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  • 5/26/2024
Belkebla, Joueur international Algérien et du Stade Brestois, revient à la source sur son premier terrain à Aubervilliers

by VISTA

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Sports
Transcript
00:00 -Lass, mon gars, comment tu réagis mentalement ?
00:02 Comment tu fais, mentalement, pour te préserver de tout ça
00:05 et rester focus sur l'objectif qui est de rebondir ?
00:07 -Il m'a montré qu'il était quelqu'un.
00:10 Il a montré vraiment que c'est un mec d'Aubert qui les déterre.
00:12 (musique)
00:15 -Aris, ça va ou quoi ? -Ça va, tranquille, et toi ?
00:27 -Tranquille ? -Tranquille, mon gars.
00:29 -T'es au calme ? -Ouais, ça va.
00:30 -Ça revient tout droit du Zimbabwe, là ?
00:31 -Ouais, long voyage, long voyage, mais bon, ça va, tout s'est bien passé.
00:35 -T'as combien de temps ?
00:36 -10 heures de vol, à peu près, du Zimbabwe à Alger,
00:38 après, plus environ 2 heures, Alger-Paris.
00:42 -Tu viens de rentrer, là, ce matin ? -Ouais, là, tout de suite, ce midi.
00:44 -Et tu repars demain matin ? -Ouais, c'est ça, ouais.
00:46 -Déjà, je voulais te dire merci beaucoup. -De rien.
00:49 -Parce que tu nous accordes une interview dans un timing très resserré pour toi,
00:52 mais nous, on a l'habitude de ça.
00:53 On est toujours un petit peu entre deux eaux.
00:56 -Ouais, j'ai vu les épisodes précédents, j'ai vu que c'était toujours un peu dans le speed,
01:00 mais toujours bien fait.
01:01 -Et donc, du coup, là, on est dans ton premier club.
01:05 -C'est ça, Aubert-Villiers, là où tout a commencé.
01:08 -C'est quoi, le nom du club, ici ?
01:10 -Là, c'est le football club municipal d'Aubert-Villiers.
01:12 Parce qu'il y a deux clubs, en fait, à Aubert.
01:13 Il y a les Bleus, c'est nous, CM Aubert-Villiers,
01:16 et t'as la jeunesse d'Aubert-Villiers, aussi, qui joue en rouge Bordeaux.
01:20 -Donc t'as commencé ici, c'est le premier terrain, ici, d'Ariz.
01:22 -Ouais, c'est ça. En débutant, on s'entraînait ici.
01:25 Mes premiers pas en tant que footballeur, on va dire, c'était ici.
01:28 -Ça fait longtemps que t'es pas revenu, ici, ou pas ?
01:30 -Non, je reviens souvent, en vrai.
01:31 Dès que j'ai un moment à Aubert-Villiers,
01:33 il y a ma famille qui est dans le club, déjà.
01:36 Il y a mon père, qui est entraîneur adjoint,
01:38 mes oncles, qui sont aussi dans la gestion, etc.
01:40 Et même, j'ai des potes qui jouent, que ce soit en jeûne, des entraîneurs.
01:44 En fait, j'ai gardé un lien avec tout le monde, à peu près.
01:47 C'est-à-dire même les seniors,
01:48 je passe les voir jouer quand ils jouent le week-end.
01:50 Je reviens souvent, dès que je suis à Aubert.
01:52 -Ariz d'Aubert !
01:53 Non, mais ça, c'est un trait de personnalité
01:57 qui revient très souvent, quand on parle de toi.
01:59 C'est que tes mentalités ne froident tout le temps.
02:02 Même là, t'es habillé avec la marque de Socrate.
02:05 -Ouais, toujours un petit clandeille, ouais.
02:06 C'est important.
02:08 -Ariz, c'est un petit frère.
02:11 C'est vraiment un petit frère de la ville que j'ai vu vraiment évoluer.
02:17 Euh...
02:18 Je l'ai vu arriver petit à petit à la planque,
02:23 avec tous les petits du quartier qui passaient à la planque et tout.
02:26 Les petits frères avaient beaucoup l'occasion de venir au studio,
02:30 passer me voir, discuter, tout.
02:32 Et puis, c'est là que j'ai commencé à le voir, à l'observer,
02:36 à voir comment il grandissait,
02:39 à voir qu'en fait, le sport, pour lui, c'était important,
02:42 qu'il a commencé à passer des caps et tout, jusqu'à présent.
02:44 Même quand je fais des interviews, que ce soit en club...
02:46 -Même que tu signes pro à chaque fois.
02:48 -Ouais, ouais, toujours une petite dédicace, on va dire.
02:51 -Ouais, dans le titre en dessous, on va écrire "Ariz du 9-3".
02:54 Comme ça, c'est carré.
02:55 -Il y a déjà eu des articles, en plus, comme ça.
02:57 "Ariz, fils d'Aubert", des trucs comme ça.
02:59 -A la base, ici, c'est un département de la street, on va dire.
03:02 Surtout, le secteur Aubervilliers, Sainte-Denis, la Courneuve,
03:06 Bobigny, tout ça, la Stain, et tout.
03:08 C'est des saintois, c'est des villes...
03:13 criminogènes.
03:14 Donc ça grandit un peu dans une détermination
03:16 que tu calques un peu dans tout ce que tu entreprends.
03:19 -Et du coup, toi, t'as fait combien de temps ici, à Aubert ?
03:22 -C'est simple, j'ai commencé en débutant à 5-6 ans, je crois.
03:26 Et après, j'ai fait toutes mes classes jusqu'en -13.
03:30 A l'époque, c'était -13, ça s'appelait 2e année.
03:33 Et après, je suis parti en 14 fédéraux, j'ai signé à Bondy.
03:37 Parce qu'en fait, j'étais au Pôle espoir de Reims en même temps la semaine.
03:42 Et mon entraîneur m'a dit, en gros,
03:44 "Vu ce que t'as envie de faire dans le foot,
03:46 "il faut que tu trouves un club plus haut."
