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  • 10/01/2024

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00:00 À 7h45, vous avez la parole et ce matin, on vous demande si vous participez au Dry January.
00:05 Janvier sobre en bon français, un mois sans alcool, un mois pour s'interroger sur sa consommation,
00:11 parfois presque automatique dans un pays où l'alcool est omniprésent, culturel presque.
00:16 Alors, que pensez-vous de cette initiative ? C'est la cinquième édition cette année du Dry January.
00:22 Et puis si vous le faites, venez nous dire pourquoi, est-ce que ça vous apporte quelque chose ?
00:27 On vous attend avec ce numéro, le 04 76 46 45 2 fois, c'est Péroline qui vous attend au téléphone.
00:33 Et pour nous éclairer ce matin, notre invité, le professeur Maurice Demathéis, bonjour à vous.
00:37 Bonjour.
00:38 Merci d'être avec nous ce matin, chef du service Pharmaco-Addictologie au CHU de Grenoble.
00:43 Vous avez écrit avant ce mois sans alcool une lettre au ministère de la Santé
00:47 avec une cinquantaine de professeurs d'addictologie, d'universitaires.
00:52 Vous y réclamiez un soutien du gouvernement à ce mois sans alcool.
00:56 Ça n'est pas venu.
00:57 Pourtant, le Dry January, ça marche.
00:59 24 millions de Français l'ont fait l'an dernier.
01:02 Ça pourrait être encore plus cette année.
01:04 Alors, si je peux me permettre, est-ce que vous voyez ce matin le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
01:09 Les deux, je dirais, effectivement.
01:11 Donc, ce qui est très important aujourd'hui, c'est de voir que ce mouvement, finalement,
01:15 qui s'est engagé depuis plusieurs années, qui existe depuis 2013 en Angleterre,
01:19 eh bien, finalement, fait tâche d'huile dans différents pays.
01:23 Et c'est devenu aujourd'hui un rendez-vous annuel international.
01:26 C'est-à-dire que le mouvement aujourd'hui est engagé.
01:29 Et c'est ça qui compte.
01:30 C'est finalement cette dynamique qui s'est mise en place.
01:33 La société évolue.
01:34 Les modalités de consommation évoluent.
01:36 Et effectivement, il faut aujourd'hui considérer l'alcool, finalement,
01:39 comme une autre habitude de vie, finalement, pour laquelle on se questionne en début d'année.
01:44 C'est important aujourd'hui de faire le point sur sa consommation.
01:47 Ça changerait quoi, au fond, d'être soutenu par les autorités ?
01:50 Vous réclamez un soutien du ministère de la Santé.
01:52 Ça changerait quoi, puisque vous le dites, ça marche ?
01:55 Alors, l'objectif, c'est d'être dans une cohérence, si vous voulez,
01:58 dans les messages qui sont donnés,
01:59 puisque aujourd'hui, on a un gouvernement qui s'inscrit dans la prévention.
02:03 Et il a raison.
02:04 Et on voit qu'il y a eu des spots télévisés sur le risque vasculaire associé,
02:08 cardiovasculaire associé à la consommation d'alcool,
02:10 y compris en dehors d'une addiction.
02:12 Et ils ont raison.
02:13 C'était quand même des spots portés par Santé publique France,
02:16 en partenariat avec le ministère.
02:18 Et donc, le fait qu'aujourd'hui,
02:19 le gouvernement, finalement, n'accompagne pas le mouvement
02:23 est quelque part en contradiction avec, effectivement, ses messages.
02:26 Et c'est dommage.
02:27 Car l'objectif, c'est vraiment d'être dans une démarche de santé publique,
02:30 de prévention.
02:31 Et de toute manière, aujourd'hui, ce qui compte,
02:33 c'est que le mouvement, aujourd'hui, est engagé.
02:35 Il prend de l'ampleur.
02:37 Alors, mieux vaut tard que jamais, à un moment donné, effectivement.
