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  • 07/07/2023
Parlons Vrai chez Bourdin avec Paul Melun, essayiste et éditorialiste, auteur de “Libérer la gauche” (Editions du Cerf), Xavier Melki, maire DVD de Franconville, Driss Ettazaoui, vice-président de l'association Villes et Banlieues, vice-président à l’agglomération d’Evreux en charge de la prévention et de la politique de la ville et président de l’association des Élus de France et Abdoulaye Kanté, policier, auteur de “policier, enfant de la République” (Editions Fayard).

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##LA_CONFRONTATION-2023-07-07##

Catégorie

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News
Transcription
00:00 Frédéric Brindel.
00:02 Comment vivre ses rêves dans les quartiers difficiles, quand la société nous renvoie
00:06 des succès story de millionnaire à longueur de contenu médiatique ? La vie en gris, ça
00:11 frustre.
00:12 Comment éviter le cauchemar des habitants qui subissent les exactions des sans scrupules
00:16 ? Le président de la République évoque à leur sujet une décivilisation.
00:20 Le dialogue, la vie en collectivité sont-ils encore envisageables dans nos cités ? Autour
00:25 de la table, ici en studio sur Sud Radio, nous recevons des personnes qui vont nous
00:31 éclairer et nous avons une heure pour poser toutes les questions pour aller au cœur
00:37 du problème.
00:38 Je salue Paul Melun, essayiste et éditorialiste, auteur de Libérez la gauche, publié aux
00:43 éditions du Cerf.
00:44 Bonjour Paul Melun.
00:45 Bonjour, merci de me recevoir.
00:46 Vous allez nous expliquer, grâce à cette étude que vous avez menée finalement, quelles
00:50 sont aujourd'hui les principales préoccupations populaires et est-ce que la question politique,
00:55 de la sociale problématique est résolue ? Voilà, je vais le mettre dans le bon sens.
01:02 Xavier Melki, maire d'Hiverdroit de Francoville, vous êtes maire, vous faites partie de ces
01:07 élus proximités, élus importants et vous vous êtes fait entendre dernièrement avec
01:13 des déclarations parfois un peu houleuses, vous nous direz donc si le dialogue est possible
01:18 sans tension par exemple.
01:21 Bonjour, bienvenue.
01:22 Bonjour Frédéric Bardel.
01:23 Et puis nous allons avoir plusieurs intervenants qui ne sont pas forcément en studio mais
01:27 qui prennent un peu de temps pour nous éclairer.
01:30 En liaison avec nous, Driss Etazawi, vice-président de l'association Villes et banlieues, vice-président
01:37 à l'agglomération d'Evreux en charge de la prévention et de la politique de la ville.
01:40 Vous êtes également président de l'association des élus de France.
01:44 Bonjour M. Etazawi.
01:46 Bonjour et merci pour votre aimable invitation.
01:48 Vous êtes les bienvenus.
01:50 Alors, par quel bout commencer ? Évidemment, c'est une large question.
01:54 J'aimerais revenir sur ce dialogue, ce dialogue avec la jeunesse.
01:59 Peut-être vous, M. le maire, M. Melki, vous êtes le maire d'une ville de Francoville
02:05 qui n'a pas des quartiers particulièrement difficiles mais vous êtes au cœur du dialogue
02:09 social.
02:10 Aujourd'hui, y a-t-il une vraie fracture ? Est-ce que la jeunesse par exemple est prête
02:15 à échanger, vous dialoguer avec cette jeunesse ?
02:18 Oui, alors, j'ai effectivement pas de quartier difficile.
02:22 Par contre, j'ai vécu une semaine difficile, comme beaucoup de villes de France.
02:26 J'ai aucun problème à aller dans les quartiers.
02:30 En fait, ce qui m'ennuie, c'est qu'on généralise beaucoup.
02:33 Il y a 90-95% des gens avec qui ça se passe très bien dans les quartiers.
02:36 On a vraiment 5% et c'est ces 5 ou 10% là qu'il faut qu'on gère.
02:40 Comment vous les définissez ces 5% ? Parce que vous, la force des maires aujourd'hui,
02:45 c'est de connaître chacun de ces administrés.
02:47 Quel est le profil de ces 5% qui finalement mettent le bazar ?
02:53 Ça c'est le résultat.
02:55 Je pense qu'il y a tout un parcours avant de désocialisation.
02:58 On quitte l'école, on ne parle plus à ses parents, on se retrouve dans l'entre-soi
03:04 d'une forme d'hystérie collective ou de colère et puis on en vient à faire des exactions
03:10 telles qu'on les a vues qui sont complètement inexcusables.
03:12 Pour parler de l'effet d'entraînement, rapprochez-vous bien du micro s'il vous plaît.
03:15 C'est l'effet d'entraînement et puis, nous en parlerons, mais vous dites aussi une espèce
03:20 de solitude de ces jeunes qui ne sont pas encadrés par la famille.
03:23 Je ne sais pas si c'est une solitude de ces jeunes ou s'il la crée cette solitude.
03:28 On a des jeunes qui sont complètement… qu'on décrochait de tout.
03:35 On a des jeunes qu'on décrochait de tout et volontairement.
03:37 On a des jeunes qu'on décrochait de tout volontairement.
03:40 - Driss Etazawi, vous faites ce même constat avec peut-être sur la dernière partie de
03:45 ce que vient de dire M.
03:46 Melki, c'est-à-dire volontairement ou pas.
03:49 Est-ce que ce décrochage est volontaire ? Est-ce que ce décrochage est subi ?
03:54 - Alors tout d'abord, je voulais vous dire que j'abondais à 300% sur les propos du
04:00 maire qui viennent s'exprimer puisque le postulat de départ, le préalable, c'est
04:05 de lutter contre l'essentialisation.
04:06 Nous avons besoin dans notre société de faire preuve de discernement.
04:10 Oui, mais tout n'est pas maliké.
04:11 On n'a pas d'un côté les gentils flics et de l'autre côté les méchants gamins.
04:17 Nous avons 6 millions d'habitants sur ce territoire, 1 214 quartiers prioritaires en
04:21 France.
04:22 Sur ces 1 214 quartiers, vous avez 6 millions d'habitants.
04:25 Entre l'hypermédiatisation de la réussite et l'hypermédiatisation de l'échec, eh
04:30 bien vous avez l'écrasante majorité qui n'aspire qu'à une chose, à la tranquillité,
04:34 à la normalité, à la banalité.
04:35 On leur fout de la paix ces gens-là et qu'on ne les stigmatise pas et qu'on ne les renvoie
04:39 pas vers les quartiers perdus ou les territoires perdus de la République.
04:42 Puisque nous autres, il est locaux, parce que nous sommes sur le terrain, parce que
04:45 nous sommes ancrés dans la réalité, eh bien nous avons bien conscience que ces territoires,
04:49 que ces quartiers, eh bien ce sont plutôt les territoires de solution et les territoires
04:53 gagnants de la République.
04:54 Pour répondre à la question qui est la vôtre concernant cette infinie priorité,
04:58 cette colonie de pays, cette colonie de France.
05:00 Est-ce que c'est finalement subi ? Est-ce que c'est volontaire ? Est-ce que c'est
05:03 une démarche finalement condamnable ?
05:05 - Naturellement, aujourd'hui le bon sens, et nous sommes tous frappés du bon sens,
05:12 c'est ce que nous avons en commun, c'est que les agissements, les exactions de cette
05:17 poignée, de cette minorité délinquante, est injustifiable, est inqualifiable, est
05:22 inexcusable.
05:23 Et donc oui, bien sûr, moi comme les membres de l'association Ville et banlieue, eh bien
05:27 nous condamnons naturellement l'ensemble des violences urbaines qui ont secoué l'ensemble
05:31 de nos territoires.
05:32 - Une fois qu'on a dit ça.