03:47 Parce qu'il n'y avait pas de 14 fédéraux à Aubert.
03:50 Du coup, il m'a dit, "Il faut que tu trouves un club en 14 fédéraux."
03:52 Et c'est là que je suis parti à Bondy.
03:53 -14 fédéraux, pour l'expliquer aux gens qui nous regardent,
03:55 parce qu'il y a beaucoup de gens de la nouvelle génération,
03:59 c'est anciennement, ce qu'on appelle aujourd'hui les 17 nationaux, à peu près.
04:02 -Ouais, c'est ça. C'était le plus haut niveau, en gros, à cet âge-là.
04:06 -Du coup, tu pars en 14 fédéraux à Bondy. -Ouais, c'est ça.
04:09 -Mais avant ça, tu me disais que t'étais au Pôle espoir de Reims.
04:11 Comment ça se passe, ton entrée au Pôle espoir de Reims ?
04:13 -En fait, je fais les tests pour rentrer à Clairefontaine.
04:17 Je passe tous les tours, 1er, 2e tour, régionaux, etc.
04:20 Et j'arrive jusqu'au stage final à Clairefontaine,
04:23 où là, on fait plusieurs jours là-bas, etc.
04:26 Ça se passe bien, mais au final, j'attends les résultats et tout.
04:28 Et au final, je suis pas pris à Clairefontaine.
04:31 Mais ceux qui étaient pas pris au stage final,
04:34 en gros, ils nous proposaient de nous envoyer
04:36 à la dernière détection pour le Pôle espoir de Reims.
04:38 Genre, c'est comme Clairefontaine, mais délocalisé à Reims.
04:41 C'est le même délire, le même concept.
04:44 La semaine, on s'entraînait là-bas,
04:46 et le week-end, on retournait jouer dans notre club où on jouait.
04:49 -Ça me fait rire quand tu me parles de Clairefontaine,
04:51 parce que t'es 94. -Ouais, c'est ça.
04:52 -Moi aussi, je le suis, et j'ai fait les essais pour aller à Clairefontaine.
04:56 Mais il y a eu une dinguerie, je vous raconte vite fait,
04:58 c'est que le dernier tour, stage final,
05:00 moi, j'y suis pas, parce que j'arrive pas au dernier tour.
05:02 Je regarde la liste, parce que ça m'intéresse, etc.,
05:04 je veux voir qui est-ce qui a été pris.
05:06 Je te jure, je vois mon blase. -Ah ouais ?
05:07 -Il avait écrit mon nom.
05:09 Et en fait, c'était un autre mec qui s'appelait Mustapha Tcham.
05:11 -Ah ouais, bah oui, je vois qui c'est, en plus.
05:13 -Et il a signé à Valenciennes. -Ouais, c'est ça.
05:15 -Du coup, ça tombe bien, en plus, parce qu'après, toi, tu vas à Valenciennes.
05:18 -Ouais, c'est ça. On s'est croisés, je crois, avec lui,
05:20 parce que moi, quand j'arrivais à Valenciennes, lui, il partait.
05:22 -Donc du coup, Mustapha Tcham, si tu me vois,
05:24 j'ai cru que c'était moi qui avais été pris, alors que j'avais pas fait les tests.
05:27 C'est à cause de toi, tout ça.
05:28 T'es une dinguerie, hein ! -T'avais bien faux espoir !
05:30 -Je te jure, j'ai vu mon nom.
05:31 Il avait écrit "Assane Tcham" et tout ça, normal.
05:34 Et c'était pas moi, en fait.
05:35 -Ah, t'as le jeu. -Du coup, tu fais Pôle Espoir de Reims,
05:38 et après le Pôle Espoir, tu signes à Valenciennes ?
05:39 -Ouais, c'est ça.
05:40 Enfin, j'ai eu un passage à Boulogne-sur-Mer, aussi, avant ça.
05:42 Boulogne-sur-Mer, où je suis en 17-19, je crois.
05:48 Je fais une bonne saison, en fait.
05:50 Et à la fin d'un match,
05:53 il y a un recruteur qui vient me voir de Valenciennes
05:55 et qui me dit, en gros, qu'il serait intéressé par moi et tout.
05:58 -C'était lors d'un match au Havre, si je me trompe pas.
06:00 -Ouais, contre le Havre.
06:01 Match contre le Havre, je fais un bon match,
06:03 et le recruteur, il vient me voir.
06:04 Je crois qu'il y avait même ma mère qui était venue au match,
06:06 et il nous a attrapés à la fin du match.
06:09 Et voilà, après, petit à petit, on est restés en contact.
06:12 À la fin de l'année, on a discuté.
06:14 Je suis parti voir les installations à Valenciennes.
06:16 Parce qu'à Boulogne-sur-Mer, ce qui était compliqué,
06:18 à l'époque, ils étaient en Ligue 1,
06:19 mais il n'y avait pas de centre de formation.
06:20 C'est-à-dire, la semaine, on était à l'internat.
06:24 Le week-end, on allait à l'auberge de jeunesse.
06:26 C'était des complications, quand même.
06:29 Alors qu'à Valenciennes, c'était un centre de formation tout neuf.
06:32 -Il venait d'ouvrir, à ce moment-là. -Ouais, c'est ça.
06:34 Du coup, j'ai signé à Valenciennes.
06:36 -Du coup, raconte-nous un petit peu ce passage à Boulogne-sur-Mer,
06:38 parce que c'est très intéressant.
06:40 On le disait depuis le début, t'es à risque du 9-3, le fils d'Aubert.
06:43 Comment ça se passe pour toi, ton intégration à Boulogne-sur-Mer ?
06:46 Tu me disais, tu vas à l'internat, tu vas à l'auberge de jeunesse.
06:49 À ce moment-là, est-ce que c'est compliqué pour toi ?
06:50 -Ouais, c'est sûr. T'as des passages qui sont compliqués.
06:54 Tu vas loin de chez toi, tu perds tous tes repères, on va dire, entre guillemets.
