Éducation : «L'immigration tire le niveau vers le bas», estime Joachim Le Floch-Imad

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Joachim Le Floch-Imad, collaborateur de Jean-Pierre Chevènement, professeur de culture générale et essayiste, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Il vient de publier "Tolstoï. Une vie philosophique" aux Éditions du Cerf.

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Transcript
00:00 7h, 9h, Europe 1 Matin.
00:02 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'enseignant et essayiste Joachim Lefloch-Imad.
00:08 Bonjour Joachim Lefloch-Imad.
00:10 Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:11 Bienvenue sur Europe 1, vous êtes professeur de culture générale dans l'enseignement supérieur,
00:14 vous êtes un spécialiste de Tolstoy, mais ce n'est pas de lui dont nous allons parler ce matin,
00:18 c'est pour parler de l'école que vous êtes avec nous.
00:21 Vous avez publié il y a quelques jours dans le Figaro, une tribune démontrant que la baisse du niveau scolaire français,
00:27 telle que mesurée par le classement PISA encore très récemment,
00:31 eh bien ça s'explique en partie par l'immigration.
00:33 On va en parler, mais commençons peut-être par cette nouvelle affaire scolaire à Issou, dans les Yvelines.
00:38 Joachim Lefloch-Imad, vous avez vu cette enseignante qui a montré à ses élèves de 6ème un tableau de la Renaissance italienne,
00:45 Diane et Actéon, figurant 5 femmes nues,
00:49 des élèves musulmans qui détournent leur regard, qui estiment que c'est incompatible avec leur religion,
00:54 et puis s'ajoute à cela le mensonge, l'enseignante aurait proféré des paroles racistes, alors ça n'était pas vrai.
00:59 Mais enfin, ça rappelle un peu cette affaire Samuel Paty.
01:03 De quoi cette affaire a-t-elle le nom selon vous, Joachim Lefloch-Imad ?
01:05 - Je vais commencer par répondre à votre question avec une question.
01:09 Quand est-ce qu'on va enfin protéger en France les professeurs des parents d'élèves dangereux ?
01:13 Quand est-ce qu'on va enfin protéger les professeurs du poison de l'identitarisme ethno-religieux,
01:19 de l'obscurantisme qui, je crois, sévit de plus en plus dans l'institution ?
01:23 Alors la notion même de parents d'élèves, pardonnez-moi, mais c'est un oxymore, comme le disait très bien Jacques Muglioni.
01:29 Ce sont les professeurs qui ont des élèves et les parents ont des enfants qu'ils doivent éduquer le mieux possible.
01:34 Et cette affaire, je crois qu'elle est criante en ce qu'elle raconte, disons, l'immixion croissante des parents d'élèves
01:39 dans ce qu'on appelle la communauté éducative, avec des contestations d'enseignement de plus en plus fréquentes,
01:45 des intimidations de plus en plus violentes, je crois.
01:49 Et vous l'avez dit très justement, ça rappelle la manière dont l'affaire Samuel Paty a débuté,
01:54 avec un engrenage du mensonge, de la délation, de l'obscurantisme.
01:58 - Oui, sauf que cette fois l'institution a réagi très fortement.
02:01 - Cette fois l'institution était d'une fermeté totale.
02:04 - Le ministre est allé sur place, les collègues de la prof se sont mis en route.
02:07 - Je crois que la réaction de Gabriel Attal a été remarquable.
02:10 Toute politique d'apaisement aurait été une fois de plus criminelle.
02:13 Maintenant il faut que ce discours, je pense, sur les parents d'élèves imprègne davantage
02:18 dans les rectorats, dans les académies, sur le terrain.
02:21 Mais comme vous le dites, le ministre a très bien réagi, on ne peut que s'en réjouir.
02:24 - Alors on sait que les actes de séparatisme à l'école, les contestations d'enseignement,
02:29 les atteintes à la haïcité, c'est un peu plus qu'ailleurs dans l'enseignement prioritaire
02:33 où se concentrent les populations immigrées.
02:36 Alors dans le Figaro, il y a quelques jours, vous avez écrit que l'immigration aggrave aussi
02:41 l'autre crise de l'école, la crise de fond, celle de l'effondrement du niveau en classe.
02:46 Donc autrement dit, si le niveau scolaire de la France baisse plus que les autres pays,
02:49 c'est en partie à cause de l'immigration.
02:50 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ? Parce que c'est de la bombe quand même ce que vous dites là.
02:55 - C'est de la bombe.
02:56 Vous savez, moi je n'ai pas le sentiment d'avoir inventé l'eau chaude, encore une fois, dans cet article.
