Emmanuelle Cosso : "Écrire la vie de Florent Pagny a été une aventure littéraire"

  • il y a 6 mois
Jacques Pessis reçoit Emmanuelle Cosso : elle a écrit des chansons pour Johnny et co signé le livre « Pagny par Florent ». Elle publie un roman « La dernière mort d’Éric Muller » (Fayard).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-03-28##

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Transcript
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:04 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06 Vous avez grandi dans le Sud avant de partir à la conquête d'un Nord que vous n'avez visiblement pas perdu.
00:12 Entre les chansons, les livres et les scénarios, loin des calanques, vous êtes néanmoins parvenue à vous faire une place au soleil.
00:18 Bonjour Emmanuelle Cousseau.
00:20 Bonjour.
00:21 Alors, vous êtes effectivement tout ce que je viens de dire.
00:24 Vous publiez un roman, "La dernière mort d'Éric Muller", votre sixième roman chez Fayard.
00:28 On va en parler, mais le principe des clés d'une vie, c'est de raconter le parcours de mon invité à travers des dates clés.
00:34 Et j'en ai trouvé certaines pour vous assez étonnantes, notamment le 9 mai 2003.
00:38 Cette date, c'est celle de la parution d'un livre qui s'appelle "La première fois, ici ou ailleurs",
00:44 qui est un recueil de nouvelles dont vous faites partie.
00:46 Absolument.
00:47 Bravo pour avoir déniché cette date.
00:50 Oui, c'est une date qui a changé ma vie, on peut dire.
00:54 C'est-à-dire ?
00:55 C'est-à-dire que j'écrivais depuis un petit moment et que j'ai, sur les conseils d'une amie,
01:01 envoyé une nouvelle que je venais de lui faire lire à un concours de nouvelles qui était organisé par le magazine Marie Claire.
01:08 Et j'ai gagné ce concours, on était dix à le gagner, et le prix était d'être publié dans un recueil collectif chez Flammarion.
01:17 Et c'est ainsi que j'ai rencontré celui qui allait devenir mon premier éditeur, Guillaume Robert, chez Flammarion.
01:23 Alors il se trouve que ce concours s'appelait "La première fois" et qu'il y a eu 1400 participants.
01:27 Oui, c'est vrai. Et c'était anonyme.
01:29 C'était anonyme.
01:30 C'est-à-dire qu'on envoyait son manuscrit par la poste sans nom.
01:37 Donc on était lu par un jury qui ne savait pas qui il découvrait.
01:41 Et qu'est-ce que vous aviez raconté dans cette nouvelle ?
01:43 C'était une nouvelle qui s'appelait "Le passeur".
01:45 C'est drôle parce que maintenant que vous m'y faites penser, ça se passait dans un cimetière.
01:50 Alors je dois avoir quelque chose qui me plaît dans cette frontière entre la vie et la mort.
01:56 Oui, puisque le nouveau livre est lié à la mort.
01:59 Et il y avait un jury, je crois, qui vous conseillait, vous donnait des conseils.
02:03 Oui, absolument. Mais alors ne me demandez plus.
02:06 Ou alors vous allez me le dire, le nom de la personne, qui était super.
02:10 Quel dommage que j'ai une mémoire si faible.
02:14 Mais effectivement un écrivain nous suivait pour aboutir ensuite notre manuscrit avant parution.
02:20 En fait, il jouait le rôle d'un éditeur finalement.
02:22 Et ça vous a apporté beaucoup de choses ?
02:24 Oui, d'abord ça m'a apporté une confiance.
02:26 Parce qu'on écrit, on écrit.
02:28 Moi j'écrivais des chansons déjà, j'écrivais des textes mais je n'avais pas encore été chantée.
02:32 J'écrivais un maximum de... J'écrivais des courts-métrages.
02:35 Je me frottais vraiment à l'écriture le plus possible.
02:39 Et c'était une époque où je voulais être comédienne.
02:41 Donc je travaillais plutôt les textes de grands auteurs ou d'auteurs en général.
02:46 Jusqu'à présent, j'avais ce désir vraiment très très profond.
02:50 Et quand tout d'un coup on est choisi effectivement parmi 1400 candidats,
02:55 quand tout d'un coup on est publié, c'est une émotion extraordinaire.
02:59 Et le fait de travailler avec un auteur, un écrivain qui se penche,
03:03 qui vous fait ce cadeau de se pencher sur votre travail et de vous tirer vers le haut,
03:07 c'est juste merveilleux.
03:09 Ça m'a beaucoup donné confiance pour ensuite continuer dans cette voie.
03:13 - Alors le journal Marie-Claire, il faut le savoir, est né en 1937.
03:16 C'est Jean Prouveau qui était propriétaire de Paris Soir qui l'a créé.
03:20 Et pourquoi Marie-Claire avec un trait d'union ?
03:22 Parce que c'était le prénom de sa secrétaire.
03:24 Tout simplement. Les gens ont cherché beaucoup la raison de tirer ce journal.
03:28 - Ah c'est drôle.
03:29 - Alors vous avez toujours voulu écrire.
03:31 - Oui.
03:32 - Vous êtes née je crois du côté de Marseille, à Marseille,
03:35 dans un quartier où Jean-Claude Godin a grandi,
03:38 qui est Mazarg.
03:39 - Absolument.
03:40 - Un quartier très particulier.
03:41 - C'est un village.
03:42 - Un village où jadis il y avait les pêcheurs qui partaient la nuit pêcher,
03:48 et c'était les ânes qui ramenaient le poisson le lendemain matin qu'on vendait sur les marchés.
03:52 - Ah formidable. C'est malheureusement une époque que je n'ai pas connue.
03:55 Mais c'est très typique, oui.
03:58 - C'est-à-dire ?
03:59 - Ben c'est... Marseille est une ville incroyable.
04:03 Je me demande si ce n'est pas la ville aux 40 villages ou quelque chose comme ça.
04:07 C'est en tout cas... Au bord de la mer, ça a quelque chose de parisien.
04:11 On se balade à Montmartre et on se balade dans le 13e arrondissement,
04:15 on n'est pas dans la même ville.
04:16 On se balade à Mazarg et on se balade aux Arnavaux,
04:20 on n'est pas dans la même ville non plus.
04:22 Et c'est ça qui est merveilleux dans cette ville-là,
04:24 avec ce bord de mer, avec cette authenticité,
04:27 avec ces ânes dont vous avez parlé,
04:29 avec toutes ces preuves de cette époque de Pagnol,
04:33 de cette époque que j'adore,
04:37 que Marseille respire et expire par tous les ports de sa peau de ville.
04:42 Et Mazarg fait partie de cette mythologie marseillaise.
04:48 C'est pas loin de la prison des Baumettes aussi, très près des Calanques.
04:52 C'est une partie de la ville assez merveilleuse.
04:55 - Et c'est là où vous avez grandi tranquillement, protégée par vos parents ?
04:59 - Alors tranquillement, je ne sais pas si c'est le mot.
05:03 On ne peut pas être vraiment tranquille à Marseille,
05:05 à part peut-être, je ne sais pas dans quel quartier on est tranquille.
05:09 C'est une ville qui est presque un peu, d'abord qui est très cosmopolite.
05:14 On parle beaucoup du dynamisme et de l'énergie des villes italiennes.
05:18 Il y a ça dans Marseille, il y a beaucoup d'Italiens.
05:21 Coso, mon nom, est d'origine italienne d'ailleurs.
05:24 Beaucoup d'Italiens, beaucoup de gens un peu de partout, c'est un port.
05:26 Donc ce n'est pas une ville très tranquille. Donc on n'est pas très tranquille à Marseille.
05:29 Mais par contre, je pense que c'est une ville qui a une force,
05:35 qui est ouverte à tous les éléments, un vent de fou, un mistral qui peut rendre fou,
05:41 mais qui réveille aussi.
05:42 Enfin, c'est une ville sur laquelle on est plutôt sur le qui-vive.
05:45 - Et une ville d'ailleurs que tant de gens ont chanté.
05:47 Il y a une chanson, et on le sait peu, qui est connue dans le monde entier, c'est celle-ci.
05:51 - Le plus beau de tous les tangos du monde.
05:58 - Je ne sais pas si vous savez, mais c'est Vincent Scoto qui a écrit cette chanson pour Tino Rossi.
06:02 Et aujourd'hui en Chine, on monte des spectacles à partir de cette chanson en évoquant Marseille.
06:06 - Tellement beau.
06:07 - C'est magnifique.
06:08 - Tellement beau.
06:09 - Alors, quand je dis l'enfance tranquille, c'est des études quand même tranquilles.
06:12 Il y a eu le collège Cluny, je crois, d'abord, Emmanuel Coso.
06:15 - Mais vous êtes super bien renseigné.
06:17 Comment est-ce possible ? Oui, absolument.
06:19 - C'était une bastide qui était réservée aux missionnaires, qui faisaient une halte.
06:25 - C'était magnifique.
06:26 Franchement, la chance d'avoir pu, effectivement, vivre ces années de collégienne dans ce bâtiment immense,
06:36 ces cours immenses, chargés d'histoire, aux murs épais.
06:41 Oui, et puis qu'ils m'ont donné des amis pour la vie.
06:44 Et c'est drôle parce que figurez-vous que la personne, l'ami dont je parlais,
06:47 qui m'a recommandé, qui m'a dit "envoie ta nouvelle à Marie-Claire",
06:50 c'est une amie que je me suis faite en sixième dans le collège Cluny.
06:55 - Un collège, d'ailleurs, avec une éducation chrétienne très stricte.
06:59 Je crois que votre sœur était beaucoup plus délurée que vous.
07:01 - Alors, Jacques, là, il va peut-être falloir monter parce que je n'ai pas de sœur.
