Franck Berton, avocat du principal du collège Bracke-Desrousseaux de Vendin-le-Vieil, que fréquentait Lindsay, victime de harcèlement était l'invité de BFMTV. Cette jeune fille s'est suicidée à l'âge de 13 ans, le 12 mai dernier. Désigné par la famille de l'adolescente comme l'un des responsables du décès de leur fille, le principal se défend par l'intermédiaire de son avocat.
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00:00 -Franck Berton est notre invité ce soir.
00:01 Bonsoir, Franck Berton. Merci d'être avec nous.
00:03 Vous êtes l'avocat du proviseur du collège de Vendin-le-Vieil
00:07 dans le Pas-de-Calais, où était scolarisée la jeune Linsey,
00:10 l'adolescente de 13 ans qui s'est suicidée le 12 mai.
00:13 Vous défendez donc le principal.
00:16 Il est fatigué d'être caricaturé comme un monstre et un assassin,
00:19 c'est ce que disent ses proches.
00:20 Il a un devoir de réserve,
00:22 donc c'est à travers vous qu'il s'exprime aujourd'hui.
00:24 Vous dites qu'il a fait tout ce qu'il fallait faire.
00:28 -Oui, il a fait tout ce qu'il fallait faire,
00:30 en tout cas au regard de l'ensemble des pièces
00:33 qui m'ont été communiquées,
00:34 c'est-à-dire le dossier de Linsey,
00:37 l'ensemble des éléments qui ont été remis par l'académie
00:41 et l'ensemble des documents qui ont été collectés
00:44 par le personnel enseignant.
00:46 Cet homme a été présenté à la vindicte médiatique,
00:50 j'ai envie de dire, comme étant le responsable de ce drame,
00:54 parce qu'il faut quand même avant tout rappeler
00:56 qu'il s'agit d'un drame et que le dossier de Linsey,
00:58 c'est un drame,
00:59 mais il est convaincu,
01:01 comme l'ensemble du personnel enseignant,
01:03 qu'ils ont fait ce qu'ils avaient à faire
01:05 et les pièces du dossier, j'insiste là-dessus,
01:08 au fur et à mesure du temps, depuis le mois de février,
01:11 où les premiers événements ont démarré,
01:13 en attestent,
01:15 c'est-à-dire qu'il y a à l'évidence
01:18 une contestation sérieuse sur la notion de harcèlement
01:22 qui a été présentée comme s'étant déroulée dans ce collège.
01:26 -C'est très difficile d'entendre cette phrase,
01:28 d'entendre que vous dites que le principal a fait tout ce qu'il fallait faire,
01:31 alors que la suite de l'histoire, c'est le suicide de la petite Linsey,
01:34 et ce n'est pas ce que raconte la famille.
01:35 Il y a eu plusieurs bagarres.
01:36 La première remonte au 14 novembre 2022.
01:39 La mère dit qu'elle rencontre ensuite le principal,
01:41 le CPE, le conseiller principal d'éducation,
01:43 et elle dit que la réaction du principal, à ce moment précis,
01:47 c'est de lui dire de confisquer le téléphone de Linsey.
01:50 C'est tout.
01:52 -Vous voyez, quand vous dites dans votre phrase
01:55 que c'est très difficile d'entendre ça,
01:56 parce que la maman indique ça,
01:58 d'abord, il y a une nécessité d'un débat contradictoire,
02:03 d'une opinion inversée
02:05 au regard de ce qui s'est passé,
02:07 de ce que les uns et les autres ont vécu,
02:09 et que, pas simplement se cantonner
02:11 à retenir ce que la maman peut dire en conférence de presse.
02:15 Deuxièmement, le proviseur, que j'ai vu,
02:16 qui est un homme complètement abattu, qui est en larmes,
02:20 conteste fermement d'avoir indiqué à la mère
02:23 qu'il suffit simplement de lui confisquer son téléphone.
02:26 Il lui a indiqué qu'il fallait restreindre les réseaux sociaux,
02:30 que c'était une nécessité impérieuse
02:32 et qu'il indiquait ça pour Lindsey,
02:34 mais il l'indiquait pour l'ensemble des collégiens dont il a la charge.
02:37 Et je le redis, les choses ne sont pas aussi ridicules
02:41 et aussi sérieuses, aussi peu sérieuses,
02:43 que ce qui a pu être indiqué.
02:45 Depuis le mois de novembre,
02:46 il y a des conflits intérieurs du collège
02:48 entre Lindsey et quelques autres de ses camarades.
02:52 On sait qu'il y a eu des baccards, notamment au mois de février,
02:54 Mme Casse, qui fait qu'au mois de février,
02:57 déjà, il y a une procédure disciplinaire qui a été engagée
03:00 par le directeur du collège,
03:01 qui a donné lieu à l'exclusion, en réalité,
03:04 de celle qui s'était bagarrée avec Lindsey.
