Média, politique et liberté d'expression : faut-il tout repenser ?

  • il y a 4 mois
Dans Le numérique pour Tous, Vanessa Pérez reçoit Nathalie Sonnac, Professeure à l'Université Panthéon-Assas et Caroline Zorn, tête de liste du Parti Pirate aux élections européennes

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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2024-05-26##

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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:03 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
00:06 Vérissure présente...
00:07 Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:11 Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous.
00:13 Et aujourd'hui, on va parler médias et politique
00:15 et se demander pourquoi il devient urgent de tout repenser.
00:19 Alors pour ce faire, nous irons sur le terrain des chaînes de télévision
00:22 pour savoir qui du web ou de la TNT
00:24 nous permettra une plus grande liberté d'expression.
00:26 Et on vous fera également découvrir un parti politique européen,
00:29 le parti pirate.
00:31 Et oui, une belle mission qui a pour vocation de protéger
00:34 nos données personnelles et nos libertés individuelles.
00:37 Le numérique pour tous spécial médias et politiques.
00:38 C'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:40 Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:44 Et pour commencer cette émission spéciale médias et politiques,
00:47 j'ai le plaisir de recevoir Nathalie Sonnac.
00:50 Bonjour Nathalie.
00:51 Bonjour Vanessa.
00:51 Vous êtes professeure à l'université de Paris Panthéon-Assas.
00:55 Vous êtes ancienne membre du CSA de 2015 à 2021
00:59 et vous êtes aussi l'auteur du livre "Big Bang dans les médias"
01:02 paru aux éditions Odile Jacob.
01:04 Alors Nathalie, on va rentrer dans le vif du sujet.
01:07 Vous, c'est clair, vous défendez une nouvelle vision de l'information
01:10 et vous clamez haut et fort, notamment dans une tribune
01:13 qui est parue récemment dans la Tribune Dimanche,
01:15 qu'il faut tout revoir dans les médias.
01:17 Tout revoir dans les médias, pourquoi Nathalie ?
01:18 Oui, je pense qu'il faut tout revoir dans les médias
01:20 parce qu'aujourd'hui on s'informe différemment.
01:22 On ne fait pas que s'informer en achetant de la presse écrite
01:24 ou en regardant sa télévision.
01:26 On s'informe beaucoup, massivement,
01:28 voire maintenant prioritairement sur les réseaux sociaux
01:30 et les propriétaires de ces nouveaux acteurs
01:32 sont notamment ceux qu'on appelle les GAFAM
01:35 pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
01:38 Ce sont des acteurs extrêmement puissants
01:40 économiquement parlant, financièrement parlant,
01:42 on y reviendra évidemment,
01:43 mais ce sont également des acteurs américains.
01:45 Peut-être le point qui me semble moi le plus important,
01:47 c'est qu'on est confronté tous les jours
01:49 à une masse de plus en plus importante d'informations
01:52 et qu'il n'y a pas de hiérarchie dans cette information.
01:54 Donc on peut être sur les réseaux sociaux
01:57 et lire un article de grande qualité
01:58 qui a été sourcé, vérifié
02:01 et dans le même temps, dans les mêmes conditions,
02:04 bien, confronté à des fake news
02:06 qui pullulent totalement l'espace informationnel.
02:10 Alors justement, Anna Thayyé, on a des pays,
02:12 si on se compare à l'Allemagne ou aux Etats-Unis,
02:15 on a des groupes de médias,
02:17 on a Berthelsmann en Allemagne,
02:18 on a la BBC en Angleterre,
02:19 on a même le groupe Procell en Belgique
02:21 qui sont des groupes qui depuis très très longtemps
02:23 travaillent à une concentration justement
02:24 pour avoir une force de frappe et une puissance
02:26 pour traiter cette information.
02:27 On a des phénomènes émergents,
02:29 on a vu récemment l'actualité en France
02:31 avec des acquisitions comme CMACGM
02:34 qui récupèrent notamment le groupe Altice
02:36 qui est propriétaire de RMC Sport et de BFM TV.
02:39 Est-ce que ça veut dire qu'il y a un mouvement,
02:40 une tectonique des plaques, si je peux l'appeler comme ça,
02:42 qui fait que le monde de l'audiovisuel
02:44 est en train de se structurer
02:45 pour répondre à ces fameux gaffes-âmes ?
02:47 En tout cas, c'est clairement une réaction du marché
02:49 face à une transformation majeure.
02:51 Mon ouvrage, je vous le disais, Big Bang,
02:53 en fait, ça s'appelle le nouveau monde des médias.
