Xerfi Canal a reçu Bernard Ramanantsoa, Directeur général honoraire d'HEC Paris, pour parler de l'éducation au management. Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00 Bonjour Bernard Ramallan-Ansou. Bonjour Jean-Philippe Denis. Bernard Rammallann-Ansou,
00:12 auteur d'un chapitre avec Bérangère Shostak, IAE de Versailles consacré à Cornelius Castoriadis
00:16 dans l'ouvrage "Les grands auteurs en management de l'innovation et de la créativité". Bernard
00:21 Rammallann-Ansou, aujourd'hui l'actualité de l'enseignement, de la recherche, mais aussi des
00:28 entreprises et plus généralement des organisations. C'est quelques mots qui s'invitent dans nos
00:33 imaginaires pour Phidé Castoriadis. Décivilisation, certains parlent de décivilisation,
00:39 intelligence artificielle, machine learning comme on dit, et puis on pourrait dire catastrophe,
00:47 voilà catastrophe climatique, collapsologie, voilà risque d'effondrement. Quel sens a
00:54 aujourd'hui Bernard Rammallann-Ansou le sens de l'éducation au management par les temps qui
01:01 courent ? Est-ce qu'on peut encore éduquer au management et si oui comment ? Alors merci de...
01:08 Notre ex a dit éduquer au management, je n'ai pas dit faire de la recherche ou enseigner.
01:12 Non, éduquer au management. Je vais encore, si je peux me permettre, simplifier la question. Je
01:21 vais garder le terme éduquer. Je pense qu'aujourd'hui qu'il s'agisse du management ou qu'il
01:27 s'agisse d'autres disciplines, il faut en effet plus que jamais, face à ces nouveaux défis,
01:33 voire face à ces catastrophes, passer beaucoup de temps, beaucoup d'énergie et mettre beaucoup
01:39 de moyens sur cette dimension d'éduquer. Et en particulier je pense que c'est quelque chose qui
01:46 est dans la mission des gens qui s'intéressent à l'enseignement. Il y a cette notion d'éduquer.
01:54 Et je pense que c'est quelque chose d'assez important. Et si je peux faire un pont,
01:58 alors j'espère qu'il n'est pas trop actif avec Castoriadis, je pense que dans le éduquer,
02:03 il faut absolument revenir à des grands auteurs et je devrais dire à des grands penseurs. Mais
02:10 j'aime beaucoup le terme de grands auteurs parce que je pense aussi qu'on devrait lire des très
02:15 grands romanciers, revenir à des très grands romans et je crois que ça devrait faire partie
02:21 de l'éducation. Et il faut surtout ne pas considérer que tous les moyens, aujourd'hui
02:29 puissants, intéressants, potentiellement dangereux, je pense à l'intelligence artificielle,
02:36 il ne faut pas croire que tout ça, ça va supprimer ce besoin d'éducation. Et quand je dis besoin,
02:43 c'est à la fois un besoin individuel, mais aussi un besoin collectif d'éducation. Et je pense que
02:50 c'est en ça qu'aujourd'hui on vit une période où il y a un risque, c'est de considérer que justement,
02:58 on n'a plus besoin d'éducation parce qu'il va y avoir des substituts à tout ça. Je pense
03:03 personnellement que c'est le contraire. Il faut revenir à des choses essentielles, il faut relire,
03:12 il faut re-réfléchir. Et à ma connaissance, je suis loin d'être un expert, ce n'est pas tout de
03:19 suite que l'intelligence artificielle sera capable de nous proposer par exemple un changement de
03:25 paradigme. Je pense que c'est quelque chose de... alors je n'ai pas fait le test, mais ce serait
03:31 intéressant de faire un test et de voir. Mais je fais le pari que l'intelligence artificielle
03:36 peut aller très loin dans un paradigme, peut aller très loin et très vite. Elle ne peut pas nous
03:40 aider à changer de paradigme. Alors de temps en temps, je pense qu'il faut se poser la question
03:44 d'un changement radical de paradigme. En parlant de changement radical de paradigme, on rappellera
03:51 que l'IA a priori résonne sur des probabilités, c'est pour ça qu'elle ne peut pas changer de
03:56 paradigme, elle ne résonne pas sur les points catastrophes. En vous lisant sur Cornelius,
04:01 Carthus et Castoriadis, je me disais mais est-ce que ce que nous propose Bernard Ravansos,
04:05 ce n'est pas de la bascule vers une épistémologie de la réception ? C'est-à-dire quand on travaille
04:08 sur les institutions, est-ce qu'on n'est pas nécessairement sur les imaginaires ? Est-ce qu'on
04:12 n'est pas nécessairement sur cette question de la réception plutôt que strictement sur la
04:16 production qui est parfois le modèle scientifique dominant quand même ? Oui, alors la réponse est
04:22 oui et j'aime beaucoup votre façon de poser la question. Je pense qu'on est allé trop loin dans
04:32 le mouvement du balancier, c'est-à-dire qu'en effet on est depuis plusieurs années et peut-être
04:38 que certains de vos auditeurs vont sourire en m'entendant dire ça, mais j'ai été complice aussi
04:43 en tant que directeur d'HEC de ce mouvement. On est allé en effet, à mon avis, on arrive au bout
04:54 de ce mouvement, de cette épistémologie de la production et il faut revenir en arrière. Mais
05:00 il faut pour nous, j'ose pas dire pour l'humanité, on va se contenter de dire pour les êtres humains
05:06 que nous sommes, il faut revenir en effet à une épistémologie. Et pour les penseurs que nous
05:11 sommes, les intellectuels que nous sommes, il faut revenir en effet à une épistémologie de la
05:17 réception. Peut-être, mais je suis incompétent à ce stade en tout cas pour y réfléchir, il faut
05:23 trouver un décalage par rapport à cette histoire de réception. On parle de rupture épistémologique
05:28 et là je vous réponds en disant il faut revenir à quelque chose qu'on a déjà vu. Donc il faut
05:33 probablement revenir, probablement en décalant un peu quand même. Mais si vous me dites comment
05:38 on décale, je ne sais pas vous répondre, en tous les cas pas vous répondre clairement.
05:42 Vous reviendrez sur ce plateau.
05:44 Dès que j'aurai trouvé.
05:46 Dès que vous aurez trouvé. Merci Bernard Ramanthou.
05:49 Merci beaucoup Jean-Philippe Denis.
05:50 Merci à vous.
05:51 [Musique]