• il y a 4 mois
¿1000 pays pour demain¿», le magazine présenté par Rebecca Fitoussi nous entraîne à la rencontre de ceux et celles , entrepreneurs , ingénieurs , artisans ou encore designers qui innovent ou remettent au goût du jour des savoir-faire ancestraux de nos territoires . Tous excellent dans leur domaine et contribuent au dynamisme de leur « pays » , tous se battent pour que vive le « made in France » . Dans chaque numéro de «¿1000 pays pour demain¿» ,nous irons à la rencontre de trois d'entre eux , à la découverte de leurs histoires . En plateau , dans un lieu itinérant choisi pour sa symbolique régionale , Rebecca Fitoussi reçoit un sénateur , élu de la région qui réagit aux reportages et met à l'honneur une entreprise de son choix . Année de Production : 2023

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Transcription
00:00 (Générique)
00:27 ---
00:31 -Bonjour à tous. Bienvenue sur Public Sénat.
00:34 "Mille pays pour demain" est en Ardèche, en région Auvergne,
00:38 sur la commune de Guirangrange, une des villes les plus dynamiques.
00:42 Un mot de l'économie locale.
00:44 A l'heure où les Français ont envie de nature,
00:47 l'Ardèche tire son épingle du jeu.
00:49 Juste quelques chiffres.
00:51 3000 créations d'entreprises par an, 35 000 nouveaux habitants en 15 ans,
00:55 des entreprises qui se développent, des gîtes ruraux qui font le plein.
00:59 La région et ses 6 sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO
01:03 attirent beaucoup de touristes.
01:05 L'Ardèche en compte un, d'ailleurs, la grotte Chauvet-Pont-d'Arc,
01:09 qui abrite les plus anciennes peintures connues à ce jour.
01:13 Mais pour mieux connaître le coin,
01:15 je vous propose de découvrir ceux et celles qui participent à son rayonnement,
01:19 parce que leur savoir-faire est exceptionnel,
01:22 parce qu'ils sont parfois les entrepreneurs de demain.
01:25 Un sénateur va les découvrir avec nous.
01:27 Je vous le présente tout de suite dans le lieu qu'il a choisi pour nous accueillir.
01:31 1000 pays pour demain, depuis l'Ardèche, c'est parti.
01:34 Bonjour Mathieu Darnot.
01:35 Bonjour.
01:36 Merci beaucoup de nous accueillir chez vous.
01:38 Sénateur LR de l'Ardèche, vice-président du Sénat.
01:41 Je dis chez vous parce qu'on est quand même un peu chez vous ici.
01:43 On est à la mairie de Guy-Iran-Grange, dans le Salon d'honneur,
01:47 une ville dont vous avez été maire pendant presque 10 ans, je crois.
01:50 Ça doit toujours vous faire quelque chose d'être ici.
01:52 Aujourd'hui, la maire, c'est Sylvie Gaucher, c'est ça ?
01:54 Tout à fait, c'est toujours un plaisir d'être ici à Guy-Iran-Grange.
01:57 J'y suis relativement souvent,
02:00 mais c'est vrai que c'est aussi important de pouvoir faire connaître
02:04 ou mieux connaître sa commune.
02:06 Je suis très heureux de vous accueillir ici.
02:08 Et de rester connecté au terrain.
02:10 Et de rester connecté à ces communes qu'on ne connaît pas forcément.
02:12 Je le disais en introduction, la région attire.
02:15 Elle attire des touristes, mais aussi des entrepreneurs.
02:18 En revanche, tout se concentre un petit peu autour du Rhône, c'est ça ?
02:21 On a démographiquement un axe de la vallée du Rhône,
02:24 d'Annonay jusqu'à Bourg-Saint-Andéol.
02:27 Mais l'Ardèche, ce n'est pas que la vallée du Rhône.
02:29 L'Ardèche, c'est aussi des territoires dynamiques au nord, au sud et au centre,
02:34 avec des spécificités en matière économique,
02:36 avec une population globale qui progresse.
02:39 Je crois qu'on est tout à fait fiers de cela.
02:40 Alors justement, Mathieu Darnot, on va commencer notre petit tour
02:43 des entreprises ardéchoises qui font rayonner la région.
02:45 L'Ardèche, c'est un peu le pays de la Mongolfière.
