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  • 18/01/2024
Un rassemblement a eu lieu hier devant le tribunal judiciaire de Marseille. L'association Conscience qui soutient les familles de victimes demande plus de moyens pour la justice, de nombreuses familles attendent des avancées sur les enquêtes. L'inaction de l'État est également pointée du doigt. Maître Mathieu Croizet l'avocat de l'association est au micro de Cassandre Amouroux. ...

Vidéo publiée le : 18/01/2024 à 09:56:00

Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/depeches/justice/marseille/90915/narcobanditisme-a-marseille-les-familles-des-victimes-demandent-le-droit-a-la-securite-et-a-la-vie.html

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Transcription
00:00 Mathieu Croizet, avocat pour l'association Conscience est avec nous.
00:03 Il représente aussi plusieurs familles de victimes.
00:06 Et ce mercredi matin, un troisième référé liberté exigeant une action de l'État face au narco-banditisme a été déposé par l'association.
00:17 Est-ce que, monsieur Croizet, maître, vous pensez que cette fois, c'est la bonne ?
00:21 On est sûr et certain que sur le principe, on a raison.
00:24 Alors je suis un peu têtu.
00:25 Donc effectivement, c'est la première fois qu'on faisait un référé liberté.
00:29 Petite précision, le référé liberté présuppose la réunion de deux conditions.
00:34 La première, une urgence. La deuxième, une atteinte à une liberté fondamentale.
00:38 Lorsqu'on dépose ce référé, il y a un premier filtre fait par un magistrat qui va déterminer dans son bureau si les deux conditions sont réunies.
00:46 La première fois, comme je l'indiquais, c'était trop, trop précis, trop complet.
00:50 La deuxième fois, pas assez.
00:51 On va estimer que la troisième fois, ce sera la bonne parce que jamais deux sans trois.
00:54 Et en plus, je pense qu'il y a véritablement quelque chose à faire.
00:59 Je rappelle, on base notre procédure sur le respect, le droit à la sécurité.
01:06 Et là, manifestement, il y a un problème et le droit à la vie.
01:09 Et quand on dit le droit à la vie, c'est le droit d'être en vie, mais le droit de vivre aussi convenablement.
01:13 Donc là, j'espère que pour une fois, on aura l'opportunité de passer ce premier filtre.
01:18 Ce qui ne veut pas dire qu'on aura gagné pour autant.
01:20 Mais si on passe ces premiers filtres, on aura l'opportunité de pouvoir plaider en audience publique et expliquer les raisons pour lesquelles on fait ceci.
01:28 L'avantage aussi d'une telle procédure, c'est que on pourra entendre la partie adverse, en l'occurrence, la préfecture représentant l'État,
01:35 nous expliquant ce qui a été fait, ce qui est en cours de réalisation et ce qui sera fait vraisemblablement dans les mois à venir.
01:44 Au sujet des moyens accordés à la justice, on a un nouveau procureur à Marseille depuis quelques mois qui, par exemple,
01:49 place des magistrats à Dubaï pour traquer les chefs de gang.
01:53 Est-ce que son action de manière générale à ce stade vous paraît faire bouger les lignes ?
01:58 Je connais Nicolas Besson, puisque j'ai eu affaire à lui il y a une dizaine d'années lorsqu'il était procureur à Toulon.
02:06 C'est vrai qu'il est venu avec beaucoup de très déterminés.
02:10 J'espère qu'entre la détermination et la réalisation, il n'y aura pas une déperdition de volonté.
02:17 Je reste attentif encore une fois.
02:19 C'est vrai qu'il est arrivé qu'en septembre.
02:20 On ne peut pas s'attendre à ce qu'il fasse par miracle.
02:25 A bras cadavres, il n'y a plus de...
02:27 J'ai entendu qu'il allait y avoir des nouveaux magistrats qui allaient arriver.
02:32 Je ne sais pas s'ils sont vraiment arrivés ou pas.
02:34 Pour l'instant, je n'ai pas l'impression qu'ils y soient.
02:37 De nouveau, les effets d'annonce, on en a tous un peu assez.
02:40 Il y a beaucoup de ministres qui viennent à Marseille régulièrement.
02:42 Une ville qui est quand même considérée par le président comme une de ses villes favoris.
02:47 Il ne cache pas son amour pour Marseille.
02:50 Ce n'est pas quelque chose qui semble vous toucher particulièrement,
02:52 cette venue ministérielle.
02:54 Est-ce que vous ne vous sentez pas plus considéré que ça, finalement ?
