- 12/04/2024
De passage dans les Alpes-Maritimes, la ministre de l'Education nationale accorde un entretien exclusif au Groupe Nice-Matin. Violences à l'école, laïcité, groupes de niveaux... Elle dit ses vérités sans faux-semblant.
Nicole Belloubet est l'invitée de ce numéro exceptionnel de l'émission "L'Interview à la une".
Interrogée dans le studio du Groupe Nice-Matin par Denis Carreaux, directeur des rédactions, Christian Huault, rédacteur en chef et Lionel Paoli, reporter politique, elle évoque notamment la fermeture administrative qui frappe le collège musulman Avicenne à Nice.
La ministre revient sur la polémique autour des groupes de niveaux - qu'elle nomme "groupes de besoins -, dévoile ses mesures pour lutter contre les violences en milieu scolaire et décline ses ambitions pour les élèves.
Nicole Belloubet est l'invitée de ce numéro exceptionnel de l'émission "L'Interview à la une".
Interrogée dans le studio du Groupe Nice-Matin par Denis Carreaux, directeur des rédactions, Christian Huault, rédacteur en chef et Lionel Paoli, reporter politique, elle évoque notamment la fermeture administrative qui frappe le collège musulman Avicenne à Nice.
La ministre revient sur la polémique autour des groupes de niveaux - qu'elle nomme "groupes de besoins -, dévoile ses mesures pour lutter contre les violences en milieu scolaire et décline ses ambitions pour les élèves.
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NewsTranscription
00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de
00:15 Nice Matin.
00:16 Notre invitée aujourd'hui, Nicole Belloubet, ministre de l'Education Nationale.
00:20 Bonjour Nicole Belloubet.
00:21 Bonjour Monsieur.
00:22 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:24 Nous vous interrogerons avec Christian Hurot, rédacteur en chef, et Lionel Paoli, reporter
00:29 politique du groupe Nice Matin.
00:30 Nicole Belloubet, vous étiez ce matin en visite à l'école Massé à Nice où vous
00:35 avez évoqué entre autres la question de la sécurisation des écoles.
00:38 Est-ce que tout est vraiment mis en œuvre pour que la sécurité de chacun y soit assurée?
00:44 C'est notre volonté.
00:46 Je pense, comme tous les Français, que les enfants ont besoin de se sentir en sécurité
00:53 dans un établissement scolaire pour bien apprendre et que leurs enseignants, et plus
00:58 largement l'ensemble de la communauté éducative, a besoin de cette sécurité pour bien accomplir
01:04 sa mission.
01:05 Et donc la sécurité pour moi, c'est une exigence forte, c'est la condition d'un
01:10 enseignement réussi.
01:11 Donc effectivement, nous prenons et nous avons pris déjà, puisque je m'inscris
01:15 quand même dans le travail de mes prédécesseurs, mais nous prenons toutes les dispositions
01:20 pour éviter que des drames tels que ceux qui ont pu se produire dans certains établissements
01:25 scolaires se reproduisent.
01:27 Peut-être aurais-je l'occasion de développer dans un instant ce que sont ces mesures.
01:32 On a tous en tête ces drames.
01:34 Mardi, un ancien élève a réussi à s'introduire au lycée Claré à Toulon grâce à son ancien
01:39 carnet de correspondance.
01:40 Une intrusion heureusement sans conséquence, même si les élèves ont été confinés.
01:45 Comment ce type d'incident est-il encore possible six mois après l'assassinat de
01:50 Dominique Bernard?
01:51 Je crois que dans la sécurisation extérieure des bâtiments, il y a beaucoup d'éléments
01:57 à prendre en compte.
01:59 Il y a d'abord la nécessité d'avoir des boutons d'alarme.
02:04 Alors dans certains établissements, je pense à des collèges que j'ai pu visiter, ces
02:08 boutons sont plaqués sur les murs.
02:10 Les enseignants, les personnels savent où ils se trouvent.
02:14 Dans d'autres établissements, comme ce que nous avons vu ce matin, ils sont autour
02:18 du cou des directeurs ou directrices d'école.
02:21 Donc il y a ce premier élément de la sécurisation physique, mais elle peut également se réaliser,
02:28 cette mise en sécurité, par des systèmes de caméras que j'ai pu voir qui sont sur
02:32 la voie publique.
02:33 Cela existe dans divers lieux.
02:35 Et également par la présence d'adultes qui, aux abords des établissements, permettent
02:41 d'en sécuriser l'entrée aux abords ou bien à l'entrée des établissements.
02:45 J'ai visité tel collège où il y avait évidemment une gardienne qui, à la loge
02:51 de l'entrée, opérait la vérification de celles et ceux qui y entraient.
02:55 Donc sécurisation physique à l'entrée des bâtiments.
02:57 Je n'exclus pas qu'il puisse y avoir des failles, ici ou là, mais c'est la raison
03:02 pour laquelle nous avons demandé, en réunissant autour de nous les préfets, les recteurs
03:09 et les procureurs généraux, nous avons demandé, Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin et
03:13 moi-même, aux préfets, aux recteurs, aux procureurs généraux, de travailler établissement
03:19 par établissement pour envisager les mesures de sécurité nécessaires.
03:22 Mais tel cas, parce qu'il y a eu une réunion hier dans le Var à ce sujet.
03:26 Absolument, puisque chacun des préfets va décliner cela.
03:29 Il y a d'autres technologies à la suite de l'intrusion de mardi.
03:32 La vice-présidente de la région, Véronique Boré, a demandé qu'on puisse lever le
03:37 tabou autour de l'utilisation de la reconnaissance faciale au lycée.
