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  • 05/02/2024

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'efficacité du duo Emmanuel Macron / Gabriel Attal.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 Ça nous amène à votre livre, Patrice Duhamel,
00:01 "Le chat et le renard", tiré d'une fable de La Fontaine,
00:04 où vous analysez les rapports entre les présidents et les premiers ministres.
00:07 Là, on a un coup président-premier ministre qui est détonnant,
00:09 évidemment, par la jeunesse des deux individus
00:12 et par le fait qu'on les compare beaucoup,
00:14 on compare beaucoup Emmanuel Macron à Gabriel Attal.
00:17 Est-ce que vous trouvez qu'il y a une gémellité
00:20 ou pas du tout dans le parcours de ces deux hommes ?
00:21 Sur le papier, sur l'image ou sur la photo,
00:25 comme celle qu'on voit, oui,
00:28 mais l'une des conditions, si je reprends le livre,
00:32 et on en est au 26e couple président-premier ministre,
00:35 l'un des critères pour que ça fonctionne,
00:38 c'est qu'il faut que le premier ministre et le président soient différents.
00:41 Alors là, sur la photo, ils ne sont pas très différents.
00:43 Donc le sujet, pour Gabriel Attal, me semble-t-il,
00:46 et pour Emmanuel Macron,
00:47 c'est de savoir comment il va réussir à se distinguer.
00:50 Les tous débuts, c'était compliqué,
00:52 parce que la conférence de presse du président
00:54 15 jours avant le discours de politique générale,
00:57 c'était pas terrible, mais en 2017, c'était pire, c'était la veille.
01:01 La veille devant le Congrès et le lendemain devant l'Assemblée nationale.
01:04 Il a même perdu la conférence de presse le jour du discours.
01:06 Là, c'est un vrai sujet.
01:08 Je trouve que, par exemple, dans la gestion de la crise agricole,
01:12 c'était assez bien fait dans les dernières heures,
01:15 notamment Attal à Paris, Macron à Bruxelles, etc.
01:19 Mais le sujet, c'est vraiment...
01:21 Il faut que les grands premiers ministres qu'il y a eu,
01:23 les coupes présidentielles, les présidents-premiers ministres,
01:26 qui ont le mieux... Ils sont, j'explique dans le livre,
01:29 cohabitation ou pas, c'est à peu près toujours assez mal terminé.
01:32 Sauf une ou deux exceptions,
01:35 Chirac, Raffarin et Macron, Castex, par exemple.
01:39 Mais sinon, ça se termine souvent mal.
01:41 Mais en revanche, la règle, c'est que quand ça se passe bien,
01:43 c'est que le Premier ministre a pris de l'autonomie.
01:46 De Gaulle-Pompidou, très vite, a pris une forme d'envol.
01:51 Et il avait une vraie autonomie,
01:52 parce qu'aussi, De Gaulle ne voulait pas s'occuper
01:55 de ce qu'il appelait la tendance.
01:57 Mais le couple idéal pour vous,
01:59 de président-premier ministre, que dans cette cinquième ?
02:01 C'est De Gaulle-Pompidou, à tout point de vue.
02:04 Mais il y en a d'autres qui ont...
02:05 Alors, ça dépend le critère de l'efficacité
02:08 ou de la loyauté, etc.
02:10 Mitterrand-Morois, d'une certaine manière, au début,
02:12 ça a, jusqu'à la crise de l'école en 84,
02:17 ça a à peu près bien fonctionné.
02:19 Pendant deux ans, ça a bien fonctionné.
02:21 Alors, on apprécie ou pas les 110 propositions
02:24 du programme commun, mais il a appliqué
02:27 la feuille de route de Mitterrand.
02:29 Chirac-Juppé, qui s'entendait très bien, très loyau, etc.
02:32 Il y avait même de l'affection entre les deux.
02:35 Ça a bien démarré, mais au bout de six mois,
02:37 ça s'est voyé, ça a été rapidement...
02:39 Ce qui est intéressant, on va juste écouter
02:41 Emmanuel Macron et Gabriel Attal,
02:42 ce sont les mêmes mots, évidemment,
02:44 et c'est pour ça qu'on parle d'une forme de gémilité
02:46 entre les deux, notamment sur la question
02:48 du réarmement civique.
02:50 On va écouter d'abord Emmanuel Macron,
02:51 puis Gabriel Attal.
02:52 Après le réarmement économique,
02:54 le réarmement de l'État et de nos services publics,
02:57 il nous faudra ainsi engager notre réarmement civique.
03:00 Le réarmement civique, c'est bien entendu
03:02 le respect de la loi.
03:04 Nos concitoyens attendent de nous
03:05 que nous agissions encore et toujours
03:07 contre les violences, contre les trafics,
03:09 contre les cambriolages.
03:11 Notre réarmement civique passe par une justice
03:13 plus rapide et plus efficace.
03:15 Ensemble, nous allons envoyer un message clair.
03:17 L'impunité, c'est fini.
03:20 C'est pas illogique que le Premier ministre
03:22 rebrenne les mots du président.
03:23 Les mots sont les mêmes,
03:24 mais le style oratoire des deux est très différent, je trouve.