06:57 Il fait froid, en plus, là-bas.
06:59 Franchement, il y a eu des petits moments compliqués,
07:02 mais après, ce qui fait la différence...
07:05 En fait, je pense que c'était surtout une question de détermination.
07:08 -C'est pas tout le monde qui arrive à s'acclimater à un nouvel environnement.
07:12 -En fait, il faut être prêt à faire des sacrifices.
07:15 Parce que si t'es pas prêt, c'est compliqué.
07:17 T'as vite envie de rentrer chez toi, retrouver les potes, la famille.
07:20 Ça te manque, quand même.
07:21 Et après, c'est un choix de vie, en fait.
07:24 C'est un choix de vie.
07:25 -Du coup, tu me disais, Boulogne-sur-Mer,
07:27 ensuite, il y a la proposition de Valenciennes,
07:29 avec un centre tout neuf, flambant neuf, etc.
07:32 Comment ça se passe à ce moment-là ? T'es content ?
07:33 -Ouais, je suis content. J'intègre un centre de formation.
07:36 Franchement, là, je suis dans les meilleures conditions.
07:38 Les chambres, elles donnent sur les terrains d'entraînement.
07:41 Tout est parfait.
07:42 Après, je signe pas de contrat, forcément.
07:44 Il y en a, à l'époque, c'était un peu payé.
07:47 Moi, je signe une convention normale.
07:49 Mais moi, ça me convenait.
07:50 Je suis dans un club pro, je m'entraîne tous les jours,
07:53 bonnes conditions.
07:54 Donc tout était nickel pour moi.
07:55 -Tu te contentais du minimum ? -Ouais, ouais.
07:57 Moi, je me disais, si l'argent, il doit venir un jour, il viendra.
08:00 Mais je n'étais pas pressé de toucher des salaires et tout.
08:04 Moi, ce que je voulais, c'était réaliser mon rêve,
08:06 devenir professionnel, en vrai.
08:07 -On le rappelle, pour ceux qui ne le savent pas,
08:09 la convention, dans le football, c'est le plus bas contrat qui existe.
08:13 C'est à peu près comme la licence. -Ouais, c'est une licence, en vrai.
08:16 -Mais t'es dans un centre de formation, etc.
08:19 Donc du coup, Valenciennes, à ce moment-là, t'arrives, t'as quel âge ?
08:21 -Je pense que j'ai 18 ans.
08:24 -18 ans. Donc ça arrive un peu tardivement, quand même, en vrai.
08:27 -Ouais, 17 ans, parce que je suis au centre.
08:28 J'avais 17 ans, je fais une année au centre.
08:31 Et après, j'enchaîne, parce que j'avais plus l'âge d'être au centre.
08:35 Du coup, je devais me trouver un appart.
08:38 Mais comme j'ai pas un salaire approprié,
08:41 vu que je suis en contrat amateur,
08:43 ils nous mettent dans un truc qu'on appelle des chambres universitaires.
08:47 On est à l'université avec tous ceux qui n'ont pas de contrat,
08:50 stagiaires pro, etc.
08:52 Du coup, on dort dans une chambre de, je crois, 12 m2.
08:55 Mais pareil, à cette époque-là, on joue avec la réserve
08:58 et on essaye de côtoyer le monde pro.
09:01 -En parlant de chambre universitaire et de 12 m2,
09:04 j'ai quelque chose pour toi. Bouge pas.
09:06 -Ca doit être quelqu'un qui est avec moi, ça. -Ca, c'est sûr.
09:09 -Mon gars, Harris, j'espère que tu vas bien.
09:13 -Oui. -Je t'aime. Félicitais ton parcours.
09:15 Ce qui t'arrive aujourd'hui, c'est amplement mérité.
09:19 Voilà. Tout ça, tu le dois à ta mentalité.
09:22 Ta mentalité 93, au beurre.
09:26 En tout cas, grosse force à toi.
09:29 Et aussi, je voulais te dire,
09:31 maintenant que t'es international et que tu joues en Ligue 1,
09:35 t'as une cuisine chez toi ?
09:38 En tout cas, force à toi, mon gars.
09:40 On est ensemble. On s'attrape bientôt.
09:42 Allez, ciao.
09:44 -Gros big up à mon gars Moïse.
09:46 Donc, du coup...
09:48 Il déclare les dossiers, là. C'est pas bien, ce qu'il fait.
09:50 En fait, Moïse, il faisait partie des mecs avec moi en chambre universitaire.
09:56 Et moi, dans ma chambre, elle faisait 12 m2.
09:58 Y avait vraiment pas de cuisine, rien.
10:00 Et lui, je crois qu'il était à l'étage en dessous
10:02 et il avait une cuisine dans sa chambre.
10:04 Et je venais dans sa chambre, des fois, il m'apprenait à faire les pâtes.
10:08 Il croyait que c'était un grand cuistot,
10:10 alors qu'on faisait des pâtes au beurre avec des blancs de dinde.
10:14 Mais ouais, c'est des bons souvenirs.
10:15 -Du coup, aujourd'hui, t'as une cuisine.
10:17 -Ouais, ça y est, maintenant, j'ai une cuisine.
10:19 Je sais à peu près faire à manger, donc ça va.
10:22 -Et ça, c'est des choses qu'on sait pas forcément de la vie d'un footballeur.
10:25 Je suis sûr qu'il y a plein de gens d'Aubervilliers qui savaient même pas ça.
10:28 Y a plein de gens qui vont l'apprendre aujourd'hui,
10:30 qui vont se dire "En fait, à Ries,
10:31 l'État valencien, il était dans une chambre universitaire."
10:33 Et ça, c'est les choses qu'on aime bien raconter ici, sur Vista.
10:36 C'est toutes ces choses-là, toutes ces choses qu'on voit pas forcément
10:40 et qui sont intéressantes à savoir pour que les gens aussi se disent
10:44 "Ça vient pas comme ça."
10:46 Y a des passages un peu compliqués, d'autres un peu moins.
