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  • 07/06/2024
Berthe avait été frappée à mort le 10 juin 2021 à Paris. Aujourd’hui, son petit-fils Marius Larrivé, témoigne sur CNews.

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Transcription
00:00 -Marius Larivé est avec nous, petit-fils de Berthe, 90 ans,
00:04 qui a été, il n'y a pas d'autre mot, tabassé à mort,
00:07 chez elle, dans le 13e arrondissement de la capitale.
00:10 L'effet remonte au 10 juin 2021.
00:13 Votre grand-mère, Marius Larivé,
00:16 âgée de 90 ans, a été retrouvée chez elle,
00:19 couverte de cou, dénudée.
00:23 Elle l'est décédée le lendemain.
00:25 Un homme a été identifié via son ADN et via ses empreintes.
00:29 Il s'agit d'un Pakistanais en situation irrégulière en France,
00:32 Riaz Dilawar.
00:34 Il a 24 ans.
00:35 Le procès s'est tenu hier.
00:36 Verdict attendu aujourd'hui après les plaidoiries.
00:40 Ma question, déjà, est toute simple.
00:42 Comment est-ce que vous vous sentez,
00:44 alors que c'est actuellement le procès du meurtrier,
00:48 présumé, à l'heure qu'il est, de votre grand-mère ?
00:50 -Euh...
00:52 Je suis dans un espèce de tube, si vous voulez.
00:57 Je réalise pas encore...
00:59 Vraiment, je dors très peu,
01:00 depuis des jours, depuis des semaines.
01:03 Euh...
01:04 -Comment s'est comporté l'accusé hier ?
01:09 -C'est assez compliqué.
01:10 C'est assez compliqué parce que l'accusé refuse...
01:14 refuse de dire la vérité, refuse de reconnaître les faits.
01:20 Euh...
01:21 Hier, on est parvenu à ce qu'ils disent
01:24 que c'était peut-être 50-50.
01:27 Peut-être que j'étais là, peut-être que j'ai commis des choses,
01:32 mais je ne peux pas me l'avouer.
01:35 Euh...
01:36 C'est quelqu'un qui joue la carte de...
01:42 Il n'y a pas d'autre terme.
01:43 Je dis "jouer" parce que...
01:46 il est assez manifeste que c'est de la comédie.
01:50 C'est quelqu'un qui n'est circonscrit qu'au moment des faits.
01:54 Euh...
01:55 Qu'à cet instant d'horreur absolue.
01:57 -Vous n'y croyez pas une seconde ? -Pas une seule seconde.
02:00 Qui reconnaît avoir été présent dans l'appartement.
02:03 Tout de suite après, non, ce n'est pas possible.
02:06 Qui reconnaît avoir été dans l'immeuble,
02:08 mais qui...
02:10 Qui refuse de reconnaître la réalité.
02:15 Il n'y a pas d'autre terme.
02:17 -Il ne veut pas expliquer son geste.
02:19 Il se trouvait dans l'immeuble. Il est un peu prostitué.
02:23 -Pas un peu. -Il est prostitué.
02:25 -C'est la raison de son accusation. -Il était avec un locataire.
02:29 Au dernier étage de l'immeuble HLM de ma grand-mère.
02:32 Absolument.
02:33 Et ensuite, il est reparti.
02:35 Il aurait croisé votre grand-mère.
02:37 Ensuite, il a été...
02:39 Excusez-moi, mais c'est ce qui s'est passé.
02:42 Il a été mis dehors par son hôte.
02:46 Et c'est donc en descendant qu'il a...
02:51 Qu'il a probablement...
02:53 Il est rentré dans l'appartement de ma grand-mère.
02:57 Est-ce qu'elle lui a ouvert ?
02:58 Est-ce qu'il a réussi à entrer d'une autre manière ?
03:02 Et...
03:05 Et c'est à ce moment-là qu'il a...
03:07 qu'il a passé ma grand-mère à tabac,
03:13 qu'il a retourné l'appartement sans que les voisins
03:18 ne se soient manifestés.
03:19 Et...
03:21 Il n'aurait jamais dû se retrouver en France.
03:24 Il est en situation irrégulière.
03:26 Il est pakistanais, en situation irrégulière.
03:30 Votre grand-mère était une toute petite dame, toute frêle.
03:34 1,50 m, 54 kg.
03:37 -Toute frêle.
03:38 Alors, effectivement, il était sous OQTF.
03:41 C'est un sujet qui...
03:44 C'est un sujet qui compte.
03:45 Euh...
03:46 À titre personnel et...
