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  • 25/05/2024
Aussi appelés "sousliks d’Europe" ou "écureuils terrestres", les spermophiles (littéralement "qui aiment les graines") évoluent dans des environnements aux conditions spécifiques : ils exigent à la fois une vue dégagée et un sol facile à travailler.

Strictement protégés en Europe, où ils sont présents notamment en Autriche, en République tchèque et en Pologne, ces rongeurs voient leurs territoires envahis par le béton et le bitume. Notre continent est aussi l'habitat du hamster d'Europe, le plus grand de son espèce, et le seul à y vivre encore à l'état sauvage.

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00:00 Avant toute chose, une vue dégagée.
00:11 Avec ça, un sol facile à travailler.
00:16 Ils communiquent entre eux par des sons, surtout quand leur survie est en jeu.
00:27 Ils cohabitent avec d'autres espèces qui ont elles aussi besoin d'un terrain meuble,
00:37 ce qui donne lieu à un habitat des plus divers.
00:40 Les spermophiles, aussi appelés sous-slics d'Europe ou écureuils terrestres, sont strictement
00:52 protégés en Europe.
00:54 Le béton et le bitume envahissent leur espace vital, mais les petits rongeurs ne se laissent
00:59 pas faire.
01:00 Certains s'accommodent d'ailleurs très bien de la proximité des humains, sur le mode,
01:04 ça peut toujours servir.
01:05 Ici, l'hiver a pris ses quartiers.
01:25 Un renard cherche sa nourriture en solitaire.
01:30 Sa sensibilité au champ magnétique est une précieuse alliée quand il part chasser.
01:39 Bonne pioche ! Il se passe quelque chose sous terre.
01:49 Les courts déplacements de la femelle spermophile qui s'affaire dans son royaume enfoui ne lui
02:00 ont pas échappé.
02:01 Mais comment faire ? Le butin convoité est à deux mètres de profondeur.
02:15 Il n'est décidément pas à sa portée.
02:18 Pourquoi le rongeur doit-il arpenter ce labyrinthe ? Sa déambulation a le mérite d'activer
02:33 momentanément ses fonctions corporelles et d'écarter les maladies qui le terrasseraient
02:38 en cas d'immobilité.
02:39 Grâce à cet exercice, la jeune femelle renforce son système immunitaire tout en
02:45 stimulant ses fonctions cognitives.
02:49 Après son rapide parcours de santé, elle peut tranquillement regagner son petit nid
02:53 d'ouillet tout en ayant jeûné.
02:55 Un peu plus loin, sous la haie, c'est une femelle hamster européen qui dort en boule,
03:02 bien en sécurité.
03:03 Mais contrairement à la femelle spermophile, elle se réveille souvent car son estomac réclame
03:11 de la nourriture à intervalles réguliers.
03:13 Presque chaque jour au début de l'hibernation, ce besoin diminuant au cours de la saison
03:18 froide.
03:19 Les femelles hamsters d'Europe n'engloutissent d'ailleurs pas moins de 2 à 4 kilos de nourriture
03:26 au fil de l'hiver.
03:28 Après avoir mangé, elles regagnent le gîte et mettent leur organisme en pause jusqu'au
03:33 prochain repas.
03:34 Les mâles de la même espèce émergent plus rarement de leur sommeil.
03:39 Faire des provisions n'est pas vraiment leur tasse de thé.
03:45 C'est sur les femelles qu'ils jettent leur dévolu en été.
03:48 Les réserves de nourriture passent largement après.
03:51 Dans le Land de Basse-Autriche, près de la ville de Krems, un des rares endroits en
04:04 Europe où l'on trouve une grande colonie de spermophiles, le sol s'est réchauffé.
04:09 Un bourdonnement incessant s'élève des champs.
04:13 Les plus petits insectes ne sont pas les derniers, bien au contraire.
04:22 Manger ou être mangé, la loi des reins de la nature s'applique ici à plein régime.
04:29 Tous les animaux participent à cet éveil du printemps.
04:41 A chacun sa méthode.
04:44 Les plus beaux atours ou la poursuite assidue du partenaire convoité.
04:49 Les spermophiles encore tout étourdis s'extirpent de leur refuge hivernal en ordre de bataille.
05:03 Fort de quelques cicatrices, le chef, du haut de ses cinq ans, a gagné ses galons.
05:10 Il ouvre la marche.