03:41 Que lui répondez-vous ?
03:42 Je ne sais pas s'il faut aller jusque-là.
03:45 Ce que j'observe, c'est que dans certains établissements, que là encore j'ai pu
03:49 visiter dans la région aquitaine, la région a mis en place des caméras à l'intérieur
03:57 de l'établissement, qui permet non pas de la reconnaissance faciale, mais qui permet
04:02 de voir exactement ce qui se passe dans chacun des couloirs, dans chacun des angles morts.
04:06 Et la région me disait à quel point cela avait réduit d'une part les risques de confrontation
04:15 entre les élèves et d'autre part les risques de dégradation du bâtiment.
04:19 Donc je pense qu'il y a des niveaux de réflexion qui méritent d'être poursuivis.
04:23 Mais je n'ai pas d'hostilité, moi, à ce que l'on puisse regarder par un système
04:27 de caméras ce qui se passe dans les couloirs des établissements.
04:30 Les établissements scolaires ont été visés ces dernières semaines par des menaces d'attentat,
04:35 les espaces numériques de travail, les messages réinterne des établissements ont été suspendus.
04:40 Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'on n'est pas suffisamment préparé
04:43 à ce type de menaces ? Cela veut dire plusieurs choses.
04:47 Les messages qui sont des messages très, des messages cyber malveillants qui portaient
04:52 des menaces d'attentat terroriste.
04:55 Il y en a eu énormément dans les Alpes-Maritimes ?
04:57 Oui, il y en a eu, écoutez, il y en a eu dans une vingtaine d'académies.
05:00 Donc il y en a eu beaucoup.
05:01 On a recensé à peu près 400 établissements, un peu plus.
05:05 Donc oui, il y a eu ces menaces et elles sont entrées par les comptes des élèves.
05:11 Ce sont des comptes des élèves qui accèdent à ces espaces numériques de travail qui,
05:15 je le rappelle pour celles et ceux qui nous écoutent, sont des plateformes qui font le
05:20 lien entre l'école, enfin le lycée, le collège et les élèves et leurs professeurs.
05:25 Donc les personnes qui ont eu ces comportements intrusifs sont entrées par les comptes.
05:30 Donc nous avons décidé pour calmer cela, pour arrêter cela, de suspendre les messageries.
05:36 Pas la plateforme, mais les messageries.
05:37 Et puis nous nous sommes donné les vacances de printemps pour d'une part réinitialiser
05:44 les mots de passe, tous les mots de passe, pour d'autre part faire passer des consignes
05:48 de sécurité parce que nos jeunes parfois laissent traîner leur code d'accès, leurs
05:53 comptes.
05:54 Et nous allons à plus long terme complètement reprendre l'authentification de ces différents
05:59 comptes, peut-être par d'une double authentification, c'est ce que nous sommes en train d'étudier
06:03 avec les régions et les départements qui ont évidemment parfaitement joué le jeu
06:07 avec nous.
06:08 J'avais eu un contact avec Carole Delga, la présidente de l'ARF, avec François
06:13 Sauvadet, le président de l'ADF, et nous étions d'accord sur le fait qu'il fallait
06:15 arrêter à un moment donné pour couper ce type de démarche et reprendre les choses
06:21 plus sereinement.
06:22 Vous avez annoncé la création d'une force mobile scolaire qui interviendra dans les
06:26 établissements scolaires qui se retrouveraient avec des difficultés.
06:30 Cette force mobile, quand sera-t-elle opérationnelle ?
06:32 Peut-être puis-je vous rappeler, monsieur, qu'il existe déjà au niveau des académies
06:38 des équipes mobiles de sécurité.
06:40 Là c'est une force nationale ?
06:42 Là c'est une force nationale que je surajoute aux équipes mobiles parce que voyez-vous
06:46 quand il se passe les incidents tels que ceux que vous avez décrits, c'est-à-dire des
06:49 messages de nature terroriste qui parviennent dans les établissements, cela crée 1) de
06:54 l'émotion, 2) de la peur et puis nous devons assurer la mise en sécurité des établissements.
07:00 Donc nous avons un concours des forces de police qui viennent faire ce qu'on appelle
07:03 une levée de doute, c'est-à-dire voir si oui ou non les bombes qui sont annoncées
07:06 dans les messages n'existent pas, donc ils viennent dans les établissements.
07:09 Mais après ces établissements ont besoin d'être accompagnés pendant quelques temps
07:13 par des personnes qui sont des personnes du monde éducatif, ce ne sont pas des policiers,
07:18 mais qui vont venir assurer la sécurité dans l'établissement.
07:21 Donc lorsque les équipes mobiles académiques sont trop sollicitées, il nous a semblé
07:25 important d'avoir une force mobile nationale, une force mobile scolaire qu'on pourra projeter
07:30 sur l'ensemble du territoire du pays pour aider des établissements qui seraient en
07:34 difficulté.
07:35 Là encore ce sont des conseillers d'éducation, ce peuvent être des psychologues, ce peuvent
07:38 être des assistants d'éducation qui viendront apporter leur concours à un établissement
07:42 qui serait en difficulté.
07:43 Ils resteront au 15 jours, 3 semaines pour redonner le démarrage à cette force.
07:47 Et cette force elle sera prête quand ? 1er septembre.
07:49 Mercredi après-midi, après les drames de Montpellier et de Viry-Châtillon, le sénateur
07:56 LR de l'Essonne, Jean-Raymond Huguenet, a interpellé le gouvernement.
08:00 On l'écoute.
