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  • 14/09/2023
Après le témoignage de Emmanuelle Béart sur RTL jeudi matin, Julien Sellier, Marion Calais et Cyprien Cini reçoivent le magistrat spécialiste de la protection de l'enfance et président de la commission sur l'inceste, Édouard Durand, et la spécialiste justice à RTL, Anne Le Hénnaf.
Regardez L'invité de RTL Soir du 14 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Célier. RTL bonsoir jusqu'à 20h. Allez bonne fin de journée, RTL bonsoir
00:09 continue, place maintenant à notre deuxième invité, l'invité pour tout comprendre. Et ce soir on a choisi de revenir sur cette déclaration sur l'inceste
00:16 qui nous a tous touchés et interpellés.
00:18 Emmanuelle Béard, elle-même victime d'inceste, qui expliquait ce matin sur RTL. Parce que je sais que 70% et c'est un des problèmes
00:26 de notre justice, 70% des plaintes sont sans suite. La justice aujourd'hui
00:33 ne semble pas être à la hauteur de ce qui se passe dans notre pays.
00:37 Alors c'est un chiffre assez hallucinant, on a voulu évidemment le comprendre, le vérifier, l'expliquer. On accueille le magistrat spécialiste de la protection de l'enfance
00:46 président de la commission sur l'inceste. Bonsoir Edouard Durand. Bonsoir. Et avec nous en studio notre spécialiste justice ici à RTL
00:53 Anne Le Hénard. Bonsoir Anne. D'abord ce chiffre, 70% des plaintes classées sans suite,
00:58 ça paraît tellement choquant qu'on se demande presque si c'est réaliste.
01:02 Alors c'est parfois pire selon certaines associations qui avancent même le chiffre de 80%.
01:06 On est dans cette ampleur là et sur les plaintes qui sont traitées
01:10 il n'y en a que 2 ou 3% qui débouchent sur des condamnations. M'ont confié plusieurs avocates avec qui j'ai pu parler
01:15 de ce sujet, des avocates spécialisées dans les violences sexuelles sur les mineurs et sur les cas d'inceste.
01:20 L'une d'elles m'a dit "j'ai 300 dossiers dans mon cabinet,
01:23 l'an dernier on a réussi si je puis dire à faire ouvrir deux instructions.
01:27 Il y a un problème de prescription, il y a un problème de preuve, il y a un problème de moyens de formation des enquêteurs par exemple,
01:33 ça prend du temps et ça prend de la méthode aussi de recueillir cette parole très compliquée
01:37 à traiter. Souvent m'a confié une de ces deux avocates, l'enfant victime parle quand il y a une séparation des parents
01:43 donc quand le parent violeur s'éloigne et du coup cette parole
01:47 devient un enjeu dans un conflit de séparation. Je vous donne un autre chiffre qui rend bien compte de l'ampleur de ce phénomène
01:53 selon l'association Face à l'inceste qui se fonde sur un sondage qu'elle a mené,
01:57 10% des français ont été victimes d'inceste dans leur vie, ça fait 6,7 millions de personnes en France.
02:05 Hallucinant. Edouard Durand, vous qui êtes magistrat,
02:07 comment on peut l'expliquer ce chiffre ? Vous savez l'histoire de l'inceste, c'est l'histoire d'un déni, c'est l'histoire d'une société
02:14 qui veut se faire croire que ça n'existe pas, que c'est du privé et on voit émerger
02:21 des injonctions paradoxales. En même temps qu'on dit aux enfants
02:25 "il faut révéler les violences que vous subissez", on ne les croit pas quand ils révèlent.
02:29 En même temps qu'on dit aux mères "vous devez protéger vos enfants",
02:32 on les accuse de mentir quand elles les protègent. En même temps qu'on dit aux médecins
02:38 "vous devez signaler des situations d'enfants victimes de viol ou d'agression sexuelle",
02:43 on leur dit "vous risquez des sanctions disciplinaires". Tant qu'il y aura des injonctions paradoxales,
02:49 il y aura du déni. Donc je peux confirmer ces chiffres. Chaque année 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles
02:56 et seulement 3% des plaintes aboutissent à la condamnation.
