d'Eisenhower.
15:53Donc on l'enferme dans une pièce
15:55avec la BBC, la star.
15:57Il est là avec un réveil,
15:59c'est intéressant de lire les quatre lignes du débarquement.
16:01Et j'en ai malade,
16:03parce que c'est une voix très symbolique de la BBC,
16:05et on lui fait parvenir...
16:07Il y a deux communiqués possibles.
16:09Eisenhower, dans la nuit, a rédigé deux,
16:11comme le font souvent les Américains,
16:13le communiqué de la défaite,
16:15et le communiqué, non pas de la victoire,
16:17mais de l'annonce du débarquement qui est en cours.
16:19Et il y a un communiqué dans lequel Eisenhower
16:21effectivement dit,
16:23nos troupes seront débarquées,
16:25mais je dois dire que c'est une défaite.
16:27On comprend bien ça, il dit,
16:29j'en prends l'entière responsabilité.
16:31Bon, ce n'est pas ça qu'il a dû lire,
16:33il y a quelques lignes qui disent le mieux possible.
16:35Mais effectivement, comme j'essaie de raconter
16:37à peu près heure par heure avec mes 18 personnages,
16:39on a à peu près le fil de la journée.
16:41– Ce qui est amusant, c'est que quand vous débarquez,
16:43quand vous prononcez ces mots,
16:45on est toujours dans une ambiance
16:47qu'on connaît dans les médias.
16:49C'est-à-dire que quand lui va faire,
16:51c'est une soirée de la BBC,
16:53mais tous ses copains n'ont qu'une seule obsession,
16:55c'est qu'il se plante entre deux frappes.
16:57– C'est horrible.
16:59– C'est le vieux truc des médias.
17:01Pourvu que mon voisin se plante, ça me ferait tellement plaisir.
17:03Le jeune Allemand qui a 17 ans,
17:05sa mitrailleuse s'enraye.
17:07Rommel est passé peu de temps avant.
17:09– Eh oui, pour dire ce qui pourrait se passer là.
17:11– Et ce qui m'a frappé dans son témoignage,
17:13c'est qu'en fait,
17:15on a dans l'imaginaire,
17:17qui est un peu celui du film de Spielberg,
17:19qui était présent avec Tom Hanks,
17:21ces gens qui débarquent,
17:23c'est-à-dire qu'il y a une formidable flotte.
17:25Mais ce qu'on oublie, c'est que les jeunes Allemands
17:27qui étaient dans les bunkers,
17:29ils ont vu passer des centaines d'avions par-dessus eux,
17:31que non seulement ils ont bombardés,
17:33mais ont bombardé les Français,
17:35à qui on a d'ailleurs rendu hommage aux cérémonies.
17:37Car ces bombardements ont été gigantesques.
17:39– Bien sûr.
17:41– Et lui, il a vécu ça dans son bunker tout seul.
17:43– Eh oui, bien sûr.
17:45Et il avait la troupe, puisqu'on l'a réveillée à 1h du matin,
17:47en lui disant, ils arrivent, ils arrivent, cette fois-ci c'est vrai.
17:49Alors, la plupart des Allemands disent, ça va,
17:51parfois, mais non. Et on dit, si, c'est la grande invasion.
17:53On ne dit pas débarquement, c'est l'invasion.
17:55Et il ne peut pas croire, vraiment.
17:57Enfin, il se met à son poste,
17:59et puis il va attendre toute la nuit, il a un peu peur,
18:01quand même tout le monde est assez anxieux,
18:03il dit, il y a quand même ces bombardements, effectivement.
18:05Et puis quand le voile de la nuit se déchire petit à petit,
18:07– Il voit ce spectacle.
18:09– Il ne peut pas croire, pendant quelques secondes,
18:11il dit, ça doit être des bateaux allemands,
18:13ce n'est pas possible, parce que ce n'est pas possible.
18:15Et là, il voit, mais ce n'est pas 100, c'est 500,
18:17c'est 5000 qui sont en train d'arriver devant lui.
18:21Et il tire, parce qu'il faut garder un peu des munitions,
18:23tire quand tu verras les visages.
18:25Et donc il est là, et effectivement,
18:27c'était bouleversant pour moi.
