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  • 25/04/2024
Au Mans, les équipes du Samu sont de plus en plus souvent appelées sur des accidents de la circulation. Pour le département de la Sarthe, les chiffres de l'année 2017 sont très mauvais. Plusieurs fois par an, les urgentistes sont également mobilisés lors des événements sportifs qui se déroulent sur le circuit voisin.

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Personnes
Transcription
00:00Le Mans, 18 heures.
00:09Une équipe du SAMU est appelée sur un accident de la route.
00:19Charles est urgentiste depuis 24 ans.
00:22Il a l'habitude de ses accidents sur l'autoroute.
00:25Il sait qu'ils peuvent occasionner beaucoup de dégâts.
00:30Elle a bien tapé.
00:34Charles et son collègue font demi-tour par les sorties de service.
00:38Des issues que seules les équipes d'urgence sont autorisées à utiliser pour gagner du temps.
00:44Ce contraint, c'est des lésions cérébrales, des lésions des organes internes, des hémorragies.
00:50Et puis les lésions de décélération.
00:52Généralement, au début, ils sont stables et puis ils peuvent décompenser très rapidement.
00:59La conductrice aurait perdu le contrôle de son véhicule.
01:02À cet endroit, il n'y a pas de glissière de sécurité.
01:06Elle a fait deux tonneaux avant de finir sa course dans le talus.
01:14Les débris de la voiture s'étalent sur des dizaines de mètres et témoignent de la violence de l'accident.
01:20Heureusement, aucun autre véhicule n'est impliqué.
01:26Madame, bonjour, ça va?
01:30Vous avez eu un accident de la route?
01:32Je suis désolé, madame, je suis obligé de coucher un petit peu.
01:35Vous avez mal là?
01:37D'accord, ici, aucune douleur.
01:41Au niveau des pieds, vous les bougez bien, il n'y a pas de souci.
01:44Vous avez des douleurs quand vous inspirez profondément?
01:47Non, ça va. Pour le moment, on va s'occuper de vous, parce que là, vous êtes bloqué dans votre voiture.
01:52Il faut qu'on vous sorte.
01:56On va l'aperfuser rapidement.
02:00La priorité pour Charles, c'est de faire un premier constat des blessures.
02:04Secouriste et équipe médicale pourront ensuite donner les premiers soins.
02:08Elle est bloquée dans sa voiture, elle a un traumatisme crânien, peut être un traumatisme raciste, il faut voir.
02:14Elle a une plaie au niveau, au niveau du poignet gauche.
02:19Et puis, elle a une luxation de l'épaule droite.
02:26L'état de la victime est sérieux.
02:28Le risque majeur dans ce genre d'accident, ce sont des lésions de la colonne qui peuvent entraîner une paralysie.
02:38Dans ces cas là, le moindre mouvement peut être fatal.
02:43Alors, avant d'extraire sa patiente du véhicule, Charles doit sécuriser son dos.
02:47Faut qu'on prenne des précautions, je pense qu'ils vont devoir dépapillonner pour pouvoir la sortir.
02:52Les sapeurs pompiers n'ont pas d'autre choix que de découper la voiture pour désincarcérer la conductrice.
02:58Un travail long et difficile.
03:01Après un quart d'heure d'effort, ils ont sectionné tous les montants du toit.
03:06Charles et Anthony, l'infirmier anesthésiste, peuvent accéder à la victime.
03:11Ils découvrent alors une impressionnante plaie à la tête.
03:20On lui a mis une bande parce qu'elle a une grosse plaie au niveau du scalp, au niveau de la peau.
03:25On lui a mis des produits pour pouvoir la sortir sans qu'elle ait mal.
03:28On est en train de sécuriser son rachis.
03:31Le risque, c'est qu'il y ait une fracture qu'on n'a pas vue.
03:34Et en la bougeant, on peut venir sectionner la moelle et elle peut finir avec une paraplégie.
03:41Mais après, il faut aller vite parce qu'il peut y avoir des organes internes qui saignent.
03:46Et pour lequel le seul moyen de la soigner, c'est de l'amener sur l'hôpital pour qu'elle soit ammenée au bloc et soignée.
03:54Cette plaie à la tête inquiète Charles.
03:57La conductrice pourrait souffrir d'un traumatisme cérébral sévère, avec peut être une hémorragie dans le cerveau.
04:03Toute l'équipe médicale va se mobiliser pour lui sauver la vie.
04:16Le Mans, dans la Sarthe, dans ce département, voiture et deux roues donnent bien du fil à retordre Samu.
04:26En 2017, la Sarthe a battu un triste record.
04:30469 blessés au volant, 60% de plus que l'année précédente.
04:38En première ligne pour porter secours aux victimes, le Samu 72.
04:47Pendant deux mois, nous avons suivi le rythme effréné de ces urgentistes.
04:53Parmi eux, Charles, 47 ans, il est l'un des médecins les plus expérimentés du service.
05:00Au niveau douleur, ça va comment, la madame?
05:03Il va être confronté à un carambolage d'une violence inouïe.
05:08Moi, je la considère comme blessée grave, si elle est décompensée, on est là pour intervenir.
05:13Mathilde, elle, va faire face à un tragique accident de moto.
05:17Les conducteurs de deux roues font partie des usagers de la route les plus à risque.
05:21En 2017, dans la Sarthe, ils représentaient 34% des victimes.
05:26Il faut évacuer du sang, s'il y en a dans ses poumons, qui peuvent être la raison pour laquelle son coeur est arrêté.
05:33Et enfin, Joël, depuis qu'il s'est installé au Mans, il est devenu le spécialiste des urgences des sports mécaniques.
05:40On est là pour le risque catastrophe qu'on espère ne jamais vivre.
05:44Ça survient après des mois de travail, donc c'est plaisant de voir aussi la fête que ça peut générer autour.
05:50Car dans ce département, la vie du Samu est rythmée par tous les événements organisés sur le mythique circuit des 24 heures du Mans.
06:02Chaque année, les professionnels de santé viennent bénévolement porter secours aux pilotes et aux spectateurs.
06:09J'ai un abruti, j'ai fait de la merde, mais j'ai pas.
06:11Il roulait sans aucune protection.
06:13Et là, il y a des lésions qui se passent importants au niveau du visage.
06:16Nous avons suivi ces équipes d'urgence sur la plus célèbre course d'endurance moto.
