Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 28/06/2023
Un nouveau collectif baptisé Coord'eau 34, rassemblant de nombreuses associations écologistes, syndicats et partis politiques héraultais, veut repenser la gestion de la ressource en eau. Boris Chenaud, membre de Coord'eau 34, est l'invité de France Bleu Hérault ce mercredi 28 juin 2023.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 7h47, l'eau, la ressource en eau. On en parle beaucoup sur France Bleu Héro, Sixteen News.
00:05 Notre invité ce matin est membre d'un tout nouveau collectif concentré sur la ressource en eau.
00:08 Boris Chenot, bonjour.
00:10 Bonjour.
00:10 Vous êtes militant à la Carmagnol et membre de ce collectif baptisé Coordo 34
00:15 qui rassemble de nombreuses associations écologistes et reltestes, des partis politiques, des syndicats
00:21 et pas que, la Confédération Paysanne par exemple, Alternativa, Attaque.
00:25 Pourquoi avoir fondé ce collectif ?
00:28 On a fondé ce collectif parce qu'on voit bien qu'il y a urgence depuis l'été dernier, même avant.
00:33 Les inondations, les sécheresses, les canicules, tout ça montre qu'on a un problème global d'eau.
00:38 Et là on a vu qu'il y avait différents plans qui s'installaient, des plans nationaux
00:42 et puis des plans départementaux comme le plan irrigation du conseil départemental 34.
00:46 Et là on voit que dans ce plan, ce qui nous a inquiétés, c'est que là,
00:49 on remettait 300 millions d'argent public dans une machine qui nous amène droit dans le mur
00:55 avec une agriculture mono-culture, avec essentiellement la vigne qui va être irriguée
01:01 et avec des investissements forts pour s'en changer les modes de production.
01:06 - Oui, le déclencheur, ça a été l'accaparement de l'eau par des intérêts privés, des projets de bassines finalement.
01:13 - Alors les projets de bassines focalisent un petit peu l'attention mais le projet est plutôt global
01:17 et donc on voit qu'il y a 300 millions d'euros d'argent public qui est mis sur...
01:22 On rejoue l'agriculture productiviste, le modèle de la FNSEA qui détruit les sols,
01:27 qui fait qu'il y a moins d'agriculteurs sur le territoire et qui ne garantit pas le revenu des paysans
01:32 tout en polluant les écosystèmes et mettant en mal la ressource en eau.
01:37 - Du coup, ce collectif, il a quel objectif ? Il s'adresse à qui ?
01:41 Est-ce que c'est pour s'adresser aux figures politiques ? Est-ce que c'est pour s'adresser aux citoyens ?
01:45 - On a quatre objectifs essentiellement.
01:48 Le premier c'est d'essayer de récupérer le maximum d'informations sur les projets de forage ou d'irrigation privée au public
01:54 comme là ici celui du conseil départemental.
01:56 On a ensuite pas mal de chercheurs, de chercheuses hydrologues, géohydrologues
02:01 qui travaillent sur l'université de Montpellier et dans d'autres laboratoires
02:04 qui nous donnent la main forte pour essayer de mettre en avant des alternatives
02:08 parce que des alternatives il y en a et elles existent
02:10 et on essaye de mettre un contre-projet mais global sur la question de l'eau.
02:14 Et enfin deux autres axes, un premier, un dernier, un troisième axe
02:18 sur comment est-ce qu'on va apprendre, confaire, comprendre aux gens qu'il y a un problème
02:24 et faire de l'éducation populaire
02:25 et le dernier faire de la coordination avec les autres collectifs
02:27 qu'il y a dans le Gard, dans l'Occitanie et puis en France.
02:30 - Vous évoquiez les solutions, les projets qui émergent, quels sont-ils ?
02:34 - En fait là, avec ce projet du conseil départemental, on met la charrue avant les bœufs.
02:38 C'est-à-dire qu'on devrait réfléchir à ce dont on a besoin comme eau potable.
02:41 J'ai vu dans le sujet précédent qu'il y avait des gaspillages et autres
02:45 mais la première chose c'est l'eau potable pour les humains,
02:47 l'eau disponible pour les écosystèmes
02:48 et après on regarde l'eau qu'on peut avoir pour l'agriculture.
02:51 Et à partir de là on change des pratiques.
02:53 On change des pratiques, c'est-à-dire même pour la vigne, on change la façon de tailler,
02:57 on change l'espacement entre les pieds de vigne
03:00 parce que ça demande plus ou moins d'eau suivant cet espacement
03:02 et on peut faire du paillage ou d'autres techniques.
03:04 Mais aussi on se pose la question de changer le type d'agriculture et changer ce qu'on cultive.
03:08 Nous ce qu'on veut c'est de l'agriculture vivrière.
03:10 De l'agriculture nourricière.
03:12 Pour qu'on puisse avoir de plus de production agricole qui vienne du département.
03:17 Il faut savoir qu'avec la superficie agricole que l'on possède sur les rots,
03:21 on pourrait quasiment, s'il n'y avait pas une monoculture,
03:24 être autosuffisant pour l'agriculture
03:26 puisqu'il faut compter à peu près entre 1000 et 2000 m² par habitant
03:31 pour pouvoir être autonome en alimentation.
03:33 - On avait reçu en invité il y a quelques semaines
03:35 à l'occasion d'une matinale spéciale sur la sécheresse
03:38 un producteur de pommes qui expérimente par exemple l'agriculture régénératrice
03:43 c'est-à-dire travailler sur les sols pour mieux garder l'eau par exemple.
03:47 - Oui parce que nous on n'est pas contre le stockage.
03:48 Le stockage il peut se faire dans le sol.
03:50 Et il doit se faire essentiellement dans le sol.
