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  • 26/05/2024

Tous les samedis et dimanches à 18h15, Guillaume Lariche reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Emmanuel Maurel (GRS) Député européen et candidat aux Européennes sur la liste du PCF.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00 Europe 1 soir week-end. 18h-19h, Guillaume Larriche.
00:04 18h18, plaisir de faire l'interview politique et de retrouver ce soir Emmanuel Morel, député européen, gauche républicaine et socialiste.
00:11 Emmanuel Morel qui est aussi en troisième position sur la liste menée par Léon Desfontaines pour le Parti communiste français.
00:17 Monsieur Morel, on peut donc être socialiste et communiste à la fois ?
00:21 Oui, en quelque sorte. Moi j'ai toujours été socialiste. J'ai quitté le Parti socialiste parce que j'étais en désaccord,
00:25 notamment à l'issue du quinquennat de François Hollande, mais je ne suis pas communiste et pourtant je suis allié avec des communistes.
00:31 C'est tout l'intérêt de cette liste qui rassemble différentes organisations et qui a pour nom "Gauche Unie pour le monde du travail".
00:38 Donc voilà, on a des parcours différents, mais on se retrouve sur un certain nombre d'idées communes.
00:42 Alors les sondages vous créditent de 2% pour les prochaines européennes dans 15 jours. En France, les sièges sont répartis, on le sait,
00:48 avec les listes qui ont obtenu au moins 5% des suffrages. Pour le moment, le compte n'y est pas.
00:53 Est-ce que vous faites confiance aux sondages ? Et si oui, est-ce que le score du PCF peut encore évoluer à la hausse ?
00:59 Je le crois. D'abord, de la même façon qu'une hirondelle n'annonce pas le printemps, les sondages n'annoncent pas une élection.
01:04 Dans le passé, je pourrais vous citer plein de listes qui n'étaient créditées de 2% et qui sont passées à 5%,
01:10 ou celles qui étaient créditées de 15% et qui sont passées à 10%.
01:14 Vous voyez le grand bon, là ? Vous voyez le grand bon pour vous ?
01:17 Je l'espère, en tout cas on fait tout pour. Tant qu'on parle d'Europe, parce que le principal problème de cette campagne européenne,
01:23 c'est qu'on parle de tout, sauf des questions européennes et sauf des conséquences concrètes dans la vie des Français des politiques européennes.
01:30 C'est pour ça que moi j'ai envie qu'on parle de salaire, de retraite, on va parler de la situation de chômage, j'en suis sûr,
01:35 qui a un lien avec les politiques européennes, mais je voudrais qu'on parle aussi de sujets qui sont occultés par les principales listes.
01:40 Est-ce qu'on élargit l'Union Européenne ou pas ?
01:42 On va en parler de l'Europe de la Défense aussi, mais juste avant, je vais vous faire réagir vraiment très rapidement sur le débat potentiel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen,
01:49 qui fait débat justement. Quelle est votre position au Parti Communiste Français, Emmanuel Morel ?
01:53 Est-ce qu'il faut faire ce débat ou au contraire l'abandonner ?
01:56 Mais on se demande vraiment à quoi il joue. Emmanuel Macron, il n'est pas candidat aux élections européennes, Marine Le Pen non plus,
02:01 et puis surtout il y a 38 listes. Donc qu'est-ce que c'est ? En fait, c'est un jour sans fin avec M. Macron, c'est-à-dire à chaque fois que le camp du président est en difficulté, en danger,
02:10 il ressuscite l'épouvantail RN. Il dit "Attention, attention, nous sommes le seul barrage, nous seuls les seuls capables de faire front face au RN".
02:19 Mais ça ne marche pas. Ça a marché en 2017, ça a marché un peu moins en 2022, mais ça ne marche plus parce que les gens d'abord, un, ils savent qu'il y a le choix,
02:27 ils savent que c'est une élection européenne, et puis surtout M. Macron, ça fait 7 ans qu'il est au pouvoir, il est temps qu'il soit comptable de tout ce qu'il a fait depuis 7 ans.
02:35 Donc cette façon de faire, en plus, c'est totalement... Alors c'est à la fois irresponsable, quand on voit la progression de l'extrême-droite dans tous les pays d'Europe, c'est irresponsable,
02:45 mais surtout c'est prendre les gens pour des imbéciles. Les gens, ils ont bien compris que tout ça, c'est un truc, c'est une manœuvre, et de la même façon que M. Attal, M. Bardella,
02:54 sur deux duels qui est à la fois un duo, mais enfin c'est pas sérieux, c'est pas l'enjeu des élections européennes, moi j'aimerais bien qu'on en revienne au fond.
