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Passion documentaire - La question qui par Marie Misset et Marine Baousson
France Inter
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il y a 1 an
Avec Mélanie Van danes, documentariste sonore.
Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
Catégorie
😹
Amusant
Transcription
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00:00
On en avait marre parce qu'on faisait répondeurs.
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Les filles nous appelaient pour savoir s'il y avait une réunion, machin, ça n'arrêtait
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pas.
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C'était extrêmement foisonnant.
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Il y avait tout le temps des trucs.
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Et Carole, elle m'appelle, elle me dit j'ai une idée géniale, on va faire un répondeur.
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Au lieu de répéter tout le temps la même chose, les filles laisseront ce qui se passe
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et nous on fera chaque jour une bande à partir de ce qu'elle essaie.
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Et on appelait ça les répondeuses.
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*Bonjour, fraîchement débarquée dans le département de l'Essonne, je chercherai
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à rencontrer des groupes femmes dans le département de l'Essonne.
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J'attends leur réponse, merci d'avance, au revoir.*
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Bonjour Mélanie Van Den Es.
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Bonjour.
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Vous êtes documentariste sonore, vous vous êtes intéressée à l'histoire parfois
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oubliée par son ensevelie de femmes comme dans votre projet "Mes voisines", une série
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de balades sonores sur les tombes de 6 femmes lesbiennes au cimetière du Père Lachaise.
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Dans votre dernière installation qui s'appelle "Sous la toile", on a découvert le projet
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des répondeuses qui a duré, si je ne me trompe pas, de 1977 à 1984, dont vous êtes
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donc venue nous parler.
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C'est l'histoire de femmes qui ont créé un journal téléphonique, une sorte de newsletter
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mais des années 80.
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Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c'étaient les répondeuses, quelles
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étaient les missions qu'elles étaient données et comment elles fonctionnaient ? Ça fait
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trois questions en une, je vous laisse.
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*Je t'ai tout compris.*
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On a eu un petit aperçu sonore avec la voix de Mimi Bastille que je salue, qui nous écoute,
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que j'ai interviewée il y a quelques années et qui faisait partie des répondeuses.
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Elles étaient une douzaine de femmes qui, entre 1977 et 1984, ont effectivement profité
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de cette innovation technologique de l'époque qu'était le répondeur pour diffuser tout
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un tas d'informations aux femmes, au mouvement des femmes à Paris et en Ile-de-France.
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Il y avait un système avec deux numéros de téléphone.
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Un numéro de téléphone où toute femme qui avait des informations à partager, plutôt
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à portée collective, des manifestations, des rassemblements, beaucoup de spectacles,
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beaucoup de groupes de paroles, c'était extrêmement foisonnant comme le disait Mimi
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dans l'extrait à l'époque, pouvait partager des informations très concrètes.
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Et par binôme, tous les jours, pendant huit ans, un binôme de répondeuses venait écouter
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les messages laissés.
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Elles en synthétisaient l'essence en trois minutes et chaque jour, du coup, elles se
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réenregistraient et il y avait un autre numéro de téléphone qu'on pouvait appeler pour
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entendre, pour tomber sur un répondeur qui nous racontait toute l'actu quotidienne.
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Vous aviez quelle relation à votre répondeur à l'époque vous Marc Lambron ? Voilà
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un truc qui n'est plus vraiment de notre époque.
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Mes parents ont eu, j'ai habité chez eux, le téléphone en 1974.
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Donc je ne crois pas qu'il y avait de répondeur.
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Non, ils ont été des téléphones à cadrans comme ceux dont on parle.
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Et je préférais répondre moi-même.
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Et plus tard, jamais vous avez eu, vous êtes chez Marc Lambron, laissé un message ?
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Ah bah si, plus tard, j'ai eu un répondeur avec des bandes, mais je n'ai jamais conceptualisé
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ni fait quelque chose d'utile de mon répondeur.
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Qu'est-ce que vous avez écouté et qui vous a étonné ou fait rire dans les choses
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que vous avez entendues sur ces répondeuses Mélanie Van Nannes ?
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Alors en fait, je n'ai pas pu écouter les cassettes.
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C'était ma motivation première, mais la bibliothèque Marguerite Durand, qui est
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la bibliothèque des archives féministes dans le 13e arrondissement de Paris, m'a
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accueillie, mais par peur d'abîmer ce matériau précieux qu'étaient les cassettes, ne laissait
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pas accès au public pour les écouter.
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Donc d'une frustration, j'ai dû imaginer autre chose.
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Et par contre, ce qu'il y avait et qu'on pouvait consulter, c'est 20 cahiers dans
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lesquels les répondeuses ont écrit pendant 8 ans, mot à mot, tous les messages reçus,
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que ce soit des messages qu'elles allaient diffuser, ou alors des mots gentils, ou même
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des insultes, avec cette idée de la fonction archivistique qu'elles voulaient garder.
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Des insultes ?
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Oui, il y avait des insultes.
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En fait, c'était un peu des réseaux sociaux, avant les réseaux sociaux.
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Et donc j'ai cru comprendre qu'elles n'hésitaient pas à commenter, à laisser des commentaires,
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à dire "ça, j'aime pas trop", "ça, vous pourriez faire mieux".
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Alors, elles laissaient des commentaires, beaucoup entre elles, sur les cahiers.
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Je ne pense pas qu'elles s'enregistraient sur les 3 minutes, parce qu'il fallait aller
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vite et condenser un certain nombre d'informations.
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Mais la bibliothèque Marguerite Durand a numérisé très récemment ces cassettes,
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donc on va bientôt pouvoir entendre ce qu'elles se disaient pour de vrai.