02:47 Le premier vol des Frères Mongolfiers, 1783, il est parti d'Annonay,
02:52 c'est à une cinquantaine de kilomètres d'ici, je crois.
02:54 Et c'est précisément là-bas qu'on va faire la connaissance de Mercedes Taravio.
02:58 C'est une entrepreneuse incroyable qui est pilote de Mongolfière,
03:01 pilote du LM, parachutiste.
03:03 Et comme elle a aussi une formation en couture,
03:06 elle a décidé de monter son propre atelier
03:08 où elle fabrique des toiles de ballon.
03:10 C'est très impressionnant, regardez.
03:12 C'est bon, tu as pris le tuyau ?
03:16 - Je vais se laisser en rouge.
03:18 - Bonne nouvelle, il y a du gaz.
03:27 Nous allons pouvoir coucher la nacelle.
03:30 Là, on est bon.
03:44 Au départ, il faut bien la gonfler d'air froid.
03:47 Il faut qu'au moment où on actionne le brûleur,
03:50 que le ballon soit bien rond.
03:52 Et s'il était tout rap, la, pla,
03:54 dès le premier coup de brûleur, on brûlerait tout.
03:59 C'est la réplique du premier ballon qui a volé
04:05 avec l'effigie des Frères de Mongolfier.
04:13 Allez, à tout à l'heure.
04:15 Merci les garçons.
04:17 On décolle avec le lever du soleil.
04:23 Une fois en l'air, je fais attention
04:27 à la direction du vent,
04:29 parce que nous nous déplaçons dans le vent.
04:31 Nous ne sommes pas poussés par une force.
04:36 On n'est pas poussés par le vent,
04:38 on se déplace dans la masse d'air.
04:42 C'est un grand bonheur,
04:44 un sentiment de liberté.
04:46 Ça déclenche de l'adrénaline.
04:50 Bonjour les culpes.
05:09 Bonjour les culpes.
05:11 Vous avancez bien.
05:13 Vous pensez bien mettre les lettres au milieu.
05:15 C'est toi le chef.
05:17 C'est toi la chef.
05:19 Allez, bonne continuation.
05:21 À toute.
05:23 Dans l'association, nous sommes tous membres bénévoles.
05:27 Alors voilà, ça c'est mon atelier.
05:30 Là, je me transforme en couturière,
05:33 en aéronaute.
05:35 J'ai appris la couture.
05:37 Formation couture industrielle.
05:40 Et donc aujourd'hui, je suis dans la construction
05:43 de mongolfières amateurs.
05:45 Une mongolfière, c'est avant tout du tissu.
05:51 Je prépare ce qu'on appelle la soupape.
05:54 C'est la partie haute de la mongolfière.
05:57 Alors, mon travail là va consister
06:01 à assembler les morceaux
06:03 en double couture rabattue.
06:06 Ils vont venir s'encastrer l'un dans l'autre.
06:09 C'est vraiment la méthode
06:12 la plus solide d'assemblage.
06:15 Et voilà.
06:18 C'est un tissu aéronautique.
06:20 Si tu le vois par transparence là,
06:23 il va y avoir une résistance à la déchirure
06:25 plus importante du fait de ces petits carreaux.
06:28 Et sans compter une partie enduite
06:31 pour garder l'air chaud à l'intérieur du ballon.
06:34 C'est vraiment un engin qui va transporter
06:37 des personnes, des passagers.
06:40 Et donc tout doit être fait très exactement
06:44 tel que l'indiquent les procédures.
06:47 On n'est plus dans l'esthétique,
06:49 on est dans la sécurité.
06:51 Alors aujourd'hui, si j'avais des requêtes à faire,
06:58 j'aurais envie de dire que
07:01 les écoles de couture ne doivent pas fermer.
07:06 Ce secteur n'est pas complètement sinistré.
07:09 Nous devons continuer,
07:11 les écoles doivent continuer
07:13 à former des jeunes en couture
07:15 parce qu'avec un CAP couture,
07:17 on peut devenir fabricant de montgolfière.
07:20 - Qu'est-ce que c'est beau ce vol en montgolfière
07:23 qu'on vient de découvrir dans le reportage.
07:25 Vous en avez déjà fait, vous ?