03:49 Je pense pouvoir parler au nom du reste de ma famille,
03:52 à savoir mon père et ma mère,
03:53 car on a une toute petite famille, très soudée.
03:56 Je suis fils unique.
03:57 Ma mère est fille unique, mon père est fils unique.
04:00 Ma grand-mère a élevé ma mère toute seule.
04:03 Et elles avaient une relation très fusionnelle.
04:07 Moi-même, j'étais très proche de ma grand-mère,
04:10 qui avait en plus eu un accident l'année passée.
04:13 Elle s'était cassée la hanche pendant le Covid.
04:15 Ça avait été un parcours du combattant.
04:18 On avait mis en place tout un système de soins et d'aide à domicile
04:22 euh...
04:23 pour qu'elle puisse rester chez elle.
04:26 Moi, j'allais régulièrement pendant la semaine chez elle
04:29 pour la faire s'alimenter,
04:31 car elle avait perdu du poil de la bête après son accident.
04:34 Je vous parle de ça.
04:36 C'est vraiment l'année qui précède sa mort.
04:39 Euh...
04:40 J'en veux à l'État français pour négligence.
04:47 Comment se fait-il que cette personne qui était connue...
04:51 euh...
04:52 connue pour des faits de violences, de vol avec violence,
04:57 et qui était sous le coup d'une OQTF,
04:59 a-t-il pu...
05:01 euh...
05:02 a-t-il pu commettre ce crime ?
05:04 Comment se fait-il que cette personne était encore...
05:07 On est une famille bénéton.
05:08 Ma mère est métisse guadeloupéenne normande.
05:11 Mon père est né sous X.
05:13 Il a été adopté par un père français, par une mère catalane.
05:17 Il est d'origine juif séfarade.
05:20 Enfin, on est au-dessus du soupçon de racisme,
05:24 mais il y a quand même une vraie question qui se pose
05:28 quand des gens viennent et, malgré des faits de violences avérés,
05:31 sont libres de leurs actes.
05:33 -Vous dites que l'État français n'a pas joué son rôle de protection.
05:37 -Je pense que l'État français n'a pas joué son rôle de protection.
05:41 -Cet individu, comment il se comporte physiquement
05:45 pendant le procès ?
05:47 -Vous savez...
05:49 Il a une attitude prostrée,
05:54 les sourcils levés,
05:56 une forme de...
05:59 "Je m'en foutisme", quoi.
06:03 Il n'y a pas vraiment d'autre terme.
06:05 On a affaire à quelqu'un
06:07 qui refuse de reconnaître les faits,
06:10 qui n'est pas dans...
06:11 dans l'excuse, dans les remords,
06:15 qui dit souffrir de sa situation, qui se plaint,
06:18 qui se plaint du traitement de ses co-détenus en prison.
06:23 -Il a des revendications pendant le procès ?
06:26 -Pas des revendications, mais il y a quelque chose d'obscène
06:29 dans son attitude, dans...
06:32 dans le fait qu'il puisse...
06:36 qu'il puisse se plaindre de son traitement,
06:40 mais il ne fait aucun effort.
06:42 Il n'essaie pas d'apprendre la langue en prison,
06:44 il n'a pas d'activité particulière,
06:47 même sportive.
06:48 C'est quelqu'un qui ne fait rien,
06:50 qui ne faisait rien avant, qui a un parcours de vie...
06:53 On a souvent tendance à victimiser,
06:56 à imaginer que ces gens qui viennent du Pakistan
07:00 ou d'ailleurs
07:02 sont un peu le fruit d'une...
07:05 d'un déterminisme social
07:07 qui les pousserait, en fait,
07:09 pas inévitablement, mais...
07:11 à avoir recours à la violence pour survivre.
07:15 Mais c'est quelqu'un qui est né dans une famille
07:19 dont il dit qu'il n'a pas eu de...
07:24 Il n'a pas été la cible de violence particulière.
07:27 Il décrit son enfance comme heureuse.
07:29 Il reçoit une éducation,
07:31 mais il s'arrête à ce qui est l'équivalent de la fin du primaire.
07:34 Il a un niveau assez...
07:36 assez faible...
07:38 en termes de scolarité et d'éducation, mais...
07:42 à la fin de l'adolescence, vers 17 ans,
07:44 il passe par la Grèce,
07:47 puis l'Italie, et il arrive en France, et...
07:50 Et...
07:51 Il vit de petits boulots dans le BTP,
07:56 il se prostitue.
07:58 Mais on n'a pas...
08:03 Il y a des choix.
08:06 - C'est pas une victime. - Oui.