05:12 Il veille sur les femelles qui sortent après les mâles.
05:15 Le chef semble avoir la situation en main.
05:19 Le but recherché, s'accoupler avec le plus de femelles possible.
05:25 Cette colonie est constituée de plusieurs couples ainsi que de leurs progénitures de
05:32 l'année dernière.
05:33 Il s'agit maintenant pour chacun de retrouver les siens.
05:38 Et c'est moins simple qu'il n'y paraît.
05:43 La progéniture de l'année écoulée est la dernière à pointer le bout de son nez.
05:49 La femelle que le renard solitaire avait flairé aura sa première portée au printemps.
05:55 Elle est comme tant d'autres de ses congénères, un peu perdue, craintive et désorientée.
06:01 Un phénomène dont la recherche s'est emparée.
06:07 Il est depuis peu établi que les spermophiles ne sont pas à l'abri de petites défaillances.
06:14 Leur situation est comparable à celle de patients Alzheimer chez les humains.
06:18 A cela près que les symptômes des petits rongeurs disparaissent au bout de quelques
06:28 jours.
06:29 Ils se remettent très vite à creuser, manger et se chamailler comme si de rien n'était.
06:34 Se pourrait-il que les spermophiles soient des cobayes tout trouvés pour la science ?
06:42 L'avenir le dira.
06:44 Pour l'heure, l'urgence est de creuser.
06:51 C'est nécessaire pour l'entretien du terrier et la création de nouveaux tunnels ou de
06:56 chambres de mise bas.
06:57 Préparer l'arrivée de la descendance, le printemps est fait pour ça.
07:03 Et d'autres s'activent tout aussi fébrilement.
07:05 Les guêpes fouisseuses, aussi appelées bambèques à rostre, ont deux points communs avec nos
07:12 rongeurs.
07:13 Elles vivent dans le même milieu et elles se regroupent en colonies.
07:16 Comme eux, elles sont confrontées à la raréfaction des sols sablonneux et à l'étalement
07:21 urbain.
07:22 Il faut que le trou fasse au moins 20 cm de profondeur pour qu'elles y déposent un œuf.
07:27 Un travail d'Hercule pour ce minuscule gabarit.
07:29 Les mouches sont de loin le mets préféré des larves.
07:35 Le voisin a repéré la bonne prise et la subtilise pour la mettre dans son garde-manger.
07:39 Ainsi, le couvert est-il mis pour la génération qui s'annonce.
07:48 Elle va se délecter des insectes déposés à son attention.
07:52 Mais à la fin de chaque repas, le trou doit être soigneusement obturé à grand renfort
07:58 de mouvements circulaires.
07:59 C'est un travail tellement éreintant que la guêpe ne pond que très peu d'œufs chaque
08:04 saison.
08:05 Les larves se sustentent de cette réserve de mouches pendant deux semaines avant de
08:12 faire leur première apparition.
08:13 Les gros dormeurs de l'hiver sont loin d'avoir tous émergé.
08:25 La femelle hamster d'Europe attend la nuit tombée pour pointer son museau hors du terrier.
08:34 Les mâles sont déjà à pied d'œuvre.
08:44 Il leur faut bien reprendre des forces et, peu prévoyant comme ils sont, ils n'ont
08:50 pas grand-chose, voire rien à se mettre sous la dent.
08:53 La faute à leur insatiable cours aux femelles l'été dernier.
08:58 Mais ont-ils changé leurs habitudes pour autant ? Avec un peu de chance, leur quête
09:04 est perdue et rapidement couronnée de succès.
09:07 Si tout va bien, les petits seront là dans deux semaines.
09:15 Tout doit être fin prêt.
09:17 La femelle aménage la future pouponnière avec le plus grand soin.
09:31 La vie suit son cours et, avec le printemps, la nourriture est abondante dans la prairie.
09:43 Tout semble au beau fixe.
09:51 Pour certains plus que pour d'autres cependant.
09:56 Car les maladies se sont invitées dans la colonie et elles se propagent à vive allure.
10:01 Les individus touchés représentent un danger pour le groupe et ils sont rejetés.
10:07 Livrés à eux-mêmes, ils deviennent une proie de choix pour d'autres espèces.
10:14 La renarde s'est construit une cabane de broussailles en bordure de la prairie.
10:20 Il n'y a pas endroit mieux situé car il est à la source de l'approvisionnement.