10:49 Ça reste du football, ça reste un plaisir.
10:51 Mais c'est pas si rose que ça à chaque fois.
10:53 -Même si on en tire...
10:54 Même si je pense que t'as encore des bons souvenirs de ça.
10:57 Mais du coup, voilà.
10:58 Moïse Adiléo, il a déclaré les dossiers.
11:01 -C'est pas bien, c'est pas bien, mais bon, ça va.
11:03 Il est resté tranquille.
11:05 -Du coup, après, Valenciennes, c'est tour, c'est ça ?
11:07 -Ouais, c'est ça. Valenciennes, je fais...
11:10 Je joue en réserve, je m'entraîne, etc.
11:13 Mais même quand ils piochent,
11:15 quand les pros ont besoin d'un joueur quand y a un blessé
11:18 ou pour compléter un peu l'effectif, je suis pas souvent dedans, etc.
11:22 Pourtant, je faisais à peu près, je pense, des bons matchs,
11:25 des bons entraînements, mais voilà, après, c'est comme ça.
11:28 Mais bon, comme j'étais au niveau,
11:32 en fait, l'entraîneur des pros et le président,
11:35 ils me proposent d'intégrer le groupe pro
11:38 pour l'année qui arrive, donc à la reprise,
11:41 mais tout en restant mon contrat amateur encore.
11:43 Je dis "D'accord, moi, ça me convient,
11:45 tant que je m'entraîne avec les pros et que je peux progresser,
11:47 après, c'est à moi de faire le taf pour m'imposer."
11:50 Donc j'accepte, je fais la reprise avec eux,
11:52 la reprise à l'été, la prépa.
11:54 Et au bout d'une semaine ou deux semaines,
11:57 en fait, le club, il avait des problèmes financiers.
12:00 Le président, il nous réunit dans le vestiaire,
12:02 il nous dit, en gros, qu'il y a 80 % de chances
12:05 que le club, il coule et qu'il se retrouve en CFA.
12:07 Et donc, il nous dit s'il y en a qui ont des clubs,
12:10 qui ont des autres projets, il nous bloquera pas, etc.
12:13 Et moi, j'ai mon ancien directeur sportif de Boulogne-sur-Mer, justement,
12:16 qui était parti après ça à Tours.
12:19 Et il apprend ça, et du coup, il m'appelle, il me dit,
12:21 "Est-ce que ça te conviendrait de venir à Tours ?
12:23 Je peux parler de toi à l'entraîneur des pros."
12:24 C'était Olivier Pantaloni, à l'époque.
12:26 Et du coup, je dis, "Ouais, moi, ça me convient et tout."
12:29 Tours en Ligue 2.
12:31 Du coup, je parlais avec Olivier Pantaloni, le coach de Tours, au téléphone.
12:34 Il m'explique le truc, il me dit,
12:37 "Tu nous rejoins, tu fais la prépa avec nous.
12:39 Si t'as le niveau, tu restes dans le groupe.
12:41 Si t'as pas le niveau, tu retourneras en CFA."
12:44 Et c'est parti. Du coup, je signe à Tours.
12:46 Et voilà, j'arrive à Tours, stage à Lille-de-Ré.
12:50 Je fais une bonne prépa.
12:51 Et voilà, du coup, après, j'étais gardé dans le groupe pro.
12:54 -Et après, c'est là où tout commence ? -Ouais, c'est là où ma carrière pro commence.
12:57 -C'est à Tours ? -Ouais, c'est ça.
12:59 -Donc, du coup, pour bien resituer,
13:00 c'est Valenciennes qui allait partir en liquidation.
13:03 -Au final, il y a quelqu'un qui a réinjecté de l'argent,
13:06 et ils sont repartis, mais j'étais déjà reparti à Tours.
13:08 -Donc, du coup, en vrai de vrai, ce passage au Ballon de surmer,
13:11 il a été un petit peu déterminant pour toi,
13:13 parce que si tu vas pas à Boulogne-sur-Mer, après le Pôle espoir de Reims...
13:16 -Le directeur sportif, c'est lui qui m'envoie...
13:18 -Peut-être que tu vas même pas à Tours et peut-être que ta carrière, elle décolle jamais.
13:20 -Ouais, c'est vrai. -Ou ça joue à rien, des fois.
13:22 Et comment ça se passe, tes premières sensations
13:26 avec le groupe professionnel à Tours ?
13:28 -Franchement, ça se passe bien.
13:31 Je suis là, je me mets pas de pression particulière.
13:34 Je me dis qu'il faut que je joue mon football.
13:36 J'essaie d'être moi-même, de continuer comme j'ai toujours fait,
13:39 à travailler en silence.
13:41 Et voilà, d'être patient.
13:42 Au final, ça marche, parce que le premier match de championnat,
13:45 je suis dans le groupe, donc premier groupe pro.
13:48 Je rentre pas.
13:49 Deuxième match, c'est à l'extérieur, à Troyes.
13:51 C'est là que je fais ma première rentrée.
13:53 Donc ouais, plein d'adrénaline, je rentre, je cours partout.
13:56 Je prends même un carton jaune au bout de 5 minutes de jeu,
13:59 tellement j'étais excité.
14:00 -Tu rentres ou t'es titulaire ? -Non, je rentre.
14:02 Je rentre à la, je crois, 70e, 80e, par là.
14:05 -À ce moment-là, il se passe quoi dans ta tête ?
14:07 -Là, déjà, ça faisait bizarre, quand même,
14:09 de rentrer la première fois sur les terrains en Ligue 2.
14:12 C'était un peu bizarre.
14:13 -Tu te penses à quoi, à ce moment-là ?
14:15 -Franchement, je saurais pas te dire.
14:16 C'est un sentiment où...
14:18 En fait, ça va tellement vite que t'as pas trop le temps de réfléchir,
14:20 t'es obligé de te mettre dedans direct,
14:22 parce que tu dois faire les bons choix, les bons déplacements.