05:33 - Oui, c'est ça, c'est-à-dire la question, est-ce que quelque part, nous sommes redevables
05:39 de cette situation, nous qui sommes chargés d'encadrer ? Quand je dis nous, c'est au
05:44 sens large, c'est-à-dire les parents, j'en suis, mais aussi vous, les élus.
05:47 Est-ce qu'on parlait tout à l'heure avec une représentante d'une association scolaire
05:52 qui disait que les professeurs n'avaient plus les moyens de faire correctement leur
05:57 métier ?
05:58 Est-ce que c'est cet encadrement qui va suggérer cette réaction, condamnable on vient de le
06:04 dire, mais qui est à cette origine ?
06:06 - Vous savez, il faut avoir l'humilité de dire que la responsabilité n'est pas seulement
06:11 celle des parents, n'est pas seulement celle de l'éducation, n'est pas seulement celle
06:16 de l'instruction.
06:17 Cette responsabilité, elle est collective.
06:19 Quand on arrive à un état de situation, à un état d'exaspération, avec tous les
06:24 dégâts clancés, les dégâts matériels comme les dégâts invisibles dans l'esprit
06:28 de nos concitoyens et dans l'opinion publique.
06:30 Quand on arrive à cet état de fait, naturellement, la responsabilité ne peut pas être celle
06:35 d'un seul, mais bien une responsabilité partagée.
06:38 Aujourd'hui, quand on observe l'ensemble des événements, l'événement de Duc Tinel,
06:50 le perte de la vie d'un jeune garçon de 17 ans pour un refus d'obtempérer, avec les
06:55 conséquences qu'on a vues derrière, avec des gamins de 15, 16, 17, 18 ans, dehors à
07:02 1h du matin, à 2h du matin, naturellement, on s'interroge sur la responsabilité, sur
07:05 l'autorité parentale, mais on peut aussi s'interroger sur la responsabilité des élus
07:09 locaux à travers un certain nombre de leviers que nous avons, l'État aussi, à travers
07:13 la sécurité.
07:14 Moi, je pense que notre logiciel, le paradigme concernant nos quartiers doit être encore
07:20 revu.
07:21 Là, des sujets qu'on aborde très peu, si vous le permettez, j'essaie de ne pas trop
07:25 prendre la parole.
07:26 - On va vous la redonner de toute façon, Andriss Etazawi.
07:31 Juste, je reviens vers vous.
07:33 Que ce soit vous qui êtes président de l'Association des élus de France, ou vous, Xavier Melki,
07:40 maire de Francoville, vous venez de faire un constat.
07:43 Paul Melin, vous êtes essayiste, éditorialiste, vous êtes un observateur privilégié.
07:49 Est-ce que ce dialogue entre les élus locaux et cette population est déjà le point de
07:57 départ d'une réflexion, d'une implication, on va dire, civique, déjà ?
08:04 - Alors, ça déjà, c'est un sujet, vous avez raison, ce n'est pas le seul sujet, mais
08:07 c'est un des sujets.
08:08 En tout cas, je suis d'accord avec ce qui venait d'être dit sur le changement de paradigme.
08:12 De fait, si on fait un peu la généalogie des quartiers, comme on dit aujourd'hui, quartier
08:16 populaire, banlieue, il y a plusieurs termes cités.
08:19 Quand on fait cette généalogie-là, on observe d'abord, et d'abord on doit faire une analyse
08:24 urbanistique, on doit comprendre comment on a fait la ville.
08:26 Et effectivement, comment est-ce qu'on a fait la ville, notamment avec, au début, l'idée
08:31 selon laquelle on vivrait mieux dans des grandes barres d'immeubles, dans lesquelles il y aurait
08:35 un certain nombre de services, de proximités, etc.
08:38 - De plus en plus de barres ont été détruites, et il y a des reconstructions.
08:42 - D'où l'idée de l'Agence nationale de la rénovation urbaine, l'ANRU, qui, progressivement,
08:46 vous le rappeliez fort justement, détruit un certain nombre de barres d'immeubles pour
08:50 des plus petits ensembles.
08:51 Donc là, je pense que le premier débat, quand on en fait la généalogie, il est architectural,
08:55 il est urbanistique, il est dans ce qui s'est apparenté, en tout cas, à une forme, moi
08:59 c'est la critique que je fais de ces plans urbanistiques, de ghettoïsation.
09:02 C'est-à-dire que nous avons mis au pourtour d'un certain nombre de grandes métropoles
09:05 et de villes moyennes, des quartiers dans lesquels nous avons concentré beaucoup de
09:09 populations, beaucoup d'entre elles sont issues de l'immigration, et avec un certain nombre
09:15 effectivement aussi de problématiques sociales et économiques.
09:18 Par conséquent, lorsque l'on fait le pas de côté et qu'on regarde cette situation-là
09:21 et cette évolution, on se dit "mais comment diable tout cela aurait-il pu bien se terminer
09:25 quand on parle de mixité ?" Je crois que Papendiaïe en parlait récemment, c'est une
09:29 des rares fois où j'étais d'accord avec Papendiaïe.
09:30 Évidemment que la mixité est importante.
09:32 Je crois que le président de la République, c'était Daniel Kohn-Bendit, je crois qu'il
09:34 lui a soufflé l'idée de la déghettoïsation sur le modèle de ce qui se fait au Danemark,
09:38 sur le modèle de ce que fait M. Ménard dans sa ville.
09:40 Donc je pense que la déghettoïsation, la mixité sociale, la refonte urbanistique,
09:45 c'est une partie de la solution.
09:46 Je ne dis pas la seule, mais c'est une partie de la solution.
09:47 Donc ça, ça va privilégier le dialogue justement avec les élus, parce que là on
09:50 est sur la question des maires, du dialogue avec les jeunes.
09:54 Donc aujourd'hui, les conditions se requissent.
09:56 Mais quand vous parlez des banlieues, et vous M. Melki, vous le rappeliez, vous n'avez
10:00 pas forcément beaucoup de grandes barres d'immeubles à Franconville, mais vous avez
10:04 souffert.
10:05 Donc problématique, dialogue, on doit marquer une respiration, vous avez chacun évoqué
10:09 vos points de vue, nous allons rentrer dans le détail maintenant.
10:12 A tout de suite, les auditeurs de Sud Radio interviennent au 0826 300 300.
10:16 Comment dialoguer ? Est-ce possible ? Est-ce que nous sommes sur des bases qui nous permettent
10:22 de faire avancer la vie du quotidien de ces gens qui vivent dans les quartiers difficiles
10:27 ? Nous répondons à cette question.
10:28 A tout de suite.
10:29 Frédéric Brindel.
10:30 Comment réinstaurer le dialogue dans les quartiers difficiles ? Nous en parlons avec
10:36 des élus locaux, avec des observateurs privilégiés.
10:39 Plusieurs intervenants vont se relayer sur l'antenne de Sud Radio.
10:44 C'est ce grand débat auquel vous participez, vous les auditeurs, au 0826 300 300.
10:49 Qu'est-ce que vous proposez ? Pour nous éclairer, Paul Mellin, essayiste et éditorialiste,
10:54 auteur de Libérez la gauche.
10:55 Nous allons parler de la question politique tout de suite.
10:58 Xavier Melki, maire d'Hiver Droite de Franconville, dans le Val d'Oise, et puis Driss Etazawi,
11:03 vice-président de l'association Villes et banlieues.
11:06 Vous avez plusieurs mandats, vous êtes président de plusieurs entités.
11:10 Nous y reviendrons avec vous Driss Etazawi.
11:12 Je voudrais parler avec vous, Xavier Melki, de cette situation concrète que vous avez
11:18 vécue quand vous êtes arrivé, vous m'avez dit « j'ai pas dormi depuis une semaine ».
11:21 Il y a eu de la casse à Franconville.
11:24 Vous avez rencontré des jeunes, vous leur avez dit « j'en peux plus », ils vous
11:28 ont dit « nous non plus ».
11:30 C'est ça.
11:31 Mais ce n'était pas les jeunes qui étaient dans la rue.
