• il y a 4 mois
L'invitée du jour de Télématin est l'actrice Judith Magre. 

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Transcription
00:00 -Quel bonheur et quel honneur de recevoir sur notre plateau
00:04 la comédienne Judith Magre. Bonjour Judith.
00:07 -Bonjour.
00:08 -Je ne sais pas si vous allez être ravie que je le dise,
00:10 mais je trouve que pour moi c'est une fierté,
00:12 vous êtes la doyenne de nos comédiennes Judith.
00:14 -Oui, c'est l'âge de tout le monde, alors je ne vais pas gâcher le mien.
00:17 -Donc on peut le dire ?
00:18 -Oui, ça m'est égal, c'est 97 ans.
00:20 -97 ans, vous aurez 98 ans le 20 novembre prochain.
00:24 -Voilà, c'est ça.
00:25 -Et vous êtes sur scène Judith, c'est ça qui est merveilleux.
00:28 Je vous conseille de vous continuer à exercer votre beau métier de comédienne.
00:31 Tous les lundis dans Judith Magre prend racine au Poche,
00:35 donc au théâtre de Poche-Montparnasse à Paris.
00:37 Vous êtes sur scène aux côtés de quelqu'un qu'on connaît bien.
00:40 Sur cette chaîne c'est Olivier Barraud.
00:42 Et ce spectacle tourne autour des héroïnes de tragédie grecque.
00:45 On va en parler dans quelques instants Judith.
00:47 Mais c'est vrai que j'ai envie de commencer par ça.
00:49 75 ans de carrière, 97 ans, et une mémoire intacte.
00:53 Vous avez un secret Judith, comment vous faites ?
00:56 -J'ai tout le temps appris des textes.
00:58 Alors là je me suis tapé tous les monologues
01:02 dans les tragédies de racines.
01:04 Oui, ça entretient la mémoire.
01:07 -C'est ça, c'est un muscle la mémoire.
01:08 -Moi j'ai joué toute ma vie, heureusement.
01:11 Autrement je me serais bien emmerdée.
01:14 Enfin non, c'est pas vrai, parce que j'avais quand même d'autres plaisirs.
01:18 -Bien sûr, mais le théâtre, évidemment, les planches, c'est cool dans vos veines.
01:22 -Oui, enfin j'aime bien mon métier.
01:26 -C'est bien, c'est très bien.
01:28 Alors, je voulais qu'on commence, parce qu'avec 75 ans de carrière,
01:31 j'avais le choix quand même.
01:33 J'avais une archive de 1972 à vous soumettre,
01:35 et à soumettre à nos téléspectateurs, Judith.
01:37 Vous me direz si vous êtes encore d'accord
01:40 avec ce que vous déclariez en 1972,
01:43 qui est soit dit en passant une très belle année.
01:46 Regardez, archive, regardez Judith.
01:48 -Pendant très très très longtemps, quand j'étais petite,
01:51 vraiment, je ne m'aimais pas du tout,
01:53 et j'étais très malheureuse.
01:56 J'étais moche, j'étais empotée,
01:58 et c'est pour ça que j'aime bien trouver des paravents
02:02 et avoir des textes qui ne sont pas les miens.
02:05 Et par exemple, dans une pièce, on dit de moi,
02:09 quelqu'un s'adresse à moi en disant
02:11 "Vous êtes la reine et la plus belle et l'associée de la cela."
02:14 S'il me le dit, c'est qu'à ce moment-là, je le suis, je le crois.
02:17 -Donc en fait, vous nous dites dans cet archive
02:20 que vous ne vous aimiez pas petite, Judith,
02:23 mais finalement, d'avoir fait du théâtre,
02:25 de camper des personnages, ça vous aimiez, ce rapport ?
02:28 Si un comédien vous disait "Vous êtes belle",
02:30 vous le croyez au travers de vos rôles ?
02:32 -Oui, je ne m'aimais pas, je ne m'aime pas,
02:35 mais j'aime bien faire ce que je fais,
02:38 et j'aime bien être entouré de gens qui m'aiment.
02:40 J'ai eu la chance d'avoir des gens qui m'aimaient dans la vie, heureusement.
02:44 -Bien sûr. Et c'est peut-être paradoxal, Judith,
02:47 parce que quand on est comédien, on se confronte au regard,
02:51 mais justement, celui des autres et pas au sien.
02:53 C'est ça que vous voulez me dire ?
02:55 -Euh... Qu'est-ce que je voulais vous...
02:57 Non, je voulais vous dire que je ne m'aimais pas,
03:01 je ne me suis jamais aimée,
03:03 ni quand j'étais petite, ni quand j'étais plus grande.
03:05 -Ca ne s'est pas arrangé ? -Ca ne s'est pas arrangé,
03:07 mais j'ai eu la chance de rencontrer des gens
03:10 qui m'aimaient, qui me chouchoutaient.
03:12 -Donc nous, dont Elématin,
03:14 et c'est pour ça que vous êtes là,
03:15 c'est parce qu'on vous aime profondément, Judith.