03:00 - Alors justement, vous parlez de Gabriel Attal, aujourd'hui, qui a donc annoncé, confirmé ces mesures pour l'assurance-chômage, avec une durée d'anonymisation maximale de 15 mois,
03:09 et pour être aidé financièrement, il faudra avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers mois, contre 6 de travail sur les deux dernières années actuellement.
03:15 Est-ce que ces nouvelles mesures à compter du 1er décembre doivent servir, selon le chef du gouvernement, à aller vers le plein emploi ? Est-ce que c'est la bonne méthode, Emmanuel Macron ?
03:23 - Non, d'abord, c'est la troisième réforme de l'assurance-chômage depuis que les macronistes sont au pouvoir. Donc ils remettent encore le couvert, pourquoi ?
03:32 Tout simplement, un, pour faire des économies, et deux, pour être encore plus durs pour les salariés, et notamment, moi je les soupçonne, de vouloir faire une pression à la baisse des salaires,
03:41 parce qu'il y a quelque chose qui n'est pas logique dans leur raisonnement. Il y a environ, on va dire en catégorie A, il y a 3 millions de chômeurs.
03:47 Des postes à pourvoir, il y en a 300, 400 milles. Donc de toute façon, c'est pas ça qui va régler la question du chômage de masse. En revanche, évidemment, les gens y cotisent,
03:55 parce qu'on ne touche pas aux cotisations, mais leurs droits reculent, leurs prestations reculent. Et ça, c'est insupportable dans un moment de grande précarité, dans un moment de crise économique,
04:05 quand même, aussi, avec une inflation qui reste très importante, il suffit d'aller faire ses courses au supermarché pour s'en rendre compte. Je pense que c'est une réforme qui est cruelle.
04:12 Voilà, je vous le dis, ils sont cruels. Ils s'inspirent d'autres modèles, on voit très bien de quoi ils s'inspirent, de ce que faisait Naguère, la droite tachérienne,
04:20 ou ce qu'a fait à un moment la droite allemande, mais c'est à la fois inefficace, parce que je ne pense pas que ça contribuera à réduire le chômage.
04:26 En revanche, c'est dur pour les gens qui ne sont pas au chômage par plaisir, de grâce. Il faut arrêter avec cet argument là con, qui consiste à dire "les gens qui sont au chômage,
04:34 c'est parce qu'ils le veulent bien". Ben, c'est pas vrai.
04:36 - Alors, c'est quoi la solution pour rompre avec le chômage, Emmanuel Morel ?
04:39 - Ben, la solution c'est investir. La France a des atouts formidables, on a des savoir-faire, des territoires qui sont pleins de talents, mais il faut investir à la fois
04:49 dans la recherche fondamentale, il faut investir dans les services publics, il faut investir dans les nouvelles technologies, il faut investir dans l'écologie,
04:56 toutes choses que le gouvernement ne fait pas. Pourquoi ? Parce qu'en même temps, vous avez l'austérité budgétaire, et là je fais le lien avec les politiques européennes,
05:03 qui oblige, en tout cas, enfin qui oblige, qui incite les gouvernants successifs à faire des économies dans les dépenses publiques, ça c'est une folie.
05:14 Regardez ce qu'il se passe aux Etats-Unis. Les Etats-Unis, c'est un pays libéral. Et pourtant, qu'est-ce qu'ils font ? Ils investissent massivement dans la transition écologique.
05:24 Biden, le plan Biden, c'est 350 milliards de dollars pour les industries américaines. Regardez ce que font les autres pays. Et nous, on est finalement la France,
05:32 alors qu'on a un nombre d'atouts incroyable, une main d'oeuvre qui est formée, en plus, on ne se projette pas vers l'avenir. Moi, je trouve ça vraiment très regrettable,
05:42 et en tout cas, l'assurance chômage, là, c'est à la fois cruel, et en plus, vous verrez, ça ne sera pas couronné de résultats.
05:49 Emmanuel Morel, vous vouliez parler de l'Europe, on y arrive, l'Europe de la défense particulièrement. On a Emmanuel Macron qui est donc pour trois jours en Allemagne,
05:57 visite d'Etat, la première pour un président français depuis les années 2000 avec Jacques Chirac. Parlons de défense, justement, est-ce que l'Union Européenne a les moyens de se défendre actuellement ?