02:54 Dans ce nouveau monde des médias,
02:56 on a des nouveaux acteurs
02:58 et les anciens acteurs
03:00 n'ont plus la capacité de faire face à cette concurrence.
03:03 Donc on constate que nombreux sont ceux qui vont fusionner,
03:07 vont tenter d'acquérir de nouvelles chaînes,
03:09 de nouvelles radios
03:11 pour réaliser tout simplement,
03:13 comme n'importe quelle entreprise,
03:14 des synergies, mutualiser des coûts
03:17 pour pouvoir mettre plus d'argent,
03:20 innover notamment à la fois dans la technologie
03:22 puisque la technologie devient un acteur
03:25 et un élément central finalement
03:27 dans le modèle économique des médias.
03:29 Et puis évidemment, investir et financer des contenus
03:32 parce que ces nouveaux acteurs sont très puissants.
03:34 Je prends l'exemple par exemple de Netflix,
03:36 c'est un acteur, beaucoup de foyers,
03:38 un foyer sur quatre en France est abonné.
03:40 C'est un acteur qui est très puissant économiquement parlant.
03:42 Il est capable d'investir 17 milliards d'euros
03:45 dans les contenus.
03:46 Lorsque par exemple nos quatre acteurs principaux
03:49 que sont les groupes TF1, M6, France Télévision et Canal+.
03:52 ont investi à eux quatre pendant cinq ans
03:55 moins de 10 milliards d'euros.
03:57 Donc vous voyez bien, les échelles sont totalement différentes.
03:59 Donc ces opérations de fusion, d'acquisition, de concentration,
04:03 on les observe aux Etats-Unis fortement.
04:06 Disney s'est rapproché de la 21st Century Fox.
04:10 Beaucoup Discovery s'est également rapproché d'un grand acteur.
04:14 On s'aperçoit qu'il y a des intégrations
04:16 qui sont des intégrations verticales,
04:17 des intégrations horizontales.
04:19 Ça participe de ce grand mouvement
04:22 et qui vient finalement restructurer l'ensemble du secteur des médias.
04:26 Alors Nathalie, récemment on a eu une série d'enquêtes parlementaires
04:30 qui ont été diffusées justement sur nos chaînes de télévision
04:33 pour recueillir la vision de capitaine d'industrie.
04:35 On a pu écouter Vincent Bolloré, Xavier Niel
04:38 dans le cadre du renouvellement des fréquences de la TNT.
04:40 J'ai envie de vous demander si ces entretiens pour vous
04:44 ça peut permettre de vraiment faire évoluer tout un système
04:47 ou alors on était quand même un peu dans la société du spectacle
04:50 et dans certains règlements de comptes, on peut le dire comme ça ?
04:52 J'ai envie de vous dire les deux, mon général,
04:55 mais néanmoins je pense que c'est un pari réussi
04:57 et que je pense que c'est extrêmement important
04:59 que les Français sachent aujourd'hui
05:02 comment, déjà à quoi servent leurs impôts,
05:07 mais pour aller plus loin, comment se fabrique l'information,
05:09 combien coûte l'information,
05:11 qui sont ces propriétaires de grandes entreprises.
05:13 On parlait à l'instant de concentration,
05:16 on parle à Rocelle, on pense à Bolloré évidemment,
05:19 on pense à Rodolphe Saadet qui vient de rentrer dans les médias,
05:23 on pense à Xavier Niel, au groupe des Assomptionnistes
05:26 qui possède la Croix, etc.
05:29 On a quand même des industriels qui sont puissants,
05:31 qui sont présents, aux manettes de groupes
05:35 qui ne sont pas des groupes comme les autres.
05:37 On ne peut pas considérer un groupe médiatique
05:39 comme un groupe d'automobiles ou encore de pots de yaourt
05:42 parce que derrière il y a la fabrique de l'opinion.
05:44 Pourquoi c'est important ça ?
05:46 C'est quand même un élément essentiel,
05:47 c'est que les gens doivent bien comprendre,
05:49 les citoyens, les français, quand je dis les gens, nous tous,
05:52 on doit bien comprendre les clés de la fabrique de l'information
05:55 parce que ce sont aussi des entreprises
05:57 qui participent à l'influence, à la fabrique de l'opinion publique.
06:01 Donc cette transparence sur les enjeux,
06:03 c'est un point essentiel.
06:06 Peut-être un deuxième élément qui me semble essentiel,
06:09 c'est de comprendre les raisons pour lesquelles
06:11 le débat parlementaire est important
06:13 et qu'il soit filmé et qu'il soit au vu de tous.