07:06 - Alors, pourquoi ?
07:07 - Parce que c'est un magazine qui, un jour, m'a décrété une sœur.
07:10 - Alors, on va couper la phrase et je vais reprendre le titre.
07:12 - Oui, je vais reprendre le titre. Je suis renseigné, quand même.
07:14 - Énormément.
07:15 - Alors, vous avez reçu une éducation chrétienne très stricte dans cette école,
07:19 et ça a continué, je crois, à Chevreul jusqu'au bac.
07:22 - Oui, alors j'étais ravie.
07:24 L'éducation, c'était une école privée,
07:27 mais l'éducation catholique était quand même plutôt légère, ouverte, simplement.
07:33 Évidemment, je crois quand même, on avait de temps en temps une petite confession possible,
07:37 mais ça n'allait pas beaucoup plus loin.
07:39 Et surtout, on était très délurés, parce que finalement, dans ces écoles,
07:43 souvent, c'est cadré comme ça, et puis à l'intérieur,
07:47 tous les collégiens, les lycéens, etc.,
07:51 sont très, comment dire, à vouloir transgresser toutes les règles.
07:57 Donc, c'était plutôt joyeux.
07:59 Et Chevreul, ça a été un bonheur pour moi,
08:01 mais encore bravo pour avoir trouvé toutes ces informations incroyables.
08:05 Chevreul, c'était un bonheur parce qu'enfin, c'était mixte.
08:08 Parce que Cluny, c'était pas mixte.
08:10 Mais Chevreul, ça y est, il commençait à y avoir quelques garçons,
08:12 je devais en avoir 2-3 dans ma classe.
08:14 Alors c'était joyeux aussi.
08:16 - Et vous aviez déjà envie d'écrire ?
08:17 - Oui, j'avais envie d'écrire depuis mes 9 ans.
08:19 - C'est du comment ?
08:20 - J'aimerais bien le savoir.
08:22 Je sais pas, je pense que l'envie d'écrire,
08:26 ça vient souvent d'une faille, quelque part.
08:30 Honnêtement, je ne sais pas plus que ça,
08:32 parce que je vois cette faille dans tous mes amis,
08:36 chez tous mes amis auteurs, écrivains, autrices.
08:39 Je la vois, je la reconnais,
08:42 il y a une sorte de fraternité, de sororité entre les écrivains par rapport à ça.
08:45 Maintenant, savoir d'où ça vient précisément, je ne sais pas.
08:48 Mais ce qui est certain, c'est que dès mes 9 ans,
08:51 mon idole, c'était Bernard Pivot,
08:53 c'était lui que j'aurais pu mettre en poster dans ma chambre.
08:55 - C'est rare à 9 ans de regarder Apostrophe.
08:57 - Oui, j'adorais, j'ai adoré tout le temps.
09:00 Mais par contre, j'étais beaucoup trop,
09:04 je manquais beaucoup trop de confiance pour me dire
09:06 que je serais moi-même écrivain un jour.
09:08 Ça ne me paraissait pas possible, d'où les études de commerce.
09:12 - Voilà, études de commerce que vous avez faites,
09:14 il y a eu Subdeco de Marseille,
09:16 et puis vous avez décroché un diplôme d'école de commerce
09:18 dans les cours de CAGE à Marseille.
09:20 - Exactement.
09:21 - Ça consiste en quoi ?
09:23 - CAGE, c'est maintenant le nom moderne du groupe,
09:26 il y en a plusieurs en France,
09:28 de ce qu'étaient les SKE ou les Subdeco à l'époque,
09:31 École supérieure de commerce et d'administration des entreprises.
09:34 Donc c'était vraiment fait pour fabriquer des managers,
09:38 des gérants d'entreprises, des créateurs d'entreprises,
09:42 des spécialistes de finance, de contrôle de gestion,
09:45 de tout un tas de choses qui étaient très très loin de moi.
09:49 Mais pour autant, je me suis assez épanouie quand même dans cette école,
09:52 qui était aussi située à la lisière des Calanques, sous les pins.
09:56 Et pareil, je me suis fait des amis,
09:58 et puis c'est tous des parcours qui sont très utiles ensuite,
10:01 quand on veut parler d'entreprise.
10:04 J'ai travaillé dans la publicité, chez RECG,
10:08 j'ai travaillé chez Ubisoft, j'ai travaillé en entreprise.
10:12 Donc ça permet aussi ensuite, quand on écrit,
10:14 de ne pas être centré uniquement et d'avoir traversé
10:18 ce que traverse la plupart des gens, la vie, le boulot,
10:22 tout ça, c'est des choses que je connais très très bien.
10:25 - Oui, mais l'idée de l'écriture ne vous a jamais quitté, Emmanuelle Cochère.
10:28 - Non, jamais, jamais, jamais, c'est vrai.
10:30 Et c'est pour ça que dès que j'ai eu mon diplôme de CAGE à Marseille,
10:34 je suis partie à Paris, et mon but était
10:38 comment faire pour me rapprocher des livres.
10:40 - Oui, il y avait l'édition, travailler dans l'édition.
10:42 - Alors il y avait travailler dans l'édition, mais sauf qu'alors,
10:44 je ne sais pas comment c'est aujourd'hui, mais à l'époque,
10:46 pour travailler dans l'édition, quand on sortait d'une école de commerce,
10:49 si on voulait être dans l'artistique,
10:51 il fallait commencer en tant que stagiaire, pas payer, moi.
10:54 Il fallait que je paie mon loyer, je ne pouvais pas.
10:56 Donc j'ai travaillé dans la publicité.
10:58 Et surtout, ce que j'ai fait en arrivant à Paris,
11:00 je me suis inscrite à des cours de théâtre.
11:02 - Ça, ça vous passionnait ?
11:04 - Ça, ça me passionnait, parce que là, j'étais proche des mots,
11:06 j'étais proche du langage, et j'ai adoré ça.
11:08 Et ça m'a énormément apportée pour arriver à l'écriture.
11:12 - Oui, mais en même temps, vos parents n'étaient pas inquiets
11:14 que vous soyez à Paris et que...
11:17 - Je crois que mes parents avaient compris depuis un petit moment
11:20 que leur fille était assez singulière
11:24 et qu'elle n'allait pas correspondre à un modèle quel qu'il soit.
11:28 - Voilà, et ils ont eu raison.
11:30 Et on va l'évoquer à travers une autre date importante dans votre vie,
11:33 le 14 juin 2013.
11:35 A tout de suite sur Sud Radio avec Emmanuel Cossot.
11:37 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:40 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Emmanuel Cossot.
11:43 Nous parlerons tout à l'heure de votre sixième roman,
11:46 "La dernière mort" d'Éric Muller chez Fayard.
11:49 Une histoire étonnante et passionnante.
11:51 Donc on a évoqué le début de votre carrière,
11:54 avec votre rêve d'écrire des textes.
11:56 Et si je vous parle du 14 juin 2013,
11:59 c'est que ce soir-là, vous avez été chanter "Abercy".
12:02 * Extrait de "Abercy" *
12:12 - Jeudi, c'est 70 ans, "Abercy",
12:14 et à son programme, il y a cette chanson signée Emmanuel Cossot.
12:17 - C'est vrai. Et Jérôme Attal.
12:19 - Et Jérôme Attal. - On a co-signé cette chanson ensemble.
12:21 Et alors ça, ça m'émeut, d'abord d'entendre la voix de Johnny,
12:27 et que vous ayez trouvé cette chanson que j'adore,
12:31 qu'on a co-écrite avec Jérôme,
12:33 on a commis quelques textes de chansons ensemble,
12:36 on s'apprécie beaucoup en tant qu'auteur et en tant qu'amis.
12:39 Et c'est vrai que ça m'émeut parce que ce travail de parolier,
12:42 de parolière, il est très important pour moi.
12:49 - C'est-à-dire ?
12:51 - Je trouve qu'écrire des chansons,
12:54 c'est une des choses les plus joyeuses, vivifiantes, extraordinaires,
13:02 à la fois du point de vue de la parolière que je suis,
13:06 et à la fois du point de vue de l'auditrice que je suis.
13:10 Parce que je suis une grande amatrice de chansons françaises,
13:14 de variétés françaises, de chanteurs, de chanteuses,
13:17 et que je trouve que c'est tellement...
13:20 Moi, je peux repérer un peu de poésie quelque part,
13:23 c'est ça aussi le travail d'écrivain,
13:26 c'est repérer où est-ce qu'on trouve de la poésie,
13:28 jusque dans la morge, justement,
13:30 et qu'est-ce qu'on peut faire pour la mettre en valeur
13:33 et la partager avec un maximum de gens.
13:35 Et la chanson est un vecteur extraordinaire.
13:37 - Alors, écrire pour Johnny, c'est pas si fréquent, comment c'est arrivé ?
13:40 - C'est merveilleux. Alors, écrire pour Johnny,
13:42 bon, j'avais écrit pour...
13:44 En fait, dès que j'ai commencé à écrire des chansons,
13:46 j'ai eu vraiment une chance, ça s'est tout de suite bien passé,
13:50 j'ai tout de suite été chantée.
13:52 Alors, la première chanteuse à m'avoir chantée,
13:54 je crois que c'est Sylvie Varton,
13:56 et la même année, Elodie Frégez,
13:58 mais c'était vraiment au tout début.
14:00 Et c'était extraordinaire, tout d'un coup,
14:03 on est dans sa petite chambre, sur son petit bureau,
14:05 on écrit ses paroles, et hop !
14:07 On entend Sylvie Varton la chanter au Palais des Congrès
14:10 et être un porte-parole extraordinaire
14:12 de petites choses intimes qu'on a écrites.
