Quand ce sont des infirmiers qui commettent des fraudes à l’assurance maladie

  • l’année dernière
Avec Patrick Chamboredon, président de l'Ordre National des Infirmiers.

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi...
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff...
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_DANS_L_ACTU_4-2023-10-07##

Category

🗞
News
Transcript
00:00 C'est une enquête édifiante publiée par nos confrères du monde et signée Henri Seckel aujourd'hui.
00:07 Quand les fraudeurs à l'assurance maladie sont des infirmiers, des kinés ou des médecins,
00:13 ça parle de petites filouteries qui, mises bout à bout, finissent par coûter des centaines de millions d'euros
00:17 à la Caisse Nationale d'Assurance Maladie. On en parle avec notre invité, Patrick Chamboredon. Bonjour à vous.
00:23 Bonjour Marie.
00:24 Soyez le bienvenu sur Sud Radio. Vous êtes le président de l'Ordre National des Infirmiers. J'imagine que vous n'avez pas été très heureux
00:31 de lire justement ce qu'on a pu lire dans le journal Le Monde parce que ce sont certains de vos confrères infirmiers
00:38 ou de vos consoeurs infirmiers qui se livrent à ces petites filouteries. On peut donner quelques exemples qui sont donnés
00:44 par le journal Le Monde. Déclarer un pansement complexe avec méchage ou irrigation, ça coûte 12,60 euros à l'assurance maladie
00:50 au lieu de 6,30 euros. Par exemple, compter une injection intraveineuse, c'est 6,30 euros alors qu'on a effectué
00:56 qu'une injection intramusculaire, c'est 3,15 euros. Bout à bout, ça fait 3 euros + 3 euros + 6 euros + 6 euros,
01:01 parfois des heures de nuit ou alors des visites le dimanche au lieu de visites le lundi, quand ça aurait pu être fait
01:06 malgré tout le lundi. Ça finit par coûter très cher à l'assurance maladie. Est-ce que vous avez été surpris de découvrir
01:11 ces pratiques, Patrick Chamboredon ?
01:15 Merci déjà de nous donner la parole. Effectivement, cet article du Monde écrit par ce journaliste, Aris Ekel,
01:22 nous avait interrogé et on avait commencé à discuter avec lui. D'abord, quelques chiffres. Il y a 630 000 infirmiers
01:29 en France actuellement en exercice, d'un 150 000 en exercice libéral environ, ce qui fait qu'on est quand même
01:36 sur un nombre de professionnels qui est assez élevé.
01:39 Évidemment.
01:40 Et donc, des rapports parlementaires qui datent de 2018, qui sont assez anciens, et des sujets qui se sont accélérés
01:47 parce que nous avons le projet de loi de financement de la sécurité sociale avec des mesures justement pour le
01:52 télécompte cèdre fraude. J'avais déjà été interrogé par des journalistes il y a à peu près 6 mois et depuis, on n'est pas
01:59 resté sans rien faire sur ces sujets-là. Mais c'est vrai que là, ça a tendance à jeter l'opprobre sur une profession
02:08 entière puisque je vous ai donné des chiffres et les points que donne le monde sont incontestables, puisqu'ils ont tiré
02:14 des chiffres sur la surrasse maladie et la dernière conférence de presse qu'a faite Thomas Fatome à ce sujet pour
02:19 justement parler de sa lutte contre la fraude. Et donc, c'est ça qui est un peu gênant, c'est que l'ensemble des infirmiers
02:24 qui se lèvent tous les matins, qui vont faire les tournées, qui passent le matin et le soir chez les patients,
02:29 qui les prennent en charge, ce n'est pas une majorité de ces gens-là qui fraudent.
02:33 Évidemment.
02:34 Et donc, il y a quelques cas isolés, je dirais, et je ne suis pas là pour les défendre parce que la position de l'ordre
02:39 est claire et nette et je l'ai déjà dit publiquement, c'est que zéro tolérance. La sécurité sociale, ses moyens,
02:46 dépendent de nos impôts et c'est à même de faire société, d'assurer la prise en charge des patients, des plus âgés,
02:54 des plus faibles, de multiples pathologies qui sont plutôt à leur domicile et ça, ce sont les patients que suivent
03:00 les infirmiers au quotidien. Donc, on est en train de stigmatiser nos professionnels en son entier et je sais bien
03:06 que cet article parle également des médecins et des kinésithérapeutes, on n'est pas que les infirmiers,
