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  • 05/12/2023

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00:00 Il est 7h44, vous avez la parole ce matin.
00:03 Théo H, nous allons parler d'un sujet crucial, une opération qui sauve des milliers de vies.
00:07 La greffe des greffes qui change aussi la vie des malades, sauf qu'il y a encore un paradoxe.
00:13 En France, nous sommes les champions d'Europe du refus de la greffe.
00:16 30%, donc un organe sur trois qui pourrait être greffé, ne l'est pas dans les faits.
00:21 Alors, venez témoigner sur France Bleu Isère.
00:24 Pour le coup, par exemple, sur la page Facebook, ce n'est pas quelque chose qu'on voit.
00:26 La plupart des gens ont dit « moi je suis prêt à donner ».
00:28 Alors vous, vous êtes greffé, bien sûr, votre témoignage nous intéresse.
00:32 Mais au contraire, vous êtes inscrit sur la liste des refus.
00:35 Vous ne voulez pas, alors pour plein de raisons j'imagine, n'hésitez pas à venir nous les donner.
00:38 Encore une fois, ce n'est pas pour pointer du doigt qui que ce soit.
00:41 On en parle ensemble de manière posée.
00:43 04 76 46 45 45.
00:45 Et pour en discuter ce matin, notre invité Jean-Marie Balland.
00:49 Bonjour M. Balland.
00:50 Vous êtes inscrit sur la liste des refus.
00:51 Oui, bonjour.
00:52 Vous êtes administrateur national de la DOT.
00:54 C'est la Fédération des associations pour le don d'organes et de tissus humains.
00:58 Je le disais, le taux de refus est important, particulièrement dans notre région, en Auvergne-Rhône-Alpes.
01:03 On est à 38% de refus.
01:05 Comment vous l'expliquez ?
01:06 Est-ce qu'on est égoïste en Auvergne-Rhône-Alpes ?
01:11 Non, pas plus égoïste que notre département de France,
01:14 dans le sens où il faut bien savoir qu'en moyenne générale, on en est à 33-34%,
01:19 même des fois même 35%.
01:21 Mais c'est une moyenne générale, donc c'est régionalisé.
01:24 On a des régions où les gens sont beaucoup plus donneurs que d'autres.
01:27 Et il faut s'apercevoir que suite à des informations qui ont été faites,
01:34 informations sociétales, que nous avons malheureusement dans la région PACA aussi un fort taux de refus,
01:42 dans le nord des îles d'Orfrance pareil.
01:44 Donc tout ça vient du fait que...
01:46 C'est quoi les raisons de ces refus ?
01:48 Pour les dons d'organes, c'est un sujet.
01:49 Oui, pardon ?
01:50 C'est quoi les raisons de ces refus, M. Ballon ?
01:52 Oui, les raisons sont très...
01:55 On arrive à les connaître dans le sens où il y a eu des progrès là-dessus, des enquêtes.
02:03 On a déterminé d'abord que par la méconnaissance, par la mésinformation,
02:07 beaucoup de gens, comme ne connaissaient pas les dons d'organes, ne connaissaient pas le prélèvement,
02:12 eh bien ils reculaient devant ce fait-là.
02:15 Ensuite, on peut imaginer aussi ce déni de la mort,
02:18 parce que les proches qui viennent voir le défunt qui est en mort en céphalique,
02:23 et qu'il voit respirer, qui est tout rose, qui est chaud,
02:28 ils ne peuvent pas comprendre que cette personne est morte en mort en céphalique,
02:32 une mort bien spécifique.
02:33 Ensuite, il peut y avoir aussi le fait qu'on veut garder l'intégrité de son corps.
02:38 On est né avec tous les organes et on veut mourir avec tous nos organes.
02:42 On veut être enterré ou scénarisé, c'est n'importe quoi, avec tous nos organes.
02:46 Et d'autres choses, il faut se dire aussi que cette méconnaissance, cette mésinformation,
02:51 amène aussi les gens à se dire "non, je ne veux pas donner mes organes,
02:55 parce que je vais être charcuté, on va m'enlever mes organes".
02:58 Et en dernier ressort, il y a l'effet "religion" aussi.
03:00 Mais cette religion, en fait, il faut savoir que toutes les religions monothéistes
03:04 sont pour le don d'organes.
03:06 – On entend les raisons des refus,
03:08 on va entendre aussi à quel point cette greffe peut être importante pour les malades.
03:13 On va au Standard de France Bleu avec Marlène.
03:16 Bonjour Marlène.
03:17 – Oui, bonjour.
03:18 – Merci d'être avec nous ce matin.
03:21 Vous êtes iseroise, vous avez été greffée deux fois du rein.
03:24 Racontez-nous votre histoire.
03:27 – Oui, tout à fait.
03:28 Donc moi j'ai eu deux greffes, une en mars 2003.
03:32 Alors par contre, c'était des greffes avec des donneurs vivants,
03:37 pas des donneurs cadavériques.
