00:06 Bonjour Alba Ventura. Bonjour à tous. Jusqu'où peut-on aller dans l'insulte en politique ? Hier Gérard Larcher était dans notre studio ici
00:13 et alors qu'Amandine lui demandait comment il réagissait aux propos de Jean-Luc Mélenchon contre la journaliste Rutel Krief, le président du Sénat a lancé
00:20 "Ferme ta gueule" au leader insoumis. C'est surprenant de sa part.
00:23 Alors écoutez, au début j'ai ri et puis je n'ai plus ri du tout, comme disait Jacques Chirac. Oui c'est surprenant parce qu'on ne s'y attendait pas
00:31 et sur le moment on se dit "bien envoyé" parce que ces mots-là on les a tous pensés.
00:35 C'est vrai que c'est tentant de déverser les pires grossièretés sur Jean-Luc Mélenchon
00:38 mais écoutez "ferme ta gueule" dans la bouche du président du Sénat ça fait drôle quand même. Le président du Sénat est le garant de
00:44 la qualité des débats, le garant du respect des oppositions.
00:47 Il est le troisième personnage de l'État,
00:49 deuxième dans la succession. S'il arrivait quelque chose à Emmanuel Macron c'est lui qui le remplacerait à l'Élysée.
00:54 Alors je sais bien qu'il est très remonté. Gérard Larcher qui connaît bien
00:58 Mélenchon considère que les propos contre Rutel Krief sont dangereux pour la cohésion de la nation.
01:03 Il n'empêche, cette manière de répondre finit par
01:06 dégrader l'image de nos politiques. Je ne sais pas s'ils avaient besoin de ça.
01:09 Ça me rappelle Nicolas Sarkozy lorsqu'il avait dit "Casse-toi pauvre con". Eh bien ça ne doit pas être, à mon sens, le registre
01:15 du débat politique. - Oui mais c'est devenu classique non ? - Malheureusement.
01:19 Souvenez-vous de la députée insoumise Daniel Obono qui avait lancé "Mangez vos morts" contre ceux qui ne pensaient pas comme elle.
01:24 Mais c'était choquant.
01:26 Je remarque que ceux qui avaient été choqués à l'époque ont applaudi cette fois Gérard Larcher.
01:30 Non mais qu'il parle vulgairement en privé, on le sait, mais là on assiste quand même à un grand relâchement. La
01:36 surenchère des uns provoque la surenchère des autres.
01:38 Je reviens sur Jacques Chirac dont j'ai parlé plus haut. Souvenez-vous, il pouvait jurer comme un chartier
01:43 mais pas en public. Je l'avais entendu une fois à l'antenne parler de délit de sale gueule
01:48 mais son maximum lorsque les micros étaient ouverts c'était de dire "ce n'est pas convenable".
01:53 Il avait une retenue en public. - Bon vous pensez qu'on a franchi une barrière ? - Oui encore une parce que
01:59 l'insulte, la vulgarité ça a toujours existé bien sûr en politique.
02:01 Mais la résonance est plus forte à cause de la spirale infernale des réseaux sociaux
02:06 et parce qu'il y a des personnalités politiques qui n'existent plus que par la provocation.
02:11 Typiquement Jean-Luc Mélenchon puisque c'est sur lui que Gérard Larcher a lâché ses nerfs.
02:15 Mélenchon, la stratégie consiste à électriser le débat, c'est son mode d'existence.
02:19 Alors ce n'est pas une raison pour lui répondre sur le même ton
02:23 et pas une raison non plus de penser que pour se faire entendre ou comprendre des citoyens il faut être grossier.
02:29 Et même si beaucoup ont dû se dire, je les ai entendus ce matin sur le répondeur d'RTL,
02:34 enfin il y a un politique qui dit ce que je pense. Et bien publiquement, vous savez ça s'appelle le surmoi en
02:39 psychanalyse, on ne dit pas tout ce qui nous passe par la tête. - Merci beaucoup Elba.