14:15 Bon, et Johnny, c'est vrai...
14:17 Alors après, j'ai écrit pour Florent Pagny.
14:19 - Oui, on va en parler. - On va en parler.
14:21 Et c'est vrai que, que ce soit Florent, que ce soit Johnny,
14:24 quand tout d'un coup, vous avez des interprètes
14:26 avec ce genre de puissance vocale,
14:29 qui sont donc des porte-paroles extraordinaires,
14:31 des messagers, comme dit Florent,
14:33 extraordinaires, ça amplifie, voilà,
14:36 c'est un porte-voix, ça amplifie toutes les émotions
14:38 de ce que vous avez voulu transcrire dans les paroles.
14:41 Oui, mais comment vos paroles sont-elles arrivées
14:43 justement jusqu'aux oreilles de Johnny ?
14:45 Je pense qu'un tableau de Hopper,
14:47 c'est une époque où j'ai travaillé avec Warner Chappell
14:51 et Caroline Molko, qui était la patronne.
14:53 Qui vous a découvertes ?
14:55 Je ne peux pas dire qu'elle m'a découvertes,
14:57 mais en tout cas, elle a été une des premières,
14:59 en tout cas, elle a été la première à me signer
15:00 comme éditrice musicale,
15:02 et une des premières à me faire confiance.
15:04 Et Caroline, elle est plus maintenant,
15:06 aujourd'hui, à la tête de Warner Chappell,
15:08 elle est partie, elle a pris presque sa retraite.
15:10 Mais cette femme, elle avait vraiment un talent
15:13 de dire "bon ben allez, je te donne les clés,
15:15 tu y vas", et c'est vrai que j'ai beaucoup travaillé
15:18 dans cette période-là avec elle,
15:20 que ça soit pour Emmanuel Moir, pour Johnny, pour Florent.
15:23 Florent était un ami, mais c'est elle
15:25 qui a présenté mes textes à Florent,
15:27 je pense que moi, j'aurais pas osé le faire.
15:29 Et Johnny, alors justement, comment...
15:31 - Il peut être chanté par Johnny, il reçoit des dizaines de textes,
15:33 et il en prend certains.
15:34 - C'est vrai, il en reçoit des milliers,
15:36 plus que des milliers.
15:38 Il en reçoit des dizaines de milliers, je pense.
15:40 C'est vrai qu'à l'époque où Johnny disait...
15:42 enfin, on savait dans le milieu
15:44 que Johnny allait faire un album,
15:46 c'était énorme ce qu'il recevait.
15:49 Pourquoi cette chanson a été choisie ?
15:52 Parce que, tout simplement, en fait,
15:55 il y avait le directeur artistique de Johnny,
15:58 Bertrand Lambleau.
16:00 Moi, j'avais été amenée à rencontrer Bertrand
16:02 parce que j'avais écrit pour Florent déjà,
16:04 et que les directeurs artistiques vous demandent,
16:06 vous disent "bon ben voilà, j'ai aimé ton travail
16:08 sur l'album de Florent, c'était super,
16:10 est-ce que tu peux proposer quelque chose pour Johnny ?"
16:12 Donc moi, je propose à Jérôme
16:15 de co-écrire avec moi,
16:17 "Viens, on va faire un truc ensemble,
16:19 c'est toujours plus joyeux à deux."
16:21 Et puis, je propose à Daron d'écrire la musique.
16:23 Et Daron est un compositeur hors normes,
16:25 et en fait, en deux jours,
16:27 il est inspiré par le texte,
16:29 et on envoie la chanson à Bertrand Lambleau,
16:32 et je crois que dans la demi-heure,
16:34 il nous dit "ben voilà !"
16:36 En plus, grâce à Johnny,
16:38 beaucoup de générations ont découvert Tennessee,
16:42 et là, on découvre Edward Hopper,
16:44 qui est un peintre, graveur américain,
16:47 qui a d'ailleurs vécu en France
16:49 pendant quelque temps, et on ne le sait pas,
16:51 mais dans "Psychose", le tableau "Maison"
16:54 de la Voix ferrée,
16:56 c'est inspiré par un tableau de Hopper.
16:59 Et c'est vrai que Johnny ne connaissait pas forcément Hopper,
17:01 c'était une surprise pour lui.
17:02 Je ne sais pas s'il ne connaissait pas,
17:04 je pense qu'il connaissait quand même,
17:06 parce qu'il était quand même très épris
17:08 de culture américaine,
17:10 et c'est vrai que Hopper
17:12 est quand même un classique,
17:14 donc à mon avis, il devait connaître.
17:16 Non, mais Johnny avait une culture
17:18 beaucoup plus importante qu'on l'imagine.
17:20 J'ai souvent parlé avec lui après les enregistrements,
17:22 alors il était silencieux au micro,
17:24 mais ça n'arrêtait pas,
17:26 et sa culture allait au-delà du cinéma américain.
17:29 Oui, oui.
17:30 Mais en fait, c'est une chance,
17:32 parce qu'aujourd'hui, ce serait peut-être pas possible,
17:34 ce qui vous est arrivé dans la chanson,
17:36 d'être chanté par des grands, d'accéder.
17:39 Aujourd'hui, les auteurs-compositeurs
17:41 font leur petit... interprètent, font leur sauce.
17:44 Je suis bien d'accord,
17:46 ça a changé, en effet,
17:48 mais ça changera encore aussi,
17:50 et d'ailleurs, c'est en train de rechanger.
17:52 Je trouve qu'aujourd'hui,
17:54 par exemple, parce qu'on a beaucoup dit,
17:56 tout d'un coup, que le métier changeait aussi,
17:59 parce qu'on se retrouvait avec
18:01 aussi des styles de musique très différents,
18:03 et c'est très bien,
18:05 il faut vraiment de la place pour tout le monde,
18:07 mais on avait tendance à avoir peut-être
18:09 un peu moins de variété française.
18:11 Et là, en ce moment, je trouve tellement réjouissant
18:13 ce que j'entends sur les zones,
18:15 avec toute cette bande de jeunes femmes formidables,
18:18 les Santas,
18:20 toutes ces filles qui écrivent et qui composent,
18:22 et qui ont des voix extraordinaires, des personnalités,
18:24 et les Barbara Pravi, j'adore,
18:26 et je trouve que ça, c'est joyeux.
18:28 Alors c'est vrai que c'est dommage,
18:30 parce que c'est que des gens qui écrivent leurs textes,
18:32 donc ils vont pas avoir besoin de moi,
18:34 mais d'abord, c'est pas forcément vrai,
18:36 parce que les collaborations, ça existe,
18:38 moi j'ai beaucoup co-écrit aussi,
18:40 avec certains interprètes,
18:42 et c'est toujours des enrichissements,
18:44 et on sait très bien que même Serge Gainsbourg
18:46 a parfois composé sur les textes d'autres,
18:48 donc du moment qu'on est dans des choses de qualité,
18:52 c'est réjouissant.
18:54 - Oui, alors on pourrait jouer avec vous au jeu des familles,
18:56 parce qu'on a vu le père Johnny,
18:58 et il y a également le fils, David.
19:00 *Musique*
19:08 - Steve McQueen, par David Hallyday, c'est vous aussi.
19:10 - Absolument.
19:12 Avec Corinne Marieno, encore une chanson que j'ai co-écrite,
19:14 j'adore collaborer.
19:16 Oui, tout à fait.
19:18 David Hallyday, je l'avais rencontré justement
19:20 par l'intermédiaire de Warner Chappell
19:22 et de Caroline Molko.
19:24 Et David, qui est un garçon vraiment,
19:26 un homme vraiment,
19:28 que j'apprécie beaucoup,
19:30 dont j'aime beaucoup les valeurs,
19:32 on avait eu une discussion à propos de Steve McQueen.
19:34 Et il disait, c'est vrai que je me suis un peu projetée
19:40 quand j'étais jeune, sur cette figure paternelle,
19:42 et on sait qu'il ne voyait pas beaucoup son père,
19:44 pour plein de raisons.
19:46 Et Steve McQueen était un peu le père de substitution,
19:48 et ça m'a donné l'idée de partir là-dessus,
19:50 pour lui proposer un texte.
19:52 - Oui, Steve McQueen qui a tourné dans d'innombrables films,
19:54 mais il y en a un qu'il n'a pas tourné,
19:56 il avait été pressenti pour jouer Rambo,
19:58 et il se trouve qu'à l'époque,
20:00 le film devait être réalisé par Sydney Pollack,
20:02 qui ne voulait pas entendre parler de Steve McQueen,
20:04 parce qu'il était trop jeune pour le rôle.
20:06 - C'était bien le seul.
20:08 - Voilà, donc c'est pour ça que ça ne s'est pas fait.
20:10 Vous avez écrit aussi pour Morane,
20:12 vous avez écrit pour d'autres gens,
20:14 et à chaque fois, c'est un travail différent,
20:16 c'est une écriture différente,
20:18 c'est se mettre dans la peau de quelqu'un.
20:20 - Oui, c'est le travail du romancier,
20:22 de se mettre dans la peau de quelqu'un.
20:24 Et la chanson, c'est en ça que j'adore tellement
20:26 écrire des chansons, c'est qu'il y a quelque chose de...
20:28 Il y a un côté exercice aussi,
20:30 parce que c'est beaucoup plus court, bien sûr.
20:32 Je compare souvent l'écriture d'un roman
20:34 à une traversée au long cours,
20:36 et vraiment l'écriture d'une chanson
20:38 à un petit voyage
20:40 qu'on fait dans la journée.
20:42 Et c'est vrai,
20:44 il y a ce côté-là.
20:46 Mais à chaque fois, on se met forcément dans la peau.
20:48 Moi, je travaille énormément l'émotion.
