Guy Carlier : "Les murs ont des oreilles... Non, aujourd'hui, ce sont nos oreilles qui ont des murs"

Sud Radio

30/11/2023

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##GUY_CARLIER-2023-11-30##

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00:00 7h50, l'heure de Carlie Libre. Le thème de la chronique ce matin ?

00:06 Eh bien ce matin, la chronique de Guy Carlier ressemble à la chanson de Gilbert Becaud,

00:11 "L'indifférence", mais rassurez-vous, il y aura quand même des morceaux de détente dedans.

00:15 C'est la promesse de Guy en tout cas. Bonjour !

00:16 Bonjour Guy !

00:17 Bonjour Laurie, bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:21 Hier après-midi, l'homme était allongé sur le trottoir du boulevard des Capucines,

00:27 non loin de l'Olympia, d'où fusaient des éclats de rire d'une file joyeuse d'adolescents

00:32 qui attendait l'ouverture des caisses pour prendre ses billets pour la représentation

00:36 du Jamel Comedy Club demain soir.

00:38 Devant moi marchait une dame qui tenait la main de son enfant à son côté et elle accéléra

00:44 en passant près de l'homme couché sur le trottoir, mais l'enfant évidemment n'avait

00:47 vu que ça, alors il freina sa mère, la tira par la manche pour revenir vers l'homme couché

00:52 en demandant "mais pourquoi il fait dodo sur le trottoir le monsieur ?"

00:56 La mère, fémine de ne pas entendre, accéléra le pas en traînant son fils et c'est à

01:01 un instant précis que j'ai pensé "on dit que les murs ont des oreilles, mais ce sont

01:06 nos oreilles qui ont des murs, des murs en béton, des murs triple isolation, des murs

01:11 destinés à nous protéger des émotions et pour éviter que tout ce qui concerne l'autre

01:17 n'entre dans notre intimité.

01:19 Ces murs-là, ce sont les murs de l'indifférence."

01:21 Ça commence dès le matin, en ce moment même, tiens peut-être, vous arrivez dans la cuisine,

01:26 votre ado déjeune déjà en solitaire, il secoue la boîte de chocapic par habitude

01:31 dans un bruit de maracas comme pour s'assurer qu'il en reste suffisamment pour remplir

01:35 son bol.

01:36 Alors pour tenter de nouer un dialogue, vous vous demandez "tu vas bien ?" et lui, en

01:40 restant concentré sur l'étiquette de composition des chocapics, répond au pilotage automatique

01:44 "et toi ?" Et à cet instant, pour la première fois de la journée, vous venez de vous prendre

01:49 un mur porteur en béton.

01:51 Il y a des petits déjeuners qui ressemblent à des tunnels de l'ALMA, quand les enfants

01:55 préfèrent lire l'étiquette d'une boîte de céréales à un dialogue avec leur mère.

01:59 Tout à l'heure après les transports en commun qui ont aussi l'indifférence en commun,

02:03 vous arriverez au bureau, Bertrand Maillard sera déjà là, soyez honnête, vous ne l'aimez

02:07 pas.

02:08 Il faillote avec la direction, il arrive plus tôt, part plus tard, il est là, le nez dans

02:12 ses statistiques de vente, mais vous avez décidé d'être sympa.

02:15 Vous lui demandez "je te fais un café, Michel ?" Il murmure "château roux, +17%"

02:21 Il relève la tête vers vous semblant vous découvrir et le rebond de vos mots sur les

02:25 murs de Bertrand Maillard, c'est comme s'il vous renvoyait votre café brûlant au visage.

02:30 Et là vous pétez un plomb, alors vous vous mettez à chanter très fort du béco à un

02:34 Bertrand Maillard sidéré "laisse-moi te dire et te redire ce que tu sais déjà, ce

02:39 qui détruit le monde, c'est l'indifférence".

02:41 Oui je sais Patrick, vous allez me dire "oh c'est bien pessimiste tout ça" alors que

02:46 j'ai personnellement insisté pour que cette chronique soit un moment de détente.

02:50 Attendez, j'y viens Patrick, car il arrive que parfois les hommes avec ce qu'ils ont

02:56 de meilleur parviennent à abattre les murs qui semblent les plus inébranlables.

03:01 Il y a 34 ans par exemple, souvenez-vous Rostropovich jouant une suite pour violoncelle de Bach

03:07 devant un mur justement éventré.

03:09 Il y a 44 ans, le 30 novembre 79 sortait l'album "The Wall", le mur qui devint le double

03:17 album le plus vendu de tous les temps et pour une génération entière ce mur de musique

03:23 remplaça les murs de l'indifférence.

03:26 Hey !

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