Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur ce jeune de 14 ans qui a percuté mortellement une personne à Clamart en faisant un refus d'obtempérer. Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
00:02 Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:08 [Musique]
00:10 18h20, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:14 On va évoquer la sécurité et notamment ce qui s'est passé à Clamart où un automobiliste est mort,
00:19 percuté de plein fouet par un mineur délinquant de 14 ans qui était au volant d'une voiture volée.
00:23 Un refus d'optompérer puisque ce délinquant qui a déjà un vrai passif judiciaire était en train d'essayer d'échapper à la police.
00:29 On fait le point avec Maxime Lavandé et je vous passe la parole Denis Jacob, vous êtes policier.
00:33 Un refus d'optompérer qui finit en drame.
00:37 A Clamart, un mineur de 14 ans seul au volant d'une voiture volée a percuté à notre véhicule qui roulait en sens inverse.
00:44 L'automobiliste de 34 ans est décédé sur les lieux de l'accident. Un drame qui exaspère les habitants de la ville.
00:52 Il a tué un type, c'est un scandale. C'est même plus des faits divers, c'est des faits de société.
00:59 Ça me semble absolument stupéfiant que dès 14 ans il y ait un refus total de l'autorité.
01:05 L'adolescent de 14 ans domicilié à freine aurait refusé de se soumettre aux injonctions des policiers avant de prendre la fuite.
01:12 Interpellé par les forces de l'ordre, le mineur blessé dans la collision a été placé en garde à vue.
01:18 Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour recel de vol, refus d'optompérer aggravé et homicide involontaire aggravé.
01:25 Ce fait qui met en cause un mineur de moins de 15 ans ne surprend pas Claude Carillon, secrétaire départementale du syndicat Alliance Police.
01:33 C'est quelque chose qui devient une norme. Des gamins de moins de 15 ans sont de plus en plus hauteurs d'actes.
01:41 Mais comme c'est des gamins, ils n'ont plus de limites. On a vu les RICS précédemment. Sur les RICS, ils se sont armés de couteaux.
01:50 Cet adolescent était déjà connu de la justice. En décembre dernier, le tribunal pour enfants de Créteil l'avait déclaré coupable de fait de vol avec violence et atteinte à l'intimité de la vie privée.
02:01 Pour ces faits, il avait été placé sous contrôle judiciaire.
02:05 Voilà pour Clamart. Denis Jacobs, vous êtes policier. En réalité, les policiers n'osent plus intervenir sur les refus d'optompérer par peur de faire un accident.
02:15 Là, on a un automobiliste qui a payé le prix de la follie d'un jeune.
02:20 Pour mes collègues, ça devient compliqué, surtout avec les antécédents qu'on a connus l'année dernière, les émeutes consécutives à ce qui s'est passé dans le cadre de l'affaire Nel.
02:29 Donc c'est compliqué pour les policiers. Je rappelle quand même qu'il y a près de 5 millions d'interventions de police en France chaque année.
02:37 Que sur ces 5 millions d'interventions, il n'y a eu, c'est peut-être toujours trop, mais il n'y a eu que 43 usages d'armes de service, notamment sur les refus d'optompérer.
02:48 Et que la polémique qui ressurgit avec le projet de loi du député Vico sur la remise en cause de la loi de 2017 qui assouplit l'usage de l'arme démontre qu'il n'y a pas de sujet,
03:02 puisque les policiers n'utilisent pas de manière abusive leur arme de service. Donc aujourd'hui, que faire ?
03:08 Si on tire, on se retrouve dans la même situation que l'année dernière où un jeune peut se faire tuer et on va crier au scandale.
03:16 Vous entendez les crénalinations par la mort de cet homme ?
03:19 Non, mais je ne justifierai jamais la mort de qui que ce soit. Mais quand on sait qu'il va porter atteinte à autrui, en l'occurrence là,
03:30 on a un monsieur de 30 ans qui s'est fait tuer parce que les collègues ont fait le choix d'une poursuite mais de ne pas utiliser leur arme de service,
03:39 ça pose débat et puis il se pose le débat une nouvelle fois de cette délinquance des mineurs qui n'est pas traitée avec un multirécidiviste de 14 ans
03:47 qui était sous contrôle judiciaire. Il s'est soustrait au contrôle de police parce qu'il était au volant d'un véhicule volé, il faut quand même le dire.
03:55 Enfin, c'est pas un petit ange qui en avait affaire, c'est quand même un délinquant multirécidiviste.
04:00 Et mes collègues aujourd'hui, ils font attention parce que s'ils tirent, qu'est-ce qui se passe ? Ils sont en garde à vue,
04:06 il y a l'enquête administrative, ils vont être en détention provisoire, donc ils vont plus prendre ce risque-là quand on voit que notre collègue à Nanterre
04:13 a été mis en détention provisoire pendant 5 mois.
04:16 Joufra Lejeune, sur cette question de Clamart.
