Wyssem Manai et Maxime Guyennon, les deux hommes accusés d'avoir mortellement frappé un chauffeur de bus à Bayonne en 2020 ont été condamnés jeudi soir à 15 et 13 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Pyrénées-atlantiques.
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00:00 L'information vient tout juste de nous parvenir et on va ouvrir ce soir info avec ce verdict.
00:04 Bonsoir Noémie Schultz, vous êtes en direct de la cour d'assises de Pau.
00:08 Depuis une semaine se tenait ce procès, que l'on a tous suivi, le procès Montguillau.
00:14 Suite à la mort de ce chauffeur de bus, les deux hommes inculpés étaient jugés.
00:19 L'annonce du verdict a eu lieu, les peines sont tombées. On vous écoute.
00:21 - Oui, le verdict est tombé il y a quelques minutes à peine.
00:27 C'est une réclusion de 15 années pour Wissem Manahe et de 13 ans pour Maxime Guyénon.
00:35 Tous les deux ont été condamnés pour des coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
00:39 Ils étaient poursuivis de ce chef-là, il n'était pas poursuivi pour meurtre.
00:44 Des faits aggravés par le fait qu'ils ont été commis en réunion et sur une personne exerçant un métier,
00:51 une mission de service public.
00:53 Des peines qui s'expliquent par le fait que les deux accusés étaient en état de récidive.
00:59 Ils avaient tous les deux déjà été condamnés, Wissem Manahe pour des trafics de stupéfiants
01:04 et Maxime Guyénon pour des faits de violence lors d'un cambriolage.
01:07 Il était d'ailleurs en liberté conditionnelle au moment des faits, il était sorti de prison seulement 3 mois avant.
01:13 Un verdict, donc une condamnation, presque très proche de ce qu'avait requis l'avocat général
01:18 qui avait demandé 15 ans de prison pour les deux accusés. Les jurés et les magistrats
01:24 qui composaient cette cour d'assises ont fait une distinction entre les deux accusés.
01:28 Pourquoi ? Parce que Wissem Manahe, celui qui est condamné à la peine la plus lourde,
01:33 c'est aussi celui qui a porté le dernier coup de poing qui a fait chuter Philippe Monguillon au sol.
01:39 C'est cette chute qui lui a été fatale parce qu'il s'est fracassé le crâne sur le bitume.
01:44 Les jurés ont fait la différence entre l'auteur de ce dernier coup de poing fatal et Maxime Guyénon,
01:51 certes coupable de violence sur Philippe Monguillon, il lui avait donné des coups de poing,
01:56 des coups de pied à la tête, mais n'avait pas participé à ce dernier coup.
02:01 Le visage que l'on vient de voir à l'image, nous ici sur CNews, Noemi, c'est celui de Véronique Monguillon,
02:06 la veuve de Philippe Monguillon, évidemment qu'on a envie de vous demander,
02:10 est-ce que vous avez pu percevoir une émotion particulière, une sensation de la part de Véronique Monguillon ?
02:17 On entendait encore il y a quelques jours sa veuve rappeler notamment sur ce plateau qu'elle ne pardonnerait jamais.
02:23 On sait qu'elle a eu beaucoup de mal également à entendre la qualification autour de ces deux individus,
02:29 à savoir celle pour violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
02:33 Quelle a été la réaction de Véronique Monguillon ?
02:38 Écoutez, Véronique Monguillon, ses trois filles sont toujours dans la salle pour bien vous expliquer.
02:44 Le verdict a été rendu et il y a maintenant l'audience sur les intérêts civils.
02:48 Les magistrats vont décider du montant d'indemnités que vont pouvoir toucher les proches de Philippe Monguillon.
02:56 Et vous savez qu'à l'intérieur d'une salle d'audience, vous n'êtes pas censé manifester de réaction,
03:02 en tout cas vous n'avez pas le droit de manifester particulièrement de réaction.