07:26 Parce que c'est une institution ici, la montgolfière.
07:28 - C'est une institution et je crois que
07:29 tout Ardèchois et singulièrement Nord-Ardèchois
07:32 qui se respectent a déjà eu l'occasion
07:34 de monter dans une montgolfière.
07:36 Et finalement, le reportage montre bien
07:38 qu'il y a encore une culture,
07:40 une culture économique autour de la montgolfière.
07:43 - Alors Mercedes Taravio nous interpelle quand même
07:45 sur sa crainte de voir disparaître
07:47 les écoles de couture.
07:48 Moi, ça m'a un petit peu surprise.
07:49 Pourquoi cette peur ? Elle a raison ?
07:51 Il y a des métiers de l'artisanat
07:53 qui sont en train de disparaître comme ça ?
07:54 - Oui, on l'a vu singulièrement sur Annonay,
07:57 sur ce bassin-là, où on a eu avec les tanneries
08:00 par le passé des métiers
08:02 dont les savoir-faire se sont perdus.
08:05 Qu'il convient peut-être aujourd'hui,
08:07 et on le voit puisqu'on a des unités aussi,
08:10 quelques entreprises de haute couture
08:12 qui sont présentes sur le territoire,
08:15 d'utiliser ces savoir-faire,
08:17 de les remettre au goût du jour
08:19 et surtout de les conforter.
08:20 Je crois qu'un savoir-faire,
08:22 c'est une part d'identité du territoire,
08:24 c'est une part de l'identité
08:25 et de l'histoire d'un territoire.
08:27 Et je pense que c'est important aussi
08:29 parce que c'est une part de l'activité économique
08:32 et ces savoir-faire, nous devons absolument les préserver.
08:35 Je crois que les élus,
08:37 l'ensemble des acteurs économiques,
08:38 doivent se mobiliser pour conserver,
08:41 perpétuer ces savoir-faire.
08:43 - Mais alors comment on s'y prend ?
08:44 Parce que, justement, Mercedes Taravio
08:46 milite pour l'aide à la formation des jeunes
08:48 et notamment pour les aider à implanter,
08:50 à installer leur entreprise.
08:52 Et elle a une proposition, par exemple,
08:54 d'opération des charges, non pas sur un an,
08:56 mais pourquoi pas sur trois ans ?
08:57 Parce que ça, ça peut être une solution, par exemple ?
08:59 - Je crois que ce qui est important, effectivement,
09:01 c'est la formation, c'est faire connaître ces métiers.
09:03 Aujourd'hui, ces métiers, disons-le très clairement,
09:05 notamment chez les jeunes,
09:07 ne sont pas peu connus.
09:08 Et je crois qu'il convient de les faire connaître.
09:10 Je pense qu'il faut faire ce qu'on appelle
09:12 de la formation intégrée en lien avec les entreprises.
09:15 C'est important que les entreprises
09:17 arrivent aussi à promouvoir de la formation
09:20 et puis, effectivement,
09:21 encourager par des mesures économiques,
09:24 par des mesures fiscales...
09:26 - L'incitation.
09:27 - L'incitation et faire en sorte que ces savoir-faire
09:29 ne se perdent pas.
09:30 - Je vous propose de rester en altitude,
09:32 Mathieu Darnot, à 700 mètres de haut.
09:34 On va faire la connaissance de Mickaël Arnault.
09:36 C'est un ancien sportif de haute montagne.
09:39 Lui, il n'avait pas du tout envie de quitter ses reliefs.
09:41 Il est tombé amoureux du travail manuel
09:43 il y a environ une dizaine d'années,
09:45 en restaurant d'abord un vieux chalet.
09:47 Et aujourd'hui, il crée des lampes en bois.
09:49 Alors attention, pas n'importe quel bois,
09:51 jamais d'arbres abattus,
09:52 du bois mort qu'il trouve dans la forêt ardéchoise.
09:55 Mickaël Arnault, c'est vraiment un artisan 100% nature.
09:58 On le découvre.
09:59 Ardècho, Ardècho,
10:05 merveilleux pays,
10:08 c'est la famille d'Ardècho,
10:12 Ardècho ma rêvie.
10:16 Ardèche, Ardèche, merveilleux pays,
10:18 si tu n'as jamais vu l'Ardèche,
10:19 tu n'as jamais rien vu de ta vie.
