Le stérilet post-accouchement, on en parle ? Interview sans filtre avec Katrin Acou-Bouaziz

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Le stérilet post-accouchement, on en parle ? Notre journaliste Katrin Acou-Bouaziz nous partage son expérience sur le sujet.

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00:00 Je n'ai rien dit, j'ai pris sur moi, j'ai pas bronché,
00:02 en me disant que je vais être certainement très douillette et que...
00:06 Et voilà, sachant que j'ai eu quand même trois enfants,
00:08 dont deux qui faisaient plus de 4 kg sans péridurale.
00:12 Mais je me suis dit, ça doit être dans ma tête.
00:15 Bonjour, je suis Catherine Acouboisy,
00:19 je suis journaliste au magazine "Parents".
00:21 Je travaille sur les sujets parentalités depuis plus de 20 ans.
00:24 Et aujourd'hui, j'ai choisi de témoigner sur la pose du stérilet.
00:29 C'est un sujet qui me semble important.
00:30 Alors, il faut savoir que c'est le moyen de contraception le plus utilisé en France
00:35 chez les femmes de plus de 35 ans.
00:36 Quand on passe dans la tranche d'âge de plus de 40 ans,
00:38 on est à 37% d'utilisatrices de ce dispositif intra-utérin.
00:43 C'est un moyen contraceptif que moi, j'ai toujours recommandé dans mes articles,
00:48 argumentant sur le fait que le stérilet au cuivre
00:51 comportait beaucoup moins d'effets secondaires que la prise de pilule.
00:54 Sauf que je ne m'étais jamais rendue compte que sa pose pouvait être douloureuse
00:59 et que son utilisation n'était pas forcément idéale pour toutes.
01:02 Alors, au Danemark, la pose du stérilet se fait même sous anesthésie.
01:06 C'est dire la difficulté et la douleur qu'on peut ressentir lors de cet acte gynécologique.
01:12 Pour raconter mon expérience, après avoir eu trois enfants,
01:15 j'étais vraiment persuadée que c'était la meilleure chose à faire pour moi.
01:17 Donc, j'ai décidé de prendre rendez-vous chez une gynéco.
01:19 J'avais accouché de ma dernière, ça faisait trois mois.
01:22 Donc, ça me semblait être le bon moment pour le faire.
01:25 J'ai toujours un peu d'appréhension par rapport à l'examen médical.
01:28 Est-ce que ça va bien se passer ? Est-ce que je vais avoir mal ?
01:29 Donc, j'ai posé ces questions-là.
01:31 On m'a balayé rapidement des réponses en me disant "non, non, vous inquiétez pas".
01:34 Donc, je n'ai pas eu d'antidouleur.
01:36 J'ai demandé s'il fallait que j'en prenne, on m'a dit non.
01:38 Je n'ai pas insisté.
01:39 Et finalement, la pose a été très douloureuse.
01:41 Quand j'y pense, je ressens encore cette sensation de pincement,
01:45 presque de brûlure et puis de malaise qui a tout de suite suivi,
01:48 qui est resté, qui est un malaise diffus, un peu...
01:50 J'étais un peu à la limite de l'évanouissement.
01:53 Je n'ai rien dit, j'ai pris sur moi, je n'ai pas bronché,
01:55 en me disant que je vais être certainement très douillette,
01:58 sachant que j'ai eu quand même trois enfants,
02:00 dont deux qui faisaient plus de 4 kg sans péridural.
02:03 Mais je me suis dit "serre les dents, ça ira mieux".
02:06 Je suis sortie de là avec cette douleur, avec ce malaise,
02:09 cette gêne qui a perduré plusieurs heures, plusieurs jours.
02:12 À chaque minute de ce que je faisais, j'y pensais.
02:15 J'étais en plein déménagement et j'allaitait.
02:17 Et tout était difficile, tout était compliqué à cause de ça.
02:19 Donc au bout d'un certain temps, j'ai quand même rappelé la gynécologue.
02:22 J'ai eu droit à une échographie.
02:23 Le dispositif intra-utérin était parfaitement en place.
02:26 Donc je n'avais vraiment aucune raison de "me plaindre" ou d'être mal à l'aise.