03:06 Donc j'ai regardé les visages, je pense qu'elle s'y attendait.
03:09 Le choc a été plutôt ce matin après les réquisitions.
03:12 On avait pu échanger quelques mots avec Véronique Monguillon à l'issue du réquisitoire
03:17 et elle nous disait sa déception, elle nous disait "c'est trop light pour moi, 15 ans ça n'est pas suffisant".
03:22 Sans doute, c'est elle aussi préparée à ce qu'un verdict soit relativement proche des réquisitions.
03:29 Son avocat l'a sans doute préparé aussi à cette éventualité.
03:32 Donc pas de réaction particulière. On attend bien sûr qu'elle sorte de cette salle d'audience
03:38 et peut-être nous dira-t-elle quelques mots.
03:40 Elle nous disait aussi son impatience que tout cela se termine, que ce procès se termine.
03:44 On l'a vu par moments très éprouvée pendant les débats.
03:47 Elle est sortie souvent de la salle d'audience, notamment quand les images étaient projetées.
03:51 Insupportable pour elle d'apercevoir la silhouette de son mari.
03:54 Insupportable aussi d'entendre le médecin légiste décrire les coups qu'il a reçus et la façon dont il est mort.
04:01 Hier, les accusés qui étaient à nouveau interrogés sur les faits avaient eu l'occasion une nouvelle fois de présenter des excuses.
04:09 Wissam Manay avait dit "si je pouvais donner ma vie pour Philippe Monguilhau, je le ferais".
04:14 Véronique Monguilhau était sortie très en colère de la salle d'audience en disant "je ne supporte pas d'entendre ça".
04:20 Donc voilà, on verra ce qu'elle dit de ce verdict.
04:24 Elle attendait sans doute plus. Elle parle de meurtre pour les faits qui sont jugés.
04:31 Mais la justice a estimé que Wissam Manay et Maxime Guyénon n'avaient pas eu l'intention de tuer quand ils ont porté ces coups.
04:41 Et donc ils sont condamnés pour ces coups mortels, ces violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
04:47 Dernier mot, Naomi. On va se retrouver, je le dis à nos téléspectateurs, de toute façon à 22h30.
04:52 On prendra beaucoup plus le temps d'évoquer cette affaire avec le plateau.
04:55 On espère évidemment avoir des réactions depuis la cour d'assises de Pau.
04:58 Juste en quelques secondes, c'est vous qui nous racontiez hier cet expert psychiatre qui avait rencontré les deux accusés il y a trois ans,
05:06 qui rappelait le caractère assez irrécupérable de ces deux individus.
05:11 Du coup, on se dit que la question de la peine a dû peser énormément dans ce délibéré qui a duré d'ailleurs de très longues heures.
05:17 Absolument. Il a fallu cinq heures aux membres, aux six jurés, aux trois magistrats pour prendre cette décision.
05:27 Et évidemment, la question qui se posait, puisqu'il n'y avait pas d'enjeu sur la condamnation, les faits étaient constitués.
05:34 La question était essentiellement celle du quantum des peines.
05:36 Et on avait entendu effectivement le témoignage de cet expert psychiatre dressant un portrait très sombre de l'avenir possible pour ces deux jeunes hommes,
05:44 puisqu'il a expliqué qu'ils avaient des personnalités antisociales, totalement intolérants à la frustration, à la contrariété,
05:54 et que ce trait de caractère-là ne peut pas se soigner, ne peut pas changer.
05:58 Seul le temps, seul le fait de vieillir rend les choses moins virulentes chez les gens qui ont cette pathologie-là,
06:06 qui n'est pas un trouble mental. Encore une fois, il n'y avait pas d'abolition, pas d'altération du discernement.
06:11 Et donc, évidemment, les jurés ont pris cela en compte pour décider de ces peines assez lourdes.
06:16 Quinze ans, treize ans de prison pour les deux accusés.
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