08:01 Au-delà des éternelles déclarations médiatiques, au-delà d'une fermeté de façade qui ne
08:08 trompe plus personne, au-delà du gigantesque déni idéologique qui paralyse l'action
08:15 politique, au-delà des sempiternelles déclarations solennelles du président de la République
08:19 jurant "la main de l'Etat ne tremblera pas, l'école doit rester un sanctuaire alors
08:26 qu'elle est devenue un coupe-gorge", qu'allez-vous enfin entreprendre en profondeur, Monsieur
08:32 le Premier ministre, avec l'aide de votre gouvernement pour lutter contre ce qui n'a
08:36 plus rien à voir avec la fatalité ?
08:39 Alors l'école un coupe-gorge, les mots sont violents, qu'est-ce que vous répondez à
08:43 ça ?
08:44 Je suis heureuse, Monsieur, qu'il ait utilisé ce terme.
08:47 Je ne suis absolument pas dans le déni du réel, parce qu'il est vrai que l'école,
08:53 au fond, c'est le réceptacle de tout ce qui se passe à l'extérieur de la société,
08:58 mais en même temps l'école doit être et est une antidote à cette violence qui est
09:03 partout dans notre société.
09:04 Donc dire que l'école est un coup-gorge, c'est pour moi faire insulte aux enseignants.
09:09 Je ne dis même pas faire insulte à la ministre, parce que ça c'est secondaire, mais c'est
09:14 faire insulte aux enseignants, à la communauté éducative, au personnel des collectivités
09:19 qui sont dans l'établissement.
09:20 Honnêtement, ça n'est pas sérieux.
09:22 Ça n'est pas sérieux et moi je dis à Monsieur le Sénateur que nous sommes vraiment en permanence
09:29 dans la recherche d'actes et dans l'accomplissement d'actions.
09:32 Lorsque je vous parle de ces équipes mobiles de sécurité, lorsque je vous parle des équipes
09:38 Valeurs de la République qui sont constamment présentes auprès des enseignants pour redire
09:43 quelle est la laïcité, lorsque je vous parle de formation, lorsque je vous parle de présence
09:48 des forces de police, lorsque je vous parle de déploiement d'un bouclier juridique pour
09:53 aider nos enseignants, c'est-à-dire protection fonctionnelle, l'État qui porte plainte à
09:58 leur côté.
09:59 Bref, ce ne sont pas des paroles, ce sont des actes et je veux bien que Monsieur le Sénateur
10:06 vienne avec moi dans un établissement scolaire.
10:08 Il verra que nous déployons ces actes.
10:11 Alors, le Premier ministre a donné une interview à la presse quotidienne régionale le samedi
10:15 dernier à laquelle nous assistions.
10:16 Il a annoncé des mesures fortes pour endiguer la violence chez les jeunes et parmi les mesures,
10:19 on parle également, pour répondre aux comportements d'enfants de plus en plus jeunes, la création
10:23 de conseils de discipline à l'école primaire.
10:25 Est-ce que c'est vraiment adapté ce type de conseils de discipline pour des enfants
10:29 de moins de 10 ans Madame la Ministre ?
10:30 Je pense qu'il y a une double réponse Monsieur sur ce sujet-là.
10:34 Moi je pense, comme sûrement beaucoup de nos concitoyens, que tout fait, même à l'école
10:42 primaire, mérite une réponse.
10:45 C'est indiscutable.
10:47 Je dirais pour vraiment paraphraser le Premier ministre, tu casses, tu répares.
10:54 Donc ça, je suis absolument certaine de cela.
10:56 Tout fait mérite une réponse.
10:58 Après, le niveau de la réponse peut varier évidemment en fonction des faits.
11:03 Soit c'est une petite incivilité, soit c'est plus grave.
11:07 Bref, il y a des niveaux de réponse qui peuvent varier.
11:09 Et évidemment, dans ces niveaux de réponse, il y a des sanctions éducatives, bien entendu,
11:14 que l'on peut prendre.
11:15 Mais elles existent, enfin, il y a déjà une gamme de sanctions.
11:19 Je me permets également de rappeler que depuis le mois d'août dernier, un décret a été
11:25 pris par Gabriel Attal d'ailleurs, permettant qu'un enfant qui porte atteinte à la santé
11:34 ou à la sécurité de ses camarades fasse l'objet d'une exclusion de l'école où
11:39 il était inscrit et soit rescolarisé ailleurs avec un accompagnement spécifique.
11:44 Donc c'est une sanction forte que celle de l'exclusion.
11:47 Elle vient répondre à des faits de harcèlement que l'on pourrait éventuellement constater.
11:51 Mais il est difficile d'aller plus loin sur un enfant de moins de 10 ans qu'une
11:53 procédure d'exclusion.
11:54 Ce que je voudrais ajouter, ce sera le dernier point, c'est que dans les procédures que
12:00 l'on peut mettre en place, c'est très important, je crois, d'associer les parents.
12:06 Même s'il s'agisse d'une maman célibataire ou d'un père seul, peu importe, c'est
12:12 très important d'associer les parents.
12:15 Parce qu'il faut que face au fait qui a été commis, l'école et les parents répondent
12:21 d'une même voie.
12:22 Donc moi je pense très important que dans la procédure que l'on peut mettre en place,
12:26 les parents devront être associés.
12:28 Parmi vos préoccupations affichées, il y a évidemment les atteintes à la laïcité
12:32 qui n'épargne pas les écoles bien sûr.
12:34 Un premier point sur le port de la baïa, est-ce que les incidents s'entendent baisse
12:38 depuis la circulaire à Thal ?