03:51 Parce qu'avec les matières lumus, avec la matière organique,
03:54 on va stocker de l'eau.
03:55 On va stocker de l'eau qui va donc empêcher qu'il y ait des inondations
03:59 qui ravinent les sols agricoles.
04:01 Qui va permettre de stocker de l'eau pour après les donner à la plante,
04:04 aux plantes, lorsqu'il va en avoir besoin.
04:07 Là on est typiquement dans un projet où on a de la maladaptation.
04:10 On va vouloir mettre de l'irrigation, du goutte à goutte.
04:12 Ce qui fait que les plantes vont avoir un développement des racines
04:15 uniquement au niveau des gouttes à goutte.
04:16 Et vont être incapables d'être adaptées pour lorsque la sécheresse,
04:20 et malheureusement on pense que ça va arriver de manière encore plus violente,
04:24 va s'intensifier et donc il va falloir que les plantes aillent chercher de l'eau un peu partout.
04:28 - Et il n'y a pas que l'agriculture.
04:29 Vous le disiez, on entendait ce matin sur France Bleu Héro
04:32 ce constat de l'UFC que choisir un litre d'eau potable sur six
04:35 est perdu dans les rots dans le département.
04:37 L'association de défense des consommateurs pointe du doigt la vétusté des réseaux de canalisation.
04:43 - Oui exactement, il y a de l'argent public à mettre dans la rénovation des réseaux d'eau.
04:48 Il y a de l'argent public à mettre dans la reconversion agricole.
04:51 Juste pour un exemple, sur les 300 millions d'euros,
04:54 on n'a que 0,2% pour la reconversion, c'est-à-dire
04:57 un petit centaine de milliers d'euros.
04:59 Donc ça veut dire que la maille elle n'est pas là.
05:01 On a un projet qui ne va vraiment pas répondre aux problèmes,
05:05 qui au contraire va alimenter les machines du Titanic
05:09 alors que l'iceberg arrive.
05:10 Nous ce qu'on veut c'est investir dans un gouvernail,
05:12 investir dans les freins et qu'on change radicalement
05:15 de façon de voir les choses au niveau agricole,
05:17 mais aussi au niveau de l'eau potable
05:18 et de la préservation de l'eau pour les écosystèmes.
05:21 - Et vous le disiez, ça passe aussi par l'éducation du grand public,
05:24 les gestes qui sont à faire par les grandes institutions et aussi à la maison.
05:29 - Bien sûr, il y a des gestes à faire.
05:30 Après il faut regarder les ordres de grandeur.
05:31 Les ordres de grandeur c'est que quand même si on change les pratiques agricoles,
05:34 si on arrive à avoir une pratique agricole où on met en avant les paysans,
05:37 le savoir-faire des paysans pour leur assurer un revenu,
05:39 pour qu'ils puissent vivre de leur travail
05:41 et qu'on puisse avoir un grand nombre d'emplois dans ce milieu-là,
05:45 là avec une politique comme ça on va économiser beaucoup d'eau.
05:47 En luttant contre le gaspillage sur les réseaux,
05:49 on va économiser encore là beaucoup d'eau.
05:51 Et en développant les écosystèmes pour que la nature, l'humus,
05:54 les matières organiques captent de l'eau,
05:56 on va pouvoir prémunir les sécheresses, les inondations et avancer
05:59 parce que là on a besoin d'agir.
06:02 La situation est vraiment grave, la crise écologique, on y est.
06:04 - On parle beaucoup de l'eau en ce moment,
06:06 alors là ça fait trois jours qu'il fait beau et chaud,
06:08 mais on a passé un mois là avec plein d'orages,
06:11 est-ce que c'est efficace, c'est suffisant, ça sert à rien, c'est nul ?
06:15 - Ah bah c'est mieux que s'il ne pleut pas.
06:16 Mais par contre on a tellement un déficit important
06:19 qu'il faut effectivement qu'il pleuve.
06:20 Il faut qu'il pleuve encore et on a besoin d'avoir les ressources,
06:24 les nappes qui se remplissent.
06:26 On voit avec les rivières que le niveau est loin d'être satisfaisant.
06:30 Si on regarde les rots, l'orbe ou même le lait,
06:33 il n'y a pas une grosse quantité d'eau qui débite sur ces cours d'eau,
06:38 donc il y a encore du déficit.
06:39 - Le problème c'est que chez nous on a l'impression que c'est tout ou rien.
06:42 - Exactement.
06:43 D'où l'intérêt de travailler les sols, de travailler les sols pour qu'ils stockent.
06:46 Il y a des expérimentations qui sont faites dans le gare, qui sont faites dans les rots,
06:49 mais il faut qu'on passe à autre chose, on ne doit plus être à l'expérimentation,
06:52 maintenant il faut passer à grande échelle parce qu'on a des gens à nourrir,
06:54 on a à développer des solutions pour faire en sorte que la catastrophe écologique
07:00 qui est en cours sur la biodiversité, sur l'eau, sur la température,
07:04 on puisse s'adapter, agir,
07:05 et là on pense qu'avec 300 millions d'euros on doit pouvoir faire autre chose
07:08 et avec cet argent public pour justement adapter et agir.
07:11 - Merci beaucoup Boris Chenot d'avoir été l'invité de France Bleu Héros.
07:14 On précise que vous organisez un rassemblement demain à 17h devant la salle de convivialité
07:19 - 17h30 - 17h30 de Magalas entre Béziers et Bédarieux
07:23 à l'occasion d'une concertation organisée par le conseil départemental
07:26 et la chambre d'agriculture sur le plan d'irrigation.
07:28 - On reviendra vers 17h, on aura un petit peu d'avance.
07:29 - Voilà. - Merci beaucoup.

Recommandations