10:27 Ce choix prometteur va lui permettre de bien nourrir ses petits à moindre frais.
10:33 Notre spermophile a meilleur mine.
10:37 Rien de tel qu'un bon bain de soleil pour retrouver des forces et de l'énergie.
10:42 On dirait bien qu'elle attire le chef de clan comme un aimant.
10:53 Mais non.
10:56 Finalement, l'accouplement n'aura pas lieu.
10:58 Le prétendant a senti que la femelle n'était pas encore tout à fait ragaillardie.
11:04 La petite colonie s'est agrandie depuis le printemps dernier.
11:08 Les femelles ont toutes leurs places dans la colonie où elles sont nées et elles y restent.
11:14 Pour les mâles, les choses sont plus compliquées.
11:17 Ils doivent s'affirmer sans relâche face au chef mais aussi face à leur congénère
11:25 plus âgé pour être acceptés.
11:26 Un mâle de très petite taille, même en excellente santé, ne se sent plus ici nulle
11:32 part en sécurité.
11:34 Mis au banc de sa colonie, il est exposé à tous les dangers.
11:41 Il ne peut plus compter sur la protection de sa communauté.
11:44 S'il veut trouver une compagne et ne serait-ce que survivre, il lui faudra quitter les siens.
11:54 Un verger d'abricotier aux branches ployant sous des fruits mûrs à souhait serait une
12:03 aubaine.
12:04 Reste à le dénicher.
12:05 Là au moins, le spermophile chétif serait promu chef de colonie d'emblée.
12:11 Encore faut-il atteindre ce paradis.
12:14 Car des vastes vignobles aux routes de grande circulation, le chemin pour y arriver est
12:20 semé d'embûches.
12:21 Nombreux sont ceux qui s'y sont essayés sans succès.
12:25 Ceux qui finissent écrasés se comptent par dizaines chaque année.
12:29 Mais l'aventurier malgré lui n'a pas le choix.
12:37 Il se lance donc dans l'inconnu.
12:40 C'est son unique planche de salut, advienne que pourra.
12:43 Il se montre prudent.
12:47 Pas un pas en avant sans avoir scruté le terrain.
12:52 Et le cas échéant, il sait comment se camoufler.
12:55 Il a encore une route à traverser.
13:03 De loin, le plus grand obstacle.
13:06 Une fois qu'il sera au milieu de la chaussée, il n'aura plus aucun endroit pour s'abriter.
13:17 La présence de spermophiles a beau être signalisée, un accident est vite arrivé.
13:26 Allez, c'est le moment ou jamais.
13:32 Le bruit de la sonnette lui fait rebrousser chemin in extremis.
13:40 Cette fois-ci, ça devrait marcher.
13:46 Et voilà le travail.
13:52 Il ressort indemne de ce périple à haut risque.
13:55 Un paradis s'ouvre à lui.
14:01 Ici, les fruits de certaines branches sont déjà mûrs.
14:04 Décidément, il ne pouvait pas mieux tomber.
14:08 Et il arrive à point nommé.
14:10 Le sol est sablonneux.
14:16 C'est l'idéal pour fonder une nouvelle colonie.
14:18 Les fruits délicats sont cueillis à la main.
14:29 C'est la première récolte de l'année.
14:31 Les abricots un peu abîmés sont jetés au sol.
14:39 Ils ne sont pas perdus pour tout le monde.
14:51 Décidément, c'est le pays de cocagne ici.
14:54 Mais à quoi bon tout ce bonheur sans bonne compagnie pour le partager ?
15:02 Le mâle n'a plus qu'à espérer que quelques anciens congénères de la prairie surpeuplée
15:10 auront la bonne idée de le rejoindre.
15:12 Mais en attendant, il ne boute pas son plaisir.
15:17 Les abricots bien sucrés se cultivent sur des sols riches en sable à la faveur d'un
15:24 climat doux.
15:25 La vallée du Danube, à la hauteur de Krems, est le site idéal.
15:30 En bordure du verger, les insectes butinent âprement.
15:35 Sans l'intervention de ces grands pollinisateurs, il n'y aurait pas tous ces fruits délicieux.
15:43 Mais il y a un insecte que le goût sucré laisse indifférent.
15:47 C'est sur les protéines qu'il jette son dévolu.