03:07 Par la suite, la maman a été convoquée au collège.
03:10 Je le redis parce que ça n'a jamais été indiqué par les parents.
03:14 Elle a été convoquée au collège, elle ne s'est pas présentée.
03:18 Elle n'est jamais allée à la convocation
03:20 qui avait été adressée par le directeur du collège,
03:22 mais aussi le CPE.
03:24 Et donc, il y a eu du temps qui s'est déroulé,
03:27 il y a eu du temps qui s'est passé,
03:28 et à aucun moment, on n'est revenu vers le directeur du collège
03:31 en lui disant "Ecoutez, monsieur,
03:32 il y a des difficultés dans votre collège,
03:34 il y a un problème de harcèlement qui est présenté par les parents,
03:36 il faut faire quelque chose,
03:38 il faut éventuellement convoquer les uns et/ou les autres".
03:41 Rien de tout ça n'a été porté à la connaissance,
03:44 sauf à un moment donné où un courrier de l'Académie
03:46 lui a été envoyé,
03:47 il a répondu au courrier en disant "À ma connaissance,
03:50 il n'y a pas de harcèlement,
03:51 il y a eu juste deux bagarres au mois de février
03:53 qui ont eu lieu à une procédure disciplinaire".
03:55 Et puis les choses se sont arrêtées là.
03:57 J'ai envie de dire surtout,
03:58 j'ai envie de dire surtout que des choses qui n'ont pas été présentées,
04:01 c'est que trois jours, malheureusement, après le décès de l'INSEE,
04:04 et ça c'est "la maman va téléphoner à l'Académie",
04:07 c'est qu'on signait dans les rapports de l'Académie
04:10 en disant à l'inspecteur d'Académie
04:12 "Écoutez, je ne comprends pas les raisons de ce décès,
04:15 parce qu'il n'y avait plus d'incidents au collège".
04:17 Donc on ne s'explique pas, si vous voulez,
04:19 lorsqu'elle prend la tâche de l'Académie
04:22 trois jours après le décès de l'INSEE,
04:24 de dire qu'il n'y a plus d'incidents au collège.
04:26 - Elle n'était pas dans l'établissement, elle n'en sait rien.
04:28 Elle dit "À ma connaissance, il n'y avait plus d'incidents",
04:30 mais ça ne veut pas forcément dire que c'est la réalité.
04:32 Dominique Rizet voulait vous poser une question.
04:34 - Oui, bonsoir Maître.
04:35 Vous dites "le procureur désigné par la Vindicte Populaire",
04:41 mais pas seulement.
04:42 Le principal est désigné par l'INSEE elle-même,
04:46 qui dit dans la lettre qu'elle laisse,
04:48 je ne me souviens plus des termes,
04:50 mais elle le met en cause.
04:51 Elle dit qu'elle s'est adressée à lui
04:53 et que le proviseur n'a rien fait,
04:56 qu'il était à minima indifférent,
04:58 en tout cas qu'il ne l'a pas protégé.
05:02 Elle-même, l'INSEE, le désigne, Maître.
05:05 - Monsieur Rizet, cet homme dit que ce n'est pas vrai.
05:10 Cet homme le conteste.
05:11 Il a été entendu en simple qualité de témoin
05:14 dans le cadre de l'enquête de police
05:16 qui est actuellement menée.
05:18 Mais je veux dire que ce n'est pas non plus le seul à le dire.
05:21 C'est-à-dire que l'ensemble du personnel pédagogique l'indique.
05:24 Le CPE, le Conseil Principal d'Éducation l'indique.
05:27 L'ensemble des professeurs l'indique.
05:29 Les surveillants et les pions l'indiquent.
05:31 C'est-à-dire qu'il n'est pas le seul à pouvoir indiquer
05:33 ou à indiquer ce qu'il indique pour sa "défense".
05:36 C'est-à-dire que l'ensemble des autres personnes l'indiquent.
05:39 - Ça veut dire que l'INSEE a écrit n'importe quoi ?
05:42 - Je n'en sais rien.
05:44 J'appelle à la prudence.
05:46 En réalité, ce que je voudrais dire, c'est que j'appelle à la prudence
05:49 et non pas à un anathème jeté comme ça de manière brutale
05:52 qui, bien évidemment, il peut se comprendre la réaction des parents.
05:55 Elle est évidente.
05:57 Elle est motivée par un chagrin immense, par une douleur importante.
06:01 La lettre qui est découverte, elle est du mois de février.
06:04 Elle est découverte au mois de février.
06:06 Elle est découverte plusieurs mois avant le décès de l'INSEE.
