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Marie BESANCON, animatrice du réseau de solidarité au Secours Catholique du Nord Franche-Comté.
ici Belfort Montbéliard
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17/11/2023
Catégorie
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News
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Il est 8h moins le quart, l'invité du 6/9 Thierry Compredon, on parle ce matin de la
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pauvreté qui ne cesse de progresser en France.
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- Et le nord-franche-comté n'est pas épargné, c'est ce que nous apprend le baromètre annuel
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du Secours catholique.
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Et ce matin on aimerait entendre vos témoignages, est-ce que vous constatez une hausse de la
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pauvreté autour de vous ? Vous pouvez nous appeler dès maintenant au 0384 22 82 82.
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Bonjour Marie Besançon.
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- Bonjour.
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- Merci d'avoir accepté notre invitation, vous êtes l'animatrice du réseau de solidarité
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des quatre antennes du Secours catholique dans le nord-franche-comté.
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Cette hausse de la pauvreté j'imagine que vous la constatez au quotidien.
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- On la constate au quotidien malheureusement avec des bénévoles qui se trouvent de plus
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en plus démunis face à cette augmentation, en se disant mais comment on va faire si
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ça continue à augmenter de façon aussi exponentielle face à des gens qui sont dans
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des difficultés toujours plus prégnantes et des situations sur lesquelles on a du mal
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à avoir une possibilité de s'en sortir durablement.
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- Vous accompagnez comment une famille ?
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- Sur l'année 2022 on a accompagné 1800 familles sur l'air urbain.
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Ça peut paraître dérisoire mais je vous jure c'est énorme de se dire qu'aujourd'hui
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nous ne touchons qu'une partie des familles en grande pauvreté de l'air urbain.
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1800 familles qui n'arrivent pas à vivre dignement au quotidien.
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- Dans ce rapport annuel on s'aperçoit que ce sont les femmes qui sont les plus touchées
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par la pauvreté, comment on l'explique ?
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- On l'explique par plusieurs facteurs.
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Souvent ces femmes, au moment où elles quittent le domicile conjugal, suite à une séparation,
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elles ont la trop grande gentillesse de laisser à l'autre une partie des biens du quotidien.
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Elles n'ont pas des carrières complètes.
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Si elles ont des enfants, elles se trouvent à devoir aménager des temps de travail,
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à prendre des temps partiels pour pouvoir s'occuper des enfants et de la vie de famille.
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Quand ce sont des femmes retraitées, elles ont souvent eu plusieurs enfants et du coup
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une carrière pas tout à fait finie, un minimum retraite et du coup vraiment du mal à joindre
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les deux bouts.
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- Marie Besançon, la difficulté c'est que les femmes mais aussi les hommes ont parfois
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du mal à pousser la porte des associations caritatives comme la vôtre.
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Je vous propose à ce propos d'écouter un témoignage, celui de Laila.
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Elle a connu la précarité, elle a eu le courage de pousser la porte du Secours catholique
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et elle est désormais responsable de l'accueil au Secours catholique de Montbéla.
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Vous la connaissez forcément.
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- Tout à fait.
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J'ai eu deux colis alimentaires mais surtout j'ai parlé avec un monsieur.
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On a parlé très longuement parce que c'était de ça que j'avais le plus besoin en réalité,
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plus que le colis.
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Mais il m'a poussé à m'occuper de moi quand une femme, surtout les femmes, quand elles
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se retrouvent seules comme ça, complètement démolies, quand il y a des enfants, on porte
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tout sur les enfants et on s'oublie soi-même.
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Donc à force de discuter avec ce monsieur, ça m'a permis après de chercher du travail,
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de me sortir la tête de l'eau.
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Ça a mis un certain laps de temps.
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Et puis ensuite, j'ai refait ma vie, je me suis mariée, je travaillais à mi-temps,
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et puis je me suis dit que, comme j'avais mes après-midi, j'ai cherché à faire du bénévolat.