02:40 Donc, ça deviendra une évidence pour que le gouvernement accompagne ce mouvement.
02:43 Je voudrais juste apporter une précision,
02:45 puisque vous avez évoqué à la fois le dry january et le janvier sobre.
02:48 En fait, ce sont deux initiatives différentes.
02:51 D'accord.
02:51 Si le dry january a 5 ans, 5e édition,
02:54 le janvier sobre est à sa 6e édition.
02:55 Il a juste précédé le dry january d'une année.
02:58 Et en fait, les objectifs de consommation étaient un peu différents.
03:01 Mais finalement, ce qui compte, c'est le changement.
03:04 Si le dry january, c'était le janvier sec, visait plutôt abstinence,
03:07 en fait, même le dry january n'oblige pas à être abstinent.
03:11 C'est s'engager dans une réduction de consommation,
03:15 se questionner par rapport à sa consommation
03:17 et s'engager dans le changement.
03:18 La sobriété, c'est consommer avec modération.
03:21 Et finalement, on était déjà dans une dynamique un peu plus,
03:24 on va dire, moins jusqu'auboutiste.
03:26 Mais là aussi, quand on réduit sa consommation,
03:28 on peut aller, si on le souhaite, jusqu'à l'abstinence.
03:31 Donc, ce qui compte aujourd'hui, c'est d'avoir différentes initiatives
03:34 qui permettent finalement à chacun de trouver ce qui lui convient le mieux.
03:37 L'important, c'est de s'engager dans le changement
03:40 et que ça tienne dans le temps.
03:42 Voilà. Donc, aujourd'hui, c'est être plutôt dans cette dynamique du mouvement.
03:44 - Lui, justement, tient dans le temps. Il est abstinent depuis 23 ans.
03:48 Bonjour, Robert Peloux.
03:50 - Oui, bonjour.
03:51 - Merci d'être avec nous.
03:52 Vous êtes le président de l'association "Vivre sans alcool, vivre sans addiction".
03:56 Alors, malgré toutes les tentations qui existent dans la société française,
04:01 qu'est-ce qui vous permet de tenir sobre depuis 23 ans ?
04:04 - Ah ben, pour tenir 23 ans, effectivement,
04:10 c'est aujourd'hui que je ne tiens plus du tout.
04:12 Je fais tenir les autres, surtout.
04:13 - D'accord.
04:14 - Moi, la plus grosse difficulté que j'ai, c'est la première année.
04:17 Et tel que disait le professeur Dematheis,
04:20 je pense qu'il faut considérer cette démarche
04:24 comme un défi de notre façon de vivre et notre rapport à l'alcool.
04:29 Donc, on a la possibilité, pendant un mois, de faire,
04:32 pourquoi pas avec des amis ou même en famille, de faire cet essai.
04:36 Donc, je dis toujours, moi seul, on va plus vite,
04:38 mais ensemble, on va plus loin.
04:40 - Les personnes que vous suivez, est-ce qu'elles font le dry-drain-your-eat ?
04:43 Est-ce que vous avez vu, puisque c'est la cinquième édition cette année,
04:45 est-ce que vous avez vu des gens sortir de l'alcoolisme
04:48 grâce à ce "Moi sans alcool" ?
04:51 - Je pense que c'est un départ, ça peut être un départ.
04:53 Et donc, moi, je sollicite les gens, justement,
04:56 à profiter de cette opportunité vis-à-vis de la médecine,
04:59 puisque tout le monde est, je dirais, sur le front.
05:05 Je crois que c'est la solution pour ceux qui se sentent pris par cette addiction.
05:12 Je pense que c'est une solution pour démarrer, si vous voulez,
05:15 justement, une abstinence, peut-être une abstinence, pourquoi pas.
05:19 - Merci Robert Peloux.
05:21 Je rappelle que vous êtes le président de l'association
05:23 "Vivre sans alcool, vivre sans addiction".