03:39 Donc j'ai eu un don par mon père.
03:43 Voilà, donc c'est une greffe rénale, je tiens à le dire.
03:48 Cette greffe a bien marché pendant à peu près dix ans.
03:52 Après j'ai fait un rejet suite à des microbes que j'ai attrapés.
03:58 Et en 2023 où j'allais pas très bien,
04:02 mais j'ai eu la chance de ne jamais dialyser.
04:05 – Parce qu'il faut expliquer à quel point c'est un changement pour vous,
04:10 puisque sans une greffe vous êtes obligée d'aller plusieurs fois par semaine
04:15 en dialyse, plusieurs heures à l'hôpital.
04:17 – Moi non, j'ai eu la chance de ne jamais dialyser justement.
04:22 Étant donné que j'ai eu un donneur vivant,
04:23 on a pu anticiper les choses et j'ai pu passer outre la dialyse.
04:27 – D'accord, sans la greffe vous auriez dû passer par la dialyse.
04:30 – Tout à fait, oui.
04:31 Et c'est une chose que je redoute énormément.
04:34 – J'imagine, effectivement.
04:36 Merci beaucoup Marlène d'avoir témoigné ce matin au micro de France Bleu.
04:40 Je reviens vers vous M. Balland.
04:43 On parlait des raisons des refus,
04:47 pourtant depuis une loi de 2017 on est théoriquement tous donneurs.
04:52 Comment on explique alors ce taux de refus ?
04:57 M. Balland ?
04:58 – Oui, de toute façon les explications sont simples de ce taux de refus.
05:04 Et puis les gens oublient qu'on a une loi,
05:08 la loi du principe du consentement présumé qui a été édictée en 1976,
05:13 qui disait par le sénateur Cavallier que toute personne qui est de son vivant
05:17 n'a pas exprimé son opposition et considérée comme consentant.
05:21 Mais là-dessus il est venu un décret,
05:24 un décret de modernisation de la loi sur les dons d'organes qui est sorti,
05:28 en 2017, et là il y a eu une confusion entre ce décret et cette loi.
05:34 Parce que le décret c'était une modernisation,
05:39 parce qu'on l'a amené par deux sénateurs qui ont bien voulu penser
05:43 qu'il était quand même plus facile aux gens de se positionner
05:46 en donnant beaucoup plus d'informations pour se positionner,
05:50 c'est-à-dire où on est pour le don d'organes,
05:52 où on est contre le don d'organes,
05:53 en s'inscrivant sur ce registre national de refus
05:56 à qui on a donné trois possibilités.
05:58 Première possibilité principale...
06:00 - Avant il y avait un registre des donneurs,
06:02 maintenant c'est l'inverse, on est d'office donneur,
06:05 il y a un registre des refus.
06:06 - Non, non, non, il n'y a jamais, jamais...
06:07 Non, je m'excuse, mais il n'y a jamais existé,
06:10 jamais en France on a eu un registre national des donneurs.
06:14 On a toujours eu un registre national des refus.
06:16 - D'accord.
06:17 - Alors ce registre des refus qui actuellement monte à à peu près 400 000 personnes,
06:21 ne cherchant pas les petites barrites,
06:25 donc ces trois possibilités,
06:26 première possibilité en inscrivant à l'agence de biomédicine à Paris,
06:30 deuxième possibilité, on peut faire un contrat oral avec un de ses proches,
06:34 ou faire un contrat écrit, donc daté du circonstanciel,
06:38 pour dire on est contre le fait de donner ces organes.
06:41 Et en plus, on a donné d'autres facilités pour dire,
06:44 on peut, quand on ne veut pas qu'on prélève des organes,
06:47 dire par exemple, on ne veut pas prélever un seul organe.
06:50 - Oui, on peut décider de donner tel ou tel organe,
06:53 ou de refuser tel ou tel organe.
06:54 - 7h51, vous écoutez France Bleu Isère,
06:58 notre invitée ce matin, Jean-Marie Balland,
07:00 administrateur national de la DOT,
07:01 et on parle du don d'organes,
07:03 on va en parler notamment avec Annie qui nous appelle de Billieu.
07:06 Bonjour Annie.
07:07 - Bonjour.
07:08 - Alors vous étiez coordinatrice au don d'organes au CHU de Grenoble du coup ?
07:13 - Oui, coordinatrice de prélèvement d'organes au CHU de Grenoble jusqu'en 2017,
07:19 mes 15 dernières années d'activité en tant qu'infirmière.
07:23 - Vous étiez au cœur du réacteur alors Annie, c'est ça ?
07:26 - Oui, exactement.
