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  • 25/09/2023
Emmanuel Macron a annoncé le retour de l'ambassadeur et le retrait des militaires français engagés au Niger. Après deux mois de crise, était-ce une décision inévitable ? L'influence de la France au Sahel est-elle compromise ? Les réponses avec notre journaliste Brice Dugénie du service international de RTL.
Regardez L'invité de RTL Midi du 25 septembre 2023 avec Céline Landreau.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi avec Céline Landreau.
00:06 La France a décidé de ramener son ambassadeur et donc dans les prochaines heures notre ambassadeur avec
00:10 plusieurs diplomates rentreront en France et nous mettons fin à notre coopération militaire
00:15 avec les autorités de fait du Niger car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme.
00:19 C'est donc la fin de la présidence française militaire au Niger.
00:21 Elle sera organisée dans le temps, dans les semaines à venir, mais c'est la fin de cette coopération.
00:25 C'était hier aux 20 heures de TF1 et le France 2, Emmanuel Macron annonçait le retour de l'ambassadeur et le retrait des militaires français
00:32 engagés au Niger. Bonjour Brice Dugény. Bonjour. Journaliste au service international d'RTL.
00:37 Est-ce que l'on a un calendrier plus précis d'abord sur ces retours ?
00:41 Alors le seul calendrier qu'on a c'est celui que vous venez d'entendre.
00:44 C'est celui établi par le président de la République hier soir au cours de son intervention.
00:47 Il n'y a rien de plus précis donc l'ambassadeur de France au Niger Sylvain Hité sera en France dans les prochaines heures.
00:53 Techniquement d'ailleurs c'est un retour qui n'est pas très compliqué.
00:56 Ça nécessite un peu de coordination avec les autorités nigériennes
00:59 puisqu'on le sait les Nigériens le considèrent comme un citoyen en situation irrégulière.
01:03 Donc à sa sortie de l'ambassade, il devra aller joindre, rejoindre l'aéroport et quitter immédiatement le pays.
01:09 C'est finalement une logistique pour lui assez facile.
01:11 Et pour ce qui est des militaires plus compliqués on l'imagine ?
01:14 Là ce sera beaucoup plus compliqué.
01:15 Selon le président Macron, toujours chef des armées, ce sera d'ici la fin de l'année 2023.
01:19 Tout le monde aura quitté le Niger dit-il.
01:22 Mais là la logistique est complexe.
01:23 1500 hommes, beaucoup de matériel, des avions, des drones, des containers, des armes.
01:29 La logistique est assez lourde, elle va prendre des mois.
01:31 Ce sera par voie aérienne, peut-être aussi par voie maritime via le Cameroun.
01:35 Et ces scénarios de départ en fait ils existent déjà parce que le travail des militaires c'est de prévoir.
01:40 Ils ont donc mis sur le bureau du président de la République les différentes possibilités de retrait du Niger,
01:46 se tenant à la disposition du pouvoir politique.
01:48 Et là pour le coup ça va nécessiter une forte coordination avec les autorités nigériennes pendant des semaines.
01:53 Parce que la France va avoir besoin des autorisations administratives pour faire décoller un avion,
01:58 pour faire atterrir un avion, pour faire partir un convoi, pour sortir du camp militaire tout simplement.
02:02 Et les containers français ne peuvent pas quitter le Niger en quelques jours, en quelques semaines.
02:06 Ce n'est pas possible, d'où ce calendrier estimé d'ici la fin de l'année.
02:09 Cette décision Brice de se retirer après deux mois de crise, elle était inévitable ?
02:14 Oui inévitable, pour trois raisons. D'abord diplomatique, parce que la France était un peu seule à mener ce combat
02:19 en manque de légitimité contre cette junte militaire.
02:22 Il y avait bien la CDAO, vous savez les états de l'Afrique de l'Ouest,
02:24 qui avait brandi un ultimatum menaçant d'une intervention militaire.
02:28 Mais ça n'a pas eu lieu.
02:29 Et au sein de la communauté internationale, dont les américains, on disait suivre la situation de près.
