Rencontre avec Jacques Audiard pour la sortie de "Émilia Perez" #Cannes2024

  • il y a 4 mois
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Transcript
00:00 -Jacques, c'est donc le sixième film à Cannes,
00:05 depuis un héros très discret, c'était en 1996.
00:08 Cannes, ça devient une routine ou bien c'est à chaque fois une nouvelle sensation ?
00:11 -Non, c'est toujours pour moi très...
00:14 L'idée est très angoissante et j'arrive pas à capitaliser,
00:19 à me dire que non, ça va, non, ça suffit, non, j'y arrive pas.
00:24 Et avant la projection, c'est toujours terrible.
00:27 -C'est un projet tout à fait originel, que c'est Emilia Perez.
00:30 Comment est-ce que vous êtes tombé, si je puis dire,
00:32 sur cette histoire d'un narco-trafiquant ?
00:35 Ça court pas les rues, ça.
00:37 -C'était un chapitre au milieu d'un roman écrit par Boris Rass,
00:41 un roman qui s'appelle "Écoute",
00:43 où il y avait cette histoire d'un narco qui veut se transformer en femme,
00:46 mais pour échapper à la concurrence.
00:47 Voilà, et comme ça...
00:49 Alors moi, j'avais juste cette idée d'un type qui avait fait le mal toute sa vie
00:52 et qui voulait changer de sexe.
00:55 -Alors, changer de genre, au sens littéral du terme,
00:57 c'est aussi envisager la violence sous un autre angle.
01:01 Mais une fois de plus, il est question de violence,
01:02 il est question de transmission et donc de paternité.
01:06 -Oui.
01:08 Et donc ?
01:08 -Bah non, ça veut dire que... -Tout le codex est là.
01:10 -Oui, non, mais on tourne toujours autour de cet axe central.
01:14 -C'est possible.
01:15 Et peut-être qu'il y aurait...
01:17 En fond, c'est comment on finit avec la violence des aînés, des pères.
01:22 Comment on finira avec la violence des pères ?
01:24 -Habla, esta gente habla, pero ahora lo van a pagar.
01:29 Habla, esta gente habla, no será mala.
01:32 Es una tragedia, pero de sus restos es una condena.
01:40 Es una condena.
01:42 -On parle d'un projet en espagnol,
01:44 soit le troisième après "Tipane" et "Fraer Sisters",
01:47 dans une langue qui n'est pas votre langue maternelle.
01:49 -Oui, je ne parle pas.
01:50 -Que vous ne parlez pas du tout, hein ?
01:51 -Il me traite très mal, je brague.
01:53 -Quel avantage ça présente de réaliser dans une langue qui n'est pas la tienne ?
01:56 -C'est d'une poésie insensée.
01:59 On ne regarde que les corps en mouvement, que les regards.
02:03 L'espagnol est une langue magnifique qui a créé une poésie folle, folle, folle.
02:08 Et c'est une langue, quand on la parle, on voit bien,
02:10 ça remplit l'espace et la gorge.
02:13 -Puisqu'on parle espagnol, on parlait d'actrices latinos,
02:16 on va commencer par Zoe Saldana,
02:17 qu'on avait aperçue dans "Guardien de la Galaxie" et "Avengers".
02:20 Ça veut dire que vous êtes un fan des franchises Marvel, bien sûr.
02:22 -Tout à fait.
02:24 -Et alors, Selena Gomez, vous l'aviez repérée dans "Only Mothers in the Building"
02:27 où vous écoutez sa musique en vous brossant les dents le matin ?
02:30 -Oui, c'est ça.
02:31 -C'est un nouveau jacaudière que je découvre,
02:33 qui écoute du Selena Gomez en se brossant les dents le matin,
02:36 en regardant des franchises Marvel le soir.
02:37 -C'est une espèce de propension au jeunisme.
02:40 -Des histoires de narcos, trafiquants, trans, tout ça,
02:44 c'est pour séduire peut-être un public un peu conservateur, voire réactionnaire, non ?
02:48 -Oui, sans doute.
02:50 -Et convertir, peut-être ?
02:52 -Je ne sais pas s'ils vont vraiment aimer, en fait.
02:54 -Je n'ai aucun doute.
02:56 -Merci, Jacques. -Merci, Antoine.
02:57 -On souhaite le plus cher pour vous, c'est une deuxième palme.
03:00 Je vous dirai que c'est beaucoup plus facile pour nager droit.
03:03 -Merci, merci infiniment.
03:05 C'est toujours un plaisir.