02:31 Ça venait confirmer le fait que tout était psychologique.
02:33 Finalement, mon conjoint a fini par me dire "écoute, appelle un gynéco
02:36 et fais-toi enlever ce stérilet".
02:38 J'ai pris la meilleure décision que je pouvais prendre, je pense.
02:40 J'ai rappelé ma sage-femme qui m'avait suivie pendant ma dernière grossesse,
02:43 qui était une femme formidable en qui j'avais confiance,
02:46 qui m'a reçue immédiatement, à qui j'ai pu tout expliquer, un peu vider mon sac.
02:50 La honte aussi que ça me suscitait en fait,
02:53 de ne pas réussir à accepter un moyen de contraception qui soit disant est idéal
02:57 et que beaucoup de femmes choisissent à mon âge.
03:00 Et elle m'a dit "écoutez, vous n'avez pas forcément à avoir de raison
03:04 pour refuser quelque chose dans la vie".
03:06 C'est une phrase qui m'est restée.
03:07 On peut dire non même s'il n'y a pas de cause logique.
03:10 Elle m'a enlevé le stérilet, j'étais en confiance donc ça s'est très bien passé.
03:14 Et je lui suis quasiment tombée dans les bras en fait,
03:17 parce que tellement ça a été un soulagement qu'elle me retire ce stérilet.
03:21 Pour moi c'était ce malaise diffus que je ressentais
03:24 qui m'a empêché finalement d'être bien avec ce stérilet.
03:26 Pour d'autres ça va être des saignements ou des douleurs.
03:29 Voilà, les raisons peuvent être diverses.
03:30 Et puis des femmes, beaucoup de femmes se sentent très bien avec et tant mieux.
03:34 En fait je me rends compte que, en plus j'étais en période encore de postpartum,
03:38 j'ai allaité encore.
03:39 J'ai voulu aller plus vite que la musique certainement aussi,
03:42 pour suivre je ne sais quelle pression intérieure que je me suis...
03:45 Enfin, pression intériorisée que j'avais.
03:47 Donc ce témoignage il me semble important,
03:49 surtout pour que celles qui se posent la question
03:51 prennent conscience que la pose d'un stérilet c'est pas quelque chose d'anodin.
03:55 C'est pas un non-événement.
03:56 On peut avoir peur, on peut avoir des questions, il faut les poser.
03:59 Si on a besoin de prendre un antidouleur, c'est quelque chose qu'on peut aussi demander.
04:03 Si la communication avec le médecin ou la sage-femme ne passe pas
04:06 et qu'on voit que le professionnel de santé n'est pas ouvert à cette prise d'antidouleur par exemple,
04:10 pourquoi ne pas changer ?
04:11 Je ne veux pas du tout accuser le personnel médical de quoi que ce soit.
04:14 C'est d'abord à nous de savoir ce qu'on veut, de bien y réfléchir,
04:18 d'être suffisamment à l'aise, peut-être de se faire accompagner aussi
04:21 par son conjoint ou quelqu'un de proche le jour de la pose,
04:25 parce qu'on peut avoir les jambes un peu chancelantes.
04:27 Moi je me souviens que j'avais eu du mal à conduire après,
04:29 donc il ne va pas comme mon vache et le coiffeur.
04:30 Alors ce qui m'a beaucoup étonnée au long de cette expérience,
04:33 c'est qu'en fait je me sens très informée sur les sujets qui m'attirent à la parentalité,
04:38 puisque c'est mon métier.
04:39 J'ai l'impression d'avoir les clés et l'information,
04:43 mais en vérité quand je me retrouve face au professionnel de santé,
04:46 je n'ose pas forcément dire ce que je ressens.
04:48 Je pense qu'on a tout à travailler dessus,
04:50 à travailler sur ces injonctions qu'on se met nous-mêmes en fait,
04:54 et qui nous poussent à faire avec notre corps peut-être des choses qu'on n'a pas envie de faire.
04:58 Donc à nous de reprendre un peu le pouvoir là-dessus.
05:01 [Musique]

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