06:2430 médecins, plus de 3000 interventions par an.
06:27Immersion au coeur du Samu 72, qui ne connaît jamais une minute de répit.
06:34Retour sur l'autoroute A11, le Samu est toujours aux prises avec la femme, victime d'un grave accident de voiture.
06:42Elle a fait plusieurs tonneaux, souffre d'un traumatisme crânien et de plusieurs fractures.
06:51Les pompiers sont finalement parvenus à extraire la victime de son véhicule.
06:56Charles, l'urgentiste, peut enfin l'examiner.
07:01Vous avez perdu connaissance ou pas?
07:06Vous avez mal ici?
07:07Elle a des côtes de cassé aussi, qu'elle a dû heurter quelque chose dans l'accident, qui lui a cassé la clavicule et quelques côtes.
07:18Le médecin craint que ses côtes fracturées aient perforé le foie, les reins ou la rate, entraînant aussi une hémorragie.
07:27Ça vous fait mal, là?
07:31Qu'est ce qui vous fait mal?
07:34Maman?
07:38Ici? D'accord, c'est à dire qu'elle a des lésions ici, au niveau, au niveau des organes internes.
07:45Elle a une petite défense qui montre que, vraisemblablement, elle a eu un traumatisme de ce côté là, au niveau hépatique, peut être au niveau rénal, difficile à dire pour le moment.
07:56Son ventre est dur, c'est le signe qu'il se passe quelque chose.
08:00Charles réalise une échographie rapide pour vérifier qu'il n'y a pas de saignement.
08:05Si effectivement, il y a un saignement important, il faut le diriger sur un bloc chirurgical rapide.
08:12Rien de visible sur l'échographie.
08:14J'ai pas de pneumo évident, on va pouvoir y aller.
08:18Mais Charles ne sera vraiment rassuré qu'après avoir réalisé un scanner à l'hôpital.
08:23Là, on est très tôt après l'accident.
08:26L'hémorragie va avoir tendance à se constituer dans les heures qui viennent.
08:31Il faudra refaire un scanner corps entier pour, vu la cinétique, pour éliminer des fractures passées inaperçues ou des lésions passées inaperçues, qui peuvent engager le productif vital.
08:44La conductrice n'est pas encore sortie d'affaires.
08:47Ces situations d'urgence où des vies sont en jeu, c'est ce qui motive Charles et Anthony à exercer leur métier.
08:54On aime, c'est un côté humain aigu, parce que les gens ne connaissent pas, nous ne reverrons pas, on est des fantômes par la prise en charge.
09:03Et nous, ce qui nous intéresse, c'est de se dire qu'à un moment T, dans la vie d'une personne, on a dû être utile.
09:12A l'hôpital du Mans, la victime est rapidement emmenée au scanner.
09:16Les images montreront une légère hémorragie dans le ventre et un traumatisme rénal.
09:21Il y a quand même un saignement, une lésion à cette niveau, il y a une fracture de gauche.
09:29La victime a eu beaucoup de chance.
09:31Son état ne nécessite pas d'opération.
09:33Elle restera sous surveillance à l'hôpital pendant une dizaine de jours.
09:39Chaque année, le Samu 72 intervient sur plus de 150 accidents de la route.
09:45Grâce à la sécurisation des véhicules et à la peur des gendarmes, ils ne représentent plus que 10% de leurs interventions.
09:55Le Mans est connu pour sa vieille ville datant de l'époque médiévale, sa cathédrale, qui est l'une des plus vastes de France.
10:03Mais c'est surtout les sports mécaniques qui l'ont rendu célèbre.
10:07Moto et automobile se retrouvent chaque année sur le circuit Bugatti pour une mythique course d'endurance créée en 1978.
10:16Des événements qui attirent beaucoup de monde, jusqu'à 250.000 personnes pour le 24 heures auto,
10:22multipliant presque par deux la population de l'agglomération.
10:27Une affluence qui est un vrai challenge pour les services d'urgence, notamment pour Joël, urgentiste depuis 6 ans.
10:34C'est important de voir un peu où on en est au niveau des affluences.
10:39La façon dont les tribunes se remplissent, ça nous donne une petite indication sur cette année, comment ça se passe.
10:48Au Samu 72, c'est lui qui est en charge des situations sanitaires exceptionnelles.
10:56Je ne suis pas passionné de sport automobile, mais j'ai appris à découvrir au fur et à mesure des années.
11:01On s'intéresse forcément.
11:02Tous les Samu n'ont pas ce type d'événements.
11:05On est là pour gérer l'évacuation et la coordination vers les hôpitaux.
11:09On est là pour le risque catastrophe qu'on espère ne jamais vivre.
11:14Joël travaille main dans la main avec le service médical privé du circuit.
11:18Ce sont eux qui sont en première ligne.
11:21Ils font appel au Samu pour évacuer les cas les plus graves vers l'hôpital.
11:27Ce matin, sur le circuit se déroulent des courses d'anciennes motos et de sidecars.
11:32Joël se rend à la direction des courses.
11:42Joël doit faire un dernier point avec Dominique, le responsable du service médical.
11:48Nous nous assurons comme instruments sur la piste, les soins médicaux des premiers rangements.
11:52C'est un médecine de l'avant, comme on dit.
11:54Nous ramenons le pilote BC au centre médical piste pour être pris en charge plus complètement.
12:00Et nous assurons le relais avec les camarades du Samu.
12:04Dans cette salle, Dominique et les directeurs de course surveillent grâce à 70 caméras
12:09chaque recoin des 4 kilomètres de piste.
12:12Il n'y a pas une zone du circuit qui n'est pas visible sur les écrans.
12:16Nous voyons les accidents en direct quasiment survenir.
12:19C'est ce qui permet effectivement de déclencher rapidement les secours.
12:24Au même instant, pendant la course de sidecars, l'un des équipages est victime d'un accident.
12:30L'équipe a été mise en activation.
12:33L'ensemble de l'équipe médicale est dans sa voiture, prête à partir.
12:36Mais pour le moment, mon obsession, c'est qu'est-ce que fait le pilote ?
12:38Est-ce qu'il bouge ? Est-ce qu'il ne bouge pas ?
12:39Là, vous voyez que c'est un sidecar, donc il y a un pilote et un passager.