20:50 C'est mon matériau, c'est ce que je cherche
20:52 dans les romans, c'est pour ça que je travaille
20:54 énormément mes personnages.
20:56 Et ce que j'aime, c'est lorsque le lecteur
20:58 ressent une émotion, parce que c'est ce que j'aime, moi,
21:00 quand je lis un roman ou quand j'écoute une chanson.
21:02 - Mais vous dites aussi
21:04 qu'une chanson, ça peut s'écrire en quelques heures,
21:06 quelques années ou une vie.
21:08 - Oui, absolument, c'est vrai.
21:10 - Il vous arrive de ne pas avoir terminé les chansons ?
21:12 - Bien sûr, absolument.
21:14 Et c'est...
21:16 Il y a un texte de...
21:18 Je ne vais pas le dire,
21:22 parce que là, tout d'un coup, je ne me rappelle plus.
21:24 Pardon, deuxième coupe.
21:26 C'est dommage.
21:28 Bon, c'est pas grave, je le retrouverai.
21:30 Je reprends. Oui, une chanson,
21:32 ça peut s'écrire en un quart d'heure,
21:34 mais souvent, si on écrit
21:36 une chanson en un quart d'heure,
21:38 c'est qu'on a travaillé dix ans avant.
21:40 Donc c'est un quart d'heure plus dix ans.
21:42 - J'ai vu Charles Trainet écrire
21:44 comme ça une chanson pendant un spectacle
21:46 au Châtelet. A la fin, il vient
21:48 et dit "Tiens, pardon, je m'ennuyais un peu, c'est la routine,
21:50 j'ai écrit une chanson tout en chantant."
21:52 - Bien sûr, c'est beau, c'est dingue.
21:54 - Et il l'a dictée ensuite. - C'est génial.
21:56 Mais je ne suis pas étonnée. Et puis il y a quelque chose de l'ordre du muscle,
21:58 aussi. Parce que c'est vrai
22:00 que, par exemple, là, en ce moment,
22:02 on travaille sur une comédie musicale
22:04 qui aura lieu à Marseille. - Oui, d'ailleurs, avec un
22:06 compositeur décédé qui est Beethoven.
22:08 - Exactement. Alors bon, ça,
22:10 il faudra qu'on en parle à un autre moment.
22:12 Mais c'est vrai que
22:14 je viens d'écrire 20 chansons pour cette comédie
22:16 musicale, et je me rends compte à quel point
22:18 plus ça va, et plus ça va vite,
22:20 et assissé en muscle. Plus on
22:22 écrit, et plus rapidement
22:24 on peut écrire et être tellement alerte,
22:26 alerte, alerte. - À propos de comédie
22:28 musicale, vous avez aussi travaillé avec Emmanuel
22:30 Moire à l'époque du Roi Soleil ? - Absolument.
22:32 Oui, ça avait été une jolie rencontre.
22:34 Parce qu'on
22:36 s'était vus, on avait vraiment pris un café
22:38 ensemble et pris le temps de se connaître
22:40 pour que je puisse lui proposer une chanson,
22:42 et je lui ai proposé une chanson qui s'appelle "La fin".
22:44 - Oui, justement, encore la mort.
22:46 - Oui ! Ça comparait la
22:48 mort à la fin d'une histoire d'amour.
22:50 - Et c'était à l'époque du Roi Soleil ? Il débutait ?
22:52 - Il débutait, je crois que c'était son album
22:54 juste après "L'expérience du Roi Soleil".
22:56 Absolument, oui. - Ça veut dire qu'on peut
22:58 toucher à tous les genres de Johnny à Emmanuel
23:00 Moire, en passant par Elodie Fréget ?
23:02 - Ah oui, complètement.
23:04 Il y a Florent Pagny qui dit quelque chose que j'ai
23:08 beaucoup aimé quand on a travaillé ensemble, c'est
23:10 l'idée de dire "la variété française,
23:12 on adore ça parce que c'est très varié".
23:14 C'est la preuve,
23:16 c'est très varié et on peut travailler avec
23:18 des gens complètement
23:20 différents et être soi-même.
23:22 Moi, je suis une grande
23:24 fan, amatrice
23:26 des textes de Francis Cabrel,
23:28 par exemple, j'adore. Mais je vais aussi
23:30 écouter Thiéphène,
23:32 je vais aussi écouter Dominique H, je vais aussi
23:34 adorer "Cette Santa qui arrive"
23:36 ou d'autres. Et tout ça,
23:38 c'est Albert de la Simone
23:40 que j'écoute aussi beaucoup. C'est très
23:42 varié, c'est très différent et on est quand même
23:44 dans la variété française. - Voilà.
23:46 La variété française, on va continuer à en parler
23:48 à travers une autre date, le 5 avril
23:50 2023. A tout de suite sur Sud Radio
23:52 avec Emmanuel Cousseau.
23:54 Sud Radio, les clés d'une vie.
23:56 Jacques Pessis. - Sud Radio, les clés
23:58 d'une vie. Mon invité Emmanuel Cousseau.
24:00 Nous parlerons tout à l'heure de votre roman
24:02 "La dernière mort" d'Éric Muller,
24:04 chez Fayard. Une histoire assez étonnante.
24:06 Et on revient maintenant
24:08 à une autre date importante que vous n'avez
24:10 pas oubliée dans votre parcours.
24:12 Le 5 avril 2023,
24:14 la sortie d'un livre événement. - Oui.
24:16 - C'est "Pagny par Florent" ou "Florent par Pagny".
24:18 - Oui. - C'est une histoire
24:20 incroyable, ça. - Incroyable. - Et d'ailleurs, on va
24:22 écouter la voix de Florent Pagny tout de suite avant d'en parler.
24:24 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:26 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:28 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:30 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:32 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:34 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:36 * Extrait de "Pagny par Florent" *
24:38 - Une des chansons que vous avez écrites dans son album
24:40 "Abracadabra", il y en avait trois, je crois. - Absolument.
24:42 Oui, c'est vrai. Il y avait
24:44 celle-ci qui s'appelle "Je suis".
24:46 "Abracadabra" et puis
24:48 "J'ai beau vouloir". - Alors, comment s'est
24:50 arrivée cette rencontre avec Florent Pagny avant même
24:52 d'écrire le livre ? - Oui,
24:54 parce que ça, c'est une rencontre qui date de
24:56 1994. Donc,
24:58 ça fait 30 ans aujourd'hui.
25:00 Florent, je le rencontre
25:02 à l'époque, il est
25:04 un ami de celui
25:06 que je viens moi-même de rencontrer, qui est
25:08 mon amoureux et qui va devenir mon amie...
25:10 Mon mari, pardon. Mon ami,
25:12 toujours, bien sûr, mon mari et le père de
25:14 mon fils. Mais bon, à l'époque,
25:16 on est qu'admirades, exactement.
25:18 On est tout jeunes et tout.
25:20 Moi, j'ai 25 ans. On vient
25:22 juste de se rencontrer. C'est le début de l'histoire.
25:24 Et Florent et Kadour
25:26 viennent de se rencontrer également
25:28 depuis quelques mois. Donc, il y a une bande de copains
25:30 dont je parle du coup
25:32 dans le livre maintenant, qui auraient pu penser
25:34 à l'époque qu'on allait faire tout ce parcours
25:36 et que j'allais écrire.
25:38 Enfin, c'est assez vertigineux.
25:40 Mais moi, voilà, à l'époque,
25:42 je n'ose pas...
25:44 Florent est un copain
25:46 et donc c'est tout. Je ne lui propose pas
25:48 de chansons. C'est vraiment à partir du moment
25:50 où l'engrenage
25:52 délicieux se met en place.
25:54 C'est-à-dire que je suis publiée chez Flammarion,
25:56 que je rencontre Caroline Molko,
25:58 que j'écris des textes de chansons
26:00 et que Caroline les propose à Florent.
26:02 Et Florent, au détour d'un dimanche,
26:04 me dit "Ah, au fait, Emma,
26:06 dans mon prochain album,
26:08 je vais chanter trois chansons à toi."
26:10 Et c'était la surprise totale.
26:12 C'était vraiment trop joyeux.
26:14 - Et ensuite, l'idée du livre,
26:16 qui était un livre-évènement, s'est née comment ?
26:18 - Alors, 25 ans plus tard,
26:20 Florent fait la carrière qu'on sait.
26:22 Parce qu'en fait, à l'époque, 1994,
26:24 il est en train de faire "Bienvenue chez moi"
26:26 quand je le rencontre.
26:28 Donc ça remonte vraiment.
26:30 Il est en train vraiment de redémarrer sa carrière.
26:32 Il n'a pas encore sorti "Caruso".
26:34 Et donc,
26:36 25 ans plus tard,
26:38 Florent m'appelle
26:40 au dernier trimestre 2020
26:42 en me disant "Écoute, Emmanuel,
26:44 je crois que c'est le moment de raconter ma vie.
26:46 Est-ce que tu voudrais le faire avec moi ?"
26:48 Alors,
26:50 j'étais happée, en fait,
26:52 par cette idée qui ne coulait pas
26:54 de source parce que je n'ai jamais fait ça.
26:56 Moi, j'écris mes romans, j'écris mes chansons,
26:58 j'ai écrit pour le cinéma,
27:00 mais je n'ai jamais écrit le livre de quelqu'un.
27:02 Ça ne me serait même pas forcément venu à l'idée.
27:04 Mais là, c'est Florent. Donc non seulement c'est un ami,
27:06 mais en plus, j'ai suit sa parolière sur beaucoup de titres.
27:08 Alors j'ai déjà écrit
27:10 en disant "je",
27:12 comme la chanson "Je suis" qu'on a écoutée,
27:14 et c'était le "je" de l'interprète,
27:16 donc celui de Florent.