03:01 Il y avait eu des gens comme Jean-Paul Brighelli qui en avaient parlé avec talent il y a des années déjà.
03:07 Et par ailleurs, j'aurais peut-être pu davantage inciter sur ce thème de concession,
03:12 comme le fait qu'il y a des enfants de l'immigration, j'en ai fait partie,
03:16 qui se battent, qui ont le goût d'apprendre, qui veulent réussir, et ça il faut les encourager.
03:21 Moi comme professeur, j'ai toujours essayé de tirer tout le monde vers l'eau évidemment.
03:24 - Mais je veux dire, c'est quantifié ?
03:27 - Maintenant, cette réalité que je viens de rappeler ne doit pas faire oublier un certain nombre de phénomènes
03:31 que j'ai voulu mettre en lumière dans l'article.
03:34 Et je crois que l'immigration, dans sa globalité, si on prend les choses au niveau macro,
03:38 tire le niveau vers le bas pour trois raisons.
03:41 - Attendez, d'abord sur la réalité de la baisse du niveau.
03:43 Parce que vous dites en fait très clairement qu'il y a une incidence de l'ancienneté familiale
03:48 dans la nationalité française sur les résultats scolaires.
03:52 Mais c'est de quel ordre cette incidence ?
03:54 - C'est attesté par PISA.
03:56 Dans le dernier classement PISA, on voit que les élèves issus de l'immigration ont 2,4 fois plus de chances
04:02 d'être dans les groupes dits faibles que les élèves dits natifs, autochtones,
04:07 pour reprendre la terminologie de l'enquête qui n'est pas la mienne.
04:09 Cette même enquête PISA montre qu'en mathématiques, si vous voulez,
04:13 vous avez à peu près un an et demi de retard des élèves immigrés ou fils d'immigrés en maths.
04:19 Et c'était des chiffres assez proches en lecture.
04:21 Mais encore une fois, cette enquête PISA s'inscrit dans la lignée de tout un tas d'études qui ont été produites.
04:26 Et ce sont des données de l'INSEE ou des données du ministère.
04:28 Ce ne sont pas des données crypto-racistes ou je ne sais quoi.
04:32 Et donc, il y a un certain nombre de phénomènes qui font que l'immigration tire le niveau global vers le bas.
04:38 Donc, c'est les résultats moindres que je viens de rappeler.
04:40 C'est le fait que l'immigration exacerbe, si vous voulez, la logique de l'hétérogénéité des classes.
04:45 Donc, vous avez des classes aujourd'hui avec des niveaux de plus en plus disparates,
04:48 des situations particulières de plus en plus difficiles, sur fond de dilution du goût du commun.
04:52 Et je crois que les professeurs sont obligés de bricoler, de s'adapter au mieux.
04:57 Mais très souvent, ils sont contraints d'adapter les exigences vers le bas.
05:00 Et enfin, l'autre grand facteur dont je parle...
05:02 - C'est cette idée de groupe de niveau qui a été avancée par Gabriel Attal.
05:06 - C'est une idée qui, je crois, va dans le bon sens.
05:08 À mon avis, on gagnerait à la généraliser...
05:10 - On prend acte du réel, en tout cas, quand on fait ça.
05:12 - ... au delà des seules mathématiques et du français.
05:13 Oui, on prend acte du réel et surtout, on a le courage de se dresser face à tout un tas de résistances
05:18 qui estiment que c'est une manière de reléguer les plus faibles, les plus discriminés socialement.
05:23 Alors que je pense même que, si vous voulez, on est en train de détruire l'école du peuple
05:27 lorsqu'on détruit la capacité de l'école à transmettre les savoirs fondamentaux.
05:30 Et là, ce ne sont pas les plus riches, ce ne sont pas les plus aisés qui en pâtissent.
05:34 Ce sont systématiquement les classes populaires.
05:36 Mais donc oui, cette mesure des groupes de niveau, je crois qu'elle va dans le bon sens.
05:40 Et l'autre grand problème que j'ai mis en évidence dans l'article,
05:43 c'est la multiplication de ce qu'on pourrait appeler les chocs culturels
05:47 du fait de l'immigration, mais pas qu'eux.
05:49 Et il est vrai, aujourd'hui, dans nos établissements, on a un ressentiment colonial qui monte,
05:53 on a des difficultés à enseigner certains pans des programmes, comme on l'a vu avec l'affaire Dissous.
05:57 Et on a une ethnicisation des rapports sociaux qui est croissante
06:01 et qui, je crois, est tout à fait condamnable lorsqu'on est républicain, universaliste, comme je le suis.
06:05 Merci Joachim Lefloch.
06:07 Imad, votre tribune, elle est à retrouver, pardonnez-moi, sur le site du Figaro.
06:11 Merci d'être venu nous voir ce matin sur Orpins.
06:14 Bonne journée à vous.

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