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  • 14/09/2023

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Transcription
00:00 Nous sommes avec Tiffen Walton, porte-parole de l'International Rescue Committee.
00:04 Tiffen Walton, bonsoir. Merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:09 Le bilan à Derna pourrait être extrêmement lourd.
00:12 Le maire de la ville ce soir estime qu'on pourrait atteindre les 20 000 morts.
00:18 On vient de voir les images dans le sujet précédemment.
00:21 Ce sont des images apocalyptiques.
00:24 Quelle est exactement en ce moment la situation sur place à Derna ?
00:29 Les témoignages qui nous reviennent sont similaires.
00:32 Des scènes absolument apocalyptiques.
00:35 Des dizaines de milliers de disparus.
00:40 À Derna, seulement, on parle de 6 000 disparus.
00:43 Plus largement, on les dit 10 000, 34 000 personnes qui sont déplacées,
00:48 qui ont été jetées à la rue, qui ont tout perdu, leur maison,
00:53 qui ont souvent aussi perdu des proches
00:54 et qui maintenant ont besoin cruellement d'aide humanitaire,
00:59 de soutien psychologique puisqu'elles sont absolument traumatisées
01:02 et qui vont avoir également besoin d'un abri d'urgence dans les jours à venir
01:07 et de protection particulièrement pour les femmes et pour les enfants
01:11 qui sont vraiment vulnérables dans ce type de situation.
01:15 Outre des abris, bien sûr, de quoi ont besoin en priorité ces populations sinistrées aujourd'hui ?
01:23 On imagine des médicaments, de la nourriture, de l'eau ?
01:27 Oui, tout à fait. D'une part, le réseau médical en Libye était déjà mal en point.
01:33 Il faut savoir que la Libye, c'est un pays qui est secoué par des violents conflits depuis des années,
01:38 qui fait rarement les titres de l'actualité,
01:40 mais il y avait déjà 800 000 personnes qui avaient besoin d'assistance humanitaire
01:45 avant même que ce drame ne survienne.
01:47 Donc là, l'urgence, c'est tout d'abord de venir en aide d'un point de vue médical,
01:52 vous l'avez dit, certainement des médicaments, des couvertures, de la nourriture.
01:56 Ces personnes ont tout perdu, donc elles ont besoin de toute l'aide possible.
02:00 Et là, l'heure est au bilan.
02:01 Les différentes ONG qui sont sur place se coordonnent,
02:04 puisqu'il ne faut surtout pas gêner les efforts de secourisme.
02:09 Et donc, nous coordonnons, nous l'IRC, avec évidemment des ONG locales qui maîtrisent bien le terrain,
02:14 qui connaissent potentiellement des villages qui sont inaccessibles, etc.
02:18 Et des ONG internationales qui ont le pouvoir logistique et l'expertise technique,
02:23 et qui doivent donc aussi travailler en coordination avec les autorités.
02:27 Ce qui nous inquiète, ce sont évidemment les risques sanitaires,
02:30 puisqu'il y a maintenant de l'eau viciée, souillée,
02:35 et ça, cela peut vraiment transporter des maladies très graves.
02:38 Et donc, il faut aborter de l'eau propre et mettre des mesures d'hygiène en place au plus vite.
02:44 Il y a un responsable du Comité international de la Croix-Rouge
02:47 qui est aussi mis en garde contre le danger lié à la contamination
02:51 par les armes de guerre déplacées par les crus.
02:55 C'est un réel danger aujourd'hui pour les populations ?
03:00 Oui, tout à fait. Certainement. Malheureusement, vous savez,
03:04 il y avait aussi très peu de préparation dans le pays.
03:08 L'essentiel des fonds, des autorités, etc., tous les financements sont allés à la guerre.
03:14 Donc, il est tout à fait normal qu'il y ait ce risque de contamination là.
03:18 Le problème, c'est que les populations n'étaient pas prêtes à faire face non plus à cette catastrophe.
03:24 Il y a un des personnes qui témoigne dans votre sujet qui le dit.
03:28 Les barrages n'avaient pas été réparés.
03:30 Tout était, et tous les fonds étaient alloués à la guerre.