03:12 les pharmaciens sont également incités, mais il ne faut pas stigmatiser comme ça la profession.
03:18 Il peut y avoir quelques petites off-road qui sont accumulées et là, la sécurité sociale les détecte facilement.
03:23 Alors, c'est justement le sens de la question que je voulais vous poser aussi, Patrick Chambordon,
03:27 vous l'avez dit vous-même, tolérance zéro, on a bien compris que vous n'aviez aucune complaisance envers ces actes
03:32 et c'est le cas de la grande majorité de vos adhérents, de vos confrères et de vos consoeurs.
03:36 Malgré tout, il y a une vraie question, c'est que si on dit tolérance zéro, il faut qu'on arrive à le détecter.
03:41 Or, ce n'est pas évident de détecter, par exemple, qu'un infirmier indélicat, je dis bien indélicat,
03:48 a déclaré une visite à 23h30, alors même qu'elle était à 22h30 et que la majorité, la majoration en heure de nuit
03:56 est à 23h30.
03:58 Je suis d'accord avec ça, je vais vous donner le contre-exemple, il y a dans certains territoires des patients
04:04 qui sont diabétiques et qui sont pêcheurs et donc quand le bateau s'en va, c'est dans une heure de nuit
04:08 et donc les infirmiers sont quand même obligés d'y aller.
04:11 Donc à tout exemple, il y a contre-exemple. Moi, je parle de façon globale sur la profession
04:16 et l'exemple que je vous donne sur l'infirmier qui prend en charge un pêcheur, on me l'a rapporté
04:22 et je pense que c'est une réalité. Donc effectivement, toutes ces petites difficultés, masquineries
04:29 ou prises d'intérêt sur le bien commun, c'est inacceptable et de toute façon, l'Ordre exerce une délégation
04:35 de mission de service public et à cet effet, depuis que nous avons été sollicités par la CNAM
04:40 il y a environ 6 mois, on a considérablement renforcé les moyens puisque nous dépendons du Conseil d'État.
04:46 Donc le Conseil d'État nous a nommé un magistrat complémentaire, nous avons augmenté les moyens du greffe
04:52 et beaucoup de dossiers, j'ai pu m'en apercevoir, commencent à arriver. Justement, la Sécurité sociale
04:58 a remis en train le volet ordinal et donc on a de plus en plus d'affaires à connaître
05:05 et donc ça, on ne peut que s'en féliciter parce qu'il faut absolument trier le bon grain de livret
05:09 et faire en sorte que justement, le zéro tolérance soit appliqué de façon effective.
05:15 Après, je suis là aussi pour défendre mon profession et je dirais que les infirmiers sont des professionnels
05:21 du soin et pas du chiffre et donc quelquefois, il y a des problèmes de facturation et ça,
05:25 la caisse le détecte assez facilement et il y a énormément de dénus, ce qu'on appelle,
05:29 qui sont traités directement avec la caisse et donc les infirmiers restituent les fonds qui sont pris.
05:35 Après, il y a des cas énormes avec des gens, c'est cité dans l'article du Monde,
05:39 qui détournent plus d'un million d'euros où là, effectivement, la Cour des comptes l'a dit à la CNAM,
05:43 il faut absolument qu'on ait un système a priori et pas a posteriori.
05:47 Parce que là, ce qui se passe, c'est que les patients sont recherchés un à deux ans après,
05:51 font des attestations et on rentre dans un débat qui n'a pas lieu.
05:55 Donc, on avait fait des propositions, on avait fait d'autres propositions également de faciliter la nomenclature,
06:01 c'est-à-dire qu'il doit y avoir plus de 100 à 150 actes qui sont possiblement facturables par un infirmier.
06:06 C'est quand même extraordinairement complexe et c'est la raison aussi pour laquelle ça facilite les erreurs ou alors les indélicates.
06:13 C'est la raison pour laquelle on en reparlera avec vous, Patrick Chambordon.
06:17 Merci d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio.
06:19 Puis merci aussi pour vos combats, il faut rappeler aussi le dévouement de tous ces membres du personnel soignant
06:23 qui font un métier difficile, formidable et qui, dans leur écrasante majorité, le pratiquent honnêtement.
06:28 A bientôt Patrick Chambordon.
06:30 Merci, à bientôt.
06:31 Président de l'Ordre National des Infirmiers, allez rester avec nous, il est 9h14.
06:34 il est 9h14 dans un instant.

Recommandée