12:44Les deux sont debout, les deux sont autour de leur sidecar, donc il n'y a pas de bobos.
12:47Il n'y aura pas de départ de l'équipe médicale puisque les deux sont debout.
12:50Et a priori, il n'y a pas de bobos, pas de coups de pieds.
12:54Là, c'est du direct, direct.
12:57Une demi-heure plus tard.
13:00Il est 15 heures, la course Rennes commence.
13:05Les 24 heures moto, la plus célèbre des courses d'endurance.
13:1060 équipes de motards vont s'affronter au guidon de leur bolide.
13:15Mais avec des pointes de vitesse à plus de 300 km heure,
13:19les accidents sont vite arrivés.
13:23Alors, toutes les équipes d'urgence sont sur le qui-vive.
13:26A chaque chute de pilote, ils sont prêts à l'évacuer à l'hôpital, si nécessaire.
13:33Après trois heures de course, un pilote tombe et ne se relève pas.
13:41Le service médical du circuit le prend en charge et l'évacue rapidement
13:45sur leur centre de soins.
13:46Il a hyper mal.
13:55Tu veux la boîte avec toi?
13:56Vas-y, reviens, vas-y, reviens.
13:58Je vais s'en sortir, je vais s'en occuper.
14:00Tiens, j'ai mal, j'ai mal.
14:02Axel, le pilote, se plaint de la hanche.
14:05C'est parce que t'es né, Axel.
14:06Il faut mettre les médicaments.
14:08L'équipe médicale soupçonne une luxation et des fractures du col du fémur et du bassin.
14:13Des lésions très douloureuses.
14:16Là, ce qui est inquiétant au niveau traumatologique, c'est le bassin.
14:19Le bassin et le fémur, ce sont des fractures qui s'annulent beaucoup.
14:22Voilà, ça dépend à vérifier en priorité.
14:24Puisque c'est selon qui se plaint, principalement, et exclusivement la parent.
14:28Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non.
14:30Arrêtez, arrêtez, arrêtez.
14:32Arrêtez.
14:34Une radio confirme la luxation de la hanche.
14:40Il est sorti, il est sorti.
14:41Il est sorti sur l'articulation.
14:42Il va falloir qu'on l'enlève, il va falloir qu'on l'enlève.
14:48Le SAMU entre en jeu.
14:50Il va évacuer Axel vers les urgences de l'hôpital du Mans.
14:53Même avec des anthalgiques, le jeune homme souffre beaucoup.
14:59On va juste vous le soumettre pour enlever le match à coquilles.
15:02Non, mais non, là, je suis...
15:05D'accord, disons un, deux, trois.
15:07On a l'habitude, on va essayer tout doucement.
15:09Et vous nous dites, dès que vous avez mal, on le force pas.
15:12Et vous faites ça pour lever.
15:14Attention pour lever. Levez.
15:22Les médecins réalisent immédiatement une nouvelle radio.
15:32La tête fémorale qui est ici devrait être ici, normalement.
15:38Julien, le médecin, explique en détail la situation à Axel.
15:45La tête du fémur.
15:47La tête du fémur, elle est dans le bassin, comme ça.
15:49Normalement, elle est bien ancrée à l'intérieur.
15:51Et vous, avec le choc, ce qui s'est passé, c'est que c'est sorti comme ça et ça a cassé là.
15:59Il y aura besoin de vous opérer.
16:02Je suis pas rendu, quoi.
16:04Et après, c'est... Dans 3 semaines, je roule pas.
16:06Dans 3 semaines, vous roulez pas ?
16:09Non.
16:11Est-ce que vous aviez une course...
16:13Vous aviez quoi ?
16:15J'ai une course en vitesse, et la semaine d'après, j'ai laissé le loquet.
16:18D'accord.
16:19C'est cuit ?
16:20Oui.
16:213 mois, c'est pour ça ?
16:22Ouais, 6 mois.
16:286 mois, c'est cuit, c'est fini.
16:32C'est la pire des choses.
16:34Je me dis que la saison qui m'a laissé bien, c'est la plus belle saison de ma vie qui se présentait.
16:39Vous étiez sur une bonne série et...
16:41Ouais.
16:42Je me vestige la nuit, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
16:45Parce que ça reste passion, et...
16:47Quand ça s'arrête comme ça, c'est...
16:49Ça fait mal, quoi.
16:56Mais gardez quelque chose en mémoire, c'est que vous êtes en vie.
17:00Ouais.
17:02Vraiment. C'est que de l'os.
17:04C'est que de l'os.
17:07Un coup dur pour Axel.
17:11A 26 ans, ce jeune chauffeur de poids lourd a investi beaucoup de temps et d'argent dans sa passion du 2 roues.
17:17Alors cet accident, c'est son pire cauchemar.
17:21Après une semaine d'hôpital, il devra rester 6 mois au repos.
17:26Fin de la course pour lui aujourd'hui.
17:28Les médecins du Samu, en revanche, n'en ont pas terminé.
17:31Car sur le circuit du Mans, les soirées sont souvent arrosées.
17:35Et les accidents vite arrivés.
17:42Mais il n'y a pas que sur le circuit que les 2 roues font des victimes.
17:45Sur les routes, où ils doivent partager le bitume avec d'autres véhicules,
17:49les accidents sont souvent plus meurtriers.
17:53En 2017, dans la Sarthe, les motards ont payé un lourd tribut.
17:5818 d'entre eux sont morts sur les routes, 3 fois plus que l'année précédente.
18:05Ce matin, Mathilde, urgentiste depuis 6 ans, part justement sur un accident de moto.
18:12Le conducteur vient de heurter la remorque d'un camion dans un rond-point.
18:16Il est en arrêt cardiaque.
18:18Pour les équipes du Samu, c'est l'une des situations les plus tragiques.
18:23C'est toujours du stress, parce que sur la voie publique,
18:26c'est toujours plus dangereux.
18:28Et malgré tout, c'est la vie de quelqu'un.
18:33L'accident a eu lieu à une cinquantaine de kilomètres du Mans.
18:37Pour un arrêt cardiaque, chaque minute compte.
18:40Alors l'ambulancier roule le pied au plancher.
18:43A 180 km heure, ils ne mettent qu'une vingtaine de minutes
18:46pour se rendre sur les lieux de l'accident.
18:5010h36, arrivons sur les lieux de l'accident.
