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  • 17/07/2023
Sécheresse : 68% des nappes phréatiques françaises sous les normales de saison Quelles conséquences pour les populations et les professionnels.
Avec Marjorie Bertrand, hydrogéologue et chargé du développement chez ImaGeau (prononcé ImaGéo), filiale du groupe SAUR et Pierre Ouvrard, maire de Mayet, commune dans la Sarthe touchée par de fortes sécheresses et en état de crise.

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##LE_DOSSIER_DE_L_ET-2023-07-17##

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Voyages
Transcription
00:00 Il me faut de l'eau ! De l'eau !
00:05 Et oui, il nous faut de l'eau et on l'a malheureusement vécu très tôt cette année, déjà dans la saison.
00:10 La sécheresse frappe à frapper et frappera encore.
00:14 Restriction d'eau, où en est-on ? A mi-juillet, aujourd'hui 68% des nappes phréatiques françaises sont sous les seuils de la normale de saison.
00:23 Quelles conséquences pour les populations et les professionnels ?
00:26 On va en parler avec Marjorie Bertrand qui est hydréo-géologue et chargée du développement chez Imageo, qui est la filiable du groupe SOR.
00:35 Bonjour Marjorie !
00:36 Bonjour Laurence !
00:38 Merci d'être avec nous sur Sud Radio.
00:40 Et nous allons également rencontrer le maire d'une jolie ville, Mayet, M-A-Y-E-T.
00:45 Et là je vous emmène dans la Sarthe, oui, parce qu'on pourrait penser que les restrictions d'eau ne sont que pour les communes du sud de la France, que nenni.
00:53 Oui, dans la Sarthe, ils sont déjà en restriction d'eau. Bonjour M. le maire, M. Pierre Ouvrard.
00:58 Bonjour Laurence, bonjour à tous.
01:00 Merci d'être avec nous pour Sud Radio. On va parler de cette problématique de la sécheresse et des nappes phréatiques.
01:06 Pour rappel, le mardi 11 juillet dernier, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchut, a annoncé que 68% des nappes phréatiques françaises étaient sous les normales de saison.
01:15 Il a ajouté que si juillet 2023 était comparable à l'an dernier, on pourrait aller vers des jours compliqués concernant l'eau.
01:22 Pour rappel, 700 communes avaient été privées d'eau potable lors de l'été 2022.
01:26 Et d'ailleurs, si vous, vous êtes sur une commune qui est privée d'eau potable ou avec de grosses restrictions d'eau, vous pouvez nous appeler au 0 826 300 300.
01:33 Marjorie, j'aimerais qu'on fasse un point avec vous. Vous êtes hydrogéologue. Alors déjà, j'aimerais bien comprendre exactement quel est votre métier.
01:41 Alors, mon métier consiste en fait à suivre l'évolution des eaux souterraines, donc en quantité et en qualité, et donc savoir s'il y a suffisamment d'eau dans les nappes phréatiques pour l'alimentation en eau potable notamment.
01:55 D'accord. Là, aujourd'hui, vous travaillez, donc vous êtes chargée de développement chez Imageo. Un mot également sur cette filiale du groupe SOR.
02:03 Alors, Imageo, c'est une filiale du groupe SOR, donc qui est spécialisée dans le suivi des eaux souterraines et qui a développé une plateforme à destination du grand public qui s'appelle infosècheresse.fr,
02:14 qui permet de savoir chaque jour quel est l'état en France des nappes d'eau, également des cours d'eau et également des précipitations.
02:22 Alors, je vous invite à vous connecter sur info-sècheresse.fr pour regarder ce dont je vais vous parler aujourd'hui.
02:29 Très bien, on va en parler tout de suite. On en est où aujourd'hui ? Au 17 juillet 2023, en direct sur Sud Radio.
02:36 Au 17 juillet 2023, ce qu'on constate, c'est qu'il y a à peu près plus de 80% des départements français qui sont confermés par des restrictions d'eau.
02:44 Et ça s'explique en fait par le fait que cet hiver, il n'y a pas eu suffisamment de précipitations pour recharger les nappes d'eau souterraines.