27:18 Donc je me suis dit "Oui, je dois être capable de faire ça".
27:20 Et j'ai voulu, je l'ai vécu
27:22 avec Florent, ça a été Florent
27:24 et Asusena, que j'associe, sa femme,
27:26 parce qu'elle est partie prenante
27:28 dans le livre et dans le projet,
27:30 à la fois comme, évidemment,
27:32 personnage principal de l'histoire, mais également
27:34 comme personnage principal de la fabrication du livre,
27:36 parce qu'elle a été là, elle a été
27:38 présente, elle nous a
27:40 aidées, elle m'a aidée énormément,
27:42 parfois il partait en Argentine pendant
27:44 longtemps, il fallait aussi
27:46 dire à Florent "Est-ce que tu peux
27:48 relire le dernier chapitre, parce que là, il y a besoin, etc."
27:50 Et ça a été
27:52 une aventure extraordinaire, et ça
27:54 a été pour moi aussi
27:56 une aventure littéraire, parce que
27:58 il a fallu que j'invente
28:00 quelque chose
28:02 qui était de me mettre à la fois
28:04 à sa place, de me faire plus fine
28:06 qu'une feuille de papier à cigarette,
28:08 entre Florent
28:10 et moi, pour pouvoir livrer
28:12 ce récit
28:14 tellement romanesque, parce que la vie de Florent
28:16 est tellement romanesque, donc je l'ai
28:18 considéré comme un roman, ce livre en fait.
28:20 - Oui, mais en même temps, c'était pas facile à faire, parce que
28:22 comme vous le dites, il est souvent absent,
28:24 et il fallait des heures d'entretien.
28:26 - Ça a été des heures et des heures d'entretien,
28:28 et...
28:30 Mais là où j'étais vraiment
28:32 heureuse, très heureuse, bon ça a été une quantité
28:34 de travail astronomique,
28:36 j'en parlais
28:38 il y a peu de temps, c'était
28:40 à la fin du 13h
28:42 par jour d'écriture, c'était astronomique.
28:44 - Pourquoi ?
28:46 - Alors, au tout début,
28:48 ça a été intense comme ça,
28:50 parce qu'on avait décidé,
28:52 il avait été décidé par Florent
28:54 et la maison d'édition
28:56 et moi-même, du coup, de sortir
28:58 le livre à l'occasion de ses 60 ans.
29:00 Donc en novembre
29:02 2021. Et on a commencé
29:04 l'écriture du livre, enfin les entretiens,
29:06 en janvier. Le livre fait 520 pages.
29:08 Bon, c'était impossible en fait.
29:10 Mais moi j'ai tout fait pour tenir
29:12 ce délai-là dans un premier temps.
29:14 Donc ça a été une quantité de travail de dingue
29:16 d'enregistrer ces heures
29:18 et ces heures d'entretien, je crois qu'il y a plus de 100 heures
29:20 d'entretien que j'ai de Florent.
29:22 Et puis chaque entretien,
29:24 il parlait de hier,
29:26 de il y a 60 ans,
29:28 de demain, donc tout était
29:30 à chaque fois mélangé, il fallait tout
29:32 démêler après chaque entretien.
29:34 C'est des heures et des heures et des heures de travail.
29:36 - Et en plus, il fallait préparer ces entretiens.
29:38 - Il fallait préparer ces entretiens. Alors l'avantage que j'avais,
29:40 c'est que comme je connaissais Florent depuis 30 ans,
29:42 je connaissais une bonne partie de l'histoire en l'ayant vue,
29:44 bien sûr, de mon point de vue d'ami,
29:46 donc pas de l'intérieur, mais
29:48 quand même une source très proche.
29:50 Mais c'est vrai que les 30 premières années, je ne les connaissais pas du tout.
29:52 Et puis il faut enquêter aussi, parce qu'il faut
29:54 enquêter sur ce qu'était l'évolution
29:56 de la musique à chaque fois, dans tous ces moments-là.
29:58 C'est vraiment des choses que j'ai complètement découvertes.
30:00 Donc le travail était énorme.
30:02 Mais ensuite, Florent s'est
30:04 énormément investi
30:06 dans l'écriture
30:08 du livre, non pas bien sûr
30:10 en écrivant lui-même, en tenant le clavier
30:12 ou la plume, mais
30:14 l'investissement émotionnel,
30:16 pardon,
30:18 pour moi, j'ai co-écrit ce livre avec lui, vraiment.
30:20 - Et pourquoi a-t-il pensé à vous ?
30:22 - Alors c'est assez
30:24 intéressant, parce qu'il a pensé à moi.
30:26 Parce que je suis un peu,
30:28 je pense, son amie
30:30 romancière, voilà, depuis
30:32 longtemps référente.
30:34 J'ai été son auteur. Il apprécie
30:36 mon écriture, tout simplement, parce que
30:38 dans les faits, c'est vrai qu'il y a eu
30:40 cet album à bras cadabras, sur lequel
30:42 il avait pris trois chansons. Et après,
30:44 dans quasiment tous ses albums, je suis
30:46 présente sur une chanson
30:48 qui est de volonté, parce que Florent ne fait
30:50 jamais rien
30:52 comme ça pour faire plaisir. Il le fait parce que
30:54 fondamentalement, il veut cette chanson,
30:56 il veut ce titre. On le voit en lisant le livre, qu'il est
30:58 très très très très très exigeant, sur
31:00 lui, sur sa voix, sur le choix de ses chansons.
31:02 Et c'est ça qui est intéressant.
31:04 C'est qu'on parlait tout à l'heure de auteur,
31:06 compositeur, interprète, etc.
31:08 Florent n'est pas auteur ni compositeur.
31:10 Et pourtant, il est créateur
31:12 de ses albums. C'est lui qui décide de tout.
31:14 - Exactement. Alors ce qui est étonnant
31:16 aussi, et c'est un privilège, il vous a
31:18 cité comme co-auteur, en général,
31:20 et ça arrive dans 98%
31:22 des cas, quelqu'un
31:24 signe un livre sans l'avoir écrit.
31:26 Les nègres sont incroyables. Moi je me souviens
31:28 de plein d'auteurs
31:30 qui ont écrit des livres
31:32 et on n'a jamais parlé d'eux.
31:34 Ça n'arrête pas.
31:36 - C'est vrai. Et c'est Florent
31:38 qui est comme ça. Et je le savais
31:40 pendant l'écriture, parce que j'avais déjà remarqué
31:42 que Florent, quand il est en concert,
31:44 à chaque fois qu'il chante une chanson, très très souvent,
31:46 pas seulement moi, il cite
31:48 le nom de l'auteur, le nom du compositeur, il aime
31:50 mettre en lumière les gens qui travaillent
31:52 avec lui. Et il m'a tout de suite dit,
31:54 de toutes les façons, je vais pas
31:56 dire que c'est moi qui l'ai écrit ce livre.
31:58 Surtout que personne ne le croira.
32:00 - Oui, mais moi je me souviens de
32:02 l'exemple Linda de Souza, qui a
32:04 signé son livre sans l'avoir écrit, comme beaucoup de gens,
32:06 et ils avaient même laissé l'intervéler, c'est des
32:08 fautes de français, pour qu'on ait l'impression
32:10 que c'est Linda de Souza qui l'avait écrit. - C'est moche.
32:12 C'est très moche. Non, mais moi je dis
32:14 que Florent a écrit ce livre.
32:16 Je suis très fière de ça aussi, parce que
32:18 je dis qu'on l'a vraiment écrit ensemble,
32:20 parce que l'investissement qu'il a eu dedans,
32:22 à relire tout, passionnément,
32:24 alors que c'est pas un lecteur,
32:26 Florent. Donc ça lui a demandé
32:28 beaucoup d'énergie. Il a tellement
32:30 été là, il a tellement fait sa pièce. Et on dit "attention, ça,
32:32 on va pas pouvoir le dire comme ça, attention, non, non, non, non, non".
32:34 Il a énormément cadré le truc,
32:36 et il a été présent de la première à la...
32:38 ça c'était important pour lui.
32:40 - Et puis aussi, le succès a dépassé
32:42 tout ce que vous espériez. - Incroyable.
32:44 - Comment on l'expliquait ? - Alors,
32:46 je pense qu'il y a plusieurs choses. Je pense que Florent,
32:48 et c'était un peu
32:50 l'objectif du livre, mais après,
32:52 la vie s'en est mêlée aussi. Il a changé
32:54 de statut pendant cette période,
32:56 en deux ans. Et la
32:58 première chose qui a fait qu'il a changé de statut,
33:00 c'est la façon
33:02 dont il a géré ce qui lui est arrivé,
33:04 cette maladie qui lui est tombée dessus,
33:06 et dont il ne s'est non seulement pas caché,
33:08 mais qu'il a vraiment exposé,
33:10 de la manière la plus simple
33:12 et la plus pudique possible,
33:14 en même temps parce que finalement, d'être très simple,
33:16 de ne pas chercher ni à en faire des caisses,
33:18 ni au contraire à cacher, c'est très pudique.
33:20 Alors il a cette pudeur-là,
33:22 et en même temps cette transparence, qui est
33:24 paradoxale, mais qui fait partie de sa
33:26 personnalité. Donc, en
33:28 s'exposant, en disant qui on est,
33:30 en ne mentant pas
33:32 sur qui on est, et sur ce qui nous arrive,
33:34 on touche les gens. Donc ça, c'est quelque chose
33:36 qui fait que, non seulement le livre
33:38 a intéressé les fans de Florent,
33:40 les gens qui aiment la chanson française et la variété,
33:42 parce qu'on traverse évidemment toute une époque,
33:44 mais ensuite il a intéressé les gens
33:46 que Florent, lui-même en tant
33:48 qu'être humain très intéressant,
33:50 a touché.