18:55Le motard a déjà été installé dans l'ambulance des pompiers.
18:59...
19:05Bonjour.
19:06Bonjour.
19:07Ça fait combien de temps que vous y êtes ?
19:09Le 1er matin, j'avais été attaqué par le témoin à 10h11.
19:13On n'a délivré aucun choc.
19:17Par chance, parmi les 1ers témoins de l'accident,
19:20se trouvait une infirmière.
19:24Moi, je n'ai pas vu l'accident.
19:26Je suis arrivée sur l'accident.
19:28Ce monsieur était au sol, inconscient,
19:30en position latérale de sécurité, le casque sur la tête.
19:33Donc j'ai tout de suite vu qu'il n'avait ni poux,
19:36ni réponse à la commande.
19:38Donc j'ai commencé à masser jusqu'à ce que les secours arrivent.
19:41J'ai massé jusqu'à ce que...
19:45L'infirmière a eu les bons réflexes.
19:47Malheureusement, ils ne vont peut-être pas suffire.
19:50Pompiers et médecins se relaient depuis plus de 20 minutes
19:53pour continuer le massage cardiaque.
19:56Mais le coeur ne repart toujours pas.
19:59On arrête un instant le massage.
20:01Malgré les injections d'adrénaline,
20:03un produit censé stimuler le coeur,
20:06le tracé reste plat.
20:08On continue le massage, on continue, on continue.
20:11L'accident a sans doute créé une hémorragie dans les poumons.
20:16Un bistouri, je crois qu'il est dans le sac de pansements.
20:19Pour tenter de sauver le patient,
20:21il faut enlever le sang dans les poumons.
20:24Il faut évacuer du sang s'il y en a dans ses poumons
20:27qui peuvent être la raison pour laquelle son coeur est arrêté.
20:30T'as des voies ? Non ?
20:33C'est la tentative de la dernière chance.
20:38On peut avoir du sang dans les poumons
20:40et que si on décomprime ça,
20:42ça peut permettre de faire repartir le coeur.
20:45Vider les poumons va permettre de réduire la pression sur le coeur.
20:49Il aura alors plus de place pour fonctionner.
20:53C'est une aspie, là.
21:01On arrête un instant le massage ?
21:08OK, on reprend.
21:12T'as combien de sang ?
21:20Au total,
21:22un titre de sang s'est écoulé.
21:24Une quantité importante
21:26qui, malheureusement, est sans équivoque pour Mathilde.
21:28Je pense que c'est peine perdue.
21:30On va s'arrêter là.
21:32Je pense qu'il a rempli son ordre.
21:34On arrête.
21:40Après 45 minutes de lutte acharnée,
21:42la tension retombe brusquement.
21:44Chacun fait face à ce décès.
21:47Pendant que Mathilde essaie de comprendre
21:49les circonstances de l'accident avec les gendarmes,
21:51Roselyne, l'infirmière du SAMU,
21:53remercie sa collègue
21:55qui a réalisé les premiers gestes de secours.
21:57Là, en fait, elle a fait tout de suite
21:59ce qu'il fallait faire.
22:01Elle a géré les bons gestes.
22:03Et ça, c'est très important
22:05parce qu'en fait, surtout sur des arrêts,
22:07ceux qui vont, finalement,
22:09contribuer à sauver la vie de la personne,
22:11c'est les gens qui sont sur place.
22:13Les témoins qui commencent à s'occuper
22:16avant qu'on arrive.
22:18C'est grâce à eux si on les récupère.
22:22Dans le cas d'un arrêt cardiaque
22:24à la suite d'un traumatisme comme celui-ci,
22:26seuls 1 à 2 % des victimes
22:28survivent.
22:30Chaque jour,
22:32les équipes du SAMU sont confrontées à des décès.
22:34Et avec l'expérience,
22:36tous apprennent à encaisser.
22:38La mort d'un être humain, ça touche toujours.
22:40Mais si on devait être touchés
22:42à chaque fois qu'on est face
22:45à la mort de quelqu'un,
22:47je pense qu'on ne pourrait pas faire ce boulot-là.
22:49On est obligés de se blinder.
22:51Puis des fois,
22:53le bouclier
22:55n'est pas toujours super étanche.
22:57On peut avoir des retombées
22:59un peu compliquées
23:01suite à certaines interventions difficiles.
23:03Voilà.
23:05Et certains drames
23:07sont plus difficiles à surmonter
23:09pour les équipes médicales.
23:11Le pire pour Mathilde,
23:14c'est quand la famille est présente.
23:16Ce qui rend les choses difficiles,
23:18c'est pas les gens décédés,
23:20c'est ceux qui restent.
23:22C'est là que ça devient difficile.
23:24C'est pour ça qu'au début de l'intervention,
23:26j'étais très tendue
23:28parce qu'il y avait une dame en civil
23:30dans le camion qui lui tenait la main.
23:32Moi, c'est ça, la 1re image que j'ai vue.
23:34C'est une dame en civil
23:36qui tenait la main du monsieur.
23:38Et je pensais que c'était sa femme.
23:40J'avoue que ça m'a...
23:42J'avais peur, mais ils n'ont pas suffi.
23:44Bonne journée.
23:46Au revoir.
23:48ML02 disponible, retour à la base.
23:50Terminé.
23:52Comme à chaque fois,
23:54après une intervention compliquée,
23:56les équipes ont besoin de plaisanter
23:58pour décompresser.
24:00Laurent, par contre,
24:02je pense que je peux plus t'apporter du guévure.
24:04C'est du Pinot et tout ça.
24:06Quand t'écris mon nom aussi mal.
24:08Samu, je pense qu'il y a toujours
24:10une intervention sur l'autre.
24:12On parle énormément, on débrief énormément entre nous.
24:14Un esprit d'équipe
24:16qui aide médecins et infirmiers à tenir.
24:18Car au Mans comme ailleurs,
24:20le quotidien est éprouvant.
24:2621h,
24:28retour sur le circuit des 24h du Mans
24:30où la course d'endurance moto continue.
24:32Déjà 6h
24:34que les pilotes tournent au guidon
24:36de leur bolide.
24:40Les 76 000 spectateurs, eux,
24:42se préparent pour la nuit.
24:44La majorité s'est installée dans les campings
24:46autour du circuit.