14:26 Quand la balle, elle arrive dans tes pieds, faut pas que tu...
14:28 C'était plus une fierté, on va dire, de commencer mes premiers pas en pro.
14:32 Voilà, c'était surtout ça que j'ai ressenti.
14:34 -À ce moment-là, t'as quel âge ?
14:35 -20 ans, je crois.
14:36 -C'est un riftard, comme on le dirait.
14:39 Et c'est un petit peu...
14:41 Ça ressemble un petit peu à ton parcours de départ,
14:45 après, avec La Fontaine.
14:47 Je rebondis au Pôle Espoir de Reims.
14:48 Pôle Espoir de Reims, ça se passe bien.
14:50 Je signe à Boulogne-sur-Mer, qui est pas un vrai centre de formation.
14:52 Ensuite, je vais à Valenciennes.
14:55 Valenciennes, on a deux doigts de couler.
14:57 Grâce à mon passage à Boulogne-sur-Mer,
14:59 je me rattrape, je vais à Tours.
15:01 Tu fais toute une saison à Tours.
15:02 -Ouais, après, au final, j'ai signé à Tours en amateur.
15:06 Et ce qui était marrant, c'est que je fais toute la saison...
15:08 Après, le deuxième match, c'est Coupe de la Ligue,
15:11 ils me mettent titulaire.
15:12 Du coup, je fais un bon match.
15:14 Et après ça, je suis pratiquement plus sorti de l'équipe titulaire.
15:17 Et je jouais pratiquement tous les matchs avec le numéro 33,
15:20 tu sais, des jeunes qui...
15:22 Quand il y a un jeune qui a pas le contrat pro et qui joue.
15:25 Et du coup, j'étais tous les matchs titulaires,
15:27 pratiquement, avec mon numéro 33, sans nom dans le dos.
15:30 -Anonyme, hein ? -Ouais.
15:31 La Ligue, ils ont envoyé un mail au club, je crois,
15:34 en leur disant qu'il fallait que je prenne un numéro,
15:37 parce que j'étais tout le temps titulaire.
15:39 -33, ça te dérangeait pas, toi ? -Ouais, ça me dérangeait pas.
15:42 J'aurais bien aimé avoir le nom plus vite,
15:45 mais au final, ils m'ont mis mon nom et j'ai choisi mon numéro,
15:47 alors que j'étais même pas pro.
15:48 Donc c'était bien.
15:49 -Et c'est quand ta première signature en pro ?
15:52 -A la fin de cette saison-là.
15:53 Vu que je fais une saison entière, le club me fait signer pro.
15:57 Je signe trois ans pro à Tours.
15:59 Ouais.
16:00 -Ensuite, ça continue ? -Ouais, c'est ça.
16:02 -Et après, il se passe Brest ?
16:04 -Après, j'arrive en fin de contrat,
16:06 et il y a le coach de Brest, Jean-Marc Furlan,
16:09 qui m'appelle au téléphone et qui me dit qu'il serait intéressé
16:14 de me voir venir à Brest.
16:15 Donc moi, tout de suite, déjà...
16:18 Son discours, il m'a plu tout de suite,
16:19 parce que je voyais...
16:21 Déjà, quand c'est un coach qui t'appelle directement,
16:22 tu vois qu'il te porte de l'intérêt.
16:25 Donc ça m'a tout de suite plu, son discours m'a plu.
16:27 En plus, Brest, je suivais un petit peu la Ligue 2, quand même.
16:31 Et Brest, c'était un club qui, tous les ans,
16:33 était pas très loin de monter.
16:36 Donc voilà, je vais à Brest, je signe à Brest, et voilà.
16:39 -Et si tu peux nous dire,
16:43 parce que Brest, après, il se passe ce qui se passe,
16:45 mais si tu dois garder un seul moment fort de ton arrivée à Brest,
16:49 j'imagine que c'est la montée.
16:50 -Ouais, on va dire ça.
16:52 Il y a eu plein de petits bons moments, quand même,
16:55 mais si je dois en garder un, c'est la montée.
16:57 -Parce que t'es un grand artisan de la montée.
16:59 -Ouais, on a fait une bonne saison, j'ai fait partie de l'équipe,
17:03 donc forcément, ça fait plaisir de faire une montée.
17:06 Et c'est l'avant-dernier match de la saison, à domicile.
17:11 On joue contre New York, on fait un gros match, on gagne aussi.
17:14 Et à la fin, t'as l'envahissement de terrain avec tous les supporters.
17:17 C'est des choses qui vont rester.
17:19 -Il y a une photo de ouf, d'ailleurs. -Ouais, il y a une photo de ouf.
17:21 Je l'avais postée sur Insta, où t'as les supporters qui me portent.
17:24 Franchement, c'est des...
17:26 En fait, fêter la montée comme ça avec tous nos supporters,
17:30 c'était magnifique.
17:32 -Et à ce moment-là,
17:33 est-ce que tu repenses à toutes ces années un petit peu de galère ?
17:36 -Ouais, forcément, t'y penses de temps en temps.
17:38 -Où tu te dis...
17:39 Ça s'est joué à rien, en fait, pour jouer en Ligue 2 à Tours.
17:42 Et là, je me retrouve à jouer à Brest et je monte en Ligue 1.
17:45 -Ouais, l'histoire, elle est belle.
17:46 Parce que même à Tours, on jouait tous les ans le maintien, pratiquement.
17:50 C'était difficile, c'était compliqué.
17:52 Au final, t'arrives dans un club,
17:54 tu fais une année et tu montes en Ligue 1.
17:56 Franchement, c'était un petit peu un rêve, tu vois, entre guillemets.
17:59 Donc franchement, c'était magnifique.
18:01 -Ensuite, y a le premier match en Ligue 1.
18:03 Il est important, c'est contre qui ?
18:05 -On joue contre Toulouse, à domicile.
18:07 Et ouais, c'est le premier match en Ligue 1 à Brest.