11:33 On a eu effectivement des jours qui étaient épouvantables.
11:37 J'ai eu un jet de cocktail Molotov sur mon hôtel de ville.
11:42 C'est un habitant, on ne l'avait pas vu, c'est un habitant qui a éteint ça tout
11:44 seul, comme un grand.
11:45 Sinon on n'avait plus de mairie.
11:47 Non, non, ça a été une violence incroyable.
11:50 C'était insupportable à regarder.
11:52 En plus j'étais au centre de supervision avec les 15 villes avec toutes les caméras.
11:56 C'était terrible, terrible, terrible.
11:57 Une caméra a été détruite notamment.
11:59 Il y a justement une anecdote que vous nous racontez.
12:04 Vous avez parlé avec un père d'un enfant qui a été vu sur une caméra.
12:08 C'est-à-dire que comme on connaît un peu nos jeunes, quand j'en repérais aux caméras,
12:14 j'appelais les parents.
12:15 Je lui disais « mais il est où ton gamin ? ». « Il est dans le parc en train de jouer ».
12:19 Non, non, il n'est pas dans le parc en train de jouer.
12:20 Il est en train de se mettre avec des émeutiers, il faut aller le chercher.
12:24 Et quelle est la réaction des parents à ce moment-là ?
12:26 Ils appellent leur gamin et puis ils le récupèrent à un autre endroit.
12:28 En étant vindicatifs ?
12:32 Je ne sais pas comment ils parlent à leurs enfants, mais en tout cas ils sont suffisamment
12:36 convaincants pour que l'enfant reparte.
12:37 Et pour revenir à votre première question, des jeunes vous en dit, nous aussi, M. le
12:42 maire ?
12:43 Oui, j'ai croisé quelques jeunes.
12:44 Une fois que tout était terminé, je perds un peu la notion du temps en ce moment, mais
12:50 c'était il y a deux ou trois jours.
12:51 Et puis on a discuté tous ensemble.
12:54 J'étais seul avec eux.
12:55 Et puis on a partagé le constat que c'était insupportable.
12:59 Donc on a cette grande partie de la jeunesse qui n'a qu'une envie, c'est d'avancer.
13:04 Et pour l'autre partie de la jeunesse, il y a deux options, le redressement et la justice.
13:08 Bon, ça c'est très important, Driss et Tazawi, ce qu'on vient d'évoquer avec Xavier Melchi.
13:13 C'est-à-dire qu'il y a un dialogue direct qui s'opère entre les représentants de l'autorité
13:19 et les gens qui habitent dans ces quartiers difficiles.
13:23 Vous dites, vous Driss et Tazawi, qu'il faut redonner du pouvoir, de l'importance aux
13:28 élus locaux parce que ce sont eux qui vont peut-être réinstaurer le dialogue, reciviliser,
13:35 si on veut reprendre les termes du président Emmanuel Macron ?
13:37 Vous savez, dans toutes les enquêtes d'opinion aujourd'hui, les élus locaux sont le personnel
13:42 politique le plus apprécié de nos concitoyens.
13:45 Pourquoi ? Parce que nous sommes en prise avec les territoires, nous sommes ancrés
13:48 dans nos villes et dans nos quartiers et que parce que nous sommes apportés de baffes,
13:53 nos concitoyens nous apprécient.
13:55 Ils ne connaissent que le triple préfet, ils ne connaissent encore moins le directeur
13:58 départemental de la sécurité publique ou le procureur.
14:02 Par contre, tout le monde connaît le maire et donc tout le monde est en capacité de
14:04 parler, d'interpeller le maire et de discuter avec lui.
14:08 Ils l'apprécient mais ils peuvent aussi être violents.
14:11 On a eu certains cas, évidemment, aussi.
14:13 On a eu le cas de la haie les roses.
14:14 C'est effectivement tout le paradoxe.
14:17 Les maires, en même temps qu'ils sont les premiers de corder pour leur ville, sont
14:20 aussi les premiers de trancher dès qu'il y a une difficulté.
14:23 Ils sont responsables de tout le plus souvent et aussi innocents de rien la majeure partie
14:28 du temps.
14:29 Et c'est la raison pour laquelle il faut soutenir les élus locaux.
14:31 Parce que finalement, le dernier rempart, le dernier barrage pour continuer à faire
14:35 vivre la République sur le territoire et sur les 35 000 communes du territoire national,
14:40 eh bien ce sont les élus locaux.
14:42 1200-1300 élus ont démissionné depuis 2020.
14:45 Les violences ont augmenté de 32% entre 2021 et 2022.
14:50 Avec une augmentation significative également lors du premier semestre 2023.
14:54 Comment est-ce qu'on continue à soutenir et accompagner les élus locaux ? Parce que
14:57 sans les élus locaux, la République ne peut pas continuer à vivre et à bien vivre dans
15:02 ces territoires.
15:03 Et quand on parle d'élus locaux, on parle évidemment du maire mais pas que.
15:06 C'est-à-dire par exemple les conseillers départementaux, on peut même aller jusqu'aux
15:09 députés.
15:10 Non, c'est une autre catégorie les députés.
15:12 Quand je parle des élus locaux, je parle du maire, de ses adjoints mais également
15:16 aussi des conseillers départementaux parce qu'eux aussi sont plutôt ancrés sur leur
15:20 canton respectif et donc sont aussi disponibles et en proximité.
15:24 Voilà, les députés, on est dans une autre sphère.
15:28 Alors, l'éclairage de Paul Melun.
15:30 On les croise pas beaucoup sur le terrain.
15:32 Voilà, voilà, c'est ce que vous voulez dire de manière diplomate.
15:35 Bon, en même temps, ils ont beaucoup de travail et notamment à l'Assemblée nationale.
15:39 Paul Melun, quand vous écrivez "libérez la gauche", ces élus locaux justement avaient
15:43 des rôles très importants dans ce qu'on appelait les cités populaires.
15:46 Il y avait des élus communistes, des élus socialistes.
15:49 Aujourd'hui, il y a les élus LFI.
15:51 Hier, nous recevions Paul Vannier qui est député du Val-d'Oise.
15:56 Est-ce que le dialogue s'opère de la même manière avec aujourd'hui les élus de gauche
16:02 qui semblent être, pour certains, totalement différents sur l'approche de la problématique ?
16:09 Ah oui, si vous voulez, moi, pour le coup, on parlait tout à l'heure de ne pas faire d'amalgame.
16:12 Je ne fais pas d'amalgame entre un maire qui connaît bien ses concitoyens, qui travaille
16:16 au quotidien, qui est ancré dans sa ville, qui fait beaucoup de travail, qui tente de
16:19 dialoguer effectivement avec toutes les composantes parce que c'est extrêmement riche une ville.
16:23 Et ce n'est pas que des jeunes des cités, c'est plein de choses.
16:25 Donc effectivement, ce travail-là, je le salue et je l'applaudis des deux mains, si je puis dire.
16:29 En revanche, pour ce qui est des élus issus des rangs de la France Insoumise, beaucoup
16:33 d'entre eux sont surtout des députés et ont été élus à la faveur de la dernière
16:36 élection présidentielle.
16:37 Je crois qu'ils ont été élus sur de mauvaises bases.
16:40 Je crois qu'ils font une erreur manifeste de constat.
16:43 Cette erreur, elle est très grave.
16:44 Eux commettent un amalgame entre, effectivement, des bandes de voyous, de petits délinquants
16:50 avec lesquels, à mon avis, il faut une écale sévérité pour les mettre hors d'état de nuire.
16:54 Et effectivement, ça a été rappelé ici, la majorité des habitants de ces quartiers
16:59 qui eux aspirent à la tranquillité publique, à pouvoir faire leur travail, faire leur
17:04 commission, sortir leur voiture sans qu'elle ait brûlé, etc.
17:07 Comme tout citoyen français.