06:15 Eh bien parce que, et peut-être que nos interlocuteurs ne le savent pas tous,
06:20 les fréquences des chaînes de télévision de la TNT
06:24 sont des fréquences qui sont issues du domaine public,
06:26 comme on dit, c'est-à-dire qu'elles appartiennent à l'État.
06:28 Et lorsque l'État lance des appels d'offres,
06:31 donc c'est organisé par le régulateur de l'audiovisuel,
06:34 l'ARCOM aujourd'hui, le CSA à l'époque,
06:37 eh bien il propose une allocation, un appel d'offres,
06:40 les entreprises, les industriels répondent à ces appels d'offres
06:45 et c'est une allocation de fréquences qui est allouée gratuitement
06:48 en échange d'obligations.
06:50 Donc il faut le comprendre, effectivement, on pose les bases...
06:52 Et donc il faut vraiment comprendre que, parce que c'est justement,
06:53 parce que c'est du domaine public,
06:55 que ce débat parlementaire publié, filmé et transparent
06:59 soit essentiel pour nos démocraties.
07:01 Alors expliquez-nous, alors, vous qui maîtrisez parfaitement
07:03 les arcanes, on va dire, de ce monde des médias,
07:06 on a reproché justement dans ce cadre des enquêtes parlementaires
07:09 à certaines chaînes de télévision, notamment comme C8,
07:11 ou des émissions comme Quotidien,
07:13 de ne pas faire preuve de pluralisme,
07:15 et les chaînes s'en sont bien évidemment défendues.
07:18 Est-ce que vous avez le sentiment que le véritable sujet est adressé ?
07:21 Et a été adressé ?
07:22 Alors le véritable sujet, il n'est pas complètement adressé,
07:26 mais la question est centrale.
07:27 Pourquoi, finalement, a-t-on besoin qu'il y ait un pluralisme
07:31 des courants de pensée et d'opinion sur les chaînes de télévision ?
07:33 Parce que, en fait, lorsque je suis derrière ma chaîne,
07:35 lorsque je regarde C8, lorsque je regarde Cnews,
07:38 eh bien ça participe à me forger une opinion.
07:40 Je vais savoir, on le saura tout à l'heure,
07:42 ce que le parti pirate propose pour ces européennes-là.
07:45 Et donc toutes les chaînes de télévision ont cette obligation,
07:49 pendant les périodes électorales,
07:51 que chacun des partis politiques puisse s'exprimer
07:55 en bénéficiant exactement du même temps de parole.
07:58 Alors ça c'est la question, si j'ose dire, c'est la règle.
08:01 Est-ce que toutes les chaînes suivent la règle ?
08:03 Eh bien il s'avère que C8 ou Cnews,
08:05 beaucoup de Français, et c'est les RSF,
08:08 qui a proposé au Conseil d'État en disant
08:09 "Mais écoutez, l'Arkom ne fait pas son boulot,
08:11 il devrait sanctionner parce que moi,
08:13 quand j'écoute, moi dit RSF entre guillemets,
08:16 lorsque j'écoute C8 ou lorsque j'écoute Cnews,
08:18 eh bien j'ai pas le sentiment que toutes les opinions
08:21 soient représentées, mais que j'ai simplement
08:23 un côté de l'ichérité politique qui est surreprésenté
08:26 et donc c'est en ce sens qu'il est dans l'infraction.
08:29 C'est un débat qui est extrêmement intéressant,
08:31 qui est posé, et d'ailleurs le Conseil d'État
08:33 a rétorqué et a demandé à l'Arkom de revoir sa copie.
08:36 Mais alors dans ce cas-là, vous n'avez pas le sentiment
08:38 que si on n'est pas satisfait par l'information
08:41 qui est diffusée, par le pluralisme,
08:43 on peut toujours aller sur Internet,
08:44 où on a justement des émissions qui vont aller
08:46 beaucoup plus loin dans la façon d'appréhender les thèmes.
08:49 Je pense à Thinkerview, je pense au Livre Nord Média,
08:51 qui vont quelque part se confronter
08:54 à une liberté d'expression et dire à certaines personnes
08:56 qui veulent aller plus loin sur la connaissance
08:59 de certaines idéologies,
09:00 s'acculturer dans la direction où elles le souhaitent.
09:04 C'est vrai, mais ce n'est pas suffisant.
09:07 Dans la mesure où une chaîne de télévision,
09:10 en assurant, en garantissant,
09:12 et c'est ça la mission, et c'est ça la convention
09:14 qu'elle signe avec l'Arkom,
09:15 c'est que si vous voulez avoir une allocation
09:18 d'une chaîne de télévision gratuite,
09:20 accessible à tous,
09:21 alors vous avez l'obligation de proposer un débat
09:24 qui permette de se constituer une opinion.