18:29– Il décrit, parce que, pour avoir été à la plage,
18:31comme vous, lors des cérémonies,
18:33bon, il y a quoi, 800 mètres entre le bord de la plage
18:35et les bunkers.
18:37Donc, ce carnage qu'on a vu, qu'on imagine,
18:39celui qui a été filmé par George Stevens,
18:41à l'époque, par Picard,
18:43enfin, par Capa,
18:45il s'est photographié,
18:47c'est sur 800 mètres.
18:49Après, il y a des choses qu'on apprend,
18:51avec votre Québécois,
18:53avec d'autres qui sont là,
18:55c'est que, premièrement,
18:57tous les Français les accueillent,
18:59même si on est dans une sorte de désordre
19:01meurtrier et considérable,
19:03mais il y a des Allemands déguisés,
19:05qui tirent dessus,
19:07et il y a des Français
19:09qui ne les accueillent pas bien du tout.
19:11Et il y en a un qui explique
19:13qu'il est obligé de tuer une feinte sniper.
19:15– Oui, et alors, il se veut compréhensif,
19:17il dit, je me doute bien
19:19qu'il fallait s'adapter
19:21à la situation des Allemands,
19:23et donc, peut-être que sans ça,
19:25certains n'étaient pas très contents qu'on arrive,
19:27il est plutôt conciliant.
19:29– Mais c'est vrai qu'il doit tirer sur une femme
19:31qui, elle-même,
19:33tirait sur les Américains qui arrivaient.
19:35Certains espéraient repousser
19:37les Américains, ce jour-là.
19:39– Alors, ce qui est passionnant dans ce livre,
19:41c'est que ça nous amène à la réflexion sur la guerre.
19:43D'abord, il y a le portrait de cet aumônier
19:45qui est exceptionnel, car effectivement,
19:47René de Norvoy, au fond,
19:49il donne l'absolution à des jeunes gens
19:51qui ont 17, 18, 19, 20, 22 ans.
19:53– Il a porté son petit sein.
19:55– Ils sont en train de mourir éventrés.
19:57Et lui, il n'a pas une arme,
19:59il est simplement avec son crucifix blanc.
20:01À un moment, vous racontez ce qui est presque
20:03une scène tragique comique, il perd son pantalon.
20:05– Oui, il en est malade, il en pleure d'horreur.
20:07– Il va amener l'absolution à des gens,
20:09il est plus ou moins en caleçon,
20:11sous la mitraille.
20:13– Ce sont des histoires incroyables.
20:15Vous avez une télégraphiste allemande,
20:17c'est extrêmement complet.
20:19Est-ce qu'on peut redonner le bilan d'idée,
20:21d'un point de vue…
20:23– Écoutez, il a été beaucoup moins grave
20:25que ce que l'on avait cru.
20:27Il y a eu à peu près 10 000 victimes,
20:29alors il y a des morts et puis des très blessés
20:31qui ont dû repartir pour être soignés.
20:33C'est à peu près 10 000
20:35sur 150 000, 156 000
20:37qui ont débarqué ce jour-là.
20:39C'est à peu près 10 000 côté allemand.
20:41– Et puis les Français qui meurent.
20:43– Et puis les Français.
20:45On n'a pas le nombre de Français qui sont morts.
20:47Toute la campagne de Normandie qui va jusqu'à la fin août,
20:49finalement, il y a 20 000 Normands
20:51qui vont mourir sous les bombes,
20:53effectivement.
20:55– Philippe, les Américains débarquent aussi au Ritz.
20:57Il n'y a pas simplement le D-Day.
20:59Dans le livre, à la fin,
21:03je le disais,
21:05Hemingway arrive au bar du Ritz,
21:07il retombe sur Frank Meyer, le barman.
21:09Ça ne dévoile rien du livre
21:11que de montrer ces photos
21:13des principaux personnages.
21:15Car, Annick, quand vous le lirez,
21:17vous verrez que Blanche,
21:19cette femme du directeur
21:21qui est une sorte de Greta Garbo,
21:23morphinomane que tous les hommes désirent
21:25et qui en même temps est juive
21:27et donc très peur de ses officiers allemands,
21:29on a sa photo et on a celle de son époux.
21:31Frank Meyer, on a sa photo.
