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Autisme : un nom pour combien de maladies ?
France Culture
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02/04/2024
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00:00
- Marguerite Caton, je vous salue ! - Bonjour Guillaume et bonjour à tous !
00:03
Aujourd'hui, c'est une journée internationale de sensibilisation à l'autisme.
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Oui, et pour explorer ces troubles encore mal connus, nous recevons exceptionnellement deux invités ce matin.
00:14
- Steph Bonobrié, bonjour ! - Bonjour !
00:17
Vous êtes vous-même une personne autiste, vous militez dans différentes associations,
00:20
notamment au sein de Paris, Personnes autistes pour une autodétermination responsable et innovante.
00:27
A vos côtés, Thomas Bourgeron, bonjour ! - Bonjour !
00:30
Neurogénéticien, vous êtes chercheur à l'Institut Pasteur, professeur à l'Université Paris Cité.
00:34
Vous avez publié en 2023 chez Odile Jacob "Des gènes, des synapses, des autismes".
00:40
Merci à tous les deux d'être venus ce matin.
00:42
Alors, il n'y a pas un autisme, mais des autismes ou des troubles du spectre de l'autisme.
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Qu'est-ce qui les rassemble, Thomas Bourgeron ? Quel est leur point commun d'un point de vue physiologique ?
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Alors, déjà d'un point de vue clinique, on peut dire que c'est surtout des difficultés dans les interactions sociales,
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dans la communication sociale et aussi la présence d'intérêts restreints, répétitifs et des stéréotypies.
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Donc ça, c'est ce qui rassemble un peu.
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Après, c'est vraiment autisme avec un S parce que c'est très, très différent d'une personne à l'autre,
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avec des intensités de difficultés différentes d'une personne à l'autre.
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Et puis, on dit c'est autisme plus parce que c'est rare que l'autisme arrive isolé.
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Il y a souvent ce qu'on appelle des co-occurrences, d'ailleurs de la déficience intellectuelle dans 30% des cas,
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des problèmes sensorimoteurs avec des hyperacousies, des problèmes gastrointestinaux, des problèmes de sommeil.
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Et c'est souvent ces problèmes qui sont aussi des problèmes majeurs pour les personnes et pour les familles.
01:42
Mais le trouble premier, le trouble principal, c'est dans le développement du cerveau.
01:50
C'est les synapses, je crois, qui sont pas clairement touchées.
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Ce qu'on a identifié il y a 20 ans maintenant, c'est qu'il y a une très forte contribution génétique
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et les gènes codent pour des protéines qui vont faire des contacts entre les neurones, ces fameuses synapses.
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Et donc, ces synapses sont probablement impliquées dans des circuits neuronaux
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qui vont être impliqués dans la reconnaissance des émotions, dans les aspects de filtrage de l'information.
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D'un point de vue clinique, Steph Bonobrié, Thomas Bourgeron a dit qu'il y avait des caractéristiques qu'on retrouvait,
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des difficultés de communication sociale, un isolement important, ce qu'on appelle des stéréotypies.
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De quoi s'agit-il ?
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La stéréotypie, au sens strict du terme, c'est des mouvements répétitifs, notamment sur le plan moteur.
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Après, c'est vrai qu'il faut aussi la distinguer. Il y a un corps commun, on va dire, dans l'autisme.
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Et puis, il y a une expression de l'autisme qui varie grandement d'une personne à l'autre,
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et notamment dans ces stéréotypies qu'on peut aussi parfois appeler autostimulations.
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Il va y avoir des personnes autistes qui peuvent être très envahies sur le plan des stéréotypies.
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Et puis, il va y avoir aussi des personnes qui expriment que parfois ces autostimulations peuvent aussi les réguler,
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voire les aider, notamment à se concentrer.
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Donc, il faut vraiment, en tout cas aujourd'hui, avoir une approche au niveau de ces mouvements répétitifs
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qui soit très objectivée, très bien analysée, pour savoir si, effectivement, c'est une façon pour les personnes autistes
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de trouver une sorte d'équilibre dans leur environnement.
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Ou au contraire, parce qu'il faut panier les deux aspects,
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elles peuvent être envahissantes et contribuer à une forme d'isolement ou une manifestation aussi parfois d'anxiété.
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Ça peut également arriver.
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Et comme ça va aussi dans ce corpus-là avec des intérêts particuliers,
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on s'est aussi rendu compte que ces intérêts, dits même restreints, peuvent parfois aussi être une force,
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notamment dans certains métiers.
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Donc aujourd'hui, ce qu'on essaye de voir, c'est qu'alors que ça a longtemps été vu comme uniquement finalement un aspect déficitaire,
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tous ces aspects d'auto-stimulation, d'intérêts restreints,
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aujourd'hui on essaye aussi d'être un peu plus objectif et de voir si, parfois, ça peut être aussi des leviers
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dans certains domaines ou certains aspects de la vie des personnes.