33:52 Alors il y a eu ça. Et après,
33:54 je pense aussi qu'on a eu un très très
33:56 bon bouche à oreille,
33:58 une fois que tout le monde l'a acheté, beaucoup de gens l'ont acheté,
34:00 évidemment, le bouche à oreille a très très bien marché,
34:02 parce qu'il faut reconnaître, et je ne dis pas
34:04 du tout ça pour moi, parce qu'on l'a vraiment fait ensemble
34:06 encore une fois, que ce livre,
34:08 c'est un page-turner,
34:10 comme on dit, et que sa vie,
34:12 parce que sa vie est dingue ! Donc,
34:14 moi, il fallait juste que j'arrive à faire ressentir
34:16 aux gens à quel point sa vie était incroyable
34:18 et digne d'intérêt.
34:20 - Alors, vous avez mêlé chanson
34:22 et littérature, et ce n'est pas la seule
34:24 fois. Écoutez.
34:26 - Et moi, au milieu
34:28 de tout ça, voilà,
34:30 j'ai rencontré quelqu'un.
34:32 J'aurais pu le rater. - J'ai rencontré quelqu'un,
34:36 c'est à la fois un roman et un CD,
34:38 c'est le premier roman CD signé
34:40 Emmanuel Kosso. - Ah,
34:42 alors là, Jacques, je suis émue.
34:44 Oui, c'est...
34:46 Ce sont mes deux passions,
34:48 finalement. C'est vrai que j'ai,
34:50 en 2014, voulu réunir
34:52 en une, en faisant...
34:54 Oui, j'en perds ma voix !
34:56 En faisant une bande originale
34:58 du livre. - Ça ne s'était jamais fait.
35:00 - Ça ne s'était jamais fait.
35:02 J'étais super fière, et ça a été l'occasion
35:04 de travailler avec des compositeurs pour qui
35:06 j'écrivais, je travaillais,
35:08 notamment Daran, que j'ai cité,
35:10 Gilles Guérif, qui a réalisé
35:12 l'album,
35:14 beaucoup de gens différents,
35:16 tous les gens que j'aimais, je leur ai demandé de travailler avec moi
35:18 sur cet album, et
35:20 avec une liberté de création
35:22 extraordinaire, et j'adore
35:24 cet album. - Oui, et l'idée vous est venue,
35:26 je crois, en écrivant le livre, ou il y avait des choses qui
35:28 raisonnaient ? - En fait,
35:30 j'avais un personnage
35:32 qui tombait amoureuse,
35:34 c'est une histoire d'amour dans le livre,
35:36 et ça lui arrivait
35:38 d'une manière incroyable, elle ne s'en
35:40 rendait pas compte. Elle côtoyait quelqu'un
35:42 dont elle était amoureuse, elle ne le savait pas, c'était
35:44 vraiment étonnant, et en fait,
35:46 ça fait partie de cette
35:48 poésie de l'absurde que j'adore, comment peut-on
35:50 côtoyer quelqu'un pendant plein de temps
35:52 et en être amoureuse sans même le savoir ?
35:54 Et le jour où cette personne s'en va,
35:56 tout d'un coup on est... Et je me suis dit,
35:58 elle ne va pouvoir le transcrire, évidemment,
36:00 je suis autrice que par l'écriture.
36:02 Donc elle s'est mise à écrire des poèmes, et là,
36:04 le vert était dans le fruit, parce que je me suis dit,
36:06 ces poèmes, faisons-en des
36:08 chansons et faisons une bande originale à ce livre.
36:10 - Vous êtes même allée à Astafords,
36:12 au Royaume du Sud de Francis Cabrel.
36:14 - Alors ça, moi j'ai
36:16 toujours eu beaucoup d'admiration pour Francis Cabrel.
36:18 Et j'ai été invitée
36:20 en fait à faire partie d'une promotion
36:22 lors d'une session
36:24 un peu particulière, c'était une session
36:26 des anniversaires des 30 ans des rencontres
36:28 d'Astafords. Et j'ai tellement
36:30 été dans mon élément là-bas que ensuite,
36:32 j'ai été convisée plusieurs fois
36:34 à intervenir en tant que coach formateur
36:36 sur l'écriture de chansons,
36:38 et c'est un endroit absolument formidable.
36:40 - Coach, ça permet justement
36:42 de montrer aux autres
36:44 ce qu'on a appris. - En fait,
36:46 c'est un échange, moi j'adore la transmission,
36:48 j'adore cette notion,
36:50 et comme c'est ma passion,
36:52 l'écriture de chansons et l'écriture de romans,
36:54 c'est vrai que c'est des choses qui sont
36:56 très complémentaires, parce que
36:58 je dis souvent aux élèves,
37:00 je dis souvent que l'écriture de chansons,
37:02 c'est comme des exercices
37:04 pour quelqu'un
37:06 qui va courir un marathon,
37:08 il faut faire des abdos,
37:10 les chansons pour moi ce sont les abdos,
37:12 ce sont les entraînements,
37:14 la respiration, et après,
37:16 une fois qu'on sait faire tout ça,
37:18 on fait tous ces exercices, on est aussi prêt
37:20 à écrire sur la longueur son roman.
37:22 - Voilà justement, on va parler de ce roman
37:24 dans quelques instants à travers la date du 28 février 2024.
37:26 A tout de suite sur Sud Radio,
37:28 avec Emmanuel Cossot.
37:30 - Sud Radio, les clés d'une vie,
37:32 Jacques Pessis.
37:34 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Emmanuel Cossot,
37:36 donc on a parlé de votre parcours totalement atypique
37:38 entre les études,
37:40 les chansons, la littérature,
37:42 et la littérature justement,
37:44 la date du 28 février 2024,
37:46 c'est celle de la sortie d'un roman,
37:48 "La dernière mort d'Éric Muller",
37:50 chez Fayard,
37:52 votre sixième roman,
37:54 qui a justement demandé six ans de travail.
37:56 - Oui, c'est vrai.
37:58 Alors il a demandé six ans de travail avec des pauses,
38:00 c'est-à-dire que c'est un roman
38:02 qui me tient énormément à cœur.
38:04 J'ai eu
38:06 vraiment l'envie
38:08 d'écrire "La vie d'Éric Muller",
38:10 qui est un personnage de fiction,
38:12 mais qui s'inspire
38:14 d'une histoire vraie.
38:16 Est-ce que vous voulez que je vous la raconte ?
38:18 - Oui !
38:20 - C'est sur le suicide assisté.
38:22 Et dans cet article,
38:24 il y a une interview d'une directrice de clinique
38:26 qui dit, voilà,
38:28 pour nous, de notre côté,
38:30 c'est pas toujours facile, évidemment,
38:32 et très sensible, comme sujet,
38:34 d'accompagner des gens
38:36 jusqu'à leurs derniers instants.
38:38 Et elle dit, par exemple,
38:40 l'histoire d'un monsieur français
38:42 qui coche toutes les cases.
38:44 Alors on est dans l'actualité en ce moment,
38:46 puisque Emmanuel Macron a dévoilé
38:48 son projet pour l'instant,
38:50 et ce monsieur coche toutes les cases.
38:52 Il est très malade, il est vraiment
38:54 à court terme condamné,
38:56 il ne veut pas vivre les affres de sa fin de vie,
38:58 il décide de faire appel au suicide assisté.
39:00 Et il prend un rendez-vous à Genève
39:02 dans une clinique, donc fictive, moi j'ai inventé,
39:04 mais l'histoire vraie, c'est qu'il l'a fait.
39:06 Et il s'est rendu à ce rendez-vous,
39:08 et il n'a pas réussi.
39:10 Alors là, ça commence à m'intéresser.
39:12 Il n'a pas réussi, il est rentré chez lui.
39:14 Mais quand même, profondément, il avait besoin de ça.
39:16 Il a demandé un deuxième rendez-vous.
39:18 Il n'a à nouveau pas réussi.
39:20 Il a demandé un troisième rendez-vous, un quatrième rendez-vous,
39:22 un cinquième rendez-vous, un sixième rendez-vous,
39:24 et le septième rendez-vous,
39:26 il n'est pas rentré chez lui, il a été au bout de son geste,
39:28 et il est mort.
39:30 Et moi, quand j'ai lu ça, j'ai vu, waouh,
39:32 je me suis dit, mais c'est incroyable,
39:34 qu'est-ce que ça a été, ces heures supplémentaires ?
39:36 S'il était mort la première fois,
39:38 il n'aurait pas vécu tout ça.
39:40 Et je trouve que, non seulement ça,
39:42 mais après, pourquoi
39:44 il n'a pas réussi, et qu'est-ce qui a fait
39:46 qu'il a réussi à la fin ? Alors, il y avait tellement
39:48 de questions passionnantes pour un écrivain
39:50 qui s'intéresse à ces sujets de société
39:52 que j'ai écrit une histoire complètement inventée
39:54 qui est une histoire autour de, d'abord, une histoire d'amour
39:56 et une histoire de secret de famille
39:58 qui explique ça. Mais au travers
40:00 de ce pitch, si vous voulez,
40:04 de cette structure, de cette colonne vertébrale,
40:06 au travers de cette histoire,
40:08 je peux aborder le sujet de la fin de vie,
40:10 non pas en prenant position,
40:12 mais en nourrissant le débat.
40:14 J'ai énormément lu, je me suis énormément renseignée,
40:16 j'ai été le rat de bibliothèque parfait
40:18 pendant des mois, c'est pour ça que ça a pris du temps,
40:20 parce que je voulais comprendre,
40:22 élargir le débat, et nourrir
40:24 le propos, nourrir le roman
40:26 d'énormément de réflexions qui peuvent permettre
40:28 à chacun, après, aussi,
40:30 de se faire une opinion, en tout cas, de s'engager
40:32 sur une démarche de réflexion.