10:21 Tchitisco !
10:27 Moi je suis un amoureux fou de la nature,
10:29 sans la nature je ne pourrais pas vivre.
10:31 Moi je suis un caillou de l'Ardèche,
10:32 je suis un cutéreux de l'Ardèche,
10:33 et je suis fier d'être un cutéreux.
10:35 Moi avec toutes ces essences de bois,
10:38 à la fin je fabrique des lampes d'un autre temps,
10:41 comme je dis.
10:43 Voilà !
10:47 On a du mal à croire qu'un jour,
10:49 cette souche qu'on voit là,
10:52 ça vous voyez,
10:54 un jour, c'est sûr que ça sera une lampe,
10:57 ça sera magnifique ça.
10:59 C'est des heures et des heures de travail,
11:01 c'est de la patience,
11:02 mais moi c'est ma passion, j'aime ça.
11:05 Et puis, moi c'est pas du Maïdine chinois,
11:11 c'est du Maïdine chez moi.
11:14 Sisko !
11:16 Mon petit chalet, mon petit coin de paradis,
11:21 le mien et celui de ma femme.
11:23 Et là c'est la partie atelier.
11:26 Voilà la caverne d'Ali Baba.
11:28 C'est un peu où je stocke beaucoup de souches,
11:32 comme on peut le voir.
11:33 Alors aujourd'hui j'avais envie de travailler celle-là,
11:36 elle m'inspire, c'est du Douglas.
11:38 Elle a bien séché,
11:39 celle-là elle est prête à travailler.
11:42 On est pas mal.
11:44 La première chose pour une lampe, c'est la stabilité.
11:47 Il y a des normes à respecter,
11:49 c'est 6%, il faut qu'elle se remette dans sa position.
11:52 Et là on sent l'odeur du bois !
11:57 J'incruste les douilles,
12:01 comme ça elles ne se voient pas, c'est dix fois plus joli.
12:04 C'est ce que ça va donner,
12:06 c'est ce que ça va donner la qualité.
12:08 C'est dix fois plus joli.
12:10 C'est ce que ça va faire sûrement après.
12:13 On va percer de part en part,
12:19 pour pouvoir passer le fil.
12:21 Et du coup c'est comme ça qu'on va pouvoir le guider,
12:31 pour le faire remonter jusqu'en haut.
12:33 Au niveau électrique,
12:35 j'ai été obligé de faire une formation,
12:37 pour vendre des luminaires.
12:39 Et par contre au niveau du bois,
12:41 je suis un autodidacte.
12:43 La nature, elle donne des choses très belles d'elle-même.
12:47 Je suis un valorisateur de la nature.
12:50 Après le décapage,
12:52 on l'a badigeonné à la chaude,
12:54 ça fait sortir la veine du bois.
12:56 Et dès que le bois est un peu blanchi,
12:58 il passe plus dans l'esprit "coucouning".
13:00 On va l'allumer, ça sera super joli.
13:04 On va passer en haut au chalet, avec Florence.
13:08 C'est elle qui confectionne tous les abat-jours,
13:11 en ficelle.
13:13 Alors là on va prendre la partie colle,
13:18 parce que là on voit qu'il y a un petit bout de ficelle partout,
13:20 je voudrais bien voir où j'en suis.
13:22 La première fois qu'elle a fait les damiers,
13:25 j'ai adoré cette forme-là, comme ça.
13:28 Et c'est des abat-jours qui partent beaucoup, ça.
13:30 Les gens aiment bien.
13:32 Les lampes, c'est surtout une passion.
13:34 Vu la conjoncture actuelle,
13:36 pour le moment, je préfère garder mon emploi à côté.
13:39 Alors je suis chauffeur routier,
13:43 pour un grand groupe de bricolage.
13:45 Quand je vois le nombre de retraits rappels
13:47 de produits "Made in China" qu'on fait,
13:51 et pourtant, tous ces produits normalement
13:54 ont passé des tests.
13:56 Alors moi j'essaye de faire tous les efforts,
13:58 j'ai fait ma formation par le syndicat
14:00 de France des Luminaires.
14:02 Je fais le maximum que je peux faire.
14:05 Mais moi je trouve que les normes sont poussées à l'extrême.