03:34 Et donc, nous, c'est un peu ce qui nous frappe également.
03:37 C'est que là, ce sont des populations qui viennent d'être frappées par un événement extrême
03:45 lié au changement climatique, de toute évidence.
03:47 Je pense que s'il y avait encore des personnes qui en doutaient,
03:50 on a bien la preuve avec tous les événements qui arrivent ces derniers mois, ces dernières années,
03:55 que, comme l'a dit le secrétaire général des Nations Unies, l'effondrement climatique a commencé.
04:01 Comme toujours, ce sont les populations les plus vulnérables
04:04 et qui ont pourtant contribué le moins aux émissions de gaz à effet de serre
04:07 et donc au changement climatique, qui en font les frais en premier lieu.
04:11 Et donc, il est grand temps que la communauté internationale se mobilise pour réparer cette injustice,
04:19 puisque les populations sont à la fois prises en étau par des conflits armés,
04:23 n'ont pas eu les moyens de se préparer ni de s'adapter à ce changement climatique,
04:27 qui n'est pas prêt de s'arrêter, malheureusement, et qui sont ensuite victimes de catastrophes.
04:33 La communauté internationale, elle se mobilise depuis quelques jours.
04:37 Il y a eu l'Union européenne, la Turquie très vite, la France aussi, qui ont annoncé de l'aide pour la Libye.
04:45 La France envoie par exemple un hôpital de campagne.
04:50 Mais on imagine, vous l'avez évoqué, la coordination entre les ONG déjà.
04:54 On imagine que cette coordination de toute cette aide internationale va être compliquée,
04:59 puisque la Libye est aujourd'hui un pays divisé et toujours en proie au chaos.
05:04 C'est ce qui est en train de se passer depuis 2011, depuis la chute de Mohamed Kedafi.
05:09 Oui, effectivement. En plus, il y a de nombreuses routes, ponts, infrastructures qui sont détruites.
05:17 Donc accéder, ne serait-ce qu'à Darnas, c'est très compliqué.
05:21 Nous nous sommes déjà alliés à ces surplaces depuis 2016,
05:23 puisque, comme je vous le disais, il y avait déjà des besoins humanitaires importants.
05:27 On a apporté un soutien aux Libyens vulnérables, mais aussi aux réfugiés,
05:32 aux personnes en quête de protection qui se retrouvent au bord de la Méditerranée.
05:35 On le sait, dans des conditions tout à fait déplorables.
05:37 Donc il est essentiel que la coordination puisse se faire avec les autorités.
05:42 Nous appelons toutes les parties prenantes, évidemment, à nous laisser intervenir,
05:46 faire notre travail et accéder aux personnes qui sont nées.
05:49 Tiffan Walton, une dernière question.
05:52 Ces inondations en Libye, elles arrivent juste après ce séisme dévastateur qui a touché le Maroc.
06:01 On imagine que c'est compliqué aujourd'hui pour les ONG de gérer
06:04 deux catastrophes de cette ampleur en même temps ?
06:09 Oui, tout à fait.
06:10 Vous savez, malheureusement, le Maroc et plus récemment la Léguise
06:14 ne sont pas les seules urgences humanitaires auxquelles il nous faut répondre.
06:18 Je pense à un autre pays qui fait les frais des événements climatiques violents,
06:23 c'est la Somalie, qui a échappé de justesse à une déclaration de famine.
06:29 Imaginez, en 2023, il y a encore des gens qui sont menacés par la famine.
06:33 Et on le sait, dans de nombreuses régions du monde, encore beaucoup de crises humanitaires.
06:39 Ce qui me paraît important, c'est qu'il y a l'urgence humanitaire à laquelle il faut répondre,
06:45 mais la préparation et l'adaptation à ce changement climatique
06:48 et donner les moyens à ces pays et à ces communautés de pouvoir résister à ces chocs.
06:54 Merci beaucoup, Tiffan Walton.
06:56 Merci, vous êtes porte-parole, je rappelle, de l'International Rescue Committee.
07:00 Merci d'avoir été notre invité ce soir sur France 24.

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