05:25 Et vous pouvez réagir aussi, Pauline, ce matin, sur France Blizzare,
05:28 à ce dry-drain-your-eat, un numéro 04 76 46 45, deux fois.
05:34 Je reviens vers vous, professeur Demathéis,
05:37 chef du service pharmaco-addictologie au CHU de Grenoble.
05:41 La consommation d'alcool est problématique, à partir de quel moment, de quelle dose ?
05:45 - Alors, c'est pour ça que cette initiative permet aussi de revoir les repères
05:49 qui ne sont pas très bien connus dans la population générale,
05:51 mais qui ne sont pas très bien connus non plus par beaucoup de professionnels de la santé.
05:55 Donc pas plus de deux unités par jour, parce qu'on sait de toute manière
05:58 qu'il n'y a pas de consommation sans risque,
06:01 et limité à deux unités, deux unités c'est deux verres,
06:04 effectivement, ça correspond à 10 grammes d'alcool pur par unité.
06:07 Donc un verre standard, c'est 10 grammes d'alcool pur.
06:09 Après, effectivement, on a différentes contenances en fonction du type d'alcool,
06:14 selon effectivement des alcools forts ou des alcools moins forts.
06:17 Donc pas plus de deux unités, pas plus de deux verres par jour,
06:20 parce qu'on sait qu'au-delà, on va augmenter de manière beaucoup plus importante les conséquences,
06:25 pas plus de 10 unités par semaine et rester deux jours sans consommer.
06:28 Alors ça, c'est très intéressant, pas plus de deux unités,
06:30 on va limiter toutes les conséquences liées aux consommations.
06:33 Être capable de rester deux jours sans consommer, ça veut dire que j'ai le contrôle.
06:36 Donc on évoque les problématiques addictives,
06:38 parce que finalement, on peut très bien développer plein de conséquences en dehors d'une addiction.
06:43 L'alcool, c'est 60 à 200 pathologies, dont l'addiction.
06:47 Vous voyez, il n'y a pas que l'addiction.
06:48 Or, quand on parle d'alcool,
06:50 on voit à quel point ça génère des représentations avec toutes les images de stigmatisation,
06:55 effectivement, liées à la consommation.
06:57 Et ça, ça contribue à cette ambivalence, effectivement.
07:00 Mais vous comprenez aussi que lorsqu'on est tous ambivalents,
07:03 et finalement, lorsqu'on a un gouvernement qui ne se positionne pas,
07:07 on entretient quelque part cette ambivalence.
07:09 Donc comme ça a été dit par Opère Bolou,
07:11 l'objectif, c'est une mesure collective.
07:14 Ça facilite le changement.
07:15 En somme, on est plus fort.
07:17 Ce n'est pas propre à l'alcool.
07:18 Vous voyez qu'il y a le moisson-tabac, il y a d'autres mesures.
07:21 - Qui lui, est soutenu par le gouvernement.
07:23 - C'est ça. Alors que très souvent, les deux consommations sont souvent associées.
07:26 Donc on doit être dans cette logique, effectivement, d'accompagner l'ensemble.
07:30 Mais c'est pareil pour l'activité physique, c'est pareil pour l'alimentation.
07:33 Donc aujourd'hui, il faut inscrire les habitudes de consommer d'alcool.
07:36 Parmi les autres habitudes, et on devrait finalement se poser la question,
07:39 sans avoir tout ce débat passionné autour de ces consommations.
07:44 Donc voilà, les repères, c'est très important.
07:46 Et l'objectif, c'est savoir où on en est avec sa consommation.
07:50 Et si je vois que j'ai des difficultés pour ne pas consommer,
07:53 il faut peut-être que je demande de l'aide à un moment donné.
07:55 - Et des réactions ce matin sur notre page Facebook,
07:58 Soazic Pelé, à ce débat autour du Dry January.