17:08 Par conséquent, en faisant cet amalgame entre des voyous et les honnêtes gens, la France
17:13 Insoumise commet, si vous voulez, un acte irréparable de stigmatisation en croyant
17:17 lutter contre la stigmatisation des quartiers populaires.
17:20 Et derrière, les solutions qui sont proposées paraissent souvent complètement hors sol.
17:24 Ils utilisent et plaquent leur réalité, disons, issue de la gauche nord-américaine,
17:28 souvent un peu woke, sur les questions...
17:30 - Le wokisme ! - Le wokisme !
17:31 Ils viennent imposer et calquer, si vous voulez, ces réalités-là qui ne sont pas celles
17:35 des quartiers populaires le plus souvent, en parlant de racisme systémique.
17:38 Et d'ailleurs, vous preniez par exemple la famille de Nahel, lorsqu'ils ont réagi,
17:42 ils ont dit qu'ils en voulaient à ce policier, auteur de cette bavure, si cette bavure est
17:46 confirmée par la justice.
17:48 C'était ce policier-là qui était en cause.
17:49 - Mais ça veut dire que la gauche...
17:51 - La police qui est systématiquement raciste...
17:52 - Que certaines gauches s'éloignent de son électorat de base, et que de ce fait, certains
18:00 citoyens ne croient plus en la politique ?
18:02 - En tout cas, si vous voulez, je pense que si la politique de gauche dans les quartiers
18:07 sait le clientélisme et flatter les bas instincts de la délinquance, effectivement, cette
18:11 gauche-là, elle va avoir du mal, si vous voulez, à continuer à exister politiquement
18:15 avec sérieux.
18:16 Je pense que le désaveu pour les députés de la France Insoumise va être énorme.
18:19 Je pense que dans les prochaines élections, et d'ailleurs tous les sondages d'opinion
18:21 le montrent à l'issue des émeutes, ils décrochent totalement, totalement.
18:25 Donc si vous voulez d'ailleurs dérouler un tapis rouge à Mme Le Pen et à la droite
18:28 nationale, ils ne s'y prendraient pas autrement.
18:30 Parce que si vous voulez, quand effectivement vous appelez des émeutiers, des révoltés,
18:35 que vous utilisez le lyrisme de 1871, de 1848, de la Révolution française, vous vous trompez
18:40 complètement d'analyse et de constat.
18:42 Le plus souvent d'ailleurs, ce sont des gens qui, je faudrais vérifier avec M.
18:45 Le Maire, mais qui ne vivent pas dans les quartiers dont ils sont les représentants.
18:48 Qui ne les connaissent absolument pas.
18:50 Qui habitent dans le centre-ville de Paris, dans l'Est souvent, dans des quartiers plutôt
18:53 bobos, et qui s'en viennent donner des leçons à des gens qui eux, vivent dans ces quartiers
18:58 tout le temps.
18:59 – Bon, je reviens vers vous, Dries et Tazzaoui, avant de vous libérer.
19:02 Et merci encore une fois de nous avoir accordé un petit peu de votre temps.
19:06 Il y a de toute évidence un renoncement à l'engagement à la vie politique.
19:12 Ça part aussi peut-être de là, le retour au dialogue dans les quartiers difficiles.
19:17 Vous avez bien conscience de cette fracture ? Et cette fracture, ça passe par une démarche
19:23 politique peut-être plus compréhensive des problématiques ?
19:26 – Alors, juste sur l'échange que vous venez d'avoir concernant les responsabilités,
19:32 en particulier à gauche et à l'extrême-gauche, on pourrait très bien dire qu'à droite,
19:36 on a également le même sujet, mais de manière inversement proportionnelle.
19:39 Avec une caricature de chaque côté et je pense que probablement les éléments de vérité
19:44 sont plutôt au centre.
19:47 Et c'est un centriste qui vous le dit.
19:48 Mais je crois qu'il est important…
19:51 – Évidemment, vous prêchez pour votre paroisse, on le comprend.
19:55 – Je crois que c'est important de raison garder et de ne pas tomber dans les caricatures.
19:58 À gauche, la révolte sociale et à droite, la responsabilité exclusive des parents
20:03 avec des hordes de voyous et puis sur fond d'immigration et je ne sais quoi d'autre.
20:08 – Toujours est-il que ces parties dits populaires doivent aussi reconquérir leur électorat
20:13 pour les emmener dans la réflexion citoyenne, au moins qu'il y ait un vote,
20:18 au moins qu'il y ait une conscience, qu'ils participent à une vie en collectivité.
20:23 – Le sujet est suffisamment important, normalement, pour dépasser l'ensemble des clivages.
20:27 On a là un sujet de concorde et de coalition nationale, il s'agit du pacte républicain.
20:33 Ce qui doit nous interroger aujourd'hui, c'est pourquoi est-ce que des gamins
20:35 sur ces quartiers-là se sentent davantage les enfants du quartier
20:38 plutôt que les enfants de la République ?
20:39 Ce qui doit nous interroger, c'est comment on fait maison commune,
20:42 comment on fait nation, comment on crée des communautés de destin
20:46 avec des gamins finalement qui ne se sentent plus appartenir à la nation
20:51 mais ont le sentiment d'être au bon de la société.
20:53 C'est aussi ça qui faut reconquérir.
20:55 Vous voyez, ce n'est pas qu'une question d'éducation, ce n'est pas qu'une question d'emploi,
20:58 ce n'est pas qu'une question de diversification du peuplement,
21:01 c'est naturellement toutes ces politiques publiques-là,
21:03 mais c'est aussi des questions d'identité et des questions de citoyenneté
21:06 qu'il va nous falloir.
21:07 – C'est une question d'identité.
21:08 – Bon, alors très important, vous l'avez entendu,
21:10 Dries Etazawi, ça réagit dans le studio de Sud Radio,
21:14 Paul Melin est avec nous, Xavier Melki, le maire de Franconville aussi,
21:17 nous allons y revenir, mais je vous remercie Dries Etazawi, nous vous libérons.
21:21 Je le rappelle, vous êtes président de l'Association des élus de France,
21:24 entre autres, merci de votre éclairage.
21:26 Nous restons donc sur ce débat, les auditeurs de Sud Radio
21:29 commencent à intervenir parce qu'ils vous ont écouté, ils ont des questions,
21:33 notamment est-ce le rôle des élus locaux de relancer le dialogue ?
21:38 Est-ce qu'il faut être peut-être plus offensif sur la notion d'ordre,
21:43 sur l'éducation ? Donnez-nous votre point de vue,
21:46 nous revenons dans un instant et nous aurons aussi Abdoulaye Kanté,
21:49 policier, qui nous donnera évidemment son avis,
21:52 parce que dans le dialogue il y a aussi une partie…
21:55 – Parlons vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Frédéric Brindel.
21:59 Est-ce possible de renouer le dialogue dans les quartiers populaires ?
22:03 Je ne dis pas banlieue forcément, parce qu'on parle de quartiers populaires,
22:07 puisque nous l'avons vu, les émeutes ne se sont pas concentrées
22:11 uniquement sur les grands ensembles, mais il y a aussi des petites villes de provinces.
22:16 Pour parler de ce possible dialogue, vous les auditeurs de Sud Radio,
22:20 0826-300-300, mais aussi nos invités, Paul Melun, essayiste, éditorialiste,
22:24 auteur de Libérez la gauche, Xavier Melqui, qui est maire d'Hiver-Droite
22:28 de Franconville, une ville du Val d'Oise.
22:31 Et nous recevons maintenant Abdoulaye Kanté, policier,
22:33 auteur de Policier, Enfant de la République.
22:35 Bonjour Abdoulaye Kanté.
22:37 – Oui bonjour à tous.
22:38 – Merci de nous retrouver.
22:39 Alors, vous avez écouté précédemment, juste avant la respiration,
22:44 les propos de Driss Etazawi, qui est le président de l'Association des élus de France.
22:49 Peut-être Xavier Melqui, revenir sur la question de la justice, de l'ordre,
22:54 et nous allons en parler avec Abdoulaye Kanté aujourd'hui.