06:06 Ça dépend de quoi on parle. On parle de la menace peut-être qui plane avec la guerre actuellement entre la Russie et l'Ukraine ?
06:13 Si vous voulez me faire parler d'armée européenne, moi, j'y suis totalement défavorable. D'ailleurs, je ne comprends pas bien le concept.
06:20 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire un général polonais qui va commander l'armée française, le tout sous influence de Washington.
06:26 D'ailleurs, le vrai problème, si on veut vraiment parler de défense européenne, la première chose qu'il faut poser comme question, c'est est-ce que tous les Européens veulent vraiment une défense européenne stricto sensu ?
06:34 Je rappelle que 75% des armes aujourd'hui achetées par les Européens, elles sont achetées à qui ? Aux États-Unis. Donc, il n'y a même pas de solidarité entre les pays européens là-dessus.
06:44 Et puis ensuite, moi, je pense qu'il y a une vraie question sur les budgets de la défense qui ont beaucoup baissé.
06:49 Sous François Mitterrand, le budget de la défense en France, c'était plus de 3% du PIB. Aujourd'hui, on est à 1,8, 1,9.
06:55 Ça re-augmente, mais très lentement. Et puis, il y a eu un défaut d'anticipation. Ça, c'est incontestable face aux crises multiformes qu'il y a dans le monde.
07:02 Et ce n'est pas que la guerre en Ukraine. Je rappelle par ailleurs que la guerre en Ukraine, nous ne sommes pas co-belligérants. On ne fait pas la guerre à la Russie.
07:11 Donc, pas plus que l'Union Européenne. Donc, il y a une vraie question sur la défense. Mais si c'est pour accompagner, ce qui est à mon avis le projet macroniste, et pas que des macronistes,
07:20 une sorte de sceau fédéral dans lequel on met en commun un certain nombre de capacités militaires, moi, je suis très sceptique.
07:27 Est-ce que l'Europe doit avoir peur de la Russie ?
07:30 Elle doit avoir peur de tous les pays impérialistes. Il y a un impérialisme russe, il y a un impérialisme chinois, d'un point de vue économique, commercial,
07:40 et pas seulement. Quand on voit ce qui se passe au niveau de Taïwan, elle doit avoir peur du terrorisme, parce que c'est une réalité qui continue à exister dans le monde.
07:49 Et donc, par définition, elle doit anticiper, se protéger. Voilà. Et c'est, à mon avis, un défaut, de ce point de vue-là, d'anticipation.
07:57 Alors, une dernière question à court terme, justement, pour l'anticipation. Vous préconisez quoi, vous, Emmanuel Morel ?
08:02 Moi, je pense que l'Union Européenne, à l'instar de la France, elle doit avoir confiance dans son destin, et donc, investir davantage.
08:12 Or, ce qu'elle fait, c'est exactement le contraire. On est dans une période de crise, et en même temps de nécessité de transition,
08:19 notamment la transition écologique, avec des investissements colossaux, et sans parler des nouvelles technologies,
08:25 l'intelligence artificielle, qui demanderait, est-ce qu'il y a un modèle européen spécifique ?
08:29 Et elle fait tout le contraire, elle rogne de plus en plus sur les défenses, elle se recroqueville sur une politique d'austérité,
08:35 qui est complètement à contresens, et moi, ce qui me navre, c'est ceux qui se disent aujourd'hui pro-européens sur la scène publique,
08:41 notamment les macronistes, en réalité, leurs réponses, c'est des réponses du XXème siècle. Or, on est quand même bien avancés dans le XXIème.
08:47 Merci beaucoup, Emmanuel Morel, d'avoir répondu aux questions d'Europe 1 Soir Week-end.
08:51 Emmanuel Morel, je le rappelle, député européen, gauche républicaine et socialiste,
08:55 troisième en position sur la liste menée par Léon Desfontaines pour le Parti Communiste Français.
08:59 Merci à vous, Emmanuel Morel. Tout de suite, Europe 1 Soir Week-end, avec dans la prochaine demi-heure,
09:03 le débat de l'actualité avec, ça fait débat, Émilie Zapalski, communicante politique,
09:07 et Alberto Toscano, journaliste et écrivain. Pour l'instant, musique, Mirs Baclay, avec Crazy.

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