15:50 Il s'agit de la magicienne dentelée, la plus grande sauterelle d'Europe qui est
15:55 une redoutable prédatrice d'autres insectes.
15:58 L'espèce n'a pas besoin de mâles pour se reproduire, elle pratique la parthénogenèse.
16:04 Les jeunes se développent à partir d'eux non fécondés, un phénomène très rare
16:09 dans le règne animal.
16:10 Dans l'immense majorité des cas, les organismes vivants ont besoin du sexe opposé pour pouvoir
16:16 s'adapter à leur environnement.
16:17 La magicienne dentelée est impressionnante par sa taille.
16:21 Elle mesure jusqu'à 10 cm.
16:24 A titre de comparaison, le spermophile en fait à peine le double.
16:28 L'insecte géant pond ses œufs dans le sol sablonneux et chaud, exactement comme
16:34 le dektique vérusivore, appelé aussi sauterelle à sabre.
16:38 Les larves n'apparaîtront pas avant deux ans.
16:43 C'est dans une vallée fluviale près de Prague que des spermophiles ont trouvé un
16:57 véritable havre de paix.
16:58 La proximité des humains ne semble pas les déranger.
17:02 Iréna Schneiderova a élu l'endroit comme terrain d'investigation.
17:08 Elle a fait du langage des spermophiles son sujet d'étude et elle sait que s'ils
17:14 communiquent entre eux, c'est avant tout pour préserver la communauté.
17:17 Pour se protéger de leurs ennemis, il leur faut une vue bien dégagée.
17:26 Il y a d'ailleurs toujours une vigie sur le qui-vive parmi eux.
17:33 L'alerte est donnée grâce à un message parfaitement maîtrisé, dont le volume et
17:39 la fréquence varient en fonction du degré de la menace.
17:43 Les sifflements sont d'autant plus rapprochés que la fuite est urgente.
17:54 Une large palette de vocalises leur permet de délivrer aussi d'autres messages.
17:59 Les jeunes spermophiles couinent quand ils ont peur.
18:04 C'est leur manière d'appeler leur mère ou d'autres femelles au secours.
18:08 Les spermophiles en proie à l'agressivité expriment leur colère à travers un grondement.
18:17 Ici, le message est sans ambiguïté.
18:21 Pousse-toi de là, c'est moi le plus fort.
18:24 Quant à ce grognement particulier, Irena ne le connaît que trop bien.
18:32 Elle y a droit chaque fois qu'elle capture des individus pour mener ses recherches.
18:37 Et gare à elle, car le spermophile très énervé exprime clairement qu'il s'apprête
18:43 à mordre.
18:44 À travers ces sifflements, la colonie communique à tous propos et à propos de tout.
18:51 Les vocalises expriment tour à tour les dangers, les problèmes et les humeurs.
18:57 En un temps record, la stèpe de Basse-Autriche est devenue une véritable ruche, avec plein
19:04 d'animaux.
19:05 Une activité frénétique s'est emparée des lieux.
19:07 Un genre d'araignée crabe, la misumène, est dite variable à cause de ses changements
19:14 de couleur.
19:15 Elle est à l'affût d'insectes butineurs.
19:18 Le bourdon fait plusieurs fois sa taille, mais qu'à cela ne tienne.
19:24 Grâce à ses deux puissantes paires de pattes avant recouvertes de griffes, la redoutable
19:29 prédatrice maîtrise parfaitement sa proie.
19:32 Elle injecte son abondant venin et à elle le bon repas.
19:36 Une congénère tout aussi experte en camouflage attend la proie du jour.
19:42 Les femelles de l'espèce sont en effet capables de modifier leur couleur, du blanc au jaune
19:50 selon la plante qui leur sert d'hôte, et de s'assortir mine de rien à l'environnement.
19:55 Elles contrôlent le changement de couleur grâce à leurs yeux.
20:00 À la vue du jaune, elles transportent un liquide jaune jusqu'à la couche supérieure
20:05 de leur cellule.
20:06 Si l'araignée veut se débarrasser de sa couleur jaune parce que la plante la plus
20:11 proche à des fleurs blanches, elle élimine tout simplement la couleur indésirable par
20:15 l'intestin.
20:16 Cette capacité d'adaptation est très précieuse pour chasser, mais elle protège également
20:21 des prédateurs.
20:22 La femelle hamster cherche de la nourriture.
20:27 Se reproduire, faire des réserves, au printemps c'est son unique préoccupation.