02:52 Parmi les régions les plus touchées à l'heure actuelle, c'est principalement dans le centre de la France, donc Pays de la Loire, Centre-Val de Loire,
03:01 et également le Golfe du Lion.
03:03 Comment ça se fait que les Pays de la Loire, d'ailleurs, à ce point, là on va le voir tout à l'heure avec M. le maire de Maillet, dans la Sarthe,
03:10 ils sont touchés également, alors qu'habituellement ce sont quand même des régions, on va dire au-dessus de la Loire, pratiquement,
03:15 qui sont plutôt bien arrosées régulièrement sur l'hiver et tout du moins le début de printemps ?
03:22 Alors effectivement, voilà, là ce qui s'est passé c'est que cet hiver il n'y a pas eu suffisamment de pluie,
03:27 et en fait c'est l'hiver que les nappes se rechargent, l'été même s'il pleut c'est la végétation en fait qui va capter l'eau de pluie.
03:34 Et cet hiver il n'y a pas eu suffisamment de pluie, et ça se cumule en fait l'année dernière également où il n'y a pas eu suffisamment de précipitations.
03:41 Donc on fait face à deux années de déficit.
03:44 Je vais mettre tout de suite les pieds dans le plat, est-ce que les activités humaines aggravent la situation ?
03:48 Alors les activités humaines prélèvent effectivement dans les ressources en eau,
03:54 après quand c'est pour les besoins d'alimentation en eau potable c'est une nécessité,
03:58 également les besoins pour l'agriculture parce qu'on a besoin également de se nourrir,
04:03 mais il est vrai qu'on prélève peut-être par endroits plus que ce que la nature nous donne.
04:09 Il était un moment, enfin je me souviens quand j'étais jeune, il n'y a pas si longtemps que ça, ne rigolez pas,
04:14 il y avait dans les régions et les campagnes des haies qui séparaient les champs, les pâtures entre autres,
04:22 elles ont disparu, elles commencent à revenir et en Normandie je sais qu'ils les ont souvent gardés,
04:27 est-ce que c'est une des causes aussi et est-ce qu'il faut vraiment revenir à toutes ces haies où la végétation retient l'eau ?
04:32 Alors ça peut effectivement faire partie des causes, après il n'y a pas que ça, il y a aussi le fait qu'on va imperméabiliser les sols
04:40 quand on crée des routes ou des bâtiments, donc l'eau va s'infiltrer moins facilement dans le sous-sol et venir moins recharger les nappes.
04:48 Donc en fait c'est un ensemble d'éléments qui font que les nappes se rechargent moins facilement qu'avant.
04:55 Pierre Ouvrin, vous qui êtes maire de cette commune de Maillet dans la Sarthe, touchée également par la sécheresse,
05:01 vous êtes vous dans les zones en état de crise, racontez-nous un peu ce qui s'est passé, à partir de quand votre commune dans la Sarthe,
05:07 et la Sarthe d'ailleurs a été touchée par cette sécheresse accrue qui a amené aux restrictions d'eau ?
05:12 Eh bien je regardais ça tout à l'heure justement pour pas vous dire de bêtises et dès le 30 mai on était en vigilance,
05:19 donc là la première étape, et puis début juin on est passé par grand succès jusqu'à la crise mi-juin de mémoire,
05:29 où là en fait un mois plus tôt que l'année dernière on est en crise.
05:34 Alors la Sarthe est séparée en plusieurs bassins, plusieurs bassins versants, et c'est vrai qu'on est un bassin,
05:39 un des plus touchés avec nos voisins là dans le sud de Sarthe.
05:43 Qu'est-ce qu'on appelle un bassin d'ailleurs Marjorie Bertrand ?
05:46 Alors un bassin en fait c'est toute goutte de pluie qui va tomber, va ruisseler et va arriver sur un bassin.
05:55 On parle notamment du bassin d'Arsene de la Loire, donc toutes les gouttes d'eau qui vont tomber sur les montagnes
06:01 et arriver à la Loire sont partie du bassin d'Arsene de la Loire.
06:03 C'est une délimitation en fait hydrographique.
06:06 D'accord. Pierre Ouvrard, vous nous avez expliqué votre réalité sur votre commune à Maillet et sur d'autres communes d'ailleurs environnantes.