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Mais je pense qu'elles commentaient plutôt entre elles, dans les cahiers qu'elles se
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laissaient.
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Et ce qu'on découvre dans votre travail, c'est que les répondeuses avaient un grand
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souci de l'archive, dès la fabrication de ce journal téléphonique.
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Ce sont des femmes qui mesuraient peut-être que ce qu'elles vivaient pouvait être effacé,
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oublié, ou alors que ce qu'elles vivaient pouvait être important, et que le mouvement
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de l'histoire de libération de leur existence pouvait aussi être enseveli.
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C'était ça la peur qu'il y avait derrière cette histoire d'archive ? Qu'on pense au
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moment où on fait les choses ?
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Absolument, et Mimi, dans les extraits qu'on peut entendre sous la toile, me dit très
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précisément ça.
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On avait conscience de l'époque foisonnante, bouleversante, avec énormément de changements
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pour les femmes, qu'on était en train de vivre et on voulait laisser une trace.
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Donc cette retranscription dans les cahiers était vraiment la manière de faire archive
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en temps réel.
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Marc Lambrou, vous avez écrit un livre sur votre frère décédé du SIDA qui s'appelle
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« Tu n'as pas tellement changé ». C'était en 1995 qu'il est mort.
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Il y a une vraie question sur cette mémoire-là, sur cette épidémie dont l'histoire n'aurait
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pas vraiment été transmise à la jeune génération.
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C'est aussi ce trou de mémoire que vous, vous avez voulu réparer quand vous avez écrit
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ce livre ? Ou c'était vraiment pour votre frère ?
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C'était comme un… Je ne sais pas si j'avais un esprit de mission, j'avais surtout un
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esprit de mémoire, comme un requiem.
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Mais en effet, une façon là aussi de fixer… Je ne dirais pas que c'était une stèle
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écrite, mais en tout cas c'était une façon par les mots de faire mémoire d'un passage
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qui sinon aurait pu rester sans légende, c'est-à-dire sans mots.
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Légende, étymologiquement, c'est ce qui peut être lu.
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D'ailleurs, je suis frappé dans ce qui est dit là, qu'il y avait déjà apparemment
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un rapport entre l'enregistré et l'écrit, puisque c'était redoublé ou consigné ensuite
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en même temps.
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Pour multiplier les chances de souvenir peut-être.
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Mais toute chose égale par ailleurs, comme de la même façon, je parle et ensuite je
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l'écrite et je transcris.
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Donc ce n'est pas contradictoire finalement le son, le verbe et ce qui en reste, et au
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contraire.
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Emile Hanivannes-Danès, les années Sida d'ailleurs, on le découvre dans le podcast,
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c'est une vraie rupture dans cette production d'archives pour le futur.
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Ça a l'air de s'arrêter là.
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Ça a l'air d'avoir un lien direct, l'arrêt des Répondeuses et ces années beaucoup plus
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sombres où l'espoir finit par s'aménuiser un petit peu.
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Absolument, là, les collectifs auxquels je me suis intéressée dans Sous la Toile,
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donc il y a les Répondeuses, il y a aussi la librairie Carabosse, il y a les 3F, Formation
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Paris pour les femmes, il y a le groupe lesbien de Paris dans lequel Suzette Robichon a milité,
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il y a les Goudoux Télématiques qui se sont embarqués.
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C'est le meilleur nom du monde.
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J'ai envie de lancer un truc, les Goudoux Télématiques.
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Elles se sont emparées du Minitel.
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Il y avait les Gouines Rouges à l'époque.
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Mais du coup, là, les groupes auxquels je me suis intéressée, c'est vraiment un
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moment où elles ont envie de faire des choses d'utiles et de concrètes.
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Et du coup, c'est assez peu connu aujourd'hui.
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On a à peu près bien le MLF en tête.
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Mais quand j'ai découvert, en tirant le fil dans ces cahiers, tous ces autres collectifs
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des années 75-85, ça a été une vraie découverte.
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Et c'est vrai que les années Sida marquent un point de rupture.
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Parce que les femmes et les lesbiennes ont aussi été beaucoup aux côtés des amis
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gays.
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Est-ce que je peux dire une chose comme hétéro Plouc ?
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Bien sûr monsieur l'hétéro Plouc, allez-y.
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C'est au fond, parce que là, on parle des femmes, mais on ne parle pas au fond des
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bénéfices presque induits pour les garçons.
07:14
Moi, j'avais 11 ans en 68.
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Et il y avait des grandes sœurs.
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Les filles du MLF, les femmes du MLF, c'était plutôt des grandes sœurs.
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Et on était un peu dans la position de neveu.
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Vous savez, comme dans Donald, il a les trois neveux dans le coffre.
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Moi, j'étais dans le coffre du post 68 et donc du féminisme en 68.
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Et au fond, cette prise de liberté qui était celle des femmes, elle allait au-delà.
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C'est-à-dire qu'elle bénéficiait aussi par retombée, si j'ose dire, à tout un
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climat, un esprit d'époque qui, au fond, était fait de conquêtes sectorielles presque
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de liberté.
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Mais tout ça se rejoignait.
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Et les neveux comme moi étaient en dessous et bénéficiaient de la pluie féconde qui
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retombait sur nos têtes.
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- Merci.
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Au revoir beaucoup, Mélanie Van Danes.
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- Au revoir.
08:03
- Au revoir très beaucoup d'au revoir.
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- Au revoir.
08:05
- Merci beaucoup.
08:06
On peut écouter votre travail, Mes Voisines et sous la toile, sur les plateformes de podcast.
08:10
Et puis vous avez un Instagram @radiovandanes.
08:12
Merci encore.
08:13
- Merci.
08:13
encore. Merci.
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