03:01 Entre les deux,
03:03 il y a deux facteurs qui, à mon avis, sont principaux. Le premier facteur,
03:09 l'aliénation parentale dans les cas d'inceste parental,
03:13 qui conduit à
03:15 écarter l'hypothèse
03:18 du viol et qui renverse
03:20 la responsabilité de protection en disant "si un enfant révèle l'inceste
03:26 et que la mère soutient son enfant, c'est que la mère a manipulé son enfant". Le deuxième facteur,
03:32 c'est notre
03:34 difficulté à
03:36 interpréter les principes fondamentaux
03:39 d'une façon qui soit compatible avec la protection des enfants victimes de viols et d'agressions sexuelles.
03:45 La présomption d'innocence, la charge de la preuve, le contradictoire, qui sont toujours interprétés en faveur des agresseurs.
03:52 - Ça veut dire, Edouard Durand, qu'il y a aussi un problème de formation des personnes qui sont censées déceler les signes en quelque sorte ?
03:59 Ça veut dire les instituteurs ? Ça veut dire les enquêteurs ? Ils sont formés aujourd'hui,
04:05 ces personnels qui sont chargés de détecter ou de recueillir la parole ?
04:08 - Oui, bien sûr qu'il y a un objectif et un impératif de formation et il faut saluer tout particulièrement
04:15 pour la police et la gendarmerie
04:17 tous les efforts qui sont faits, mais tout ne relève pas de la formation.
04:21 Cela relève aussi d'un rapport de la société aux violences faites aux enfants.
04:27 Cela relève aussi de la loi. C'est pourquoi la civise a fait des propositions pour que
04:33 l'autorité parentale soit suspendue de plein droit quand un parent fait l'objet de poursuites pénales pour inceste par exemple.
04:39 - Et pour les médecins, vous l'évoquiez tout à l'heure, ces médecins qui sont un peu
04:43 pris en étau finalement entre la volonté et l'idée de dénoncer
04:50 des faits et en même temps la menace de sanctions ?
04:54 - On ne peut pas envoyer des injonctions paradoxales aux professionnels dans le secret d'un cabinet médical
04:58 lorsque un pédiatre
05:00 ou une médecin générale
05:03 spécialiste sont en présence d'un enfant qui dit "moi je ne veux pas rentrer à la maison parce que voilà ce que je subis, je subis
05:09 de l'inceste". Eh bien ce professionnel doit être
05:12 rassuré, sécurisé, y compris dans le processus de signalement et pas craindre qu'il va être
05:19 sanctionné. - Parce qu'en théorie le médecin aujourd'hui a l'obligation de signaler s'il y a un soupçon.
05:25 - Il faut clarifier la loi pour sécuriser les professionnels et la loi sur
05:31 l'obligation de signalement pour les médecins n'est pas claire. Entre
05:34 l'idée que peut-être un enfant serait victime et la certitude qu'un enfant a été violé, eh bien il faut
05:41 choisir la protection de l'enfant et donc des adultes protecteurs. - Anne Le Hénat, vous nous le confirmez, dans les cabinets d'avocats
05:47 spécialisés on est confronté à ce flou autour du rôle du médecin. - Une des avocates avec qui j'ai pu discuter
05:53 aujourd'hui m'a dit qu'elle assiste aussi des médecins qui ont
05:56 dénoncé des faits d'inceste et qui sont poursuivis aujourd'hui devant l'ordre des médecins qui risquent un blâme voire même la radiation. - Merci beaucoup
06:02 Anne Le Hénat, spécialiste justicier RTL. Merci à vous
06:05 Edouard Durand, vous le président de la CIVIS, la commission sur l'inceste pour vos explications ce soir sur RTL. Après ces
06:13 chiffres très forts, ces mots très forts d'Emmanuel Béard ce matin sur RTL, on vous rappelle que ce
06:19 documentaire sur l'inceste de la comédienne sera diffusé le 24 septembre sur M6. Merci à tous les deux. Petite pause, RTL, bonsoir.
06:26 Continue ensuite, on s'occupe de vous. On est ensemble jusqu'à 20h. La bande avec Cyprien, Marion, Alex et Isabelle Choquet qui nous
06:33 rejoint à son tour. Bonsoir Isabelle. - Bonsoir. - Pour le grand match des infos pour briller au dîner, on va apprendre en s'amusant dans quelques secondes.
06:39 ♪ ♪ ♪
06:41 Echti.

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