06:13 Aujourd'hui vous êtes touché par... vous êtes en état de crise, quelles sont les restrictions que vous avez dû mettre en place ?
06:20 Ah ben quand on est en état de crise c'est assez simple, on ne prélève plus d'eau.
06:23 C'est ce qui est assez difficile à comprendre pour beaucoup quand on est dans les étapes intermédiaires,
06:29 mais au moins quand on est en crise c'est simple à expliquer, on ne prélève plus d'eau dans la nature.
06:34 Donc concrètement, pour la population ?
06:37 Pas de remplissage de piscine si ça n'a pas été fait avant, pas le droit de laver les voitures,
06:43 pas le droit d'arroser son potager par prélèvement d'eau.
06:46 Pour nous dans la commune, évidemment pas le droit d'arroser le terrain de foot ou les espaces verts.
06:52 La fontaine publique qui a besoin de temps en temps d'avoir un petit apport,
06:57 elle est arrêtée parce que pas de prélèvement, pas de prélèvement.
07:01 Donc c'est quelque chose qui devient malheureusement assez coutumieux maintenant tous les ans.
07:07 Malheureusement assez coutumier, c'est pas la première fois que la commune de Maillet et cette partie de la Serre t'est touchée ?
07:13 L'année dernière, on était un mois plus tard, c'est-à-dire de mémoire, je crois que c'était autour du 14 juillet,
07:20 je n'ai plus la date exacte, mais 14 juillet on était passé en crise,
07:22 et là on est plutôt à la mi-juin qu'on est passé en crise.
07:26 Et comme le bassin est très fragile, on est les derniers aussi à sortir.
07:30 C'est aussi ça qui est très compliqué à comprendre pour les habitants,
07:34 c'est-à-dire qu'on fait 10-20 km, on change de bassin et c'est pas les mêmes restrictions.
07:40 Mais voilà, c'est là où il faut être très pédagogique et expliquer que sur notre bassin, il n'a pas assez plu,
07:46 les nappes ne se sont pas rechargées, madame l'a très bien expliqué tout à l'heure,
07:49 et on est en déficit, et comme on accumule les déficits, c'est très compliqué.
07:54 - Mais concrètement, parce qu'en plus la Sarthe c'est une terre agricole, on le sait,
07:57 évidemment pas que de la rillette, mais de pommes par exemple,
08:00 et d'ailleurs il me semble que vous avez une AOP en cidrerie,
08:03 mais concrètement pour le milieu agricole et les professionnels qui ont besoin d'eau,
08:07 est-ce qu'il y a des dérogations ?
08:10 - Oui, il y a des dérogations qui sont accordées par la préfecture,
08:13 mais il y a aussi une grosse surveillance qui est faite par la police de l'eau.
08:17 L'année dernière, il y a eu plusieurs contrôles de faits sur le territoire,
08:20 la commune aussi a été contrôlée.
08:23 L'affichage des arrêtés notamment,
08:25 mais aussi la vérification des compteurs, notamment pour nos agriculteurs.
08:30 - Et comment ils réagissent ?
08:32 - Les agriculteurs sont très au fait de tout ça,
08:37 c'est-à-dire qu'ils le suivent évidemment avec assiduité,
08:40 même longtemps à l'avance, l'état des nappes, l'état des choses,
08:44 et puis comme le disait aussi madame tout à l'heure,
08:46 l'agriculture est nécessaire, sinon on arrête de manger,
08:49 donc il y a des dérogations.
08:51 Mais c'est plutôt les habitants qui voient des fois de l'irrigation sur certaines parcelles,
08:55 qui sont encore une fois autorisés, on le vérifie bien,
08:58 qui ne comprennent pas qu'eux ne peuvent pas arroser leur potager
09:01 et que les agriculteurs peuvent arroser ou irriguer.
09:04 - On voit bien, Pierre Ouvrard, que même dans la Sarthe,
09:11 vous savez, enfin la Sarthe, on est quand même,
09:12 il y a la Mayenne, on est à côté de la Bretagne,
09:15 c'est-à-dire que sincèrement,
09:16 si on imaginait bien qu'il y a une région de France qui n'allait pas être touchée,
09:19 ça pouvait être la vôtre et celle de la Bretagne et de la Normandie.