09:26 Je vous donne un tout petit exemple.
09:28 La Fairness Doctrine aux Etats-Unis
09:30 est une règle qui a imposé exactement la même chose
09:33 aux chaînes de télévision.
09:34 Et en 1987, Ronald Reagan dit
09:36 "Non, ça suffit, il y en a marre,
09:38 finalement les chaînes de télévision,
09:39 elles n'ont qu'à faire ce qu'elles veulent."
09:41 Eh bien aujourd'hui, des chercheurs américains
09:43 ont publié un article qui montrait
09:45 que finalement, depuis l'application
09:47 de cette Fairness Doctrine,
09:49 il y avait beaucoup moins de pluralisme
09:51 sur les antennes des chaînes de télévision américaines,
09:54 et que pire, il y avait une homogénéité
09:57 qui conduisait dans les contenus
09:59 à avoir un pluralisme équivalent à un pays totalitaire.
10:04 Donc cette obligation qu'il y a pour les chaînes de télévision,
10:07 moi je crois que c'est fondamental et essentiel
10:11 que ça demeure et que ce principe demeure
10:13 et qu'il soit appliqué avec des règles actualisées.
10:16 Maintenant, que l'on puisse évidemment
10:18 avoir d'autres opinions,
10:20 aller chercher d'autres informations
10:22 comme "Think Your View" ou "M'acheter un journal"
10:25 ou d'aller écouter des émissions de télévision,
10:27 eh bien évidemment, l'enrichissement et l'Internet,
10:30 c'est ça qui est fantastique.
10:31 - Pour conclure, 30 secondes Nathalie,
10:33 une fois une seconde,
10:34 vous avez le sentiment qu'on va dans la bonne direction
10:36 avec notre nouveau ministre de la Culture,
10:38 est-ce que justement on a pris conscience des enjeux
10:40 et que les choses à court terme
10:41 vont pouvoir évoluer dans la bonne direction
10:43 pour être dans une bonne compétition saine
10:46 on va dire avec les grands acteurs dont vous parliez ?
10:48 - Je crois que c'est une urgence
10:49 qui n'a pas été suffisamment prise en compte
10:51 et aucun élément ne met en évidence
10:53 que ceci a été pris en compte.
10:54 Non, il y a une urgence démocratique
10:56 parce que ces nouveaux acteurs qui sont présents
10:58 n'ont absolument pas les mêmes règles,
11:00 il y a une véritable asymétrie réglementaire
11:04 entre nos acteurs traditionnels et ces nouveaux acteurs.
11:06 Je ne suis pas certaine que la prise de conscience
11:09 soit tout à fait totale,
11:11 mais évidemment je reste optimiste.
11:12 - A suivre, merci beaucoup Nathalie Sonnac,
11:14 je rappelle le nouveau monde des médias
11:16 paru aux éditions Odile Jacob.
11:17 Restez avec nous, on marque une courte pause
11:19 et l'on se retrouve dans quelques instants
11:21 pour découvrir un parti politique européen,
11:23 le parti pirate, qui risque de faire grand bruit.
11:25 Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants
11:27 et c'est sur Sud Radio.
11:29 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
11:31 Rendez-vous sur verissure.fr
11:33 pour votre demande de vie gratuite.
11:35 Vérissure présente...
11:36 - Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
11:40 - Et pour continuer cette émission spéciale
11:42 médias et politiques,
11:43 comme je vous le disais, un parti politique européen
11:45 encore peu connu et qui au regard de ses orientations
11:48 devrait pourtant faire grand bruit.
11:49 Il s'agit du parti pirate
11:50 et qui comme son nom ne l'indique pas forcément
11:53 propose une vision de la politique par le numérique.
11:55 Et pour nous en parler, j'ai le plaisir de recevoir
11:56 sa tête de liste aux européennes,
11:58 Caroline Zorn. Caroline, bonjour.
12:00 - Bonjour, merci. Merci de l'invitation Vanessa.
12:03 - Alors Caroline, le parti pirate,
12:04 un nom qui peut faire craindre le meilleur comme le pire.
12:07 D'où est née cette idée ?
12:08 Quelle est l'origine de ce parti ?
12:10 - En réalité, c'est très simple.
12:12 Moi, je pense que vos auditeurs ont tous déjà connu
12:14 la situation où ils discutent pendant une soirée,
12:16 par exemple, je ne sais pas,
12:18 des difficultés scolaires de leur enfant.
12:19 Et puis le lendemain, sur Facebook,
12:20 vous avez une pub pour des cours de soutien scolaire.