14:08 Je peux donner un exemple flagrant.
14:11 Voilà, moi j'achète des cordons tout neufs,
14:14 aux normes, CE, tout ce qu'il faut.
14:17 Sauf qu'il faut que je double ces deux petits fils,
14:20 il faut les redoubler.
14:22 Voilà, c'est une norme supplémentaire.
14:24 Encore un sacré personnage.
14:27 Alors il le dit en riant, mais il le dit quand même,
14:29 et le message est assez fort.
14:31 Ici c'est pas "Made in China",
14:33 c'est "Made in chez moi".
14:35 Et c'est vrai qu'on s'est tous un peu habitués
14:37 à aller acheter nos objets dans des grandes chaînes de magasins,
14:40 d'objets qui sont fabriqués à des milliers de kilomètres.
14:42 Il y a quand même un système qui marche un peu sur la tête, non ?
14:45 Oui, je crois que c'est important,
14:47 le produire local, l'utilisation des ressources
14:50 sur un territoire, la mise en valeur des ressources
14:52 c'est quelque chose d'essentiel.
14:54 C'est aussi quelque chose qu'il nous convient
14:56 de mettre en avant, que ce soient les acteurs locaux,
14:58 mais également celles et ceux qui participent
15:02 à la vie de nos territoires
15:04 et qui accompagnent les acteurs économiques,
15:07 en inventant, en innovant, en utilisant la ressource locale.
15:10 Et je crois que ce reportage illustre bien cela.
15:13 - Michael Arnault nous parle aussi de "normes poussées à l'extrême".
15:16 C'est son expression.
15:18 Il est obligé, lui, de remplir un papier de conformité
15:21 pour chacune de ses lampes, puisque chacune de ses lampes,
15:23 par définition, est unique.
15:25 Là aussi, il y a quelque chose qui n'aide pas l'artisanat,
15:27 justement, les artisans, ces chefs d'entreprise.
15:29 - Vous savez que ça, c'est le grand combat du moment au Sénat.
15:31 Nous venons de voter une loi à l'initiative
15:34 de notre collègue Olivier Rittmann,
15:36 qui est le président de la délégation aux entreprises,
15:38 parce que nous avons une volonté affichée
15:41 de réduire les normes, toutes les normes.
15:43 Alors, je m'empresse de dire qu'il y a de la norme aussi,
15:45 parfois, qui protège, y compris nos entreprises,
15:48 par rapport à leur savoir-faire.
15:49 - C'est l'objectif. C'est l'objectif initial.
15:50 - Mais il y a, dans le même temps, trop de normes qui contraignent.
15:53 Et je crois que le reportage illustre aussi cela.
15:56 Et c'est pourquoi nous avons souhaité mettre en place
15:58 un Haut Conseil d'évaluation de ces normes.
16:01 C'est vraiment un travail important
16:04 qu'a engagé le Sénat depuis de nombreux mois,
16:07 que ce soit pour les collectivités,
16:08 mais aussi pour les femmes et les hommes
16:10 qui entreprennent dans notre pays.
16:11 - Et puis, ce n'est pas anecdotique.
16:12 Ça va quand même au-delà de ces questions de normes au quotidien.
16:16 C'est que ça crée, notamment chez cet artisan,
16:19 une défiance vis-à-vis de l'Europe, par exemple,
16:21 qu'il considère comme la haute responsable
16:23 de ces normes excessives,
16:24 ou des responsables politiques en général.
16:26 Ça crée de la défiance, en plus.
16:27 - Le fait de revenir à des écosystèmes locaux,
16:30 de pouvoir trouver sur nos territoires
16:33 la capacité pour ces femmes et ces hommes,
16:35 un, d'être accompagnés,
16:36 deux, d'avoir à subir moins de normes,
16:40 parfois moins de charges.
16:41 Et puis, l'entreprise doit être plus accessible
16:44 et on doit donner un peu d'air
16:46 à ces femmes et ces hommes qui souhaitent entreprendre.
16:49 - C'est le moment de nous faire partager
16:50 votre entreprise coup de cœur, Mathieu Darnot.
16:53 Vous avez choisi Faune Environnement.
16:55 C'est une entreprise qui innove dans la collecte
16:57 et la gestion des déchets.