07:30 Alors moi ce que je voulais ajouter qui était très important, c'est vrai,
07:33 bon il existe le registre national du refus, bien sûr, voilà,
07:37 et lorsque ça se produit, lorsque l'on doit demander à la famille
07:42 si la personne était donneuse et pas d'organe,
07:46 effectivement, la première chose, c'est avant de demander,
07:50 on consulte le registre national du refus,
07:53 s'il est inscrit, eh bien on ne demande même pas,
07:55 on avertit la famille et c'est fini, on n'en parle plus,
07:58 mais bon, beaucoup de personnes ne sont pas inscrites,
08:01 on est quand même, malgré la loi nouvelle depuis 2017,
08:05 on demande quand même toujours à la famille.
08:08 - Oui, il y a la théorie et puis la pratique, on ne va pas aller contre la vie de la famille, j'imagine.
08:13 - Exactement, exactement.
08:15 Et malheureusement, dans le doute,
08:17 la famille, si la personne n'en avait pas parlé de son vivant,
08:20 même si elle avait une carte de donneur dans son portefeuille,
08:24 que l'on ne regarde jamais, puisqu'on ne trouve pas les portefeuilles,
08:26 à l'hôpital, c'est des langues pauvres, elle est venue à la famille,
08:28 eh bien si elle n'en a jamais parlé,
08:30 la famille a vraiment un dilemme vraiment important,
08:35 elle ne sait pas et souvent, quand elles ne le savent pas,
08:38 c'est un refus, parce que dans le doute,
08:40 eh bien ils sont déchirés, eh bien c'est non.
08:43 Et je suis effarée de voir que le pourcentage de refus a augmenté,
08:47 38%, ça me laisse pantouelle,
08:49 à notre époque c'était déjà 30%, on trouvait que c'était énorme.
08:52 Alors je me demande si ce registre, justement, des refus,
08:55 n'a pas été contre-productif pour le don d'organes.
08:58 - Oui, effectivement. La liaison n'est pas très bonne Annie,
09:01 alors on va essayer de soigner un petit peu la liaison.
09:04 En attendant, je vais revenir vers Jean-Marie Balland,
09:07 administrateur de LADOT, l'association pour le don d'organes et de tissus.
09:11 La conclusion, M. Balland, c'est qu'il faut absolument en parler à ses proches,
09:16 ça c'est essentiel.
09:18 - Oui, le dire à ses proches, c'est se positionner,
09:22 c'est se dire, bon ben voilà, papa, maman, je suis pour le don d'organes,
09:25 si Marie fait quelque chose, respectez ma décision,
09:28 et en même temps, ça va soulager la famille d'une pré-décision
09:31 qu'elle n'aurait pas à faire.
09:33 Donc il faut bien comprendre l'importance de se positionner,
09:36 et ensuite dire, ou alors dire non,
09:38 papa, maman, je suis contre le don d'organes,
09:41 je me suis inscrit sur le registre national de la vie de refus,
09:44 qu'on peut s'inscrire à partir de 13 ans,
09:46 et il faut savoir que c'est révocable,
09:48 et donc étant inscrit, même si les parents sont pour le fait
09:51 de donner les organes de leurs proches, de leur mari,
09:54 de leur conjoint, de leur fille,
09:56 et bien derrière, eux, ils ne pourront pas changer la position de leurs proches.
10:00 Donc il est important d'en parler, le dire à ses proches,
10:03 positionnez-vous, par le oui ou par le non, c'est ça qui est important.
10:07 Et parce qu'on voit qu'on a quand même encore,
10:09 comme vous l'avez si bien dit, en amont,
10:11 27 000, 28 000 personnes qui sont sur la liste d'attente,
10:14 on a réussi à faire moins de 5 800 greffes cette année,
10:18 et qu'on a malheureusement un taux de refus qui ne fait qu'augmenter.
10:21 On est un peu d'accord sur le fait que la personne qui était coordonnatrice
10:25 a peut-être raison, que ce fameux registre national des refus
10:29 n'a pas amélioré le score, et on peut peut-être se dire
10:32 qu'il faudra trouver d'autres chemins,
10:35 peut-être la position anticipée sur le don d'organes,
10:42 il faudra imaginer autre chose pour améliorer ce taux de refus
10:46 qui n'est pas quand même confortable.
10:48 On ne peut pas aller comme ça, au-delà de 38-40%.
10:51 Améliorer la législation donc, mais en attendant,
10:54 en parler, en parler, et encore en parler à ses proches.
10:57 Merci beaucoup Jean-Marie Balland d'avoir été notre invitée ce matin.
11:00 Je rappelle que vous êtes administrateur de l'ADOT,
11:02 c'est la Fédération des associations pour le don d'organes et de tissus humains.
11:06 Merci beaucoup, belle journée M. Balland.
11:09 Bonne journée à vous, au revoir.
11:11 Merci beaucoup.
11:12 On remercie également Annie qui nous a appelé,
11:13 Marlène également de leur participation.
11:15 Merci à vous qui vous êtes exprimés aussi sur la page Facebook de France Bleu.
11:18 Iser, vous pouvez réécouter tous ces échanges sur notre site internet.
11:21 Vous n'hésitez surtout pas à nous suivre.

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