12:39 Très fortement.
12:40 Très fortement et heureusement.
12:43 Et c'est la preuve que lorsque nous conduisons une politique ferme, la réponse vient immédiatement.
12:52 Les conséquences sont immédiatement perceptibles.
12:55 Au moment où nous parlons, la question de la baïa n'est vraiment plus une question
13:00 qui est importante à l'école.
13:02 Et donc les atteintes à la laïcité ?
13:03 Alors les atteintes à la laïcité sont nombreuses.
13:06 Elles sont plus insidieuses peut-être que les atteintes qui visuellement sont fortes
13:13 comme le port d'un signe manifestant une appartenance ostensible à une religion.
13:19 Ça, ce sont des phénomènes que nous pouvons immédiatement percevoir et sur lesquels nous
13:24 pouvons immédiatement réagir.
13:26 Ce qu'a fait formidablement le proviseur du lycée Ravel à Paris en demandant tout
13:30 de suite, il s'agissait d'un voile, en demandant tout de suite à l'élève d'ôter
13:35 son voile.
13:36 Mais quand je vous parle d'atteintes plus insidieuses à la laïcité, je veux parler
13:40 là d'atteintes qui se produisent durant les enseignements où un élève va venir
13:46 contester le fait que la Terre est ronde, où aura sa propre opinion sur la création
13:52 du monde, sur les origines du monde et qui peuvent évidemment prendre à contre-pied
13:57 nos enseignants.
13:58 Et c'est la raison pour laquelle je pense que nous devons faire porter notre effort
14:01 sur ce point en accompagnant s'ils le veulent nos enseignants par des cellules d'appui
14:07 pédagogique.
14:08 Je voudrais aussi dire une dernière chose qui m'a beaucoup frappée.
14:11 J'étais hier dans la Vienne, je ne viens pas hélas tous les jours à Nice, j'étais
14:16 hier dans la Vienne et des directrices d'école me disaient que les parents, parfois pour
14:21 des toutes petites classes, contestaient par exemple le fait qu'on fasse mettre les garçons
14:26 et les petites filles en rang et qu'ils se tiennent la main.
14:29 Parce qu'ils contestaient le fait qu'un petit garçon puisse tenir la main d'une
14:34 petite fille.
14:35 Nous ne devons pas céder, nous ne devons pas céder.
14:38 L'égalité, la mixité, la laïcité, c'est ce qui fonde l'école de notre République.
14:43 Et je mesure à quel point les difficultés sont fortes pour nos enseignants, mais moi
14:48 je serai toujours à leur côté, au-delà des maux, en étant s'il le faut physiquement
14:52 présente moi-même dans une école qui subirait des difficultés de ce type.
14:56 Alors nous sommes à Nice, vous êtes à Nice aujourd'hui et sur vos recommandations,
15:00 il y a quelques semaines, le préfet des Alpes-Maritimes a pris un arrêté de fermeture
15:03 administrative contre le collège musulman à Vicennes, qui accueille depuis 2015 à
15:07 Nice une centaine d'élèves.
15:08 Il reproche à cet établissement privé hors contrat un financement opaque, contraire
15:13 à la loi antiséparatisme.
15:14 La direction du collège conteste et affirme avoir fourni toutes les pièces justificatives
15:18 et les pièces comptables pour sa défense.
15:20 Le contentieux va faire l'objet, lundi d'ailleurs, prochain d'une audience au tribunal administratif.
15:25 Madame la ministre, est-ce que vous maintenez vos accusations ? Et est-ce qu'elle justifie
15:28 vraiment que l'établissement ferme ses portes à la fin de cette année scolaire,
15:31 comme cela a été dit ?
15:32 Alors ce ne sont pas des accusations, ce sont des constats.
15:36 Il y a des règles dans notre pays, des règles qui diffèrent pour l'enseignement privé
15:40 selon qu'il est sous contrat ou hors contrat.
15:43 Il y a des règles qui s'appliquent, il y a une loi qui s'applique.
15:46 Et nous devons être en capacité de connaître les sources de financement des établissements
15:52 privés hors contrat.
15:53 Nous avons donc demandé à l'établissement scolaire quelles étaient ses sources de financement.
15:58 Après plusieurs mises en demeure, des réponses très partielles ont été apportées, voire
16:03 des absences de réponses, et c'est la raison pour laquelle le préfet des Alpes-Maritimes
16:09 a pris cette décision, en plein accord évidemment avec la rectrice de l'Académie, avec moi-même.
16:13 C'est un point factuel, et tant que nous n'aurons pas des réponses sur ce sujet-là,
16:20 eh bien la décision restera la même.
16:21 Vous avez raison de dire qu'un contentieux a été engagé.
16:24 La justice aura évidemment le dernier mot.
16:27 Alors le directeur de l'établissement dit-il vous envoyer une invitation pour que vous
16:30 puissiez le rencontrer en discuter.
16:32 Est-ce que vous avez reçu cette invitation ? Est-ce que vous comptez y répondre ?
16:34 Alors d'une part je n'ai pas reçu cette invitation, mais je ne veux pas dire ici
16:39 qu'il ne l'a pas envoyée, parce que je reçois énormément de courriers, et donc
16:44 il y a peut-être eu des filtres, mais au moment où je vous parle, je n'ai pas reçu
16:47 cette invitation.
16:48 Et vous êtes prête à le rencontrer ?
16:49 Je suis prête à le rencontrer lorsqu'il aura répondu aux mises en demeure que nous
16:54 lui avons adressées, et de toute façon je ne rencontre pas les parties avec lesquelles
16:58 nous avons un contentieux, ce qui est le cas là.