24:48Les barbecues sont allumées.
24:50L'ambiance est bonne enfant.
24:54Pour les motards,
24:56les 24h du Mans,
24:58c'est le rendez-vous annuel pour faire la fête
25:00et s'amuser.
25:02Et au milieu de la nuit,
25:04quand le taux d'alcool n'est plus raisonnable,
25:06certains se lâchent.
25:10Le grand jeu,
25:12c'est de faire le plus de bruit possible avec les moteurs.
25:14Ou de faire tourner les roues
25:16jusqu'à ce que les pneus fondent.
25:20Ou encore de couper les moteurs à chaud
25:22pour faire des étincelles.
25:26Un concours de labours
25:28est même organisé.
25:32Et les plus imaginatifs
25:34installent des pots d'échappement lance-flammes.
25:36Une ambiance que Mad Max ne renierait pas.
25:40On est les motards !
25:42C'est nous les motards !
25:44C'est juste ça, on veut s'amuser.
25:46Faut faire autant de bruit qu'on peut.
25:48Faut se faire entendre, voilà.
25:50Allez les mecs !
25:56Rien de répréhensible,
25:58mais ces jeux peuvent occasionner
26:00des accidents.
26:02Et ce sont les équipes médicales du circuit
26:04qui se portent au secours des spectateurs.
26:06Près de 300 professionnels de santé
26:08qui viennent travailler chaque année bénévolement.
26:10Parmi eux, Hervé,
26:12habituellement médecin urgentiste
26:14au SAMU de Rouen.
26:16Et il va prendre en charge
26:18le premier cas grave de la soirée.
26:20On va partir sur un brûlé.
26:22Un homme d'une trentaine d'années,
26:24alcoolisé,
26:26s'est brûlé la main sur un pot d'échappement
26:28qu'il avait transformé en lance-flammes.
26:30Là on rentre dans la jungle.
26:32Ils font des flammes avec leur moto
26:34et puis le moteur explose.
26:36Il faut dire qu'ils mettent des produits
26:38pour faire des flammes un peu détonnant.
26:44Au milieu d'un bruit assourdissant,
26:46Hervé examine le blessé.
26:50Il décide de l'évacuer rapidement
26:52vers le centre médical dédié aux spectateurs.
26:58La main est brûlée au second degré.
27:00Mais le blessé alcoolisé
27:02ne se rend pas compte
27:04de la gravité de la blessure.
27:34Nous on va faire le premier
27:36et après vous allez se transférer à l'hôpital.
27:38Je vais à l'hôpital ? Non, sérieux ?
27:40Bah tu peux me tenir toi !
27:42Bah arrête !
27:46Tu veux que je t'aide ?
27:48Moi j'ai des bras fins, j'énerve.
27:50Ça s'en sort bien, oui.
27:52Parce qu'a priori c'est quand même un moteur qui a explosé
27:54donc ça aurait pu être plus violent.
27:56L'homme est emmené aux urgences
27:58de l'hôpital du Mans
28:00où il restera quelques heures pour dégriser.
28:02Pendant les trois jours
28:04les médecins ont traité 75 brûlures
28:06de ce type.
28:10Au centre de santé
28:12les boxes d'accueil ne désemplissent pas.
28:14Douleurs cardiaques,
28:16petites blessures, crises d'angoisse.
28:18Mais la nuit
28:20ce sont surtout les spectateurs alcoolisés
28:22ou drogués qui occupent les médecins.
28:26Et bien sûr, entre boire ou conduire
28:28certains n'arrivent pas à choisir.
28:32Il est 3h du matin
28:34Yaya, urgentiste
28:36est appelé pour un motard de 25 ans
28:38qui a chuté alors qu'il faisait
28:40un run dans un camping.
28:58L'homme a le visage en sang
29:00et peut-être d'autres traumatismes.
29:02Il roulait en short
29:04et sans casque.
29:06Sans protection, la moindre chute
29:08peut être gravissime.
29:20L'alcool atténuant la douleur,
29:22l'équipe est particulièrement vigilante.
29:30Impossible de travailler sereinement
29:32dans le camping.
29:34Ils décident de vite l'emmener
29:36au centre de santé.
29:38L'urgentiste fait un premier bilan.
29:50Pendant le trajet,
29:52il reste attentif à l'état du blessé.
29:54Avec le traumatisme crânien
29:56qu'il a subi,
29:58il est en état de conscience.
30:00Ils vont donc le faire parler.
30:02S'il s'endort,
30:04il pourrait tomber dans le coma.
30:12Le jeune homme commence
30:14à réaliser la situation
30:16et se sent coupable.
30:28Je suis tombé.
30:30J'ai pété une pointe.
30:32Je suis tombé.
30:40J'ai pété une pignole.
30:42On est un peu là comme ça.
30:44Ça m'énerve.
30:46On est juste là pour
30:48s'occuper des spectateurs.
30:50C'est pas mon genre.
30:52On n'est pas...
30:55On vous installe sur une rubrique.
30:57J'ai pas encore fait de diagnostic.
30:59Pour moi, il y a une gravité importante.
31:01Il est roulé sans aucune protection.
31:03Il y a des lésions importantes
31:05au niveau du visage.
31:07Ce qui laisse penser
31:09qu'il s'est cogné la tête
31:11assez méchamment.
31:13Il faut absolument savoir
31:15si il y a une fracture importante
31:17au niveau du crâne
31:19ou si ça saigne au niveau du sein.
31:25Une fois au centre médical,
31:27Yaya passe le relais à Pierre-Antoine,
31:29réanimateur à Saint-Nazaire.
31:31C'est lui qui va l'examiner.
31:48T'as mal au bassin, là.
31:50Quand j'appuie comme ça,
31:52t'as pas mal.
31:54Et quand j'appuie comme ça,
31:56t'as pas mal.
31:58Et ton ventre ?
32:00Il est absolument souple.
32:02Au niveau de la poitrine, t'as pas mal ?
32:04C'est sur tous les deux.
32:06Mais tout à coup,
32:08le jeune homme s'agite.
32:14Et se plaint de douleur au cou.
32:16La douleur de tout.
32:18Zéro, y a pas de douleur.
32:20C'est inimaginable, insupportable.
32:22Là, c'est 10, la douleur.
32:24J'ai un peu vu, là.
32:26Enlevez ça, là.