16:58 Racontez-nous un peu.
16:59 - Coup de cœur, j'aurais pu prendre
17:00 beaucoup d'autres entreprises art de choix.
17:02 C'est toujours difficile d'avoir à faire un choix.
17:06 Mais j'ai choisi cette entreprise pour trois raisons.
17:09 D'abord, parce qu'elle est implantée
17:10 sur la commune de Guirangrange
17:12 et qu'elle a cette particularité
17:15 d'être une entreprise séculaire.
17:17 Elle a été créée en 1922,
17:19 à l'époque c'était la carrosserie Grange Frères.
17:22 C'est une entreprise aujourd'hui de pointe,
17:24 qui est leader européen sur son marché.
17:27 Et une entreprise, et c'est ce qui me plaît,
17:29 qui ne cesse d'innover en matière de développement durable.
17:32 Notamment, on sait que la collecte des déchets,
17:35 c'est un sujet qui peut créer des nuisances,
17:37 notamment sonores, quand on a les camions
17:39 qui passent dans sa rue.
17:40 Tout ce qui participe à une vraie politique d'entreprise
17:43 en matière de développement durable.
17:45 Et je crois qu'il faut que l'on œuvre dans ce sens.
17:47 - Belle entreprise coup de cœur.
17:48 On va poursuivre notre petit voyage en Ardèche.
17:50 Cette fois, on va partir à la rencontre d'un collectif.
17:52 C'est une soixantaine de personnes,
17:54 toutes associées, donc toutes un peu chefs d'entreprise,
17:57 puisqu'elles se sont constituées en SCOP.
17:59 J'explique, la SCOP, c'est Société Coopérative et Participative.
18:03 Leur truc, c'est la laine de mouton,
18:05 pour fabriquer des pulls, des robes et surtout des matelas.
18:07 Mais plus que la fabrication d'objets,
18:09 ce qui leur tient à cœur,
18:10 ce pour quoi ils se battent, c'est la ruralité.
18:13 Ils la défendent avec vigueur, cette ruralité.
18:16 On va en parler après le reportage.
18:17 (musique)
18:28 - On est en Ardèche, dans le petit village de Saint-Pierreville,
18:31 qui est dans le centre Ardèche,
18:32 dans la région qu'on appelle des Boutières,
18:34 qui est au cœur du parc régional des Monts d'Ardèche.
18:37 Et c'est le lieu qu'on a choisi pour implanter Ardelen.
18:44 Et donc l'idée, c'est de créer une activité économique pérenne en zone rurale.
18:48 Et donc ça s'est porté sur l'Aldelen naturellement,
18:50 parce que le site s'y prêtait, que les moutons étaient là.
18:53 Et donc tout naturellement, l'activité s'est construite autour de ça.
18:56 On va commencer le travail de l'Aldelen ici, dans cet atelier.
19:04 Là, on a une laine propre, mais toute tassée,
19:06 qui ne va pas avoir de volume, pas de gonflons.
19:08 On ne peut pas travailler vraiment tel quel.
19:10 Et le fait de la passer dans cette grande machine-là,
19:12 c'est qu'on va en sortir au bout de la machine avec une laine en flocons.
19:15 De cette façon-là, qui est beaucoup plus aérienne,
19:17 qui est beaucoup plus volumineuse.
19:19 Et donc après, l'Aldelen va arriver dans ce bâtiment-ci,
19:26 qui est l'atelier-matelas.
19:28 Bonjour tout le monde !
19:31 Là, on a Baptiste, qui est en train de bâtir un matelas.
19:34 C'est vraiment l'étape manuelle par excellence,
19:37 où l'idée, ça va être de répartir l'Aldelen.
19:40 C'est vraiment une étape qui se fait uniquement au toucher.
19:43 C'est une construction sensorielle,
19:45 avec les mains qui vont essayer de voir,
19:48 avec la pression, la répartition,
19:50 le volume nécessaire à tel endroit,
19:52 là où il manque un petit peu,
19:54 où il faut en rajouter.
19:56 On est vraiment sur du savoir-faire artisanal,
19:58 et ce n'est pas quelque chose qu'on peut apprendre dans les livres.
20:00 Il faut vraiment mettre les mains dedans.