18:12 Ouais, c'était pareil,
18:13 mais après, j'ai envie de dire que c'est dans la continuité, tu vois.
18:16 Quand t'as joué en pro en Ligue 2,
18:18 dans nos têtes, on pense qu'à aller plus haut à chaque fois.
18:22 Et une fois qu'on est arrivé en Ligue 1,
18:24 on s'est pas posé de questions,
18:27 on s'est pas mis de pression plus que ça.
18:29 On a essayé de continuer dans la continuité, en fait.
18:32 -Et dans cette continuité dont tu parles,
18:34 y a un moment qui est très important pour toi.
18:37 Quand t'arrives à Brest, juste après, c'est ta sélection d'Algérie.
18:40 -C'est ça.
18:41 -Est-ce que tu peux nous en parler,
18:42 la première fois que t'es sélectionné en équipe d'Algérie ?
18:43 -Bah, magnifique. Déjà, je fais une bonne saison à Brest.
18:48 Je vois que ça commence à parler de moi, entre guillemets,
18:50 un petit peu sur les sites.
18:51 Je vois quand même quand ça me mentionne, etc.
18:54 Pour l'instant, je calcule pas.
18:55 Je me dis, bon, faut que je continue à prouver en club
18:57 pour peut-être espérer un jour rejoindre l'équipe nationale.
19:02 Et au final, je reçois la convocation.
19:05 Donc c'était magnifique.
19:07 -Est-ce que, quand t'étais plus jeune,
19:09 le Harris d'Aubert, il s'est déjà imaginé jouer en équipe d'Algérie ?
19:13 -Imaginer ? Oui et non.
19:15 Parce qu'en fait, c'était un rêve.
19:16 Quand t'es footballeur, t'as toujours ça en tête.
19:18 Jouer pour ton pays, c'est magnifique, c'est la meilleure chose.
19:22 Bagdad, Bunja, notre attaquant.
19:24 Il y a plein d'autres joueurs qui étaient aussi avec nous.
19:26 Ayoub, Abdelhaoui, défenseur.
19:28 Et on se retrouve maintenant en A, c'est une belle histoire aussi.
19:32 -Je te dis ça parce que je me rappelle
19:33 quand t'es sélectionné en équipe d'Algérie,
19:36 tu le mets sur Insta,
19:37 c'est la plus grande fierté, entre guillemets, de ta carrière,
19:40 le fait d'être sélectionné pour le pays de tes parents.
19:42 Et après, il se passe ce qui se passe.
19:44 À ce moment-là, on va pas revenir sur les faits,
19:46 parce que tout le monde les connaît.
19:48 À ce moment-là, quand il se passe ce qui se passe,
19:50 comment tu réagis déjà ?
19:52 Et comment, mentalement, ça se passe ?
19:55 -Forcément, j'étais dans le mal.
19:56 J'étais dans le mal.
19:58 Je reviens ici, je prends l'avion tout seul, je reviens ici.
20:01 Carrément, je rentre même pas chez moi.
20:03 Je rentre même pas chez moi, parce que mes parents laissent tomber.
20:06 -Tu vas où ?
20:07 -C'est mes potes, ils viennent me chercher à l'aéroport.
20:09 Parce qu'ils savaient que, mentalement, c'est des moments compliqués.
20:13 Ils viennent, ils me soutiennent.
20:14 Ça veut dire que je dors chez mon pote.
20:16 Tout le monde vient me voir, tu vois, un peu,
20:18 pour essayer de me changer les idées, on va dire.
20:20 -Parce qu'à ce moment précis, je te coupe,
20:22 tu passes vraiment du rêve,
20:23 que t'as sélectionné l'équipe d'Algérie pour aller à la CAB...
20:26 -Ouais, un peu joué d'Afrique, ouais.
20:27 -Au cauchemar, en vrai. -Ouais, c'est ça.
20:29 Du coup, je reviens ici, je suis un peu abattu.
20:32 Mon père, carrément, il me répondait plus au téléphone
20:34 pendant des semaines, on se parlait pas, tout ça.
20:38 Il voulait rien savoir.
20:39 Mais après, c'est normal, tu vois.
20:41 Avec le recul, je le comprends totalement.
20:44 Je reste 2-3 jours chez mes potes, et après, ma mère,
20:47 elle apprend que je suis ici, que je suis dans le coin, que je suis rentré.
20:49 -Elle savait pas que t'étais auberge ?
20:50 -Elle savait pas le premier jour et le deuxième jour, je crois.
20:53 Elle se doutait que j'allais rentrer,
20:55 et après, je sais pas, quelqu'un lui a dit que j'étais rentré.
20:58 Du coup, elle m'a appelé, elle m'a dit "rentre", et tout.
21:00 "Je suis rentré chez moi."
21:02 -À ce moment-là, c'est dur de rentrer chez soi.
21:03 -Ouais, c'est dur, c'est dur.
21:04 Tu vois, tes parents, t'as dessus tes parents, ta famille,
21:07 tout le monde, tout le peuple algérien,
21:09 toutes les personnes qui comptaient sur toi, en fait.
21:11 Et tu te dis...
21:13 Franchement, pour une bêtise, t'as fait plein de déçus, en fait.
21:17 Des gens qui étaient super contents de te voir,
21:20 c'était un peu leur fierté, et au final, il se passe ça.
21:23 Du coup, c'est compliqué dans ma tête.
21:25 -Parce qu'à ce moment-là,
21:26 c'est même pas le fait de pas jouer la canne qui est le problème.
21:29 -De pas jouer la canne,
21:30 de pas pouvoir représenter son pays alors que ça allait être magnifique,
21:33 tu vois, pour moi,
21:34 plus la déception de tout le monde, tous mes proches, etc.
21:38 -À ce moment-là, comment tu réagis mentalement ?
21:39 Comment tu fais, mentalement, pour te préserver de tout ça
21:43 et rester focus sur l'objectif qui est de rebondir ?
21:45 Parce qu'à ce moment-là, on peut...
21:47 Je te dis ça parce que...
