FBO Témoins de l'actu : 19/09

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00:00 Vous êtes nos témoins de l'actu, vous êtes les bienvenus par téléphone dès maintenant
00:05 pour participer à l'émission sur France Bleu Orléans, 02 38 53 25 25.
00:10 Dès maintenant, n'attendez pas pour participer, inscrivez-vous tout de suite.
00:14 Pour ce mardi Camille, nous nous posons cette question aujourd'hui dans les témoins de
00:17 l'actu, est-ce que nous sommes touchés par la pénurie de médicaments ?
00:20 Plus de 3000 médicaments sont difficiles actuellement à trouver en pharmacie, on va
00:23 tenter d'expliquer pourquoi avec Jean-Marc Franqui, il est pharmacien Orléans et président
00:27 surtout du syndicat des pharmaciens du Loiret.
00:30 Bonjour à tous, on a l'impression d'un phénomène assez récent, est-ce que c'est
00:34 le cas ? Récent non, depuis l'année dernière, depuis
00:37 l'automne dernier, nous avons des pénuries.
00:38 Et ça, ça a été accentué par la crise Covid, ce qu'il y en avait déjà avant mais
00:42 on ne s'en rendait finalement pas compte.
00:44 Au moment du Covid, on avait encore des médicaments, c'est depuis les événements, je veux dire
00:50 l'Ukraine, tout ça, que ça a posé des problèmes, c'est surtout au niveau de tous
00:54 les composants, matières premières, produits de conditionnement, l'aluminium.
00:58 Donc c'est la production finalement qui ne suit pas.
01:01 Est-ce que tous les territoires sont touchés à la même échelle ? On sait par exemple
01:04 dans le Loiret qu'il y a beaucoup de laboratoires pharmaceutiques par exemple.
01:07 Est-ce que ça change quelque chose ? Que ce soit dans le Loiret ou toute la France,
01:10 on est tous pareil.
01:11 Toutes les officines sont touchées de la même manière.
01:14 On a plusieurs grossistes, on essaie de piocher à droite ou à gauche.
01:17 Tous les matins, c'est un travail d'enfer car il faut aller chercher les molécules
01:21 dans tous les laboratoires, qu'ils soient génériques ou princeps.
01:23 Le problème c'est qu'il y a des contingentements, ça veut dire qu'on n'a pas le produit.
01:28 - Et vous vous retrouvez face à des patients forcément.
01:30 - Oui, des patients, des enfants qui sont pressés, des malades en grande difficulté,
01:34 c'est pas évident.
01:35 - On a d'ailleurs un témoignage.
01:36 - Mais oui, exactement.
01:37 Est-ce que vous êtes touchés par la pénurie de médicaments ? Dites-le nous au 02 38 53
01:41 25 25.
01:42 C'est le cas de Joël de Fleury-les-Aubray.
01:44 Bonjour Joël.
01:45 - Oui, bonjour.
01:46 Et bonjour M. Francky et Jean-Marc.
01:49 - Merci, bonjour à vous.
01:50 - Quel est votre souci face à cette pénurie de médicaments, Joël ? De quels médicaments
01:56 manquez-vous ?
01:57 - Alors moi, je suis remontée très en colère.
02:00 J'ai ma soeur qui prend du flécaïne LP100.
02:06 On n'en trouve pas dans les pharmacies.
02:10 C'est aberrant.
02:11 J'ai été obligée d'aller à Vendôme, aller chercher une boîte.
02:15 Je suis allée et été obligée d'aller du côté de Tours.
02:19 - Alors ça vous préoccupe parce que c'est pour le cœur, on le précise.
02:22 - Oui, c'est pour le cœur.
02:24 J'ai écrit une lettre au ministre.
02:28 Parce que là, je suis vraiment remontée.
02:31 Aurélien Rousseau.
02:32 - Aurélien Rousseau, le nouveau ministre de la Santé.
02:34 - Oui, le ministre.
02:37 Mais bon, il ne fait rien du tout.
02:41 - Qu'est-ce qui se passe, Jean-Marc Francky ? Ces médicaments, ils sont essentiels.
02:45 Comment on peut se retrouver sans ces médicaments pour des malades cardiaques, épileptiques aussi ?
02:50 Comment on peut se retrouver sans ces médicaments ?
02:52 - Je veux dire, quand vous n'avez plus de production, vous n'avez pas les commandés.
02:56 C'est vrai, pour le flécaïne LP, la semaine dernière, l'agence du médicament a sorti un nouveau protocole de posologie.
03:02 Le problème, on peut changer les posologies pour ces médicaments.
03:04 S'il n'y en a pas, il n'y en a pas.
03:06 - Le Sénat, dans un rapport publié en juillet, parlait de dysfonctionnement, je cite, à tous les niveaux.
03:12 Ça veut dire que de la production du début jusqu'à la distribution, il y a des soucis ?
03:16 - Il y a des soucis, le problème c'est qu'on est dans un flou, on n'a aucune explication.
03:21 - C'est-à-dire que la politique du médicament en France est floue, finalement, n'est pas assez concrète, pas assez délimitée ?
03:27 - On ne sait pas pourquoi il y a telle rupture, et on ne nous le dit pas.
03:31 - Vous-même, pharmacien, on ne vous dit pas pourquoi.
03:33 - C'est vrai qu'il y a des choses aussi, c'est aussi le prix du médicament.
03:36 Alors c'est vrai que maintenant l'État va obliger certains laboratoires français, en augmentant leur prix de vente, de fabriquer en France.
03:44 Mais c'est vrai que maintenant le marché du médicament est mondial.
03:47 - Donc il y a de la concurrence ?
03:48 - Il y a de la concurrence, et les laboratoires préfèrent vendre plus au franc.
