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  • il y a 2 ans

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00:00 Le 18-20, France Info, Jean-François Ackilly.
00:04 Bonsoir à vous Pierre-Henri Dumont.
00:06 Bonsoir Jean-François Ackilly.
00:07 Je rappelle que vous êtes membre de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale
00:12 et vous êtes le porte-parole du groupe LR à l'Assemblée.
00:15 Ce qui se produit au Gabon, est-ce que vous-même vous condamnez ce coup d'état à Libreville ?
00:23 Oui évidemment je condamne ce coup d'état, c'est ce coup d'état militaire.
00:27 Il y a aujourd'hui une contagion des différents coups d'état en Afrique de l'Ouest
00:31 et où les intérêts français sont mis à mal.
00:34 Toutes les situations ne sont pas forcément comparables.
00:36 Ils ne sont pas du même ordre.
00:37 Ils ne sont pas du même ordre, les situations ne sont pas évidemment comparables.
00:40 Mais évidemment il faut appeler au calme et faire en sorte que la sécurité de nos ressortissants français
00:46 à Libreville et partout au Gabon soit assurée.
00:48 Condamné à un coup d'état militaire certes, mais ce coup d'état a mis à la retraite un allié bongo
00:55 dont la réélection était quand même très controversée, si vous voyez ce que je veux dire.
01:01 Je vois exactement ce que vous voulez dire.
01:02 Qui est légitime dans cette histoire ?
01:04 La réalité c'est qu'aujourd'hui il semblerait que personne ne soit parfaitement légitime pour le faire.
01:07 Et donc c'est pour cela qu'il est absolument nécessaire d'avoir des élections le plus rapidement possible,
01:12 qu'ils soient des élections libres, avec la possibilité pour chacun de pouvoir se présenter s'il le désire.
01:18 Et on assiste en Afrique de l'Ouest en particulier à un recul de la démocratie
01:23 qui se mettait en place progressivement depuis le début des années 90.
01:26 On se retrouve dans une situation où même dans certains pays où les élections ont lieu de façon légitime
01:32 et transparente, la meilleure transparence possible, les résultats sont contestés.
01:36 Je pense en particulier au cas du Niger.
01:39 Et on a bien vu qu'en réalité ne pas réagir et l'absence de réaction des pays occidentaux,
01:43 des pays de la CEDEAO, des pays de l'Union Africaine,
01:45 dans des pays où les élections étaient légitimes et où il y a quand même eu un coup d'état,
01:49 crée la possibilité d'avoir des déstabilisations dans d'autres pays.
01:53 La famille Bongo, père et fils, 55 années de règne, un peuple qui a faim,
01:59 un copieux portefeuille immobilier à Paris qui fait l'objet d'une enquête des magistrats anticorruption.
02:05 C'est compliqué de condamner un coup d'état contre de telles personnes,
02:09 de tels individus, de tels représentants politiques ?
02:11 Ce sont deux choses différentes.
02:13 S'il y a des biens mal acquis, il y a des enquêtes qui ont lieu.
02:16 Et s'il y a infraction, s'il y a des délits, des crimes qui ont été commis,
02:21 il faut bien évidemment que la justice passe.
02:23 Maintenant, on ne peut pas cautionner, je le répète, des coups d'état militaires dans l'ensemble des pays africains.
02:29 La question qui doit se poser également, c'est la position de la France en Afrique,
02:32 c'est la question de comment est-ce qu'on en est arrivé là ?
02:35 Moi je me souviens de propos...
02:36 Qu'est-ce que vous contestez à la politique d'Emmanuel Macron ?
02:38 Je me souviens par exemple de propos désastreux du président de la République,
02:41 au Burkina Faso, devant le président Kaboré,
02:44 demandant au président Kaboré d'aller réparer la climatisation.
02:47 C'est une insulte qui a été faite au président Kaboré du Burkina Faso.
02:51 Quelques temps après, ce président a été destitué,
02:54 victime lui-même d'un coup d'état, la France expulsée du pays.
02:57 Je pense, quand on parle de politique africaine, à la position de la France sur l'Algérie,
03:01 où on se met à dos un allié historique, qui est le Maroc,
03:04 parce qu'on refuse de reconnaître la marocainité du Sahara occidental.
03:08 Et on se retrouve dans une situation où et le Maroc, et l'Algérie
03:11 se mettent progressivement la France à dos.
03:14 Pierre-Henri Dumont, qu'attendez-vous de la réunion des chefs de parti
03:18 organisée par Emmanuel Macron à Saint-Denis ?
03:21 Ce sera à Éric Soti, président de la République, de dire ce qu'il en pense,
03:25 puisqu'il n'y a pas de téléphone, il y est actuellement.
03:28 En tout cas, nos propositions au niveau des Républicains sont très claires.
03:31 Nous demandons au président de la République,
03:33 1) de proposer un référendum pour changer la Constitution,
03:36 afin de permettre d'élargir le champ de l'article 11 de cette Constitution,
03:40 c'est-à-dire de ne pas mettre la création de référendums sur beaucoup de sujets,
03:43 et en particulier sur le sujet de l'immigration.
03:46 Ce serait quoi la question de référendum sur l'immigration ?
03:48 Ce serait, est-ce que vous désirez, par exemple, faire primer le droit national
03:53 sur le droit européen, en ce qui concerne les questions migratoires,
03:56 afin de faciliter les expulsions, éviter d'avoir un regroupement familial
03:59 qui ne peut pas être régulé par le législateur,
04:02 mais décidé par le juge administratif ou par le droit européen.
