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  • 17/03/2021
« La fausse couche, pourquoi un tabou ? » Marine, maman de 2 garçons

En France, on estime à 20 000 environ le nombre de fausses couches chaque année, soit 10 à 15 % des grossesse. Nous avons rencontré Marine, plus connue sous le nom de @tyu_marine sur Instagram, qui nous a livré son témoignage. À la suite d'une deuxième fausse couche, mieux prise en charge, elle libère la parole sur ce tabou.

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Transcription
00:00 mais j'ai honte.
00:01 Je culpabilise à un point.
00:03 Je me suis mise en danger
00:04 parce que j'avais honte,
00:06 parce que j'étais pas capable,
00:08 dès la première grossesse,
00:09 de ne pas garder mon bébé.
00:11 [musique]
00:19 Je me présente, je m'appelle Marine, j'ai 30 ans,
00:21 je suis maman de deux petits garçons,
00:23 Evan, 4 ans, et Aiden, 3 ans.
00:25 J'ai commencé à partager notre histoire,
00:27 le combat d'Aiden,
00:28 quelques temps après sa naissance via Instagram,
00:31 pour sensibiliser les maladies graves et rares en pédiatrie,
00:33 et surtout le don d'organes,
00:35 car Aiden est en insuffisance rénale,
00:37 au stade terminal, et donc en attente d'une future greffe.
00:40 Mais aujourd'hui, si je suis ici,
00:41 c'est pour parler d'un sujet qui est encore bien trop tabou aujourd'hui,
00:44 que j'ai dû malheureusement vivre une deuxième fois,
00:46 qui est la fausse couche.
00:47 Parce que la fausse couche est un sujet si tabou,
00:50 alors que ça touche près d'une femme sur quatre aujourd'hui.
00:53 Et pourtant, on n'en parle pas,
00:55 et pourtant, il y a énormément de séquelles psychologiques
00:58 qui peuvent rester derrière.
00:59 À comparaison de mes deux fausses couches,
01:01 si j'en parle aujourd'hui,
01:02 c'est parce que justement,
01:04 les deux sont complètement différentes,
01:06 et que je pense que de pouvoir dire les choses,
01:09 de pouvoir faire exister ce mot-là,
01:11 ça peut énormément aider.
01:12 Je vis en 2014 ma première grossesse,
01:14 et quelques semaines plus tard, ma première fausse couche.
01:18 Je ressens des coups de poignard,
01:20 je commence à perdre du sang,
01:21 j'appelle mon gynécologue,
01:22 car j'ai rendez-vous avec lui une ou deux semaines à la suite
01:24 pour mon échographie de dotation.
01:26 Il me renvoie chez mon médecin traitant
01:28 car il ne pouvait pas me prendre plus tôt,
01:29 et donc je me retrouve chez ce médecin
01:32 qui me répond de but en blanc
01:34 que je suis en train de faire une fausse couche,
01:36 qui me laisse repartir avec des spasms et des prises de sang,
01:40 avec aucune autre explication.
01:42 Donc je me retrouve seule à la maison,
01:44 avec des douleurs qui sont toujours de plus en plus fortes
01:47 que je ne comprends pas complètement.
01:49 J'ai du mal à vivre ces douleurs,
01:53 j'ai du mal à comprendre,
01:55 et j'ai l'impression que je fais une hémorragie,
01:58 mais j'ai honte.
01:59 Je culpabilise à un point que je ne dis rien,
02:03 que je ne vais pas faire ces prises de sang.
02:05 Je me suis mise en danger
02:07 parce que j'avais honte,
02:08 parce que je n'étais pas capable,
02:10 dès la première grossesse,
02:11 de ne pas garder mon bébé.
02:13 Un an plus tard,
02:14 je sens que quelque chose ne va pas.
02:16 Effectivement, je me fais opérer
02:18 des trompes,
02:19 et j'ai une de mes trompes qui est opacifiée.
02:23 Je suis certaine qu'au fond de moi, c'est à cause de cette fausse couche.
02:25 Je suis certaine que c'est parce que je n'ai pas eu de suivi.
02:28 Et je suis certaine que si j'ai mis autant de temps à avoir mon premier enfant,
02:31 Evan,
02:32 c'est parce que j'étais psychologiquement traumatisée
02:35 par cette première fausse couche.
02:36 Ce n'est que très récemment que j'évoque
02:38 cette première fausse couche via Instagram,
02:40 parce que j'ai une communauté réellement en or
02:42 qui est là pour nous soutenir,
02:43 et qui nous soutient énormément,
02:45 déjà par rapport à la maladie d'Aiden.
02:47 Et depuis,
02:49 je viens de vivre malheureusement ma deuxième fausse couche,
02:51 ma quatrième grossesse.
02:52 Si je parle aujourd'hui de cette fausse couche,
02:54 c'est parce que je suis tombée sur une femme exceptionnelle.
02:56 Une interne qui a su me soulever la tête,
03:00 qui a su me soulever cet énorme poids de culpabilité
03:03 que je ressentais sur mes épaules,
03:05 et qui a véritablement su me dire les mots au bon moment,
03:08 là où j'en avais le plus besoin.
03:09 Et c'est vraiment grâce à elle que j'ai pu dire,
03:13 j'ai su dire ma peine auprès de ma famille,
03:16 et même auprès de ma communauté.
03:17 Et ça m'a tellement apporté de pouvoir faire exister les choses,
03:21 de pouvoir faire exister cette fausse couche,
03:23 ça m'a énormément aidée,
03:24 et ça m'a énormément apporté en soutien.
03:26 Et c'est pour ça que je trouve tellement important de pouvoir le dire.
03:30 Ça ne devrait plus être un sujet tabou.
03:32 J'ai reçu tellement de témoignages bouleversants,
03:34 notamment un, celui d'une personne qui m'a dit
03:40 s'est sentie obligée de mentir sur le trimestre de sa fausse couche
03:46 pour pouvoir être prise au sérieux,
03:48 et avoir le droit d'avoir de la peine.
03:50 Voilà, on en arrive à ça parce que c'est un sujet tabou.
03:55 C'est pas normal.
03:56 Alors pouvoir dire les choses peut tellement apporter,
03:59 en termes de soutien, peut tellement aider,
04:01 et que d'avoir un minimum d'informations
04:03 pour ne pas être pris au dépourvu quand on vit une fausse couche,
04:07 pour comprendre ce que l'on peut vivre également physiquement,
04:10 notamment des contractions, un post-partum,
04:13 pourrait tellement aider à comprendre ce que l'on peut vivre.
04:16 Et c'est pour ça que dire les choses, ça peut tellement aider.
04:19 Soyons plutôt bienveillants,
04:21 parce que la peine ne se mesure pas en nombre de semaines.
04:25 [Logo uOttawa]

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