12:22 Alors en fait, la réalité, c'est qu'aujourd'hui,
12:25 on est un peu tous traqués,
12:26 mais surtout par des objets qu'on a nous-mêmes achetés,
12:29 parce que tout est dématérialisé.
12:31 Si aujourd'hui, vous n'avez pas de smartphone,
12:32 ça l'anime si vous êtes encore un citoyen.
12:34 Même nos services publics sont complètement dématérialisés.
12:37 Donc, on est obligé de passer par le numérique.
12:39 Et en même temps, ça veut dire quoi ?
12:41 Ça veut dire que nos vies,
12:42 elles appartiennent à des plateformes américaines
12:44 qui en savent plus sur nous que notre propre famille, parfois.
12:47 - Alors justement, Caroline, expliquez-nous,
12:48 quelle est la vision de manière synthétique,
12:50 la vision du parti pirate ?
12:52 Et que défend-il par rapport à ce que vous venez de nous évoquer ?
12:55 - Aucun parti politique fait de ça sa priorité,
12:57 alors que la protection de la vie privée et de nos libertés,
12:59 c'est vraiment fondamental.
13:01 Ça fait 20 ans que le parti pirate est né en Suède,
13:04 après avoir été affubli justement du mot pirate,
13:06 parce qu'on défendait les libertés
13:08 face aux géants de l'industrie culturelle.
13:09 Donc, il faut le dire, en France,
13:12 on a un problème avec les libertés.
13:14 C'est vrai qu'il y a quelques années,
13:15 on a basculé dans un état d'urgence,
13:17 d'abord en raison du risque terroriste,
13:18 puis de la crise sanitaire.
13:20 Et s'il y avait des raisons légitimes à ce moment-là
13:22 pour une restriction de liberté,
13:23 la restriction de liberté ne peut jamais durer trop longtemps.
13:26 Il faut que ce soit un temps précis,
13:28 et pas qu'on prenne l'habitude
13:29 d'avoir des libertés qui soient réduites, restreintes.
13:31 Donc, à chaque fois aujourd'hui que vous vous êtes empêchés
13:33 de circuler, de commercer,
13:34 d'utiliser les moyens de paiement que vous souhaitez,
13:36 comme par exemple, la possibilité de payer
13:38 avec une Mastercard sur un village olympique,
13:40 moi ça me rend dingue,
13:41 à chaque fois que vous donnez beaucoup d'informations
13:42 pour bénéficier d'un service en ligne,
13:44 ou que vous êtes enregistré dans l'espace public,
13:46 demandez-vous si cette atteinte à votre vie privée est justifiée.
13:49 Et souvent, on vous dit que c'est pour être en sécurité,
13:51 mais c'est rarement prouvé en réalité l'efficacité
13:53 des systèmes qui nous piste pour assurer notre sécurité.
13:57 Donc, il faut toujours interroger les limites,
13:59 les durées de restrictions,
14:00 et sinon on devient comme en Chine, voyez,
14:02 avec des notes de citoyens pour avoir la possibilité
14:04 d'accéder à un crédit ou à l'université.
14:06 Donc, le Parti Pirate, c'est ça,
14:07 c'est un peu la mission qu'on s'est assignée,
14:08 c'est défendre la liberté comme principe,
14:11 et les restrictions de liberté comme des exceptions.
14:13 Alors, Caroline, on se pousse tous la question,
14:15 puisque l'agenda des élections va être rythmé
14:17 par les élections européennes, de manière imminente,
14:19 et puis ensuite, nous aurons les présidentielles en 2027.
14:22 Vous, quel est votre agenda,
14:23 et quelles sont vos échéances par rapport à ces deux dates ?
14:27 Alors, vous l'avez déjà dit en introduction,
14:28 le Parti Pirate, c'est un parti qui défend les libertés,
14:30 et le fait au niveau européen,
14:32 puisque c'est au niveau européen que ça se joue.
14:34 L'Europe, c'est 450 millions de personnes, de consommateurs.
14:37 Vous ne pouvez pas avoir un pied-à-pied aujourd'hui,
14:39 une discussion sereine avec Uber, Airbnb ou Amazon,
14:42 alors que ce sont eux qui ont la capacité
14:44 de façonner nos villes aujourd'hui,
14:46 qu'en étant sur un raisonnement franco-français.
14:49 Donc, l'Union Européenne est hyper importante,
14:52 et c'est pour ça que nous, fédération de partis pirates
14:54 de toute l'Union Européenne,
14:55 puisqu'on a des députés au Luxembourg,
14:57 des ministres tchèques, des eurodéputés allemands,
14:59 notre ADN, c'est d'améliorer l'Union Européenne
15:01 à travers les principes du programme.