04:19 Je pense qu'on ne s'improvise pas délinquant comme ce jeune homme de 14 ans comme ça en claquant des doigts.
04:24 Il ne s'est pas réveillé un matin en disant "tiens, aujourd'hui, je vais refuser d'optompérer".
04:27 Il y a un parcours délinquant qui est évident et en réalité ça repose la question de la manière de stopper ça le plus vite possible.
04:33 C'est-à-dire, et donc, Maurice Berger dit, le Pédopsychiat, dit à chaque fois qu'on lui pose la question qu'il faut sanctionner,
04:43 même pas forcément très durement, le premier acte pour éviter que l'engrenage arrive.
04:47 Et si vous ne le faites pas, vous terminez avec un gamin de 14 ans qui décide, souvenez-vous de cette image, c'était ailleurs,
04:53 mais un jeune, on ne sait pas d'ailleurs qu'il agit là-bas, qui fonçait en scooter sur un policier qui le renversait.
04:58 Certains politiques qui sont des détracteurs feraient bien de prendre en compte ce que dit Maurice Berger.
05:03 Ceux qui vilipendent sans arrêt l'action de la police...
05:06 Mais qui viennent faire des patrouilles de nuit avec vous.
05:08 Mais qui aillent faire "Vis ma vie" de policier.
05:11 Alors ça, je souscris, c'est ce que j'ai dit depuis des années, que ces politiques-là, qui nous stigmatisent à longueur de journée,
05:18 disons que la police tue, les violences policières, qui viennent un peu avec nous sur le terrain, voir ce que c'est que le travail de policier au quotidien, ce que l'on subit.
05:27 Appelez-nous leur nom ?
05:28 Catherine, on sait tous de qui on parle. Catherine, là-dessus, sur ce parcours de délinquance à 14 ans...
05:34 Quand on voit celui qui s'est évadé depuis la...
05:38 Mohamed Amra.
05:39 Mohamed Amra, depuis la maison d'Evreux, qui n'était d'ailleurs pas sécurisé, on voit bien qu'il était un petit ange très tôt, dès l'âge de 13 ou 14 ans, lui aussi.
05:47 11 ans.
05:48 11 ans, même.
05:49 Parcours qui commençait à 11 ans.
05:50 Donc on voit bien que c'est tout à fait ce que dit M. Berger, c'est-à-dire que si on ne punit pas tout de suite, après c'est l'impunité totale, il n'y a plus de règles, il n'y a plus de morale, il n'y a plus rien.
06:00 Mais ça demande aussi que les services sociaux, que l'école soient très vigilantes, que les parents apportent une réponse.
06:09 Alors dans les familles monoparentales, c'est très difficile.
06:12 Tout ce qui se passe...
06:13 Tout ce problème à Dikla est très important.
06:15 Qui apparaît d'ailleurs insoluble.
06:16 J'aimerais qu'on évoque ce qui s'est passé en Haute-Savoie. On l'a évoqué dans le rappel des titres.
06:21 Un jeune mineur non accompagné, un mineur étranger, était dans un centre d'éducation à Tours, en Haute-Savoie.
06:29 Il a poignardé un de ses éducateurs, il a mis le feu au bâtiment.
06:33 Les gendarmes ont dû intervenir, il a été neutralisé, comme on dit, et la personne qu'il a blessée et lui sont à l'hôpital dans un état grave.
06:42 On va écouter le témoignage recueilli par Olivier Bannigny du Boulanger du Village,
06:47 qui rappelle qu'avant de s'en prendre à son éducateur, ce jeune est venu menacer ses clients. Écoutez-le.
06:52 J'ai vu le jeune qui était un peu avec un bâton au début, qui était un peu menaçant vis-à-vis des clients, vis-à-vis des voitures.
07:01 Donc j'ai appelé le directeur du NID, de là où il était logé, et il m'a dit d'appeler les gendarmes.
07:07 Et donc ce que j'ai fait, les gendarmes sont intervenus, ont venu, et entre le moment où les gendarmes sont intervenus,
07:14 juste après, il a commencé à être menaçant avec son éducateur.
07:18 Il l'a planté, clairement, et puis après il a mis le feu au bâtiment.
07:25 Et puis voilà le résultat, alors que c'est des jeunes avec qui j'ai jamais eu de soucis en sept ans que je suis installé.
07:31 Donc c'est dommage, c'est un malheureux accident.
07:34 Non, c'est pas un malheureux accident, c'est malheureusement une agression.
07:38 Depuis sept ans, il n'a pas eu de problème, mais c'est un problème de trop, c'est un incident de trop, vous imaginez ce qui s'est passé.
07:45 Mais globalement, vous voyez bien qu'on a perdu des manettes, que tout est en train de nous échapper sous nos yeux.
07:51 Moi, je voudrais faire un parallèle avec le jeune dont vous parliez tout à l'heure.
07:54 Il y a encore quelques années, dans le lexique courant, on parlait de prévention et de répression, vous vous souvenez ?