32:28Enlevez ça.
32:30Là ? Non, ça va pas.
32:32T'as pas eu un accident ?
32:34J'avais compris.
32:36Ta tête, elle est un peu cassée, là.
32:38Donc là, pour l'instant,
32:40on va te garder.
32:42Pour protéger ton cou.
32:44Parce qu'il peut pécher
32:46une fracture des vertèbres.
32:48On va le mettre ici.
33:10Ce qui inquiète le médecin,
33:12c'est le traumatisme crânien.
33:14Il veut faire passer à son patient un scanner
33:16pour voir s'il n'y a pas d'hémorragie
33:18dans le cerveau.
33:24A l'hôpital du Mans,
33:26le scanner ne montrera pas
33:28de saignement dans la tête.
33:30Le jeune homme sera opéré le lendemain
33:32pour ses fractures des doigts et de la rotule.
33:34Sur le circuit,
33:36les motos continueront à tourner
33:38pendant 10 heures.
33:40Durant tout le week-end,
33:42les équipes médicales ont soigné
33:44les personnes.
33:46Et plus de 65 patients graves
33:48ont été évacués vers un hôpital.
33:56Pendant les jours qui suivent,
33:58les équipes du SAMU du Mans
34:00enchaînent les interventions
34:02à un rythme toujours aussi soutenu.
34:04Bonjour, monsieur.
34:06Je suis le médecin du SAMU.
34:08Accident cardiovasculaire,
34:10pathologie infantile,
34:12chute...
34:14Médecins et infirmiers n'arrêtent pas.
34:20Vous êtes à proximité du parking des grands.
34:22Les jambes, ça va, ici ?
34:24Mais ce qui accapare sur tous les équipes,
34:26ce sont les accidents de la voie publique.
34:28On la tube.
34:30Voie veineuse, on la tube.
34:32Coup du sort, en voiture ou en 2 roues,
34:34la série noire continue.
34:36Ce matin, justement,
34:38Charles vient d'être appelé
34:40sur un nouvel accident de la route.
34:42Un de ceux que les urgentistes redoutent.
34:44Un carambolage.
34:46Des interventions souvent compliquées à gérer,
34:48car les médecins doivent prendre en charge
34:50plusieurs victimes en même temps.
34:54Un accident de la voie publique
34:56entre un camping-car
34:58et une voiture.
35:00A priori,
35:02il y a une personne décédée
35:04et une personne qui est incarcérée
35:06dans le véhicule d'éjection.
35:08L'accident s'est produit
35:10en race campagne
35:12sur une départementale.
35:14Et contrairement aux informations
35:16transmises à Charles,
35:18il implique non pas 2,
35:20mais 4 véhicules.
35:22Alors, la voiture est à droite,
35:24le camping-car est à gauche,
35:26et il y a un camion en plus.
35:28Ah non, la voiture est là.
35:30Il y a 2 bagnoles.
35:32Une voiture est renversée dans le fossé.
35:343 autres véhicules sont encastrés
35:36les uns dans les autres.
35:38Selon les premiers témoignages,
35:40les 2 voitures se seraient accrochées
35:42pendant un dépassement.
35:44Le camping-car les aurait alors embouties,
35:46bientôt suivies par le semi-remorque.
35:48Et le bilan humain est lourd.
35:50Le conducteur de la voiture
35:52sous le camping-car
35:54est mort sur le coup.
35:56Il est décédé d'un polytraumatisme.
35:58Il a été écrabouillé
36:00par le camping-car.
36:02Il est sous le camping-car.
36:04Ils vont devoir le soulever
36:06pour pouvoir accéder au corps.
36:08Donc il est mort d'emblée,
36:10il est mort sur le coup.
36:12Les autres victimes ont été
36:14prises en charge par les pompiers.
36:16Bonjour.
36:18Madame, c'est le chauffeur du camion.
36:20Et ça, c'est le chauffeur du camping-car.
36:22Et vous étiez seul dans le camping-car ?
36:24Avec la petite.
36:26La conductrice du camion
36:28Les 2 touristes anglais
36:30dans le camping-car s'en sortent bien également.
36:32Le père n'a pas une égratignure.
36:34Le petit garçon
36:36n'a qu'une légère blessure à la cheville.
36:38Reste la conductrice
36:40de la voiture noire.
36:42Depuis l'accident, elle est coincée dans son véhicule.
36:44C'est Charles qui la prend en charge.
36:46Ça va, madame ?
36:48C'est la tête.
36:50Vous deviez l'évaluer entre 0 et 10.
36:52On va vous passer
36:54quelque chose pour la douleur.
36:56Apparemment,
36:58la femme n'a rien de cassé.
37:00Mais Charles sait qu'il faut se méfier.
37:02Dans des collisions aussi violentes,
37:04le risque, c'est qu'un organe interne
37:06soit touché et provoque une hémorragie.
37:10Elle a un choc hémorragique.
37:12Elle a une lésion interne
37:14et tout d'un coup, elle décompense.
37:16Ça peut aller très vite.
37:18L'autre crainte de Charles, c'est que la colonne
37:20de la femme ait subi une lésion,
37:22ce qui pourrait entraîner une paralysie.
37:24Alors il veut l'extraire du véhicule
37:26avec un maximum de précautions.
37:46Les pompiers doivent sortir la victime
37:48allongée sur un brancard.
37:50Pour cela, ils doivent découper
37:52le toit du véhicule.
37:58Et 10 minutes plus tard...
38:06Les pompiers peuvent
38:08désincarcérer la conductrice.
38:18Une heure après l'accident,
38:20la jeune femme sort enfin de la voiture.
38:22La 1re précaution de Charles
38:24est de vérifier qu'elle sent bien ses jambes.
38:34Les 1ers tests sont rassurants,
38:36mais la jeune femme devra faire des examens
38:38complémentaires à l'hôpital.
38:40Pour Charles et ses coéquipiers,
38:42ces interventions sont
38:44toujours très éprouvantes.
38:46On encaisse jusqu'à un certain moment.
38:48On dit toujours qu'il y a
38:50toujours l'intervention de trop
38:52ou on n'encaisse plus.
38:54Non, on encaisse...
38:56Après, je pense qu'il faut aimer ce métier.
38:58C'est un défi à chaque fois.
39:00C'est un défi
39:02pour sauver les gens,
39:04pour sauver une vie.