17:00 Nous attendrons que la justice s'est tranchée.
17:02 On passe peut-être au prof.
17:05 Si vous voulez bien sûr.
17:07 Alors en mars 2005, on repart un peu dans le passé, vous étiez à l'époque rectrice
17:12 de l'académie de Toulouse et vous avez démissionné de votre poste.
17:15 Et vous avez envoyé à l'époque un courrier au cadre de l'académie, et vous écriviez
17:19 ceci "la raison de ma démission réside dans la difficulté de plus en plus certaine
17:23 à assurer une continuité dans le discours pédagogique que j'ai porté, et dans la
17:27 capacité à affirmer une cohérence entre des ambitions affichées et des actes posés
17:31 concrètement".
17:32 Aujourd'hui vous avez le sentiment qu'il y a une meilleure cohérence entre les mots
17:35 et les actes ?
17:36 Alors, si je repars moi aussi en arrière, la raison de ma démission, elle était vraiment
17:43 de nature pédagogique.
17:44 C'est-à-dire que j'avais énormément travaillé avec les cadres de l'académie,
17:48 les chefs d'établissement, sur ce que l'on appelait à l'époque les travaux
17:51 personnels encadrés.
17:53 C'est-à-dire des travaux que les élèves devaient conduire en coopération avec d'autres
17:57 élèves au lycée et ont commencé au collège.
18:00 Nous avions eu un tel investissement et il me semble qu'à l'époque il y avait
18:05 eu une rupture dans le discours par rapport à cet investissement que je n'avais pas
18:10 cru pouvoir continuer la mission que j'exerçais alors parce que j'avais vraiment engagé
18:14 des équipes complètes sur ce processus et qui prenaient fin.
18:18 Il me semble qu'aujourd'hui on a une cohérence dans le discours que nous portons
18:22 pour l'école.
18:23 Cette cohérence, de mon point de vue, elle est double, triple peut-être.
18:28 Première cohérence, c'est ce que l'on appelle le choc des savoirs, c'est-à-dire
18:32 l'idée d'élever tous nos élèves vers un meilleur niveau scolaire.
18:37 Il me semble que nous commençons à avancer en ce sens.
18:40 C'est ensuite l'idée, me semble-t-il également très importante, de permettre
18:45 à nos élèves de mieux se situer dans leur avenir, c'est-à-dire d'avoir des choix
18:50 d'orientation, vraiment de construire leur futur.
18:54 Et puis c'est aussi ce que nous avons vu aujourd'hui, le bien-être à l'école,
18:58 avec peut-être une réflexion sur l'organisation du temps scolaire qui devra être conduite.
19:02 A la rentrée dernière, il manquait encore plusieurs milliers d'enseignants dans les
19:06 écoles et dans les collèges et lycées.
19:07 Pour résorber ce déficit, l'Education nationale a fait appel à des contractuels,
19:11 même à des candidats qui n'avaient pas eu le concours.
19:12 Nicole Bédoubi, comment est-ce qu'on peut faire pour régler définitivement cette
19:16 problématique du nombre d'enseignants insuffisant visiblement en France ?
19:20 Alors c'est une problématique que je connais et qui est une de mes préoccupations.
19:24 Parce que je sais les difficultés que connaissent les académies pour remplacer des enseignants
19:31 qui sont parfois absents sur des congés longs, même si, vous savez, nous remplaçons près
19:36 de 95% de nos enseignants qui sont en congés longs.
19:39 Mais nous avons aussi des difficultés dans les remplacements courts.
19:42 Bref, tout cela pour vous dire que je ne nie pas les difficultés qui existent quant aux
19:46 remplacements.
19:47 Ce qui crée ces difficultés, c'est la moindre attractivité de notre métier, de
19:53 nos métiers d'enseignants.
19:54 Et c'est la raison pour laquelle, et je crois vraiment que c'est la solution, nous
19:59 avons décidé, et le président de la République et le Premier ministre ont vraiment porté
20:02 ce dossier, nous avons décidé de revoir l'entrée dans la carrière d'enseignant.
20:08 Et donc là où il y avait jusqu'à présent un concours à Bac+1 qui était possible,
20:13 nous avons décidé de faire un concours à Bac+3, c'est-à-dire au niveau de la licence,
20:17 après une formation qui soit clairement identifiée vers le professora, notamment le professora
20:22 des écoles.
20:23 Cela ne veut pas dire qu'on refusera tous les jeunes qui ont fait une licence d'anglais,
20:26 de maths, etc. pas du tout.
20:27 Mais on aura des filières clairement identifiées.
20:30 Un concours à Bac+3 qui permettra immédiatement à ces jeunes qui auront le concours d'entrer
20:36 dans la carrière professorale, d'abord en étant stagiaire, puis ensuite en étant fonctionnaire
20:43 stagiaire, en étant rémunéré et en préparant un master dans le même temps.
20:47 Oui parce qu'il y a aussi une problématique de revalorisation salariale que réclament
20:50 les étudiants.
20:51 Alors la revalorisation salariale, je n'en nie pas l'importance, mais il faut dire que
20:55 les débuts de carrière de nos enseignants ont été revalorisés de manière importante.
20:59 Là où nous étions en queue de peloton dans les pays de l'OCDE, nous sommes aujourd'hui
21:05 au-dessus de la moyenne.
21:06 Un enseignant est passé de 1700 euros en 2017 à aujourd'hui plus de 2100 euros net
21:12 lorsqu'il commence sa carrière.
21:13 Il y a eu une importante revalorisation des débuts de carrière.