06:09 Comment expliquer que pendant ces semaines,
06:11 comment expliquer que pendant ces mois,
06:13 à aucun moment on ne va alerter le directeur de l'école
06:16 en disant "Ecoutez, monsieur, ma fille est en souffrance,
06:19 ma fille vit un harcèlement,
06:21 voilà les éléments que j'apporte à votre connaissance."
06:23 Rien que tout ça va être entrepris.
06:25 C'est ça qui est assez confusionnel, si vous me le permettez quand même.
06:29 - Vincent.
06:30 - Oui, bonjour Maître Berton.
06:32 Une petite question parce que vous avez évoqué la bagarre du mois de février.
06:37 Avant celle du mois de février, il y avait eu celle du mois de novembre
06:40 qui a déjà donné lieu à des mesures disciplinaires,
06:43 des exclusions temporaires, tant du côté de l'INSEE
06:46 que des jeunes filles avec qui elle s'était battue.
06:49 Est-ce que le principal, votre client, ne regrette pas à ce moment-là
06:53 d'être allé un peu plus loin au vu de ces éléments,
06:55 au vu de cette bagarre ?
06:56 Est-ce qu'il n'aurait pas dû faire peut-être un signalement au parquet
06:59 ou aller plus loin dans les mesures
07:01 au-delà de ce que l'éducation nationale peut proposer ?
07:04 Est-ce que ça n'aurait pas permis d'éviter les problèmes par la suite ?
07:08 - Bien sûr que, monsieur Rantigan, bien sûr qu'il y a des regrets.
07:12 L'homme que j'assiste est pétri de regrets.
07:16 Il y a des regrets à tous les niveaux, j'ai envie de dire,
07:20 parce que bien évidemment, ça se termine par le suicide de cette jeune fille
07:26 et ça, c'est inadmissible.
07:28 Mais en réalité, de quoi s'agissait-il ?
07:30 De bagarres entre collégiens qui étaient à la sortie de l'établissement.
07:34 D'abord, ce n'était pas dans l'établissement,
07:36 c'était à la sortie de l'établissement.
07:38 Chacun était convoqué devant le conseil de discipline.
07:41 Il y avait des exclusions temporaires dont celle de l'INSEE était décidée.
07:44 Quelques semaines après, une nouvelle bagarre va intervenir
07:47 entre l'INSEE et une autre de ses camarades.
07:50 Là également, il n'est pas question, ou en tout cas,
07:52 il n'est pas fait référence à du harcèlement.
07:54 Ce sont des bagarres entre jeunes qui vont conduire
07:57 à une procédure disciplinaire au terme de laquelle va être exclue
08:01 la camarade de l'INSEE.
08:02 Et on pensait, et tout le monde pensait qu'à ce moment-là,
08:05 les choses en restaient là parce que c'était terminé.
08:07 Il n'y avait plus d'autres bagarres,
08:09 il n'y avait plus d'autres éléments alarmants
08:11 qui avaient pu être portés à la connaissance,
08:13 finalement, du collège ou des équipes enseignantes.
08:16 La crainte qui s'était déroulée à un moment donné,
08:19 qui a été aperçue, elle résulte du mois d'avril.
08:21 Au mois d'avril, les professeurs se rendent compte
08:24 que l'INSEE travaille de moins en moins.
08:26 Ils se rendent compte qu'elle est en retard constamment
08:29 le matin au collège.
08:30 Le directeur du collège décide de mettre en place
08:33 ce qu'on appelle une commission éducative.
08:35 C'est-à-dire, je convoque la maman, je convoque les parents,
08:38 je convoque les professeurs et l'INSEE
08:40 pour essayer de voir ce qui ne va pas.
08:42 Cette commission éducative est mise en place.
08:44 Elle devait se réunir le jour ou l'INSEE,
08:48 la veille de son décès, où elle sera hospitalisée
08:50 parce qu'elle a une crise d'angoisse au sein du collège.
08:53 Crise d'angoisse qui va conduire le directeur du collège
08:55 à appeler sa maman.
08:56 Sa maman ne viendra pas, il faudra que ce soit les pompiers
08:58 qui lui demandent de venir.
09:00 Vous voyez, les choses ne sont pas si simples.
09:02 En réalité, il y a une confusion à un moment donné
09:04 qui a été présentée en disant "il y a du harcèlement".
09:06 Alors peut-être qu'il y avait du harcèlement,
09:08 mais la question qui se pose, c'est comment ce harcèlement
09:09 est détectable, comment il est détecté
09:11 et comment il aurait pu être porté à la connaissance
09:13 du directeur du collège.
09:15 Merci Franck Barton, merci Vincent Wantigam
09:17 et Dominique Rizet d'avoir été avec nous ce soir.