21:49 Pour faire un parallèle avec ce qui a pu se passer
21:51 pour des joueurs qui ont vécu à peu près ta situation,
21:53 c'est-à-dire raté une compétition majeure,
21:56 comme les six joueurs qui ont pas fait la Coupe du monde 98,
21:59 avec Anelka, Lionel Letizy, Ebrahim Bagh, etc.,
22:03 il y en a parmi ces six joueurs-là qui ne sont jamais revenus.
22:06 Alors qu'il n'y avait pas d'humiliation derrière,
22:09 c'était juste sportif.
22:11 Toi, c'était sportif,
22:12 mêlé à une humiliation "nationale".
22:16 Comment Aris Belkebla, il réussit à surmonter ça
22:21 et à revenir ? Parce que là, on se parle.
22:24 T'as joué hier avec l'Algérie,
22:26 et vous êtes qualifié pour la prochaine CAM.
22:27 Et t'étais dans le groupe, t'es rentré hier.
22:30 Et pour moi, c'est un truc de fou. Tu vois ce que je veux dire ?
22:33 -Après, je sais pas comment expliquer.
22:35 Depuis que je suis tout petit, je suis comme ça.
22:37 C'est mentalement, je pense. C'est dans la tête que ça se passe.
22:39 -C'est la mentalité 9-3 ? -Ouais, c'est sûr que ça m'a aidé.
22:42 Ça m'a aidé de grandir ici.
22:44 C'est ce qui m'a forgé un petit peu. -La difficulté ?
22:46 -Ouais, qui m'a inculqué des valeurs, en fait.
22:49 Mes parents aussi, surtout, ma famille,
22:53 ils m'ont toujours dit qu'il fallait rien lâcher dans la vie.
22:56 Et moi, je suis comme ça, de toute façon.
22:58 Depuis que je suis petit, je suis un battant,
23:00 je suis un soldat, comme on dit ici.
23:02 -Pour toi, c'est vraiment cette mentalité 9-3
23:04 qui t'a permis de garder le pied ? -Bien sûr.
23:05 Quand tu l'as un peu en toi,
23:07 c'est très compliqué de te faire mettre le genou à terre.
23:10 C'est très compliqué.
23:12 Et puis, tu vois, nous, on ne respecte que ceux qui se battent.
23:16 Quand on voit quelqu'un, tu vois, poser les armes,
23:20 c'est comme s'il n'est plus de chez nous, tu vois.
23:22 C'est comme si t'as pas les réflexes de chez nous.
23:24 C'est bizarre.
23:25 Donc...
23:26 Pour moi, déjà, qu'il ait réussi dans le foot, déjà, pour moi,
23:30 c'est quelque chose, déjà, de très, très bien.
23:34 Parce que quand tu grandis au Bervilliers,
23:36 c'est très dur de réussir dans le foot.
23:38 -Pourquoi ?
23:39 -Parce que c'est une ville qui peut te détourner dans plein d'autres...
23:44 Tu vois, tu peux avoir tout le talent du monde,
23:45 mais ici, l'écosystème, il est tellement criminogène
23:48 que tu peux vite lâcher l'affaire.
23:51 Par rapport à la réalité de la ville.
23:55 Et ta jeunesse, tu te dis "Non, mais en vrai, laisse tomber,
23:57 je vais suivre les autres."
24:00 -Je prends le chemin le plus simple. -Voilà.
24:02 Et quand je vois juste le chemin qu'il a eu
24:06 de réussir d'aller jusqu'en pro, après, jusqu'en Ligue 1,
24:10 c'est quelque chose, je te le dis.
24:11 Quand tu viens d'ici, là, ça veut dire beaucoup.
24:14 Ça veut dire beaucoup, c'est-à-dire que t'as une force mentale
24:18 que les gens ne peuvent même pas se douter.
24:20 -Moi, à ce moment-là, je me dis "Bon, c'est passé,
24:23 t'as deux solutions."
24:24 Soit tu te mors fond, tu tombes en dépression,
24:27 t'arrêtes le foot, je sais pas ce que tu fais,
24:30 ou soit tu vas de l'avant.
24:32 Il était déjà sur la suite.
24:33 "Prêt ? T'inquiète pas, So, t'inquiète pas."
24:36 Il me disait.
24:37 Il me disait que t'inquiète pas.
24:39 C'est là que j'ai dit "Non, le petit, il est déter."
24:41 -Tu vas te battre deux fois plus, t'entraîner deux fois plus
24:43 pour retrouver ta place.
24:45 En club, ça allait, mais retrouver ta place, pourquoi pas ?
24:48 Moi, je pensais déjà à retrouver ma place en équipe nationale.
24:51 Je me disais "Il s'est passé ça,
24:54 j'espère que les gens vont me pardonner, etc.,
24:57 mais je vais revenir."
24:58 J'avais toujours dans un coin de ma tête de revenir un jour.
25:02 -Le coach, à ce moment-là, est-ce qu'il était important ?
25:04 -Ouais, le coach aussi très important,
25:06 parce que le coach Bell m'a dit...
25:09 C'est comme un grand frère pour nous, tu vois ?
25:11 Et quand il se passe ça, il me parle, il me dit en gros
25:14 que j'ai fait une bêtise, il me dit les choses clairement, etc.
25:18 Mais dans sa tête, il le dit dans une interview,
25:20 il m'a jamais blacklisté.
25:22 Lui, il dit en gros, si Harry refait ses preuves, etc.,
25:26 dans le futur, s'il amène à être performant,
25:29 la porte, elle était pas fermée.
25:30 Et ça aussi, ça m'a encouragé deux fois plus à être...
25:34 -À ce moment-là, quand le coach te dit ça, tu te dis "OK,
25:36 si je charbonne, si je travaille, je peux revenir."
25:39 -C'est ça.
25:41 Donc moi, dans ma tête, à ce moment-là, c'est...