07:59 Il fallait prévenir et puis si ça ne suffisait pas, après il fallait...
08:02 Aujourd'hui, qu'est-ce que vous voulez prévenir un gamin qui a 14 ans, qui a déjà mis le tir de ses divices ?
08:07 C'est donc trop tard.
08:08 Donc s'il n'y a pas de sanctions fortes et donc de répression judiciaire, ça n'ira, à mon sens, qu'en s'empirant.
08:16 Et puis pardon, quand on dit "oh, ils ne savent pas ce que c'est que l'autorité",
08:19 mais quand ils sont dans des réseaux de drogue, l'autorité du chef du réseau, du chauffeur, il les respecte,
08:25 parce que sinon, ils le payent de leur vie.
08:27 Donc il faut arrêter quand même. Je pense qu'on a fait preuve de trop de naïveté.
08:31 Mettons la prévention de côté, parce que pour un gamin de 14 ans, c'est foutu, et regardons ce qu'il faut lui infliger.
08:37 Vincent, je vois deux lignées de tête, là.
08:39 Parce qu'on vit dans un pays où on sait, ça qui est extraordinaire,
08:43 on s'est peu à peu habitué à l'idée que des enfants puissent être enrôlés dans des réseaux mafieux.
08:52 C'est-à-dire qu'on trouve assez naturel qu'il y ait maintenant des chauffeurs, des gamins,
08:58 qui surveillent l'entrée du point de deal de la cité,
09:03 qui soient payés 100 euros ou plus, 120.
09:07 On trouve ça invraisemblable.
09:10 C'est invraisemblable. Au pays de Gavroche et de Cosette, c'est un truc incroyable qu'on accepte
09:16 que des enfants travaillent pour des réseaux mafieux.
09:20 Criminels.
09:21 - Denis Jacob ? - Oui, la fermeté de la sanction pénale,
09:23 elle est au cœur de tout. Je le disais tout à l'heure déjà,
09:26 l'affaire d'Orange, c'est cette femme qui, pour un coup de klaxon,
09:29 s'est fait agresser par une autre femme à coup de couteau.
09:31 La condamnation, c'est 12 mois de prison, 8 avec sursis, 4 sous-bracelets électroniques.
09:35 Donc quel message on envoie quand quelqu'un passe à un acte tentatif de domicile volontaire
09:42 de se retrouver avec si peu de condamnations ?
09:46 Et on va nous resuriner que les prisons sont pleines, qu'il n'y a plus de place
09:50 et qu'il faut faire des peines alternatives.
09:52 On s'en sortira jamais sur cette affaire.
09:55 Parce que là, on est dans un mineur étranger, dans un centre d'éducation,
09:59 dans une petite ville à Tours, dans un cadre idyllique.
10:02 Mais rappelez quand même, et c'est très important par rapport aux propos
10:05 que j'ai eus par rapport à ce jeune acclamat, c'est qu'avant que les gendarmes
10:08 n'utilisent leur arme de service, ils ont essayé de le trasir avec le taser.
10:11 Donc on n'est pas dans une démarche volontaire de tuer les gens.
10:15 Et j'insiste bien parce qu'à chaque fois, on nous fait passer pour des assassins.
10:20 Et donc c'est bien aussi de le rappeler.
10:22 Geoffroy Lejeune.
10:23 Il y a une chose qui me frappe, c'est qu'il a aussi eu l'idée d'aller mettre le feu
10:28 à ce foyer, ce qui prouve que la question des mineurs en accompagnée,
10:31 elle est très importante parce que juridiquement, c'est beaucoup de monde déjà.
10:35 Et ensuite, c'est une explosion pour la question des trafics.
10:38 Ils sont surexploités en effet par des mafias.
10:41 Là, il est pris en charge par l'État français.
10:43 Il est mis dans une maison qui est absolument charmante,
10:46 dans un petit village en Haute-Savoie.
10:47 Tout est idyllique.
10:48 Il a un éducateur qui s'occupe de lui.
10:50 Donc il est en fait préservé d'énormément des problèmes des mineurs en accompagnée
10:53 qu'on voit habituellement.
10:54 Et malgré tout, il prend son couteau et il tente de mettre le feu.
10:58 Ça vous prouve une chose quand même, c'est que la surreprésentation, je pense,
11:01 d'étrangers dans la délinquance et d'étrangers clandestins dans la délinquance
11:04 probablement est due au fait quand même qu'il est quasiment impossible
11:08 de gérer bien l'arrivée dans un pays quand on est déraciné
11:12 et jeté nulle part dans la délinquance.
11:15 On avance une excuse dans cette affaire, Laurence, permettez-moi.
11:18 On avance une excuse dans cette affaire, c'est vrai,
11:20 mais on avance l'argument là, au moment où je vous parle,
11:24 de problèmes psychiatriques de ce jeune.
11:27 Donc peut-être, mais en attendant, il y a quand même eu des coups de couteau.