08:00 - Oui, tout à fait. Nadine qui nous dit qu'elle n'entreprend pas le Dry January
08:05 parce que c'est le mois de son anniversaire.
08:07 Je ne sais pas si c'est une excuse valable.
08:09 Et Corinne qui nous dit "J'ai commencé le Dry January,
08:13 mais je ne m'interdis pas une petite entorse
08:16 si une coupe de champagne ou un bon cru me sont proposés".
08:19 Bien sûr avec modération.
08:21 Ça rejoint un petit peu ce que vous disiez, professeur Demathéis.
08:24 Finalement, pas d'abstinence totale, mais un début de modération.
08:30 - En fait, ça va dépendre de chacun.
08:31 Il y a des personnes qui sont en difficulté pour rester dans la modération.
08:34 Dans ce cas-là, il vaut mieux rien que d'être dans une lutte qui est compliquée.
08:38 Et on sait très bien que la modération peut être le début pour aller au-delà encore.
08:42 Et puis d'autres, effectivement, sont capables de retrouver le contrôle
08:46 et de revenir à des niveaux de consommation moins problématiques
08:49 en termes de risque de conséquences.
08:51 Encore une fois, l'objectif, ce n'est pas de rendre tout le monde abstinent.
08:54 C'est finalement de savoir où on en est avec ces consommations
08:56 et réduire les dangers associés à ces consommations.
08:59 - Et si on se rend compte d'une consommation problématique,
09:02 il y a un certain nombre de soutiens possibles.
09:04 Vous, par exemple, vous travaillez notamment avec des groupes de parole.
09:07 - Oui, entre autres.
09:08 Parmi d'autres, on a un atelier thérapeutique pour les patients,
09:12 animé d'ailleurs par notre patiente experte, Laurence Côté,
09:16 qui permet de travailler sur les difficultés des patients face à ces consommations.
09:22 Et on voit bien, et ça a été dit par Ropère Peloux, le problème de la pression sociale.
09:25 On voit bien, déjà, avant même dans un usage problématique,
09:29 on voit à quel point c'est parfois difficile de refuser une consommation.
09:32 Mais quand on a été effectivement confronté à un usage très problématique d'alcool
09:37 et que tout d'un coup, on ne peut plus consommer parce qu'on n'est plus en capacité d'avoir le contrôle
09:41 et qu'il y a toutes les conséquences,
09:43 résister à cette pression sociale, c'est compliqué.
09:46 Donc aujourd'hui, c'est important qu'ensemble, on s'engage dans le changement.
09:51 Encore une fois, l'objectif n'est pas de rendre tout le monde abstinent,
09:53 c'est de moins consommer et consommer mieux surtout.
09:56 C'est ça qui est très important.
09:58 Et moins, c'est déjà bien.
09:59 Donc ça, c'est important de s'engager.
10:01 C'est des approches de réduction des risques et des dommages.
10:04 Et ça, c'est essentiel.
10:05 - Et le message est passé ce matin.
10:06 Merci beaucoup, Maurice.
10:08 - Si je peux me permettre, dans cette année de l'olympisme,
10:10 encore une fois, l'important est de participer.
10:12 - De participer encore au Dry January.
10:16 - Au Dry January à tout moment, même si effectivement, on n'est plus le 1er janvier.
10:20 Ce qui compte, encore une fois, c'est le changement.
10:22 Vous l'avez compris, un mois, on voit qu'il faut un certain temps
10:25 pour mettre en place de nouvelles habitudes.
10:26 On sait qu'il faut à peu près deux mois en moyenne pour mettre en place une nouvelle habitude.
10:30 Donc, ce qui compte, c'est d'engager quelque chose et de le poursuivre dans le temps.
10:33 - Engager un changement.
10:35 Merci beaucoup, Maurice de Matéis.
10:36 Je rappelle que vous êtes le chef du service Pharmaco-Addictologie au CHU de Grenoble.
10:40 Belle journée. Merci beaucoup.
10:41 - Merci à vous.

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