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- Marie Besançon, l'exemple de l'aïl a été mouvant, il ne faut pas hésiter à demander
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de l'aide.
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- Il ne faut pas hésiter.
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Mais c'est souvent très compliqué.
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Le moment où les gens passent la porte, c'est qu'ils n'en peuvent plus.
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Ils passent rarement la porte au moment où il y a...
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Je pense à une dame qui nous témoignait encore il y a deux jours que souvent elle
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mange un jour sur deux, puis que le jour où elle mange, elle mange un neuf.
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Mais elle nous dit ça avec une grande dignité en disant "mais il y en a pour qui c'est
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encore plus difficile que moi".
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Et le moment où elle arrive à passer cette porte, c'est qu'elle n'en peut vraiment
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plus et que même cet oeuf ne suffit plus et qu'elle réalise que c'est...
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Que cet homme peut plus être indigne.
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Ces gens passent souvent la porte et très très souvent, quelles que soient les associations
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que vous allez interroger, ils passent la porte, leurs yeux frôlent le sol, ils n'osent
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pas nous regarder.
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- Il y a un sentiment de honte.
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- Il y a un grand sentiment de honte.
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- Il est 8h10 et nous parlons de la hausse de la pauvreté avec Marie Besançon, animatrice
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du réseau de solidarité des antennes du Secours Catholique dans le Nord-Franche-Comté.
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- Marie Besançon, vous vivez comme d'autres essentiellement de dons.
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Or on sait qu'avec l'inflation les dons sont en baisse.
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Ça vous inquiète j'imagine ?
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- Ça nous inquiète énormément.
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Là chacune des équipes du Nord-Territoire a dû prendre des décisions un peu compliquées.
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On a conscience et on a pleinement conscience aujourd'hui avec les chiffres qui nous sont
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partagés par le National que l'enveloppe qu'on aura pour fonctionner l'an prochain
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ne sera pas plus grande voire beaucoup plus petite que cette année.
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- Ce qui est un paradoxe puisque la pauvreté augmente.
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- Parce que la pauvreté augmente, parce que les charges des personnes augmentent et qu'il
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va falloir répondre plus.
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Donc on a dû revoir nos critères, la façon dont on allait pouvoir accompagner les personnes
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et c'est un sacrifice qui est compliqué pour les bénévoles.
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Ils ne le vivent pas bien et ils appréhendent de devoir dire de plus en plus non à des
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personnes qui en ont besoin.
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Parce qu'on ne dit pas non à des gens qui réussiront à vivre dignement, on dit non
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à des gens qui vivent déjà de façon indigne.
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- Alors l'aide alimentaire ou financière au secours catholique est importante mais
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pas que, votre rôle c'est également de renseigner les gens qui viennent chez vous
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pour leur dire les aides auxquelles ils ont droit.
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Tout le monde ne le sait pas forcément.
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- Ah non, quand vous n'avez jamais fait appel à un service social, vous n'avez aucune
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conscience de quels sont les différents dispositifs qui gravitent autour de vous, les aides auxquelles
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vous auriez le droit.
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Donc la plupart des gens, un tiers des personnes, ne font pas appel aux aides sociales auxquelles
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ils pourraient prétendre, mais par méconnaissance.
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- Donc c'est votre rôle c'est également de les guider et de les orienter.
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- C'est notre rôle de les guider et encore plus aujourd'hui, de se dire il faut absolument
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que vous alliez sur le recours à ces aides pour qu'on puisse venir en compensation et
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on ne peut pas venir en amont.
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Et on accompagne les gens pour qu'ils osent franchir ces portes.
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- Merci beaucoup d'être venue nous voir ce matin à Marguile Bézosson.
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Je rappelle que vous êtes animatrice du réseau de solidarité des quatre antennes du Secours
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catholique dans le Nord.
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Franche Comté, merci et bon courage.
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- Merci beaucoup à vous.
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