39:06Aux urgences,
39:08la jeune femme passera une série
39:10de radios et de scanners
39:12qui ne révéleront rien de grave.
39:14Elle s'en sortira avec quelques contusions
39:16et une très grosse frayeur.
39:20C'est ici,
39:22à la régulation du SAMU,
39:24qu'arrivent tous les appels au 15.
39:26Et depuis une dizaine d'années,
39:28les équipes rencontrent un sérieux problème.
39:32Elles sont submergées de demandes.
39:341 300 appels par jour en 2017.
39:36Et seulement 10 % d'entre eux
39:38ont un caractère d'urgence.
39:44D'accord.
39:56Une otite, un nez qui coule,
39:58les malades s'adressent au SAMU
40:00pour un rien.
40:02Car la Sarthe est l'un des départements
40:04où le taux de médecin généraliste par habitant
40:06est le plus faible.
40:14Sur 450 généralistes,
40:16150 ont fermé leur cabinet en 2017.
40:18Démunie,
40:20la population se tourne
40:22en dernier recours vers le 15.
40:24De la bobologie
40:26qui sature le centre d'appels.
40:28Pourtant,
40:30les vraies urgences ne manquent pas.
40:321 000 appels par jour en 2017.
40:34Une grosse frayeur.
40:461 000 appels par jour en 2017.
40:481 000 appels par jour en 2017.
40:501 000 appels par jour en 2017.
40:52les vraies urgences ne manquent pas.
40:54Quelques bureaux plus loin, c'est au tour d'Adrien, médecin régulateur,
40:58de traiter un appel grave.
41:00Cette fois, ce sont les pompiers qui demandent de l'aide.
41:03Ils ont besoin d'un médecin.
41:05...
41:25Cette fois, l'accident n'implique pas une voiture ou un deux-roues,
41:29mais un tracteur.
41:31Adrien envoie un médecin sur place.
41:33C'est Charles qui va gérer l'intervention.
41:36Direction le nord de la Sarthe, en pleine campagne,
41:39dans une ferme de la commune de Saint-Jean-d'Assez.
41:42Regarde, là, regarde. Là.
41:44...
41:51Madame, bonjour.
41:53Oh, bah oui.
41:55Monsieur, bonjour.
41:57Donc, qu'est-ce qui s'est passé ?
41:59Vous avez le bras qui a été pris dans quoi ?
42:02Dans l'enlevage.
42:04Dans l'enlevage ?
42:06Il voulait pas monter, j'étais derrière.
42:08Je pensais qu'il y avait quelque chose qui bloquait,
42:10puis il est parti d'un coup, l'enlevage.
42:12Puis je me suis trouvé coincé.
42:14Et ça a été comprimé longtemps ?
42:165 minutes.
42:17L'homme s'est pris le bras dans le relevage,
42:20le système qui permet de lever et d'abaisser les outils attelés au tracteur.
42:24Un engin très puissant qui aurait pu lui arracher le bras.
42:28Mais Charles est inquiet.
42:30Il craint que la circulation sanguine ait été coupée,
42:33ce qui pourrait entraîner, dans le pire des cas,
42:36l'amputation du bras.
42:38Je vais regarder si vous avez une bonne vascularisation.
42:40Vous vous sentez bien, là, partout ? Y a pas de souci ?
42:42Non, ouais, juste un peu.
42:44OK, c'est juste la douleur, c'est très douloureux.
42:46C'est très douloureux, ouais.
42:48A priori, rien au niveau des nerfs et des vaisseaux.
42:51Mais dès qu'on le touche, l'agriculteur souffre le martyre.
42:54Elle est loxée, votre épaule, là ?
42:56Je crois.
42:59Belle fracture en luxation de l'épaule.
43:01Et au niveau de l'avant-bras, y a aussi une fracture.
43:04Je pense que...
43:06Au niveau de la douleur, si vous deviez noter votre douleur entre 0 et 10 ?
43:1010, carrément ?
43:12On va d'abord le sédater, puis après, on va l'immobiliser.
43:16Pour le calmer, l'anesthésiste lui injecte de la morphine,
43:20associée à un puissant hallucinogène.
43:24Vous allez respirer vraiment doucement.
43:27Et vous allez peut-être avoir des sensations un petit peu bizarres qui apparaissent.
43:31Vous allez peut-être avoir une sensation de distorsion des bruits.
43:34C'est normal.
43:37Je peux partir ?
43:39Je pars.
43:40Vous partez ? Fermez les yeux, monsieur.
43:42Pensez à quelque chose d'agréable.
43:45Vous allez peut-être voir des éléphants roses ou autre chose.
43:48Fermez les yeux, monsieur, c'est normal, c'est le produit.
43:51Alors que quelques secondes plus tôt, le moindre effleurement le faisait hurler.
43:55Maintenant, le blessé ne sent plus rien et plane.
43:58Il y a une ouverture. Je n'ai pas vu d'os.
44:01Mais bon, il y a une fracture. C'est sûr.
44:03Jusqu'après, du contraire, c'est une fracture ouverte.
44:05Allez, on se dépêche pendant que le produit est encore actif.
44:09Alors, de la tête aux pieds, êtes-vous prêts ?
44:11Prêts pour lever.
44:13Levez.
44:15Envoyez maintenant.
44:17Pas plus haut.
44:19Le brancard ne passe pas par la porte.
44:22Les équipes sont obligées de l'évacuer par la fenêtre.
44:25Mais dans le camion, l'effet des drogues s'estompe.
44:28Et l'agriculteur se plaint de ne plus sentir sa main.
44:31Anthony, l'anesthésiste, est inquiet.
44:33Mais il s'efforce de rassurer son patient.
44:36Vous avez compris que votre bras, c'est assez sérieux.
44:39Il faut qu'on voie l'ampleur de ce qui s'est passé.
44:41Parce qu'un levage de tracteur, c'est fait pour lever des tonnes.
44:45Et un petit bras d'humain, c'est fragile.
44:48A priori, non.
44:50Mais nous, on est toujours a priori.
44:52Après, la magie du corps humain, c'est qu'on se lève pas.
44:54Donc, un petit peu de magie humaine plus un petit peu de magie chirurgien.
44:59Il faut avoir espoir.
45:02Comme Anthony, Charles, lui aussi, est inquiet.