40:34 - D'ailleurs, à la fin de votre roman, il y a une bibliographie
40:36 qui est immense, "Au tour de la mort".
40:38 - Oui, absolument.
40:40 - C'est un des livres que vous avez lu, relu, trouvé ?
40:42 - Oui, alors pas lu et relu, mais lu,
40:44 en tout cas, parce qu'il y en a beaucoup, en effet,
40:46 et surtout, qui m'ont intéressée, où j'ai pris des notes,
40:48 avec des choses très diverses,
40:50 parce que j'ai voulu un peu explorer
40:52 la mort en long, en large et en travers,
40:54 c'est-à-dire remonter
40:56 sur ce que pouvait être
40:58 la mort dans les sociétés antiques,
41:00 donc allons voir chez les Romains,
41:02 allons voir à Athènes,
41:04 également dans les sociétés
41:06 d'Amérique du Sud,
41:08 également en Inde,
41:10 au Japon, dans des sociétés, dans des cultures
41:12 très différentes, en fait, de la culture européenne,
41:14 parce que c'est vrai que le sujet de la mort
41:16 est très différent
41:18 de par le monde et de par les époques.
41:20 Donc j'ai voulu nourrir
41:22 sans prendre...
41:24 j'ai pas appliqué quelque chose,
41:26 mais moi, j'ai fait l'éponge, en fait,
41:28 pour pouvoir avoir
41:30 la plus grande des réflexions, la plus grande des libertés
41:32 possibles pour réfléchir sur ce sujet.
41:34 - Oui, et d'ailleurs, il y a aussi le sujet de la vie après la vie,
41:36 et puisqu'on a parlé chansons,
41:38 il faut savoir que Paul Misrachi,
41:40 qui était le compositeur, entre autres, de "Tout va très bien,
41:42 madame Marquise", "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux",
41:44 a été passionné par ce sujet,
41:46 et c'est lui qui a traduit le livre
41:48 de Raymond Moody, "La vie après la vie",
41:50 et qui l'a fait connaître en France. - Ah, magnifique.
41:52 J'adore "La vie après la vie".
41:54 - Alors, il se trouve que l'histoire commence
41:56 dans un train, parce que c'est vraiment magnifique,
41:58 avec un monsieur, d'abord,
42:00 c'est une dame qui écrit des livres
42:02 comme nègre, si j'ose dire,
42:04 et elle voit un monsieur en train d'écrire
42:06 sur des feuillets, ce qui ne se fait plus.
42:08 Aujourd'hui, il y a des ordinateurs. - C'est ça.
42:10 Alors, ça, j'avoue que c'est aussi tiré d'une histoire vraie,
42:12 mais c'est la mienne.
42:14 C'est-à-dire que je me suis surprise,
42:16 je vais peut-être être
42:18 mal jugée, mais je me suis surprise
42:20 dans mes travers d'autrice,
42:22 dans mes travers de personne qui cherche toujours
42:24 un peu l'aventure, je me suis surprise
42:26 à prendre une fois en photo, alors c'était pas dans un train,
42:28 c'était dans un avion, les feuillets
42:30 de quelqu'un qui était assis à côté de moi
42:32 et qui écrivait avec une énergie,
42:34 avec une passion, et je me suis dit
42:36 qu'est-ce qu'il est en train d'écrire, et j'ai pris en photo
42:38 pour voir ce que ça pouvait être
42:40 et j'ai donné ce petit...
42:42 Bon, j'en ai rien fait moi, sauf que finalement, oui,
42:44 j'en ai fait quelque chose des années, putain,
42:46 c'était peut-être il y a dix ans, puisque c'est exactement
42:48 ce qui se passe, c'est ce qui va connecter,
42:50 servir à connecter ces deux personnages,
42:52 ce qu'elles s'intéressent à ce qu'ils écrivent,
42:54 parce que oui, la communication manuscrite aujourd'hui,
42:56 la lettre manuscrite,
42:58 je sais pas si vous en recevez beaucoup, Jacques,
43:00 mais en soi, très très peu. - De moins en moins,
43:02 et les auteurs comme Claude Lemel ou
43:04 Didier Barbulien qui écrivent sur des cahiers,
43:06 c'est de plus en plus rare aujourd'hui. - Ah moi j'écris
43:08 les chansons sur les cahiers, mais pas les romans.
43:10 Ah mais Lino Thau ont écrit ses romans,
43:12 je crois, à la main, je crois pas qu'elle est
43:14 d'ordinaire. - Et Didier Vancovelaart le fait aussi,
43:16 mais c'est absolument invisible pour la secrétaire,
43:18 parce qu'il met différentes couleurs
43:20 quand il change un mot.
43:22 Il se trouve donc que ça va être le départ d'une quête,
43:24 d'une aventure incroyable, c'est-à-dire que
43:26 ce monsieur Éric Muller, il a un secret,
43:28 il se demande s'il est un salaud dans sa vie,
43:30 et il veut vérifier,
43:32 grâce à son enquêtrice,
43:34 quel destin il a eu. - Oui, en fait c'était assez
43:36 incroyable parce que c'est un livre que j'ai donc
43:38 écrit sur de longues années et que j'ai mis sur
43:40 pause le temps d'écrire le livre de Florent
43:42 Pagny, et quand j'ai écrit le livre de
43:44 Florent Pagny, je me suis retrouvée exactement dans la peau
43:46 de ma narratrice, qui s'appelle Blanche,
43:48 et qui elle-même écrit
43:50 des livres de célébrités
43:52 pour gagner sa vie, donc c'était assez
43:54 troublant cette synchronicité,
43:56 et effectivement, Éric Muller
43:58 lui dit "voilà,
44:00 j'ai besoin de vous,
44:02 parce que je... alors je veux pas tout
44:04 dévoiler non plus, mais bon, il a besoin
44:06 d'elle pour qu'elle puisse raconter l'histoire de sa
44:08 vie à sa façon, en enquêtant,
44:10 donc oui elle l'interview, mais
44:12 elle fait un travail d'enquête également,
44:14 pour pouvoir de la façon la plus neutre possible
44:16 raconter la vie d'Éric Muller
44:18 et le racheter
44:20 aux yeux de certains. - Oui, ce qu'on peut dire aussi,
44:22 c'est que pourquoi elle cherche à raconter sa vie,
44:24 lorsqu'il n'a pas de mémoire ?
44:26 - Il est malade.
44:28 - Et alors, à la place des chapitres
44:30 traditionnels, ce sont des jours.
44:32 - Oui, et oui, parce que
44:34 on peut
44:36 le dire, je pense, sans spoiler, parce qu'on le sait
44:38 assez rapidement dans le livre,
44:40 mais effectivement, les jours d'Éric Muller sont comptés.
44:42 Donc il y a un compte à rebours,
44:44 et c'est ce qui donne aussi, bien sûr,
44:46 l'énergie et la dynamique
44:48 de la narration. - Avec différents personnages,
44:50 sa famille, ses enfants,
44:52 les amis, ça aussi, ce sont des personnages
44:54 qui vous avez inventés ou qui sont calqués
44:56 sur la réalité, Emmanuelle Coceau ?
44:58 - Tous les personnages sont...
45:00 Il y a énormément d'inventés,
45:02 évidemment, mais après, ils sont
45:04 évidemment nourris des rencontres.
45:06 - Alors, l'histoire se passe à Bourg-en-Bresse.
45:10 - Oui. - Pourquoi Bourg-en-Bresse ?
45:12 - Alors, Jacques, je vous apprends quelque chose.
45:14 Je suis un peu fière parce que je l'ai appris moi-même.
45:16 On dit "Bourg-qu'en-Bresse". - Absolument.
45:18 On dit "Bourg-qu'en-Bresse" parce que le mot
45:20 vient du franco-provençal
45:22 qui se prononçait "Bourg". - Bravo !
45:24 Je n'arriverai pas à vous avoir
45:26 sur aucun point.
45:28 Et j'en suis très heureuse. Exactement.
45:30 Et je ne savais pas. Je suis arrivée en disant "Bonjour,
45:32 Bourg-en-Bresse". "Ah non, Emmanuelle,
45:34 Bourg-qu'en-Bresse". Et alors,
45:36 c'est très étonnant ce qui s'est passé
45:38 parce qu'effectivement, j'ai, sur une intuition,
45:40 choisi cette ville que je ne connaissais pas,
45:42 Bourg-en-Bresse,
45:44 mais parce qu'elle était pratique pour moi
45:46 parce qu'elle était sur la ligne du TGV,
45:48 entre Paris, comme l'histoire se situe entre Paris,
45:50 un petit peu Marseille, mais Paris,
45:52 Bourg-en-Bresse et Genève,
45:54 elle était pile sur la ligne. Je me suis dit "Tiens,
45:56 j'y vais comme ça parce que j'aime beaucoup faire ça,
45:58 parce que l'avantage du métier et de l'activité
46:00 et du travail d'écrivain,
46:02 c'est qu'on peut tout à fait écrire sur une ville
46:04 qu'on ne connaît pas et se dire "Tiens, maintenant,
46:06 il faut que j'aille découvrir la ville". Et comme
46:08 j'adore découvrir tout, c'était l'occasion
46:10 de pouvoir découvrir cette ville. Et j'ai terminé
46:12 ce roman. Et le téléphone a sonné.
46:14 Et un monsieur qui s'appelle Charlie Cordeno,
46:16 qui travaille dans la communication, m'a appelé
46:18 et m'a dit "Emmanuel, est-ce que vous seriez d'accord pour venir
46:20 à un salon du livre à Bourg-en-Bresse ?"