03:17 Alors, on aime bien quand on reçoit une comédienne,
03:20 en plus à la carrière aussi pousse-soufflante que vous,
03:22 retrouver des archives.
03:23 Vous avez tout joué, je crois 110 pièces,
03:25 à peu près, plus de 100 pièces, 110 pièces,
03:27 du classique comme des comédies.
03:28 Si je vous dis "Visons Voyageurs",
03:30 ça vous rappelle des souvenirs ? Poirée-Sérot ?
03:32 -Oui, Poirée-Sérot, on ne peut pas les oublier.
03:34 -Quel rôle ?
03:35 -J'ai oublié mon rôle, mais je n'ai pas oublié Poirée-Licharon.
03:38 -C'est un petit extrait souvenir, Judith Magre,
03:40 aux côtés du tandem merveilleux Poirée-Sérot.
03:42 Le "Visons Voyageurs".
03:43 -Les petits dessous ont bien atterri.
03:46 -Ah bon ?
03:47 Ça, c'est Londres.
03:48 Ville fantasque, pleine d'images insolites, passionnante.
03:51 -Le coursier est persuadé que tout est tombé de cette fenêtre.
03:54 -Ah oui, ben voyons.
03:55 Voyons sûrement.
03:56 Quand une cliente vient essayer un manteau,
03:58 on lui demande toujours de flanquer ses vêtements par la fenêtre
04:00 parce qu'il n'y a pas la place pour les garder ici, c'est vrai.
04:02 C'est un rite.
04:03 -Les petits dessous ne sont pas tombés dans la rue.
04:05 -Tant mieux, sinon on aurait pu blesser quelqu'un.
04:08 -Ils sont restés accrochés à la grande aiguille de notre horloge,
04:11 sur la façade.
04:12 -Vous preniez le même plaisir, Judith,
04:16 à jouer une comédie contemporaine,
04:18 comme une tragédie grecque, par exemple.
04:20 C'est un plaisir différent, mais le même au final.
04:23 -Oui, moi, j'aime bien quand c'est des textes que j'aime.
04:27 Quand je suis, moi, jouer avec Robert Hirsch,
04:31 jouer avec Sérot, jouer avec Poirée
04:33 et d'autres gens, avec Wilson, avec Barrault,
04:36 avec beaucoup de gens avec qui j'ai joué.
04:38 Oui, c'est très agréable.
04:40 Et puis même quand on...
04:42 Là, en ce moment, je ne suis même pas toute seule
04:43 puisqu'il y a Olivier Barrault qui raconte des trucs.
04:47 -Alors, en fait, pour faire simple,
04:48 ce sont six héroïnes de tragédie grecque de racine,
04:51 on est d'accord ?
04:52 -Oui.
04:53 -Et donc, vous, vous êtes l'interprète de ces textes
04:56 et Olivier Barrault resitue, c'est ça qui est intéressant
04:58 parce qu'honnêtement, il y a certains de ces textes
05:00 qu'on a oubliés, mais lui, il resitue.
05:02 -Oui, mais enfin, c'est très bien qu'il resitue.
05:06 Ce qu'il raconte est très, très intéressant,
05:09 mais je veux dire que c'est beaucoup mieux
05:12 qu'il soit là et que ce ne soit pas tout seul.
05:14 C'est beaucoup mieux qu'il raconte beaucoup de choses
05:16 à propos de racine, à propos de la pièce.
05:20 Mais les monologues...
05:23 -C'est beau.
05:24 -Oui, c'est pas mal.
05:26 -Croisandromaque, Bérenice, Phèdre,
05:28 Britannicus, Bajazet, Attali,
05:30 c'est donc tous les lundis.
05:32 -Oui.
05:33 -Au théâtre de Poche-Montparnasse, c'est à 19h.
05:35 -Oui.
05:36 -Et alors, vous êtes impatiente
05:38 quand arrive le lundi, par exemple.
05:40 Donc lundi, c'est demain.
05:41 Vous aimez ça. C'est quoi, le scénario ?
05:44 -Impatiente, impatiente.
05:45 Je me dis, moi, quand arrive le lundi,
05:47 oui, je suis contente.
05:48 -Bon, ça tombe bien parce que c'est demain.
05:50 Vous restez avec nous, chère Judith, s'il vous plaît.
05:52 On marque une toute petite pause.
05:53 -Oui, je reste avec vous.
05:55 Je suis content d'être avec vous.
05:56 -Ah ben, nous aussi.
05:57 On va accueillir Philippe Collignon.
06:00 Vous aimez les roses, Judith.
06:01 -Ah ben, j'adore. J'aime les fleurs, j'aime les roses.
06:05 -Vous avez dû en recevoir des bouquets de fleurs
06:07 de vos admirateurs en 75 ans de carrière.
06:09 -Ah oui ? Ben oui.
06:11 -Allez, à tout de suite. On arrive, on revient.
06:13 On revient.
06:14 voir les comédiens, voir les musiciens

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