22:58 Est-ce que nous avons les moyens de mettre des règles et de faire,
23:03 de finalement, de légitimer le travail des policiers et de la justice
23:08 dans ces quartiers difficiles ?
23:09 – Oui, oui, on a les moyens de faire.
23:11 Et les premières peines qui tombent montrent que quand on veut, on peut.
23:14 Je reste persuadé que c'est en ramenant l'ordre, un cadre, une justice forte et ferme
23:21 dans l'ensemble du territoire français, il n'y a pas que les quartiers,
23:24 dans l'ensemble du territoire, qu'on aura les prémices d'une république
23:29 qu'on pourra reconstruire.
23:31 Parce que sans ordre et sans justice, rien n'est possible.
23:35 – C'est-à-dire que le dialogue, il y a deux manières de le mettre en place.
23:39 Il y a une vraie empathie et une vraie mise à niveau égale des interlocuteurs.
23:45 Et puis, il y a avant la solution de rappeler les prérogatives de chacun,
23:50 pour que le dialogue soit bien clair.
23:52 Vous, vous choisissez plutôt cette deuxième option.
23:55 – Oui.
23:55 – Alors que certains élus de gauche disent, non, il faut redonner confiance,
24:00 il faut réinstaller une proximité.
24:03 Je me tourne vers Abdoulaye Kanté.
24:05 Beaucoup, beaucoup de politiques, ces derniers jours, Abdoulaye Kanté,
24:08 ont mis en avant les bienfaits de cette feu-police de proximité
24:12 qu'a voulu écarter Nicolas Sarkozy.
24:15 Vous, vous pensez que ce soit possible, avec une police de proximité,
24:19 de réinstaller le dialogue ?
24:21 – Alors, pour tout vous dire, moi, je suis un enfant de la police de proximité,
24:23 parce que, justement, je l'ai connu à ses débuts et je l'ai connu à la fin.
24:27 Donc, c'est vrai qu'il y avait une certaine plus-value de ce dispositif
24:31 qui permettait à la fois de pouvoir être proche de la population
24:34 et aussi proche de ces jeunes,
24:37 parce que même ceux qui tombaient dans la délinquance, on les connaissait.
24:40 C'est-à-dire que, aussi, c'était une manne d'information.
24:42 C'est-à-dire que, quand vous étiez ce qu'on appelait les îlotiers,
24:45 vous vous baladiez à pied de manière pédestre dans certains quartiers,
24:48 donc vous vous prenez attache avec des commerçants, des gardiens,
24:51 et même à bord de stade et tout,
24:53 vous arrivez à avoir, comment dire, tous ces jeunes,
24:56 certains que vous connaissiez,
24:58 et ça pouvait aussi être des renseignements
25:00 que vous pouvez remonter au plus haut.
25:01 – Oui, finalement, ce sont les prémices d'une enquête, d'une certaine manière.
25:04 On met les bases, voilà.
25:05 – Exactement, c'est qu'on est sur place,
25:07 c'est qu'on arrive déjà à être ce bon travail de physionomie.
25:09 Et si vous voulez, quand vous êtes sur le terrain,
25:11 vous vous appropriez ce terrain.
25:13 Non seulement vous avez cette présence visuelle
25:15 qui permet de rassurer la population,
25:16 et de deux, c'est-à-dire que vous avez aussi une connaissance du terrain,
25:20 c'est-à-dire une connaissance de certains niveaux,
25:21 parce qu'il pouvait être aussi,
25:23 si on était assujetti des fois à des guet-apens, des trucs comme ça,
25:25 donc il y avait, comment dire, ces choses qui étaient très importantes.
25:29 Mais par contre, juste, je vais revenir sur un point
25:31 qui paraissait très important,
25:32 parce que vous savez, la police est un peu entre,
25:35 je vais être un peu vulgaire, le cul entre deux chaises.
25:37 Effectivement, il faut la répression,
25:40 parce que, et je trouve que nous,
25:41 c'est tout ce qu'on demande, c'est que la justice fasse son travail.
25:44 Et c'est là, ce qu'on voit avec les peines qui sont en train de tomber.
25:46 Ce que disait Xavier Melki.
25:48 C'est ce qu'on attend depuis des années.
25:49 C'est-à-dire que depuis des années, on attend que la justice
25:51 prenne ses responsabilités face à des actes de délinquance.
25:54 Mais pour autant, je pense que la police aussi a tout à gagner
25:57 à pouvoir expliquer ses actions pour être mieux compris.
26:00 Parce que si vous ne travaillez pas en amont,
26:02 pour expliquer de manière éducative à ces gamins
26:06 qui refusaient de s'arrêter quand la police vous le demande,
26:09 ou vous essayez de tirer du mortier, etc.,
26:11 que c'est interdit et que vous pouvez être punis,
26:14 je pense que là déjà, il y a un gros travail à faire dessus.
26:16 - Quand certains disent qu'éventuellement,
26:20 avec le retour d'une police de proximité,
26:22 le dialogue ne serait de toute façon pas possible
26:26 parce qu'il y a quelque chose de fracturé à vie,
26:28 vous, vous êtes un optimiste ou vous faites le constat
26:31 que ça sera effectivement très difficile, le retour au dialogue ?
26:34 - Alors, je pense qu'il faut faire très attention
26:36 parce que nous sommes dans une phase où il y a l'émotion,
26:38 il y a eu le décès du jeune Naël qui est arrivé.
26:41 On a eu aussi l'événement avec Michèle Zecler,
26:44 donc si vous voulez, mais pour autant la confiance...
26:46 - Ce producteur dont les caméras ont révélé
26:50 les agressions des policiers sur ce producteur.
26:52 - Exactement, donc si vous voulez,
26:55 mais pour autant, le taux de confiance de la population
26:58 envers la police est toujours au-delà des 60%.
27:01 Donc ça, c'est quelque chose qui est vraiment significatif,
27:03 c'est qu'effectivement, la population s'inquiète
27:07 du mauvais comportement de certains policiers.
27:09 Et je pense qu'on a évidemment tout à gagner à expliquer
27:12 que la grande majorité des policiers
27:14 font excellentement bien leur travail,
27:16 mais cette minorité aussi, si elle déroge aux règles déontologiques,
27:20 elle doit s'être sanctionnée, on doit faire preuve de transparence.
27:23 Et je pense qu'à partir de là, la confiance viendra.
27:26 - Et là, ça peut, il faut des signes forts.
27:28 Je reviens vers vous Abdoulaye Kanté,
27:30 mais Paul Melun va certainement nous éclairer
27:32 parce que notamment les élus LFI
27:34 s'en sont vertement pris à la police.
27:37 Hier, Paul Vanier, qui était notre invité ici sur Sud Radio,
27:40 disait que la première des démarches à mettre en place,
27:43 c'était de réformer l'IGPN.
27:45 Aujourd'hui, est-ce que vous vous dites,
27:48 on vient d'avoir le constat,
27:49 dialogue possible avec la police,
27:51 dialogue possible avec les élus,
27:52 est-ce qu'on y croit ?
27:55 - Moi, je pense que bien sûr, si on ne croit plus au dialogue,
27:57 qu'est-ce qu'on fait ? C'est la guerre.
27:59 Donc de toute façon, bien sûr qu'il faut du dialogue.
28:01 Et j'étais parfaitement d'accord avec les constats
28:03 que posait M. Kanté.
28:05 Et je pense effectivement, moi aussi,
28:07 que la police de proximité,
28:08 alors aujourd'hui, la police municipale
28:09 joue effectivement aussi un peu ce rôle-là,
28:11 mais est un bon atout.
28:13 En revanche, je pense que pour que les missions
28:15 de la police de proximité de jadis
28:17 puissent se faire de façon apaisée dans les quartiers,
28:19 il faut d'abord rétablir l'ordre,
28:22 notamment pour un certain nombre de zones.