20:34 À cette époque de l'année, elle n'a en effet qu'une idée en tête.
20:38 Donner suffisamment à téter à ces six petits.
20:47 C'est une belle portée, car celles d'aujourd'hui ne sont en général que de trois ou quatre
20:53 individus.
20:54 À l'instar des spermophiles, les hamsters étaient aussi plus prolifiques qu'avant.
21:00 Ils mettaient bas plusieurs fois par an, au lieu d'une seule aujourd'hui.
21:04 L'environnement des deux espèces n'est plus ce qu'il était, et cela a un impact
21:09 sur la descendance.
21:10 Les jeunes réclament goulûment leur dû.
21:15 Une fois tout ce petit monde repu, la femelle hamster retourne au champ.
21:32 Tandis que ses bébés se pelotonnent les uns contre les autres pour se tenir chaud.
21:36 Il y a du nouveau dans la colonie des spermophiles.
21:46 Elle s'est agrandie elle aussi.
21:48 Le chef a fait du bon travail, et les femelles aussi.
21:53 Elles ont mis bas au bout d'un mois de gestation à peine.
21:56 Le sevrage du lait maternel intervient au bout de 21 jours.
22:01 La portée est mise au régime herbacé.
22:04 La première escapade hors du terrier a lieu rapidement après.
22:16 Les premiers pas dans le monde sont laborieux pour certains.
22:36 Leur maman veille encore sur eux quelques jours, mais arrive un moment où c'est à
22:44 eux de se débrouiller seuls.
22:45 Ils grandissent et se développent à travers le jeu, comme le font les enfants.
23:02 Quand tout va bien, les mâles en bonne santé vivent en moyenne 6 ans.
23:08 L'espérance de vie des femelles est pratiquement deux fois plus élevée.
23:12 Les jeunes prennent soin de ne pas trop s'éloigner du terrier natal, qui continue à leur offrir
23:24 refuge et protection.
23:25 Ils finissent par s'installer dans les terriers abandonnés.
23:31 Ce n'est que l'année suivante que les femelles rejoindront un nouveau clan, ou bien
23:37 y migreront, comme le font les mâles.
23:39 L'expansion de la colonie est d'autant plus remarquable que les conditions du milieu
23:54 ne sont plus ce qu'elles étaient.
23:55 Les sols friables adéquats sont en net déclin.
23:59 Les insectes fouisseurs sont eux aussi pénalisés.
24:08 Les guêpes d'Olycocéphale sont des visiteuses de fleurs qui se nourrissent de nectar et
24:16 de miella, une substance produite par les pucerons et d'autres insectes nectarivores.
24:21 Pour leur progéniture, elles ont elles aussi besoin d'un sol sablonneux.
24:27 C'est dans ce milieu meuble que la galerie est creusée.
24:31 À peine en a-t-elle terminé que cette guêpe localise une chenille à l'odorat, en volant
24:39 à basse altitude.
24:40 Elle paralyse sa proie grâce à son aiguillon avant de la placer dans sa cellule fraîchement
24:48 construite.
24:49 Elle pond ensuite un œuf dessus.
24:51 Sa progéniture aura de quoi manger dès la naissance.
24:54 Le trou est obturé avec le plus grand soin.
24:58 C'est sous terre que la prochaine génération de guêpes va prospérer.
25:02 Du côté des spermophiles, les femelles n'en finissent plus de creuser.
25:09 Il faut bien héberger la colonie qui s'est encore étoffée.
25:13 La place se fait rare, mais ça pourra encore aller pour cet hiver.
25:17 Des abris sont aménagés en marge de la résidence principale.
25:29 On ne sait jamais.
25:33 C'est un repli sûr au cas où il faudrait s'enfuir.
25:37 Il y a des trous partout, reliés entre eux par un écheveau de galerie souterraine.
25:47 Un grand axe central qui fait 4 mètres de long ouvre sur des couloirs latéraux.
25:54 Certains passages sont rembourrés avec des herbes sèches.
25:59 Ils sont bien adaptés aux séjours prolongés.
26:01 Les spermophiles identifient parfaitement ceux qui sont dès leur.
26:07 Et gare aux intrus.
26:09 Les indélicats sont reconduits à l'entrée du terrier sans égard.
26:13 Et quand les trous sont désaffectés, de nouveaux locataires ne tardent pas à se manifester.