21:17 Nous avons également une revalorisation des fins de carrière.
21:19 Nous devons travailler sur les milieux de carrière qui, c'est vrai, méritent toute
21:23 notre attention.
21:24 L'État a été condamné mercredi par le Conseil d'État pour le non remplacement
21:28 de professeurs absents.
21:30 La sanction est modeste.
21:31 Par le tribunal administratif.
21:32 Par le tribunal administratif, excusez-moi.
21:34 Il reste encore un espoir.
21:36 La sanction est de 150 euros pour 8 familles des Yvelines.
21:40 Elle n'est pas énorme mais est-ce que ce n'est pas un camouflet pour l'éducation nationale ?
21:45 Alors, si vous voulez, tout dysfonctionnement de notre école n'est pas un camouflet mais
21:52 c'est une blessure.
21:53 Je n'ai pas à commenter la décision du tribunal administratif qui, au demeurant,
22:01 n'est pas une décision nouvelle.
22:02 Ce n'est pas la première fois que l'État est condamné pour ce type de difficultés.
22:06 Mais cela montre exactement ce que je disais tout à l'heure.
22:08 C'est que oui, nous avons des difficultés à remplacer certains de nos enseignants absents.
22:14 Pas dans toutes les disciplines, pas partout, mais dans certaines académies comme à Créteil,
22:18 par exemple, nous avons des difficultés fortes.
22:20 Donc pour nous, la solution, c'est les concours parce que je suis persuadée que ça apparaîtra
22:25 vraiment cette refonte de la formation comme une voie d'excellence et que cela draînera
22:29 plus de jeunes vers nos concours et que nous pourrons pourvoir tous nos concours, pourvoir
22:33 toutes les places, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
22:35 L'autre, pardonnez-moi, je suis un tout petit peu longue, mais l'autre manière d'y répondre,
22:39 c'est effectivement le recrutement de personnels contractuels mais qui sont sélectionnés.
22:44 Ils n'arrivent pas comme ça par hasard.
22:45 Ce sont des personnels qui passent devant une commission, qui ensuite ont une formation.
22:49 Certains d'entre eux vont être rémunérés dès le mois de juin en français et en maths
22:54 au collège pour qu'on soit sûr qu'ils soient là en sixième.
22:56 Bref, nous déployons toute notre énergie pour faire qu'à la rentrée, il y ait un
23:00 professeur devant les élèves.
23:01 Alors, Madame Belloubet, des questions qui sont parfois certes complexes mais auxquelles
23:04 on va vous demander des réponses assez brèves.
23:06 Les résultats des évaluations en cours préparatoire sont tombés hier, les résultats en français
23:10 et en maths sont stables, mais les élèves issus de milieux défavorisés sont toujours
23:14 à la peine comme ils l'étaient auparavant.
23:15 Est-ce que ça veut dire que les mesures qui ont été prises pour le dédoublement des
23:18 classes dans les REP+ ont été inefficaces ?
23:20 Non, pas du tout, parce que vous faites allusion aux évaluations de CP et de mi-CP, évaluations
23:27 qui au demeurant, vous le dites, ne sont pas mauvaises, puisqu'elles montrent que notamment
23:32 à mi-CP, les élèves entrent bien dans les apprentissages de français comme de maths.
23:38 Et pourquoi je répondais non à votre observation lorsque vous me demandiez si les mesures qui
23:43 ont été prises depuis 2017 avaient un impact ? Parce que ce n'est pas les évaluations
23:46 de CP qu'il faut regarder pour voir si les mesures prises depuis 2017 ont eu un effet,
23:52 ce sont les évaluations de sixièmes, puisque aujourd'hui nous arrivons, les élèves
23:57 qui sont en sixièmes passent les évaluations de sixièmes et ont pu bénéficier de ces
24:02 dédoublements.
24:03 Et nous observons qu'en français et en maths, il y a un écart positif de 6 points
24:08 en français ou de 7 points et de 4 points en maths, ce qui montre que ces dédoublements
24:13 conduits par mes prédécesseurs ont eu un effet positif.
24:16 Moi je pense que nous devons continuer ce travail, mais il faut évidemment que nous
24:21 veillions à ce que un CP dédoublé fasse aussi l'objet d'une pédagogie différenciée
24:26 selon le niveau et les besoins des élèves.
24:28 Alors dans l'actualité il y a également ces fameux groupes de niveau que vous appelez
24:31 les groupes de besoin, ces groupes-là, pas une seule voix parmi les enseignants ne s'est
24:36 élevée pour les défendre.
24:37 Est-ce que vous pensez qu'on peut porter un projet comme ça et le défendre contre
24:41 l'avis général ?
24:42 Je ne partage pas non plus votre avis, c'est-à-dire que je pense que…
24:46 Qui le soutient ? Quel groupe d'enseignants le soutient ? Quel syndicat ?
24:50 Ce n'est pas des groupes, je ne vais pas vous dire des groupes, je vais moi dans des
24:53 établissements…
24:54 Pas un seul syndicat le soutient ?
24:55 Non, non, ce n'est pas exact.
24:56 Lorsque vous regardez l'UNSA ou d'autres syndicats, ils admettent, lorsqu'on présente
25:02 la manière dont ces groupes seront mis en place, ils admettent que cela peut apporter
25:07 des points positifs et je trouve que c'est important.