20:02 Et c'est pour ça que d'ailleurs, tous les gens qu'on est amenés à recruter,
20:04 ce sont des gens qu'on va former nous-mêmes.
20:06 On dit qu'il y a un parcours d'à peu près deux ans d'apprentissage
20:09 pour pouvoir faire un matelas de A à Z.
20:12 Estelle, avec une grande aiguille,
20:15 est en train de percer l'épaisseur du matelas
20:17 pour venir placer ces petites ficelles
20:19 qui vont permettre de définir ensuite les points de serrage
20:21 pour pouvoir uniformiser la laine
20:23 et la maintenir vraiment dans le tissu.
20:25 Et elle va s'aider de ce miroir
20:27 et de cette lumière qui est en dessous
20:29 pour éviter d'avoir à se baisser tout le temps
20:31 pour ressortir au bon endroit du matelas par en dessous.
20:35 Et alors juste derrière, on a Essam
20:37 qui lui a une autre étape de fabrication.
20:39 C'est là où on va vraiment serrer la ficelle
20:42 qu'on a fait traverser dans toute l'épaisseur du matelas
20:44 pour que la laine prenne correctement sa place.
20:47 Certaines personnes nous demandent
20:51 est-ce que c'est agréable de dormir là-dessus,
20:53 est-ce que je ne vais pas sentir les creux, les bosses ?
20:55 Pas tellement, parce que la laine, elle est très gonflante
20:57 et elle a beaucoup de ressorts.
20:59 Donc en fait, elle va vraiment s'adapter
21:01 à la pression que le corps va exercer.
21:03 Et le gros avantage du matelas en laine,
21:05 c'est qu'on va l'acheter une première fois
21:07 et ensuite au bout d'une dizaine d'années,
21:09 selon l'usage et le type de matelas,
21:11 on va pouvoir le refaire.
21:13 Donc on va garder la même laine,
21:15 on va changer le tissu, rebâtir à neuf un matelas,
21:17 mais en gardant la matière tout au long de sa vie pratiquement.
21:20 On est sur une durée de vie de 40-50 ans environ.
21:23 Bon appétit tout le monde !
21:31 Bon appétit !
21:33 On est des fabricants,
21:35 on travaille la matière laine et on fait des produits,
21:37 mais surtout, on accueille du public.
21:39 Et donc on fait beaucoup de visites animées,
21:41 beaucoup d'ateliers créatifs,
21:43 beaucoup de stages.
21:45 Bonjour !
21:47 Bonjour !
21:49 On va l'emmener aussi, si tu veux !
21:51 C'est le moment convivial
21:53 où tous les gens peuvent venir déjeuner ensemble
21:55 ici à Ardelaine, en mode un peu banquet,
21:57 où tout le monde peut se mélanger,
21:59 échanger ensemble autour d'un bon repas.
22:01 Depuis le début de notre aventure,
22:07 l'enjeu c'est de dynamiser un territoire rural.
22:09 Et un territoire, ça se joue autour d'un triptyque.
22:12 Vivre, se transporter et se loger.
22:16 Et ces trois choses-là s'imbriquent,
22:18 forment un écosystème qui est assez fragile
22:20 et qui est interdépendant.
22:22 Et nous, pour exister aussi à Ardelaine,
22:24 on a besoin que tout ça fonctionne bien,
22:26 parce que sinon on ne pourra pas recruter,
22:28 on aura du mal à ce que les gens puissent
22:30 venir vivre chez nous.
22:32 Et c'est vraiment un enjeu de première importance
22:34 de maintenir ces savoir-faire textiles en France.
22:36 Et comment on peut faire pour mieux soutenir
22:38 les entreprises qui sont dans cette problématique-là.
22:40 On n'imagine pas, Mathieu Tarnot,
22:42 en tout cas moi je n'imaginais pas
22:44 que c'était si beau à filmer, la fabrication artisanale
22:46 d'un matelas, je trouve ça magnifique.
22:48 Willy Mars nous parle de l'importance du toucher,
22:50 il emploie l'expression "construction sensorielle".
22:52 Voilà une activité qu'un robot,
22:54 a priori, ne peut pas remplacer.
22:56 Tant mieux, c'est rassurant.
22:58 Tant mieux, la main de l'homme
23:00 est encore importante,
23:02 particulièrement quand on est
23:04 sur de la fabrication artisanale.