46:22 Et j'ai dit "Vous tombez à pique".
46:24 Il m'a fait découvrir la ville à cette occasion.
46:26 - Oui, car votre notoriété, on le voit sur Facebook,
46:28 vous avez fait tous les salons du livre
46:30 possible et imaginal, Emmanuel Pesso.
46:32 - J'adore rencontrer les lecteurs.
46:34 J'adore...
46:36 En fait, quand on écrit un roman,
46:38 on est un peu seul
46:40 comme un chien, j'ai envie de dire.
46:42 C'est pas la vie la plus sociable
46:44 qu'il soit. Donc c'est vrai qu'une fois que le roman
46:46 est écrit, qu'on a tout donné,
46:48 qu'on a...
46:50 On donne tout pendant des mois et des mois,
46:52 voire parfois des années, le résultat est là
46:54 enfin. On en est fiers, on en est
46:56 heureux et on a envie de le partager
46:58 avec un maximum de personnes et de lecteurs, bien sûr.
47:00 - Oui, mais c'est un roman qu'on ne lâche pas du début à la fin
47:02 parce que vous avez maintenu le suspense
47:04 jusqu'à la fin. C'est pas si facile que ça,
47:06 Emmanuel Pesso. - C'est vrai, c'est un vrai travail.
47:08 J'ai écrit un thriller psychologique
47:10 qui s'appelle "Passé minuit", qui est sorti
47:12 en 2021, qui m'avait vraiment aidé
47:14 à travailler cette notion de suspense
47:16 parce que l'idée c'est vraiment
47:18 de n'avoir que la solution à la fin
47:20 et puis là,
47:22 j'ai aimé ça. En fait, j'ai aimé à la fois l'écrire
47:24 et ce que j'essaye d'avoir
47:26 toujours, c'est de
47:28 donner aux lecteurs
47:30 des émotions, quelles qu'elles soient.
47:32 Des émotions, quelles qu'elles soient, exactement.
47:34 Et moi, c'est ce que j'aime quand je lis, c'est ressentir de l'émotion.
47:36 Ce que je disais tout à l'heure, ce travail de l'émotion,
47:38 pour moi, c'est vraiment un travail de sculpteur
47:40 et l'émotion, c'est le matériau,
47:42 c'est la pierre, c'est la terre glaise.
47:44 Et dans ce livre, je pense que,
47:46 je l'espère, je pense qu'on a
47:48 effectivement envie de savoir, on a envie
47:50 de tourner les pages, mais qu'en même temps,
47:52 on prend des pauses
47:54 pour justement aborder des sujets profonds
47:56 et faire
47:58 toucher du doigt des émotions,
48:00 que ce soit au travers de l'amour, que ce soit
48:02 au travers des sentiments, des relations
48:04 père-fille, des relations
48:06 de la famille aussi, puisque même la narratrice,
48:08 sa famille a un rôle à jouer.
48:10 Je pense que c'est un roman qui parle beaucoup de famille.
48:12 - Oui, et puis il y a une chose étonnante, c'est qu'il y a des chapitres
48:14 de quelques lignes qui sont des pensées ou qui
48:16 pourraient être des débuts de chanson.
48:18 - Ah, c'est intéressant, j'aurais peut-être pu faire
48:20 une bande originale aussi, c'est
48:22 vrai, bien sûr. Disons que
48:24 je crois que ces pensées, elles appartiennent
48:26 à Éric Muller et ma narratrice
48:28 les a mises, puisque finalement, c'est le livre de ma
48:30 narratrice, plus que le mien,
48:32 je ne suis que l'autrice,
48:34 elle est l'actrice de
48:36 cette histoire. Et elle écrit
48:38 elle-même les pensées d'Éric Muller,
48:40 puisqu'elle se met à sa place et que ce
48:42 livre est destiné à
48:44 la famille d'Éric Muller.
48:46 Et ces pensées, oui,
48:48 c'est intéressant que vous me parliez de chanson, parce que
48:50 forcément, quand on est une
48:52 autrice et une parolière, on aime
48:54 que les mots sonnent. Donc, il y a
48:56 cette dimension dans le roman aussi, je l'espère,
48:58 que le texte soit
49:00 sonne dans les oreilles, teinte,
49:02 teinte. - Et comment se fait-il que
49:04 l'amoureuse de la vie que vous êtes, Emmanuelle Cossot,
49:06 se passionne autant pour la mort ?
49:08 - Parce que je trouve que
49:10 la mort, d'abord, la mort
49:12 fait partie de la vie.
49:14 C'est la base. Je n'aime pas
49:16 parler de la mort comme de quelque chose de mortifère,
49:18 mais j'aime parler de la mort comme de
49:20 quelque chose de très vivant, puisque jusqu'à la
49:22 dernière seconde, et c'est un des messages,
49:24 jusqu'à la dernière seconde, on est presque
49:26 immortel. Jusqu'à la dernière seconde, on est
49:28 furieusement vivant. Et
49:30 je trouve ça magnifique, et je trouve
49:32 que c'est pour ça que c'est un sujet
49:34 d'une dédicatesse et d'une poésie
49:36 infinie. - Et comme vous avez
49:38 fait beaucoup de choses, vous avez en plus ajouté
49:40 à cette bibliographie
49:42 deux livres pour enfants.
49:44 Il y a eu "Le Phénomène Philomène"
49:46 et "La Lettre d'Elisabeth". C'est un
49:48 autre parcours, c'est autre chose ? - Oui, c'est vrai.
49:50 En fait, on
49:52 m'a proposé d'écrire pour la jeunesse,
49:54 et j'ai sauté sur l'occasion,
49:56 et j'ai suivi mon fils, en fait.
49:58 J'ai écrit un livre
50:00 pour les premiers romans,
50:02 pour les 7-9 ans, quand il avait 8 ans,
50:04 et puis j'ai écrit "Le Phénomène Philomène".
50:06 Donc c'était "La Lettre d'Elisabeth", qui parle de l'illettrisme.
50:08 Et puis "Le Phénomène Philomène",
50:10 qui est un petit roman que j'adore
50:12 dans la collection Pepix de Sarbacane,
50:14 c'était pour les pré-ados, et mon fils avait 12 ans.
50:16 Et après, j'ai écrit "Passer minuit",
50:18 qui est pour les ados adultes,
50:20 quand il avait 16 ans ou 17 ans.
50:22 Donc voilà, j'ai suivi son truc.
50:24 Mais j'ai très envie de continuer à l'écrire pour la jeunesse.
50:26 J'ai des projets aussi, là. - Alors justement, l'avenir,
50:28 maintenant, c'est de continuer à écrire des chansons,
50:30 des livres, des scénarios. Il y a un projet de film,
50:32 "Bobo" ? - Ah oui, alors ça,
50:34 c'est un projet qui ne s'est pas fait.
50:36 C'est mon projet, c'est mon "année maudite".
50:38 Ah, ça aurait été une date pour la prochaine émission.
50:40 2018, "année maudite".
50:42 Ça rime, en plus.
50:44 Et donc, oui, c'est un...
50:46 - Il est prêt, il pourrait se faire. - Il pourrait se faire.
50:48 Et comme la vie est toujours pleine de surprises,
50:50 j'attends de voir. Mais le scénario est prêt,
50:52 et le producteur
50:54 est toujours très
50:56 volontaire et
50:58 très motivé. Donc on verra bien.
51:00 Et puis si c'est pas celui-là, ça sera
51:02 peut-être un autre, parce que c'est vrai que
51:04 j'ai adoré préparer
51:06 ce film, que je n'ai pas fait.
51:08 - Vous êtes pleine de projets, pleine d'enthousiasme.
51:10 Vous ne pensiez pas arriver à ça quand vous avez débuté ?
51:12 - Je pense
51:14 que je l'espérais. Pouvoir
51:16 travailler autant, c'est vrai que c'est une chance.
51:18 C'est beaucoup.
51:20 Il y a tout...
51:22 En fait, plus on travaille, plus on travaille, parce que les opportunités
51:24 créent des opportunités.
51:26 Là, c'est vrai qu'on peut parler aussi du documentaire
51:28 sur Florent qui va être
51:30 diffusé... Alors, je ne sais pas
51:32 si ça... Oui, il va être diffusé le 15 mars.
51:34 Alors, je ne sais pas si on en parle, peut-être.
51:36 En tout cas, il y a ce
51:38 documentaire que j'ai co-réalisé avec
51:40 Erwann Lelouet, qui a été
51:42 une aventure qui m'a été proposée
51:44 par Laurent Delahousse, parce que le livre
51:46 existait, et l'idée, c'était de mettre en
51:48 image le livre. Bon, tout ça, ce sont
51:50 des projets qui arrivent. Mais c'est vrai
51:52 que mon fondamental, c'est l'écriture
51:54 de romans, c'est l'écriture de chansons,
51:56 et c'est aussi l'écriture, tout simplement,
51:58 moi, je crois que finalement, je suis quelqu'un qui écrit des
52:00 histoires, et des histoires, on peut les
52:02 écrire aussi au cinéma, au théâtre...
52:04 Voilà, donc tout ça, ce sont des choses qui me
52:06 passionnent, évidemment.
52:08 - Et je pense que celles et ceux qui nous écoutent
52:10 et qui sont de plus en plus nombreux, seront passionnés
52:12 par "La dernière mort d'Éric Muller"
52:14 chez Faya, que vous avez écrit,
52:16 Emmanuel Cousseau, en attendant les prochains "Livres de vie".
52:18 - Absolument.
52:20 - Merci. - Merci Jacques.
52:22 - "Les clés d'une vie", c'est terminé pour aujourd'hui, on se retrouve
52:24 bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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