25:09 Je n'ai pas dit qu'ils nous donnaient un blanc-seing, ce n'est pas ce que je
25:12 dis, je ne veux pas dresser ici les uns contre les autres, mais laissez-moi 30 secondes pour
25:17 vous dire que ces groupes de besoins vont nous permettre en 6e et en 5e de prendre des
25:22 élèves en groupe, en français et en maths, pour répondre à des besoins spécifiques
25:27 qui seront évalués à plusieurs reprises en 6e et en 5e, lorsqu'il y aura des retours
25:33 en classe entière et que ça nous permettra vraiment de répondre à leurs besoins.
25:36 C'est de la pédagogie différenciée.
25:38 J'ai un but, améliorer les résultats des élèves, une méthode de la pédagogie différenciée
25:43 et ce sont ces groupes de besoins qui vont nous permettre d'y répondre en maths et
25:46 en français.
25:47 Je crois que c'est une des réponses possibles.
25:49 Je refuse le tri social des élèves, je le dis ici clairement.
25:53 Vous pouvez avoir un élève qui est très bon en numération, en maths, et qui n'est
25:58 pas bon en géométrie.
25:59 Eh bien, en numération, il sera dans le groupe qui pourra aller de l'avant, en géométrie,
26:04 s'il est en difficulté, on va le prendre en petit groupe pour lui donner les compétences
26:08 qui lui permettront de progresser.
26:09 Mais tout cela suppose des effectifs que vous n'avez pas ?
26:11 Mais si monsieur, j'ai 2330 postes que nous allons déployer, qui ont été déployés.
26:17 Il faut que je trouve les enseignants.
26:19 Il y aura évidemment des professeurs titulaires mais également les autres personnels que
26:23 nous recrutons qui viendront devant les élèves.
26:26 Christian.
26:27 Autre sujet polémique, l'uniforme à l'école que l'on appelle la tenue unique dans l'établissement
26:30 scolaire qui doit commencer à la rentrée 2024.
26:33 À Nice, il y a quatre écoles primaires, trois collèges et un lycée professionnel
26:36 qui vont y participer.
26:38 Est-ce que vous pensez, Nicole Belloubet, réellement que ce genre d'initiative peut
26:41 aider à calmer un peu les choses et va trouver une utilité, notamment par rapport à la
26:46 différenciation et la violence à l'école ?
26:48 C'est une expérimentation, monsieur, que nous menons.
26:51 Donc je tiens à le redire ici clairement, c'est une expérimentation.
26:55 C'est-à-dire qu'à la rentrée prochaine, il n'y aura pas tous les élèves de toute
26:58 la France qui porteront une tenue unique.
27:01 C'est une expérimentation que nous voulons conduire dans une centaine d'établissements.
27:04 Nous allons nous faire accompagner par une équipe d'évaluateurs indépendants, universitaires,
27:09 qui va mesurer si, oui ou non, cette tenue unique apporte la sérénité, le calme, davantage
27:15 de respect tel que nous l'imaginons.
27:18 Et c'est en fonction de ce que nous dirons ces évaluateurs que nous verrons si nous
27:21 déployons sur l'ensemble des établissements cette expérimentation.
27:25 À la rentrée qui suivra.
27:26 Alors du CPOCM2, quatre millions d'élèves reçoivent ces jours-ci, à Nice c'était
27:30 ce matin, un livret pédagogique sur les Jeux Olympiques qui contient, chacun contient
27:34 une pièce de 2 euros qui est frappée à l'effigie des Jeux.
27:37 Coût d'opération quasiment 16 millions d'euros.
27:39 Est-ce que vous ne pensez pas que cet argent aurait pu être utilisé autrement et de façon
27:42 plus efficace ?
27:43 L'intérêt de ce livret pédagogique c'est de laisser une trace à nos jeunes sur ce
27:48 que représentent les valeurs de l'Olympisme.
27:50 C'est-à-dire qu'au-delà des mots, ils puissent garder ce livret et vous y trouver
27:54 dedans les valeurs de respect, de règles, de respect de la règle de l'Olympisme.
27:57 Bref.
27:58 C'est pas une opération de communication.
27:59 Et je termine juste en vous disant que ce n'est pas une opération de communication.
28:04 C'est une opération, je le redis, qui est porteuse de valeur.
28:06 Quant à la pièce de 2 euros, c'est une pièce qui est commune puisqu'elle sera ensuite
28:11 distribuée partout.
28:12 La monnaie nationale n'a pas tiré que pour les élèves, cette pièce.
28:16 Et je vous rappellerai simplement qu'un de nos anciens présidents de la République,
28:20 le président Mitterrand, avait procédé de la même manière en 1989 pour le bicentenaire
28:25 de la Révolution française en distribuant aux écoliers une pièce de 1 franc.
28:29 Le temps passe.
28:30 Votre visite dans les Alpes-Maritimes est sur le thème de la pratique sportive à l'école.
28:35 Vous avez d'ailleurs rencontré ce matin Didier Deschamps.
28:38 Est-ce que l'objectif de 30 minutes par jour de sport à l'école sera tenu ?
28:42 Il sera tenu.
28:44 Et d'ailleurs, il l'est déjà parce que d'après une enquête que nous avons conduite,
28:49 enquête auquel 60% de nos écoles ont répondu, il y a à peu près 91%
28:55 des écoles qui d'ores et déjà pratiquent cette activité physique et sportive.
28:59 D'autant que c'est une pratique qui ne nécessite pas beaucoup d'outils.
29:04 Il y a un kit, vous le dites, qui est déployé.
29:06 Mais on l'a vu, ça peut être pratiqué par des professeurs aussi bien pendant la
29:10 récréation que dans la classe.
29:12 Moi j'ai vu hier un prof de maths qui faisait du calcul mental en faisant ses 30 minutes.