28:24 Et on l'a vu avec des trafics de drogue,
28:25 on l'a vu avec le film Backnord,
28:27 on l'a vu dans un certain nombre de cités,
28:30 de quartiers de France,
28:31 où les policiers ne peuvent que difficilement pénétrer,
28:34 les pompiers ne peuvent que difficilement pénétrer,
28:36 les médecins.
28:36 Donc d'ailleurs, entre parenthèses,
28:38 ceux qui à la France Insoumise nous disent
28:39 que les violences contre les policiers
28:41 sont en réponse à leur racisme systémique
28:43 ou autre sottise,
28:45 non, puisqu'il y a aussi des violences
28:46 contre des médecins et des pompiers.
28:47 En tout cas, je ne crois pas que les médecins
28:48 et les pompiers soient racistes aussi,
28:49 ou alors il va falloir me faire la démonstration.
28:51 Donc effectivement, pour que la police de proximité
28:53 puisse rejouer ce rôle de lien social,
28:55 il faut d'abord rétablir l'ordre.
28:57 Moi, j'avais écrit un précédent livre
28:58 dans lequel je proposais aussi
28:59 l'intervention de la gendarmerie,
29:01 qui est une force intermédiaire
29:02 entre l'armée et la police,
29:03 dans un certain nombre de quartiers.
29:04 Nous avons vu lors des émeutes,
29:05 BRI, GIGN, en fait,
29:07 il y a tout un tas de forces de police.
29:08 C'est comme ça qu'on a réussi à sauver aussi
29:09 les équilibres régaliens.
29:10 Ouais.
29:11 Quand même, par rapport à cette question,
29:13 est-ce que vous soulevez ?
29:15 Est-ce que finalement, le point de départ,
29:16 c'est déjà pas,
29:17 et tout le monde le disait depuis des semaines,
29:20 s'en prendre à cette question du trafic de drogue ?
29:23 Est-ce que la base n'est pas là ?
29:24 Est-ce que sans l'intervention sur ce phénomène,
29:29 rien n'est possible ?
29:31 Ah ben effectivement, le trafic de drogue
29:32 est une partie du problème.
29:33 Et je m'étonne d'ailleurs de peu entendre
29:35 mes camarades de gauche sur ce sujet-là,
29:37 puisqu'il n'y a rien de plus ultra-libéral
29:39 et de plus capitalistique,
29:40 mais sans les règles du marché, disons,
29:42 que le trafic de drogue.
29:43 Il y a la privatisation de l'espace
29:45 par un certain nombre de trafiquants.
29:46 Peut-être d'ailleurs que ces trafiquants
29:48 ont eu un rôle, d'après ce que disent
29:49 un certain nombre de renseignements
29:50 plutôt bien informés,
29:51 ont eu un rôle dans la détente des émeutes.
29:53 Par conséquent, il faut commencer à s'attaquer
29:55 à ceux qui tiennent les voyous,
29:57 à ceux qui tiennent la drogue,
29:59 à ceux qui tiennent l'autorité,
30:00 le monopole de la violence légitime de Max Weber,
30:02 mais qui le tient dans les banlieues ?
30:04 Est-ce qu'aujourd'hui c'est le maire et les élus,
30:06 ou est-ce que c'est des chefs voyous
30:08 et autres trafiquants de drogue ?
30:10 Moi je pense malheureusement
30:11 plutôt que c'est la deuxième catégorie.
30:12 Donc c'est pour ça que là il faut frapper un grand coup,
30:14 parce que si après on veut redonner,
30:15 et notre débat était intéressant,
30:17 de l'espoir sur l'éducation,
30:18 de l'espoir pour l'ascenseur social,
30:20 de l'espoir sur toutes sortes de sujets
30:22 qui vont emmener les habitants de ces quartiers-là,
30:25 disons, à une intégration au corps social français,
30:28 il faut d'abord de l'ordre.
30:29 On ne peut pas reconstruire dans le désordre,
30:30 ce n'est pas possible.
30:31 Ça part de là, vous l'avez conté,
30:32 c'est-à-dire qu'à partir du moment
30:33 où on a réglé ce problème de trafic de drogue,
30:36 enfin réglé le problème,
30:37 qui y arrivera ?
30:38 Mais en tout cas,
30:39 où on a la main sur ceux qui font le trafic,
30:42 déjà le travail du policier sera simplifié quoi ?
30:46 À 50%, 60% ? Non ?
30:48 Je pense que le problème c'est qu'on a toujours
30:51 cette tendance à vouloir essayer
30:53 de mettre tous les mots de la société,
30:55 les mots A-U-X,
30:56 la jeter sur la police,
30:57 et la police ne pourra pas tout régler.
30:58 Elle pourra essayer de régler une partie de ceci.
31:01 On voit évidemment que la nouvelle politique
31:03 est de pilonner ces points de deal
31:05 qui, justement, sont en train d'engrainer,
31:07 de vraiment rendre la vie difficile
31:10 à ces personnes qui vivent dans ces quartiers
31:12 et qui sont en demande de la présence policière.
31:15 Donc je pense que c'est un travail collectif
31:17 qui doit être fait,
31:18 au-delà de la répression,
31:19 avec aussi les élus locaux,
31:21 les associations de quartier,
31:22 et aussi les citoyens.
31:24 C'est-à-dire qu'effectivement,
31:25 qu'ils puissent aussi apporter leurs pierres et les tiffices
31:27 contre la lutte de ces trafics de stupes
31:30 qui ganglent ces quartiers-là.
31:32 Et je pense aussi que ça fait un enjeu.
31:34 - Oui, quand on a beaucoup d'argent,
31:35 qu'on brille en société
31:36 et qu'on va acheter de la drogue,
31:37 on est désolé, mais on contribue
31:39 à faire effondrer la société.
31:41 - Responsabilité du consommateur.
31:42 - Oui, responsabilité du consommateur.
31:44 Xavier Melchi, maire de Francoville,
31:46 vous, vous avez sous votre direction
31:49 une police de proximité par nature
31:51 qu'on appelle la police municipale.
31:53 Quel rôle peut-elle jouer ?
31:55 Parce qu'on a l'impression que ce sont des gens gentils,
31:57 on les croise, alors ils font les carrefours
31:59 à la sortie de l'école,
32:00 mais bon, les pauvres, ils ne sont pas armés.
32:02 Si le bandit veut leur faire mal,
32:04 il lui fait une main.
32:05 - Alors, moi, j'ai une police municipale
32:06 qui est une police.
32:07 Et elle est armée.
32:10 Et elle a d'ailleurs tenu 80-90 assaillants.
32:14 À 15, ils les ont tenus
32:15 pour pas qu'ils aillent dans le centre-ville.
32:16 Donc, ils se sont pris pendant 2h, 2h15,
32:18 le temps que les forces de police nationale
32:20 puissent rejoindre, parce que ça pétait tellement partout
32:22 que nos pauvres collègues de la nationale
32:25 avaient vraiment du mal à venir.
32:26 Mais j'ai une police municipale
32:28 qui est professionnalisée au sens police.
32:31 - D'accord. Alors concrètement, c'est-à-dire qu'armée ?
32:34 - Armée, des armes létales,
32:36 tout ce que le droit permet à la police municipale d'avoir,
32:39 nous l'avons.
32:40 - Ça a été fait à votre demande ?
32:41 - Oui.
32:41 - C'est ça que vous avez voulu ?
32:42 - Et on est une ville de 40 000 habitants,
32:45 ils sont 40, donc on est globalement bien dotés.
32:48 Ça va de pair avec le rôle de police de proximité qu'elle occupe.
32:54 C'est-à-dire que j'ai la chance d'avoir des agents
32:56 qui sont là depuis suffisamment longtemps
32:58 pour connaître, comme le disait Abdoulaye Kanté,
33:00 connaître les gens à droite à gauche dans la ville,
33:02 connaître les commerçants,
33:04 savoir que lui, je l'ai vu la semaine dernière
33:07 et que je connais son père et que je pourrais lui dire...