26:20 La reine d'une colonie de bourdon a tôt fait de s'octroyer ce lieu sûr.
26:25 La voici en maîtresse des lieux.
26:28 Elle se laisse servir et veille à assurer la relève au royaume des bourdons.
26:33 Plus leur perte d'habitat progresse, avec pour conséquence une plus grande promiscuité
26:42 avec les humains, et plus les spermophiles sont exposés aux dangers.
26:47 Les chats domestiques évoluent sur un large territoire.
26:56 Et ils savent exactement où et surtout quand s'attaquer au butin.
27:00 On aurait tort de sous-estimer la menace qu'ils représentent.
27:08 Elle vaut bien celle des prédateurs naturels, comme les renards ou les milans.
27:14 Les poussins de ce milan attendent la pittance blottie dans le nid.
27:23 Le rapace privilégie les espaces ouverts, comme le sont tous les milieux où vivent
27:27 les spermophiles.
27:28 Les conditions d'approvisionnement sont ici idéales.
27:37 Et la progéniture a des conditions optimales de survie.
27:41 A la lisière de la prairie des spermophiles, les renardeaux émergent pour la première
28:02 fois de leur terrier.
28:15 S'ensuit une période de stress intense pour la renarde, et de dangers accrus pour les
28:27 spermophiles.
28:28 Pour l'instant, ces derniers n'ont pas été repérés par les renardeaux.
28:35 Mais au premier sifflement d'alerte, c'est sauf qui peut.
28:43 En moins de deux, tous sont déguerpis.
28:48 La renarde n'a pas le choix et se rabat sur une autre proie.
28:52 Des souris ? Pourquoi pas.
28:57 Elle commence par enterrer ses trophées en lieu sûr dans son garde-manger.
29:04 Elle passera les récupérer plus tard.
29:07 Retour à la chasse.
29:12 Et la route est le dernier endroit où s'attarder pour une renarde.
29:17 Sans elle, ces petits n'auraient aucune chance de survie.
29:21 Elle utilise la bande d'arrêt d'urgence, et ça, il fallait y penser.
29:26 De là, elle a une vue imprenable sur les fossés qui l'abordent, et le butin est au
29:32 rendez-vous.
29:33 Au moins, elle rentre au terrier avec la gueule bien remplie, et tant pis si les spermophiles
29:42 ne sont pas au menu cette fois-ci.
29:43 Chaque rejeton emporte sa part du festin et la dévore dans son coin.
30:00 La paroi sabloneuse fait aussi le bonheur d'une autre espèce.
30:13 Cette friche est très prisée.
30:21 Ses occupants reviennent tout juste de leurs quartiers divers en Afrique.
30:26 Comme les spermophiles, les guépiers d'Europe vivent en colonie.
30:31 Comme eux, ils ont besoin d'une vue bien dégagée.
30:34 Ils sont ainsi aux premières loges pour observer les insectes et les capturer.
30:38 Ils devront en trouver en abondance au cours des semaines à venir.
30:42 Pratiquement toutes les cavités sont déjà occupées.
30:47 Certaines ont déjà accueilli les premiers oisillons, tandis que d'autres sont encore
30:53 en train d'être aménagées.
30:54 En plus d'être des insectivores aguerris, les guépiers savent retirer les guillons
31:00 venimeux de leurs proies avant de les manger.
31:02 La femelle sélectionne un partenaire pour la saison.
31:11 Son choix se porte généralement sur le prétendant le plus offrant.
31:16 Après la fécondation, elle pond six oeufs en moyenne.
31:31 La couvaison dure trois semaines.
31:35 C'est une période calme.
31:37 Elle est suivie d'une phase de chasse ininterrompue où les deux parents se relaient pour remplir
31:43 les gosiers affamés.
31:44 Pour certains, la période de nourrissage est bientôt terminée.
32:06 Maintenant, les oisillons s'aventurent jusqu'à l'entrée de la cavité pour avoir des insectes.
32:16 Celui-ci ne va pas tarder à prendre son envol.
32:20 Il a dix ans à vivre si tout se passe bien pour lui.
32:24 Un couple de faucons cresserelles a annexé la cavité de nidification d'un couple de
32:33 guépiers.
32:34 Tout au fond, les oisillons attendent l'habitance.
32:38 Les petits mammifères prolifèrent dans le royaume des spermophiles.