03:27 Ça a été frappant, le discours de politique générale.
03:30 Attal, il parle très vite, il fait des phrases courtes,
03:33 avec des formules.
03:34 De temps en temps, Emmanuel Macron,
03:36 il fait des phrases un peu longues
03:38 et avec des mots qu'on va vérifier
03:40 dans le dictionnaire.
03:42 Il est dans le monde irénique.
03:44 Joseph, qu'en pensez-vous
03:45 sur le couple président-premier ministre ?
03:46 Je pense que ce sont des faux jumeaux.
03:49 C'est des faux jumeaux,
03:50 parce qu'il y a une véritable différence,
03:52 et une différence quand même qui est très importante,
03:54 c'est que Gabriel Attal, il arrive avec un discours
03:58 qui est un discours cohérent,
03:59 qui lui appartient, donc qu'il s'approprie,
04:02 alors qu'Emmanuel Macron a eu tellement de discours différents
04:06 qu'il est difficile de s'approprier le même discours
04:08 que celui d'Attal.
04:09 On fait juste le rappel des titres.
04:10 Il est 18h30 de l'actualité avec Simon Guélin
04:12 et on continue ce débat. Simon.
04:18 Gabriel Attal est à Berlin,
04:20 un déplacement du Premier ministre
04:21 pour nourrir et renforcer les relations
04:23 entre la France et l'Allemagne.
04:25 Il s'agit de la première visite à l'étranger
04:26 pour Gabriel Attal depuis sa nomination
04:28 à la tête du gouvernement.
04:30 Le Premier ministre s'est entretenu cet après-midi
04:33 avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
04:36 Israël prouvera les liens de l'Unroi avec le terrorisme,
04:39 c'est ce qu'a affirmé cet après-midi
04:40 le chef de la diplomatie israélienne.
04:43 Selon l'État hébreu, 12 employés de cette agence à Gaza
04:45 ont été impliqués dans les attaques terroristes du 7 octobre.
04:49 Et puis Israël n'acceptera pas les exigences du Hamas
04:52 pour une libération des otages,
04:53 affirmation cet après-midi de Benyamin Netanyahou.
04:57 Le Premier ministre israélien ajoute
04:59 que les termes d'un éventuel accord
05:00 doivent être similaires à ceux de la trêve
05:02 du mois de novembre, Laurence.
05:04 Il en remercie beaucoup.
05:05 Vous aviez une question à poser à Patrice Duhamel.
05:07 Oui, Patrice Duhamel.
05:09 La semaine dernière, pour la première fois,
05:10 me semble-t-il, depuis 2017,
05:13 j'ai vu un président de la République
05:14 qui réellement présidait, il était en Suède,
05:16 il ne s'est absolument pas mêlé d'une crise nationale,
05:19 qui était la crise de l'agriculture.
05:21 Et on a vu Gabriel Attal vraiment tenir les manettes,
05:24 ou au moins faire semblant,
05:25 mais je crois réellement qu'il l'étonnait.
05:27 Qu'est-ce que ça dit peut-être d'une nouvelle configuration politique
05:30 qu'on n'a pas encore vue avec Emmanuel Macron
05:33 et son Premier ministre ?
05:34 Je suis d'accord avec vous.
05:35 Quand je disais les derniers jours de la crise agricole,
05:37 le voyage en Suède en faisait partie.
05:40 Ça tombait bien, en plus, de ce point de vue-là.
05:43 Mais est-ce que c'est la nature d'Emmanuel Macron
05:48 de laisser une large autonomie à son Premier ministre ?
05:51 - Réplique ? - Non.
05:53 J'en suis pas tout à fait sûr.
05:54 Et on a fait un parallèle quand Gabriel Attal a été nommé,
05:58 qui était Mitterrand-Fabius.
06:00 Et moi, j'ai encore vu Fabius,
06:02 et je lui en ai parlé il n'y a pas très longtemps,
06:03 une quinzaine de jours,
06:04 et il me racontait que quand il a été nommé,
06:08 il est allé voir Mitterrand, il lui a dit...
06:11 Alors, ils se connaissaient mieux, et depuis plus longtemps,
06:13 qu'Attal et Macron.
06:15 Mais il avait obtenu de l'autonomie,
06:17 il avait obtenu que François Mitterrand se taise
06:20 quasiment pendant six mois,
06:21 alors Mitterrand parlait beaucoup moins qu'Emmanuel Macron,
06:25 mais quand même, il s'exprimait assez souvent.
06:27 Et surtout, il avait obtenu que les ministres,
06:30 pour asseoir son autorité sur son gouvernement,
06:32 il avait 37 ans, à ce moment-là, il était très jeune,
06:35 il avait obtenu que les ministres n'aient plus le droit
06:37 d'aller directement à l'Élysée pour obtenir des arbitrages.
06:41 Donc, ils avaient bien organisé ça.
06:44 L'expérience prouve, j'en parle dans le livre aussi,
06:46 qu'en réalité, les présidents et les premiers ministres,
06:48 sauf pour les cohabitations,
06:50 parce que là, ils sont obligés de cadrer tout,
06:51 1, 2, 3, 4, etc., qui fait quoi ?