09:21 Or, on voit, d'ailleurs Marjorie Bertrand,
09:24 qu'en gros aujourd'hui, on va être transparent,
09:28 plus aucune région de France n'est vraiment à l'abri ?
09:30 - Effectivement, il n'y a plus aucune région de France
09:34 qui est à l'abri en termes de risque de sécheresse,
09:38 ça concerne la France entière et pas uniquement les régions du sud de la France.
09:42 - Du sud de la France d'ailleurs, je crois qu'on a quelqu'un,
09:45 des Pyrénées-Orientales qui a composé le 0826-300-300,
09:48 qui voulait témoigner, faites comme Jean-Claude,
09:50 sur toute l'émission, tous les jours des routes de l'été,
09:53 vous pouvez intervenir. Bonjour Jean-Claude !
09:55 - Oui bonjour, ravi de vous avoir au téléphone.
09:58 - Merci, et nous ravis de vous accueillir sur ce radio dans les routes de l'été.
10:01 Alors vous, vous êtes très inquiet, avez-vous dit à Manu,
10:03 par rapport à la sécheresse chez vous ?
10:05 - Oui, effectivement, d'abord le thètre est très bas,
10:08 il y a de l'eau juste pour le principe,
10:12 mais en fait c'est très bas et c'est vrai que c'est compliqué.
10:15 Évidemment, moi je m'intéresse beaucoup aux détails,
10:19 parce que je pense que les gars sont toujours cachés dans les détails,
10:22 et donc il y avait des petites idées,
10:26 du genre se laver les dents avec des gobelets,
10:29 et ne pas laisser couler l'eau du robinet,
10:31 régler les mixeurs avec la poignée,
10:37 quand elle est devant, régler sur l'eau froide,
10:40 et pas sur le mélange, ce genre de petites choses.
10:43 - En gros, Jean-Claude, vous pensez que la population française
10:46 a évidemment un rôle à jouer, ça paraît évident,
10:48 mais n'est pas assez investie et devrait faire tous ses gestes maintenant ?
10:52 - Je pense que les gens sont investis, mais il y a les vieilles habitudes.
10:58 Et ça c'est le plus compliqué.
11:00 Il faut changer les habitudes,
11:02 et il faut effectivement rechercher ça tous les jours,
11:06 en disant "attention, faites pas ci, faites ça",
11:08 parce que les gens ne s'intéressent pas,
11:12 et d'autres, pas beaucoup, sont quand même investis,
11:15 mais voilà, il y a les habitudes.
11:17 On ne cherche pas à se faire plaindre du jour au lendemain.
11:19 - En tout cas, merci d'être intervenu Jean-Claude.
11:22 - Une petite chose supplémentaire,
11:24 je pensais qu'on pourrait faire en sorte
11:26 qu'il y ait des bouches d'incendie
11:30 pour les villes de bord de mer,
11:32 qui soient alimentées par de l'eau de mer,
11:35 spécifiquement pour les pompiers,
11:38 qui souvent remplissent leurs citernes avec de l'eau douce,
11:43 traité probablement,
11:45 et donc c'est un petit peu du gâchis
11:47 de pompier sur les incendies.
11:49 - Et puis sur les côtes, ou sur les bords de côtes,
11:51 puisqu'on a un pays côtier, ça peut être une bonne idée.
11:53 C'est noté Jean-Claude, j'espère que vous vous êtes entendu.
11:56 Merci beaucoup Marjorie Bertrand.
11:58 - Merci à vous.
12:00 - Merci Jean-Claude.
12:02 Merci Marjorie, vous êtes hydréo-géologue
12:05 et chargée du développement chez Imageo,
12:07 donc filiale Groupe SORT de nous avoir amené
12:09 des informations sur l'état de sécheresse
12:11 actuel en France et les bassins
12:13 qui sont vraiment très touchés,
12:15 comme celui de Pierre Ouvrard, maire de Mayenne,
12:17 commune dans la Sarthe, qui nous a également apporté
12:19 son témoignage. Merci beaucoup monsieur le maire.
12:21 - De rien, bonne journée à vous, belle saison.

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