45:05Ce manque de sensibilité pourrait être de mauvaise augure.
45:11Il y a des risques que le membre en dessous de la lésion
45:14ne soit plus vascularisé.
45:16Et qu'il perde de sa vitalité.
45:19Qu'il meurt, quoi, en fait.
45:21Voilà, donc, parfois, il faut aller réparer le vasculaire.
45:25Et parfois, on peut pas.
45:27Et parfois, ça donne lieu à une amputation.
45:31L'équipe doit rejoindre l'hôpital au plus vite
45:34pour effectuer tous les examens nécessaires.
45:37Par contre, j'ai la gorge sèche.
45:38Oui, mais ça se voit, vous avez la gorge toute sèche.
45:40Alors, on n'a pas le droit de vous donner à boire,
45:42mais on a le droit d'être humain.
45:43Vous ouvrez la bouche.
45:44Ça va aller un petit peu.
45:47Merci, c'est sympa.
45:48Encore.
45:50Ça fait lumière.
45:51Je serais pompier, je vous vendrais des calendriers, mais...
45:53Là, je peux pas.
45:57Anthony sait de quoi il parle,
45:59car il est aussi infirmier chez les pompiers.
46:02Vous avez un smur artificiel, là, dans le camion, en plus.
46:05Vous avez deux pompiers déguisés en blanc.
46:07Je sais pas si c'est les blancs qui se déguisent en rouge, mais...
46:10On est des passionnés de l'urgence.
46:12Quand ils ne sont pas au smur,
46:14Anthony et Charles prennent des guindes chez les pompiers dans leur village.
46:18C'est vraiment une passion.
46:19Enfin, on fait ça parce que ça nous plaît,
46:21et que de devoir aller vite,
46:23de devoir intervenir pour sauver les gens,
46:26c'est quelque chose qui nous passionne.
46:30Ce qui nous plaît, c'est d'être utile, avant tout,
46:33et d'être à un instant T
46:35où les choses peuvent basculer positivement ou négativement.
46:38L'idée, c'est vraiment d'être présent en tant qu'humain
46:41auprès d'un humain qui est en souffrance,
46:42parce que l'urgence, c'est pas qu'une souffrance physique,
46:44c'est aussi une souffrance psychologique.
46:46Mais cette passion de l'urgence a un prix.
46:49Je sacrifie beaucoup de choses à ma passion, ça, c'est sûr.
46:52Je pense que l'une des grandes sources de difficulté dans le couple,
46:55c'est l'urgence pour tous les 2.
46:57On a un point commun sur ça.
46:59Moi, ça m'est arrivé plusieurs fois d'inviter des gens à la maison
47:01et que l'apéritif se fasse sans moi,
47:03que la côte de bœuf se fasse sans moi,
47:05et j'ai juste eu l'os à ronger en rentrant.
47:08Une passion sans faille qui leur vaut les plaisanteries de leurs collègues.
47:12Et un surnom.
47:15Ils sont mi-blanc, mi-rouge.
47:16Nous, on est radis.
47:18Ils sont radios.
47:19On est radis.
47:20Un radis, c'est 2 couleurs, c'est blanc et rouge.
47:22Et nous, on a 2 couleurs, on est blanc et rouge.
47:26Eric, l'agriculteur, est emmené aux urgences,
47:29où l'équipe médicale effectue rapidement des radios du bras fracturé.
47:33Au niveau du radius cubitus,
47:35on n'a pas de fracture évidente.
47:39Donc, on a une magnifique fracture de l'humérus,
47:42comme on le pensait.
47:45Finalement, il n'a qu'une seule fracture sévère.
47:48Charles en informe son patient.
47:50A priori, il n'y a que l'humérus.
47:52En l'instant, c'est pas trop mal.
47:54Non, mais...
47:55Oui, oui, oui, il m'en sort bien.
47:57Ça aurait pu être pire.
47:58Je pourrai être amice, moi, à vous.
47:59Et puis, il me pensera, nous, en travaillant avec un seul bras.
48:01Merci.
48:02Au revoir.
48:03Au revoir, monsieur.
48:06C'est un coup dur pour Eric,
48:08qui s'occupe seul de son exploitation agricole.
48:36Après son opération,
48:37Eric ne restera que quelques jours à l'hôpital.
48:43Nous le retrouvons 2 semaines plus tard dans sa ferme.
48:46Le souvenir de son accident est encore douloureux.
48:53Voilà l'engin.
48:54Le relevage ne voulait plus remonter.
48:56Je suis descendu, j'ai passé le bras derrière
48:58pour voir s'il y avait rien de défait.
48:59Et mon relevage est remonté d'un coup.
49:02J'ai entendu mon bras casser, quoi.
49:04Il n'y avait rien à faire.
49:05Ça ne voulait pas descendre, quoi.
49:07C'est horrible, c'est atroce.
49:09On ne voit plus rien, quoi.
49:10On se dit, c'est la fin, quoi.
49:13Heureusement pour Eric,
49:14un ami venait lui rendre visite.
49:17C'est lui qui l'a sauvé.
49:20En dehors du traumatisme,
49:21l'accident a aussi des répercussions sur sa vie professionnelle.
49:26Il a dû embaucher Aurélien,
49:27un ouvrier agricole, pour le remplacer.
49:30Une charge financière très lourde.
49:32Je n'ai pas le choix.
49:33On va...
49:34On va se priver sur certaines choses, quoi.
49:36Pour pouvoir payer la personne, quoi, aujourd'hui.
49:38C'est un coup dur.
49:39Oui.
49:40Puis un coup, on ne s'y attend pas, quoi.
49:41J'ai créé un outil qui me plaît, quoi.
49:43Donc il n'est pas question de baisser les bras pour...
49:47Après un accident, quoi.
49:49Il ne faut pas s'arrêter, quoi.
49:50Il faut...
49:51Mais bon, pour moi, c'est une année qui fera vite oublier, quoi.
49:54Aurélien, on va au café ?
49:56Allez, c'est parti.
49:57Oublié ce mauvais souvenir,
49:59mais Eric se souviendra sûrement longtemps
50:01que les médecins ont sauvé son bras.
50:04En 2017, les équipes du SAMU 72
50:07ont réalisé plus de 3 200 interventions.
50:11Un engagement au quotidien pour aider les autres.

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