21:33Marie-Louise Ritz, on a sa photo.
21:35Elle va vivre extrêmement âgée.
21:37Mais alors,
21:39ce que je n'ai pas compris,
21:41c'est que le barman,
21:43il est exactement dans la même situation
21:45que Guitry, c'est-à-dire qu'à la fin,
21:47Nagui est arrêté,
21:49alors que vous ne le décrivez pas du tout
21:51comme un collaborateur,
21:53mais plutôt comme une sorte de légaliste
21:55qui résiste en silence.
21:57Et il est arrêté par les FFI.
21:59Oui, parce que malgré tout,
22:01pour beaucoup de gens,
22:03il reste le barman du Ritz,
22:05aveuglé aussi, sans doute,
22:07par la violence extérieure.
22:09Mais pas elle, la directrice,
22:11c'est ça qui est bizarre.
22:13Pourquoi lui plutôt que la patronne du Ritz ?
22:15Parce que Frank vit dans le 17ème arrondissement,
22:17il part au Ritz.
22:19Apparemment, c'est des voisins
22:21qui dénoncent Frank par jalousie,
22:23peut-être sans doute aussi,
22:25et donc il est arrêté par les FFI
22:27avec son fils et sa nièce,
22:29le 26 août, si je ne dis pas de bêtises.
22:31Et Frank va donc donner une grosse somme d'argent
22:33qu'il va utiliser pendant l'occupation,
22:35en détournant un bout de la caisse,
22:37pour se libérer.
22:39Mais ça raconte aussi un moment
22:41de la libération de Paris
22:43où tout est trouble, tout est flou.
22:45Et Frank ayant servi Hermann Göring
22:47au bar du Ritz, c'était forcément un collabo.
22:49Donc évidemment, dans le cliché de l'époque,
22:51Frank ne peut être que coupable.
22:53Marie-Louise Ritz, donc la propriétaire,
22:55son mari est mort, va reprendre
22:57tranquillement la gestion du Ritz
22:59après la guerre.
23:01Elle est partie en Suisse
23:03avec son amant prussien.
23:05Elle reviendra donc dans les années 50
23:07pour reprendre. Alors il y a des phrases,
23:09évidemment, toujours.
23:11Cette vipère n'a pu récupérer qu'une chambre
23:13mansardée pendant qu'elle était au Ritz.
23:15Elle a essayé, vous le savez, de reprendre
23:17où frère avait été maire par le biais
23:19de lettres à Xavier Vallat,
23:21qui était commissaire aux questions juives.
23:23La propriété de ses parfums,
23:25enfin tout ça est maintenant extrêmement
23:27célèbre.
23:29Je voudrais simplement qu'on réfléchisse
23:31au fond à ce concept
23:33qui est beaucoup débattu
23:35aujourd'hui à propos de ce qui se passe en Ukraine.
23:37C'est-à-dire
23:39ce que disent d'ailleurs vos vétérans
23:41parce qu'ils ont connu Vietnam aussi,
23:43pas comme participants, mais ils disent au fond
23:45quand on a fait, nous, ce qu'on a fait,
23:47tout le monde y a été,
23:49même si c'était la peur au ventre, car c'était
23:51une guerre juste. Et ils ont vécu
23:53comme citoyens américains ou citoyens anglais
23:55la guerre du Vietnam.
23:57Ils ont considéré, un peu comme dans le film de Coppola,
23:59que c'était une guerre dingue,
24:01qui n'avait strictement aucun sens.
24:03Est-ce qu'à travers vos deux livres,
24:05vous avez forcément
24:07réfléchi justement à la question
24:09de ce qui se passe aujourd'hui ?
24:11Est-ce que c'est un remake
24:13que j'allais dire de celle
24:15du débarquement du Sidèze-Ironée
24:17derrière une coalition juste
24:19derrière les Ukrainiens ?
24:21Ou est-ce que c'est un truc absurde
24:23que de considérer qu'on a à combattre
24:25les Russes d'aujourd'hui ? Philippe.
24:27C'est très compliqué.
24:29J'ai toujours du mal à comparer les époques,
24:31parce que c'est toujours un petit peu dangereux.
24:33Ce qui est certain,
24:35c'est que les soldats
24:37du débarquement viennent défendre des valeurs.