15:03 Et puis, cette campagne des Européennes, évidemment,
15:05 nous sert aussi à installer notre projet
15:08 dans les municipales de 2026,
15:10 et pourquoi pas dans les présidentielles.
15:12 On a déjà des élus locaux, Besançon, Marseille, Strasbourg,
15:16 des petites collectivités également,
15:18 dont des maires pirates en Alsace.
15:20 Donc, vous voyez, le parti pirate,
15:22 c'est un parti qui émerge, qui aura de l'avenir,
15:24 et vous nous reverrez dans toutes les prochaines élections,
15:29 si le parti le vote, parce que nous votons chaque décision.
15:32 La démocratie, on la veut sincère,
15:34 et donc on se l'applique d'abord à nous-mêmes.
15:35 Alors, pour être très concret, Caroline,
15:37 comme n'importe quel parti, vous avez un programme
15:39 avec différentes typologies thématiques.
15:44 Parlons de l'éducation, c'est un sujet qui vous est cher
15:47 et que vous évoquiez en introduction.
15:49 Sur le volet éducation, je ne sais pas s'il y a
15:51 un ministère de l'éducation au parti pirate.
15:53 Très concrètement, quelles sont vos propositions ?
15:56 C'est vrai qu'on aborde tous les sujets.
15:57 On a été connus par le numérique,
15:59 mais on veut aussi, au-delà des questions de liberté en ligne,
16:02 une écologie rationnelle.
16:04 On veut, si vous voulez, qu'on s'appuie aujourd'hui
16:07 sur la science et sur la recherche, sur l'innovation.
16:10 Et donc, quand on parle de numérique, forcément,
16:13 déjà, il faut le redire, notre vie entière
16:15 est liée au réseau Internet.
16:17 Même quand on veut avoir un humain derrière un guichet,
16:19 ça devient compliqué.
16:20 Mais aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est qu'au lieu
16:22 d'apprendre aux enfants à connaître le fonctionnement
16:24 avec une vraie éducation au numérique,
16:26 les politiques en France se contentent de sortir des tribunes
16:28 pour limiter la consommation d'Internet
16:30 ou dire qu'ils vont attarder l'anonymat
16:32 alors que l'anonymat en ligne n'existe pas.
16:34 Donc, l'éducation au numérique, c'est la clé.
16:36 Et le numérique doit être synonyme de solidarité, de liberté.
16:39 Et je tiens à dire en matière d'éducation
16:41 que quand vous avez un enfant qui a des troubles dys,
16:43 vous êtes bien content d'avoir des logiciels éducatifs
16:45 qui permettent de l'aider à mieux lire.
16:47 Et quand vous vivez dans un endroit
16:49 qui est très éloigné, en zone rurale,
16:51 des commerces physiques, c'est le commerce en ligne
16:53 qui vous permet de maintenir les gens dans les zones rurales
16:55 et d'avoir des ressources pédagogiques
16:57 quand vous n'avez pas de cours particulier à 25 km à la ronde.
17:00 Donc, il faut apprendre aux enfants
17:02 à protéger leur intégrité numérique, c'est-à-dire
17:04 à protéger tous les aspects de leur personne en ligne
17:06 plutôt que de leur étardir les écrans sans distinction.
17:09 Donc oui, vraiment, il y a énormément de choses à faire
17:11 du point de vue de l'éducation au numérique,
17:13 scolaire, mais aussi toute la vie
17:15 avec une éducation populaire au numérique.
17:17 Caroline, dans votre programme, il y a une partie aussi
17:19 assez conséquente, bien évidemment,
17:21 qui est dédiée à la partie économique.
17:23 Et vous évoquez notamment
17:25 le fait que dans 5 ans, nous aurons tous de la monnaie virtuelle,
17:27 donc plus d'espèces, et donc plus de liberté individuelle.
17:30 Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
17:32 Vous pourriez développer pour mieux comprendre
17:34 ce quotidien économique qui nous attend,
17:36 semble-t-il, selon vos prédictions ?
17:38 D'abord, j'ai envie de parler du liquide.
17:41 C'est-à-dire que ça aussi, c'est un problème actuellement.
17:44 Quand vous êtes commerçant, quand vous êtes artisan,
17:46 quand vous avez de l'argent liquide, qui est le fruit de votre travail,
17:48 vous le déclarez. À partir de là,
17:50 vous devez pouvoir l'utiliser comme vous le souhaitez.
17:52 Et qu'est-ce qu'on constate ?