32:47 Le faucon cresserelle ne fait même pas cas des guépiers.
32:50 Au crépuscule, les animaux nocturnes sortent de leur cachette.
33:13 Dans la famille hamster d'Europe, les petits ont l'âge de se lancer.
33:19 Hors de leur terrier pour commencer.
33:22 Ils vont devoir se débrouiller tout seuls.
33:25 Leur mère ne les lâche pas des yeux pendant encore un certain temps.
33:37 Le spermophile tout fluet du verger d'abricotier a forci entre temps et il n'est plus seul.
33:59 Une femelle, puis tout un groupe de jeunes des deux sexes l'ont finalement rejoint.
34:04 Ils ont franchi le chemin périlleux sans encombre.
34:09 Le verger est devenu un endroit très fréquenté depuis.
34:13 Petit spermophile est devenu grand.
34:16 C'est lui le chef maintenant.
34:18 C'est le moment ou jamais d'emmagasiner du gras à qui mieux mieux.
34:22 Comme on le sait, les spermophiles mâles ne font pas de provisions pour l'hiver.
34:28 Fin juillet, ils s'éclipseront dans leur nouveau terrier, loin de celui où ils sont
34:34 nés.
34:35 La chambre du chef a encore besoin d'être garnie.
34:51 Mâles et femelles vont passer l'hiver chacun de leur côté.
34:58 Pour ce qui est de transformer les chambres en idouillets, tout le monde s'y met.
35:08 Ce ne sont pas moins de 8 à 9 mois que les rongeurs vont y passer.
35:12 Le cueilleur d'abricots s'est avisé de la présence de nouveaux locataires dans son
35:19 verger.
35:20 Il sait ce qu'il lui reste à faire pour récolter les derniers fruits en toute sécurité.
35:24 Bien vérifier la position de l'échelle avant de monter dessus.
35:29 Le terrain est maintenant constellé de galeries souterraines susceptibles de s'effondrer
35:34 sous son poids.
35:35 L'herbe sous les arbres vient d'être tendue, c'est tout à fait au goût des spermophiles.
35:44 Ils n'ont pas à craindre l'intrusion d'un tracteur pour les jours qu'il leur reste
35:52 à passer à l'extérieur.
35:53 Car la récolte est terminée.
35:56 Le terrier des renards est lui aussi abandonné.
36:03 Les renardeaux ont pris leur indépendance et migré vers d'autres contrées.
36:08 Seule la renarde espère encore le passage de petits mammifères.
36:13 Contrairement aux spermophiles, les hamsters d'Europe doivent faire des réserves pour
36:25 l'hiver.
36:26 C'est d'ailleurs le moment où jamais, car il y a des graines à récolter de tous
36:30 les côtés.
36:31 Leurs abat-joux leur servent à transporter la nourriture dans leur terrier en prévision
36:36 des jours où elle viendra à manquer.
36:38 Qui sait combien de hamsters survivront à la saison ?
36:43 Mais on a toutes les raisons d'être optimiste quand on voit évoluer cette espèce strictement
36:48 protégée.
36:49 En Allemagne, les spermophiles figurent sur la liste rouge des espèces en danger.
37:00 Certains disent de l'espèce qu'elle est déjà éteinte.
37:04 On en trouve encore dans certaines parties de l'Union européenne, comme en Autriche,
37:10 en République tchèque et en Pologne.
37:12 Ils doivent leur survie à leur capacité d'adaptation.
37:15 A condition d'avoir un sol facile à travailler, une vue bien dégagée et assez de place,
37:22 les petits rongeurs ont toutes les chances de s'imposer.
37:24 A certains endroits, comme ici près de Prague, ils ont tenu bon malgré la construction de
37:35 lotissement et l'imperméabilisation des sols.
37:38 En bons opportunistes, ils ont même tiré profit des avantages que cette promiscuité
37:44 présente.
37:45 En tant qu'attraction, ils sont très appréciés.
37:50 Mais il y a un revers à la médaille dans ce pays de cocagne.
37:58 A l'état naturel, leur nourriture se compose d'herbes, de graines, de racines, de fleurs
38:05 et parfois d'insectes.
38:06 C'est à un régime très riche en glucides qu'ils sont soumis au contact des humains.
38:13 Les plus petits, conditionnés de bonheur, sont leur vie durant en quête de cette nourriture
38:23 que mangent les humains.