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Et à ces principaux traits s'ajoutent souvent des hypersensibilités sensorielles.
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Et ça, c'est un acquis de la recherche participative.
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Est-ce que vous voulez bien nous en dire un mot, Steph Bonobriel ?
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La recherche participative, elle contribue notamment à mettre les personnes directement concernées.
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Alors ça pète aussi parfois les familles, quand on parle de recherche participative,
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on n'exclut pas non plus les parents, mais c'est vrai que ça a été quand même ces dernières années,
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le fait aussi de redonner vraiment la voix aux personnes.
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Et donc là, le fait de faire rencontrer les chercheurs et des personnes directement concernées,
04:46
ça a pu permettre aux personnes de s'exprimer sur la vie réelle, en fait,
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sur les choses qu'elles pouvaient, elles, rencontrer au quotidien.
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Et c'est vrai que tous ces aspects quand même sensorimoteurs ont été apportés par les personnes elles-mêmes
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parce qu'elles pouvaient vivre au quotidien.
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Et ça a permis effectivement à la recherche de plus s'axer sur ce domaine-là.
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Et là encore, il y a des aspects au niveau sensorimoteur qui peuvent être parfois très envahissants
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et très invalidants pour les personnes et au contraire d'autres qui vont être des sources de plaisir.
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Et là encore, des choses qui vont les pénaliser dans leur quotidien ou leur apporter des forces.
05:25
- Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on sait des causes de l'autisme, Thomas Bourgeron ?
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Vous avez commencé à nous en parler, on a découvert des facteurs génétiques vers 2003 environ.
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Où en est-on à l'heure actuelle et quelle part laisser aux facteurs développementaux ?
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- Alors en fait, vraiment la recherche sur l'autisme, vous l'avez vu,
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c'est de plus en plus une recherche participative et en plus une recherche multi-échelle.
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C'est-à-dire qu'on regarde la génétique mais on regarde aussi le développement du cerveau par l'imagerie cérébrale.
05:50
On regarde les aspects sensoriels, c'est quelque chose qu'on n'avait pas du tout vu avant.
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Donc en fait, on connaît de mieux en mieux la partie génétique parce que c'est à peu près 87% des rétabilités.
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Donc on ne se rend pas compte mais partout dans le monde, les gens travaillent sur ces facteurs génétiques.
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Et ces facteurs génétiques ne veulent pas dire que c'est une fatalité.
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C'est-à-dire que vous avez à peu près entre 3 milliards de lettres dans votre génome
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et à peu près 3 millions de variations entre vous et moi.
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Et ces variations peuvent être très très faibles avec des effets très faibles ou des effets très forts.
06:24
Et donc c'est pareil, il y a une architecture génétique très très différente d'une personne à l'autre.
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Quelquefois c'est une seule mutation, une seule variation sur les 3 milliards de lettres qui vont faire que vous ne parlez pas.
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Et puis des fois c'est des milliers de variations qui vont faire que vous avez des difficultés.
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Donc toute cette architecture est regardée par les généticiens mais pas que par les généticiens,
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par les gens qui font de l'imagerie.
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Et maintenant, on avait un peu oublié les personnes autistes.
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Et donc maintenant les personnes autistes et leurs familles sont là pour nous dire un peu les priorités.
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L'objectif de ces recherches c'est évidemment d'améliorer la prise en charge de ces troubles.
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Quels sont les différents soins et traitements, Steph Bonobrié, très rapidement ?
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Alors je crois qu'il faut être très large.
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C'est vrai qu'en France on a encore une vision et une approche très médicale.
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Finalement on parle encore beaucoup de maladies.
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L'autisme c'est d'abord un handicap.
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Donc soins, traitements, je crois qu'il faut élargir aujourd'hui cette vision-là.
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Et c'est une demande aussi des personnes autistes, des parents aussi.
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Ça ne veut pas dire qu'il faut complètement éliminer ce qui relève du soin.
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Les personnes autistes peuvent avoir besoin, comme tout à chacun, de soins et de traitements.
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Il ne faut pas oublier que c'est un spectre extrêmement large.
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Par contre, il ne faut pas omettre non plus, et c'est mis en avant,
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notamment dans les recommandations de l'Auto-autorité de santé,
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tout ce qu'on va appeler l'accompagnement, et l'accompagnement aussi éducatif,
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les approches développementales.
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Donc ça c'est quand même ce qui doit priver aujourd'hui dans l'accompagnement des personnes autistes.
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Après, comme l'a dit Thomas, il y a beaucoup de co-occurrences.
07:55
Quand on a une épilepsie associée, quand on a une dépression chez les adultes,
07:59
il faudra évidemment des traitements.
08:02
Merci beaucoup à tous les deux, Steph Bonobri et Thomas Bourgeron.
08:05
Merci.
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