08:08 Ne nous trompons pas de victime.
08:10 La victime, c'est votre grand-mère.
08:12 On m'a beaucoup répété que pendant 3 ans,
08:16 on serait les grands oubliés, ma famille et moi.
08:19 Pendant 2 ans, il y a eu une enquête préliminaire,
08:23 il y a eu un...
08:24 L'appartement a été placé sous scellé.
08:29 On n'a pas pu accéder à l'appartement de ma grand-mère.
08:32 Au bout de 2 ans,
08:34 on a récupéré un appartement qui devait être nettoyé
08:38 sous mandat de la juge d'instruction.
08:41 Ça n'a pas été fait par l'entreprise qui avait été mandatée.
08:44 Mon père et moi avons nettoyé et vidé intégralement l'appartement
08:48 avec encore les traces de craie noire au mur,
08:52 qui servaient à relever les empreintes.
08:54 Il y avait encore le sang séché de ma grand-mère au sol,
08:57 sur le parquet.
08:59 J'en ai très peu parlé, j'en ai pas parlé autour de moi,
09:02 mais c'est quelque chose qui vous marque à vie, ça.
09:04 Et...
09:06 Et si je suis là aujourd'hui,
09:09 et si j'ai témoigné sur ces vies avant-hier,
09:11 et si je continue à le faire dans les journaux,
09:13 c'est parce que je veux que la mémoire de ma grand-mère
09:17 puisse survivre.
09:19 Et dans ces moments-là, on parle beaucoup de l'assassin.
09:23 On parle beaucoup des faits.
09:25 On parle beaucoup de sujets annexes, comme justement ces OQTF,
09:28 et...
09:30 Et on oublie la victime.
09:32 Ma grand-mère, c'est quelqu'un qui a eu une vie difficile
09:35 et qui a été très courageuse,
09:37 qui a connu la guerre, qui a vu sa maison détruite,
09:40 qui a parcouru les routes avec sa propre grand-mère
09:42 pour revenir jusqu'à Paris,
09:44 qui a travaillé toute sa vie,
09:46 qui a travaillé dans les chais à Bercy,
09:48 qui a été comptable pour Citroën,
09:50 qui a été une employée modèle pendant des années,
09:52 qui a élevé ma mère seule dans des tout petits appartements,
09:54 dans des HLM, avec les toilettes sur le palier.
09:56 C'est quelqu'un qui faisait une heure et demie de trajet aller,
09:58 une heure et demie de trajet retour pour s'occuper de moi
10:00 quand j'étais petit, quand ma mère et mon père travaillaient.
10:03 Voilà, c'est quelqu'un qui donnait de sa faible retraite
10:08 et de ce qu'elle avait au SDF du coin.
10:10 Donc vous voyez l'ironie du sort, quand même,
10:12 de voir sa vie achevée comme ça par un SDF
10:16 qui avait recueilli le chien d'un SDF décédé dans le quartier
10:20 et qui en a pris soin jusqu'à la mort de ce dernier.
10:22 Donc voilà, je voudrais que Berthe Picot, aujourd'hui,
10:28 elle ne soit pas ignorée.
10:30 Je voudrais que sa mémoire puisse vivre
10:32 et je voudrais que les Français connaissent son nom,
10:35 connaissent un minimum son histoire
10:36 et qu'on ne parle pas de cette ordure qui a mis fin à sa vie.
10:40 Parce que nous, vous savez, le verdict, il va tomber aujourd'hui.
10:45 Nous, on a pris la peine à perpétuiter.
10:47 Et c'est quelque chose qu'on va porter jusqu'à la fin de nos jours.
10:49 Moi, je suis dans la création, je vous assure que
10:51 il y a beaucoup de choses aujourd'hui dans la vie
10:53 qui paraissent extrêmement futiles,
10:55 qui n'ont plus l'importance qu'elles revêtaient auparavant.
10:59 Et au quotidien, ce n'est pas évident.
11:02 Donc, j'aimerais au moins que le nom de ma grand-mère
11:05 et son visage qu'on voit aujourd'hui,
11:09 je voudrais que cette personne-là soit connue.
11:13 Et vous lui rendez...
11:15 Bravo, Nonan, bravo pour votre témoignage.
11:21 C'était très émouvant.
11:22 Je crois qu'on est tous très émus sur le plateau.
11:25 Vraiment.
11:26 Vous lui rendez très bien hommage,
11:27 c'est ce que je voulais dire.
11:29 Merci beaucoup, Marius Larievi.
11:32 (Générique)
11:35 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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