24:39Des valeurs qui vont être
24:41un héritage, d'ailleurs, qu'on va nous léguer
24:43aujourd'hui encore, finalement.
24:45Ce que Biden a dit sur les plages.
24:47C'est un héritage politique, la démocratie, la République.
24:49C'est un héritage social, le CNR,
24:51la sécurité sociale, par exemple.
24:53La fraternité.
24:55La fraternité, y compris du combat.
24:57C'est Bernard Brazos, frère d'armes.
24:59Cet héritage-là,
25:01nous sommes héritiers de cet héritage.
25:03Je me dis quand même
25:05qu'aujourd'hui...
25:07C'est logique de soutenir les Ukrainiens.
25:09Je le pense, en tout cas.
25:11Est-ce que vous partagez ce point de vue, Annie ?
25:13Totalement. Ce qui était très frappant,
25:15lorsque je parle aux vétérans de maintenant,
25:17les miens sont morts, mais j'en ai rencontrés
25:19à certains noms.
25:21Vous avez discuté avec eux.
25:23J'étais avec 48 Américains,
25:25mais auparavant, les semaines avant,
25:27j'allais rencontrer
25:29une dizaine de vétérans anglais, centenaires.
25:31Et tous,
25:33en tout cas tous les Anglais,
25:35les Américains, certaines fois, étaient un peu plus flous,
25:37mais en tout cas tous les Anglais disaient
25:39ce qui se passe actuellement en Ukraine
25:41est terrible, nous concerne.
25:43Ils avaient tous la trouille.
25:45Tous faisaient vraiment le lien avec la situation de 1939
25:47et la situation actuelle.
25:49Mais réellement,
25:51là, pour le coup, il n'y avait pas une fausse note.
25:53Et tous disaient qu'il faut être absolument
25:55aux côtés des Ukrainiens.
25:57Tous étaient effectivement très inquiets
25:59de la situation et de Poutine
26:01et le comparaient à Hitler.
26:03Ils hésitaient même à dire son nom,
26:05mais il est comme l'autre, celui qu'on a connu.
26:07Il est comme l'autre fou,
26:09ou ce cancer,
26:11en parlant d'Hitler.
26:13Mais faisait absolument un parallèle.
26:17Et les Américains aussi.
26:19Ce qui est terrible, c'est que les Américains,
26:21les vétérans étaient assez partagés
26:23et beaucoup sont quand même pour Trump.
26:27Et là, il y a pour le coup un vrai problème.
26:29Ils sont assez conservateurs.
26:31Et donc Trump représente la force,
26:33la virilité, etc., le macho.
26:35Et alors je leur disais,
26:37mais Trump est très isolationniste.
26:39C'est America first.
26:41Donc il y avait une espèce de...
26:43Bon, là, ils n'étaient plus très sûrs,
26:45mais tout le monde veut soutenir le crène
26:47en faisant un parallèle qui était très troublant.
26:49– Annick Cogent,
26:51Nous y étions, c'est publié chez Grassel.
26:5318 vétérans racontent heure par heure le D-Day.
26:55Voici donc cet excellent livre.
26:57Annick, vous le savez,
26:59est grande reportère au Monde,
27:01prix Albert Monde.
27:03Bref, une grande journaliste.
27:05Philippe, vous avez vraiment réussi
27:07votre affaire avec ce barman du Ritz
27:09qui est déjà avec les photos de la fin
27:11et les principaux héros.
27:13Vous avez évidemment inventé
27:15un certain nombre de dialogues,
27:17mais tout est juste, vrai,
27:19et on a l'impression, justement,
27:21d'être dans ce bar qui est,
27:23comme je le disais,
27:25une sorte de microcosme de l'insensé
27:27pendant les années qui sont
27:29les années de l'occupation.
27:31C'est passionnant à lire
27:33et c'est aux éditions Albin Michel.
27:35Merci d'être venus tous les deux
27:37au Bonheur des livres.
27:39C'est un plaisir de lire
27:41et une bonne manière d'accéder
27:43à ce qui nous caractérise,
27:45c'est-à-dire l'humanité,
27:47c'est de lire des livres
27:49et en particulier ces deux-là.
27:51Ciao !

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