03:51 - On a également le témoignage d'Emma, qui voudrait parler de cette pénurie, Marc.
03:55 - Oui c'est ça, elle habite à Orléans. Bonjour Emma !
03:58 - Bonjour, je vous téléphone parce que j'ai eu un accident de voiture.
04:05 Mon oeil a été atteint, et il me faut de la vitamine A.
04:11 Et donc je n'arrive pas à en trouver.
04:13 - Donc là on passe d'un médicament à un autre totalement différent, parce qu'on parlait d'un médicament pour un problème cardiaque.
04:19 Là c'est de la vitamine A ?
04:20 - Oui, c'est vrai, il n'y a que deux fabricants qui le fabriquent.
04:24 Alors moi je ne peux pas me faire tester, la vitamine A j'en ai encore.
04:29 Mais c'est vrai que je ne peux plus en commander.
04:31 - On remarque quand même que les médicaments manquants sont en majorité des médicaments qui ont un certain âge,
04:37 qui sont assez anciens, qui existent depuis un moment.
04:41 La rentabilité diminue forcément au fil des ans, vous parliez de nouveaux protocoles notamment.
04:45 Est-ce qu'il n'y a pas un réajustement à faire à ce niveau-là, entre la rentabilité, la production, les nouveaux protocoles, etc ?
04:53 - Non, pas vraiment. Le problème c'est que ce qui manque c'est les médicaments de la grande cavalerie.
04:57 Les antibiotiques pour les enfants, le paracétamol, certaines formes, galéniques.
05:01 Et c'est vrai qu'on en dispense énormément.
05:04 - Et parmi les propositions du Sénat, suite à ce rapport de juillet,
05:07 il y a celle de refonder toute la politique du médicament en France,
05:12 de la fixation des prix jusqu'au stock, ça a l'air d'être un énorme chantier.
05:16 - Oui, on en parle depuis des années et des années.
05:18 Mais je veux dire, c'est très dur de fabriquer du paracétamol en Europe ou en France,
05:22 vu le coût du paracétamol.
05:24 Tous les pays le fabriquent, où ? En Inde et en Chine.
05:26 - Mais quelle serait la solution, Jean-Marc Franqui ?
05:29 - Moi je ne suis pas ministre, mais le problème c'est le coût.
05:32 - C'est le coût. - C'est le coût.
05:34 - Est-ce qu'on pourrait ajuster au niveau de la sécurité sociale, la prise en charge de ces médicaments ?
05:39 C'est forcément un sujet sensible, la prise en charge des médicaments.
05:43 Est-ce qu'il y a des ajustements à faire ?
05:45 Une meilleure prise en charge pour de nouveaux médicaments, par exemple ?
05:48 - Mais déjà la Société sociale rembourse énormément de nouveaux médicaments
05:51 qui sortent de la réserve hospitalière.
05:53 Les gens ne s'en rendent pas compte, mais ce sont des médicaments qui valent très cher
05:56 et qui sont moins disponibles pour tout le monde.
05:58 - Emma, vous vous parlez de vitamine A.
06:02 Est-ce que comme notre précédente auditrice, vous vous retrouvez à faire plus d'une heure de route,
06:06 voire deux heures, puisque l'autre auditrice nous parlait de tour,
06:09 est-ce que vous vous retrouvez à faire des trajets ?
06:12 - C'est vrai, parce que moi je le fais, parce que je fais toutes les pharmacies d'Orléans
06:17 pour trouver de la vitamine A.
06:19 Et puis on me propose de la vitamine.
06:22 Mais la vitamine, c'est payant, et puis c'est un petit tube.
06:26 Donc c'est vrai que je n'arrive pas à en trouver.
06:30 Je suis bloqué, et puis j'ai mal à l'œil.
06:33 Donc je suis obligé de me cacher mon œil le soir.
06:36 Donc vraiment, c'est compliqué.
06:40 - Qu'est-ce qu'on dit, Jean-Marc Franqui, quand on se retrouve comme ça dans sa pharmacie,
06:44 ça des patients complètement désemparés, finalement ?
06:47 - C'est pas facile, il faut les rassurer.
06:49 Mais une dame comme cette, qui souffre d'un problème de vue,
06:52 elle a besoin de son médicament.
06:54 C'est vrai que l'avitérutine, c'est un produit qui n'est pas remboursé.
06:58 Donc ça peut poser des problèmes, de délivrance.
07:01 - Vous vous passez des coups de fil parfois entre pharmacies ?
07:03 - Bien sûr.
07:04 - Est-ce que toi tu en as ? Est-ce que la maison peut se céder ?
07:07 - Le problème que je pose aussi, c'est les week-ends de garde.
07:09 - Oui, parce qu'il n'y a pas autant de pharmacies.
07:11 - Il n'y a pas autant de pharmacies, et il n'y a pas autant de produits.
07:13 On ne peut pas faire des commandes de garde chez le grossiste.
07:15 Si vous dîtes une certaine quantité, c'est tout.
07:17 Quand il les a.
07:19 - Ca va s'accentuer cette pénurie, Jean-Marc Francky ?
07:21 - J'espère pas, mais on verra bien.
07:25 Là, actuellement, même nous, en dehors des médicaments courants,
07:29 tout ce qui est produits conseils, collutoires, sirops,
07:31 les fabricants ne nous disent pas avant décembre.
07:35 Et on est en mai de septembre.
07:36 Il n'y a pas de production avant décembre.
07:38 Et peut-être.
07:39 - La pénurie de médicaments, un problème dont on risque encore de parler dans les prochains mois.
07:43 Merci à tous d'avoir été nos témoins ce matin sur France Bleu Orléans.
07:47 - Merci.

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