06:54 Mais sinon, ils ne se parlent quasiment pas
06:55 avant d'être nommés.
06:57 De Gaulle et Pompidou se connaissaient très bien,
06:59 mais ils ne se sont pas dit comment on répartit les rôles.
07:01 Giscard et Chirac n'en ont jamais parlé
07:03 avant que Chirac ne soit nommé.
07:05 Et ce qui fait qu'il y a un sacré malentendu,
07:07 qui fait quoi, jusqu'où on met le curseur ?
07:12 Dans les entreprises, c'est assez simple.
07:14 Même dans les très grandes entreprises,
07:15 il y a des lignes budgétaires, un numéro 2,
07:17 il a la signature tout seul jusqu'à 5, 10,
07:20 selon la taille des entreprises, 10 millions d'euros,
07:22 ou voire plus.
07:24 Et puis après, ça monte au président.
07:26 Mais là, il faut que les choses soient claires,
07:28 et ça ne fonctionne que quand les choses sont claires.
07:30 Il y a beaucoup de couples.
07:32 Alors, je ne parle même pas de Mitterrand-Rocard,
07:33 où c'était la haine permanente,
07:35 et Mitterrand, on l'a su très vite, pour le tuer,
07:38 ce qu'il a parfaitement réussi, d'ailleurs.
07:40 Mais il y a d'autres couples où ce malentendu,
07:43 au début, Macron-Edouard Philippe,
07:46 assez vite, vous parliez de présider et gouverner,
07:49 il a fait un livre là-dessus, Edouard Philippe.
07:51 Et là, ils se sont rendus compte assez vite
07:54 qu'ils étaient en désaccord là-dessus.
07:55 Et là, ils ne nomment pas Gabriel Attal
07:56 pour le tuer, et Emmanuel Macron ?
07:57 Non, je pense que même, il le met en orbite.
08:01 Mais je suis à peu près sûr
08:02 qu'il préférait avoir Attal comme successeur
08:04 que Edouard Philippe.
08:06 Il pourrait être jaloux de Gabriel Attal.
08:09 Oui.
08:10 Quand il y a un gros écart de popularité
08:13 entre les présidents et les premiers ministres,
08:15 c'est toujours compliqué.
08:16 Ce n'est pas forcément de la jalousie,
08:18 mais parce que les médias commentent beaucoup,
08:20 que les collaborateurs...
08:22 On parle toujours de président et de premier ministre,
08:24 mais je parle aussi, dans ce livre, des entourages.
08:27 Parce que les entourages, en réalité,
08:29 même si le président et le premier ministre
08:30 s'entendent très bien,
08:31 les entourages se disputent immédiatement.
08:33 Je ne suis pas sûr que...
08:35 Pardon.
08:36 Je ne suis pas sûr qu'Emmanuel Macron
08:39 veuille absolument provoquer le lancement de Gabriel Attal.
08:43 Je ne pense pas.
08:44 La psyché du président le regarde.
08:45 Il n'a pas choisi pour le tuer.
08:47 Non, il n'a pas choisi pour le tuer.
08:48 Je ne suis pas sûr.
08:49 Parce que le meilleur successeur pour Emmanuel Macron,
08:51 ça reste Emmanuel Macron.
08:52 Oui, mais le problème ne se pose pas.
08:54 - Rachel. - Non, mais c'est pas...
08:55 - Les garçons... - Maintenant, on se pose après.
08:57 Rachel, garde la parole.
08:59 Et il y pense.
09:00 Moi, c'était juste une question.
09:01 Comment avez-vous trouvé "Chat" et "Renard" ?
09:03 Quel est le plus malin des deux ?
09:05 J'ai choisi...
09:07 Chaque chapitre, pour chaque couple, j'ai choisi,
09:09 j'ai trouvé une fable.
09:10 Ce n'a pas été facile, d'ailleurs.
09:11 Mais je voulais une fable
09:15 qui soit claire sur l'image qu'on se fait d'un couple,
09:17 le président et le premier ministre.
09:19 Et je trouve, par exemple, ça fait tout de suite penser,
09:21 il y a beaucoup de gens qui me l'ont dit
09:22 depuis que le livre est sorti, à Mitterrand-Rocard.
09:25 Mais la réalité, et je le dis dans la préface,
09:28 c'est que quand on regarde bien comment ils fonctionnaient,
09:31 quelles étaient leurs personnalités,
09:33 les présidents, en tout cas, étaient tous à la fois "Chat" et "Renard",
09:36 c'est-à-dire souples comme un chat
09:38 et rusés comme un renard.
09:41 Et rusés, pour ne pas dire pire.
09:43 Pour autre chose.
09:44 Et flatteurs.
09:45 Elizabeth Burns et la cour du lion. Tout est dit.
09:48 "Lion" avec un L majuscule.
09:49 Allez, une petite pause. On se retrouve dans un instant
09:51 sur Europe 1 et sur CNews.
09:52 On continue nos débats.
09:53 On évoquera aussi la France insoumise,
09:56 les indésirables du 7 février.
09:58 On se pose la question dans un instant. À tout de suite.

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