02:57 Je n'ai pas envie que Marseille devienne le zoo de la politique.
03:00 Regardez les gentils habitants de Marseille en volant leur oeil.
03:03 Trois cacahuètes, trois CRS et puis après, ça va se passer.
03:07 C'est sympa.
03:08 C'est vrai que c'est bien parce que c'est une ville qui est compliquée.
03:11 Mais c'est une ville qui est compliquée, mais que j'adore.
03:13 Mais il faut que vous fassiez appel aux gens du cru.
03:16 Les meilleurs experts, c'est ce que j'ai dit,
03:17 ce sont les gens qui habitent dans les quartiers.
03:19 Ce n'est pas dans les ministères qu'on va déterminer ce qu'il faut leur faire.
03:22 Il faut qu'ils viennent.
03:22 Alors ils viennent, c'est vrai, c'est super.
03:25 Ils viennent avec leur équipe de protection.
03:28 On aimerait bien avoir autant de personnes pour s'occuper des gens.
03:32 Si vous voulez savoir ce que c'est de vivre dans une cité,
03:35 vous venez.
03:36 Il y a des familles qui vous accueilleront toutes,
03:37 les femmes et les hommes politiques.
03:39 Je lance un annonce.
03:39 Si vous voulez voir ce que c'est de vivre dans un quartier qui est miné par la drogue,
03:43 je vous trouve trois ou quatre familles qui sont extrêmement chaleureuses,
03:47 très très accueillantes.
03:48 Vous passez deux nuits, mais sans escorte, sans policier.
03:54 Mais normalement, vous vous habillez normalement,
03:56 vous venez passer deux nuits, vous allez voir comment c'est.
03:58 Il y a eu en 2023, ce qu'on appelle assez malheureusement des victimes collatérales,
04:03 des gens qui n'avaient strictement rien à voir avec un fil de drogue,
04:05 comme Sokhaina qui a été tuée chez elle.
04:08 Et on a l'impression que là, l'opinion publique s'est émue de ces fusillades.
04:13 Est-ce que ce n'est pas un peu malheureux qu'on en vienne à ce type de meurtre
04:17 pour que les gens arrêtent de dire par exemple qu'ils se tuent entre eux ?
04:21 Moi, je refuse de faire une distinction.
04:23 Une victime est une victime,
04:24 quand même même la victime l'aurait entre guillemets bien cherchée,
04:27 puisque dans l'opinion publique,
04:29 si quelqu'un fait partie d'un trafic de stupéfiants,
04:31 il a pris le risque d'eux.
04:33 Non, ce sont des victimes.
04:35 Si vous remettez de la police, si vous mettez un peu d'ordre,
04:37 si vous mettez, retrouvez un lien social nécessaire
04:42 et que surtout, comme je dis, il ne faut pas que les policiers soient...
04:45 Les seuls contacts policiers, c'est ou la BAC ou les CRS.
04:49 La BAC, elle fait son travail, je ne le conteste pas, les CRS aussi.
04:52 Mais pour les gens du quartier, soit vous êtes emmerdé,
04:55 excusez-moi du terme, désolé maman, par la BAC
04:58 parce qu'elle va vous demander des cartes-papiers d'identité,
05:00 soit vous allez voir des gens habillés de pieds tencaps avec une armure
05:04 et qui ont l'air d'être membres d'une coupe, d'une troupe d'occupation.
05:08 Donc ça ne crée pas de lien social.
05:10 Si vous retrouvez des policiers qui connaissent les quartiers,
05:12 que quand un gamin va un peu en dehors du droit chemin,
05:15 lui dit "attention, je vais le dire à ta mère",
05:17 ça remet... C'est ce qui se passait il y a une dizaine d'années,
05:22 la police de proximité, que Nicolas Sarkozy a décidé d'enlever
05:26 parce qu'il disait que les policiers n'étaient pas là
05:28 pour jouer au football avec les gamins.
05:30 Moralité, presque 14 ans après, même un peu plus,
05:33 on voit bien que peut-être c'était pas mal qui jouait au foot avec les gamins.
05:37 Et les policiers portaient des packs d'eau aux grands-mères,
05:39 ils connaissaient tout le monde.
05:41 Et surtout, ce qui est le plus détestable,
05:45 c'est que les gens des quartiers ont très très peur,
05:47 parce qu'il y en a très peu qui prennent la parole.
05:49 Nous avons des gens courageux ici parce qu'ils prennent la parole
05:51 et qu'ils le font à visage découvert et ils prennent quand même un certain risque.
05:55 Il y a beaucoup de gens qui ont peur et quand ils ont peur,
05:57 ils se taisent et très souvent il y a l'amalgame.
06:01 En gros, vous vous taisez, donc vous êtes complices
06:04 parce que vous n'allez pas dénoncer les faits.
06:06 De nouveau, habitez là-bas et vous verrez ce que c'est.

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