04:06 Ce sont des choses qui sont extrêmement concrètes,
04:08 qui aujourd'hui ne sont pas permises, et toute loi sur l'immigration
04:11 qui aurait lieu et qui adviendrait sans réforme préalable de la Constitution,
04:15 serait en réalité une loi qui serait vouée à l'échec.
04:18 Et on le voit bien, en 2018 il y a eu une grande loi,
04:20 dite la loi Collins, pour réduire l'immigration.
04:22 La réalité c'est que, parce qu'on n'a pas changé la Constitution,
04:25 parce qu'on n'a pas changé le cadre institutionnel de notre pays,
04:28 il n'y a jamais eu autant de titres de séjour délivrés
04:30 et autant de clandestins en France.
04:31 Vous nous dites quoi, Pierre-Henri Dumont,
04:33 qu'au fond le Parlement ne sert à rien, légiférer ne sert à rien,
04:36 il vaut mieux consulter le peuple ?
04:37 Non, ce que je vous dis c'est que la Ve République permet,
04:40 donne cette possibilité de consulter le peuple,
04:43 que depuis 2005 les Français n'ont pas été...
04:45 Parce que le Parlement n'arrive pas à aller au bout de ces sujets ?
04:47 Non, c'est parce qu'il y a certains sujets qui méritent d'être tranchés par le peuple,
04:50 qui... vous savez, le peuple a toujours raison.
04:53 Arrive le moment où, quand les Français décident et doivent choisir,
04:56 quand on leur redonne la parole, ils se sentent déjà plus concernés.
04:58 Ça s'appelle l'élection.
04:59 Oui, mais vous savez, c'est aussi important d'avoir des référendums
05:02 qui ont lieu à intervalles réguliers.
05:04 Moi je suis extrêmement favorable, parce que je suis issu d'une tradition gaulliste,
05:07 au fait de pouvoir consulter les Françaises et les Français par référendum,
05:10 parce que certains sujets...
05:11 Ça coûte du cher au général.
05:12 Mais peu importe, c'est le risque quand on fait de la politique.
05:14 Quand on fait de la politique, le risque est celui d'être battu, également.
05:17 Et donc quand on fait des référendums,
05:19 ça permet de redonner la possibilité au peuple de parler, de trancher.
05:23 Et vous voyez bien avec le système uninominal à deux tours,
05:25 on a un Président de la République qui a recueilli sur son nom
05:28 à peine un tiers des voix au premier tour,
05:29 et donc c'est très compliqué de faire des majorités derrière.
05:32 Au moins là, les sujets seront tranchés.
05:33 C'est le message que nous portons avec les Républicains,
05:35 à Éric Ciotti, auprès du Président de la République cet après-midi.
05:38 Vous êtes un député à l'ère nouvelle génération, vous êtes jeune.
05:40 Vous dites quoi ? Le système français, il étouffe aujourd'hui ?
05:43 Celui de la Ve République, ça ne fonctionne plus ?
05:45 Non, la Ve République a fait preuve de sa solidité.
05:49 C'est le régime, depuis maintenant plusieurs siècles,
05:52 que nous avons, qui est le plus stable.
05:54 Nous réussissons malgré les difficultés.
05:56 D'abord, les cohabitations.
05:58 On ne pensait pas que ça allait résister à une cohabitation.
06:00 C'est la 5e République.
06:01 Ensuite, l'absence de majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
06:05 Bon an, mal an, les textes sont votés.
06:07 Ça nécessite peut-être, surtout, non pas de changer les institutions,
06:10 mais de changer le comportement vis-à-vis des institutions.
06:12 On a un Président de la République qui continue d'imaginer,
06:14 de penser qu'il est en majorité absolue.
06:16 Il pense pouvoir gouverner en imposant ce qu'il désire,
06:20 et non pas en concertant.
06:21 Nous nous appelons, avant toute chose, à concerter,
06:23 à travailler sur des textes de loi,
06:25 non pas par le rapport de force, mais bien par la co-construction.
06:28 - Vous voyez les Républicains co-construirent pendant 3 ans et demi avec Emmanuel Macron.
06:33 - Mais pas que les Républicains, l'ensemble des forces politiques représentées à l'Assemblée Nationale.
06:38 Mais c'est le jeu de l'élection.
06:39 Tous les pays européens fonctionnent comme cela.
06:41 Prenez en Allemagne, il y a des coalitions.
06:43 Vous pouvez trouver, soit au niveau fédéral, soit au niveau des landers,
06:46 des coalitions avec des écologistes.
06:48 - Ça existe chez nous, localement, dans les exécutifs régionaux ?
06:51 - Non, ça n'existe absolument pas localement,
06:53 puisque ce n'est pas un système proportionnel.
06:55 C'est le système proportionnel qui crée cela.
06:56 Je pense qu'on est dans une nouveauté historique dans l'histoire de la Ve République,
07:01 cette absence de majorité absolue à l'Assemblée Nationale,
07:04 et que ça nécessite d'arrêter ces vieux réflexes bonapartistes
07:07 qui sont ceux du Président de la République,
07:09 pour écouter, dialoguer, peut-être moins légiféré,
07:12 mais sur des textes où il y a beaucoup plus de consensus.
07:14 - Et nous verrons bien s'il y aura ce soir fumée blanche à Sainte-Denis.
07:17 - A Bémousse référendum.
07:18 - Allez, Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais,
07:22 porte-parole du groupe à l'Assemblée Nationale,
07:24 Merci à vous.

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