33:09 - Oui, c'est ça, on y est.
33:10 - Et on est en plein dedans.
33:11 Mais je voudrais quand même attirer l'attention de chacun.
33:13 Tout ce qui est prévention,
33:16 on a des clubs de prévention
33:18 qui sont financés par les conseils départementaux.
33:20 On avait dans les villes aussi des travailleurs sociaux,
33:22 on avait plein de choses comme ça.
33:24 En 2014, on a perdu 10 milliards de dotations.
33:27 10 milliards.
33:28 Les collectivités ont perdu 10 milliards.
33:30 Et l'argent n'est pas magique,
33:32 nos budgets doivent être équilibrés,
33:33 donc forcément, il y a eu des services qui ont été moins rendus.
33:36 Et ces jeunes de 15-16 ans aujourd'hui,
33:38 en 2014, ils avaient 8 ou 9 ans de moins, forcément.
33:43 Et on s'en est moins occupés que leurs aînés.
33:44 - Point également très important.
33:46 Vous restez avec nous, tous les trois,
33:48 Paul Melun, Xavier Melki et Abdoulaye Kanté.
33:51 0826-300-300, les auditeurs ont des questions.
33:55 Ils vont les poser, ils vont faire aussi certains constats.
33:58 Vraiment, vous restez avec nous.
34:00 On revient, c'est l'histoire d'une petite respiration.
34:03 La question qu'on se pose tous,
34:05 est-ce que le dialogue est vraiment possible
34:07 dans les quartiers difficiles ?
34:09 Très honnêtement, de ce qu'on entend depuis le début...
34:11 - Parlons vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Frédéric Brindel.
34:15 - C'est un moment intéressant sur Sud Radio,
34:18 parce qu'avec nos interlocuteurs,
34:19 nous nous apercevons qu'il y a des solutions
34:21 pour renouer le dialogue dans les quartiers difficiles.
34:25 Paul Melun, essayiste et éditorialiste, est avec nous.
34:28 Xavier Melki, maire d'Hiver-Droite de Franconville.
34:30 Et puis Abdoulaye Kanté, policier,
34:32 auteur de "Policier, enfants de la République".
34:34 Tout à l'heure, Driss Etazawi,
34:35 le président de l'Association des élus de France,
34:37 était avec nous.
34:38 0826-300-300, Guy de Toulouse.
34:41 Bonjour, Guy.
34:42 - Oui, bonjour.
34:44 - Alors, vous avez écouté tout cela,
34:46 vous vous y croyez au dialogue ou pas ?
34:48 Et en tout cas, si vous y croyez, ça passe par quoi ?
34:51 - Alors, moi je suis en contact avec beaucoup de personnes
34:55 que j'accompagne dans le cadre bénévole,
34:58 et ce que j'ai en recours de la part de gens qui me disent
35:02 "mais ouais, c'est une question de choc de culture".
35:06 C'est-à-dire qu'ils disent "si c'était chez nous,
35:09 eh bien ils feraient pas les sicaïdes comme ils le font".
35:13 Et je crois qu'il y a une question dans le dialogue,
35:16 je crois qu'il faudrait peut-être prendre en compte
35:18 que nous, on a une autre manière d'aborder le dialogue.
35:22 Et c'est ça qui fait que, en plus,
35:25 ces jeunes qui se font attraper
35:27 et qui sont interpellés par la police,
35:29 lorsqu'ils reviennent dans les quartiers,
35:31 ils roulent les mécaniques en disant
35:32 "ah, ils ont presque un grabe".
35:35 Alors tout ça, ça ne vient pas arranger
35:38 si peu est cette situation,
35:40 et je crois qu'il faut en tenir compte.
35:41 - Bon, Guy, très très très important.
35:43 Non, non, mais très important ce que vous dites,
35:44 et puis à titre personnel,
35:46 je vous remercie parce que vous nous lancez la dernière partie
35:48 sur laquelle je voulais revenir,
35:50 qui serait le thème "intégration".
35:52 Évidemment, nous avions chez les émeutiers
35:55 90% de jeunes qui étaient français,
35:58 qui avaient la nationalité française,
35:59 mais la question est notamment à droite,
36:01 et je vais me retourner vers vous, Xavier Melchi,
36:03 maire d'Hiver-Droite de Franconville,
36:05 il a été rappelé qu'il y avait un problème d'intégration,
36:08 que c'était des jeunes qui se sentaient issus de l'immigration
36:11 et qui ne se sentaient pas finalement toujours français.
36:14 Concrètement, vous, vous avez aujourd'hui des gens
36:17 dans vos quartiers qui ne se sentent pas français ?
36:20 - Je pense, oui, bien sûr, je pense.
36:22 Je pense, et la solution passera par l'école.
36:24 C'est l'école qu'il faut renforcer.
36:25 L'école, l'apprentissage, le respect de l'enseignant.
36:28 Quand les parents ne viennent même plus aux réunions
36:31 qu'organisent les enseignants, ça passera par là.
36:34 Là, on a la rentrée scolaire qui arrive,
36:35 on n'aura pas un enseignant devant chaque classe.
36:38 Ces gamins vont devenir quoi ?
36:39 Qu'est-ce qu'ils vont faire ?
36:40 Comment ils vont apprendre ?
36:41 C'est les profs et les médecins de demain.
36:43 - Il y a la fameuse question aussi de la maîtrise de la langue.
36:45 Nous en parlions avec des professeurs, des enseignants.
36:48 Si dans la famille, ça ne parle pas français,
36:50 ça sera difficile.
36:52 Donc, ça veut dire aussi accompagner les parents.
36:54 Vous, vous avez ce dialogue concrètement,
36:56 récurrent et quotidiennement, vous, Xavier Melchi,
36:58 maire de Franconville.
37:00 - Il y a des dispositifs qui existent
37:02 d'apprentissage de la langue française aux familles,
37:05 aux enfants, ce qu'on appelle allophones dans les écoles.
37:08 Les résultats ne sont pas extraordinaires.
37:10 Mais c'est sûr, quand le gamin parle français
37:13 de 8h30 à 16h30,
37:15 l'intégration est extrêmement compliquée.
37:18 Mais l'intégration, elle est évidemment par la langue d'abord,
37:21 mais elle est aussi par l'apprentissage des valeurs.
37:23 Elle est aussi par l'apprentissage du respect.
37:25 Elle est aussi par l'apprentissage du respect de l'enseignant,
37:28 du respect de la police, du respect du médecin, des pompiers.
37:31 On en parlait tout à l'heure.
37:32 Et quand il n'y a pas ce cadre-là d'éducation,
37:35 plus que d'enseignement,
37:37 c'est compliqué.
37:38 C'est pour ça que moi, je suis inquiet de la rentrée scolaire qui arrive là.
37:40 - Et pour bien comprendre ce que vous dites,
37:42 je vous invite tous les auditeurs de Sud Radio
37:44 à lire "Policier, enfant de la République".
37:47 L'auteur est Abdoulaye Kanté.
37:48 Il est policier.
37:49 Il est avec nous, Abdoulaye Kanté.
37:51 Je rappelle que vous êtes originaire, bien sûr, d'Afrique.
37:55 Vous, l'intégration, vous savez ce que c'est,
37:58 les valeurs françaises.
37:59 C'est ce que vous mettez en avant dans votre livre.
38:02 On ne parle pas finalement de question d'origine de pays.
38:06 On parle simplement de volonté de faire partie de la République.
38:09 - Je pense que c'est tout un ensemble.
38:12 Parce que vous savez,
38:12 on essaie de tout vouloir racialiser dans notre société.
38:17 Et je pense qu'effectivement,
38:18 il ne faut pas qu'on fasse croire qu'une couleur de peau,
38:22 une origine, ça peut être une fonction.
38:23 Moi, je pense que si on me prend tel quel,
38:25 on me prend par rapport à mes compétences.