17:54 C'est que la liberté de paiement, elle se restreint.
17:56 Le 24 avril dernier, qu'est-ce qui s'est passé
17:58 dans l'hémicycle de Strasbourg,
18:00 dans ce Parlement européen que je veux tellement rejoindre ?
18:02 Eh bien, l'Union européenne a interdit
18:04 les paiements en espèces supérieurs à 10 000 euros.
18:07 Alors, on peut se dire comme ça que c'est beaucoup,
18:09 mais en réalité, ça va être toujours plus bas,
18:11 parce qu'il y a toujours un soupçon, en fait,
18:13 sur l'utilisation du cash, du liquide.
18:15 Et l'Union européenne a aussi interdit
18:17 les portefeuilles cryptographiques hébergés,
18:19 anonymement, enfin, globalement, c'est une lutte
18:21 de l'Union européenne contre les cryptomonnaies.
18:23 Et en réalité, ne pas avoir le choix
18:25 d'utiliser le moyen de paiement qu'on souhaite,
18:27 eh bien, pour moi, ça porte atteinte
18:29 à notre liberté financière.
18:31 Il faut quand même dire qu'il y a 12 % des Français
18:33 qui détiennent aujourd'hui des cryptos.
18:35 OK, donc moi, je tiens à rassurer les familles
18:37 dans lesquelles il y a des jeunes adultes qui en parlent.
18:39 Voilà, donc la liberté financière,
18:41 elle est importante, ça fait partie
18:43 des libertés, et donc oui, en effet,
18:45 il faut s'accrocher
18:47 à cette possibilité de payer en liquide,
18:49 parce que c'est ça qui peut vous garantir un anonymat,
18:51 et également aux cryptomonnaies.
18:53 Moi, je pense qu'elles vont beaucoup se développer,
18:55 et qu'il ne faut pas avoir un avis arrêté,
18:57 comme j'entends beaucoup de gens
18:59 en avoir actuellement sur ça.
19:01 C'est un vrai phénomène, il faut le prendre au sérieux,
19:03 et les entreprises de droite veulent le prendre au sérieux.
19:05 D'ailleurs, on aurait adoré avoir des possibilités
19:07 de diversifier les dons
19:09 à notre parti politique,
19:11 mais on est encore sur un vieux système
19:13 qui n'accepte que les paiements,
19:15 virements en euros, c'est très dommage.
19:17 Il faut moderniser le système politique,
19:19 et ça également.
19:21 Caroline, vous évoquiez aussi la verticale de l'écologie
19:23 dans votre vision politique,
19:25 est-ce qu'il n'y a pas un paradoxe,
19:27 effectivement, à défendre une vision du numérique,
19:29 donc du numérique, et de la consommation
19:31 des serveurs, des data centers, etc.,
19:33 et avoir une approche raisonnée du numérique ?
19:35 Comment vous gérez cette ambivalence ?
19:37 On a beaucoup,
19:39 beaucoup entendu ces dernières années,
19:41 et j'étais la première à parler de sobriété,
19:43 parce qu'on a besoin d'une sobriété
19:45 numérique, ok, mais en revanche,
19:47 il y a une véritable folie qui s'emparait
19:49 des personnes, et dans les discours publics,
19:51 à part vider votre boîte mail,
19:53 en ce moment, vous n'entendez pas grand-chose.
19:55 Alors que, d'ailleurs,
19:57 au Parti Pirate, on a des experts sur le sujet
19:59 qui vous disent, si vous voulez protéger
20:01 la planète et consommer moins d'énergie, il vaut mieux
20:03 arrêter l'appareil à raclette que
20:05 débrancher votre box.
20:07 Donc, il y a un espèce de délire, comme ça,
20:09 qui s'est emparé sur des chiffres
20:11 qui ne sont pas toujours les bons, en réalité.
20:13 Donc, sur la sobriété numérique,
20:15 la vraie sobriété numérique,
20:17 c'est garder son téléphone le plus longtemps possible,
20:19 parce que ce sont les terminaux,
20:21 les téléphones, les smartphones,
20:23 les tablettes,
20:25 qui renouvelaient régulièrement,
20:27 parce qu'on est obligé, parfois même,
20:29 d'avoir la dernière version des logiciels
20:31 qui pollue énormément.
20:33 Donc, ce n'est pas tant la consommation de data
20:35 que le fait de se rééquiper en permanence.
20:37 C'est ça qui doit être
20:39 lié à la question de la pollution numérique.
20:41 Et ça, vous voyez, c'est des choses
20:43 qu'il faut apprendre. Il faut apprendre aux enfants
20:45 que, quand vous utilisez Internet,
20:47 c'est plus sobre d'utiliser le Wi-Fi
20:49 que votre
20:51 4G ou votre 5G.