02:34 Mais on ne voulait pas trop s'impliquer. Résultat Emmanuel Macron, il s'est retrouvé un peu isolé.
02:39 Et donc politiquement c'est la deuxième raison.
02:41 Vous pouvez, comme il l'a fait, contester les putschistes.
02:44 Mais au fur et à mesure, avec le temps, le retour du président Bassoum devient improbable, voire impossible.
02:50 Et donc les militaires au pouvoir, ils ont assez répété qu'ils ne voulaient plus de cette présence française.
02:54 Donc dans la situation, il devient compliqué.
02:56 Vous avez un ambassadeur qui est enfermé dans son ambassade et qui ne peut plus rien faire, ou pas grand chose.
03:01 Et puis vous avez des militaires confinés sur une base.
03:03 Et c'est ça la troisième raison, c'est que sans coopération militaire entre la France et le Niger,
03:07 vous avez des militaires désœuvrés, confinés, qui ne peuvent plus sortir en ville.
03:11 Pour certains, dont le moral commence à être un peu atteint, parce que certains avaient terminé leur mission au Niger,
03:15 ils auraient déjà dû rentrer en France, mais faute de rotation aérienne, ils étaient bloqués là-bas.
03:20 Et quand vous n'avez plus de mission et plus de perspective, là aussi peut-être que le restress semble être la meilleure solution.
03:25 La France retire donc son armée du Niger.
03:27 Après le Mali, après le Burkina Faso, que reste-t-il, Brice, de la présence militaire française au Sahel ?
03:34 Pas grand chose. Il reste le Tchad, avec environ 1000 hommes.
03:37 Alors il y a du matériel, il y a des avions de chasse.
03:39 Peut-être d'ailleurs que certains militaires présents au Niger seront redéployés à Jaména, la capitale tchadienne.
03:44 Pour l'instant, on ne le sait pas.
03:45 On se souvient que quand la France avait quitté le Mali, une partie des militaires étaient allés au Niger,
03:49 qu'ils doivent désormais à nouveau quitter.
03:51 Donc le redéploiement, ce n'est pas toujours la solution miracle.
03:53 Mais en tout cas, au cœur de la menace djihadiste, vous savez la zone qu'on appelle la zone des trois frontières,
03:57 Burkina, Mali et Niger, la France n'y sera plus dans les semaines qui viennent.
04:03 Il y a d'autres bases ailleurs en Afrique.
04:04 On pense à Djibouti, au Gabon, à la Côte d'Ivoire ou encore au Sénégal.
04:08 Mais clairement, ce n'est pas la zone qui est occupée par les terroristes.
04:11 Et au-delà de l'aspect purement militaire, l'influence de la France, plus largement dans cette zone, elle est aussi compromise ?
04:17 Alors garder une influence quand vous n'êtes plus les bienvenus,
04:20 que vous ne pouvez pas physiquement rester sur les territoires, c'est difficile.
04:23 En fait, c'est presque impossible.
04:24 Donc on peut imaginer, comme le demande d'ailleurs un peu le Niger, une nouvelle relation,
04:29 c'est-à-dire instaurer une nouvelle base pour une nouvelle relation diplomatique.
04:33 Mais dans le même temps, quand la France s'en va, les autres pays tisent des liens.
04:36 On pense évidemment à la Russie, on pense à la Chine,
04:39 qui depuis des années tisse des liens avec tous les pays que la France quitte petit à petit.
04:43 C'est donc tout l'enjeu pour la France désormais diplomatique,
04:46 c'est de réussir à garder ses liens avec les anciennes colonies,
04:49 qui elles ont décidé depuis quelques semaines et de manière assez radicale,
04:53 de tourner définitivement la page de la France Afrique.
04:55 Merci beaucoup Brice Dujeny.
04:57 On marque une pause. Dans un instant, RTL midi.
05:00 Votre vie, tout autre chose.
05:01 La Fashion Week et ses podiums s'installent à Paris.
05:04 L'occasion de faire le point sur les tendances de demain.
05:08 Votre avis compte.
05:09 Venez l'exprimer sur RTL au 30 de dix.
05:12 [SILENCE]

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