38:27 C'est ça, en fait, je pense qu'il faut mettre en avant.
38:29 Si vous arrivez parce que, ah oui,
38:31 un tel est d'origine un tel,
38:32 je pense que ça limite,
38:34 ça minimise en fait les compétences de l'individu.
38:37 Et je pense que ça soit policier.
38:38 Moi, quand je vais dans des quartiers,
38:39 je dis souvent, je m'en profite pour saluer
38:43 monsieur Mecqui, le maire de Franconville,
38:44 et aussi saluer sa police municipale,
38:46 qui fait un excellent travail de proximité.
38:49 Et je connais ses effectifs et je pense que oui,
38:51 ce sont des exemples à suivre, notamment pour essayer,
38:54 et c'est une police aussi diverse.
38:56 Voilà, ça rejoint un peu le sujet,
38:58 c'est que cette diversité a cette utilité.
39:00 Mais pour autant, je pense que quand on essaie de mettre en avant
39:03 toujours les origines des uns et des autres,
39:04 non, la compétence, les connaissances et aussi le talent.
39:08 Et c'est ça qu'il faut mettre en avant.
39:09 Je vous rappelle encore une fois que ces quartiers populaires
39:11 qui, effectivement, sont dans une extrême précarité
39:14 dans certains endroits, regorgent de pépites.
39:16 Mais à partir du moment qu'il faut qu'on leur tende la main
39:18 et qu'on leur dise,
39:19 cassez ce plafond de verre, vous pouvez y arriver.
39:21 – En fait, la question, elle est aussi sur la sémantique politique.
39:26 Et Paul Melun, vous allez nous éclairer.
39:29 Si les politiques arrêtaient de s'invectiver sur
39:32 "est-ce que je suis raciste ou est-ce que je ne suis pas raciste ?"
39:34 mais "est-ce que comment on fait pour intégrer les gens
39:37 qui se sentent en marge de la société de la République française ?
39:41 Est-ce que là, finalement, on n'a pas gagné ?"
39:44 C'est un déficit des politiques sur cette question du racisme-là.
39:47 – En l'occurrence, il y a une multitude de choix.
39:49 Notre antenne, c'est trop court, notre émission,
39:51 pour évoquer tous les mauvais choix politiques
39:54 qui ont été faits ces dernières décennies.
39:55 Il faut vous partir en édition spéciale
39:57 si on veut faire l'inventaire à l'après-verre
39:59 de toutes les bêtises qui ont été faites par nos dirigeants successifs
40:02 en matière d'intégration, en matière d'amour de la France,
40:04 en matière d'amour de la République.
40:05 L'amour de la France, c'est quand même un sujet qui a été longtemps tabou.
40:08 Par conséquent, effectivement, le rôle de la République,
40:10 c'est de ne pas assigner une origine ethnique ou religieuse
40:15 à ses concitoyens et à considérer qu'il n'y a que des citoyens français.
40:18 La République ne reconnaît que des citoyens français.
40:20 Elle ne va pas aller vous demander vos origines, etc.
40:22 Regarder la couleur de votre peau, la forme de vos yeux.
40:25 Ça, heureusement, on a rompu avec ça,
40:27 et fort heureusement, et depuis fort longtemps.
40:29 Le vrai problème, ceux qui s'assignent une identité dans ces cas-là,
40:32 ce n'est pas l'État, ce n'est pas la République qui assigne une identité à ces jeunes,
40:34 c'est ces jeunes qui eux-mêmes revendiquent une autre identité
40:37 concurrentielle à la France.
40:39 Et à ce discours-là, il faut effectivement, je pense,
40:41 une vraie fermeté, une vraie clarification.
40:43 Si des jeunes gens,
40:44 j'entendais un certain nombre de casseurs dans les différents témoignages dans les médias,
40:48 qui avaient visage masqué,
40:49 expliquaient qu'ils se sentaient qui ? Algériens, qui ? Marocains, Tunisiens, Turcs,
40:54 mais pas français, alors même qu'ils étaient nés en France.
40:56 Donc c'est eux qui s'assignent une identité différente.
40:58 - Le fameux France-Algérie de football à Saint-Denis avec l'hymne national français sifflé.
41:01 - Oui, si vous voulez, un certain nombre de jeunes gens
41:04 ne se considèrent pas comme français.
41:05 Voilà, rejettent ce pays, rejettent cet ensemble.
41:08 Et ça, si vous voulez, le problème, c'est qu'il faut,
41:11 un, le constater et le reconnaître,
41:12 et deux, je pense qu'il faut faire preuve d'une grande fermeté
41:15 à l'égard de ces jeunes,
41:16 et les ramener au commun pour ceux qui, en tout cas,
41:19 ne sont pas dans la délinquance, mais sont seulement dans une forme de désappropriation
41:22 vis-à-vis de cette culture française,
41:24 qui théoriquement devrait être la leur,
41:26 mais qui dans les faits ne leur appartient pas.
41:28 Quand ils disent "nous", ils ne parlent pas de la France.
41:30 - Ça, c'est très important.
41:31 Alors, je faisais un clin d'œil à un sujet qui m'est cher, c'est le sport,
41:34 mais aujourd'hui, notamment dans le football,
41:36 il y a la question de la binationalité,
41:38 avec des jeunes qui hésitent entre deux pays.
41:40 Et tant mieux, c'est une richesse.
41:42 Mais Abdoulaye Kanté, qu'est-ce qui fait qu'à un certain moment,
41:46 un jeune va se dire "je bascule pour la France par amour".
41:51 - C'est une question qui est assez,
41:54 je pense aussi, comme l'a dit un de vos invités,
41:57 c'est la question de savoir comment on essaie de donner
42:00 l'amour de la France à ceux qui ne se sentent pas totalement français,
42:03 et pourtant qui sont français par l'identité.
42:05 Et c'est évidemment que quand on rentre dans une espèce de concurrence,
42:08 parce que je rappelle encore une fois que certains
42:10 s'approprient des fois des souffrances qu'ils n'ont pas connues,
42:13 des fois par rapport à la colonisation,
42:14 par rapport à certains événements de l'histoire qui ont existé,
42:18 mais je pense qu'effectivement tout ça passe par l'école,
42:21 parce que l'amour de la France ne doit pas être vu
42:23 comme une forme d'insulte, comme une forme de défiance,
42:26 de dire que "vous êtes français donc il faut que vous détestiez le reste".
42:28 Non ! Le socle républicain c'est quoi ?
42:31 C'est de se dire que nous sommes une diversité.
42:33 On peut venir d'ailleurs, mais il y a un socle commun
42:36 qui s'appelle cette république, qui fait que nous avons cette chance
42:39 en France de pouvoir être tous, on va dire, égaux.
42:42 Liberté, égalité, fraternité. C'est ça le problème.
42:44 Mais qui vient de l'extérieur, qui vient avec ses origines
42:47 dans la concurrence, et se dire que "tu es français,
42:50 mais souviens-toi, tu nous as fait ci, tu nous as fait ça,
42:52 historiquement, à mes ancêtres". J'ai envie de dire, sortez de cela !
42:55 - Lisez, lisez absolument, policiers, enfants de la République,
42:59 votre livre Abdoulaye Kanté, merci de votre témoignage.
43:02 Lisez, libérez la gauche de l'essayiste et éditorialiste,
43:06 auteur qui est avec nous aujourd'hui, Paul Melun.
43:08 Et puis n'hésitez pas à aller faire un tour à Francoville,
43:11 visiblement on y vit bien avec son maire, Xavier Melqui,
43:15 je vous le confirme, on y passe de bons moments à Francoville.
43:18 Merci à vous trois, c'était très très riche.
43:20 Si on a pu bien finalement faire avancer le dialogue,
43:24 comme Guy d'ailleurs, qui nous a appelés au 0800 26 300 300,
43:27 vous les auditeurs de Sud Radio, c'est du concret, voilà, voilà.
43:30 Allez, il faut y croire ! Dans un instant les infos.

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