23:06 Et je crois que l'artisanat, encore une fois,
23:08 on en voit une illustration,
23:10 c'est une des images
23:12 de ce territoire Ardèche.
23:14 Le beau geste.
23:16 Willy Mars nous parle d'un triptyque,
23:18 pour qu'un territoire reste dynamique,
23:20 il nous dit "vivre, se transporter, se loger".
23:22 Mais on sent bien que c'est un équilibre
23:24 qui est très fragile, et cette entreprise,
23:26 cette SCOP, y participe, mais c'est un combat
23:28 de tous les jours, et il nous dit "la ruralité n'est pas morte".
23:30 Elle n'est pas morte, la ruralité ?
23:32 Non, elle est encore vivante, mais elle mérite
23:34 et a la nécessité d'être particulièrement soutenue.
23:36 La mobilité, c'est un des sujets
23:38 compliqués sur le territoire Ardèche.
23:40 On y travaille, les collectivités,
23:42 notamment le département,
23:44 accordent une importance importante
23:46 à la mobilité, la région également.
23:48 Je crois qu'on est un département
23:50 qui a vocation à être soutenu
23:52 pour que justement,
23:54 cette ruralité, puisse être une ruralité
23:56 à la fois vivante, mais active
23:58 au sens de son économie,
24:00 d'une économie rurale,
24:02 comme celle d'Ardelaine.
24:04 Le modèle de la SCOP, qu'est-ce que vous en pensez ?
24:06 C'est un modèle qu'il faut pousser ?
24:08 Je précise, la SCOP, c'est quand les salariés
24:10 prennent le contrôle de leur entreprise,
24:12 ils sont tous associés.
24:14 C'est un modèle qui est émergent,
24:16 mais qui a aussi ses limites,
24:18 qui est très intéressant
24:20 par rapport au sujet
24:22 que nous venons de voir, parce que finalement,
24:24 c'est une entreprise collective,
24:26 c'est aussi une aventure humaine,
24:28 ce n'est pas toujours évident,
24:30 parce qu'une SCOP, ça répond
24:32 à un cadre bien particulier,
24:34 où il n'y a pas de plus-value réalisé,
24:36 on ne peut pas revendre cette entreprise,
24:38 donc ça nécessite effectivement
24:40 qu'il y ait une convergence de vues,
24:42 et ça je pense que c'est intéressant,
24:44 mais il faut que le cadre s'y prête,
24:46 et en l'occurrence,
24:48 l'association d'Ardeleine, ça s'y prête bien.
24:50 - Un tout dernier rituel dans cette émission,
24:52 et avant de se quitter,
24:54 trois bonnes raisons de venir s'installer en Ardèche,
24:56 installer son entreprise.
24:58 - Je crois que l'Ardèche est un territoire en croissance,
25:00 on a un cadre de vie
25:02 particulièrement agréable,
25:04 il y a encore des efforts à faire,
25:06 on le voit, mais c'est un département
25:08 qui se développe,
25:10 qui a à cœur de vitaliser sa ruralité,
25:12 et finalement,
25:14 qui a en son sein
25:16 tous les pans de l'économie,
25:18 que ce soit l'activité touristique,
25:20 l'activité artisanale,
25:22 l'activité agricole, l'activité industrielle,
25:24 et je crois que
25:26 les Ardèchoises et les Ardèchois ont à cœur
25:28 d'accueillir, et puis on a des élus
25:30 qui sont aussi
25:32 très en demande d'accueillir
25:34 de l'activité économique,
25:36 je crois qu'on est un territoire qui donne envie,
25:38 je crois que ça c'est important.
25:40 - En tout cas nous, ça nous a donné envie.
25:42 Merci, merci beaucoup Mathieu Darneux de nous avoir accueillis
25:44 à l'Ardèche, et merci à la mairie de Guirangrange
25:46 de nous avoir accueillis, merci à Madame la maire
25:48 Sylvie Gaucher, et puis merci
25:50 à tous ces artisans, à tous ces chefs d'entreprise
25:52 d'avoir accueilli nos caméras si chaleureusement.
25:54 Merci, à très bientôt sur Public Sénat,
25:56 on se retrouve bientôt pour un nouveau numéro.
25:58 (Générique)

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