29:20 Alors elle expliquait 19 + 3.
29:22 C'est ça, 22, très bien.
29:25 Donc c'était ludique et efficace.
29:28 En plus, je crois que les professeurs voient les bienfaits que procure cette activité.
29:33 Parlons un petit peu des écrans.
29:34 Dimanche dernier, sur France Info, vous avez émis l'idée d'une pause numérique.
29:39 Il s'agirait, dites-vous, d'imposer aux élèves de déposer leur portable à l'entrée
29:41 du collège.
29:42 Mais alors, petite question, l'usage du portable est déjà interdit dans les écoles
29:46 et dans les collèges.
29:47 Pourquoi est-ce qu'il ne suffirait pas de faire tout simplement respecter la règle
29:49 existante ?
29:50 C'est un peu cette idée et peut-être un peu au-delà.
29:53 Il y a une loi, évidemment, qui précise que l'usage des portables est interdit.
30:00 Dans la réalité, ce n'est pas toujours le cas.
30:03 C'est-à-dire que dans les cours de récréation, parfois dans les couloirs ou ailleurs, on
30:08 voit que certains de nos élèves ont leur portable à portée de main.
30:11 Eh bien, moi, je ne suis pas d'accord avec ça.
30:13 Je trouve que pendant le temps de l'école, on peut faire une pause numérique, on peut
30:18 s'abstraire de son portable.
30:19 Il faut aller plus loin de la règle existante.
30:20 Donc, il faut sans doute aller plus loin.
30:22 Peut-être qu'on pourrait imaginer avec le concours des collectivités locales que les
30:26 élèves puissent déposer leur portable à l'entrée de l'école pour ceux qui la porteraient.
30:30 Et puis, on pourrait imaginer également pendant ce temps-là, le temps pédagogique, de réinciter
30:35 à la lecture, de réinciter à lire ou tout simplement de réinciter à se parler, à
30:40 dialoguer, à comprendre l'autre.
30:42 Gabriel Attal a expliqué, a emmené avec lui la cause de l'école lorsqu'il est arrivé
30:47 à Matignon.
30:48 Emmanuel Macron en a fait d'une certaine manière son domaine réservé.
30:52 Est-ce que vous arrivez à trouver naturellement votre place à leur côté ?
30:55 Si je n'ai pas de place, pourquoi m'avez-vous invité ? C'est bien parce que j'ai une
30:59 place.
31:00 Je ne me sens absolument pas prise en étau si c'est l'idée que vous voulez développer.
31:04 Moi, j'ai beaucoup de fierté à travailler sous l'autorité du président de la République.
31:09 Et quand le président de la République parle de la formation des enseignants, je trouve
31:13 que pour l'école, c'est quelque chose d'extraordinaire.
31:15 Je trouve que c'est formidable que Gabriel Attal ait pris la cause de l'école à Matignon
31:23 parce que lorsqu'il s'intéresse à la manière dont nous pouvons déployer telle
31:27 mesure, c'est un atout pour moi.
31:29 Donc non, je ne me sens pas prise en étau.
31:31 Et oui, je me sens pleinement à ma place.
31:33 Alors avant de terminer, on passe à la question perso.
31:36 Oui, Madame Bédoubet, dans un portrait de Libération que Libération vous a consacré
31:47 en mars 2013, on apprend que vous rêviez de devenir chanteuse d'opéra et qu'il
31:51 vous arrivait, écrivent-ils, de chanter du balavoine à Tuttet pour vous donner du courage.
31:57 Est-ce que vous n'avez aucun regret pour cette carrière que vous n'avez pas faite ?
32:00 Comme elle n'a jamais été entamée, je n'ai pas de regret.
32:03 Puis de toute façon, d'une manière générale, je n'ai pas de regret.
32:06 En rien.
32:07 Mais j'aime chanter.
32:08 Aujourd'hui, c'est difficile parce que comme vous entendez, je suis un peu enrouée.
32:12 Mais j'aime chanter parce que je trouve que c'est un travail physique, le chant.
32:16 Quand on force un peu sa voix, c'est un travail physique qui prend le ventre, la gorge.
32:21 Je trouve que c'est une manière de dire quelque chose aussi avec son corps, avec sa
32:27 voix.
32:28 Ça traduit des émotions.
32:29 Et je suis passionnée par l'opéra.
32:30 Oui, c'est vrai.
32:31 Et par le balavoine aussi.
32:32 Être ministre, c'est un travail physique aussi ?
32:34 C'est un travail physique, monsieur.
32:36 Vous voyez la preuve ?
32:37 Il faut savoir à la fois vivre et survivre, en effet.
32:40 Très jolie conclusion, effectivement.
32:43 Oui, c'est physique parce qu'il faut de l'énergie, il faut de la volonté, il faut
32:48 de la force physique.
32:49 Mais il n'y a pas que moi qui suis engagée.
32:51 Lorsque je vois les collègues qui m'entourent à mon cabinet ou le principal que j'ai
32:56 vu à l'instant à Saint-Laurent-du-Var et ses équipes qui sont extraordinairement
33:01 engagées, il faut de la force physique pour tout et de l'énergie pour tout.
33:05 Merci beaucoup, Nicole Bellubé.
33:07 Merci à vous.
33:08 Merci à tous de nous avoir suivis.
33:10 Merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission, à
33:15 Christelle Benjamin pour sa préparation.
33:17 On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau rendez-vous de l'Interview à la
33:21 Une.
33:22 Bonne journée, bonne soirée et bon week-end à tous.
33:24 [Musique]
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