38:24 Les jours de canicule, on leur sert même à boire, si bien qu'au lieu de se retrancher
38:32 dans leur terrier pour y trouver un peu de fraîcheur, ils continuent à ingérer une
38:36 nourriture préjudiciable à leur santé.
38:39 Ils en arrivent à confondre un emballage de bonbons avec une fleur, pour peu que les
38:45 deux aient la même couleur.
38:46 Une méprise qui peut leur coûter la vie.
38:49 Irena Schneiderova et sa collègue suivent cette colonie depuis des années.
38:57 Côtoyer les humains, est-ce bien salutaire pour les petits rongeurs ? Les deux biologistes
39:03 veulent en avoir le cœur net.
39:04 Elles capturent le plus d'individus possible chaque année.
39:17 Les pièges sont disposés autour des trous caractéristiques de leur habitat.
39:21 Tout porte à croire que les petits rongeurs attendaient de pied ferme le room service
39:26 de fruits frais.
39:27 Souvent, ils sont plusieurs à inspecter le piège sous toutes les coutures.
39:36 Les animaux sont habitués aux humains et relativement intrépides.
39:41 Un avantage non négligeable pour les deux biologistes.
39:45 Irena et sa collègue accourent et libèrent l'animal.
39:55 Une puce électronique est implantée sous sa peau, alors on le scanne.
40:01 C'est ainsi que la plupart des animaux sont pistés.
40:04 Vient ensuite la pesée qui renseigne instantanément sur l'état de l'animal, puisqu'on compare
40:11 son poids à celui de l'année passée.
40:13 Ensuite, on l'examine et enfin, on recueille ses excréments.
40:18 Ils sont stockés dans de l'azote liquide avant d'être envoyés au laboratoire.
40:23 L'analyse qui suit renseigne non seulement sur les substances toxiques ingérées par
40:29 l'animal, mais aussi sur son statut hormonal.
40:31 En l'occurrence, les deux femmes sont en train de déceler un stratagème spécifique
40:38 aux femelles qui pourrait bien jouer un rôle de premier plan dans leur survie.
40:42 Elles produiraient des hormones de grossesse immédiatement après la mise bas, qui les
40:47 inciterait à stocker davantage de graisse.
40:50 La période d'hibernation s'allongerait en conséquence.
40:54 Dans cette hypothèse, les femelles sont exposées moins longtemps aux dangers extérieurs que
40:59 les mâles, qui n'ont d'ailleurs pas besoin d'être très nombreux pour assurer la pérennité
41:03 de la colonie.
41:04 Une nourriture riche en calories est donc bénéfique aux femelles, si tant est qu'elle
41:09 soit adaptée à l'espèce.
41:11 Elle devient néfaste avec l'ingestion de matières toxiques.
41:14 La proximité des humains a donc ses avantages et ses inconvénients.
41:19 La colonie prospère depuis quelques années, mais les scientifiques le savent bien.
41:24 Attention à la surpopulation.
41:27 Quand les petits rongeurs coincés entre bitume et béton n'auront plus la possibilité
41:31 de migrer vers d'autres régions, leur colonie sera tôt ou tard condamnée.
41:36 Déjà fin juillet, clap de fin pour la vie en liberté.
41:47 Les animaux vont se retirer à deux ou trois mètres sous terre, avec de bonnes réserves
41:52 de graisse pour passer l'hiver.
41:54 Les femelles en tête.
41:56 Les hamsters ont attendu la récolte des noix pour faire des réserves.
42:07 Qui des hamsters ou des spermophiles détient la meilleure stratégie ? Vaut-il mieux avoir
42:22 un garde-manger bien rempli ou des réserves de graisse ? Nul ne le sait.
42:27 Le chef du verger a mis toutes les chances de son côté s'il se réveille en bonne
42:32 santé au mois d'avril prochain.
42:34 En fait, l'avenir de tous les animaux de la steppe est étroitement lié à la surface
42:40 de la terre.
42:41 La moindre altération de leur milieu n'est pas sans conséquence sur la vie des petits
42:46 rongeurs.
42:47 Mais si leur environnement est aussi favorable que celui de cet été, les spermophiles et
42:53 tous leurs colocataires ont encore de beaux jours devant eux.
42:56 Que ce soit dans la steppe ou au milieu des abricotiers, on les verra encore entretenir
43:03 des relations de bon voisinage avec les humains.
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