20:53 Donc, c'est des choses comme ça qu'il faut apprendre, c'est des réflexes,
20:55 mais il faut être rationnel
20:57 et utiliser les bons chiffres
20:59 et le faire sérieusement.
21:01 C'est un petit peu ce que nous,
21:03 Parti Pirate, on reproche à d'autres partis.
21:05 C'est qu'ils ont des grands discours
21:07 sur l'écologie du numérique
21:09 et puis, en fait, quand vous écoutez
21:11 et que vous comparez les chiffres, ce n'est pas sérieux.
21:13 C'est vrai qu'il y a beaucoup de scientifiques
21:15 et d'experts qui connaissent leur métier
21:17 dans votre parti, ça c'est important de le souligner.
21:19 Comme tout parti,
21:21 vous avez une vision, du moins je l'espère,
21:23 ça veut dire que dans 5 ans,
21:25 si le Parti Pirate est là et s'il n'est pas là,
21:27 c'est quoi la différence de société
21:29 dans laquelle on pourra vivre ?
21:31 Vous savez, moi je vis à Strasbourg,
21:33 donc l'Europe, je sais ce que c'est,
21:35 on est une capitale européenne
21:37 et je sais aussi que l'Europe, elle s'est fondée
21:39 sur une protection d'après-guerre,
21:41 avec des frontières, avec des hommes politiques,
21:43 avec une absence de réseau Internet grand public,
21:45 évidemment, et aujourd'hui, il faut repenser
21:47 les institutions par le prisme
21:49 de cette nouvelle ordre qui est issue
21:51 du cyberespace.
21:53 La politique, c'est comme ça qu'elle doit se faire aujourd'hui.
21:55 On ne peut pas nier qu'on vit dans un monde
21:57 où Elon Musk ou Zuckerberg peuvent changer
21:59 le sort d'un État. Donc, il faut
22:01 avoir une connaissance approfondie
22:03 des systèmes, des réseaux,
22:05 il ne faut pas croire non plus
22:07 qu'on est démuni, parce que
22:09 Internet permet aussi une participation
22:11 démocratique, et participer à la société,
22:13 c'est faire société. Aujourd'hui, si vous n'avez pas
22:15 Internet, vous êtes au banc de la société,
22:17 vous n'êtes quasiment plus un citoyen. Moi, je suis
22:19 experte ONU sur un programme
22:21 ONU Habitat qui s'appelle le programme pour les villes intelligentes
22:23 inclusives, et c'est un défi majeur
22:25 de faire vivre des populations avec les mêmes droits
22:27 d'accès à l'information, à l'expression,
22:29 et tout ça, ça passe par Internet. Donc, ça devient
22:31 un droit fondamental. Donc, aujourd'hui, il faut
22:33 voter partie pirate le 9 juin
22:35 pour se rappeler que la liberté
22:37 d'expression, la liberté d'accéder à Internet,
22:39 elle fait de nos sociétés
22:41 des sociétés démocratiques. Et donc,
22:43 oui, il faut concevoir une nouvelle éducation qui soit
22:45 basée sur le numérique, et c'est
22:47 très simple dans un monde où
22:49 on ne fait que s'en méfier,
22:51 que diaboliser le numérique.
22:53 Il peut avoir des effets extrêmement nocifs,
22:55 mais c'est comme le feu, à un moment, le feu, c'était
22:57 une nouvelle technologie. Il fallait quoi ?
22:59 Interdire l'utilisation du feu ? Non. Les nouveaux
23:01 outils, il faut apprendre à les maîtriser, il faut pas
23:03 se contenter de les bannir. Voilà ce que je voulais dire.
23:05 Merci beaucoup Caroline Zorn, Le Parti Pirate,
23:07 donc le 9 juin. On vous laisse libre de vos
23:09 choix, mais merci beaucoup pour la démonstration.
23:11 Nathalie Sonnac, je rappelle donc votre
23:13 ouvrage, Le Nouveau Monde des Médias, paru
23:15 dans vos éditions, Odile Jacob.
23:17 Mesdames, je vous remercie beaucoup. Le numérique pour tous, c'est fini
23:19 pour aujourd'hui, et pour prolonger la discussion,
23:21 on se retrouve sur les réseaux sociaux et
23:23 en podcast. Merci beaucoup
23:25 pour votre fidélité renouvelée.
23:27 C'est fini pour aujourd'hui, je vous souhaite une excellente fin de week-end
23:29 et je vous dis à la semaine prochaine.

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