25:44 Il n'y a que le terrain qui parle,
25:45 donc si je refais mes preuves sur le terrain,
25:48 que je suis sérieux, que je donne tout comme j'ai toujours fait,
25:52 il n'y a pas de raison que ça marche pas.
25:54 Et voilà, je repars déterminé à fond.
25:56 -Tu repars au charbon comme quand t'es au charbon à Boulogne-sur-Mer,
26:00 à Tours, c'est-à-dire je donne tout, et on verra ce qui se passe.
26:02 -Voilà. Je me fais petit, je parle pas, je reste dans mon coin,
26:05 je bosse, et au final, ça a payé.
26:08 -Celui qui n'a pas pêché ici, il lève la main.
26:12 Personne ne lève la main.
26:15 -Pour savoir si vous avez eu une discussion avec lui en tête.
26:18 -La discussion, je le convoque en équipe nationale de l'Algérie.
26:21 Ça vaut tous les maux de la terre.
26:24 Tout le monde a des chalaces, là.
26:26 Il est là, il arrive avec beaucoup d'humilité,
26:28 beaucoup d'envie aussi, et je le prends parce que...
26:33 Parce qu'il est performant.
26:36 C'est pas un cadeau.
26:37 C'est pas un cadeau, loin de là.
26:38 Je fais pas de cadeau, de toute manière.
26:41 -Quand t'es reselectionné, qu'est-ce qui se passe ?
26:44 -Ah bah, c'est...
26:45 C'est une petite victoire, on va dire,
26:47 parce que voilà, avec tout ce qui s'est passé,
26:49 j'ai reçu beaucoup de messages de soutien de tout le peuple algérien,
26:53 même quand je suis revenu, zéro problème.
26:56 J'ai eu des petites déappréhensions, mais franchement, nickel.
26:59 -Tout de suite mis à l'aise. -Que ce soit le groupe, le staff,
27:01 tout le monde m'a bien accueilli,
27:03 même dans le stade, quand je refais ma première rentrée
27:05 à Mustapha Tchaker, genre, on m'encourage et tout,
27:09 et franchement, ça m'a fait chaud au coeur aussi.
27:11 -Ah, c'est beau, les moments comme ça. -Ouais, c'était bien.
27:14 -Et à ce moment-là, est-ce que Socrates, il était important pour toi ?
27:17 -Ouais, So, c'est un grand frère de la ville.
27:19 C'est Mac Tailleur.
27:21 Je parle d'Aubervilliers, t'as Mac Tailleur qui est vrai avec aussi.
27:23 -Quand tu parles du 9-3, même. -Ouais, du 9-3.
27:26 C'est quelqu'un...
27:27 Pareil, quand je passe à Aubervilliers, je passe souvent au studio, à La Planque.
27:31 Je le vois, il me donne des conseils, on discute beaucoup.
27:34 Il aime bien parler de foot, tu vois.
27:35 Et c'est une personne qui m'a beaucoup apporté aussi,
27:38 qui m'a donné beaucoup de conseils.
27:40 Et il est dans la même mentalité que moi, du coup,
27:42 on a la même vision du monde des choses.
27:45 Du coup, les conseils qu'il me donnait, c'était ce que j'avais en tête.
27:48 Donc ça me disait que je suis sur la bonne voie, en vrai.
27:51 -À ce moment-là, il t'a parlé ?
27:52 -Ouais, pas tout de suite, mais j'étais revenu...
27:56 Je sortais pas trop, tu vois.
27:58 À ce moment-là, j'avais pas envie que tout le monde me dise "Ris, c'est dommage, nanani".
28:02 Tout le monde me disait, du coup, ça me saoulait.
28:05 Mais quand je suis reparti, on en a reparlé, tranquille.
28:08 Il m'a donné des conseils, il m'a dit de continuer, de ne rien lâcher.
28:11 Et voilà.
28:12 -Nous, on en a parlé avec lui,
28:14 et la chose qui en ressortait de lui, c'était...
28:18 Il voulait juste voir comment t'as l'air bon d'air.
28:20 -Moi, j'avais peur que ça soit...
28:22 Que de la manière dont j'ai été touché, j'avais peur qu'il soit touché de la même manière.
28:26 Tu comprends ?
28:27 Mais en fait, j'ai vu que... Non, ça allait.
28:29 J'ai vu qu'il était déçu, mais...
28:32 "T'inquiète pas, So, t'inquiète pas."
28:34 Il m'a montré qu'il était quelqu'un.
28:37 Je pense que c'est cet événement qui m'a montré vraiment qu'il était quelqu'un.
28:42 Il a montré vraiment que c'est un mec d'Aubert qui déterre.
28:44 -Au-delà de ce qui s'est passé, c'était...
28:48 "On attend de voir ce qui va se passer, comment il va revenir."
28:51 C'était plus ça, en fait. C'était de l'inquiétude, entre guillemets.
28:53 Mais en vrai, t'as mis tout le monde d'accord.
28:55 C'est le terrain qui parle, en fait. -Ouais, c'est ça, en fait.
28:57 Si tu fais le taf sur le terrain, tu bosses...
29:00 De toute façon, y a pas de secret.
29:01 Travailler, être sérieux, et après, être patient, aussi.
29:06 La patience, c'est important.
29:07 -Travail et patience. -Ouais.
29:09 -Et la mentale. -C'est ça.
29:11 -Et tout se passe sur le terrain. -C'est ça.
29:13 -Moi, en tout cas, je te souhaite que du bonheur pour la suite.
29:15 -Merci, c'est gentil.
29:17 -Encore plus de sélection en équipe d'Algérie.
29:19 Encore une plus grande carrière. -Merci beaucoup, en tout cas.
29:22 -En tout cas, merci beaucoup. On se tient.
29:24 -Allez, ciao, mon gars.
29:25 -Et pour finir, pour moi, je pense qu'on a tout dit.
29:30 Est-ce que t'auras un mot à dire à Harris ?
29:32 -Continue comme ça, mon frère. Tu nous rends fiers.
29:35 Et on sera toujours derrière toi.
29:37 Untouchable Soldat.

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